Pensez-vous qu'un légionnaire du camp Jupiter serait capable de se la couler douce, que ce soit... en douce – quel jeu de mots subtil – ou de façon tout à fait autorisée ? Et qui plus est, qu'il s'agisse d'un fils de Mars dont le leitmotiv principal était l'entraînement au combat, le sport et les sensations fortes ? Et bien, il fallait croire que cela fût véridique, car Chad se prélassait tel un pacha dans son bain, paupières à mi-close et un casque de musique sur les oreilles. N'était-ce pas une photo à prendre ? Détendu, le cerveau à moitié éteint, il ne pensait à rien. C'en était si plaisant qu'un sourire satisfait s'esquissait sur son visage. Les minutes s'écoulèrent dans un silence uniquement brisé par la mousse qui se tassait, lorsque soudain, tandis que la douce musique d'un célèbre groupe de rock tintait aux oreilles du demi-dieu, ce fut l'alarme qu'il avait programmée qui sonna à ses tympans tel un glas funèbre. Oh zut, c'était déjà l'heure de sortir. L'eau n'était même pas encore tiède. Chad laissa tomber sa tête en arrière, contre la paroi de la baignoire tout en lâchant un grondement d'exaspération. Ce fut évidemment à contrecœur qu'il s'extirpa de l'eau avant de nouer une serviette autour de ses reins.

Quelques instants plus tard, le jeune homme se retrouvait dans le dortoir de sa cohorte, la première. Certes il restait dans un endroit à très forte tendance militaire, mais c'était l'endroit le plus envié car le plus confortable et où chacun avait de la place. Il songea à la cinquième cohorte, puis à sa soeur Soa qu'il taquinait souvent à propos de leurs lieux de résidence. Le fils de Mars jeta un oeil à sa montre, s'aperçut de l'heure avancée de la soirée ; 19 heures passées. Ouh ! mais il était temps de sortir du cocon, sinon l’on allait dire que le fils de Mars devenait oisif et fainéant. En plus, cela ne lui ferait pas de mal d’aller voir le reste de sa fratrie. Comme tous les soirs. Le jeune homme fut à peine dehors que Soa lui tomba dessus comme un missile. Quand on parle du loup, évidemment… on en voit toujours la queue ! Il eut droit à la traditionnelle tape bourrue dans le dos et il n’eut pas à attendre longtemps pour savoir l’objet de ce débarquement inopiné. « Hé frérot faut que je te parle ! » Ouaich, frangine, si tu veux ! était-il tenté de répondre avec un certain sarcasme. Il n’y avait pas à dire, mais Chad avait la réplique facile, cependant, pour une fois, il la laisser parler sans rien dire d’abord. Une lueur pétillante brilla dans ses prunelles d’acier lorsqu’il entendit le pourquoi du comment. Du grec à dégommer ? Sans avoir besoin d’aller jusqu’à New York ? Quelle aubaine merveilleuse. Le demi-dieu scruta sa sœur, un sourire en coin se dessinant lentement avant de répliquer : « Qu’est-ce que tu attends, alors, pour enfiler une veste ? ». Il espérait juste que ce n’était pas une blague. Parce que même si Chad n’était pas forcément déclencheur de guerres, il n’était pas du genre à dire non à un conflit armé et amusant. Surtout s’il s’agissait de dégommer un maudit Grec efféminé.

Le fils de Mars agrippa sa demi-sœur par le col de son tee-shirt cinq fois trop grand pour elle afin de lui dire une dernière chose avant de prendre armes et bagages, un sourire carnassier aux lèvres : « J’espère juste que tu me racontes pas des conneries, sinon c’est toi que je dégomme ! File moi l’adresse et on y va. » Puis il tourna les talons, retourna dans la tente de sa cohorte, s’empara de sa double dague, enfila ses mitaines et un blouson de cuir, ainsi que des ray-ban (bien que la lumière ne fût pas aveuglante à cette heure déclinante du jour) et prit deux casques de moto, avant de rejoindre Soa. Ils sortirent du camp et Chad alla chercher sa moto garée non loin de là. Le demi-dieu donna un casque à la jeune fille, la laissa s’installer derrière lui, imaginant l’exaltation de sa sœur à l’idée de grimper sur la Buell. Le monstre démarra, le moteur pétarada, un nuage noir de fumée les entoura et ils prirent la route en direction de San Francisco.

