« Rahne,
Voilà quelques temps que Chiron et moi même pensons qu'il est temps de te faire quitter la Colonie pour nous prouver que tu es désormais capable de te débrouiller seule en extérieur.  Nous avions pensé qu'il serait plus simple pour toi de rende service à un Dieu, en quête d'un de ces objets fétiche. Ploutos nous a informé hier soir, tard dans la soirée, qu'il avait égaré un de ces objets les plus précieux, sa fameuse corne d'abondance. Sans doute est-ce une blague d'une divinité jalouse ou renfrognée mais par les temps qui cours, il ne faudrait pas qu'elle tombe entre de mauvaises mains. D'après nos renseignements elle aurait à New York, dans un quartier que nous avons entouré sur le plan que nous te fournissons. Nous te donnons également un ticket de bus pour t'y rendre et pour revenir. Ton but et de nous la ramener au plus vite. »

Ça devait être... Une plaisanterie. Toute personne saine d'esprit ne laisserait pas Rahne Altman sortir seule de la colonie. Elle avait toutes les chances de se blesser involontairement, de se perdre, de tomber dans un trous, de tomber sur les personnes les plus infréquentable au monde... bref, c'était au mauvaise idée. Et pourtant ce matin là la Rahne qui reçu ce courir en fut très honoré. La professeur de monte à pégase, sortir de la colonie pour partir en quête d'un objet magique ! Une histoire fabuleuse que voilà ! La première chose qu'elle fit, avant même de préparer ses affaires fut de prévenir Jude. Au fond ce n'était peut-être pas la meilleure idée du monde d'aller annoncer à son petit ami qu'on partait seule pour en quête d'un objet magique perdu en plein New York quand on s’appelait Rahne Altman. Parce que même quand les gens ne la connaissait pas personnellement, on savait qu'elle n'était pas du genre à.... survivre seule très longtemps ? Mais il se réjouirait sans doute pour elle, et puis elle allait faire ça rapidement. Vite fait bien fait.

- - -

« Vite fais bien fais, mon œil... » Tut tut ! Rahne baissa son plan de New York et regarda autour d'elle. Au milieu d'une route à six voies, la jeune fille d'Apaté était paumé au beau milieu de la grosse pomme. Un taxi jaune la klaxonna plusieurs fois avant que finalement un homme en costume sombre la fasse sortir de la là en râlant. Le calme de la colonie avait laissé place au vacarme de la grande ville et cela ne plaisait pas beaucoup à ses oreilles. Elle avait toujours eu besoin de calme, pas de.... bruits insupportables.

« M'demoiselle ! Pss ! Hé ! »

Ce fut un homme aveugle et doté d'une longue barbe blanche qui lui fit signe d'approcher. Toujours son air aussi paumé sur le visage elle s'approcha sans trop se méfier de l'inconnu.

« J'crois que l'jeune homme là bas, il a ce que vous cherchez ! »

Il lui montra du doigt une ruelle, et le temps qu'elle jette un regard, l'homme s'envola.

« Merci mons.... ieurs. »

Bon. Bon et bien puisqu'elle n'avait de toute façon pas d'autres pistes, qu'elle était perdu même avec un plan sous les yeux (il avait beau être écris en grec, spécial pour les demi-dieux, rien n'y faisait) elle s'y dirigea. Tu crois que c'est une mauvaise idée.... oui hé bien pas moi ! Et elle le trouva. Un gars, dans une ruelle, sans doute un peu plus jeune ou du même âge qu'elle. Son visage lui disait vaguement quelque chose mais sans plus. Elle rangea son plan dans sa poche de manteau et s'approcha doucement. Elle avait toujours son bouclier au cas où, ce dernier était pour le moment dans sa forme la plus simple à savoir une simple petit barre de fer qui se déplierait et reprendrais forme que Rahne l'aurait décidé.

« Heu... Bonjour ? Vous... Vous êtes mon informateur ? »

Pire premier pas du monde. Mais bon, il fallait bien commencer par quelque part.

