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 jeux de brume + tamara

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MessageSujet: jeux de brume + tamara   jeux de brume + tamara EmptyVen 3 Juin - 16:28


JEUX DE BRUME

Frederick avait osé et il n’en ressentait pas le moindre remord. Il riait même allègrement de son insouciance, il riait de l’incompréhension autour de lui, de ses têtes surprises qui se penchaient sur son visage rayonnant, il riait de vivre, enfin, loin de cette colonie et des pulsions de mort qui l’accompagnaient. Ivre de cet air frais qui remplit ses poumons, il toise d’un œil fier la foule compressée devant lui, ses cheveux voltigent, semblent former une auréole pourpre sur son front pâle et contracté. Son rire est celui d’un enfant, et il ne peut le retenir mais ce rire est beau, mélodieux et il le sait. Ce rire est celui d’un enfant que ce corps adolescent ne peut contenir indéfiniment et le jeu des circonstances favorise son éclosion. Il lève les bras, triomphant, il ferme les yeux et déguste pleinement le bruit aigu qui l’entoure, les exclamations aiguës des spectateurs ne font qu’alimenter sa jubilation. Lorsque enfin ses paupières retrouvent le lit ardent des sourcils ce n’est plus une foule qu’il aperçoit mais un peuple, il s’imagine déjà Empereur de Rome, Roi des Francs, Président des conquis, ce n’est plus la surprise qu’il ressent face à lui mais l’admiration, une admiration entretenue, adressée à lui et à personne d’autre. Le jeune homme regarde ses pieds et à nouveau il s’émerveille de leur légèreté.  Ses pieds, chaussés d’une fine paire de basket bleu, ne touchent plus le sol. Il vole devant la foule émerveillée. Les pièces se précipitent dans sa petite boite déposée à cet effet, le tintement du bronze l’encourage. Il vole et sa pensée s’enroule autour du défi qu’il se sent tendre aux Dieux …

***

Les traits serrés de son visage angoissé ferme définitivement la possibilité d’un dialogue. « J’en ai besoin et tu vas me les filer. » Le jeune homme à tout de même peur, il tremble presque, le chef du bungalow d’Hermès vient de le surprendre. Frederick a volé la paire de chaussure magique offerte par le Dieu des Voyageurs lui même et si son interlocuteur ne garde pas le silence la nouvelle risquait de se répandre comme une lignée de poudre qui précède l’explosion. Frederick n’avait nullement besoin que le terme « voleur » soit ajouté aux adjectifs outrageux qui qualifiaient déjà sa personne. Son adversaire lui arrache l’objet convoité des mains. Sa transpiration lui colle à la peau, il étouffe dans son tee-shirt noir, son cœur emballé et remplit de honte lui implore de s’enfuir, ses sens et sa fierté acérés le poussent à se battre. Rompant avec la tradition coloniale grecque, il se permet quelques secondes de réflexion. Pris au piège comme un rat il décide de s’enfoncer, il ne se sent plus à perdre. « Pourquoi est-ce que tu en as besoin ? Ses chaussures appartiennent à notre bungalow et … » Frederick ne lui laisse pas le temps de finir, l’urgence le saisit violemment, s’essayant à un ton adulte qui n’est pourtant pas le sien il articule lentement, presque en chuchotant « Si tu me les prêtes une journée, je couche avec toi. » Il se mord la joue pour ne pas rougir, il écoute sa propre respiration pour oublier la proposition indécente qu’il vient de balancer, il n’en a nullement envie, il connaît la faiblesse de son interlocuteur et il connaît aussi sa sexualité, il n’a jamais tenté un autre garçon comme il vient de le faire à présent et il sent une honte rance le gagner. L’autre jeune homme le regarde fixement dans les yeux, Fréderick craint une réaction lapidaire de sa part ou pire un éclat de rire, ce qui en plus de ses sentiments contrariés ravalerait sa fierté. Frederick ne fuit pas ce regard, il essaye d’y insérer tout son charme, toute sa passion, bien qu’il ne soit pas capable d’exprimer du désir pour ce pauvre demi-dieu. A sa plus grande surprise, son complice capitule et lui tend lentement la paire de chaussure usée. Cette fois-ci, Fréderick est incapable de regarder ces deux prunelles ardentes plus longtemps, sa gène se ressent, précipitant ses mouvements il attrape ce qu’il est venu chercher et se précipite hors du bungalow.

