Carnets de Melia: Extraits.
De 10 à 21 ans.
☞ La Fuite.
Le 09 aout 2004 sur les pages blanches du roman « Jane Eyre »: « Je ne sais pas bien comment commencer alors autant y’aller avec franchise : hier, je me suis enfuie. Bizarre de dire ça comme ça mais c’est la vérité. Je me suis enfuie de chez moi pour ne plus jamais revenir. Je frissonne rien qu’en écrivant ça ; non seulement parce que ça fait cucul, mais en plus parce que maintenant, je peux disparaitre à tout moment et que plus personne*des larmes cachent un bout du texte*… pas même mes parents. J’espère qu’ils vont vite penser que je suis morte, c’est mieux pour eux. J’crois bien que je dois commencer par expliquer pourquoi j’en suis là. Peut-être qu’après je pourrais me lever de ce banc et continuer à marcher.
Je suis née le 3 mai 1994 dans un petit village de Grèce pas très connue, pas loin d’Athènes. Mes parents, Wendell et Monica sont anglais, mais quand ma mère est tombée enceinte, son médecin lui a conseillé de sortir de Londres parce qu’elle avait « une santé fragile », comme
dit disait toujours mon père. Alors comme ils aimaient tous les deux la Grèce, ils sont venus s’installer là-bas en achetant une ancienne ferme pas chère. Je suis née, et tout était bien. C’est vers mes 5 ans que j’ai compris pourquoi la maison était pas chère. La raison c’était une déesse de la Grèce antique que tout le monde avait oubliée en construisant ma maison. Mais le truc c’est qu’elle, elle ne s’était pas du tout oubliée et elle savait que c’était toujours son temple, on ne vire pas une déesse d’un espace sacré comme ça.Son nom c’est Mania, déesse de la Folie. Bref, pour faire cours, elle a punie ma famille pour la sacrilège de ne pas être au courant qu’il y a 25 siècle, un petit temple se dressait à la place de ma maison. Et quoi de mieux pour punir mes parents que de maudire leur enfant ; moi.
« Née en mon enceinte sacrée, tu m’appartiendras désormais. Comme je suis Mania de la Folie, tu es la cible de mes Envies. Aux yeux des Dieux et des Mortels, Sur la Terre et pour le Ciel, tu es l’incarnation de ma folie. Tel est mon présent Melia. Car je suis la folle Mania. »
Comme je n’ai pas beaucoup de place, je vais juste dire que depuis ce temps-là, j’ai été diagnostiquée Paranoïaque. Personne n’a voulu me croire, pas même mes parents quand j’essayais d’expliquer *larmes*…Ca explique en parti pourquoi je fuis aujourd’hui. Et comme je suis en fuite je dois partir maintenant, j’ai pas le temps, le courage et la place d’en dire plus pour aujourd’hui »
Le 28 novembre 2004 sur un cahier volé dans une station-service : « Je suis en vie. Trois mois de vagabondage et je suis en vie. Je trouve à manger en quantité suffisante, je suis plutôt en bonne santé et pas trop déprimée. Comment c’est possible ? Je n’ai que 10 ans, je suis pas sensée m’en sortir toute seule. Et pourtant si. […] J’ai aussi volée ce cahier pour finir ce que j’ai commencé la dernière fois : expliquer comment j’en suis arrivée à fuir. Et puis je crois que j’écris plutôt bien pour mon âge d’après ma mère alors que je ne vais plus aller à l’école… Je pleure toujours un peu quand je repense à avant. Avant, c’était pas la joie, ok, mais j’étais toujours avec mes parents et je risquais pas trop de mourir… jusqu’à ce que je les vois, les monstres. Le genre de monstre qu’on voit dans les livres sur la mythologie grecque. Le truc c’est qu’à 5 ans pour moi c’était juste des choses tellement horribles qu’elles voulaient forcément me tuer. Et évidemment mes parents ne voyaient rien. Du coup voyage chez le