Regan se retourna une nouvelle fois, inquiet. Il avait beau essayé de ne pas prêter attention aux étranges paroles de l'homme à la longue barbe blanche, ce vieux avait réussi à lui filer la frousse. Une jeune fille allait venir lui parler mais quand ? Pourquoi ? Il avait aussitôt penser à une flic mais ça lui paraissait assez eu probable : il était invisible. Aucun flic n'allait suivre sa trace, encore moins pour venir lui parler. En attendant, il avait rendez-vous dans une ruelle de New-York avec quelqu'un qui avait très probablement quelque chose qui pouvait l'intéresser. Regan prit son élan pour s'asseoir sur un rebord de fenêtre complètement murée et jeta un coup d’œil à son téléphone avant de le rééteindre presque aussitôt. Parfois, il maudissait son sang de demi-dieu. Impossible de laisser allumer son portable comme n'importe qui, juste d'y jeter quelques rapides coups d’œil et préciser aux gens de le contacter par mail ou SMS uniquement : pas d'appels. Les appels étaient un peu comme un feu de détresse adressé aux monstres pour signaler sa position. Et il avait déjà assez à faire au quotidien sans en plus devoir s'inquiéter de l'approche de quelques monstres probablement bien meurtriers et dangereux.

Le temps passait, et toujours aucune nouvelle du type avec qui Regan avait rendez-vous. Il alluma une nouvelle fois son téléphone pour ne constater aucun nouveau message. Il était pourtant certain du lieu de rendez-vous, il avait vérifié la veille sur Internet, alors qu'il dormait chez son frère, et il était sûr du nom de la rue qu'avait prononcé l'autre au bout du fil. Agacé, le demi-dieu glissa les mains dans ses poches après avoir resserré les pans de son manteau. Il faisait trop froid pour attendre bêtement des heures dans la rue.

Il allait partir quand une silhouette se dessina à l'entrée de la ruelle. Son informateur ? Enfin ? Regan sauta au bas de sa fenêtre et regarda la personne s'approcher… avant de reconnaître une fille. Forcément, la méfiance prit le pas sur le reste : il attendait quelqu'un mais il ne savait pas vraiment qui, à propos d'un truc qui pouvait l'intéresser, ce quelqu'un n'était toujours pas arrivé malgré l'heure avancé mais une nana oui. Et un autre type tout aussi bizarre lui avait dit de se méfier d'une fille qui l'approcherait. Question bizarrerie, la journée se posait là. Une main dans la poche, près à sortir son arme, Regan regarda la fille s'approcher. Elle le questionna. « Je suis l'informateur de personne. Tu veux quoi ? » Il sortit son pistolet de sa ceinture, juste au cas où, et juste en guise d'avertissement. Et juste prêt à s'en servir si besoin aussi.

Le garçon avait l'air... Elle n'avait jamais été doué pour sonder les gens correctement. Elle le dévisagea quelques instant, son sourire se figea quelque peu avant de disparaître totalement. Évidement le mendiant en lui avait pas donné d'indication supplémentaire, la laissant totalement dans la panade. Il était drôle lui, va trouver le garçon qui t'aidera ! La bonne blague ! Et maintenant, ils étaient partis pour un duel de regard aussi intense que ridicule.

Je sais qu'un homme est venu vous voir aussi. Qu'il vous a confié que nous... devions faire équipe pour trouver une chose.

Elle balançait les idées complètement au pif, elle n'en savait rien de si l'homme était venu aussi lui causer ou non. Avec un peu de chance, oui. Quand à la corne d’abondance, elle ne prononça pas tout de suite son nom. Il fallait se montrer prudent. Pourtant, si on l'avait dirigé vers lui, c'était bien qu'ils avaient quelque chose ne commun, comme un éventuel parent divin ou du moins du sang de dieu que coulait dans leurs veines.

Vous savez, la.... la chose merveilleuse qu'on a volé à un dieu ?