Frederick se distingue des autres demi-dieux pour la simple raison de son humanité. Il n’estime rien devoir à ce monde divin, qu’il n’a par ailleurs pas choisi  de rejoindre. Il ne se prive donc pas de combler ses besoins, le caractère immortel des dieux justifie sa démarche, ils ne manquent de rien et habitent encore cette terre pour les millénaires à venir. A plusieurs reprises, il a tenté de dérober les caissons d’alcool que l’on peut trouver en permanence dans son bungalow, seulement son père ne semble pas se réjouir de cet espièglerie et transforme les bouteilles de vin en jus de fraise à chaque fois que le jeune homme franchit la frontière magique de la colonie. Si son père y trouve un plaisir quelconque, Frederick ne se retient pas à chaque fois de le maudire. Il a terriblement besoin d’argent et la colonie malgré sa direction par un dieu qui de plus est son père ne lui apporte aucune ressource. Il a bien demandé à des enfants d’Héphaïstos de lui créer une quelconque machine d’où sortirait des dollars, il s’est vu gentiment renvoyer en dehors de l’atelier. Ennuyé par l’échéance de son loyer new-yorkais que sa mère refuse, depuis l’abandon de ses études, de lui payer une infime possibilité de solutions s’offre à lui. Son ingénieuse idée avait germé dans son esprit encore embrumé par l’alcool fort de la veille le matin même. Central Park et les chaussures magiques du Dieu Hermès s’étaient imposés à lui comme une simple évidence. Les mortels ne verraient pas grâce à la brume les ailes blanches des sandales et il pourrait s’élever dans l’éblouissement général vers le ciel. Ne trouvant aucun trucage, les mortels se pensant dupes et surtout divertis laisseraient alors fortune dans la petite boîte qu’il transportait sous son bras lourd. D’un pas sec il se dirigeait vers la frontière de la colonie, il craignait de croiser un demi-dieu trop curieux, il préférait garder son absence inaperçue, il était déjà bien trop discrédité aux yeux de certains ainsi, il ne cherchait pas le drame.

En cet après-midi du mois de juin, le parc était rempli d’une masse informe. Touristes, sportifs et hommes d’affaires se mélangeaient autour des bancs, certains osaient même s’allonger sur la pelouse verte caressée par les rayons légers de ce nouvel été. Frederick trouva rapidement son emplacement, un petit coin avec une vision dégagée sur tout le parc. Comme il se l’était promis, son plan marcha à merveille. Le bon public américain, friand de spectacles s’amassait autour de lui et cherchait avec avidité le « truc », la supercherie qui permettait à cet adolescent de planer de quelques mètres. Évidemment, il n’y en avait pas , mais pour des humains ancrés dans le monde mortel, cette raison n’était pas invocable. Au bout de quelques minutes, il prit tout de même peur, New York grouillait de créatures magiques et le jeune homme le savait pertinemment pour en avoir fait les frais encore la semaine passée au bar à côté de cet idiot ivre qu’il avait rencontré, Marvin, il ne souhaitait pas renouer une expérience douloureuse, il n’avait même pas envie de combattre, par ailleurs aucune arme n’était glissée dans l’élastique de son caleçon, sa cachette habituelle. Certaines ombres se détachaient tout de même dans la foule, il se savait observé et en mal. Peut-être simplement des demi-dieux ou des mortels pouvant voir à travers le jeu de la brume, il l’ignorait. Mais ce parc, il le connaissait bien, il y avait passé des heures et le plus souvent seul, il savait par exemple que l’homme qui tenait lors des beaux jours le stand de glaces n’avait rien d’un être humain, il s’agissait en réalité d’un mélange de poulpe-harpie que les simples mortels ne pouvaient détecter avec leurs yeux voilés. Il était donc plus ou moins confiant, si quelqu'un venait lui demander des comptes, il avait juste à se précipiter hors du parc ... et surtout ne pas oublier l'argent empoché.