Ils se retrouvèrent devant un entrepôt. Chad se demandait comment un demi-dieu grec pouvait se trouver dans un quartier industriel de la ville alors qu’il y avait des tas d’endroits bien plus sympathiques à fréquenter. Il haussa les épaules : bon, c’était pourtant la destination que Soa lui avait donnée. On verra bien. Les bras croisés, il observa l’endroit d’un œil sceptique ; il était loin d’être convaincu de cette bagarre. Puisqu’il semblait n’y avoir personne, vu le silence morbide qui régnait là. Un sourcil levé, il se tourna vers sa frangine : « Ouais. En fait tu parlais d’un fantôme grec, c’est ça ? » Toujours cette pointe d’agressivité dans sa voix. Chad s’en voulut un peu car elle n’était pas volontaire. Il soupira en s’avançant vers la haute porte du hangar, frappa trois coups secs qui résonnèrent longuement. Sans que rien d’autre ne bouge. Super. Il avait l’impression d’avoir gaspillé de l’essence et du temps pour des prunes. Il lâcha, blasé : « Y’a rien ici ! Allez, on se casse. » Il flanqua un violent coup de pied dans la porte avant de tourner les talons pour retourner à la bécane. Ce fut là que quelqu’un profita pour ouvrir et apparaître, faisant sursauter le demi-dieu. Qui se retrouva face à une vieille connaissance. Totalement humaine, enfin, à ce qu’il pensait. ‘Tain, qu’est-ce qu’il foutait là, lui ? La mine déconfite, il dévisagea lentement Meredith et lança à Soa : « Euh… c’est lui que tu comptais dégommer ? Tu te fous vraiment de moi ! » Oui, ce devait être une blague de mauvais goût, il ne voyait pas d’autre solution valable à cette rencontre plus qu’inattendue.

Meredith était de retour à San Francisco pour quelques jours. La raison ? Simplement qu'il avait besoin de bouger, il n'aimait pas rester à un même endroit trop longtemps, non pas à cause des monstres mais parce qu'il ne tenait pas en place. Ensuite ça représentait tout de même un avantage pour le jeune grec, avec toute l'histoire du meeting les romains s'agitaient pas mal et il voulait garder un œil sur eux, quoi de mieux pour ça que d'envahir la ville qui les accueil ? Ils venaient à peine d'arriver, Fenrir et lui s'étaient séparé dès qu'ils avait posé un pied dans les limites de la ville. Comme à leur habitude, c'était chacun de son côté pour s'occuper de ses affaires et, quand ils auraient fini, ils se retrouveraient dans leur planque du moment, cela pouvant prendre plusieurs jours avant qu'ils ne se revoient. Quand à leur planque justement, c'était un hangar désaffecté d'une zone industrielle près des quais qui leur servait régulièrement même si il n'y allait jamais deux fois d'affilé quand ils retournaient à San Francisco. Elle présentait un avantage certain dans le fait qu'il s'agissait d'un grand espace disposant de points en hauteur et dont les débris qui jonchaient le sol faisaient de très bon couvert. Cela dit, l'intérêt principal de ce lieu résidait dans le fait qu'il offrait plusieurs échappatoires qui n'apparaissaient pas forcement aux yeux de ceux qui découvraient l'endroit mais que lui connaissait par cœur, il n'avait donc aucun risque de se faire coincer sans aucune autre possibilité. Bref, l'endroit rêvé pour un vagabond demi-dieux chassé à la fois par les monstres et les romains à présent.

