Le retour du héros

Haytham CASSIDY ft Tamara LOND

Plus les minutes s'écoulaient et plus le temps passé ici semblait désagréable. Haytham n'avait le contrôle sur rien et ça l'agaçait. De plus, la douleur naissante, les tensions et multiples disputes avec Tam ne l'aidaient pas à se reprendre. Il savait que sous peu, il n'aurait d'autres choix que de demander une aide médicalisée, que même en luttant avec ardeur, il ne parviendrait à contenir la douleur physique et la douleur mentale. Par chance, bien que ça ne le laissait pas indifférent, le départ de sa compagne lui permis de se relâcher et de cesser d'arborer le masque du héros. Il se fichait pas mal que les autres le voient grimacer, mais pas Tam. Il ne voulait pas qu'elle le voie faillir, elle ne méritait pas ça, elle qui semblait si forte, et ce, malgré le fait qu'elle ne soit qu'une humaine. Et puis il y avait ce petit être, le fruit de leur amour indéfectible. Eileen, qui n'était pas encore en mesure de comprendre, regardait son père avec toute la bienveillance du monde. Elle le calmait si vite qu'il en arrivait à se demander si une première capacité se manifestait ou s'il était juste question d'un don naturel délesté d'une quelconque ascendante semi-divine. Mais pour dire vrai, dans le fond, il s'en fichait pas mal, tout ce qui comptait pour lui, c'était de rester calme pour ne pas effrayer ce petit ange qui venait de se blottir tout contre sa personne. Il l'affubla de quelques paroles, qu'évidemment elle était incapable de comprendre, mais ça lui faisait du bien de lui faire entendre à quel point il aimait sa mère malgré les disputes. L'infirmière vérifia à nouveau ses constances, lui fit savoir qu'elle serait relayée et qu'en cas de douleurs, il ne fallait pas hésiter à appeler. Le demi-dieu acquiesça, bien qu'il sache pertinemment qu'en cas de fortes douleurs, il tenterait de prendre sur lui pour ne rien laissait paraître. La demoiselle presque convaincue, l'abandonna et c'est en se retrouvant seul avec Eileen, presque endormie sur son bras encore valide, qu'Haytham sentit monté en lui une légère appréhension qui grandissait à mesure que les minutes s'écoulaient. Et s'il était allé trop loin ? Et si c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase ? Et si Tam était partie ! Il le savait, dans cette histoire, il était le seul fautif. À vouloir jouer les héros, il s'était mis en danger. De plus, il avait entraîné Stan dans cette folle aventure et l'homme n'était à présent plus de ce monde. Le constat était vite fait et à présent, il priait tout ce qu'il était possible de prier pour que la porte de cette foutue chambre d'hôpital, s'ouvre à nouveau et laisse paraître un visage familier, qu'il espérait bienveillant cette fois.

Le supplice s'étira encore sur quelques minutes, moins de dix, mais juste assez pour donner un peu plus de force à l'appréhension du demi-dieu et poussé le curseur « culpabilité » au plus haut. « Je n'ai que ce que je mérite » laissait-il entendre pour lui à quelques reprises. Quand soudain, la porte s'ouvrit. Était-ce un faux espoir ? En un quart de seconde, il comprit que non et lorsqu'enfin Tamara entra, toute la tension accumulée s'évapora. Le Marsien ne lui voulait pas le moins du monde et espérait sortir le drapeau blanc. Il ne pouvait se résoudre à supporter une quelconque distance avec cet être exceptionnel qui avait accepté de partager sa vie. Et même s'il savait, au vu de leur fort caractère, que d'autres disputes seraient à prévoir, il la regardait avec amour, comme s'il la découvrait pour la toute première fois, comme si ce fut le premier jour et il comprit à quel point leur amour était indéfectible. « - Je t'écoute ! » laissa-t-il entendre, conscient qu'elle avait besoin de s'exprimer la première. Cela se voyait et étant désireux de faire les choses bien et de réinstaurer un climat prompt à plus de sérénité, il acquiesça pour lui faire comprendre qu'il était toute ouïe bien que légèrement affaibli par ce qu'on venait de lui injecter. Il commença par lui sourire en la voyant s'avancer, elle cherchait encore ses mots et il trouvait ça mignon de voir une femme si forte, faire preuve d'autant de douceur dans l'hésitation. « - Je suis calme ne t'en fais pas, c'est passé ! » Elle voulait oublier, aller de l'avant pour leur famille, pour eux, pour Eileen. Le fait qu'elle puisse inclure aussi facilement Eileen et « leur famille » le toucha, autant que les excuses qu'elle formulait. Elle n'était pas coutumière du fait et Hay, mieux que quiconque, savait à quel point c'était dur pour elle de présenter des excuses. Il lui tendit donc la main pour qu'elle saisisse la sienne et prenne place à ses côtés. « - Non, tu n'as pas à me demander pardon ! Cela voudrait dire que tu as fait quelque chose de mal et ce n'est pas le cas. Das cette histoire, le seul qui doit des excuses, c'est moi. On n'est plus que tous les deux à présent, on a un bébé ! Je ne peux plus me permettre d'enfiler ma cape de super-héros sans réfléchir à chacune des conséquences et ce même si cela part d'une bonne volonté. » Il caressa le dos de sa main avec ses doigts avant d'y entrelacer les siens. « - Je vais faire tout ce qu'il faut pour aller mieux d'accord ?! Et ensuite, on se casse d'ici, on file sur notre île et il est hors de question, si je vais mieux, de te laisser tout faire. On doit partager les tâches, c'est non négociable ! Et ensuite, on se casse d'ici, on file sur notre île et il est hors de question, si je vais mieux, de te laisser tout faire. Ce dîner en tête-à-tête, on se le fera là-bas, dans notre petit paradis ça marche ? Et je veux que tu me dises "oui" là-bas. Je sais, ça sonne cul-cul non ? Autant que de me dire que tu seras ma femme, que tu porteras mon nom, que l'on se promettra l'éternité et tous ces trucs qu'on voit dans les films ? Je sais qu'on continuera à se disputer, parce que nous sommes comme ça, mais je sais aussi que jamais je n'arrêterais de t'aimer. Tu m'as offert le plus beau des cadeaux et regarde là, elle pionce encore, mais n'en demeure pas moins mignonne comme tout » Il acquiesça cependant lorsqu'elle lui proposa de remettre la princesse dans son cosy.