psy et le diagnostic tombe : Paranoïa. Après, on vit avec. Au début, ça va parce qu’à force d’entendre dire que c’est que dans ma tête, ba je finis par le croire. Et puis lorsque les monstres m’attaquent parce que je les regarde, c’est un peu plus le bazar. Bizarrement au début, ils ne me touchaient pas. Mais un jour, alors que j’étais dans ma classe, un chien noir immense est arrivé à la fenêtre. Comme d’hab, j’ai commencé à trembler, d’autant plus que celui-là me regardait et comme d’hab, la maitresse a cru que je commençais une crise et s’est approchée en soupirant pour essayer de me calmer. Mais au moment où elle se penchait vers moi, il a soudain explosé la fenêtre et Mme Andonios s’est retrouvée à l’autre bout de la classe, assommée. Heureusement il n’avait pas pu la toucher, par contre moi j’ai été blessée, j’avais de grosses griffures sur le torse (j’ai toujours les cicatrices d’ailleurs). Mes parents et ont cru à une crise de colère, tout comme les autres enfants dans la classe. Aujourd’hui je sais que c’est parce que je vois pas pareil que les autres, je sais aussi que c’était un chien des enfers. Comment je suis au courant ? J’ai lu pas mal de trucs la dessus depuis. Bref, tout ça a continué et puis il y a trois mois, alors que j’étais enfermée dans la maison depuis déjà 2 ans (mes parents avait décidé ça à cause des « crises) , un inconnu est arrivé. Il disait qu’il voulait juste voir la maison parce qu’elle était supposée hantée et que ça l’intéressait. Mes parents ont protestés : Non la maison n’était pas hantée, c’était juste des racontars dans la région. Moi je les regardais du haut de l’escalier et je voyais bien qu’ils étaient mal à l’aise. L’homme a insisté pour savoir ce qu’ils savaient sur les rumeurs dans la région. Ils ont finalement lâchés ne pas avoir entendu parler de cette histoire avant d’acheter mais qu’aujourd’hui qu’ils étaient-là, il ne voyait de toute façon pas le problème et qu’ils ne savaient presque rien des rumeurs. C’est à ce moment que l’homme m’a vu en haut des escaliers. J’avais peur que ma mère me gronde parce que j’étais pas sensée me montrer sauf s’ils me le demandaient. Il parait que les parents ont deux réactions face à un enfant différent : soit ils le rejettent, soit ils le surprotègent, facile de deviner quel type ils étaient. Mais bon je vais pas me plaindre, au moins ils m’aimaient. J’espère. Donc alors que j’étais sensée rester dans ma chambre, l’homme m’a vu. Il était bien habillé, le genre propre et confortable, comme un homme d’affaire en voyage qui fait du tourisme. Il m’a souri et s’est adressé directement à moi. Mon père a voulu changer de sujet et ma mère m’a jeté un regard genre « tu lui parles pas et tu rentres tout de suite dans ta chambre ». C’est ce que j’ai fait mais je me suis arrangée pour écouter. L’étranger a alors rapidement abandonné l’idée de visiter la maison et il est parti. J’étais un peu déçue, pour une fois que je voyais quelqu’un d’autre que mes parents. Mais le jour suivant, alors que je me promenais dans mon jardin, j’ai entendu une voix. Et derrière un arbre, il y avait l’homme de la veille qui m’appelait. Je voulais pas y aller mais j’étais trop curieuse. Quand je suis arrivée vers lui, il m’a dit bonjour comme si j’étais une adulte et il m’a proposé de discuter en se promenant au fond du jardin. Je suis curieuse mais pas folle, j’ai refusée mais il a promis de ne pas me faire de mal (genre il en faisait aux autres ?) et surtout, il m’a dit qu’il savait pour les monstres. La surprise aidant, j’ai décidé de l’écouter.