Dans le cas de Meredith, il avait fini ses affaires du jour assez rapidement. Facile d'un côté, il n'avait rien besoin de particulier ici, se contentant juste de vider les poches de quelques passants dans la rue pour s'acheter de quoi manger ce soir. C'est finalement un sac de course dans une main plein de sandwichs et sodas et un granité de couleur verte dans l'autre main qu'il sirotait joyeusement qu'il rejoignit son petit hangar quatre étoiles. Bien entendu il jeta d'abord un coup d'oeil pour vérifier que personne d'autres n'y avait élu domicile, ce qui ne fut pas le cas comme prévu, et une fois fait il s'engouffra dans le bâtiment. Fenrir n'était toujours pas arrivé, c'était à prévoir, après tout c'est lui qui avait demander à aller à San Francisco. L'endroit n'avait décidément pas changé, si ce n'est qu'il avait l'air encore plus poussiéreux. Se dirigeant vers une pile de vieille caisse qui se trouvait dans un coin, il posa ses affaire à côté de ce qui ressemblait d'une vieille couverture. Il la regarda avec un sourire, c'était son vieux matelas de fortune pour quand il était ici. Il la ramassa et la secoua un peu plus loin, toussant par la même occasion sous l'effet de la poussière agitée, puis la reposa à sa place, balançant alors son sac à dos dessus et se laissant tomber fesses les premières. Malheureusement son granité arrivait sur sa fin. Il observa le gobelet, l'air dépité, avant de le poser à l'écart et de s'allonger sur le matelas. Il était peut être pas très propre mais il était confortable, de toute manière il sortirait quand même son sac de couchage par la suite. En parlant de pas très propre, il était dans un piteux état lui aussi, les cheveux complètement en bataille, les vêtements usés et déchirés en de nombreux endroits, un peu de terre sur le visage ; encore heureux sa dernière douche datait d'hier donc de ce côté là ça pouvait passer. Les mains derrière la tête, il observait le plafond qui donnait la menaçante impression de pouvoir s'effondrer à tout moment. Finalement il ferma les yeux et s'assoupit quelques instant.

Il fut assez violemment réveiller par de puissants coups sur la porte rouillé du hangar et qui faisait autant de vacarme qu'un vieux bout de taule. Quelqu'un semblait toquer. Quelle heures était-il ? Au vu de ce qu'il pouvait voir par les trous dans la toiture ils devaient être en début de soirée. Meredith se releva sans un bruit, restant accroupit à l'abri de sa forteresses de caisses et prit son arc à la main. Qui cela pouvait-il bien être ? Fenrir ? Aucune chance, il aurait été plus subtil plutôt que d'alerter tout le quartier en toquant ainsi, surtout qu'il ne serait certainement pas passé par la porte principale. Alors quoi, un monstre ? Ils étaient pas aussi con eux non plus, à part peut être Stheno, qui aurait d'ailleurs été une charmante tête en l'air si elle n'essayait pas inlassablement de tuer les demi-dieux qu'elle croisait avec sa sœur. Et les romains c'était la même chose. Si ça se trouve ce n'était que de simples mortels après tout, allez savoir. Après un moment d'hésitation il se dit qu'il pouvait bien aller vérifier, ça ne coûtait rien. Enfin si ça pouvait coûter cher, mais au pire des monstres ils savait gérer, autrement il courrait vite. Il sépara son arc en lames et les plaça dans son dos, coinçant les manches dans sa ceinture, ainsi, tant qu'on le regarderait de fasse, personne ne remarquerait rien et au besoin il pourrait s'en emparer rapidement.

Il était au niveau de la porte, sa main s’apprêtant à attraper la poignée quand elle trembla dans un nouveau coup encore plus violent et unique cette fois. Il hésita un nouvel instant, pour finalement resserrer ses doigts et tirer, faisant coulisser légèrement la porte dans un tintamarre pas possible pour créer une une petite ouverture de la taille d'une personne, pas besoin de laisser le champ libre à un tank non plus.

Et là ce fut le choc pour le jeune fils d'Apollon. Deux personnes se trouvaient là, une étant une jeune fille qu'il connaissait bien même si il ne l'avait rencontré que fois, Soap ou Soup, son nom lui échappait mais dans tous les cas une romaine, fille de Mars à qui il avait déjà cherché des noises. Mais la véritable surprise fut vis à vis du garçon qui se tenait à côté d'elle, garçon qu'il connaissait bien lui aussi pour avoir passé de très bons moment avec lui lors d'un de ses séjours ici. Mais que faisait-il là ? Sans s'en rendre compte il avait retenu sa respiration, essayant de démêler tout ça dans sa tête pour finalement lâcher un « Merde » d'étonnement. Et en même temps son signale d'alarme sonnait, hurlant à tue tête ROMAINS. C'est vrai, il ne devait pas l'oublier, il y avait Soa, mais lui alors ? Il en était un aussi ? Lui qui le pensait simple mortel. Malheureusement la réplique de Chad, dont il venait de se rappeler le nom (Un bon amant le marquait plus qu'une petite peste, il fallait bien le dire), ne faisait que confirmer ses craintes. Sans réfléchir plus longtemps il attrapa ses armes, les dégainant d'un vif mouvement, adoptant une position défensive. Il essaya de garder un visage impassible et même plutôt hostile, mais son expression changea pour lancer un regard presque désespérer vers Chad, ignorant complètement la fille de Mars bien qu'une de ses lames restaient pointée vers elle.

