Le Camp Jupiter … j'observais, depuis le lointain, l'entrée de ce lieu qui me narguait depuis maintenant si longtemps … Pas plus qu'un tunnel, si évident à mes yeux et, contrairement à la colonie, il n'y avait nulle barrière magique pour me barrer la route, non, rien de plus que des sentinelles, parfois même pas en âge de porter des armes mais que leurs traditions leur poussait à faire et à patrouiller quand ils n'avaient pas la force de se défendre. Dans ces moments là ils feraient des proies si faciles, je pourrais pénétrer dans leur nid avec tellement d'aisance … et même si je choisissais la subtilité je n'aurais eut qu'à les embobiner quelque peu pour m'accorder un droit de passage. Seulement ce n'était pas si simple … la porte était grande ouverte mais le lieu terriblement défendu. Non seulement il y avait ce fleuve, il n'était pas dit que je puisse passer sans qu'une magie quelconque me révèle. Mais surtout il y avait Terminus, foutue divinité protectrice … d'un seule regard elle pourrait capter la vérité, une que je faisais tout pour cacher et il n'aurait alors aucun mal à se débarrasser de moi. En clair, si je décidais, dans l'immédiat, d'entrer dans le camp ce serait le suicide assuré … je ne pouvais donc qu'observer, de loin, frustré mais pour autant pas sans plan.

Je rentrais chez moi, enfourchant ma moto, le soleil étant encore haut. Il ne servait à rien d'attendre ici trop longtemps, de prendre le risque de me faire repérer avant l'heure. Car oui, j'étais déterminé à passer, à pénétrer le nid des romains un jour pour créer le plus grand affront qu'on puisse leur faire, les chasser à l'endroit où ils étaient le plus en sécurité. Et donc, comme dit un peu avant, j'avais quelques pistes qui se formaient, notamment une sous la forme d'un individu, Lou, jeune demi dieu et pauvre petit chien égaré que j'avais eut la chance d'intercepter avant qu'il ne rejoigne le camp Jupiter, me montrant sous un visage des plus amicale et faisant de lui une agréable petite marionnette, une si docile que je n'avais pas à tirer le moindre pour qu'elle se mette à parler de tout, absolument tout ce dont il pouvait avoir connaissance et sans même se poser de questions sur l'étrangeté de mes demandes. Oh naïveté à l'état pur … l'on disait souvent qu'ils faisaient les gens les plus beau et j'étais on ne peut plus d'accord avec cela, mais non pas par question de pureté, mais d'utilité. En échange de quelques mots agréables, de sourires et de compassion il m'offrait absolument tout ce que je désirais savoir et au final, qui avait-il de mal à cela ? Chacun de nous finissait heureux. Lui avec un ami d'apparence sincère et moi avec ça … bien sûr sa fin serait sans doute tragique mais bon … quoi que, je me voyais bien le laisser en vie, en récompense … debout entre les cadavres de ceux que j'aurais réussit à faire tomber grâce à son aide.

Mais pour le moment je devais me préparer à son arrivée prochaine. Retournant à mon appartement de San Francisco, lieu qui n'était en réalité qu'un second point de chute, vivant réellement à New York mais ne pouvant pas ne pas avoir de pied à terre dans cette ville dont l'importance était trop grande, je commençais à préparer la soirée à venir. L'appartement n'était pas trop mal. Certes il n'était pas très grand, tout juste composé d'une chambre en mezzanine et donc ouverte sur la pièce du bas, une salle de bain et d'un salon qui faisait à la fois cuisine, mais le tout dans un style assez moderne donnant tout de même une grande impression d'espace et de confort. Cela dit le plus beau restait cette grande baie vitrée sur toute la longueur d'un des mur et permettant d'observer le ciel à la nuit tombée. Quel intérêt ? Disons que cela était un petit plus pour pousser Lou à se sentir bien, lui qui aimait bien les astres. Mais ça ne servirait pas avant plusieurs heures, le soleil déclinant encore lentement. Pour l'instant je ne faisais que préparer la cuisine, étant plutôt bon dans ce domaine et aimant les choses assez raffinée. Programme du soir ? Sans doute un petit repas avant de se perdre sur le canapé devant un film. Cela pourrait le détendre et alors, discrètement, je le pousserais à parler tout du long, vois si je ne peux pas gratter encore quelques petites choses. L'interphone se mit à sonner, me faisant lâcher rapidement mes préparation pour répondre et lui ouvrir la porte. Quelques seconde pour me mettre en condition, abandonnant ce regard noir et sinistre pour prendre cet air plus rassurant, avec un léger sourire dont le naturel pourrait vraiment convaincre de la sincérité de ma bonté. J'entendis des pas approcher, avant de dire à voix haute.

