Ailam était irrité. Cela faisait plusieurs qu'il avait perdu son enjoûement et sa bonne humeur habituelle. Bien sûr, il maintenait une façade, toujours à sourire et à se montrer chaleureux envers les autres. Mais ses yeux trahissaient la vérité. Ses sourires étaient brisés et il ne montrait plus autant d'entrain lors des entraînements. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était sans doute le fait qu'il n'apprécie plus autant de faire des farces aux autres. Il en avait tout simplement perdu l'envie. L'envie de sourire, d'être heureux, de vivre. Il n'était pas le seul dans ce cas-là. La colonie n'avait jamais été aussi morne et silencieuse que depuis la Guerre contre Gaïa. Et bien sûr, il y avait eu la première attaque des mortels. Cette fois, toutefois, Ailam sentait le contre-coup bien plus violemment que les autres fois. Un élément qu'il n'aurait jamais considéré possible était venu chamboulé sa vie entière, et même ses croyances. Et il se demandait comment il avait pu être aussi aveugle depuis tout ce temps. Il s'était fourvoyé sur toute la ligne. Lui, qui avait, sans même le savoir, fait ami-ami avec l'ennemi. Son oncle de coeur, Marvin, avait comploté leurs morts à tous depuis le début. Ces mortels qui se croyaient plus purs et plus important parce qu'ils n'étaient pas des monstres de foires aux pouvoirs étranges. Marvin l'avait-il trompé depuis le début, dans le simple but de mieux frapper par derrière ? Le demi-dieu avait tellement de mal à le croire. Et pourtant... tout concordait. Ailam ne pouvait toutefois oublier l'air de terreur qui avait envahi le visage de son oncle lorsqu'il s'était lancé à la poursuite de l'hydre. Jouait-il la comédie à cet instant-là aussi ? Ailam ne savait plus qui croire ni que croire. Son monde entier s'était écroulé, et sa joie avec lui. Et si Marvin était dans le coup, cela ne pouvait que signifier que son père adoptif l'était, lui aussi. Il avait l'impression de vivre un cauchemar, sans aucune possibilité de se réveiller, au combien même il hurlait et suffoquait. Quel serait la prochaine surprise de ce style ? Sa soeur était en réalité une hydre déguisée, et sa mère travaillait pour le compte des Moires ? Certes, c'était peut-être des idées farfelues, mais on ne pouvait lui en vouloir d'être paranoïaque. Un demi-dieu devait toujours être sur ses gardes et envisager toutes les possibilités. Et après cette soirée-là, il n'était pas prêt de se relâcher.

Il avait besoin de respirer, de penser à autre. Mais surtout, il avait besoin de réponses. Il était conscient que quitter la colonie en des temps pareils n'étaient sûrement pas une très bonne idée. Mais s'il fallait se cacher à chaque fois que quelqu'un menaçait de les tuer, ils n'étaient pas sortis de l'auberge. Entre des Titans voulant reconquérir le monde, des Dieux qui se pointaient dans le but de leur demander des quêtes débiles, et des monstres qui les pourchassaient sans arrêt, il voyait mal comment des mortels allaient parvenir à le faire rester dans son dortoir bien sagement en attendant que la situation s'arrange. Certes, le danger était tout autre désormais, et en aucun lié au monde divin. Mais Ailam n'était pas du genre à rester là, les bras croisés sans rien faire ! Il avait passé la semaine à soigner des blessés et à enterrer des morts. A dire adieu à des camarades, à son demi-frère... il ne se remettait toujours pas de la mort de Declan. Il avait voulu jouer au héros, et son frère en avait payé le prix à sa place, à seulement quatorze ans. Ce n'était qu'un gosse, bordel ! Il ne méritait pas ça ! Personne ne méritait ça. Le sang avait bien trop coulé ce soir là. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait les siens mourir. Et ce ne serait sans doute pas la dernière fois. Mais au moins lorsque le monde risquait de s'effondrer aux mains de Titans fous, il savait pourquoi il se battait. Là, à cause de ces mortels, il ne savait plus du tout quel était la raison de tout ça. Les morts étaient tombés, un à un, sans même une raison valable, si ce n'est la jalousie maladive et la peur obsessionnelle de mortels voulant se montrer plus intelligents que ce qu'ils n'étaient en réalité. Les demi-dieux n'avaient jamais été les monstres dans cette histoire. Ils ont toujours été les victimes. Sacrifier pour des causes qui les dépassaient, une épée de Damoclès sur la tête à peine leur premier souffle inspiré.

C'est ainsi qu'il se retrouva en plein sur la colline, à l'entrée-même de la colonie, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser. Il avait besoin de quitter la colonie, seulement le temps de quelques heures, et de voir autre chose. Voir des buildings, du goudron, des voitures et des gens s'engueuler à plein poumon en sortant du travail. Un quotidien, une routine qu'il n'avait plus l'impression de connaître, auquel il n'avait même plus l'impression d'appartenir. C'était sa vie, pourtant. Bien avant les dieux et tout ce joyeux bordel. Il inspira un bon coup avant de réagir. Il savait ce qu'il devait faire. Il n'avait même pas prévenu Chiron et les autres pensionnaires de son absence. Mauvaise erreur, surtout en ces temps, où le moindre absent était considéré comme kidnappé et en danger de mort. Il s'estimerait heureux si on ne lui envoyait pas une escorte de secours dans les dix prochaines minutes. Mais ce qu'il comptait faire, personne ne pouvait être au courant. Il n'était même pas certain de revenir. C'était un risque qu'il était prêt à prendre. Il avait besoin de réponses. Et Marvin était le seul en qui il avait encore confiance, malgré tout. Malgré les morts, malgré la trahison  à l'arrière goût amer.

Il était devant la porte. Elle était son seul rempart entre l'inconnu et la vérité. Son seul rempart contre ce monstre qu'était devenu son oncle. Son dernier bouclier avant le danger. Inspirant à plusieurs reprises, il finit par taper, et attendit, les minutes s'éternisant telle des siècles.

Dormir. Éteindre son cerveau. Ne plus jamais se réveiller. Voilà ce qu’espérait plus ou moins Marvin en s’écrouler sur son matelas sans même penser à troquer ses habits de travail contre un pyjama. Il n’avait même pas pris le temps de retirer ces chaussures !

Ce détail semblait secondaire parmi tout ceux lui saturant le cerveau. Avec un peu de chance, il arriverait à se persuader que tous les derniers événements n’étaient qu’un cauchemar. Çà ressemblait vraiment à un cauchemar. Sa première mission officielle sur le terrain avait été une catastrophe. Il avait failli finir dévorer par une Hydre. Son sang-mêlé de voisin savait pour lui. Son neveu de cœur était un demi-dieu. Ces collègues avaient été blessés sans qu’il ne puisse rien faire pour les aider. Il n’avait été d’aucune aide. Pour personne. C’était sans doute çà le pire. Il s’était tenu là, tremblant avec une arme ramassée, à attendre un miracle alors que si une telle chose se produisait, ce ne serait certainement pas pour aider leur camp. Puis les agents de terrains étaient arrivés et le cauchemar était fini. Contre toute attente, il avait pu rentrer chez lui. Lui qui était persuadé que cette nuit aurait été la dernière de sa vie.

