J'essayais de faire tout, tout ce qui était en mon possible pour oublier ces événements horribles et ce que je considérais comme ma plus grande incompétence. Je lisais à ne plus en pouvoir, au point que mes yeux me brûlaient, j'imaginais mille et une aventure dans l'espace à bord du TARDIS, explorant l'univers avec un alien au moins aussi bizarre que moi, j'essayais de penser à tous ces jeux, films et séries que je ne pouvais pas encore regarder par manque de moyen d'accès à internet ni même d'appareil électronique à cause du danger que cela représentait si jamais l'on se déplaçait à l'extérieur avec. Pourtant ici … tous les monstres savaient que nous nous trouvions ici, alors n’aurions nous pas pu avoir accès à quelques ordinateur dans la colonie ou même quelques tablettes ? Bien entendu il fallait montrer l'exemple, afin que certains ne soient pas tenté de briser les règles et de risquer inutilement leur vie et celles de leurs camarades simplement pour avoir voulu pouvoir envoyer quelques sms à ses amis … donc oui, j'imaginais, je rêvais à tout ça jusqu'à temps que je puisse passer à la maison ou voir Marvin. Seulement tout cela ne servait à rien, A RIEN ! Car tout cela me revenait sans cesse … et plus je tentais de ne pas y penser, plus cela m'assaillait inlassablement.

Dire qu'avec les années j'avais fait tant de chemin … et là je repartais inlassablement en arrière. À croire que tout cela ne servait à rien, il suffisait d'un rien pour que tout éclate d'un coup et que je sois incapable de me reconstruire … non, pire que cela, j'étais petit à petit en train de glisser dans un déréalisme total, me confondant avec mes fictions qui étaient pour moi le seul endroit où il pouvait exister une quelconque logique afin d'expliquer tout ce qui se déroulait en permanence dans ma vie. Et je m'en rendais compte que petit à petit je ne parvenais plus à faire la différence en ce qui était réel ou non, mais je n'arrivais pas à l'empêcher, surtout quand on savait que dans ma vie j'étais souvent sujet à des attaques de monstres, à la magie et à des soldats armées dignes d'un film d'espionnage, alors pourquoi le reste ne serait pas plus réel ? Et c'est avec ce genre de questionnement, doublé de ce qui s'était passé dans la journée … cette visite inattendu … ce baiser … que je tentais de m'endormir, difficilement … baigné dans ma propre sueur et mes craintes … jusqu'à ce qu'avant même de réussir à m'endormir, prit dans un cauchemar éveillé, je me mit à hurler, me relevant en sursaut, réveillant certains de mes camarades sans le vouloir tandis que d'autres restèrent plongés dans un sommeil profond, habitué à ces crises de terreur nocturne non seulement de ma part mais aussi des autres demi-dieux chez qui c'était chose commune, surtout depuis l'attaque. Je ne leur laissait pas le temps de me demander ce qui se passait ni même de me rassurer que j'attrapais ma torche, quittait mon lit et quittait le bungalow à toute hâte avant d'allumer ma torche, m'entourant d'un voile, d'un filtre à perception.

Je ne savais pas où j'allais, ni même si je voulais aller où que ce soit … tout ce que je savais c'est que j'avais besoin de sortir, de ne plus étouffer entre ces murs … dans mes draps .. j'avais besoin d'espace, d'air libre et de la douce caresse de la lune. Malheureusement elle était à peine visible, me donnant presque envie de pleurer … j'avais besoin de la lune et le ciel était nuageux. Je n'en pouvais plus, je ne trouvais plus le sommeil et même quand je m'écroulais de fatigue ce n'était qu'angoisse et terreur … Je me traînais tel un cadavre, vêtu seulement de mon immense T-shirt, de mon caleçon et de mes chaussettes, traînant des pieds jusqu'à arriver là où nous mangions tous. Je manquais de force, la flamme de ma torche vacillait et je n'avais plus qu'une envie me poser, me poser jusqu'à ce que l'épuisement me permette d'oublier tout le reste et trouver un minimum de repos. Je prenais donc place sur un des bancs, posant ma torche à présent éteinte sur la table alors qu'avec mes orbites creusés je regardais le plus loin qu'il m'était possible de voir … jusqu'à simplement m'écrouler sur le banc, perdant connaissance. Tout ce que j'espérais à présent c'est qu'aucune harpie ne passerait par là, qu'elles auraient déjà fait leur ronde dans le secteur, sinon … j'étais bon pour finir dans leur estomac.

Je vais simplement te demander une chose, s'il te plaît, ne m'abandonne jamais, ne fuis pas, reste tel que tu es. Tu n'as pas à plaire aux autres, tu n'as qu'à rester toi-même. C'est comme ça que tu me plais, c'est avec tes différences et tes défauts, parce que pour moi, ça te rend magnifique.