« Vas y entre ! C'est ouvert ! Désolé, j'ai pris un peu de retard dans mes préparations. J'espère que tu aimes le porc au caramel. Et ça va, pas trop d'emmerdes sur le chemin ? »

Le bus s'arrêta et Lou en sortit, non sans saluer le conducteur. Il ne s'attendait pas vraiment à une réponse, de toute manière, il était déjà passé à autre chose. Maintenant qu'il se trouvait dans les rues de San Francisco, il lui fallait retrouver ses repères afin de prendre la bonne route. Il mit plusieurs secondes à déchiffrer le nom de la rue à cause de sa dyslexie. Le nom lui disant quelque chose, il se mis en route, espérant pouvoir faire confiance à son sens de l'orientation quasi-inexistant.
Ce soir, il retournait chez Vaska. Il n'était allé là-bas qu'une ou deux fois, mais il appréciait son petit appartement. Sa hauteur le rapprochait du ciel étoilé qu'il aimait tant. Lou sourit à cette idée. Il était heureux de revoir son ami. Certes, cela faisait moins de deux semaines qu'ils ne s'étaient pas vus, mais il était toujours content de passer un peu de temps avec lui. Malgré leur différence d'âge, ils s'entendaient plutôt bien. Il devait même avouer qu'il se sentait en sécurité auprès d'un demi-dieu plus âgé. Plus qu'au milieu d'adolescents aussi débutants que lui et qu'il connaissait à peine. Au moins, avec Vaska, il était sûr de survivre à une attaque de monstre. Néanmoins, lorsqu'il quittait le Camp seul, il trimballait toujours un poignard en or impérial sur lui. Il ne savait pas parfaitement s'en servir, mais cela pourrait se révéler un minimum utile en cas de mauvaise rencontre.
Le soleil n'entamait pas encore sa descente quand Lou sonna à l'interphone, mais il se doutait bien qu'il était en retard. En arrivant sur le palier, il entendit la voix de Vaska lui crier d'entrer. Les joues rouges à cause du froid et d'avoir monté les escaliers, il souffla un coup avant de pousser la porte. La chaleur l'enveloppa aussitôt, ce qui lui permit de se réchauffer, tandis que Vaska continuait de parler. Lou se débarrassa de ses affaires et avança dans le salon. Il sourit en voyant son ami s'affairer, et s'empressa de le rassurer.
« T'inquiète, c'est à moi de m'excuser. Je me suis encore perdu en chemin, je ne savais plus où j'étais. Je réfléchissais et j'ai dû tourner à la mauvaise rue. Du coup, j'ai demandé mon chemin à quelqu'un. Heureusement que je me souvenais de ton adresse ! Sinon... »
Il s'arrêta un instant pour réfléchir à ce qu'il aurait fait s'il s'était réellement perdu et en profita pour s’asseoir sur le canapé.
« Je crois que je serais retourné au Camp. Sans adresse, sans portable pour te joindre, je n'aurais pas eu d'autre choix. »
Il haussa les épaules et sourit, l'air gêné, parce qu'il venait de se rendre compte qu'il parlait trop, comme toujours. Le temps de répondre, il avait oublié ce que Vaska avait annoncé comme plat. Curieux mais n'osant pas poser la question, il se leva et se rapprocha de la cuisine. A peine arrivé, voilà qu'il sautait déjà partout. Parfois, il se demandait comment Vaska faisait pour ne pas paraître hyperactif. Peut-être qu'il a appris à se contrôler avec le temps, pensait Lou. Il fini donc à côté de son ami, observant l'artiste en action tout en veillant à ne pas le gêner. Encore une chose pour laquelle l'admirait. Lou n'avait jamais vraiment cuisiné, cependant il préférait ne pas essayer. Maladroit comme il était, il parviendrait certainement à se couper le doigt ou à provoquer un incendie. D'ailleurs absorbé par les gestes de Vaska et ses propres réflexions, il ne vit pas la poêle sur le feu, dont il rapprocha sa main par inadvertance. La chaleur le surprit et il émit un petit cri avant de courir ouvrir le robinet. Il respirait profondément afin de se calmer, laissant l'eau soulager la douleur.
« Ça va, tout va bien... C'est exactement ce que je voulais faire, ironisa-t-il de façon si fausse que personne n'aurait pu s'y tromper. Maintenant je suis sûr de ne pas être résistant au feu. »
Il soupira, déçu par lui-même. Il aurait aimé éviter les catastrophes pour une fois.