« - Je veux aussi que tu viennes près de moi. Comme ça, si je douille de trop, tu feras parler ta magie. Tu es d'accord ? » Il la regardait presque comme un enfant suppliant un adulte de lui donner ce qu'il demande et lorsqu'enfin Tamara accepta de prendre place à ses côtés, il n'en fut que plus rassuré. « - Le parfum de ton shampoing m'a manqué ! » disait-il avec humour avant de constater qu'elle portait encore sa bague de fiançailles. « - Demain, je commence la rééducation, même si je sais qu'ils ne seront pas forcément pour. » Il semblait confiant et il l'était, il connaissait ses limites et savait mieux que quiconque, qu'il serait le premier sur le pont dès demain. « - Je veux pouvoir me barrer, parce que de toi à moi, je ne supporterais pas longtemps leur bouffe. Après, je sais que ce n'est pas le club Med, mais quand même ! » Il retrouvait son humour et c'était plutôt encourageant au vu des circonstances, puis il posa à nouveau son regard sur sa compagne. « - Mais il n'y a rien de mieux pour se sentir bien, que de poser les yeux sur la femme que vous aimez et pour qui vous êtes prêt à faire n'importe quoi et j'englobe le tas de conneries dans le lot. » Il lui passa la main dans les cheveux avant de lui caresser la joue. Oui, pour elle, il était prêt à tout, mais plus encore, à mettre les bouchées double pour sortir d'ici.

Le lendemain.

Tam dormait encore, tout comme Eileen. Hay en profita donc pour s'extirper sans un bruit et tel le ninja qu'il n'était pas, il quitta la chambre. Il était surpris de pouvoir se déplacer avec autant d'aisance, mais plus encore, surprit de ne plus rien ressentir en termes de douleur. Les médicaments, étaient-ils suffisamment puissant pour être à l'origine d'un tel prodige ? Non, il était tout bonnement impossible que des médicaments aussi puissants soient-ils, puissent permettre à Hay de se sentir aussi bien. Étaient-ce alors ses capacités de régénération qui étaient à l'œuvre ? Une fois encore, le doute l'assaillit. D'ordinaire, il lui fallait plus de temps pour récupérer. Il prit donc place sur les appareils à disposition, sans l'aide de personne, il commença à s'exécuter et comprit très vite, qu'il n'avait plus rien, rendant sa présence en ces lieux, inutile. Il quitta donc la salle sans attendre et regagna sa chambre puis la minuscule salle de bains, dans laquelle, au vu de sa taille imposante, il ne pouvait que difficilement bouger. Il retira sans attendre son haut, puis enleva un à un ses pansements et qu'elle ne fut pas sa surprise en découvrant dans le miroir, ce qui semblait être une parfaite cicatrisation. « - Merde ! » Il ressortit aussitôt et s'approcha de Tam « - Tam ?! Réveille-toi ! Je crois qu'on a un petit problème ! » Il lui laissa le temps de quitter Morphée et lui montra ses cicatrices. « - Je n'ai plus rien, plus de douleurs, rien ! Et je pense que c'est pareil là ! » Du regard, il désigna son bas-ventre. « - J'ai l'impression que ma capacité régénérative s'est accrue. Enfin bref, on ne peut pas rester ! Ils vont se poser des questions en se rendant compte que j'ai cicatrisé aussi vite ! »