Hagard ou hébété, c’était les deux mots pour définir l’état de l’informaticien. Le débriefing ? Il n’en gardait aucun souvenir, tellement il avait répondu aux questions dans un état second. Il s’en sortait qu’avec des égratignures. Il était le plus chanceux du tas. Isaure et Mercedes avaient été blessées, ils avaient failli mourir. Comment était-ce possible ? Les armes des demi-dieux n’étaient pas censées touchés les mortels. Et puis il y avait le monstre. Il avait été clairement invoqué par un sang-mêlé. C’était eux qui invoquaient tous les monstres, alors ? Et lui, dans tout çà ? Qu’est-ce qu’on allait penser de lui ? Son voisin était un fils de Mars. Son neveu de cœur était aussi un demi-dieu. C’était quoi cette blague ? Il connaissait les parents d’Ailam. Ce qui laissait deux cas de figure : soit la mère d’Ailam avait trompé l’agent O’Hara, soit l’inverse. Ces deux hypothèses entraient en totale contradiction avec l’admiration sans faille qu’il avait pour l’agent O’Hara ! D’ailleurs… Que devait-il faire ? Marvin n’avait rien dit sur le fait qu’Haytham habitait à côté de chez lui. Devait-il informer le père d’Ailam que son fils était un ennemi ? Devait-il mentir ? Allait-on le prendre pour un traitre ? Devait-il continuer d’aller au travail comme si de rien n’était ?

Son cerveau menaçait d’exploser sous le poids de ces questions. Il avait continué de travailler comme un automate ou un somnambule. Son esprit était concentré sur ces dilemmes moraux et incapables de trouver des réponses satisfaisantes. Il était fidèle au DLCEM. C’était sa seule certitude. Sauf qu’un MAIS vicieux c’était incruster dans cette certitude. MAIS devait-il dire toute la vérité sur Haytham et Ailam ? Pourquoi hésitait-il ? Ils étaient ennemis. Le fils de Mars avait fait semblant de sympathiser avec lui dans l’intention de lui faire baisser sa garde et cracher des informations. C’était évident. Mais pour son neveu de cœur ? Quel plan tordu se cachait derrière cette révélation ? Même avec son incroyable imagination, il semblait à court d’hypothèse. En plus, il n’était même pas certain que son neveu avait survécu. La dernière fois que l’informaticien l’avait vu, Ailam avait attiré l’Hydre au loin. Était-il mort ? Pourquoi était-il aussi inquiet à ce propos ? Çà faisait un ennemi en moins, non ? Marvin avait beau se forcer, il n’arrivait pas à voir son neveu de cœur comme un ennemi.

Les jours suivant cette attaque, Marvin se contentait de respecter les horaires, sans chercher à faire des heures supplémentaires. Ce qui était le signe le plus révélateur qu’il n’allait pas bien. Sa nouvelle mission : ne plus croiser le sang-mêlé qui se trouvait de l’autre côté du mur. Il était devenu encore plus paranoïaque que d’habitude sur ce point. Il regardait sans cesse par le Judas de sa porte et ne sortait que quand il était certain qu’Haytham était déjà parti, piquant le sprint de sa vie dans les escaliers pour être certain de ne pas le croiser, établissant sur une feuille les horaires de l’ennemi se trouvant à un mur de lui.

Sans ces vérifications, il n’arrivait pas à garder suffisamment de tranquillité d’esprit pour oser s’endormir. Son dernier coup d’œil remontait à deux heures. Il avait suivi à travers le Judas la silhouette musclée d’Haytham se diriger vers les escaliers jusqu’à ce que celle-ci sorte de son champ de vision étroit. L’informaticien était tellement fatigué à force de se torturer l’esprit qu’il ne passait pas par la phase de rêve, passant directement en mode ‘blackout complet’ dès qu’il fermait les paupières. Tant mieux.

Soudain, on toqua à sa porte. Marvin se réveilla en sursaut en étouffant un cri, une vision mélangée de monstre et d’italien furibard fracassant sa porte s’imposa à son esprit encore endormi, accélérant en un éclair son rythme cardiaque. L’endormi essaya de passer instantanément de la position coucher à debout à lever et finit par s’étaler à côté de son lit en étant emprisonné dans sa couverture. Comment avait-il réussi ce prodige ? Mystère.

L’informaticien essaya tant bien que mal de s’extraire de la couverture où il s’était emmêlé puis se dirigea avec prudence vers la porte. L’idée qu’il s’agisse d’Haytham lui traversa l’esprit alors que sa main se referma sur la poignée. Marvin lança un coup d’œil rapide à travers le Judas pour voir… Bien pire… Ailam. Enfin, pas vraiment bien pire. Il ouvrit brusquement la porte et tira le demi-dieu par le col pour le faire rentrer rapidement à l’intérieur. Ensuite, il referma brusquement la porte derrière lui en jetant frénétiquement un nouveau coup d’œil au Judas pour s’assurer que le couloir était bien vide. On aurait dit un animal traqué, ce qui n’était pas si éloigné que cela de son état d’esprit.

Cette constatation faite, il se détendit légèrement en poussant un soupir. Marvin tourna vers son neveu de cœur un visage où soulagement et inquiétude se livrait bataille avant de finalement briser le silence.

« Je ne sais pas si les expressions ‘par tout les dieux’ ou ‘merci mon dieu’ sont de circonstance mais… » Il se précipita pour serrer Ailam dans ces bras. « Merci mon dieu, tu n’as pas été dévoré par l’Hydre. Merci. Merci. Merci. » Il finit par le lâcher bien qu'il continuait de tenir fermement les épaules de son neveu. « Non mais qu'est-ce qui t'es passer par la tête ?! Tu es complètement dingue d'avoir fait çà ! Tu aurais pu être dévoré vivant ! et que çà soit moi qui te traite de dingue, çà en dit long sur le degré de dinguitude de ton action !»

Il n'aurait jamais cru que quelques minutes suffisent à le rendre aussi anxieux. Etait-il trop tard pour faire demi-tour ? Devait-il faire demi-tour ? Il n'était même pas certain que son oncle soit ravi de le revoir ou ne tente pas de l'achever sans même demander son reste. Il n'avait même jamais eu autant de questionnements auparavant. En général, devant un monstre, son instinct prenait le relais, et son cerveau n'avait même pas le temps de calculer tout le reste. Hors, avec un mortel, son oncle d'adoption qui plus est, les choses étaient différentes. C'était un facteur inconnu aux yeux du jeune demi-dieu qui ignorait même quoi penser de toute la situation. Et que devait-il dire, au juste ? Et, désolé de ne pas t'avoir prévenu, mais je suis le fils du Dieu de l'Art ! Je te paie un café ? Ouais, on repassera. Il n'aurait jamais cru avoir l'utilité - l'obligation - de tout avouer à un mortel un jour. Son père, c'était hors de question. Révéler être l'issu d'un adultère n'était déjà pas franchement glorieux, mais alors admettre l'existence d'un monde divin en marge du reste ? On l'aurait fait enfermer dans la minute. Enfin, ça c'était avant de découvrir que certains mortels connaissaient leur existence, et souhaitaient les anéantir.