Quel charmant petit apéritif faisait-il tout de même ! Alors qu'il passait la porte je l'observait, cet air naïf et innocent, sa silhouette mince et fragile, sa douceur et sa gaieté … Il était à la fois un réel divertissement pour mon esprit détraqué qui manipulait chacune de ses pensées avec une facilité certaine mais aussi pour mon regard … je n'aurais vraiment pas été contre goûter ce petit corps squelettique, en découvrir les courbes et tester ses limites … mais il n'était pas une proie de ce genre … peut être ! Allez savoir où la manipulation irait mais il avait un plus grand intérêt pour moi intellectuellement que sexuellement, j'avais bien d'autre moyens de m'amuser de cette manière plutôt que de risquer une telle source d'information en me jetant sur cette mini chose qui pouvait facilement devenir apeurée si je me montrait trop sauvage. Non, là je devais jouer la carte de la légèreté et de la confiance, souriant d'un air chaleureux alors que je continuais ma concoction, le laissant se mettre à l'aise. À mes côtés il devait se sentir comme dans l'endroit le plus sûr au monde, le plus rassurant. En clair je devais lui offrir … un foyer ? C'était un peu restreint comme définition mais cela résumait bien la chose.

« Roh ne dis pas de conneries ! T'as vraiment pas à t'excuser vu qu'il y a aucune raison pour que tu le fasse. Et attention ! Si je t'entends dire que tu t'excuses de t'excuser je te rase la tête ! » Je riais de bon cœur, ajoutant alors « En tout cas je sais pas comment tu fais mon pauvre ! Avec ton sens de l'orientation, tu pourrais te perdre sur un espace vide. C'est con quand même que les portables nous posent autant de problème … si cela n'attirait pas tant de monstre ça nous serait bien utiles ces petites merdes avec l'option GPS. Mais bon, je suis content que tu ais pu retrouver le chemin jusqu'ici, cela dit la prochaine fois je viens te chercher ! Pas envie que tu prennes trop de risque puis on pourra parler en marchant. »

Je lui adressais un sourire radieux, retournant alors sur ma casseroles pour vérifier la cuisson tandis que la sauce bouillonnait, diffusant dans la pièce cette agréable odeur sucrée. Hors toute manipulation … j'avais vraiment ce désir de lui offrir un bon repas, je n'aimais pas faire les choses de manière bâclée, rapide, jamais ! Et je souriais en coin en le sentant approcher, petite créature curieuse par ce qui se passait au niveau des fourneaux mais en même temps incapable de rester discret, bougeant dans tous les sens, ne tenant pas en place. Cela me faisait penser, il fallait que moi même je fasse attention à ce détail. Les demi dieux était généralement hyperactifs, mais cela entrait en conflit avec mon besoin de ne faire un geste que si celui ci était réfléchit … il faudrait que les prochaines fois j'arrive à faire violence … mais pour le coup toute excuse serait bonne à prendre et il valait mieux que je reste fidèle à ce que je lui avais toujours présenté, c'est à dire une attitude posée. Mais alors que je le laissais profiter de cette petite vision, prêt à lui proposer d'essayer de prendre en charge les fourneaux pour l'occuper, ce qui n'aurait pas été sorcier vu qu'il n'y aurait eut qu'à remuer un peu, Lou poussa un cri de douleur avant de foncer vers le robinet, venant de se brûler. Immédiatement je coupais le feu et pressais le pas derrière lui, l'entourant de mes bras et attrapant sa main, observant la brûlure.