« Mais merde, non ! Qu'est-ce que tu fous là bon sang ?! Et avec elle ?! Me dis pas que t'es l'un des leurs ? »

Ses doigts se resserrèrent sur ses armes, au point d'en blanchir ses articulations. Il tombait vraiment de haut, le seul garçon sympa qu'il rencontrait depuis un moment et avec qui il avait échangé plus de deux mots devait être un de ses ennemies jurés. Pire que ça, il semblait ami avec cette foutu peste de Sauce ! D'ailleurs comment avait-elle réussi à le retrouver ? Il avait envie de hurler de rage, les dieux avaient vraiment un sens de l'humour de merde !

Lorsque son frère termina sa phrase un léger sourire au coin se dessina sur les lèvres de l'afro-américaine, après tout elle savait bien qu'il ne pouvait pas refuser ce genre d'offre. Ce n'était pas un rejetant de Mars pour rien. « J'suis pas un chochotte ! J'ai pas besoin de veste. » Déclara-t-elle, après tout elle n'avait pas envie de retraverser tout le camp pour chercher un bout de tissu, elle détacha soigneusement son bandana qui encadrait sa tignasse, tout en évitant d'arracher trop de cheveux ! Puis celui-ci s'agrandit afin de former un drôle de gilet tressé, qu'elle enfila pour être sûr que d'ici quelques jours son frère ne lui dirait pas je t'avais prévenu, si elle était malade.

Lorsqu'il l'a pris par le col, elle sera les dents, s'empêchant de lui foutre une droite, elle détestait qu'on lui fasse ça, mais par respect, elle refoula son envie. « Est-ce que j't'ai une fois mentit ? » répondit-elle indignée par la menace de son grand-frère, elle avait toujours été honnête avec lui, cependant il faut bien l'avouer, elle ne lui disait pas tout, ce n'était pas des mensonges, juste quelques secrets, elle ne pouvait pas parler de Tristan par exemple.

Elle le suivi docilement, lui racontant qui était leur cible, lui avouant qu'elle c'était fait doublée par celui-ci, ses yeux s'éliminèrent d'une petite flamme qui pouvait tout dire de son état d'esprit et son désir de vengeance. Arrivée devant la bécane, elle ne put retenir un sifflement, c'était trop de la bombe ce bijou ! Elle pris le casque et le mit sur sa tête sans se faire prier, bien trop impatiente de pouvoir monter sur la moto, déposant ses mains à l'arrière de l'engin pour se maintenir convenablement ainsi elle éviterait de tomber à cause de la vitesse, des virages, mais surtout pour éviter d'entourer la taille de son ainé, elle ne voulait pas ce faire passer par ces meufs qui ont peur des deux roux et qui s'accroche comme des sangs-su à leur chauffeur.

Elle sauta les deux pieds joints une fois la destination atteinte et observa l'entrepôt d'un air un peu suspect est-ce que son informateur, l'aurait-il doublé ? Pour qu'elle soit dans la merde jusqu'au cou ? Peut-être. « TSSSS . » émit-elle comme sons à la remarque peu appréciable de son frangin et lorsque celui-ci frappa au hangar elle se permit aussi de le snober. « Tu crois réellement qu'il va t'ouvrir la porte ? On ne va pas dire bonjour à ta grand-mère ! »