Si quelqu'un de parfaitement lambda (un mortel à tout hasard) venait à entendre ses mots... Il penseraient probablement que Rahne était la dernière des folles, échappé de sa maison pour fou. Ou alors une fille complètement paumé qui vivait dans son petit monde bien à elle. Quoi que cette dernière hypothèse n'était pas totalement fausse. Son regard se détacha enfin de ses prunelles pour se poser sur l'arme du garçon, tout ce qu'il y avait de plus.... mortel. Tient. Encore une originalité de la grande ville. Pour autant elle ne se découragea pas, elle aussi était armée. Alors certes, ce n'était qu'un bouclier, mais elle se battait terriblement bien avec , faute de savoir manier l'épée, la lance ou les arcs. Un jour il allait falloir qu'elle apprenne autre chose. Mais pour le moment, cela lui suffisait. Et en cas de grands danger, elle avait toujours son vrai pouvoir, pas le faux qu'elle donnait aux gens curieux de la colonie. Seul Jude était au courant de ce qu'elle était capable de faire et cela était très bien comme ça. Elle n'avait pas envie qu'on la prenne pour un danger permanent, elle voulait une vie normale. En attendant, elle se demandait aussi où pouvez se trouver cette corne de malheur. Ou, déjà à peine commencé que sa petite recherche lui promettait d'être haute en couleur. Où un voleur de corne pouvait-il mettre un tel objet ? Évidement on ne lui avait donnait aucune information supplémentaire sur l'objet en question. Elle savait qu'elle était dans le coin et après ça... nada.

« Comment tu sais ça ? » Il se sentait énervé par cette situation à laquelle il ne comprenait rien. Regan aimait tout contrôler, tout savoir, tout mener. Quant il n'avait plus cet avantage, il se sentait mal, en position de faiblesse, et c'était d'autant plus insupportable qu'il faisait face à une fille. Elle était grande, presque autant que lui, mais elle n'avait pas l'air d'en savoir beaucoup plus que lui au final. Merveilleux, ils étaient bien avancés. Pistolet toujours en main – au cas où – il la dévisagea à tel point que c'en devint gênant. « Tu sais quoi ? On m'a dit de me méfier de la fille qui s'approcherait de moi. Le type avait l'air louche mais tu n'es pas mal dans le genre aussi... » Il leva son pistolet, le pointa sur la fille. Le mec à barbe avait l'air d'avoir un grain mais quand même… On était jamais trop prudent. « Et faire équipe pour quoi, d'ailleurs ? On m'a juste dit qu'il faudrait me méfier de toi mais que tu pourrais éventuellement me mener à quelque chose qui m'intéresse... » Un truc le chiffonnait toujours, mais quoi ? Et soudain, il mit le doigt dessus. « Hé mais attends… Je te connais, non ? » Il l'avait déjà vu, il en était certain. Elle n'avait pas un visage trop classique et ça lui disait furieusement quelque chose. « Tu viens de la Colonie, non ? » Il ne fréquentait pas beaucoup de filles, et le peu qu'il voyait au quotidien, c'était soit des junkies, soit des dépravées, soit des femmes bien habillées et trempant dans des affaires sordides comme personne. Et puis il y avait Leanne bien sûr, qu'il avait croisé quelques temps auparavant dan une situation à peu près aussi étrange que celle du jour. Mais il était sûr et certain de ne pas croiser de filles comme celle qui se tenait en face de lui dans son boulot.

Le type à la barbe blanche réapparut soudainement entre eux, avec un grand sourire planqué sous sa moutache. « Yo les jeunes ! Ouh là, baisse ton arme mon garçon. » Il le força lui-même à baisser le pistolet, malgré le regard noir de Regan. « Tiens, Tortue Géniale, tu nous manquais. C'est d'elle que je dois me méfier mais qui doit me mener à un objet fabuleux ? » Le grand-père lui asséna un coup de son grand sceptre sur la tête. « Dis donc, jeune impertinent ! Tu n'écoutes donc pas ce que je te dis ? Bien sûr que c'est elle ! Tu connais une autre grande, une autre magnifique, une autre splendide Rahne Altman ? » Médusé, Regan ne put s'empêcher d'échanger un regard perplexe avec la dénommée Rahne. « Ah oui, t'étais vraiment à la Colonie alors, du côté de bungalows des dieux mineurs ? » Regan avait longtemps vécu dans celui de Léthé donc il voyait assez bien les autres bungalows voisinant le sien. « Bravoo ! Bon, maintenant que les présentations sont faites – Rahne-Regan, Regan-Rahne – vous allez pouvoir vous mettre en chemin maintenant ! » « Et où, supe-papy ? » « Oh ben ça vous vous débrouillez hein, vous êtes assez grands. Mais vous ferez ce que vous voulez de l'objet, l'essentiel c'est juste de le retrouver et de le mettre en sécurité, loin des mortels. Certains sont un peu… dangereux, si vous voyez ce que je veux dire. Mais bref, assez parlé, trouver cet objet et je vous l'offrirai en miniature pour vous faire plaisir. » Tortue Géniale asséna de grands coups qui se voulaient sans doute encourageants et chaleureux dans le dos des deux sangs-mêlés. « Bon courage ! » Il afficha un sourire sous sa barbe et disparut dans un nuage de farine.