« Un jour tu vas me faire avoir une crise cardiaque, tu sais ? T'es sûr que ça va, que ça ne fait pas trop mal ? Cela me paraît superficielle mais bon … on gère pas tous la douleur de la même manière. Je vais te passer un peu de pommade, cela te fera du bien. »

Je lui fis signe de prendre place sur le canapé, tandis que j'allais dans la salle de bain, récupérant de l'armoire à pharmacie une petite pommade contre les brûlures et de quoi lui faire un bandage, pas tant que c'était nécessaire mais plus pour qu'il ne soit pas gêné par le fait de mettre du produit partout après coup. Je le rejoignais donc, m'agenouillant devant lui et reprenant sa main, ouvrant le tube et étalant un peu de crème sur la plaie, y allant doucement « Désolé si je te fais mal, ça devrait t'apaiser une fois que j'aurais fini de masser. » Je continuais un peu à faire glisser mon pouce sur sa blessure, passant alors un petit bandage autours de sa main que je nouais avant d'y déposer un baiser et de lui sourire. « Voila ! C'est terminé ! Je sais qu'on connaît pire, rien qu'aux entraînement mais … disons que je préfère largement prendre soin de toi pour une petite brûlure plutôt que de paniquer à devoir soigner un coup d'épée donc j'en profite un peu. » Je tenais toujours sa main, caressant sa peau que le bandage ne couvrait pas avant de relever la tête vers lui « Tu ne sais toujours pas qui est ton parent divin du coup … aucun signe depuis ou de pistes, rien ? »

Lou sursauta en sentant la présence de Vaska dans son dos. Il se laissa faire et coupa l'eau juste après que Vaska ait saisi sa main. Néanmoins, il ne voulait pas que son ami s'embête pour rien et tenta de protester. « Ça devrait aller, c'est rien du t- aïe ! » Il avait eu le mauvais réflexe d'appuyer sur la blessure, histoire de voir ça faisait vraiment mal. Et c'était le cas. « Va pour la pommade dans ce cas. Merci. » Il alla s'asseoir sur le canapé et Vaska revint presque aussitôt. Sensible comme il était, il geignit encore un peu lorsque les doigts de Vaska entrèrent en contact avec sa peau. Puis il ferma les yeux, écoutant vaguement les mots de son ami. Une brève pensée traversa son esprit. C'est agréable d'avoir quelqu'un sur qui compter. Quelqu'un...
La question de Vaska et ses yeux qui le fixaient le rappelèrent à l'ordre. Il retira vivement sa main et secoua la tête, comme pour tenter de chasser ses pensées. « Toujours pas de symbole tournoyant au dessus de ma tête, ou toute autre manifestation dans le genre. Tu te souviens qu'il me reste deux possibilités, Apollon et Mars, mais... Honnêtement, je ne suis pas sûr d'être digne de l'un des deux. Je ne ressemble ni à l'un ni à l'autre. Si ça se trouve – il baissa la voix, persuadé du ridicule de son hypothèse –, mon parent divin n'est pas un homme mais une femme. » Il ne put s'empêcher de sourire à son idée insensée. Il s'attendait au rire de Vaska, mais poursuivit quand même son explication. « Après tout, certains dieux se sont déjà transformés en femmes pour séduire une autre femme. C'est beaucoup moins probable, mais peut-être qu'une déesse aurait pu se faire passer pour un homme afin de séduire ma... » Le dernier mot mourut dans sa gorge. Mère. Le sujet était encore trop récent, trop sensible. Il ne voulait pas en parler. Le simple fait d'y penser lui donnait parfois envie de se transformer afin de tout oublier pour de bon. Mais il tenait le coup, parce qu'il le fallait. Aussi, Lou ravala ses larmes naissantes et changea de sujet. « Peu importe. Il y a cette fille après qui je cours... » Il s'interrompit de nouveau brusquement et rougit, se rendant compte de la façon dont pouvait être interprétés ses mots. « Enfin non ! C'est pas ce que tu crois. Je suis pas intéressé. Par elle, je veux dire. Enfin, pas de cette manière... » Il s'arrêta une seconde afin de reprendre le fil de ses pensées, qui dansaient trop vite pour lui de toute évidence. Il regagna sa couleur normale ainsi que son semblant de sérieux. « C'est une fille de Mars. Alors dès que je la vois, j'en profite pour lui poser quelques questions à propos de son père. Des fois que je serais son demi-frère... » ajouta-t-il en haussant les épaules.