Franchement son frangin n'était pas patient pour un clou, il voulait déjà se barrer ! Elle était sûre qu'il était là-dedans. « Vas-y casse-toi trouillard! » c'est à ce moment que la porte finit par s'ouvrir non des dieux, princesse barbie était encore plus idiote qu'elle l'avait pensée. Un sourire digne des dessins animés s'afficha sur les lèvres de la demoiselle, lorsque le demi-dieu, finit par lancer un seul mot. « Je t'ai manqué avoue. » En un seul mouvement elle détacha son bracelet qui se transforma en lance, elle l'aurait pu l'écorcher vif, mais lorsqu'elle entendit son frère lui demander si elle n'était pas en train de sce foutre de sa gueule, son sourire s'efface rapidement de ses lèvres, elle eut une mine abattue, la pointe de sa lance toucher quasiment le sol, elle n'avait pas bien entendue certainement. Son étonnement l'a trahie, car c'est à ce moment précis que Meredit profita de pointer son arme vers elle et de dire d'autres mots à son frère.

C'était comme si c'est deux là étaient... Non impossible pas son frère avec cette tantouze ! Putin c'était le monde à l'envers ! Elle sera les dents nerveusement. « Vous ? Nonn... frèro me dit pas que t'as ! Beurk. » Elle cracha au sol pour signaler son dégout profond.

Elle sursauta lorsqu'un mec apparu devant ses yeux ! Puah, sa put vachement le grec par ici ! Elle fronça ses sourcils et rapidement elle se remit en position attaque prêt encore plus à bouffer tout crue le demi-dieu derrière Allan, entre nous elle ne se souvenait pas de son prénom, heureusement qu'il eut la jugeote de se présenter, elle n'était pas forcément reconnaissante de sa soi-disant aide l'or de la bataille, après tout elle n'avait rien à foutre de ses cheveux et elle ne lui avait rien demandé, elle tenait fermement son arme, comme un chat guettant sa proie les griffes ouverts .

« Dégage de mon chemin ! » dit-elle, tout en le poussant de sa ligne de vue avec le manche en os de son arme. « On fait mieux son travail soit même ! » déclara-t-elle une seconde avant de sauter littéralement sur le confrère grec, sa peau était devenue aussi dur que le roc, le poignard de fils d'apollon ne pouvait rien contre elle et elle se retrouva sur lui, les jambes écartées, le tenant par le col et lui mettre un coup de poing dans la tranche. « ça t'apprendre de te foutre de moi ! Moule à caca ! »

Oui c'était une insulte fort surprenante, mais ça lui venait naturellement ce genre de choses, elle abattue de nouveau son poing, mais cette fois si elle visa son nez mais... (Oui je vous laisse jouer.)

Spoiler:

A vrai dire, le fils de Mars avait été si surpris de l'apparition de Meredith qu'il avait failli ne pas entendre l'affront de sa teigne de sœur, qui avait osé le traiter de trouillard. Or, s'il y avait bien une chose à savoir sur Chad, c'est qu'il acceptait toutes les insultes en s'en fichant comme de sa première chaussette, sauf celle-ci (bon, en réalité, il suffisait d'un mot de travers pour déclencher la Troisième guerre mondiale, mais c'était carrément la bombe H pour le mot lâche et autres synonymes). En tout cas, situation exceptionnelle oblige, il fit comme s'il n'avait rien entendu. Il tâcherait d'y repenser en temps et en heures... Car les vengeances personnelles étaient tout un art, le concernant. N'empêche que le demi-dieu était si abasourdi qu'il était loin de songer à ce qu'il allait pondre pour faire regretter Soa en ce qui concernait sa méprise. Bon sang, mais que foutait-il ici ? Chad avait toujours été persuadé de la normalité de Meredith, enfin, jusque là. Car l'acidité du doute commençait à le ronger lorsqu'ils se regardèrent. Et celui-ci se transforma en évidence lorsque le jeune homme face à lui posa cette stupide question s'il était des leurs. Ok, non seulement Meredith était un demi-dieu, mais en plus était-il grec. Il ne manquait plus qu'il soit un de ces pitoyables fils d'Apollon ou, pire, d'Aphrodite pour qu'on ait le pompon.