Un frisson le parcourut. Son père faisait parti de ces mortels. Il ne l'avait pas vu lors des deux attaques contre la colonie, il avait du rester à Los Angeles, et s'en prendre au Camp Jupiter, à San Francisco. Comment pouvait-il en être autrement ? Son oncle travaillait pour lui, tout concordait. Son père était un meurtrier, et il tuait les gens comme lui. Les demi-dieux. Raison de plus pour ne pas lui avouer, du moins, si les mortels n'avaient pas été trop bavards à son sujet. Ce qu'il espérait de tout coeur. Histoire de se complaire dans les faux-semblants un peu plus longtemps...

Il n'eut même pas le temps de voir la porte s'ouvrir, qu'il fut tiré par le col à l'intérieur de l'appartement. Son oncle se comportait comme un animal traqué. Et après les récents événements, Ailam ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Avait-il peur qu'on les voit ensemble tous les deux ? Ou avait-il peur qu'Ailam ait ramené toute sa bande de potes demi-dieux pour l'exécuter ? Des bras l'enlacèrent si fort qu'il en eut le souffle coupé pendant quelques instants. Il comprenait enfin à comprendre ce que pouvait bien ressentir son oncle quand il l'enlaçait, avec un peu trop de force. D'abord tétanisé et surpris -il ne s'attendait vraiment pas à ça !- il finit par se relaxer dans les bras de Marvin. " Content de voir que tu ne me souhaites pas mort et enterré comme tous mes congénères. " Il voulait en rire, détendre l'atmosphère, au lieu de quoi sa voix lui semblait rauque, las. En plus de ça, il venait d'avouer sa nature. Non pas qu'il y ait eu encore de la place pour le doute, après cette soirée funeste. " C'était soit ça, soit je vous laisser vous faire dévorer par une hydre enragée ! En plus, j'ai toujours aimé l'adrénaline. " Oui, c'était stupide. Il avait failli mourir, il s'était vu mourir. Au lieu de quoi, un de ses demi-frères était mort, par sa faute. Il s'en voudrait pour le restant de ses jours.

Il se détacha des bras de son oncle, pour finalement le regarder droit dans les yeux. Le visage de Marvin était un véritable livre ouvert. Ailam pouvait y lire de la peur, de l'appréhension, de l'inquiétude, mais également de l'incompréhension. Il se mordit les lèvres. Le demi-dieu était venu ici afin d'avoir des réponses, de comprendre ce qui se passait. Savoir s'il pouvait encore avoir confiance en Marvin, en sa propre famille. Ou s'il devait fuir pour toujours. Mais pour obtenir de telles réponses, sans doute lui aussi devait-il jouer cartes sur table. " Ecoute... est-ce que je dois m'attendre à voir débarquer tous tes potes timbrés ou non ? Est-ce que je dois partir maintenant avant qu'ils ne me kidnappent et ne m'amènent je ne sais où pour m'y faire je ne sais quoi ? " Le demi-dieu contempla tout l'appartement de Marvin, scrutant le moindre recoin, et étant à l'affût du moindre bruit suspect. Oui, Ailam était paranoïaque. Ce fait a été avancé et prouvé à de nombreuses reprises. Et ne pas savoir s'il pouvait toujours avoir confiance en Marvin ou non lui brisait le coeur plus que tout.   

" Ah et, euh, désolé de te déranger en pleine nuit. " Il n'avait pas vraiment réalisé qu'il était si tard, à vrai dire. Il avait quitté la colonie peu après le dîner, sans même prendre le temps de prévenir qui que ce soit. Avait-il marché si longtemps dans les ruelles sombres de New-York ? Ou avait-il simplement passé plusieurs heures à contempler la porte d'entrée de son oncle avant d'enfin oser frapper ? Il ne savait pas, ne savait plus, à vrai dire. C'était probable, dans les deux cas. Il était même surpris de n'avoir croisé aucun monstre en chemin. " Je crois qu'il faut qu'on parle, tous les deux. " Et voilà, le moment de vérité. Toujours sur ses gardes, Ailam ne flancha pas, et l'on pouvait lire de la détermination sur son visage - propre à tous les demi-dieux prêt à entrer tête baissée dans la bataille. Sauf que cette bataille-là n'était pas comme les autres. Peut-être aurait-il préféré se retrouver dans l'arène face au lion de Némée. Tout plutôt que la vérité. Mais il était venu pour ça, après tout. Il ne pouvait plus reculer.

Découvre qu'une personne qui vous était proche faisait partie du camp ennemi. Un Twist dont Marvin raffolait dans les films et qu'il n'imaginait pas vivre un jour. La situation avait de quoi rendre paranoïaque. C'était le genre de découverte qui pouvait tout remettre en question. Il avait repassé en revue quasiment chaque parole échangée avec Ailam, y cherchant des indices ou des double-sens. Puis, alors que son cerveau commençait à saturer devant cette inspection minutieuse de ces souvenirs, son neveu avait toqué à sa porte. Dans un premier temps, Marvin avait exprimé clairement son soulagement. La dernière fois qu'il avait vu son neveu de cœur, ce dernier jouait les cibles auprès d'une Hydre. Qu'Ailam soit encore vivant et en un seul morceau le soulageait. Ensuite, seulement, la réalité de ces retrouvailles le frappa. Plus précisément, c'est lorsque son visiteur prononça les mots 'comme tous mes congénères' que le sourire de l'informaticien descendit d'un cran pour afficher une mine alarmée.

Marvin avait examiné le problème dans tous les sens et il avait imaginé l'hypothèse saugrenue d'avoir rêvé ou qu'Ailam avait lui aussi été kidnappé dans ce camp de sauvage pour une raison obscure. Ces théories les plus optimistes venaient de voler en éclats à cause d'une seule phrase. Ces espoirs de ne pas voir son neveu de cœur comme un ennemi aussi, par la même occasion. Malgré ce rappel, l'informaticien n'arrivait toujours pas à avouer cette évidence et les conséquences que cela augurerait. Çà ne collait tout simplement pas ! Au travail, on dépeignait les demi-dieux pour des êtres aussi dangereux et féroces que les monstres. D'ailleurs, c'était une fillette qui avait invoqué l'Hydre ! N'était-ce pas une preuve ? Pourtant, Ailam s'était jeté sans hésiter vers le monstre pour les sauver.

"Enfin, tu es en un seul morceau, c'est le principal." Conclut Marvin, encore un peu perdu, mais conservant une pointe de soulagement dans sa voix inquiète.

Ne tenant plus le demi-dieu par les épaules, l'informaticien semblait ne plus savoir quoi faire de ces bras, essayant de les mettre dans sa poche puis de les croiser sans être convaincu que se soit la pause idéal à adopter. Il devait lutter contre l'envie de se mordre nerveusement l'ongle du pouce. Le blondinet n'avait jamais été nerveux en présence d'Ailam avant ce jour. Comment en était-on arrivé là ?