Tout de même … il m'arrivait de me demander parfois si ce demi dieu n'allait pas finir par se tuer bien avant que je n'ai le temps de le faire. En effet sa maladresse était devenu presque légendaire maintenant et ce nouveau coup d'éclat venait simplement de le prouver. Mais cela m'arrangeait, non seulement car cela prouvait que, même si il restait un danger comme tous les siens, il serait sans doute pas aussi problématique que d'ancienne cibles qui étaient au top du top des combattants, mais aussi car c'était une de mes meilleures occasion pour me rapprocher de lui. Pourquoi ? Tout simplement car toute personne normal, en ce genre de situation, serait attendrit par ce trait de sa personne et de ce fait je jouait avec cela, parfait chevalier venant à son secours immédiatement et lui demandant de ne rien faire si ce n'est attendre bien sagement sur le canapé alors que j'amenais de quoi le soigner, de quoi panser ses plaies et m'imposer comme une figure rassurante voir pourquoi pas plus dans son esprit ? Pourtant il retira sa main et sembla perturbé face à mes gestes. Du dégoût ? Je ne pensais pas, loin de là même, simplement un être sans doute trop timide et je savais que chaque jour passé avec lui me permettait de renforcer ce lien par lequel je le tenais, je ne m'en inquiétais donc pas, me contentant de sourire d'un air attendrit avant d'écouter ses paroles.

« Je ne suis pas d'accord avec toi. Tu n'as peut être pas le look d'un enfant de Mars, c'est sûr ! Mais tu pourrais pour Apollon, t'es bien assez mignon pour ça. » Un sourire amusé se dessina alors sur mes lèvres en entendant son autre théorie « Hahaha, c'est vrai que c'est possible ! Va savoir avec les dieux, ils surpassent un peu les règles de notre compréhension. Mais dans ce cas ce serait quand même sympa de te donner un peu plus d'indices plutôt que de te laisser dans le flou de la sorte. En tout cas si tu veux j'essayerais de mener l'enquête aussi de mon côté. »

En réalité, ce que je retenais surtout sur ce petit morceau de conversation n'était pas sa théorie qui pouvait paraître insensé, surtout en sachant que c'était entièrement possible, non ! Ce que j'avais surtout remarqué c'était son blocage en fin de phrase, ce mot qu'il n'avait pas voulu prononcer : Mère. Ce sujet était donc encore très sensible, le notant intérieurement pour possiblement exploiter ce point qui pouvait être on ne peut plus intéressant. Mais pas maintenant, ce n'était pas le moment, surtout qu'il enchaînait sur un autre sujet. Tout de même c'était dommage pour son parent divin … sachant que Lou n'était pas une cible comme les autres dont le seul but était de jouer avec lui avant de m'en débarrasser mais bien d'obtenir des informations sur un temps qui pouvait être plus ou moins long, j'aurais aimé pouvoir savoir ce à quoi je me frottais, ce que je risquais et la totalité des pouvoirs qu'il pourrait développer au fur et à mesure en fonction de son ascendance divine. Mais tant pis, pour le moment je devais faire sans, espérant que son parent divin ne pense plus du tout à lui pour ne pas le prévenir du danger que je pouvais représenter, même si cela n'était jamais arrivé mais au moins lui donner les armes pour se défendre. J'allais donc réellement mener mon enquête de on côté, il y aurait bien moyen de glaner quelques informations, que ce soit chez des clairvoyants ou alors ces types qui avaient professionnalisé ce que je faisais pour le sport, ils avaient peut être des moyens dont je ne disposais pas. En l'écoutant palabrer sur cette fille qui l'intéressait, mettant un point d'honneur à préciser qu'il ne s'agissait pas là d'intérêt sentimentale mais juste personnel, je souriais avec douceur, venant lui caresser sa joue alors qu'il semblait encore tout bouleversé par le sujet précédent.

« Dis moi Lou, pourquoi toutes ces justifications ? Tu as peur que je me fasse de fausses idées et que je sois jaloux ? » Disais-je en le taquinant tout en me relevant pour m'asseoir à ses côté plutôt que de rester accroupit en face de lui. C'était là une nouvelle perche, pour m'infiltrer un peu plus dans sa tête et peut être occuper cette place plus importante qui me permettrait de rendre le jeu plus intéressant mais aussi m'assurer sa loyauté et sa volonté de m'aider à obtenir ce que je voulais, même si ça pouvait le mettre en danger. « Je me demande si cette fille te fait rougir autant que quand tu cafouilles devant moi, hahaha ! » J'arrêtais alors un peu de le taquiner pour me reconcentrer sur où il voulait en venir avec cette histoire « Et du coup cela te mène quelque part ou alors ça rajoute encore plus de floue ? Elle t'a pas permit de découvrir de nouveaux dons que tu pourrais posséder ou autre ? Ou alors que la plupart de ses frères et sœur elle a finit par te frapper car tu l'agaçais ? Hahaha ! J'en ai connu des enfants de Mars, ils ne sont pas toujours des plus coopératif même pour aider un possible membre de sa propre famille. À moins d'avoir prouver sa valeur et là ce sont les meilleurs alliés au monde. »