Le garçon commença à se chauffer. Et Rahne le regardait sans comprendre. D'accord, quelqu'un lui avait dit qu'elle était potentiellement dangereuse. On lui avait dit de se méfier d'elle. Alors comme ça tout était prévu d'avance ? Dans quelle histoire s'était-elle encore embarqué ? Et puis il lui demanda s'il se connaissait, ce à quoi elle ne su pas trop quoi répondre dans un premier temps. Oui, peut-être… sans doute ? Elle n'avait pas une excellente mémoire des visages, surtout quand il appartenait à des gens ne rentrant pas dans les cases « amis » « petit ami fantastique » ou « ennemi ». Et puisqu'elle n'avait pas beaucoup d'amis… Non, son visage elle avait du mal à mettre un nom dessus. Mais oui, elle venait de la colonie, elle hocha la tête. Et quand elle s'apprêta à lui en demander plus, le type à la longue barbe blanche choisis alors de refaire irruption. Il choisissait bien son moment lui. Yo les jeunes. Bon déjà…  Il se prenait pour qui, un animateur de colonie de vacances ? S'en suivit la plus belle présentation qu'on eu fait d'elle depuis des années et elle leva les yeux au ciel, mais un poil souriante aussi.

Oui ma mère est...

Elle n'eut pas le temps de finir que le vieux à la barbe blanche continua sur sa lancée, faisant les présentation à toute allure. Regan c'était donc son prénom. Hélas pour Regan et Rahne, le vieil homme ne leur donna pas plus d'indication. Sauf qu'il leur offrirait une miniature de l'objet si convoité. Avec ça, ils étaient bien partis. Elle le regarda s'éloigner puis disparaître dans un nuage de farine. Bon.

Super.

Elle eut envie de rajouter un "on est bien barré" mais se retint. Elle était un poil agacé d'être lâché comme ça dans la nature à la recherche d'un objet qui pouvait être dangereux si mal utilisé, sans aucune information. Et soudain, la sirène des pompiers qui passaient à toute allure dans la rue ne face d'eux attira son attention. Son instinct lui hurlait de les suivre. C'était trop beau c'était le timing parfait pour trouver l'endroit où se trouvait leur mystérieux objet.

Par là !

Elle lui attrapa le bras et s’élança à la poursuite du camion de pompiers qui… n'allait pas bien loin. Dans un immeuble proche en réalité. Une petite foule de passant s'était agglutinée devant, la police était là elle aussi, sans doute pour rétablir l'ordre. L'immeuble continuait de produire d'étrange bruit, de grincement, d'explosion… Et elle vit un homme, sa femme et deux enfants parler aux forces de l'ordre. L'homme pleurait toutes les larmes de son corps.

Je ne comprends pas ce qu'il c'est passé, dit-il dans un sanglot. J'ai toujours voulu avoir un piano et là… 
Monsieur, je ne comprends pas... 
Des pianos, par dizaine, par centaine !
Monsieur, calmez vous...

Rahne contourna la petite foule. Des piano disait-il ? Était-ce cela qu'ils devaient aller chercher ? Des pianos ? À l'intérieur de la maison, les bruits de casses se poursuivaient. Ils devaient y rentrer. Elle en était intimement persuadé. Sans s'en rendre compte, elle avait posé un pied au-delà de la limite qu'avait imposée les forces de l'ordre.

Mademoiselle, on ne rentre pas. C'est une zone à surveiller. 
Mmh...