"Non." Répondit Marvin devant les premières questions de son neveu de cœur, quelque peu outré qu'on puisse suggérer une telle idée... Avant de réaliser que c'est ce qu'il aurait normalement dû faire en voyant Ailam sur le pas de sa porte. Il n'y avait pas vraiment de procédure du type 'que faire si un demi-dieu frappe à votre porte' mais Marvin était certain que si ce cas de figure se retrouvait un jour dans le règlement, la procédure à suivre serait d'appeler des renforts. Pourtant, il ne l'avait pas fait. Est-ce que çà faisait de lui un traitre ? Bonne question. Cette éventualité commençait doucement à lui ronger la conscience tandis qu'une autre question s'imposa à son esprit. "Et de ton côté ? Je dois m'attendre à ce qu'une Furie fracasse ma fenêtre pour te dévorer ou bien, tu es envoyé en tant que négociateur et une armée de demi-dieu attend au rez-de-chaussée ?" Demanda-t-il avec une crainte manifeste de recevoir une réponse positive.

Ce début de conversation aurait pu s'intituler : que se passerait-il si vous mettez deux paranoïaques dans la même pièce ? Ailam enchaîna en s'excusant de l'heure tardive, ce qui finit de déstabiliser le blondinet. "Ah... Ouais..." Répondit-il mollement en regardant par la fenêtre comme s'il venait seulement de réaliser ce fait. "Ce n'est pas grave." Continua-t-il en se massant la nuque avec gêne.

Puis arriva le moment du 'faut qu'on parle'. Inévitable et tant redouté moment. L'incertitude de Marvin offrait un contraste saisissant avec la détermination visible sur le visage de son visiteur. "Oui. Justement. À propos de çà..." Commença-t-il avec hésitation avant de se lancer dans un long monologue. L'informaticien arrêta de se masser la nuque. Marvin était toujours très expressif lorsqu'il se lançait dans une explication et il se servait souvent de ces mains pour illustrer ou appuyer ces propos avec des gestes. "J'y ai beaucoup réfléchi et..." Il eut un bref éclat de rire nerveux, de celui qui espérait apprendre que tout ceci n'était qu'une grosse farce avant de lâcher avec détermination un : "Tu ne peux pas être un sang-mêlé ! Tu es super sympa !" S'exclama-t-il en tendant les bras vers Ailam comme s'il voulait montrer une preuve à un jury. Il marqua une brève pause pendant laquelle une part de son cerveau dû lui signaler que cette remarque pouvait être blessante avant d'enchaîner sur un ton un peu plus calme : "Je veux dire. Les demi-dieux sont censés être des guerriers barbares, destructeurs et sans pitié. En plus, je connais tes parents. Donc... Euh... Es-tu certain de ne pas avoir été kidnappé et subit un lavage de cerveau pour qu'ils te fassent croire que tu étais des leurs ?"

Sortant d'une autre bouche, cette théorie aurait été ridicule, mais comme elle provenait de Marvin, elle était dite avec le plus grand sérieux possible. En fait, il espérait avoir raison. Désespérément. Si on prenait en compte le fait que l'ennemi savait pour l'agent O'Hara, çà avait du sens. Ils avaient kidnappé le pauvre Ailam pour en faire un agent dormant. C'était certainement possible avec toutes les divinités existantes et les pouvoirs qui pouvaient en découler. Il suffisait qu'un demi-dieu avec le pouvoir de remplacer les souvenirs existe et BAM ! Lavage de cerveau gratuit ! Parfaitement logique. Bien plus logique que d'imaginer que l'agent O'Hara ait été trompé ou ait trompé sa femme avec une divinité.

Le demi-dieu ne put s'empêcher de sourire devant la mine soulagée de son oncle. Certes, tous les deux agissaient pour des groupes ennemis, ce qui les rendait ennemis également, par la logique des choses. Selon son code d'honneur et sa loyauté envers le camp, il aurait du amené Marvin de force, afin de le questionner et qu'il dénonce ses petits camarades. Mais c'était cette même loyauté qu'il empêchait d'agir. Marvin était sa famille au même titre que la colonie, quand bien même tous les deux étaient différents, et dans des camps adverses. Ailam était tiraillé entre raison et sentiment, et aucune des deux options qui s'offraient à lui ne l'enchantaient vraiment. " Ce n'est pas une hydre qui va me faire peur enfin ! " Si l'on oublie le fait que la dite hydre avait failli le tuer à deux reprises, et que sans l'intervention d'un fils de Mars et de ses amis, il serait probablement mort. Sa fierté en avait pris un coup, mais bien moins que son instinct de frère lorsque le monstre avait retiré la vie à l'un des siens.

Il voyait bien que Marvin était mal à l'aise, n'osant même pas le regarder dans les yeux. Deux étrangers tentant une approche lors d'un cesser-le-feu. C'était la sensation qu'avait Ailam en voyant ainsi son oncle. Et pour un court instant, il avait peur. Peur de l'inconnu, et de l'avenir. Tous deux avançaient à l'aveugle, dans un monde qui venait de s'écrouler. Ailam aurait tant voulu remonter dans le temps, à une époque où les faux-semblants existaient encore, et où tous deux pouvaient vivre dans une ignorance bienheureuse. Il fut soulagé, toutefois, lorsque Marvin nia ses accusations. Au fond, il s'y attendait. Marvin ne l'aurait jamais vendu aux siens. Tout comme il ne le trahirait jamais. " Non. Personne ne sait que je suis là. Quant aux Furies... je ne peux rien te promettre. Elles ont une tendance à montrer leur sale tête quand on les attend le moins. " Et quand on ne voulait pas d'elles dans les parages non plus. Et Ailam avait un pressentiment à ce sujet. Il n'avait croisé aucun monstre sur le trajet, ce qui n'était jamais un bon signe. Il demeura stoïque, toujours sur ses gardes. En tant que demi-dieux, le danger pouvait surgir à tout instant. " Personne ne s'inquiétera de mon absence avant demain matin, donc tu peux te détendre. " Chose qui était beaucoup plus facile à dire qu'à faire, il en avait conscience.

Puis vint le moment. Ailam le sut avant même que son oncle ne se lance dans l'un de ces monologues qu'il affectionnait tant. Instantanément, le demi-dieu le fixa d'un air sérieux, bien plus que d'habitude. Il s'attendait à tout de la part de Marvin, ayant entendu les pires théories sortir de sa bouche, et ayant même participé à certains débats très houleux en sa compagnie. Mais il ne s'était pas du tout attendu à ça. Beaucoup trop sympa. Si Ailam ne connaissait pas le mortel en face de lui, il aurait pu être outré d'une telle remarque. Au lieu de quoi, il partit dans un fou rire nerveux. " Je suis flatté, vraiment. " L'humour, toujours. C'était plus une façon de se calmer lui-même que de détendre l'atmosphère. Face au danger, ou à une situation périlleuse, c'était ainsi que réagissait le sang-mêlé. En sortant une vanne qui ne faisait rire que lui et qui avait une certaine tendance à titiller tous les monstres. Bande de rabats-joies. " Donc, si on suit le schéma, les demi-dieux ne sont que des monstres sans pitié et sans coeur dont la simple existence ne sert qu'à perturber la balance cosmique et à faire peur aux gentils petits mortels. " Ailam avait envie de hurler. Il riait toujours, mais cela ressemblait plus à un étranglement rauque qu'à autre chose. Non, les demi-dieux n'étaient pas ces guerriers barbares que décrivaient son oncle. Ils n'étaient pas ces monstres sanguinaires qu'on s'amusait à dépeindre. Ils restaient des êtres-humains, avec des sentiments, un coeur, et une vie bien trop compliquée pour leur sombre jeunesse. Une existence qui se voulait un fardeau bien trop lourd à porter. " C'est un résumé plutôt... coloré. Mais très loin de la réalité. " Ailam était remonté. Plus contre ces mortels qui avaient embrigadé son oncle, que contre ce dernier.