Lou retira de sa joue la main de Vaska, qu'il garda entre les siennes. Il lui fit comprendre d'un sourire qu'il n'avait pas besoin de plus de réconfort. Malgré sa difficulté à évoquer les événements passés, il les considérait bel et bien comme ce qu'ils étaient : révolus et irréversibles. Une larme de plus n'y ferait rien, alors autant garder le silence.
La joie balaya toutes ces pensées lorsque Vaska insinua sa jalousie. Lou rit franchement. « Jaloux de quoi, d'abord ? demanda-t-il innocemment. On n'est pas en couple à ce que je sache. » Peut-être y avait-il songé, une fois. Mais il était jeune et plus qu'émotif. Ses sentiments prenaient toujours une trop grande place, jusqu'à ce qu'il se rende compte de la réalité de la situation. Avant, sa mère le comparait avec amusement à la fée clochette. Un trop petit corps pour tant d'émotions. Aujourd'hui, il faisait plutôt le rapprochement entre lui et Hulk - le vert restant la couleur qu'il détestait le plus.
Il se retint de rougir quand Vaska évoqua à nouveau la fille. À la place, il le bouscula gentiment, mi-choqué, mi-amusé. « Vaska, elle pourrait être ma sœur ! C'est justement ce que j'essaie de découvrir, mais elle refuse toujours de répondre. C'est probablement la moins désagréable des enfants de Mars, n'empêche qu'elle est pas bavarde. »
Lou réfléchi aux questions de son ami, puis reprit. « Tu imagines bien que, du coup, mes recherches n'avancent pas vraiment. Les enfants d'Apollon sont déjà plus sympathiques, mais je ne suis pas sûr que mon pouvoir corresponde réellement. Moins qu'avec Mars en tout cas. » Avec son pouvoir totalement incontrôlable, qui ne se déclenchait que sous l'émotion, notamment la colère ou la peur, Lou se rapprochait beaucoup plus du dieu de la guerre que celui de l'art. « Mais on ne sait jamais. On fait partie d'un monde tellement tordu. » Lou aurait pu souffler mais il s'y refusa. Vaska était parvenu à lui remonter le moral, c'était tout ce qui comptait. Maintenant qu'il était à nouveau de bonne humeur, il était temps de commencer réellement leur soirée.
Il se leva soudainement, tendant une main vers Vaska pour l'enjoindre à le suivre. « On passe à table, peut-être ? » Si les rôles avaient été inversés dans ce petit incident, Lou aurait probablement oublié d'éteindre le feu et une odeur de brûlé se ferait déjà sentir. Or ce n'était pas le cas, et tout ce qu'il sentait était le parfum caramel de la viande. « J'ai une faim... de loup » acheva-t-il en souriant exagérément de manière à montrer ses canines, ce qui le fit rire plus qu'autre chose.

Devais-je ressentir de la pitié pour cette pauvre âme ? Sans doute … était-ce le cas ? Pas vraiment. Il n'était pour le moment encore qu'un moyen pour arriver à mes fins, un outil dont je me servais sans plus d'attention en lui murmurant mille paroles mielleuses à l'oreille et en faisant en sorte de le faire tomber sous mon charme. Après tout je l'avais déjà fait par le passé et je recommencerais très certainement. Que d'ironie tout de même, moi le petit mortel je me comportais de manière bien plus monstrueuse que la plupart des monstres qu'ils affrontaient régulièrement, un véritable démon qui s'emparait de votre cœur avant de vous l'arracher pour ensuite le dévorer avec un appétit carnassier. Si il savait … Que serait sa réaction si il l'apprenait ? Sans doute étais-je véritablement tordu, car cette simple pensée me procurait un plaisir malsain, me donnant presque envie de tenter le diable afin de voir si il allait se battre ou s'effondrer en larme, me laissant faire ce que je voudrais de son petit être brisé. Je n'étais pas gentil, je n'étais pas bon et je n'étais pas pardonnable, ayant fait fuir même ceux à qui je n'aurais jamais fait de mal, ayant même pas entendu l'histoire complète et ayant prit leurs jambes à leur cou .. alors espérer qu'on me comprenne était un joli conte de fée que j'étais devenu trop grand pour prendre au sérieux.