Dernière édition par Frederick O. Stein le Lun 13 Juin - 19:11, édité 1 fois
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Tamara Lond
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MessageSujet: Re: jeux de brume + tamara   jeux de brume + tamara EmptyVen 10 Juin - 1:28


Jeu de Brume

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Frederick et Tamara



Renier ce que l’on a été et ce que l’on a pensé des années durant n’est jamais chose aisée. Gommer toutes les mauvaises habitudes acquises durant quasiment une vingtaine d’années en pensant bien faire, et devoir apprendre à changer son mode de pensées et d’action n’est jamais simple. Tamara Lond avait été un agent de terrain chevronné du Département de Lutte Contre les Etres Mythologiques durant treize ans. Treize années de bons et loyaux services au cours desquels elle avait pu faire montre de capacités exceptionnelles. Il n’était pas exagéré de dire qu’elle faisait partie de l’élite de cette organisation top secrète. Elle avait ce don, que plusieurs autres agents possédaient, de voir à travers la brume, ce qui était un avantage non négligeable pour les missions de terrain. En effet, cette capacité lui avait plusieurs fois sauvé la mise, même si chaque fois que son centre de vision l’utilisait, bien sûr involontairement, elle se tapait une migraine carabinée. Ce n’était pas étonnant après tout, le cerveau commun des mortels n’était pas fait pour gérer ce genre d’informations. Elle ignorait d’ailleurs comment elle avait pu se retrouver affublée de ce don. Peut-être était-ce le fait d’avoir grandi avec un demi-dieu ? Allez savoir.

Depuis qu’elle avait retrouvé son ami d’enfance, pour qui elle avait retrouvé des sentiments amoureux qu’elle avait mis en stand-by pendant près de vingt-sept ans au profit d’une colère et d’une haine sans nom, elle commençait à se dire que le DLCEM faisait peut-être, voire même surement erreur, en mettant tous les demi-dieux dans le même panier. Aussi risqué que ça avait pu l’être, Tam avait essayé, lors d’une mission officielle, de préserver au maximum la jeune prisonnière du Département, une augure romaine, qui était emprisonnée depuis plusieurs mois et dont il fallait soutirer des informations avant de la liquider. Voyant qu’il ne s’agissait que d’une adolescente qui avait été probablement torturée au-delà de l’imaginable, l’agent de terrain avait fait son possible pour lui éviter le pire. Ce qu’elle ignorait alors, c’était qu’une bande de demi-dieux était venu pour sauver leur camarade, et parmi ce groupe se trouvait Haytham, l’amour de sa vie. Après de nombreuses péripéties et blessures, l’augure Fanny Lloyd avait été emmenée par ses camarades, Tamara avait ramené Hay, grièvement blessé, chez lui, tandis que son binôme du DLCEM, Dewei Law, avait été blessé et les autres membres de la section locale avaient été sauvagement tués par les fils des dieux. L’agent Lond avait eu beaucoup de chance de s’en tirer sans aucun dommage physique, c’était d’ailleurs pour ainsi dire la seule.

Le carnage avait eu lieu il y avait de cela un mois. Elle avait eu quelques jours de repos, et avait appris que son irlandais lui avait menti : il n’avait pas été en « mission spéciale » comme il l’avait prétendu, mais en cure de désintox. Et apprendre ce genre de chose par un coup de fil du médecin du centre en question, qui recherchait son patient qui s’était fait la malle sans autorisation, ça avait toujours de quoi mettre en rogne, surtout pour une personne aussi caractérielle que la jolie brune. Elle avait donc décidé de mettre un peu de distance entre elle et le fils de Mars, histoire de bien lui faire comprendre qu’elle était en colère après lui. Bien sûr, elle s’était occupé de lui juste ce qu’il fallait pour que sa convalescence se passe au mieux, mais aussitôt que sa présente ne fut plus indispensable, elle n’était plus passée le voir, et ne répondait plus à ses SMS ou du moins très froidement, et surtout pas dans l’immédiat.