Je sais toujours pas si j’ai bien fait. Il n’a pas été méchant avec moi. Il m’a demandé si je savais quelque chose sur la maison, s’il se passait des choses bizarres ici, en dehors des monstres. Un peu étonnée parce qu’il savait pour les bêtes j’ai dit :
-Les monstres c’est déjà pas mal non ? Il a souri et m’a dit :
-Je sais que cette maison est spéciale. Tu n’es peut être pas au courant mais elle est située sur un ancien temple grec. Seulement je ne sais pas à quel divinité il correspond, et toi ? Je te demande parce que tu m’as l’air assez intelligente et tu vois des choses que les autres ne voient pas, je me trompe ? Le coup du « tu m’as l’air assez intelligente » m’a un peu refroidie (les adultes font toujours ça pour mettre les enfants dans leur poche), mais il avait raison alors j’ai répondu :
-Je vois des monstres, ouais, et je sais que la maison est sur un temple et c’est Mania la déesse si vous voulez savoir. Après une pause il m’a regardé fixement et m’a demandé :
-Et comment tu sais tout ça ? Et là, sans savoir pourquoi, j’ai tout déballé. Peut-être parce que j’en avais marre de parler à personne d’autre que mes parents, peut-être parce qu’il m’écoutait sans m’arrêter contrairement aux autres adultes quand j’essayais de leur expliquer, peut-être parce que d’une certaine manière il savait… Et quand je dis « tout déballer » c’est genre, vraiment tout ; je lui ai même récité les termes exacts de ma malédiction, j’étais pas allée jusqu’à la avec les autres. Bon, bien sûr il m’a pas cru malgré tout. C’est comme ça les malédictions, même si les gens savent, ils sont obligés de se laisser emporter parce que les dieux sont plus forts. Lui, il a résisté mais il n’a pas pu s’empêcher de me poser une question :
-Si cette malédiction existe, pourquoi ne t’ai-je pas immédiatement prise pour une « folle » ? Je l’ai regardé fixement et il a secoué la tête comme pour se débarrasser d’une idée. Tout le monde fait ça. Puis il a déclaré :
-En tout cas je te remercie, maintenant je sais pourquoi les gens d’ici disent que cette maison est hantée !J’ai demandé :
-Pourquoi ça vous intéresse, et puis d’abord, pourquoi vous êtes là ? C’est votre métier de voir les maisons bizarres ? Il a de nouveau souri comme si il en savait plus que n’importe qui et m’a répondu :
-On peut dire ça comme ça, oui. Le problème vois-tu, c’est que tes parents n’auraient jamais du pouvoir acheter cette maison parce qu’elle appartient à mon entreprise. Nous savions qu’il y avait un problème ici et on ne voulait pas que des gens aient des problèmes. Maintenant c’est trop tard. Je pense que tu as été perturbée par tout ça, malgré tout ce que tu me dis, ton discours est incohérent, tu n’es qu’une petite fille et les malédictions n’existent plus depuis un bout de temps ! « Note dans la marge datant de plusieurs années après: La folie refuse plus violemment les discours cohérent que les raisonnements absurdes ; Elle est têtue et imperméable »Il a hésité avant d’ajouter :
-Cependant je suis bien obligé de te croire pour Mania. Merci de m’avoir prévenu. Je vais devoir arranger tout ça maintenant.Après 3 mois de réflexion, je me dis que s’il ne m’avait pas prise pour une folle, je serais surement morte en fait vu ce qui s’est passé ensuite et vu sa définition « d’arranger ».
Après cette conversation il est parti comme il était venu ; je sais pas comment. Il s’est enfoncé au fond du jardin peuplé de buissons et c’est tout. Mais comme il était de dos, j’ai eu le temps d’apercevoir un manche de couteau super beau sortir de sa sacoche.