Cependant appréciais-je Lou ? Meurtrier ou non, la réponse était oui. N'avais-je pas le droit d'aimer mes victimes ? Tout l'intérêt de ce jeu de manipulation était justement de pouvoir me rapprocher d'eux et de profiter un peu de ce faux semblant, avant de laisser mes instincts reprendre le dessus. Cet adorable petit garçon était d'une douceur incomparable, ayant beaucoup de charme dans sa naïveté et sa maladresse. J'étais peut être quelqu'un de très dominant et hautain quand je ne portais pas de masque, mais cela ne voulait pas dire que je ne pouvais pas apprécier ces qualités, des qualités que j'avais déjà aimer chez sa voisin et son petit frère avant que tout ne déraille. Donc cette comédie n'était pas si difficile à jouer, c'était un beau mensonge et qui faisait du bien aux deux partis, non ? Alors pourquoi s'en plaindre ? Surtout que ce petit s'en sortirait mieux que les autres, il n'était pas encore une proie, juste un moyen d'en avoir plus et c'est ce qui faisait que sa vie ne serait pas en danger avant longtemps. En attendant je souriais à son rire éclatant, répondant à ses phrases innocentes mais qui traduisait chacune de ses pensées, qu'il en ait conscience ou non. « Non c'est vrai ! Mais … » Je reprenais encore une fois sa main, la lui embrassant avec un regard qui pouvait tout et ne rien dire, histoire de laisser travailler son imagination et surtout ne finissant pas ma phrase. Une autre graine venait d'être plantée dans son esprit, une qui me permettrait, je l'espérais, de le toucher plus profondément et de renforcer ce lien que j'avais tissé. Et de nouveau ses joues s'empourprèrent alors que je continuais mon jeu de séduction, me faisant rire à mon tour. « Tu sais ce lien de sang a pas du tous les arrêter ! Mais tant mieux, comme ça tu reste tout à moi. » avais-je dit d'un ton jour et accompagné d'un clin d'oeil « Et ouai, les enfant de Mars comme d'Arès sont plutôt butés à ce niveau là. Autant parler à un mur ça revient au même, ils ne connaissent que le langage des points et du mono-neurone. » Je lui souriais à nouveau, plongeant mon regard droit dans ses yeux « Toi tu serais l'exception si tu es un de ses enfants, une belle exception douce et cultivée. Juste que tu finiras par te tuer à coup de maladresse. » terminais-je en riant. « Et t'en fais pas, tu finiras bien par savoir, ton père finira bien par se faire entendre dans le pire des cas. » je ne pus m'empêcher d'avoir un sourire carnassier à sa référence à ce monde tordu, me disant une nouvelle fois que si il savait …

Mais l'heure du repas ne faisait qu'avancer petit à petit et maintenant que mon invité se sentait mieux, son appétit se réveillait de nouveau. Attrapant sa main je me redressais avant de rire à sa remarque « Va t'installer petit monstre va, je vais chercher le plat. » Retournant vers les plaques, je vérifiais que le plat était encore assez chaud, qu'il n'avait pas eut le temps de refroidir pendant ce petit interlude, ce qui ne fut heureusement pas le cas. Préparant les bols histoire que ce soit bien présenté que d'amener la casserole sur la table, je vins le rejoindre, déposant son plat devant lui et m'installant juste en face. « Si cela ne va pas, n'hésite pas à me le dire, hein ? Je veux pas que tu te forces si ce n'est pas à ton goût. » Je pris mes baguettes en main avant d'observer de nouveau Lou « Tu sais t'en servir ? » Un détail auquel j'avais pensé, mais il était toujours plus intéressant de faire croire que ce n'était pas le cas, cela donnait une excuse pour se faire pardonner si il ne savait pas le faire. Ce début de soirée m'avait donné envie d'attaquer selon un nouvel angle … mais pour le moment pas besoin de brûler les étapes, il y avait eut assez de brûlure pour le moment.