En ce jour de juin, Tam profita du beau temps matinal pour effectuer son sport : un peu de jogging à Central Park. Rien de tel pour se vider la tête que de trottiner entre toutes ces personnes innocentes qui ignoraient tout de ce qui les entourait. Après une grosse demi-heure de course à pieds à passer par tous les endroits qu’elle avait l’habitude de traverser, comme ce petit pont qui surplombait une sorte de tunnel, ou à côté de ce lac toujours plein de canards et de cygnes, cette étendue de pelouse où des écureuils couraient ou cherchaient à quémander de la nourriture auprès des passants, l’agent de terrain fut interpelée par une petite assemblée d’une quinzaine de personnes massées autour d’un jeune homme qui… lévitait ? Non… Ce type était de toute évidence un demi-dieu, et ce qu’il utilisait pour « voler » était… les chaussures d’Hermès ? Sérieusement, ce gamin était fou ! Ne savait-il pas que certaines personnes pouvaient voir à travers la brume, et que les agents du Département n’étant pas pourvus de ce don possédaient des lunettes spéciales leur permettant de le faire ? Bon, ce n’était peut-être pas évident, toujours était-il que faire preuve d’aussi peu de discrétion en plein New York, et Central Park en plus, était loin d’être prudent. Tamara ne put s’empêcher de repenser que la dernière fois qu’elle avait suivi un demi-dieu dans ce parc lors d’une course-poursuite, ce dernier avait perdu la vie, simplement parce qu’il refusait de coopérer et répondre à ses questions. Azazel était un proche d’un de ses collègues, Marvin, et avoir dû lui annoncer sa mort avait été un déchirement, surtout après ce qu’il avait vécu avec l’intrusion dans le camp et l’attaque de l’hydre.

Bref, Tam était présentement concentrée sur ce gamin, encore un imprudent, qui se donnait éhontément en spectacle, usant de ses pouvoirs, ou plutôt d’un stratagème divin, et visiblement pour se faire de l’argent. Le show semblait prendre fin sur décision de l’animateur du moment. Le jeune demi-dieu redescendit sur terre alors que quelques personnes déposaient des pièces. La foule commençait à se disperser, l’on pouvait en entendre commenter, d’un air amusé, jugeant que le trucage était génial. La petite brune secoua la tête d’un air mécontent et s’approcha, déposant à son tour quelques dollars dans le chapeau et regarda le jeune homme venir récupérer ce qu’il avait « gagné ». Oui, entre guillemets, parce que pour Tamara, exploiter la crédulité des mortels n’était pas quelque chose de cautionnable, surtout en utilisant des pouvoirs ou des stratagèmes propres aux créatures mythologiques. Alors que plus aucun spectateur n’était là, Tam se rapprocha du jeune inconnu.

-Ce n’est pas très prudent ce que vous faites… Un jour, vous risqueriez de faire une mauvaise rencontre, commença-t-elle avec un sourire en coin.

Espérait-elle lui faire peur ? Sans doute un peu, car si aujourd’hui ses intentions n’étaient pas mauvaises, si elle l’avait surpris ainsi quelques mois auparavant, elle n’aurait pas hésité à le choper et le ramener au quartier général, pieds et poings liés.


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MessageSujet: Re: jeux de brume + tamara   jeux de brume + tamara EmptyLun 20 Juin - 13:26

Le jeune homme jouait tout de même un jeu dangereux, ses yeux éblouis par les rayons obliques du soleil qui cherchaient désespérément en cette fin de journée à se coucher et rejoindre l’autre face de la terre peut-être plus chaleureuse dévisageaient nerveusement la petite foule amassée bêtement devant lui. Il n’avait jamais, contrairement à une idée couramment répandue dans la colonie, méprisé les frêles mortels. Leur absence de pouvoir divin justifiait à ses yeux et cela d’une façon complète leur grande ignorance. Il avait lui même vécu les quatorze premières années de sa vie dans un monde naïf, presque niais ou les Dieux se réduisaient aux récits plutôt dépassés de Homer ou encore d’Ovide. Bien qu’il fasse le choix de prendre la découverte de son identité divine avec un certain recul, il était faux de prétendre que cette révélation ne l’avait pas transcendé ou du moins touché, son être entier en avait été bouleversé. Sa mère elle même, pourtant loin d’être une femme rationnelle, son mode de vie diffusant une incohérence dérangeante, n’avait plus chercher à savoir l’identité du père de son enfant, Dionysos en outre le Dieu du vin, après que ce-dernier l’ai abandonné, mais Frederick savait pertinemment qu’elle s’en doutait et qu’une partie de sa conscience ne pouvait nier cette vérité qui lui brulait le regard.