A vrai dire, tu n'aurais peut-être pas dû agir de la sorte hier en fin d'après-midi lorsque tu as quitté ton ami. D'ailleurs, tu ne comprends toujours pas ton geste. Les raisons sont multiples pour être honnête, et elles se sont toutes mélangées et tu as bougé, elles se sont toutes transcendées en toi pour détruire la mince barrière que tu t'étais érigée dans le but de ne pas faire souffrir les autres et surtout ne pas souffrir toi-même. La première d'entre elle est simple. Il t'a expliqué que ton contact lui était impossible, qu'il ne s'en sentait plus digne. L'exactitude de ses mots t'es floue, parce que tu as préféré l'oublier, sachant parfaitement que ce n'était qu'une idiotie sans nom. Il n'a pas le droit de proférer de telles choses, parce que dans le fond, ça t'a fait mal. Tu t'es remis en question, ne sachant pas exactement comment prendre ce qu'il a pu te dire, parce que le problème vient également de ta personne, tu le sais. Tu n'arrives pas à l'aider. Tu savais pertinemment que les choses ne s'arrangeraient pas une journée. Mais tu pensais que ça pouvait faire une différence et serait un préquelle à de meilleurs jours. La seconde est plus compliquée. Si tu t'es décidé à l'embrasser ainsi, c'est parce que tu en avais envie. Mais de là à réellement le faire. Depuis votre rencontre, malgré le fait que tu ais eu d'autres aventures, ce garçon t'a toujours profondément attiré. Il n'est pas question de physique ou de besoin de chair, mais plus d'une réelle attache qui te lie à lui et qui te dévore le ventre.
Le reste de la soirée, tu aurais dû le passer à tenter de t'expliquer, de lutter pour lui, tu as la force nécessaire pour le faire en prime. Te battre pour deux ne t'a jamais fais peur, quoi qu'il faille faire. Simplement parce que tu as acquis la capacité de pouvoir gérer la détresse des autres, mais tu as préféré laisser ton ami s'en aller, et tu as eu le temps de songer à ce baiser humide que tu lui as donné. Peut-être que tu n'aurais pas du le faire. Mais tu ne regrettes pas. En y réfléchissant, tu sais que c'était fait pour arriver de toute manière. Ton père étant le dieu de la face sombre de l'amour, tes histoires n'ont jamais été simples, et tu comprends que de toute manière, tu devras redoubler d'effort pour lui, quoi que tu veuilles faire à ses côtés. Pourtant au plus profond de ton être est né une petite flamme, jaillissante de ce joyeux qui pulse en ton sein. Dévorant toutes les appréhensions ou les peurs que tu as pu avoir un jour passé. Toujours la déception venant s'ajouter à la douleur, toujours les pleurs et les incertitudes qui t'ont rongé quant à ce que tu mérites en question d'amour. La vérité c'est que tu t'es souvent demandé si un jour tu pourrais jamais aimer à nouveau, avant de tomber dans le piège des autres qui t'ont fais du mal, qui t'ont toujours fait tomber plus bas que terre. Les soirs tu pleurais toutes les larmes de ton corps et c'est pour cela que tu n'en as presque plus aucune à offrir en offrande à la terre lasse de voir l'une de ses créatures l'âme en peine.
Pourtant, la nuit a été longue, entrecoupée de sanglots que tu étouffais à l'intérieur de ton oreiller afin que les autres de ton bungalow ne puissent  pas les entendre. Quelle image aurais-tu donné de toi à des étrangers ? Tu n'as pas pleuré, tu as simplement sangloté, attendant que le sommeil ne vienne te dévorer, pour te plonger dans le noir et dans les rêves. Rêves que tu connaissais d'avance, tu le verrai lui. Tu le reverras dans le soleil couchant, pleurant et disant des atrocités à son sujet, se dénigrant lui-même. Et tu en souffres, sachant que rien de ce que tu ne pourras dire ne pourras effacer les craintes qu'il a, les peurs qui le terrorisent au quotidien. Il ne pourra jamais être comme tout le monde, mais en fait tu ne veux pas qu'il soit comme les autres, tu as finis par tomber pour lui, pour sa singularité, et c'est tout ce qui compte. Et viens le temps des remords, parce que tu n'aurais pas dû le laisser, tu aurais dû lui dire que s'il n'a pas la force, tu seras là pour lui, que ton épaule supportera ses larmes, et que tes mots pourront soulager ses peines. Tes mains seraient là pour le câliner et le réconforter, mais tu n'as pas agis, tu as préféré prendre la fuite une fois de plus, laissant quelqu'un dans le besoin seul face à ses démons intérieurs. Lui ajoutant un poids supplémentaire sur les épaules, celui de ce baiser injustifié à ses yeux alors que toi tu as compris, dans ton sommeil tu sens cette flamme devenir plus puissante. Le garçon atteint d'asperger a réussis à te toucher, il a réussis là où tu n'aurais jamais pensé que ça serait possible. Certes tu avais déjà ressentis cela en sa présence lors de votre rencontre, mais jamais ça n'a été aussi fort.
Le réveil a été compliqué, mais tu t'es levé aux aurores sachant que tu pourrais te dégourdir les jambes, voire le chercher et lui parler, lui dire tous ses mots que tu ne lui as pas dit hier et que tu regrettes de ne pas avoir formulés. Mais alors que tu te diriges vers le réfectoire afin de trouver quelque chose à manger avant de commencer la journée, tu t'arrêtes devant les tables. Atterré de le trouver là, évanouis, allongé sur l'un des bancs. Tu te précipites et te laisses choir à ses côtés, les genoux criant de douleur alors qu'ils heurtent le sol violemment, mais tu ne te soucies de rien d'autre que de lui, ayant perdu connaissance. Ton premier geste est de vérifier s'il est toujours parmi vous, pas qu'il n'ait fait une bêtise quelconque. « Azazel, s'il te plaît, reviens... je t'en supplie... » Venant poser ta main sur la sienne et serrant ses doigts frêles dans les tiens, tu pries tous les dieux grecs et romains confondus pour qu'ils te viennent en aide. Tu n'es pas un enfant d'Apollon, tu ne sais pas guérir, tu sais juste détruire. Mais il faut qu'il revienne à lui, que ferais-tu sans le garçon qui se trouve face à toi ?