Chad avait posé la main sur la garde de son arme, sans pour autant la brandir afin de ne pas paraître agressif. En effet, il ne servait à rien de menacer quiconque à cet instant. Cependant, le jeune homme restait sur ses gardes, ne savait-t-on jamais (il se méfiait notamment des réactions de sa jeune sœur, pour tout dire). D'ailleurs, il ignora superbement la remarque de Soa lorsqu'elle se rendit compte que les deux hommes se connaissaient déjà, et se contenta de répondre à Meredith, un sourcil levé : « Et toi, tu serais ... L'un de ces tocards de grecs ? Apparemment... Tu sembles déjà connaître ma teigne de demi-sœur j'ai l'impression. » Il se renfrogna : avec cette cinglée surexcitée, il n'était jamais bon de fêter des retrouvailles, surtout que là, ça se terminerait en meurtre. Bien sanglant. Dommage, il aurait préféré faire un dernier footing au crépuscule tiens, au lieu d'assister à ça.

Il n'eut pas le temps d'ajouter ni même de songer quoi que ce fût de plus car un garçon apparut soudainement face à lui. Paf, comme ça, genre Harry Potter et sa cape d'invisibilité, mais en criant comme un geignard en plus. Comment cela, "on se calme" ? Mais Chad était parfaitement calme voyons ! Certes, la gamine qui lui servait de sœur ne tenait plus en place, il le sentait bien, quant au grec anciennement humain pour lui, il avait bien vu qu'il s'agrippait à ses lames comme si sa vie en dépendait (ce qui était forcément le cas pour un sang-mêlé, logique), mais le fils de Mars, lui, avait été tout à fait zen jusqu'à cette nom de... Jup´... De crise cardiaque ! Chad, à la fois par réflexe et par une certaine dose d'énervement qui n'arrangeait guère son état, s'était aussitôt emparé de sa dague, et avait dû fournir un effort titanesque pour ne pas bondir sur cet importun histoire de l'égorger. Un tout petit peu. Non, en fait, il se serait bien vu avec une lance dans la main pour empaler ce nouveau demi-dieu grec par le derrière. Pour ensuite le laisser accroché sur la pique dressée vers le ciel, bien entendu. Mais cette intervention lui permit au moins de reprendre ses esprits vis à vis de ce qu'ils étaient venus faire là. Le jeune homme considéra Allan quelques secondes, une lueur assassine dans le regard, mais aussi un éclat brillant qui disait : je me fiche totalement de ce que tu racontes. Non, Chad ne se souvenait pas de ce type, ou du moins n'en avait-il pas envie. Il n'eut pas le temps de rétorquer une remarque cinglante du type : "Parce que j'ai une tête à me souvenir de grecs minables peut-être ?" car Soa finit par attaquer tête baissée. Évidemment, cela exaspéra Chad.

Il leva les yeux au ciel en soupirant, marmonnant dans sa barbe la plainte sempiternelle du "Qu'ai-je fait pour mériter pareille famille ?". Puis, alors que la gamine était déjà sur Meredith à crier toute sa rage, le demi-dieu écarta Allan sans ménagement de son chemin pour avoir le champ libre sur Soa. Il l'attrapa par la peau du cou (oui, littéralement !) et la souleva, l'obligeant à laisser sa proie tranquille. Finalement, il était fort pratique d'enchaîner pompes, tractions et autres joyeusetés puisqu'il pouvait ainsi la porter sans trop fournir de labeur. Le plus difficile était de la garder sous la main alors qu'elle se débattait comme une sauvage. Le jeune homme la plaqua sans grande délicatesse contre la plaque de tôle qui servait précédemment de porte ; un grand "CLANG" résonna alors. En même temps, avoir une peau de granit n'était pas des plus discrets... Les sourcils froncés, Chad fusilla sa demi-sœur d'un regard à la fois glacial et acide : « Je ne laisserai jamais quelqu'un avec qui j'ai d'excellents souvenirs se faire rouer de coups devant moi. JAMAIS ! Compris ? » Bon, vous l'aurez remarqué, la chose la plus suicidaire à faire était de pousser le fils de Mars à bout (mais d'une manière générale, il en était de même pour toute sa fratrie). Certes, il appréciait beaucoup sa sœur, cependant il ne fallait pas exagérer là. On ne sautait pas sur les gens comme ça pour les tuer. Il n'y avait rien de glorieux dans cette attitude, et c'en était encore moins une façon romaine de combattre ou de se venger. Le jeune homme finit par lâcher sa furie de frangine (elle tomba d'assez haut, avec 1m85 au compteur ça aidait pas mal), toutefois il planta sa dague sur un bord de T-shirt afin de l'empêcher de se relever trop rapidement. Il avait quelque à dire. « Tu veux te conduire en légionnaire ? Alors bats toi selon les règles au lieu de ressembler à un caïd ridicule. Tu pourras déjà le faire quand tu voudras, mais pas devant moi. » Le sang-mêlé se redressa en libérant Soa, jeta un œil vers Meredith ; heureusement elle ne l'avait pas encore trop amoché. Enfin, cela aurait pu être bien pire. Quant à l'autre Grec, il l'ignora superbement ; au pire il s'en occuperait plus tard mais là, il avait d'autres chats à fouetter. Le jeune homme s'approcha de Meredith et lui tendit une main pour l'aider à se relever. Plus il y réfléchissait, plus Chad en restait sans voix. Pourquoi les dieux avaient-ils voulu qu'ils soient des ennemis mortel ?

