La soirée de la veille avait été parfaite, Hay avait emménagé, l’appartement était à présent le leur à tous les deux. Leur première nuit avait été tout simplement magique. La seule légère petite ombre au tableau avait été cette discussion foireuse à propos des enfants, mais Tam continuait d’espérait que son demi-dieu n’était pas sérieux et qu’il s’était fait une raison. Il avait par la suite proposé d’adopter un animal, c’était bien que le sujet n’était pas si important, n’est-ce pas ? A la vérité, la jeune femme essayait (et sans doute y parvenait) de s’en convaincre, parce que pour elle, avoir des enfants n’était absolument pas une idée judicieuse. Et puis la conversation sur la liste de fantasmes était tout de même bien plus plaisante et laissait présager des moments bien plus amusants que la perspective de changer des couches.

Lorsqu’ils avaient parlé de la Louisiane, ils tombèrent tous les deux d’accord sur le fait qu’il leur faudrait y retourner sous peu. L’un comme l’autre étaient nostalgiques des moments passés là-bas, qui furent pour eux, les moments les plus heureux de leur vie. Mais l’irlandais confia à sa petite amie combien, d’un autre côté, il lui serait difficile de retourner à l’endroit où sa mère avait perdu la vie. La belle brune lui avait bien entendu assuré que rien de tout ce qui avait pu se passer n’était de sa faute ! Il n’était qu’un ado encore gringalet, qu’aurait-il pu faire face à un tel monstre ? Eileen s’était sacrifiée pour le sauver, c’est ce que fait une mère, et en l’occurrence elle les avait tous sauvés. Un geste héroïque et altruiste qui avait changé et marqué leurs vies à jamais.

De retour à son bureau avec son café, elle entendit le petit « bip » qui lui indiquait l’arrivée d’un SMS. Sourire aux lèvres, elle déverrouilla l’écran pour découvrir que le fils de Mars était réveillé et qu’il lui avait répondu. Ses yeux parcoururent le message et son sourire s’agrandit. Elle l’aimait tellement ! Un autre bip se fit entendre, celui de la boite mail. Elle remit ses lunettes sur son nez et attrapa la souris d’ordinateur pour cliquer sur ce nouvel e-mail qui lui indiquait sa prochaine mission… Un carton d’invitation en pièce jointe. Encore une mission de groupe. A cette idée, l’agent de terrain soupira. Elle reprit une gorgée de café tout en parcourant le texte des yeux, et manqua de s’étouffer en lisant le nom de son coéquipier : Chase Allen ! C’était une blague ?! Impossible ! Elle ne ferait pas équipe avec cet arrogant, ce prétention, cet imbécile de voleur de mission ! Elle regarda en vitesse les noms des autres participants, ils étaient six en tout, ce qui laissait quatre autres possibilités, pourquoi alors lui avait-on collé Chase comme partenaire ? Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit également le nom de Marvin. Bon eh bien voilà, l’affaire était entendue : elle demanderait à faire équipe avec l’informaticien. Elle renvoya aussitôt un mail pour demander ce changement. Avec Chase comme coéquipier, Tam en était sure, cette soirée serait un carnage… Non pas pour les demi-dieux, mais pour le DLCEM car il compterait un agent de moins dans ses rangs…

Le reste de la journée passa à une lenteur démesurée tant Tamara s’ennuyait de son petit ami qui lui manquait déjà tellement. Elle devait se concentrer sur la mission de la semaine suivante, à savoir la fameuse soirée pour l’anniversaire du demi-dieu célébrité. Etant donné que les agents devraient camper des journalistes, il fallait se renseigner un minimum sur la couverture. Dans le couloir, elle croisa Maisie, et ne manqua pas de lui demander comment s’était passé son emménagement. En effet, à présent qu’Hay habitait avec Tam, il avait laissé à sa fille son appartement, ce qui faisait qu’elle était la nouvelle voisine de Marvin. En parlant de Marvin, l’agent de terrain ne tarda pas à recevoir le mail de réponse à sa requête quant au changement souhaité de coéquipier. Et elle fut négative. En gros, c’était trop tard. Comment cela pouvait-il l’être alors qu’elle avait répondu dans la minute même qui suivit la réception de l’avis ? La petite brune ne put s’empêcher de soupirer. Tant pis, elle ferait preuve de professionnalisme, comme toujours, et tâcherait de ne pas exploser la gueule de Chase. Pourtant ça la soulagerait bien. Voilà, une journée qui avait si bien commencé grâce à une belle soirée et une nuit passée à dormir sans faire de cauchemars pour la première fois depuis des mois, il avait fallu que cette mauvaise nouvelle tombe. La jeune femme souffla bruyamment, d’autant que personne n’était dans son bureau et croisa les bras dans une posture boudeuse.

Lorsqu’enfin la journée se décida à s’achever, l’agent Lond ne perdit pas une seconde pour fermer son bureau et regagner sa voiture. Elle était pressée de retrouver l’homme de sa vie. Elle espérait juste qu’il n’aurait pas mis la cuisine sens dessus dessous si par malheur il avait décidé de mettre en application son délire de tuto cuisine. Quelqu’un qui était capable de ne réussir les pancake qu’une fois sur deux était forcément capable du pire dans une cuisine, et c’était bien ce qui inquiétait Tam.
Pour son plus grand malheur, tous les new-yorkais avaient décidé de prendre leur voiture, et les embouteillages n’en finissaient plus… L’univers avait-il décrété qu’il l’empêcherait de voir le fils de Mars ? Elle attrapa son portable pour lui envoyer un petit message.

« Foutus bouchons… »

Elle arriva chez eux avec finalement un petit quart d’heure de retard par rapport à l’heure estimée d’arrivée, mais ça lui parut bien plus long. Cette journée n’avait pas été très amusante. Elle sauta littéralement au cou du demi-dieu et lui couvrit le visage de baisers.

-Ca, c’est l’attaque de la guimauve tueuse ! lança-t-elle en riant. Tu sais quoi ? Avant la piscine, je te propose un avant-gout dans la baignoire, qu’en dis-tu ?

Puis, sans attendre, elle l’entraina dans la salle de bain.

-Tiens, j’ai pas senti d’odeur de cramé. Dois-je en déduire que ta mission pancake a été reportée ? demanda-t-elle avec un grand sourire.

Nul doute que la soirée se passerait aussi bien que la précédente, et que les suivantes seraient tout aussi plaisantes. Inutile de préciser que Tam se garda bien d’évoquer la partie de la discussion de la veille sur laquelle ils n’étaient pas d’accord.