Fenêtre grande ouverte, cheveux aux vents, Charlie monta un peu le volume de la radio tandis qu'une musique estivale se faisait entendre dans la voiture qu'elle conduisait depuis quelques heures. Elle avait obtenu son autorisation d'une journée pour pouvoir aller à New York, rendre visite à son ami Noah qu'elle n'avait pas vu depuis quelques temps maintenant. Chantonnant à mi-voix les paroles de la chanson - qu'elle connaissait vaguement - la romaine jeta un rapide coup d'oeil au rétroviseur avant d'accélérer légèrement. Cette voiture, elle avait passé du temps à la bidouiller dans son atelier au camp Jupiter - elle avait réussi à lui ajouter une espèce de brouilleur anti-mortel qui la rendait invulnérable aux flashs, ainsi la jeune femme pouvait passer les limites de vitesse sans aucun soucis. Bien sûr, la fille de Vulcain restait prudente et le faisait quand elle était seule sur la route - comme là par exemple, ou seulement trois voitures se battaient en duel derrière elle. Le champ était libre. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la demi-déesse tandis que le moteur poussait un vrombissement qui lui faisait très plaisir - l'instant d'après, elle filait à toute vitesse en direction de New York.
Le regard rivé sur la route, Charlie prit une grande inspiration. Quitter le camp lui faisait du mien - l'atmosphère lourde qui y pesait commençait à lui devenir complètement insupportable. Depuis l'échec du sauvetage de June, la fille d'Arès, où cette dernière lui avait littéralement explosé de dessus, Charlie s'était renfermée. Plongée dans une rage noire, une haine sourde à l'encontre de ces mortels qui continuaient à les abattre comme des mouches, la fille de Vulcain était plus déterminée que jamais à obtenir vengeance. Les réduire à néant.
Souiller la terre de leur sang.

Psychologiquement, ça avait été dur. Très dur. Quand ces enfoirés avaient fait exploser June, il lui avait fallu quelques secondes pour comprendre. Et quelques secondes pour se rendre compte qu'elle était couverte de ce qu'il restait de June. Recouverte de morceaux de chaire calcinée, ayant été épargnée du fait de son immunité de feu, la brune avait hurlé. De rage, de colère. De dégoût. Elle s'était frottée tout le corps, frénétiquement, retirant chaque parcelle du cadavre de la fille d'Arès qu'elle pouvait - et quand elle était retournée au camp, elle s'était jetée dans la douche. Elle n'avait parlé à personne. Les jours d'après non plus. La semaine suivante non plus. Murée dans un mutisme profond stimulé par ce feu hargneux qui brûlait en elle, elle avait rêvé de cette scène encore et encore - le bruit de l'explosion, les cris, les coups. La douleur dans les côtes.
Charlie n'avait pas pleuré. Charlie avait arrêté de pleurer pour les morts - depuis longtemps. Elle savait ce qu'il y avait après la mort et ne s'en faisait pas pour June - cette dernière aurait certainement une place à l'Elysée, peut-être sur l'île des bienheureux du fait de sa mort de martyr. Mais Charlie haïssait. C'était une boule de colère, une bombe à retardement à manier avec précaution sans quoi elle explosait, sans prévenir - destructrice, ravageuse. Hillel en payait souvent les frais - sa patience n'était que façade. Elle était facilement irascible. Pour cette raison, on l'évitait; les rumeurs courraient à son sujet au camp. On conseillait aux nouveaux de l'éviter, de ne lui adresser la parole que si c'était nécessaire; mais c'était une méthode un peu trop drastique. Charlie n'était pas asociale, ou mauvaise - elle était acide, flamboyante, amère et agressive. Aucune négativité ne se dégageait d'elle; elle se battait pour son camp, pour les siens, pour la gloire de Rome. Guerrière jusqu'au bout des ongles, soldate enflammée, aux yeux brûlants.

Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas lui importait peu.
Charlie avait apprit à vivre d'elle-même, à se débrouiller seule. Ses amis proches se comptaient sur les doigts d'une main - elle tolérait ses camarades, surveillait les arrières de ses compagnons de cohorte. Mais elle était ainsi - libre, véritable électron libre sans attache n'ayant pas besoin de suiveurs pour se sentir vivre. Sa liberté lui suffisait - sa forge lui suffisait. Flammèche folle, vacillante, elle vivait sa vie au jour le jour sans savoir de quoi demain était fait - elle l'avait accepté.
La vie de demi-dieu n'était pas de tout repos. Elle débutait souvent dans la malheur, et se terminait par une mort douloureuse. Rythmée de pertes de proches, de blessures insurmontables, de combats pour tout et rien. Naître demi-dieu était synonyme de danger, Charlie l'avait appris au fil du temps - maintenant, elle faisait avec. Elle ne pouvait pas rendre son ascendance divine, tout comme elle ne pouvait pas se délester de ses pouvoirs; elle ne pouvait que vivre sa vie et attendre que les Parques tranchent le fil de sa vie, signant la fin de son existence. Peut-être pourrait-elle passer une éternité tranquille aux enfers, après avoir vécu une vie agitée. Qui sait.