Le retour du héros

Haytham CASSIDY ft Tamara LOND

Lenox Hill Hospital, New- York
Le 14 mars 2017

Une fois n’est pas coutume, la réconciliation sur l’oreiller fut chaste. Chacun s’était calmé et avait réalisé combien l’autre lui était indispensable et de ce fait, chacun était près à mettre son amertume de côté. Tam s’excusa mais Hay refusa de la laisser faire, ce qu’elle apprécia. Ce fut donc dans ses bras que l’ancienne agente de terrain s’endormit, acceptant son invitation.

La nuit fut agrémentée de rêves dans lesquels ils étaient sur leur île, leur tout nouveau refuge, à se disputer la couleur de la peinture. Eileen dans un petit berceau en bois de palmier, à l’ombre d’un arbre de même type, seul témoin des gamineries de ses deux parents qui, pourtant, avaient passé l’âge. Cela finissait toujours par un éclat de rire provoqué par la bêtise de l’un ou de l’autre, et la Tamara endormie arborait probablement un petit sourire sur ses lèvres.

Profondément endormie, un sommeil paisible et profond comme elle n’en avait plus connu depuis la disparition d’Haytham, Tamara n’entendit pas son fiancé se lever. Elle était toujours prise dans ses songes lorsqu’une voix tendrement familière se fit entendre, prononçant son prénom, qu’elle crut d’abord dit dans son rêve. Puis insistant pour qu’elle se réveille, la jeune maman comprit qu’elle était en plein songe et commença à émerger, grimaçant légèrement en entendant le mot « problème ». C’était bien sa veine, pour une fois qu’elle dormait bien.

- Hum… quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?

Elle ouvrit rapidement les yeux en pensant soudain qu’il y avait un souci avec Eileen. Jetant un œil à la prunelle de ses yeux et la voyant toujours endormie, une part d’elle se rassurant tandis qu’elle reporta son attention sur le fils de Mars. Celui-ci lui montra son bras. Tam secoua la tête dans un premier temps, ne comprenant pas tout de suite, puis elle ouvrit la bouche comme pour prononcer un « Oh » silencieux tandis que l’Irlandais s’exprimait.

- Merde t’as déjà cicatrisé ?... Bon attends, ne dramatisons pas, c’est plutôt une bonne chose pour toi.

Tam se redressa pour s’asseoir au bord du lit.

- Tu sais, c’est un peu agressif là comme ça, sans café. Laisse-moi une seconde pour réfléchir. Oui, voilà, c’est pas grave, on va simplement leur dire qu’on a nos médecins perso qui nous attendent sur notre île paradisiaque. Ils te feront signer une décharge et y aura aucun souci. Tu n’auras qu’à faire mine de morfler un peu le temps qu’on sorte d’ici. On range les affaires et on se casse.

Tandis qu’elle se levait, la princesse Piranha s’éveilla à son tour, manifestant de sa voix peu mélodieuse sa présence.

- Quel timing, ta fille sait repérer dans la minute quand je suis réveillée, c’est dingue…

La brunette s’approcha de son petit trésor pour la prendre dans ses bras avec précaution.

- Voilà le plan : je la nourris, pendant ce temps tu prends ta douche et tu t’habilles, ensuite j’y passe pendant que tu la changes, et on s’arrache. Le programme te convient, captain Beau gosse ?

Il n’y avait pas de quoi paniquer, vraiment. Il était encore tôt, les infirmières ne passeraient que d’ici une demi-heure, largement le temps pour le couple de mettre son plan à exécution. Tam était déjà installée dans le fauteuil avec une Eileen impatiente et une serviette sur l’épaule.

