Lorsque la dernière Bienveillante fut réduite en cendres, le demi-dieu émit un soupir agacé. Ces satanées créatures les avait poursuivi depuis la Colonie jusqu’en plein centre de Manhattan, les forçant à prendre des virages plus que forcés avec leur voiture. Ils avaient failli rentrer dans plusieurs bâtiments et menacé d’écraser plus d’un mortel, pour au final être à cours d’essence et s’arrêter dans une ruelle sombre et qui empestait le chat mouillé – où les Bienveillantes avaient cru pouvoir faire d’eux leur nouveau casse-croûte. « Je déteste les Bienveillantes. Aucun sens de l’humour et aucun respect pour les voitures ! » Le fils d’Apollon adressa un petit rire en direction de sa meilleure amie, Alyss, qui semblait bien moins encline à la rigolade que lui. Elle rangea son arc et ses flèches et alla inspecter les dégâts. « La voiture n’a rien. Du moins, rien que les Héphaïstos ne pourront régler. Au moins le dispositif d’invisibilité fonctionne toujours. » En effet, les pensionnaires de la cabine numéro neuf n’avaient été que trop ravis d’apporter quelques améliorations à la voiture d’Ailam, dont un dispositif d’invisibilité et un alliage en bronze céleste. Si bien qu’aucun mortel ne pouvait les voir, et n’importe quel monstre risquait d’être vaporisé si Ailam décidait de leur rentrer dedans.

Ce dernier abaissa son épée, qui se transforma automatiquement en montre et vint se fixer à son poignet. Il sortit une carte de sa poche et la déplia sur le capot de sa Ford Maserati. « Si on en croit l’Oracle, Laura et Thomas devraient se trouver non loin de la 9ème avenue, en plein Brooklyn. Du moins, de ce que j’en ai déduit en vue des buildings. On devrait donc gagner du temps en passant par… » - « Par la première route à droite. C’est de là qu’on est venus, et c’est par là qu’on allait avant de caler. » On ne pouvait jamais douter de la sagesse d’une fille d’Athéna. Lui-même n’avait jamais vraiment eu un très bon sens de l’orientation, mais il n’irait jamais l’avouer. « Il faut qu’on trouve une station-service dans le coin. Une qui accepte les cartes de crédit de la colonie, par ailleurs. » Parfois, Ailam rêvait de posséder un char solaire comme celui que possédait son père. Mais il n’allait pas se plaindre de sa voiture, un cadeau d’anniversaire d’Apollon qu’il chérissait beaucoup trop pour un jour en changer. Aussi tape-à-l’œil et lumineuse que son propriétaire. Et il était hors de question de faire appel aux Sœurs Grises. Il avait fait l’expérience de leur façon de conduire une seule fois, et c’était bien assez suffisant pour toute une vie.

Quand le plein fut fait – et après plusieurs minutes à se hurler dessus pour savoir qui devait prendre le volant, débat que finit par remporter Ailam – ils finirent par repartir tout aussi vite. L’un des propriétaires de la station-service les avait regardés de façon étrange et ils n’avaient aucune attention de rester trop longtemps pour en connaître la raison. D’autant plus que – moins vite ils allaient, plus les chances de retrouver les deux sang-mêlés seraient moindres. Ils n’avaient pas beaucoup d’information sur cette quête. L’Oracle avait été très vague sur le sujet, mais là encore, les visions étaient une chose avec laquelle Ailam était familier. Bien qu’il ne possède lui-même aucun don de ce type, son père étant Apollon, il savait que les visions n’étaient jamais vraiment claires. Son voisin de lit s’en plaignait d’ailleurs souvent – il avait des rêves prophétiques mais ne parvenait jamais à en tirer une signification claire et nette. C’était à en devenir fou.

Alyss et lui étaient partis le matin-même de la colonie, et avaient réussi à en déduire que les deux demi-dieux qui manquaient à l’appel devait se trouver quelque part dans Brooklyn. Mais là encore, rien n’était certain, et depuis l’attaque des mortels à la colonie, il régnait une paranoïa constante chez chacun des pensionnaires. Aussi, Alyss et lui étaient plus qu’impliqués dans cette quête. Ailam savait qu'Alyss se sentait encore plus concernée, étant donné que les sang-mêlés manquant à l'appel étaient son demi-frère et sa demi-soeur. Un demi-dieu n’était jamais en sécurité en dehors de la colonie. Que ce soit des monstres, et maintenant des mortels. « C’est pas vrai ! Une Empousa ! A croire qu’ils nous flairent depuis ce matin ! » Ce qui n'aurait pas étonnant, au vu de leur statut. Deux demi-dieux, enfants d'Olympien. Ils devaient sentir le hamburger pour monstres à plein nez. Ailam tourna si vivement sur la gauche qu’il entendit Alyss émettre un hoquet de protestation. Il rentra dans le monstre sans même hésiter et lui envoya un jet de lumière aveuglant en plein visage. « Et une de plus ! On en était à combien déjà ? Six pour toi et huit pour moi si je me souviens bien. Fais gaffe, Alyss, je pourrais croire que tu commences à te ramollir. » Son commentaire lui valut un coup de poing bien senti en plein dans les côtes.