Arrivée. L'immeuble dans lequel vivait Noah se dressait devant elle, immense, gris, un peu délabré. Attrapant le sac en plastique posé du côté passager, la brune referma la portière derrière elle et verrouilla sa fidèle audi avant de lever les yeux vers le ciel. Bleu, parsemé de quelques nuages - rien à l'horizon hormis un soleil éclatant. Merci Apollon. Merci Jupiter. Pour ce temps magnifiques et ces temps troubles. Parfois, elle se demandait ce que faisaient les dieux pendant que leurs enfants se faisaient massacrer par des mortels; un claquement de doigts et leurs ennemis auraient pu être terrassés par leurs parents. Pourquoi ces derniers étaient-ils aussi passifs? La romaine soupira.
Ne s'attardant pas dehors, elle monta les escaliers un à un, ignorant sa vieille douleur aux genoux qui revenait avec virulence ces derniers temps. Elle savait à quel étage vivait son ami mortel, pour être déjà venue lui rendre visite à plusieurs reprises - elle était celle qui l'avait aidé à quitter sa vie de mendiant, après tout. Une fois devant la porte, elle toqua. « Salut. » Sourire maladroit, craquelé. Regard hésitant. Charlie ne s'était pas encore tout à fait remise de Salem, mais choisissait de faire comme si de rien n'était. « J'ai pris de quoi boire un peu. » Et, tout sourire, elle sortit la bouteille de vodka qui se trouvait dans le sac en plastique qu'elle avait trimballé avec elle depuis San Francisco - particulièrement fière de sa petite initiative.

 roller coaster

Malgré ses airs bougon et renfermé, Charlie était tout de même contente de revoir son petit protégé. Elle s'était battue pour qu'il accepte son aide et celle de sa soeur, Monica, qui possédait un appartement dans New York. Sa soeur cadette avait hébergé Noah pendant quelques temps afin de lui laisser la possibilité de rebondir, trouver un job, mettre un peu d'argent de côté pour se trouver son propre logement - la romaine était heureuse de voir qu'il avait réussi à reprendre sa vie en main. Quand elle l'avait croisé dans la rue et qu'elle lui avait proposé de manger un bout avec elle, elle n'avait pas pensé qu'il arriverait à se remettre aussi rapidement sur pieds. Elle était fière de lui - c'était son petit protégé après tout. Un bon ami, avec qui elle avait beaucoup de point communs - surtout sur le plan informatique.
Tous deux passaient la plupart de leur temps à parler technologie - si Charlie n'avait pas avoué à Noah qu'elle était une demie-déesse, elle ne lui mentait pas vraiment car elle lui avait raconté qu'elle était mécanicienne. Ce qui était en quelque sorte le cas - elle avait simplement omis de lui préciser qu'elle était aussi forgeronne et fabriquait des armes destinées à tuer des monstres mythologiques. Noah se porterait mieux s'il n'était pas au courant de ce détail. Honnêtement. Moins il en savait, le mieux il irait. Elle avait déjà assez à faire avec Diego qui s'était mis en tête de se battre contre tous les monstres qu'il croisait.