J'étais tellement fatigué … mon corps tout comme mon esprit n'arrivaient plus à suivre la cadence. Au final je m'étais simplement effondré, épuisé, plongé dans ces visions cauchemardesques que je redoutais depuis ce qui me paraissait une éternité alors que cela ne faisait pas si longtemps. Je n'aspirais qu'à une chose : Le néant, le vide, le sommeil dénué de rêves, tel un voyage dans l'obscurité spatial, sans bruit, sans mouvement, sans image, sans la moindre force d'aucune sorte. Je cherchais l’apaisement mais ne trouvais que le tourment dans une vie que je ne pouvais même pas pleinement contrôler, face à des angoisses qui me contrôlaient si facilement alors que je restais totalement démunis contrairement au reste de l'humanité. Au final mon esprit hurlait en entendant les autres pousser leurs derniers glas, les appels à l'aide alors que les balles fusaient avec une telle vélocité que certains se voyaient arracher la moitié du visage avant de s'écrouler au sol sans vie. E6t je voyais ces hommes en noir, en tenue de kevlar, devenant de plus en plus grand jusqu'à être des géants pour simplement marcher sur la colonie et l'écraser lentement mais sûrement avec leur ranger jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien, jusqu'à ce que tout disparaisse pour ne plus devenir qu'un lointain souvenir. Puis je voyais chacune des personnes que j'aimais, qui m'importaient, que je connaissais simplement même apparaître devant moi, pour s'effacer lentement comme ci leur existence avait été gommée, jusqu'à me retrouver irrémédiablement seul dans le noir, simplement illuminé par la lumière de ma torche avec laquelle je m'étais lâchement caché pendant que les autres mourraient, celle ci perdant peu à peu de sa vigueur et me plongeant dans une obscurité qui ne m’apaisait pas, des bruits de bottes approchant mais aussi cette voix … celle qui appelait mon nom et se faisait plus forte.

Je me réveillais alors en sursaut, poussant ce sorte de râle comme ci on reprenait sa respiration après une très longue apnée et repoussant tout ce qui se trouvait autours de moi dans cet intense mouvement de panique. Ainsi Hope, avant que je ne le reconnaisse, fut repoussé comme un malpropre avant que je ne tombe du banc pour finalement me cogner la tête sous la table en voulant me relever, me remettant au moins les idées en place. Je me frottais la tête comme un enfant après s'être cogné, regardant Hope avec un regard encore endormit, ne me rendant pas vraiment compte de ce que je venais de lui faire vivre. Tout ce que je voyais, c'est que maintenant j'étais réveillé mais qu'en plus j'avais mal et que bientôt j'allais sans doute avoir une bosse sur la tête, ce qui ne me plaisait pas vraiment.

« Pourquoi tu m'as réveillé … ? J'avais enfin réussit à m'endormir … t'imagine même pas à quel point je lutte pour réussir à fermer les yeux et me reposer quelques heures, là au moins j'étais bon pour toute la nuit … » C'est à ce moment seulement que je regardais autours de moi, assis sous cette grande table et comprenant que je me trouvais encore à l'extérieur, ceci en pleine nuit et surtout bien visible « Ah ouai … je suis dehors … les harpies … Au moins cela aurait pu régler définitivement mon problème tu me diras … »

Et puis surtout je le savais ! On nous menaçait de nous faire dévorer par les harpies après le couvre feu mais c'était comme le croque-mitaine, on racontait ça aux enfants pour qu'ils restent sages. Sauf que j'étais là depuis bien trop longtemps pour encore y croire, tout comme j'avais fait bien trop de balade nocturne pour ne pas savoir que ça n'arrivait tout simplement jamais. Au pire on se retrouvait face à Chiron … Non, le pire c'était Monsieur D. et là par contre ça pouvait devenir dangereux en fonction de son humeur qui était presque toujours massacrante. Je sortais donc de ma petite cachette, remontant sur le banc avant de m'asseoir de nouveau sur le banc, baillant et m'étirant comme un enfant avant de coincer mes mains entre mes cuisses comme pour les réchauffer alors que ça m'amusait juste de les bloquer avant de regarder Hope d'un air totalement innocent et en même temps crevé.

« Dis … tu as pas un petit truc à manger ? J'ai un petit creux … et pourquoi tu fais cette tête ? »

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