Il lança un regard blasé à son oncle, dans le genre "tu es vraiment sérieux là ? " Un lavage de cerveau. C'était bien la meilleure celle-là. " Non. Aucun lavage de cerveau pour moi. Par contre, je ne peux pas dire la même chose pour toi. " Après tout, c'était Marvin qui croyait à toutes ces sornettes. Lui qui voulait tant croire en leur sauvagerie, sans même posséder toutes les preuves à cet effet. " Les demi-dieux sont des guerriers, oui. Mais seulement parce que nos vies en dépendent. C'est nous, ou les monstres. " Quand Grand-Maman Gaïa décidait de ne pas s'incruster pour une surprise-party, bien évidemment. Il soupira. Il s'était montré un peu trop sec et cassant, ce qui n'était pas son attention en venant ici. Il fallait se montrer plus conciliant, plus diplomatique. Ailam grogna intérieurement à cette pensée. Depuis quand comparait-il une visite de routine à son oncle à une stratégie guerrière ? Il enchaîna, plus calmement, d'une voix las. " Ecoute, je sais que c'est difficile à croire. Mais c'est la vérité. Je suis l'un des leurs. Un demi-dieu. " Ailam tiqua sur le mot parent en particulier. Il avait des explications à fournir, informations qu'il aurait préféré garder pour lui, et ne jamais avoir à révéler. " Concernant mes parents... tu dois me promettre que tu ne diras rien à mon père... à Tobias. " Il grimaça, cela était tellement étranger de le nommer ainsi, cet homme qui l'avait élevé, qui l'avait aimé. " Je pense qu'il n'est pas incongru de supposer qu'il travaille pour les mêmes hommes que toi, n'est-ce pas ? " A vrai dire, il était certain de la réponse. Inutile de tourner autour du pot plus longtemps. C'était le moment, ou jamais. " Ma mère... a eu une aventure avec un Dieu - Apollon - alors que ... Tobias... sa voix se déroba quelque peu sous le coup de l'émotion. ... était en déplacement. Elle se sentait seule, je suppose... " Adultère, c'était un mot qu'il n'était pas prêt de prononcer. Il haïssait ce terme, qui lui rappelait sans cesse que sa naissance était un blasphème aux yeux de cet homme qui l'avait accueilli sans même hésiter. Sa naissance reposait sur un mensonge, que sa mère lui avait tant fait juré de garder. Une sacré ironie du sort quand on savait que son père biologique était le dieu de la vérité. Désolé...

Même avec son imagination fertile, Marvin n'avait pas envisagé un cas de figure dans lequel Ailam serait en vérité un demi-dieu. Cela semblait impossible tant son neveu de cœur ne ressemblait pas au portrait qu'on avait fait de ces êtres dangereux. C'est vrai que récemment, l'informaticien s'était lié d'amitié avec un demi-dieu confirmé, Haytham mais, il n'oubliait pas que ce dernier était avant tout un fils de Mars qui pouvait le briser aussi facilement qu'on briser une allumette si jamais il était pris d'une poussée de colère soudaine. Un genre d'amitié assez étrange à expliquer, en réalité, mais ne nous éloignons pas du sujet !

En l'espace d'une mission qui aurait dû être un super souvenir puisqu'elle était sa première mission officielle sur le terrain, dans une lutte épique où il prouverait enfin sa valeur, l'ami était devenu l'ennemi en un temps record. Et cet ennemi avait toqué à sa porte afin d'avoir un dialogue à coeur ouvert... Si des Furies n'entraient pas en fracassant la fenêtre pour les dévorer. Tout était possible dans ce Monde ! À cause de cette perspective que son neveu de coeur ne démentit pas (à moins qu'il ne s'agît que d'une tentative de plaisanterie pour briser la glace ?), l'informaticien ne réussit pas à être totalement rassuré d'apprendre que le jeune était venu seul. Marvin se dirigea prudemment vers la fenêtre et, après avoir jeté un coup d'œil inquiet, réajusta les rideaux. "Oui, hum, vaudrait mieux se tenir loin des fenêtres alors." Proposa-t-il avec inquiétude en suivant immédiatement son propre conseil.

Marvin avait l'impression de marcher sur des chardons ardents. Il ne savait pas s'il devait rester debout, s'asseoir ou proposer quelque chose à boire à son invité surprise. Son regard restait fuyant comme s'il espérait trouver la solution inscrit sur un des nombreux posters tapissants ces murs. De temps en temps, il se massait nerveusement la nuque ou le bras. Il n'arrivait pas à se calmer, même lorsqu'Ailam lui dit qu'il pouvait se détendre. "Mais je suis détendu..." Affirma-t-il en prouvant qu'il était un bien mauvais menteur. La suite fit place à un peu plus d'honnêteté. "C'est juste que... Ben... La situation est plutôt bizarre, non ?"

Puisque la discussion prenait des allures plus sérieuses, Marvin se lança dans son ultime théorie. Ailam ne pouvait pas être un demi-dieu, malgré l'évidence. Peut-être avait-il subi un lavage de cerveau ou quelque chose dans le genre. L'informaticien se lança à corps perdu dans cette explication, tel un noyé se raccrochant à un bout de bois flottant dans la tempête. Il tenu bon, même face au fou rire nerveux de son interlocuteur.

"Évidemment, dis de cette façon, tout paraît négatif." Marmonna Marvin alors que son neveu de coeur grossissait le trait sur la vision qu'avait le DLCEM des demi-dieux. Ce résumé n'était pas tout à fait exact, mais le blondinet ne voulait pas s'avancer sur ce terrain, préférant s'accrocher à la théorie du lavage de cerveau. Il parut un poil vexé lorsque son interlocuteur lui lança un regard blasé. "Oh, c'est çà, comme si le pouvoir d'alterner la mémoire n'existait pas alors qu'il y a un dieu pour quasiment tout dans la mythologie grecque !" Ironisa-t-il.

Marvin poussa un soupir de désespoir presque en même temps que son interlocuteur et se passa une main dans les cheveux. Que devait-il faire ? Comme il n'avait envisagé cette situation, il n'avait pas vraiment de plan de rechange. Ailam était un ennemi. Devait-il le dénoncer ? À cause de ce détail, il n'avait toujours pas fait son rapport. Est-ce que s'il taisait la présence de son neveu durant l'attaque de l'Hydre, cela ferait-il de lui un traitre ? Pourquoi tout était devenu si compliqué tout d'un coup ?