La fille de Vulcain adressa un sourire à son ami quand ce dernier lui demanda comment s'était passé le trajet. Pour lui, elle vivait à San Francisco dans un appartement bordélique et minuscule, raison pour laquelle ils ne se voyaient jamais là-bas. Excuse qui avait soigneusement été réfléchie - dans le pire des cas, si Noah insistait vraiment, elle pourrait faire croire à ce dernier que l'appartement de Diego était le sien. C'était un studio minuscule - mais son frère passait sa vie dehors donc ça lui suffisait amplement. « Les heures de routes sont passées crèmes - un peu de musique, et le tour était joué. » Sourire, ton dynamique, regard passant d'un point à un autre avec une rapidité folle - son hyperactivité était clairement perceptible. Ses mains ne cessaient de tripoter son pendentif tandis que son genoux droit, qui devenait douloureux, tressautait. Rester sans rien faire n'était pas pour elle, ni pour n'importe quel demi-dieu lambda. « D'ailleurs, on t'a jamais appris que c'était mal de harceler les gens pendant qu'ils sont au volant? Sale môme. » reprit-elle, lançant un regard sarcastique à son compagnon qui n'avait pas cesser de lui envoyer des messages pendant tout le trajet - elle n'avait fait qu'entendre son téléphone sonner, et avait fini par l'éteindre en grognant. Il avait fait saturer sa boîte de réception! Elle ne savait même pas que c'était possible, cet adolescent était un cas sérieusement. Mais dans le fond, elle devait bien avouer que ce harcèlement l'avait faite rire dans le fond - même si sa première réaction avait été d'insulter le mortel de petit con. Un surnom affectueux.
A l'entente de la proposition de son hôte, la jeune femme hocha doucement de la tête, faisant virevolter quelques mèches brunes qui s'échappèrent de son chignon serré pour tomber devant son visage. Depuis qu'elle était entrée dans la légion, elle ne lâchait plus souvent ses cheveux ayant pris l'habitude de nouer ces-derniers serrés, comme c'était indiqué dans le règlement de la légion. Et puis, elle devait reconnaître que c'était pratique dans sa vie de tous les jours - ainsi attachés, sa masse capillaire de lui tombait pas dans la figure quand elle était occupée aux forges, ou aux entraînements. C'était la même chose sur un champ de bataille. « Ouais j'veux bien - ce que t'as, j'suis pas difficile. » Sourire. De toute façon, elle avait tellement soif qu'elle aurait pu boire du sirop de menthe - quoique non, elle détestait ça. Rien que l'odeur lui donnait envie de vomir - et c'était la même chose pour le sirop d'anis qui avait la senteur d'un poison répulsif à ses narines. Elle en avait la nausée rien que d'y penser. Depuis toute petite, ces deux odeurs la dégoûtaient profondément - allez savoir pourquoi.

Alors qu'ils commençaient à s'installer, Noah la questionna sur son dernier petit travail de réparation. Cette histoire était vraie - Charlie ne l'avait pas inventée. Un légionnaire lui avait rapporté une voiture et lui avait demandé s'il n'y avait pas un moyen pour qu'elle puisse la remettre sur pied, et aussi lui ajouter quelques petites améliorations (option camouflage d'odeurs de demi-dieux, un brouilleur aux yeux des radars des mortels, ce genre de choses) quelques mois auparavant. Charlie travaillait toujours autant dessus, récupérant des bouts de voiture ou de chars de courses par-ci par-là, et avec l'aide d'enfants de Trivia elle s'occupait de la partie un peu plus "magique" car ça n'était pas trop son domaine. « Elle est encore en réparation, mais j'ai commencé à la rafistoler avec des parties d'autres voitures balancées à la casse. » Un sourire victorieux s'étira sur les lèvres de la mécanicienne. Elle était vraiment fière de son travail. De nature assez orgueilleuse, Charlie savait qu'elle était douée dans ce qu'elle faisait - on la complimentait tellement qu'elle avait bien fini par le comprendre. Au camp, en général, elle ne restait jamais bien longtemps sans rien faire - on finissait toujours par venir lui demander quelque chose. L'espagnole espérait faire honneur à son père, Vulcain le boiteux volcanique - car c'était pour son honneur qu'elle se donnait autant. Lui, le dieu moqué, humilié qu'elle admirait tant. Il était son modèle. « Et je compte améliorer le moteur, parce qu'il fait un bruit juste atroce. » Frisson. Quand elle avait tenté de faire démarrer pour la première fois la voiture, elle avait eu l'impression d'entendre des cris d'agonie. « Je t'enverrais une photo, promis. » continua-t-elle, d'un ton qui sous-entendait que c'était évident - elle avait tellement parlé de ce projet à Noah, omettant quelques détails évident, qu'il aurait été injuste qu'elle ne lui montra pas le rendu final. Elle lui avait tellement cassé la tête avec cette Coccinelle qu'il devait en rêver, la nuit.
Un rictus moqueur naquit sur son visage quand Noah étala ses jeux et les manettes sur la table basse, devant eux. Il lui laissait l'honneur de choisir le jeu - et elle avait déjà sa petite idée sur la question. « Je veux ma revanche sur la dernière fois. » lança-t-elle, tout en posant sa main sur la boîte du dernier Call of Duty sortit dans les bacs. La dernière fois qu'ils avaient joué, le mortel lui avait mis une dérouillée que sa fierté avait eu du mal à encaisser. Elle, la fière espagnole, battue par un mortel à un jeu vidéo. Elle l'avait encore en travers de la gorge. « Sauf si t'as trop peur que j'te botte le cul. » Moqueuse, provocatrice, comme toujours. Elle tentait de titiller sa fierté juste pour l'embêter - elle savait très bien que Noah ne refusait jamais un défi. Du moins, pas quand c'était elle qui le lançait. Une rivalité amicale avait fini par naître entre eux. « T'as le droit de refuser hein, c'est normal d'avoir peur. » Et elle sourit, la fille de Vulcain, adressant un rictus terriblement à son ami mortel - toujours aussi moqueuse, on ne la changerait pas.
Son regard noir brillant de malice, la demi-déesse romaine s'installa confortablement dans le canapé tandis qu'elle jaugeait son ami du regard, sourire aux lèvres.