Ensuite ba, c’est allé très vite. La nuit qui a suivie, un incendie s’est déclaré dans la maison. Je ne crois pas avoir été surprise sur le coup parce qu’après la conversation bizarre de l’après-midi, je m’attendais à un truc du genre. Je me suis réveillée à cause des appels de mes parents. J’ai senti la fumée et j’ai su instinctivement qu’il fallait se mettre au sol. J’ai rampé, rampé, vers je sais pas où. A un moment je me suis cognée contre un mur et j’ai sentie sous mes doigts un truc froid. Le couteau de l’homme bizarre. Je m’en suis saisie et je suis restée interdite quelques instants. J’entendais toujours les appels de ma mère et j’ai pensé que mon père était en train d’essayer de me sauver. C’est pour ça que je suis partie. Parce que l’homme allait revenir après avoir raconté mon histoire à son « entreprise » : eux ne m’avaient jamais vu, ils ne pourraient que croire ce témoignage et revenir. Quand on est capable de bruler une maison, on tue aussi et je voulais pas que mes parents soit des victimes collatérales (je crois que c’est le mot). Je ne sais pas pourquoi j’ai su tout ça (et je me rends compte que je ne sais pas grand-chose en fait). Alors j’ai regardé dans ma chambre, j’ai vu une petite sacoche que j’utilise pour aller me promener dans la campagne : de l’eau, des gâteaux secs, quelques euros, un exemplaire de Jane Eyre (un livre que j’essaye de lire sans y arriver depuis des mois, c’est vraiment chiant… mais je l’ai toujours), un chapeau et des habits de rechange. Un sac à dos que mes parents m’ont forcé à faire pour si un jour je me perds. Y’avait aussi mes coordonnées dedans mais depuis je les ai jetées dans une poubelle, je veux pas qu’on me retrouve. Je suis partie en sautant par la fenêtre juste au-dessus de moi. J’ai sauté dans le jardin en emportant le couteau et j’ai courue comme une dératée vers la ville la plus proche.
Comment une petite fille de 10 ans a pu s’en sortir ? J’en sais rien, comme d’hab. J’ai réussie à prendre le bus en payant avec l’argent dans mon sac. Et de là, j’ai toujours eu de la chance. Toujours. Mais j’ai pas envie de reparler de ces premiers mois, j’ai pas volé ce cahier pour ça. Maintenant je dois avancer. Et me trouver un but aussi. Commençons simplement. Je vais trouver les autres dieux. C’est ce que je dois faire.
Extraits choisis : Europe, sur plusieurs cahiers, de 10 à 16 ans:Athènes : « J’ai mangé des bonbons aujourd’hui dans un commissariat. J’avais oublié à quel point c’est bon. La police m’a encore eu. Je devrais peut être faire gaffe à paraitre moins clocharde. Peu importe, j’ai réussi à m’enfuir, comme d’hab. Mais j’étais contente d’avoir des bonbons. Par contre j’ai toujours pas trouvé les dieux. »
Athènes 3 mois plus tard : « J’ai réussi à rester dans un foyer pour enfants abandonnés sans que les services sociaux ne tentent de savoir qui je suis : déjà même si j’ai que 12 ans, j’arrive à me faire passer pour une grande de 16 ans sans problèmes. C’est drôle de faire ça. Un visage assuré, des habits adaptés et Hop ! J’ai 16 ans ! Et puis je fais genre que je suis muette et ils me prennent pour une fille un peu dérangé aussi donc ça va. Par contre pas de traces des dieux à Athènes alors que je croyais qu’ils vivaient là-bas. Je vais essayer de trouver un livre là-dessus. En attendant j’assiste aux cours d’ici pour voir si ils en parlent ».
Litochoro, ville proche du Mont Olympe : « Pas la non plus. »
Non situé : « Je sais pas où ils sont. Ça fait 1 an que je cherche je les trouve pas. Va falloir me renseigner dans des livres j’crois. Comme je vais plus à l’école c’est pas plus mal. […] Dès que je le peux, je travaille et je mets des économies de côté. En ce qui concerne le logement, je m’en sors pas trop mal pour l’instant. Bien sûr j’ai souvent du dormir dehors mais pas tant que ça si on considère que je suis jeune et seule. »
Prague, 2 ans plus tard : « Aujourd’hui j’ai tué un monstre. La barre de fer que j’avais récupérée en le voyant me suivre n’a servi à rien mais le poignard si. C’est parce que c’est de l’or Impérial, je le sais maintenant. Mais heureusement ce n’était pas un monstre très costaud sinon un simple perçage de cœur n’aurait pas suffi. Certes, il m’a salement amoché, je dois avoir une ou deux côtes fêlées, mais je suis en vie. J’ai définitivement un ange gardien : j’ai trop de chance dans mon « malheur ». La chance est une constante dans mon histoire, je m’en rends compte maintenant. Partout elle est évoquée dans mes cahiers. Je suis chanceuse, je ne suis pas seule. Finalement je suis peut être bien vraiment folle, mais pas parano : plutôt schizo ! J’expliquerai plus tard comment pour le poignard.»