Il feignait de ne rien ressentir face à ces spectateurs émerveillés mais les battements brutaux de son cœur lui rappelaient que l’acte qu’il était entrain de commettre, celui d’exposer à la vie de mortels la puissance ou plutôt la magie des Dieux, était absolument contraire à toutes les règles que la colonie avait tenté de lui inculquer. Ses pieds se reposèrent par terre, bien que la sensation de voler soit particulièrement agréable, la pointe de son pied touchant la terre, il frémit d’un dernier sursaut d’excitation, sentir le vent dans ses cheveux épais lui procurait une extase proche du sommeil lorsqu’après des nuits de débauche, les premières tranches de lumière caressaient son visage enfin endormi, l’absence de poids sur la terre lui procurait un puissant vertige. Le monde tanguait dangereusement autour de lui, il n’était absolument pas en mesure de se défendre en cas d’attaque soudaine, ses jambes titubaient maladroitement et seule une profonde inspiration lui permit de reprendre définitivement l’usage complet de ses sens.

Il avait amassé une petite fortune, tout heureux de lui et du payement que lui apportait finalement son audace, il détaillait la petite boite remplie de cette couleur verre usée si caractéristique, les billets usés contrastaient avec la fadeur du sol. Certains de ses spectateurs profitèrent de la fin de sa prestation pour l’observer de plus près, ils cherchaient encore désespèrent à percer le secret de son envol, ils n’étaient malheureusement pas près de le trouver, son petit sourire narquois ne pouvait plus quitter son visage, une certaine fierté alimentait ses traits. Les fines baskets, à présent retournées à un usage plus ordinaire, avaient automatiquement rangés leurs deux petites ailes blanches à l’intérieure de la chaussure, tout comme deux lacets que l’on glisse autour du pied par fainéantise de ne pas en faire le nœud. Quelques questions fusèrent mais le jeune homme garda obstinément le silence. Il cherchait à garder son secret, par pudeur mais aussi par fierté. Se délestant de leurs dernières pièces de monnaie, la foule se divisa lentement, redonnant à Central Park son train habituel, deux grands policiers venaient par ailleurs de franchir les grilles du parc, il ne tenait pas à finir en garde à vue au milieu de dégénérés. Des enfants tinrent à lui serrer la main, il recula froidement, mentir à ses pauvres créatures innocentes le blessait légèrement. Non, il ne pouvait pas voler sans supercherie, quoi que certains demi-dieux qui ne se priaient pas pour le faire remarquer pouvaient arracher leur corps sec au sol, et encore leur nombre reste particulièrement restreint car peu de Dieux ont la possibilité de contrôler les vents et la gravité. Il en fut le cas de presque tous les enfants de Zeus, qui avant la grande guerre se côtoyaient encore dans l’enceinte de la Colonie, le pacte scellé par les Trois Grands avaient réduit leur nombre à moins d’une demi-dizaine, et ils préféraient rester discrets, Fréderick trouvait qu’ils en avaient parfaitement raison.

Alors qu’il s’apprêtait à tourner ses talons et quitter le parc, l’idée d’une bonne pinte bien fraiche pour récompenser son fourbe exploit monopolisant déjà entièrement sa pensée, une voie aiguë le tira de sa rêverie « Ce n’est pas très prudent ce que vous faites… Un jour, vous risqueriez de faire une mauvaise rencontre. » Enfin, il était faux de dire que seule la voie l’avait fait se retourner, il s’agissait plutôt de ce ton, ce ton savant, qui se distinguait de celui encore sous l’émotion du spectacle qui se déroulait sous leurs yeux ahuris des autres spectateurs, comme si cette voix, qu’il avait immédiatement approprié à une femme … savait. Comme si elle avait deviné le tour, la triche. Comme si parmi toute cette foule amassée, une personne, une seule avait pu déjouer l’enchantement pourtant terriblement puissant de la brume. Il en resta bouche bée, il sentit les pulsations de son sang autour de ses poignées s’amplifier et dans son cœur s’emballer irrégulièrement.