"Si tu es vraiment un demi-dieu..." Continua-t-il en insistant sur le 'vraiment' comme si une petite part de lui ne voulait toujours pas y croire. "Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Bon sang, Ailam, je crois aux aliens, aux robots tueurs et d'autres choses encore plus insensés, tu crois que je t'aurais pris pour un fou si tu me disais que les dieux antiques existaient réellement ?" Il affichait une mine déçue. "Tu me crois incapable de garder un secret ?"

En vérité, c'était ce point qui le blessait véritablement. Bien plus que la découverte de son neveu appartenant au camp ennemi. Ils se connaissaient depuis combien d'années ? Et malgré tout, Ailam ne l'avait pas jugé assez digne de confiance pour partager son secret. Peut-être que s'il l'avait su plutôt... Non, en fait, çà n'aurait peut-être rien changer à cette discussion maladroite.

Concernant la question au sujet de Tobias, Marvin resta silencieux tout en baissant la tête avec une mine coupable, ce qui équivalait à une affirmation muette. Il écouta l'histoire d'Ailam avec une expression sérieuse sur le visage, ce qui était très rare chez l'informaticien. N'empêche, c'était ironique, l'Agent O'Hara était certainement en déplacement pour éliminer un monstre ou un demi-dieu au même moment où sa femme le trompait avec une divinité. "Tu sais... Ton père t'aime beaucoup et, je suis sûr que çà changera rien pour lui que tu ne sois pas vraiment son fils. Il t'a élevé, c'est tout comme." Nouveau soupir et nouveau passage de main dans ses cheveux. "Tu veux peut-être un truc à boire ou... T'asseoir... Enfin un truc dans le genre." Proposa-t-il avec hésitation. Malgré sa proposition, le blondinet resta debout. "C'est super compliqué... Ce n'est pas les gentils d'un côté et les méchants de l'autre. C'est comme..." Il eut un éclair de génie et son visage s'éclaira. "Comme dans X-mens !" Dit-il en pointant Ailam du doigt comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle. "Tu vois à quoi j'en suis réduit ? À invoquer l'univers Marvel pour me venir en aide." Dit-il avec une légère moue puisqu'il était un fervent partisan de Dc, ce qui ne l'empêchait pas de lire du Marvel de temps en temps pour continuer d'appuyer son argumentation en faveur de son camp. "Il y a le camp de Xavier, celui de Magneto et entre les deux les humains normaux qui se prennent les dommages collatéraux de la bataille épique. Alors, même si les élèves de l'institut ont les meilleures intentions du monde envers les humains, dans les faits, certaines missions dérapent et les civils s'en prennent plein la tronche. Ben, là, c'est pareil ! Il y a les demi-dieux, les monstres et nous... On essaye juste de survivre à tout çà."

Les Furies. Sales petites vermines fouineuses qui ne trouvaient jamais rien de mieux à faire que d'égayer la journée des demi-dieux en essayant de les dévorer dés le matin ! Comme tous les siens, Ailam avait eu son lot de rencontres fortuites avec ces créatures, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles faisaient sans doute parties de celles qu'il détestait le plus. Sur une échelle de 1 à Titan En Colère, elles venaient en tête du classement, seulement par leur niveau de laideur excessive et non pas leur dangerosité. C'est plus prudent, en effet. En réalité, s'éloigner des fenêtres n'arrangeraient sûrement pas grand chose, mais le sang-mêlé souhaitait avant tout ne pas rendre son oncle plus nerveux qu'il ne l'était déjà. Si cela était même possible. Et bien qu'il essayait de se convaincre du contraire, Ailam voyait bien que Marvin n'avait rien de détendu. C'était même un miracle qu'il ne soit pas encore tombé dans les pommes. La situation... oui, il est plutôt évident de dire qu'elle a tout d'étrange. Je n'aurais jamais vraiment cru avoir ce genre de conversation avec toi un jour... De toutes les conversations à éviter, celle-ci était sans doute celle à éviter le plus ! Sa mère lui avait tellement répété à plusieurs reprises de ne jamais révéler les véritables circonstances de sa naissance, qu'il prenait toujours tout ce qui s'en rapportait de près ou de loin très à coeur. Et puis, de toute manière, qui l'aurait vraiment cru s'il avait révélé que son père était un Olympien ? Personne ! Exactement.

Mais c'est bien ça le soucis, rien n'est jamais vraiment tout noir ou tout blanc dans ce genre de situation. Mais de nous deux, j'ignore qui est le plus dangereux. Certes, Marvin n'avait rien de particulièrement dangereux en soit, mais Ailam avait appris à se méfier des apparences. Son oncle appartenait bien à une agence chargée de tuer les êtres comme lui, après tout. Il fallait s'attendre à tout ! Aucun dieu à proprement parler n'a le pouvoir d'alterner la mémoire. Même si je suis certain que tous pourraient le faire si la situation l'exigeait. Il avait connu suffisamment de Dieux en colère pour en attester. Mais je suppose que Mnémosyme pourrait convenir dans le cas présent... Il n'avait rencontré la Titanide qu'une seule fois, lors d'une mission particulièrement loufoque. Aussi, avait-il préféré tout oublier de leur rencontre, vu les souvenirs gênants qu'elle avait inséré dans sa tête lorsqu'il avait osé draguer l'une des Muses, ses filles. Ces Dieux et Titans, tous aussi susceptibles les uns que les autres !

La nuit était véritablement tombée, et l'on n'attendait plus un bruit dehors, si ce n'est pour quelques voitures, et quelques grognements distinctifs, qu'Ailam parvint sans difficulté à reconnaître. Des monstres. Mais bien trop éloigné pour qu'il s'inquiète de leur présence. Marvin et lui étaient en sécurité, pour le moment. Il se demanda vaguement si l'un de ses camarades étaient là dehors, aux prises avec l'un de ces monstres. Sans doute.

Son oncle ne parvenait toujours pas à croire qu'il pouvait être un demi-dieu. Il réprima un rire amer. Ailam aurait sans doute préféré ne jamais en être un pour commencer. Trop de mensonges, trop de soucis, et trop de situations à risques. Un résumé plutôt négatif. Heureusement, il y avait toujours les pouvoirs. Le seul point positif dans tout ce bordel. Ca et le fait de pouvoir voyager. Que ce soit en char d'assaut ou à dos de cochons volants géants ! Ca en valait quand même la peine, la plupart du temps ! J'ai voulu t'en parler, à plusieurs reprises. Mais je ne pouvais pas. Je ne suis pas le seul que j'aurais mis en danger, mais mes amis également. S'il y avait bien une chose que tous les demi-dieux respectaient, c'était bien cela. Le secret. Personne ne révélait jamais rien, sauf lorsqu'il n'y avait pas d'autres choix. Et, en l’occurrence, Ailam avait toujours eu l'occasion de noyer le poisson. Sauf maintenant. Désormais, il ne pouvait plus se cacher. Ce n'est pas le genre de chose que l'on révèle à tout bout de champ. Surtout depuis l'attaque des camps. Toute la communauté mythologique est en proie à une paranoïa grandissante. Ils dormaient tous avec un oeil ouvert, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. C'était comme rester vigilants en présence de monstres. Sauf que dorénavant, ils devaient également se méfier des mortels. Quelque chose qu'Ailam craignait par dessus tout, malgré l'aura de confiance et de détente qu'il voulait bien se donner. Il était sans doute le plus anxieux de tous. Surtout face au cas présent. Toute sa famille était-elle au courant depuis le début ?! Je n'ai jamais voulu remettre en question ta capacité à garder un secret. J'avais seulement... peur. Voilà tout. Et le demi-dieu continuait d'avoir peur constamment.