Le retour du héros

Haytham CASSIDY ft Tamara LOND

On a tendance à voir le mal partout quand on est habitué à manquer de bol ou être confronté à des situations extrêmes. Sauf que pour une fois, il semblait y avoir du bon dans l'extrême. D'ordinaire la cicatrisation bien que rapide, permettait un semblant de crédibilité auprès des médecins et avec son passif, Hay pouvait prétendre à une carte d'abandonné. Jusqu'alors, il n'avait jamais rencontré de soucis, quelques étonnements certes, mais jamais d'emballement autour de sa petite personne. Sauf que cette fois, prétendre à une cicatrisation rapide ne serait suffire. Il venait à peine de se faire opérer et était déjà sur pied, près à soulever des montagnes (au propre comme au figuré) Dans sa tête, une multitude de questionnement prenait vie. Comment était-ce possible ? N'était-il pas trop vieux pour que ses capacités continuent à évoluer ? Il y avait-il une contrepartie à ça ? Mars, était-il à l'œuvre ? Était-ce éphémère ? Par chance, Tamara ouvrit un œil, puis le second et consentit à se réveiller pour être aujourd'hui, la voix de la raison. « - Des médecins perso sur notre île paradisiaque ? Rassure-moi, au niveau de la formulation, je peux opter pour quelque chose de moins bling-bling hein ? Non parce que là, j'ai l'impression d'entendre Kim Kardashian qui prépare ses vacances. » Sans même s'en rendre compte, il s'était calmé de lui-même et osait faire de l'humour dans ce qui lui semblait être une situation de crise. Eileen au fait du réveil de sa mère, ne tarda pas elle aussi à manifester sa présence.

« - Ca, c'est du travail d'équipe. Je te laisse restaurer notre petit monstre alors ! Bon appétit sur ce, le Captain Beau Gosse vole vers l'infini et la cabine de douche ! » En dix minutes, montre en main, Hay prit sa douche, se rasa et enfila sans mal les vêtements que sa fiancée lui avait apportés. Plus aucune douleur n'entravait ses mouvements, pire encore, il se sentait en pleine forme. Légèrement anxieux, il prit le temps de quand même vérifier que tout allait bien sous la ceinture. « - Putain ! » laissa-t-il échappé en se rendant compte que même là la cicatrisation avait œuvré emportant avec elle la crainte de l'impuissance, mais pas la certitude que cela ait fonctionné. Mais ayant d'autres préoccupations, il cessa de s'ausculter et quitta la petite salle de bains. Tam assise sur la chaise qui faisait face au lit, achevait de nourrir le petit monstre. « - Dis ! Je passe pour un obsédé si je te dis que même la tuyauterie est au fait de la cicatrisation ? » Eileen gazouilla rassasiée et bien décidée une fois n'est pas coutume à attirer l'attention de ses deux parents. Le demi-dieu déjà acquit à sa cause, ne put résister à l'envie de la prendre dans ses bras pour lui faire faire son rot tandis que l'agent de terrain achevait de préparer leurs affaires. « - Il nous faudra sûrement un fauteuil roulant pour que livre une performance digne d'un oscar. » La petite émit un premier puis un second rot que son père applaudit avant de la remettre dans son siège.

« Mr Cassidy laissez-moi vous dire que je trouve que c'est une très mauvaise idée de quitter l'hôpital alors que vous venez de vous faire opérer » Le médecin était de toute évidence dubitatif et comment ne pas l'être en de telles circonstances. Hay, vissé sur le fauteuil que l'on venait de lui prêter, faisait mine de grimacer en se tenant la mauvaise épaule avant de se rendre compte de son erreur. « - Je suis tellement fatigué que je n'arrive même plus à identifier la bonne épaule. N'est-ce pas malheureux ? Doc, je sais que vous voulez bien faire, c'est votre job après tout, mais je puis vous assurez que nous avons à disposition nos médecins perso sur notre lieu de résidence. Des pointures, ils bossent avec les Kardashian pendant leurs vacances, c'est vous dire la référence. » Il en faisait trop, Tam ne manqua pas de le lui faire savoir en l'affublant d'un léger coup de coude. « - Bon où est-ce que le gaucher blessé que je suis dois signer ? » Jouant de son sourire, le demi-dieu parvint à tromper son monde, une fois la décharge signée, la petite famille regagna l'extérieur où Maisie les attendant. « Vous m'expliquez comment ça se fait qu'on vous laisse partir alors que tu étais sur le billard hier ? »

« - Moi aussi, je suis content de te voir Maisie et de savoir que tout va bien ! »

« Tu as fumé quelque chose ? De l'ambroisie ? »

« - D'où tu connais ça toi ? »

« Je suis la fille d'un demi-dieu, il fallait bien que je me documente un peu ! » La jeune fille les aida à ranger leurs affaires dans le coffre sous le regard des infirmières qui une fois le patient opérationnel, tournèrent les talons. Hay en profita pour récupérer les clés au grand dam de Maisie. « - C'est moi qui pilote et pas de « mais » Je vais bien, très bien même, autant qu'un type qui s'est fait trouer et qui a 50 % de son ouïe en charpie. Mais tu sais quoi, je m'en fous, parce que là, je m'apprête à mettre les voiles direction le paradis. » Il ne doutait plus de rien à présent, le bonheur était à portée de main et cette fois rien n'y personne ne pourra les empêcher d'y avoir le droit.