Frederick avait beau vouloir combattre son cynisme et diffuser de lui même une certaine naïveté sur la vie, il n’était pas dupe, et ses efforts menés pour atteindre ce point suprême que les américains appellent s’y terriblement la « cool attitude » s’effaçaient dès lors qu’il était démasqué. Il se retourna violemment.

Il ne voulait pas se montrer piégé, il ne s’occupa même pas de l’apparence de son nouvel adversaire. « Les mauvaises rencontres apportent surement plus que celles qui se contentent de décrire des phénomènes qu’ils ne comprennent pas. » Le regard qui le détaillait, car pour une fois, pris dans un jeu qui n’était pas le sien, il se sentait en position de faiblesse, se détachait surement à cause du noir de ce regard presque coquin, de la blancheur d’une peau fine, encadrée par une chevelure sombre. « Vous devriez vous mêler de ce qui vous regarde. A jouer au plus malin on ne tire que des défaites. » Tel un insecte emprisonné entre deux mains humaines il ne pouvait pas s’empêcher de faire de bruit, d’ouvrir sa bouche sèche. Il le regrettait chaque fois amèrement, mais il ne pouvait lutter contre sa constitution. Il avait toujours ce besoin de répondre quand on le prenait en tort, comme si toute l’injustice du monde qui avait entouré ses épaules tendues rêvait de quitter ce corps dans lequel elle ne pouvait trop rien.

Se sentant terriblement sot, il glissa les dollars dans sa poche, pivota rapidement ses talons dans un petit mouvement qu’il trouva immédiatement ridicule, et par de grandes enjambées qu’il voulait fermes, engagea la petite allée battue qui menait vers la sortie du parc. Le montre qui tenait la petite boutique éphémère de glaces le détaillait curieusement. Il savait que cette fille ne le laisserait pas s’enfuir aussi facilement.
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MessageSujet: Re: jeux de brume + tamara   jeux de brume + tamara EmptyVen 24 Juin - 18:22


Jeu de Brume

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Frederick et Tamara



Le gamin avait amassé un véritable petit pactole, profitant de la naïveté, pour ne pas dire de la connerie, humaine. Si l’agent de terrain détestait quelque chose, c’était que l’on profite de ces pauvres mortels et de leur crédulité. Les demi-dieux qui abusaient de leurs pouvoirs à des fins personnelles ainsi l’agaçaient au plus haut point. Même son très cher Haytham se prenait des reproches lorsqu’il évoquait ses combats illégaux : un fils de mars, un guerrier né, où était la justice ? Il se faisait lui aussi un blé incroyable avec ça. Tam avait été claire avec lui : il fallait qu’il change de boulot. Déjà, c’était dangereux pour les pauvres mortels qui se prenaient une dérouillée monumentale (comment aurait-il pu en être autrement vu l’adversaire ?), ce n’était donc pas moral, et en plus, si elle avait pu le retrouver, alors d’autres agents du DLCEM pourraient sans doute le faire. Et après vingt-sept ans de séparation sans savoir s’il allait bien, il était hors de question de prendre le risque de le perdre à nouveau. Bref, l’agent Lond n’aimait pas qu’on profite de la crédulité des mortels, et bien qu’elle se refusait à présent à faire du mal à des demi-dieux innocents (c’est-à-dire qui ne s’en prenaient pas physiquement à des humains), elle n’en cautionnait pas non plus les attitudes peu respectables.

Alors que je jeune homme se permettait de lui répondre de manière quelque peu désobligeante, la belle brune haussa les sourcils, mi amusée, mi outrée. Etait-il sérieux ? Elle le mettait en garde, gentiment, alors que quelques mois plus tôt, elle lui aurait botté le train sans ménagement, et lui, il s’autorisait à la prendre de haut ? Mais où allait le monde. Roulant des yeux, elle reposa son regard sur lui en soupirant.

-Sauf celles qui vous foutent au trou, pas vrai ? répondit-elle à propos de sa réponse sur les mauvaises rencontres.

La deuxième réplique de son interlocuteur ne lui plut pas d’avantage. Elle planta son regard sombre dans le sien, fronçant légèrement les sourcils, les poings sur les hanches, et avança vers lui d’un air décidé.