Marvin n'avait même pas eu besoin de confirmer. Ailam le savait. Peut-être l'avait-il toujours su, au fond. Les absences répétées de son père, et les excuses qui ne tenaient pas debout. Ailam aussi, était coupable. Lui non plus n'avait pas été tout à fait honnête dans cette histoire. Deux fautifs qui, malgré tout, ne pouvaient connaître la vérité sur l'autre sans provoquer un cataclysme. Je préfère ne pas prendre le risque, tu comprends... Promets-moi que tu ne lui en diras rien ! Du moins, pas tant que je ne lui en aurait pas parlé moi-même... Cela pouvait prendre des mois, des années même. Mais le demi-dieu était bien conscient que la vérité devrait éclater à un moment ou à un autre. Oh, euh. Un coca, si tu as. Sinon, juste de l'eau. Il aurait bien voulu boire le plus fort des alcools qui puisse exister si cela pouvait lui éviter d'échapper à tout cela. Mais sa gorge était sèche d'anxiété, et il voulait tout simplement souffler un peu. Arrêter d'être sur ses gardes sans arrêt. Mais cela lui était impossible.  A cause de ce qu'il était, et de la nature du monde dans lequel ils vivaient, tout à chacun, il ne serait jamais vraiment libre. Toujours à regarder par dessus ses épaules. Toujours à imaginer le pire.

Ailam prit place face à son oncle, n'étant pas tout à fait certain que l'un ou l'autre soit à l'aise s'il en venait à s'asseoir à ses côtés. Sauf que les monstres n'ont pas autant de classe que la Confrérie, avouons-le. Et que la colonie n'avait rien à envier à l'Institut Xavier. Je vois où tu veux en venir. Je crois, qu'au fond, on essaie tous de survivre. Et malgré toute notre bonne volonté, il y aura toujours des dommages collatéraux... Les demi-dieux faisaient de leur mieux pour sauver l'humanité des mains cruelles des monstres ou de la colère des Dieux. Mais parfois, cela n'était pas suffisant. Et la plupart du temps, tous pensaient avant tout à leur survie. Pouvait-on leur en vouloir. Non. Pas plus qu'aux humains qui essayaient de se défendre face à cette menace ennemie. Comme je l'ai dit, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Il y a plusieurs nuances, et l'on agit entre les deux. Mais si je me souviens bien, aucun demi-dieux ne s'en est jamais pris directement aux humains. Contrairement à l'agence pour laquelle tu travailles... Oui, il éprouvait encore de la rancoeur devant ce sujet épineux. Beaucoup de ses amis avaient succombé à l'attaque alors qu'ils ne faisaient rien de plus que dormir. Très dangereux comme acte ! Je ne t'en veux pas, loin delà. Mais je veux que tu comprennes, c'est tout. Qu'il comprenne que, comme tous les autres, eux aussi étaient au milieu du champ de bataille, et que les morts n'étaient pas que chez les humains.  

Un bruit de verre cassé le fit se relever net. Se dirigeant vers les fenêtres, le demi-dieu jeta un coup d'oeil rapide dehors avant de jurer entre ses dents. Σκατά ! Bon, oublie le coca. Va falloir qu'on se tire d'ici. Y'a une Harpie là-dehors, et elle a pas l'air des plus ravies ! la colonie s'était-elle rendue compte de son absence et de sa trahison et lui envoyait-il une Harpie en guise de punition, histoire de le ramener chez les siens ? Il en doutait fortement. C'était seulement une Harpie commune, qui n'avait probablement rien mangé depuis la veille, et qui avait sentie l'odeur alléchante d'un sang-mêlé tout proche. Comme d'habitude, en somme. Il faut que tu saches qu'elles ne m'aiment pas trop. J'ai toujours tendance à vouloir les comparer à des dodos géants, et ça doit pas leur plaire. Je comprends vraiment pas pourquoi... Être comparé à un oiseau désormais disparu valait quand même mieux que d'être comparé à un pigeon transgénique, non ? Enfin, du point de vue  d'Ailam en tout cas. Le demi-dieu se tourna vers son oncle, un sourire crispé aux lèvres. Désolé de te mêler à tout ça, je savais que m'absenter trop longtemps finirait par les attirer... Le seul point positif à être paranoïaque, c'était qu'il ne quittait jamais la colonie sans ses armes. Et après activé sa montre, sa fidèle épée prit place dans ses mains. Va te cacher quelque part, j'en ai pas pour longtemps. En résumé : n'essaie pas de jouer aux héros et laisse-moi m'occuper de tout ça tout seul.

C'était délirant. Son neveu de cœur, fils d'un agent de terrain respecté, était un demi-dieu. Non, il n'arrivait toujours pas à digérer cette information. Ni tout ce qui allait avec ce genre de découvertes, comme le fait que les sang-mêlé étaient des aimants à monstre. Il se doutait que se tenir loin des fenêtres étaient loin de suffire, mais cela le rassurait. Un peu comme placarder sa porte en cas d'invasion aliens. Peu de chance que çà soit efficace contre des êtres ayant la technologie de voyager à travers les galaxies, mais, comme il y avait un faible pourcentage de chance de tomber sur les aliens de Signs, alors on tentait tout de même le coup.

Marvin essayait de se donner un genre détendu. Il faillit même dire que son voisin était un fils de Mars pour faire celui qui en avait vu d'autres ou qu'Ailam n'était pas le seul à avoir une vie compliquée. Bien sûr, il échouait lamentablement. Sa nervosité restait palpable. La mission avait déjà été lourde en émotions et, en ce moment précis, il avait l'impression de jouer les prolongations avec cette visite surprise.

Lorsque son visiteur confirma que cette situation lui semblait étrange à lui aussi, l'informaticien se contenta de hocher la tête tout en se massant le menton. Il s'était imaginé de nombreuses fois parler de son travail à Ailam, surtout parce le père de ce dernier aurait voulu le voir rejoindre les rangs du DLCEM. Penser que ce projet était compromis, étant donné la dernière révélation, était un euphémisme. Pour ne pas trahir ce détail, le blondinet préférait se taire.

Un silence qu'il brisa avec un petit rire nerveux lorsque le demi-dieu signala qu'il ne savait pas qui était le plus dangereux des deux. "Ma brillante inutilité durant la fête devrait t'apporter la réponse sur mon degré de dangerosité." Fit-il remarquer, encore un peu amer de n'avoir servi à rien durant une mission qu'il avait attendu comme le Messie. Il aurait préféré que cette histoire de lavage de cerveau soit vraie. Au moins, il aurait pu continuer de voir Ailam comme un ami. À cause d'une mission, ils étaient soudainement propulsés dans des camps opposés. Marvin ne savait plus comment réagir. Pendant une dizaine d'années, il avait cru que les demi-dieux étaient des êtres sauvages qui n’avaient rien à envier, au niveau de la sauvagerie, aux monstres mythologiques. Devant cette certitude brisée, il ne savait plus sur quel pied danser. Littéralement. Çà se voyait dans sa manière de se tortiller, comme s'il se retenait de faire les cent pas. Il lançait de temps en temps un coup d’œil vers la fenêtre. Sans doute pour vérifier que sa suggestion de s'en éloigner était une protection suffisante.