Prague, deux jours plus tard : « Havel a réussi à me rafistoler mais il a dit que si je continuais à me battre avec tous les gangs sur mon chemin je mourrais « en moins de deux ». Comme je suis déjà bizarre à ses yeux de toute façon j’aurais peut-être pu lui raconter ce qui s’était vraiment passé. […] J’envisage de quitter bientôt Prague, j’ai trouvé ce que je voulais ici. La bibliothèque du monastère de Strahov est vraiment la plus belle que j’ai jamais vue. Et leurs livres mythologiques sont super ! J’en ai bavé pour pouvoir les consulter mais ça valait le coup ! ! »
Extraits choisis du livre «
De La Mythologie Grecque à la Renaissance racontée par Frère Vladislav de Strahov ; Traduction Anglaise modernisé» + (remarques de Melia)
(Comment un moine de l’église catholique a-t-il-pu écrire un livre aussi blasphématoire XD !! Tu m’étonnes que le bouquin soit classé dans les fictions, c’est une petite bombe ce truc ! Après vérification, j’ai découvert que Vladi avait officiellement été déclaré « affabulateur » à sa mort, intéressant…)
« -
Les créatures que j’observe depuis maintenant quelques mois ne semblent toujours pas vouloir bouger. Elles ne s’intéressent absolument pas à nous autres moines bien qu’elles aiment à se promener dans nos jardins. »= (Ne voient pas les humains, même ceux qui ont le don de vision)
-«
Un jeune homme est récemment arrivé dans notre monastère, il a remplacé le vieux Boris qui nous livrait le parchemin et il m’intrigue. Ce garçon, Vilem, semble en effet voir les créatures comme je les vois. Mais contrairement à moi, elles le voient aussi. Et il est évident qu’il en a peur. Pour l’instant elles n’ont rien tentées contre lui mais elles s’excitent c’est évident. Je vais tenter de parler à ce jeune homme. »= (un comme moi ?)
-«
Ce que j’ai découvert en parlant à Vilem n’est qu’une confirmation des soupçons de toute une vie ; les dieux existent. Pour être tout à fait précis, je veux parler des dieux mythologique. Je ne sais pas encore quoi penser de ce garçon mais si la moitié de ce qu’il a dit est vrai, c’est déjà extraordinaire ! Il déclare être un sang-mêlé (il n’a pas osé dire demi-dieu devant un moine je crois !). Il a été fort surpris quand je lui ai parlé des monstres, cependant il avait déjà rencontré quelqu’un comme moi ; certains humains voient à travers « la Brume ». Voilà le mot qu’il a employé. Pour revenir à Vilem, il n’a pas voulu me dire qui était son parent divin mais il m’a parlé des dieux de nos jours. Si nous autres mortels vivons une période charnière, il en va apparemment de même pour les dieux. Le cœur de la civilisation n’est plus à Rome depuis longtemps et l’Olympe ne cesse de se déplacer. D’après Vilem les dieux hésiteraient en ce moment entre La France ou un retour vers l’Italie. Ce sont en effet deux pays modernes qui ne demandent qu’à progresser encore plus. Mais la perte de leurs fidèles en Italie et l’accroissement exponentielle de la religion chrétienne en France ne leur plaisent pas du tout. S’ils ne parviennent pas à se faire à un monde en changement, il est probable qu’ils finissent isolés mais je crois qu’ils suivront toujours les hommes, peu importe leur croyance. Ils sont dépendants de notre peuple. »