« Bien, on recommence. Tu dis ce que tu lui veux, tu restes polie, et surtout tu n'oublies pas de dire bonjour. » Il avait annoncé cela à sa sœur tout en rengainant son arme afin de croiser les bras. Eh bien quoi ? Vous n'alliez pas vous imaginer qu'il allait la ramener au camp Jupiter illico presto ? Il n'avait fait que réparer l'équité du combat. Pour l'instant il se contenterait d'être spectateur, après si les choses tournaient au vinaigre, il aviserait. Mais il n'avait l'intention de se battre ni contre l'une, ni contre l'autre. Et peu importait que Soa le traite de lâche, de traître ou de noms plus originaux les uns que les autres, Chad s'en fichait complètement. Tout ce qui lui manquait, c'était un verre à siroter en contemplant le spectacle. Prenons les paris, ça pourrait se révéler intéressant...

Journée de merde. Journée de merde ! Journée de merde !!! Aller à San Francisco ? Oh bien sûr ! Quelle bonne idée ! A tout les coups il allait s'amuser ! … Il se demandait encore pourquoi il s'entêtait à venir ici franchement, cette ville n'était qu'un nid à problème pour lui … bon, peut être qu'il prenait un trop grand plaisir à tourmenter les petits romains, ce qui le poussait à toujours revenir. Mais les romains, ce n'était pas ça le problème pour le coup, ça n'avait pas été prudent de sa part de bêtement ouvrir la porte d'entrée mais il savait très bien à quoi s'attendre et était prêt à se battre, que ce soit contre des monstres ou des romains. Parfois il se disait qu'il était peut être un peu trop confiant. Mais, de tous les romains, pourquoi celui ci ? Pire que ça, de tous les garçon sur cette terre, pourquoi un romain ? Pourquoi fallait-il que ce soit un foutu romain ?! Il ne voulait pas se l'avouer mais ça le perturbait bien plus que la simple surprise de voir une tête connu dans leurs rangs. Sans compter l'autre peste qui crachait son venin de son côté alors que tous deux semblaient essayer de se remettre de cette nouvelle inattendue.

« Bah ouai » Dit-il en levant les sourcils. « On s'est fait avoir tous les deux on dirait … quand à elle ? Haha, oui, j'ai eu le déplaisir de la croiser. »

Cependant, pour ne rien arranger à la situation qui tournait déjà à la catastrophe pour le fils d'Apollon si il ne se reprenait pas rapidement, voilà que débarquait le nouvel élément perturbateur de cette histoire, un autre demi-dieu surgissant de nul part pour tenter de calmer le jeu. Malheureusement pour Meredith, ce demi-dieu il le connaissait, il le connaissait très bien même, s'agissant d'Allan qui semblait vouloir jouer les chevaliers servants face aux deux vilains romains, bien que son âme consistait à les apaiser. Il aurait tout autant pu leur offrir un bouquet, ça au moins il pourrait toujours s'en servir de massue de fortune même si l'effet serait minime.