Le meilleur refuge restait le déni. Même si cela restait une décision illogique au stade où en était la conversation. Ce qui le blessait le plus dans cette découverte, c'est qu'on ne l'ait pas jugé assez digne de confiance pour partager ce secret. Marvin se mordit la lèvre et leva les yeux au ciel face aux explications de son neveu de cœur. "Tu ne te rends pas compte, Ailam ! Si j'avais su tout çà avant... Jamais je..." Essaya-t-il d'expliquer, mais il peinait à trouver les mots. Une grande première pour l'informaticien qui n'avait pas l'habitude d'émettre des discours graves. S'il avait su avant, jamais il n'aurait accepté de travailler pour une organisation tuant les monstres et les demi-dieux sans distinction ? Non, c'était faux. Il faisait déjà parti du DLCEM lorsqu'il a connu Ailam. Ironiquement, c'était grâce à cette organisation s'ils étaient amis. "Non laisse tomber." Conclut-il, abattu pour cette conclusion mentale. Il poussa un soupir en croisant les bras. "Je comprends." Ajouta-t-il ensuite sur un ton moins agressif. Il faillit donner une petite tape à l'épaule, comme pour signaler que ce n'était pas grave, mais s'arrêta à mi-chemin, ne sachant comment se geste serait interprété par le demi-dieu inquiet.

Arriva le point qu'il redoutait. La nature de demi-dieu d'Ailam allait poser un sacré problème étant donné le métier du père. Du moins, de l'homme qui avait élevé Ailam. Marvin n'en parla pas clairement, mais ces faux-fuyants étaient bien plus parlant que s'il avait dit la vérité sans prendre de gants. Maintenant qu'il était dans la confidence, il se retrouvait avec un secret à ne surtout pas révélé à l'agent O'Hara. "Alors, là, tu peux me faire confiance, aucun risque que je vende la mèche. Si c'était moi qui lui apprenais la nouvelle, je serais pulvérisé dans la seconde." Affirma-t-il avec franchise et en accompagnant sa déclaration de grands gestes. C'est pour la même raison qu'il avait attendu le dernier moment pour avertir l'agent Lond au sujet d'Haytham : l'instinct de survie. Même si, au final, attendre empirait les choses, il continuait de se plier à cette doctrine.

Même s'il s'était un peu détendu, une certaine gêne restait en fond. Surement parce qu'ils restaient planté au milieu de la pièce sans savoir quoi faire. Du coup, Marvin proposa quelque chose à boire et accueillit avec un certain soulagement la réponse de son interlocuteur. "Du coca, j'ai. Je t'apporte ça tout de suite." Ravi que la discussion aborde au moins un sujet 'normal', le geek alla jusqu'au frigo et prit deux cannettes de la célèbre boisson. Il les posa sur la table basse avant de s'asseoir. Rester debout et perpétuellement sur le qui-vive était fatiguant. Ensuite, il compara la situation avec le conflit récurent dans les comics x-men. Les comics avaient une place importante dans la vie de l'informaticien, et cela depuis son enfance, rien d'étonnant de ce fait à ce qu'il s'en serve comme bouée auquel se raccrocher. Il aurait aimé fournir un exemple de l'univers DC mais le seul qui lui venait se rapprochait trop de la réalité pour qu'il en parle. Sa foi envers le DLCEM avait prit un coup dans l'aile, mais pas au point de jeter l'aspect confidentiel de son boulot aux orties. Une expression de tristesse et d'inquiétude restait figée sur son visage expressif. Pourquoi sa vie était-elle devenue si compliquée en un temps record ? "Je te crois sur parole. Pour moi, l'Hydre était une grande première au niveau des monstres. Je n'en avais vu que des illustrations avant." Avoua-t-il lorsqu'une comparaison entre les monstres et la Confrérie se glissa dans la conversation. "Et encore, je ne l'ai vu qu'à moitié à cause des gouttes sur mes lunettes."

Il baissa honteusement la tête et sembla se concentrer sur sa cannette de Coca lorsque l'attaque fut mise sur le tapis. Il se souvenait avoir été enthousiasme devant la réussite du département, la voyant comme un acte déterminant dans la guerre contre le monde mythologique. Maintenant, il ne savait plus quoi en penser. "Je ne sais pas quoi dire, Ailam." Dit-il en désespoir de cause en osant enfin lever les yeux sur son visiteur. "Comme tu l'as dit, c'est compliqué. On vit dans un monde où il y a des dieux, des monstres et des gosses pouvant raser une ville si l'envie leur en prenait. On en est à la deuxième apocalypse d'origine mythologique." Et toujours pas de zombies ou d'aliens, faillit-il ajouté avant de se retenir. "Peut-être qu'aucun demi-dieux n'a attaqué directement d'humains, comme tu dis, mais pourrais-tu me garantir honnêtement que cela aurait toujours été le cas ? Qu'aucun ne va se prendre pour Magnéto ou Voldemort et déclarer être supérieur aux communs des mortels et vouloir faire sa loi ?" Argumenta-t-il. "Ça fous la trouille !" S'exclama-t-il.

Dans un timing parfait, un bruit de verre cassé retentit. Marvin sursauta, renversant quelques gouttes de sa boisson au passage. Loin d'avoir les réflexes semi-divins de son invité, il était encore assis. Il ouvrit des grands yeux surpris en entendant Ailam jurer en grec. Comme si ce mot incompréhensible était la chose la plus surprenante dans une phrase informant de la présence d'une Harpie. "Tu m'en diras tant." Fut le seul commentaire qui arriva à franchir ces lèvres. Sa réalité déjà bien fissurée venait d'exploser. Même avec un fils de Mars pour voisin, il n'avait jamais vécu une attaque de monstre à son domicile. En plus, ce simple fait rendait impossible de continuer l'évidence concernant son neveu. "Tu sais, pour les vaincre rapidement, c'est super simple..." Commença-t-il, tel un gamer voulant expliquer comment vaincre un boss de fin de niveau. Il s'interrompit en repensant au moment où il avait voulu faire part d'une stratégie concernant l'Hydre et qu'on lui avait 'gentiment' dit qu'ils n'avaient pas besoin de son aide. "Ah mais tu dois sûrement déjà le savoir. Après tout, c'est ton quotidien d'affronter ce genre de truc." Continua-t-il, un peu mollement, s'en voulant d'être inutile. Il se força à afficher un sourire, ce qui donna un sourire aussi crispé que celui du demi-dieu. Il ne broncha pas en voyant la montre de son incité se transformer en épée alors qu'il y a peu, il aurait trouvé ce genre de chose 'trop cool'. "Mais je refuse de te laisser y aller tout seul. Tu savais que je fais une excellente diversion pour dodos géants ?" Proposa-t-il sur le ton de la plaisanterie. Malgré la blague, il était très sérieux concernant le reste. Hors de question de rester à l'abri alors que son ami affrontait à monstre.