(Alors c’est ça, l’Olympe se déplace… Pour trouver les dieux, je dois trouver le cœur de notre civilisation. Quelle est la plus grande puissance internationale, celle qui dicte nos vies ? Je vais devoir traverser un océan je crois…)
« Tout le reste du bouquin était aussi super intéressant : Par exemple il parle d’un poignard comme le mien… Et puis maintenant je sais que certains humains voient à travers « La Brume » je ne suis donc pas seule ! Et y’a des demi-dieux aussi ! »
Prague, 1 semaine plus tard : « après quelques jours de réflexions, je me rends compte que j’ai un problème : C’est bien beau de vouloir aller aux Etats-Unis mais comment faire ? J’ai 14 ans, pas de papiers d’identités, pas de logements, pas de connaissances, pas d’argent. Et je sais qu’on n’entre pas la bas comme ça ! Donc je n’ai plus qu’à faire une liste de ce qu’il me faut et ensuite, byebye l’Europe. »
Berlin 7 mois après : « Ici c’est pas mal pour se faire de l’argent et les gens sont sympas. Par contre ils sont nuls en Bonbons. J’ai quand même rencontré une fille sympa, Lisbeth. Elle m’apprend à me servir d’un pc, ce sera utile pour mes futurs recherches en Amérique. Elle, elle me prend pour une cleptomane je crois. Je pensais pas que ça rentrait dans le champ de la folie ! »
Quelques temps après : « Ok, je viens de faire le truc le plus dingue que j’ai jamais fait. J’ai braqué un magasin… PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! Je me sens pas hyper bien mais j’ai récupéré 500 euros, ça paye une partie des faux papiers. Et puis Merde je suis une fugitive depuis longtemps, c’est pas être hors la loi qui va changer ça ! Et puis je dois encore payer des tas de trucs genre les vêtements (je sais maintenant à quel point c’est important, plus jamais je passe 2 jours à me faire engueuler par les services sociaux pour que je parle !!!!!!!). Et j’ai renoncé à l’avion aussi, trop de contrôles. A la place je prendrais le bateau, je pourrais me trouver un job dessus. […] Les mecs qui ont fait le braquage avec moi se sont fait arrêtés. Pourquoi la police ne m’a pas retrouvée ? »
Paris, 1 ans plus tard : « J’ai hésité avant de venir ici. Est-ce que j’essaye de revoir mes parents avant de partir ? Mais après y avoir réfléchi, j’ai décidé que non : je ne sais pas où ils sont, je ne pourrais les voir que de loin et en plus ça risque de me déprimer. Aujourd’hui ils doivent m’avoir oublié… avoir d’autres enfants… […] Encore quelques petits réglages et je pars pour Calais. »
Calais, encore un an plus tard : « Finalement j’ai fait pas mal de trucs. J’ai trouvé un boulot dans un restaurant à Paris et j’ai décidé d’y rester pour me faire une expérience et me faire engager sur un bateau de croisière. Je pars demain, j’ai mes faux papiers : je m’appelle Lily Woodhouse. J’ai pris ce nom au pif dans un Harry Potter et un roman de Jane Austen. J’ai toujours mon vieil exemplaire de Jane Eyre, mon poignard qui m’a souvent sauvé la mise et quelques affaires dans ma sacoche mais j’ai aussi un gros sac-à-dos et plein d’expérience pour la suite. J’ai relu un bout de mon premier cahier ou je raconte le moment où je suis parti. C’est drôle, à l’époque je trouvais Jane Eyre « chiant ». Ca a bien changé ! J’ai dû lire ce bouquin une cinquantaine de fois !»