Était-il heureux de voir un confrère et qui plus est son copain venir à sa rescousse ? Non, certainement pas, il avait beau l'aimé il aurait préféré qu'il soit loin et se débrouiller seul, surtout que Meredith était pour tout sauf les négociations. Il remarqua cependant les lacération dans le dos de son cadet, relâchant sa colère, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver, mais aussi sa vigilance, l'autre folle frisée lui sautant dessus telle une hyène et le mettant à terre, accompagné d'une droite vraiment … percutante … son nez étant déjà en sang. Il le jurait, un jour elle allait lui payer ça et au centuple. Il essayait de se débattre, mais il devait l'avouer, il avait été bien sonné par le premier coup. Il était cependant suffisamment lucide pour se poser une question : Pourquoi s'était-elle jeter sur lui telle une chiffonnière à lui donner des coups de poings au lieu de directement l’empaler avec sa lance ? Sans doute voulait-elle le faire souffrir, après tout les enfants de Mars n'étaient pas particulièrement futés et perdait trop de temps dans leur rancune plutôt que d'aller au plus court et au plus efficace. Enfin, encore une chance autrement il serait mort ! Enfin bon, là il n'était pas vraiment à son avantage non plus.

Le poing de la jeune fille s'approcha de nouveau de son visage, le fils d'Apollon s'apprêtant à encaisser à défaut de pouvoir l'arrêter, mais la suite fut vraiment des plus surprenantes. Avant que le coup n’impacte sur son visage, la hyène fut retiré tel un bébé animal que sa mère attraperait, et fut soulevée et emmener loin de lui. D'où venait cette aide ? De la personne la plus improbable qui soit, Chad et non Allan. Ça allait vraiment de surprise en surprise, c'était à ne plus rien y comprendre. Pourquoi l'épargnait-il ? Outre le fait qu'ils s'étaient connus à l'époque n'était-il pas là aujourd'hui pour le tuer ? Là franchement le don de divination aurait été vraiment mais alors vraiment pratique pour savoir ce qu'il préparait ! Ou alors la cervelle d'un enfant d'Athéna sinon, histoire de pouvoir trouver une hypothèse plausible. Meredith se redressa pour l'observer faire, épinglant la fille de Mars en lui sortant un speech … déroutant ! Venait-il juste de dire qu'il … l'appréciait ? En quelque sorte du moins et que de ce fait il voulait le protéger ? Pendant une seconde il se mit à briller. Comment ? Non ! Jamais ! Il n'avait pas le droit d'être touché par le geste d'un romain ! En moins de temps qu'il n'en faut il se concentra pour faire disparaître ce petit halo de lumière. Par chance Allan ne l'avait pas vu, à première vu du moins, sinon il n'imaginait même pas les autres problèmes que ça risquait de créer.

Quoi qu'il en soit Meredit restait toujours bouche bée devant le romain, les fesses toujours par terre. Même Soa devant sans aucun doute être perdue. Pire encore, Allan, qui ne connaissait en rien le contexte et débarquait au milieu devait simplement se demander ce qu'était ce bordel. Chad s'était approché de lui et lui tendait la main, voulant l'aider à se relever. Le fils d'Apollon, bien trop fier, ignora la main tendu du jeune homme et se releva par lui même, ramassant en même temps ses armes qu'il tenait cette fois à l'envers, lames vers le bas. Il passa son bras sur son visage pour essuyer un peu du sang qui avait coulé sur son visage ? Un merci ? Certainement pas ! Pourtant, il lui lança un regard un peu honteux qui semblait lui dire « merci » et « je te hais ! ».

« Je sais très bien ce qu'elle veut. A vrai dire, je serais ravi de lui offrir satisfaction, même si je suis certain que ce ne sera pas le dénouement qu'elle voudrait. » Il lança un regard assassin à Chad. « Toi par contre je ne comprend vraiment pas ce que tu trames … Bon, si la hyène veut se battre alors dans ce cas … Après tout de quoi devrais-je avoir peur ? Elle n'a même pas été capable de me mettre en échec la dernière fois alors que moi oui ! Du moins sa quête fut menée à l’échec. Pauvre petite ! Juste une chose cependant ... » Il se tourna enfin vers Allan « Tu te mêles pas de ça ... »