| Sujet: who are you ? (azazel, abandonné) Lun 31 Aoû - 19:30 | |
| L’air frais lui emplissait les poumons, le faisant frissonner de plaisir. Il ne fallait pas grand-chose pour le contenter, bien qu’il n’en donne souvent pas l’impression. Peut-être que le fait d’être loin de la Nouvelle-Rome, de la légion et ses règles strictes aidait. Peut-être que le fait d’être totalement libre dans sa période de permission lui permettait de se sentir plus heureux. Plus heureux, car il ne l’était pas totalement. On n’était pas heureux quand on portait tout le temps un masque pour cacher à la terre entière ce qu’on était vraiment et ce qu’on avait été. Pas plus qu’on ne l’était quand on devait finir un service militaire strict de dix ans quand on ne se sentait ni l’âme d’un guerrier, ni celui d’un romain. Il avait hâte de partir, de finir les deux années qui lui restaient à faire pour faire ses bagages. Il ne resterait pas à la Nouvelle-Rome, il finirait par tomber dans une routine qui amènerait un ennui certain. Or, il fuyait ce dernier comme la peste. L’ennui c’était la folie. La folie c’était sa mère et son père, deux êtres qui le fascinaient autant qu’il les méprisait. Bref, ce n’était pas bon pour lui. Certaines personnes s’en accommodaient, lui en avait peur, au plus profond de lui. Même Lupa n’aurait pas réussi à faire partir cette phobie qui était ancrée en lui depuis bien trop longtemps pour la dissocier de sa personnalité. Alors il irait ici, à l’autre bout du pays, loin de San Francisco, à New-York. Il y avait des repères, des valeurs sûres. Ses tatouages venaient d’ici, étaient nés dans les ateliers disséminés dans la vie. Il se sentait bien mieux ici que nulle part ailleurs. Ici pourtant, c’était chez les grecs. Il se demandait souvent s’il n’y avait pas erreur sur la personne, ou plutôt le parent divin. Aucun doute, il était bien un fils du Vent, mais il se demandait s’il n’était pas plutôt né d’Eole que d’Aeolus. Il n’avait rien d’un romain, absolument rien. Voilà sans doute pourquoi il venait là quand il avait ses permissions, quitte à avoir de longs jours de routes fatigants devant lui. Pour être mieux, à défaut d’être bien. Il avait la triste impression de pouvoir enlever son masque de faux semblants à la Colonie quand il ne pouvait pas le faire au Camp. C’était faux, idiot, puéril évidemment. C’était juste une partie de lui qui voulait rendre les armes, ne pas lutter contre lui-même, choisir la voie de la facilité. Mais il savait qu’il ne serait pas plus heureux en étant lui-même. Parce que quand cela avait été le cas, il n’avait eu en récompense que l’ennui, les regards malveillants, les mots blessants. Le centre de redressement pour jeunes difficiles, la rue, l’école et ses notes catastrophiques. La Colonie était comme le reste du monde, hostile, il en avait fait les frais, ne ferait pas deux fois la même erreur. Colonie ou pas, il resterait ce qu’il donnait à voir à tout le monde. Il s’approchait chaque jour un peu plus du moment où il devrait repartir en sens inverse pour refaire le chemin jusqu’à San Francisco. Il avait décidé qu’il était plus que temps d’aller faire un tour du côté des grecs. Il ne savait pas encore s’il aurait le courage de rentrer dans le camp. Il verrait bien … Il était là pour refaire le plein de « bonnes ondes » avant de se prendre en pleine figure toutes celles négatives qu’il percevait au Camp Jupiter. Si les gens le connaissaient vraiment, ils le traiteraient de pessimiste, de fataliste et c’était le cas. Le fait que personne ne se soit jamais donné la peine, n’ait jamais réussi à le percer le rendait aussi triste que satisfait. Triste parce que cela voulait dire que personne en ce monde ne le connaissait vraiment, n'était son ami, que s’il mourrait aujourd’hui, on brûlerait le corps d’un inconnu. Évidemment, il y avait de très rares exceptions qui ne faisaient que confirmer la règle. Satisfait parce qu’ainsi les gens ne le cherchaient, ne le faisaient pas chier, ne le rejetaient pas, tout simplement. Il était accepté, point. Son hypocrisie lui faisait ressentir un puissant sentiment de culpabilité parfois, de honte à d’autres moments ou encore d’indifférence. Mais il n’était pas là pour penser à ça ... Il se trouvait dans la vieille voiture qu’il avait loué pour venir du Camp et les roues avalaient les kilomètres plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Il était encore incertain sur le comportement à adopter. Il n’était même pas encore sûr de vouloir poser les pieds dans la Colonie. Rester dans les parages lui suffirait. Lui suffirait oui, parce que jamais ça ne l’apaiserait comme le faisait la vision des bungalows. Ho et puis aller ! De toute manière il n’avait rien à perdre et ça lui ferait du bien. Il entra donc dans la Colonie sans soucis apparents, l'excitation bien présente en lui. Dieux que c'était loin du style monumental de la Nouvelle-Rome ! C'était bien, plus naturel. Mieux. Le sourire qu'il adressa à une bande de jeunes lui tira un sourire intérieur sarcastique. Il n'avait pas pu s'en empêcher, ça avait été plus fort que lui, il n'avait même pas eu le temps de réfléchir que déjà ses réflexes de « survie » remontaient. Son masque, il n'allait pas tomber aujourd'hui … Il se serait giflé de rage et de frustration. Avant que son regard ne tombe sur une personne qu'il avait déjà vue pour être déjà venu ici, mais qui n'arrivait à lui tirer qu'un malaise certain et presque de la peur. La peur qu'il devine ce qu'il était, comment il marchait. En fait, peut-être que c'était mieux ainsi, qu'il n'ait rien laissé paraitre dès le début. Azazel n'aurait pas de chance de le cerner. L'ignorer semblait encore être la meilleure solution. La colère fit donc place au soulagement en l'espace de quelques secondes, comme il était habituel de le voir cher lui. Il se rendit compte trop tard qu'il continuait à le fixer (on reviendrait pour la discrétion) et qu'Azazel s'en était aperçu. Plus possible de l'éviter maintenant
HRPG : C'est pas super désolé
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