Dans un bateau Sur l’
Atlantique : Aujourd’hui j’ai 16 ans. Sur mon passeport j’en ai 19 mais il m’arrive de faire croire aux passagers que j’en ai 13 pour qu’ils m’offrent des trucs. C’est hyper cliché de dire ça mais face à l’océan, j’ai pas mal réfléchie à ma vie : Et j’ai pensé à Mania. Et là, comme une évidence j’ai su quelque chose. Je pensais que Mania n’avait été dans ma vie que 5 minutes le temps de prononcer sa malédiction sans me rendre compte d’une chose : Ca m’est venu en repensant au livre du moine de Prague : Les dieux adorent les humains, nous sommes leurs jouets. Et cette simple affirmation veut dire pas mal de choses pour moi : Elle est là. Tout le temps. Si j’ai eu tellement de chance c’est qu’elle ne voulait pas que je meure. Je suis bien trop importante en termes de loisirs pour elle : elle m’a créé pour être son jouet, « la cible de ses envies ». Dois-je lui en vouloir pour avoir fait de moi une paria, ou dois-je lui en être reconnaissante d’avoir survécu et vécu tout ça, d’une certaine manière d’être « spéciale » ? Bonne question. Le soir, j’ai pris un bout de mon repas et je l’ai jeté dans les flammes d’un grill dans la cuisine. On ne sait jamais.
Etats-Unis de 16 à 21 ans :
New-York 6 mois plus tard: « Récapitulons, Je sais TOUT sur les dieux. Et quand je dis TOUT je le pense : depuis mes dix ans je ne fais que ça ; étudier les dieux. Et aucun prof du monde ne saurait en savoir plus que moi pour la seule raison que moi, je sais qu’ils existent. Et que j’ai une déesse perso. Alors pourquoi ne suis-je pas capable de trouver une seule putain de trace de machin mythologique ici ! ILS EXISTENT BORDEL DE MERDE JE SAIS QU’ILS EXISTENT ILS NE PEUVENT PAS ETRE MORTS!!!!!!!
Boston 3 mois plus tard : « Toujours rien. Mais j’aime bien cette ville. Ça change de New-York, c’est plus… moins touristique ! J’ai réussie à me trouver un petit job ici, je bosse comme cuisinière dans un bar et ça me va. Parallèlement je cherche toujours bien sûr. J’habite au-dessus du bar dans un appart loué par la patronne et comme je bosse aussi pour elle, j’ai une ristourne de loyer. Mais je ne resterai pas longtemps elle croit déjà que j’ai une araignée au plafond (comme d’hab !) […] Qu’est-ce que je dois faire ? J’en viens à me dire que je suis vraiment folle, que j’ai tout inventé, c’est peut être bien moi qui ai foutu le feu à ma propre maison. Quand ne pas savoir devient insupportable, je ressors le poignard en or impérial. Je ne l’ai pas inventé lui. J’espère. J’ai tellement tué de monstres… »
Chicago 1 an plus tard : « Quitte à continuer à chercher, autant me balader partout. »
Atlanta, 3 mois plus tard : « J’en avais marre du froid, du coup je suis descendue. »
Miami, 4 mois plus tard : « Du soleil… »
Dallas, 6 mois plus tard : « J’imagine bien les dieux vivant au Texas, après tout ils adorent tuer des humains dans les légendes. »
Houston, 2 mois plus tard : « RAS. »
Pas loin de
Seattle, Janvier 2015 : « 5 ans. 5 putains d’ans aussi longs que les bornes que je me suis tapée à pieds depuis que je suis ici. J’ai fini par acheter une vieille moto d’ailleurs. Mais aujourd’hui je sais que je n’ai pas fait tout ça pour rien. Et je sais maintenant qu’il y a deux endroits que je vais devoir visiter ! Faut absolument que j’écrive ce qui vient de m’arriver! Enfin, je vais faire vite parce que c’est clair que je ne vais pas oublier ça tout de suite : J’ai enfin croisé quelqu’un qui pouvait m’aider ! Un demi-dieu pour être plus précise ! A côté de Seattle ! Et maintenant je sais qu’il y a deux camps de Sangs-mêlés aux Etats-Unis qui eux, doivent savoir où sont les dieux exactement (le gars a juste su me dire que c’était à New-York ! Génial, pile là où je suis arrivée il y a 5 ans !) Après 11 ans de fuite, j’ai enfin trouvé des gens qui peuvent m’aider et qui savent ce qui se passe (si on enlève l’homme au poignard). Nouvel Objectif : San Francisco !