-Est-ce que vous me menacez ?


Tam regarda rapidement autour d’elle pour s’assurer qu’aucun mortel ne pouvait entendre leur petite conversation.

-Vous pensez que c’est judicieux, après votre connerie, de vous en prendre à quelqu’un qui vous met en garde ? Surtout que je peux vous botter le cul en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Vous avez de la chance que ce soit moi qui sois tombée sur vous, inconscient que vous êtes !

Après tout ce qui était arrivé aux demi-dieux ces derniers temps, comment pouvaient-ils encore faire preuve d’aussi peu de prudence ? Même s’il n’avait pas été au camp lors de la première ni de la seconde attaque, n’y avait-il pas un système d’informations internes ou quoi que ce soit pour les informer ? Tam soupira, agacée par la situation et surtout le gamin qui lui faisait face, qui essayait de passer pour quelqu’un qui savait argumenter, alors qu’elle ne voyait là qu’un gosse apeuré qui tentait de se dépatouillé car pris la main dans le sac.
A présent, il tentait de se faire la malle. Oh, ça l’énervait, ce genre d’attitude. Il aurait vraiment mérité qu’elle lui mette une dérouillée. Reprenant ses petites foulées, elle vint se placer à côté de lui, trottinant au rythme de sa marche.

-Et en plus tu te tires comme ça ? C’est dingue, y a aucun savoir vivre chez vous ! Toi t’es un grec ou je ne m’y connais pas !

Elle remarqua que le gamin avait remarqué le monstre qui tenait le stand de glaces éphémère sur lequel les enfants se ruaient.

-Il est moche celui-là. Comment une créature pareille a-t-elle pu être conçue ? Je me le demande à chaque fois. T’as déjà pris le risque de goûter à ses glaces ? lança-t-elle avec une pointe d’humour.

L’agent de terrain cherchait à le pousser à bout, pour voir s’il réagirait, par peur ou par colère, pour lui démontrer à quel point il avait été bête et combien il serait facile pour un agent de terrain entrainé de lui mettre le grappin dessus.

-Alors c’est ton père Hermès ? Le coup des godasses ailées, j’avoue, c’est fort. Mais quand même, je te le redis, tu ne devrais pas te foutre du monde comme ça, parce qu’un jour, ça va te tomber dessus et tu ne vas rien comprendre.

Tam n’était pas du genre à lâcher l’affaire, ce n’est pas pour rien qu’elle a excellé dans son métier pendant treize longues années. Elle espérait néanmoins que ce gamin-là serait moins stupide qu’Azazel Victoria qui s’était enfui, courant comme un dératé, alors que l’agent Lond ne voulait avoir qu’une simple réponse. Ce comportement avait couté la vie au jeune demi-dieu, et la nouvelle avait été difficile à annoncer à Marvin Knight qui était très proche de lui. Si la même tragédie pouvait ne pas arriver… Non pas qu’elle connaisse un proche de ce jeune rouquin, mais Tamara n’aimait pas se sentir responsable de la mort de quelqu’un qui ne lui avait rien fait, surtout un gamin !

-Sérieux, tu veux pas te trouver un vrai job ? continua -t-elle.

C'est vrai quoi, il avait toute la vie devant lui, pourquoi ne faisait-il pas des études, pourquoi ne cherchait-il pas à se fondre dans la masse plutôt que d'attirer bêtement l'attention sur lui au risque de se faire repérer, arrêter et surement descendre par la suite? Dans ce cas, autant donner directement son corps à la science ! Azazel, lui, il voulait vivre. Il avait été fauché par un putain de bus alors qu'il tentait d'échapper à Tamara, pensant qu'elle voulait le tuer. Et pire, pensant qu'il avait été vendu par son oncle de coeur. Alors que ce n'était pas du tout ça. La vie était vraiment injuste, et la belle brune détestait l'injustice. Allait-elle réussir à le pousser à bout ? Ou allait-il se répandre en excuses ? Ou encore une autre réaction ? Tam ne connaissait pas ce jeune homme, et elle ne demandait qu'à voir ce qui allait bien pouvoir se passer.



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