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Charlie resserra machinalement sa queue de cheval, qui tirait ses traits - lui donnant de ce fait un regard plus dur et accentuant son regard sombre. Vieille habitude qu'elle tenait de la légion - elle ne les détachait que très rarement. Pour ainsi dire quasiment jamais. La Légion et son enseignement marquaient tous les demi-dieux qui passaient l'enceinte du camp Jupiter, les transformant en soldats aux habitudes martiales. Certains ne se laissaient pas être conditionnés - Charlie faisait partie de ceux qui l'étaient. Du moins en apparence - psychologiquement, la jeune femme restait un électron libre malgré son respect de ses supérieurs et tout ce qui faisait d'elle une légionnaire. L'espagnole faisait avec et puisait dans tout ce qu'elle avait pu apprendre depuis toutes ces années afin de survivre - et jusqu'ici, on pouvait reconnaître que ça avait plutôt bien marché.
La mine innocente que lui adressa Noah arracha un rictus amusé à la demi-déesse romaine, qui leva les yeux au ciel d'un air exaspéré tandis qu'il lui répondait. Avec tout ce qu'elle avait vécu ces derniers temps, il fallait beaucoup plus que quelques appels téléphoniques pour la déconcentrer de ses objectifs - mais il fallait dire qu'entendre son téléphone vibrer et sonner toutes les cinq secondes avait fini par l'agacer. Si bien qu'elle l'avait éteint. De toute façon, elle ne pouvait pas se permettre de le garder avec elle allumé trop longtemps - les ondes attiraient les ondes, et même si elle avait réussi à la bidouiller un peu pour que ces ondes soient moins "fortes", elle n'était pas assez compétente pour les faire complètement disparaître.

D'un geste rapide et précis, la fille du dieu des forges donna une petite chique sur la joue de Noah, le regard plissé d'un air faussement mauvais - nouveau talent qu'elle avait découvert lors de sa dernière blague avec Hilel aux petits nouveaux: elle était une assez bonne actrice. Du moins, suffisamment crédible pour être prise au sérieux pendant quelques minutes. « Pas besoin de m'appeler au volant pour savoir que je suis un danger public. » Cette réplique sonnait très Breaking Bad quand Walter White marmonnait d'un air mauvais "I am the danger" mais la romaine n'était pas familière à l'univers des séries, et n'aurait pas pu comprendre cette référence. Dommage me direz-vous: mais quand on passe sa vie à fuir les monstres - et une mort généralement très douloureuse -, regarder des films ou des séries n'est pas la chose à laquelle on pense le plus souvent. Pas du tout, même.
Quand Noah la taquina sur ses talents de chanteuse, la jeune femme eut la réaction la plus mature possible: elle lui fit une grimace tout en lui donna une tape à l'arrière du crâne. Charlie était du genre à montrer son affection aux autres avec des petits coups soudains - il suffisait de demander à son frère, Diego: ce-dernier finissait souvent avec des bleus. Ce n'était pas méchant, mais disons qu'elle n'était pas du genre à manifester son amour aux autres avec des câlins et des bisous. Clairement pas. Jamais. « T'en sais rien, ça se trouve j'ai une voix de sirène et t'es juste jaloux de ne pas pouvoir arriver à la cheville de mes cordes vocales. Rageux. » répondit-elle en riant doucement, secouant légèrement la tête d'un air amusé, léger. Ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait avoir une discussion normale avec quelqu'un de normal - s'éloigner de l'atmosphère lourde du camp Jupiter et oublier la mission de sauvetage de June qui avait totalement raté lui faisait du bien.

Le jeu était choisi - et Noah semblait prêt à relever le défi. Bien. Charlie ne le sous-estimait pas - la jeune femme savait qu'il était plus doué qu'elle en terme de jeux vidéos, elle n'avait pas vraiment le temps de s'entraîner. Mais elle comptait bien lui botter le cul pour cette fois - histoire d'avoir une petite revanche. Têtue comme une mule, déterminée, la brune ne risquait pas de le laisser gagner aussi facilement. « Héééééééy » protesta-t-elle en lui tapant sur la cuisse, un air outré naissant sur son visage d'ordinaire fermé. Elle qui était si renfermée se laissait aller quand elle était en dehors du camp. Ici, avec son ami, la fille de Vulcain savait bien qu'elle n'avait pas besoin de sa carapace de froideur pour se protéger - ce n'était pas Noah qui lui ferait du mal. « J'te rappelle que "bourrin" c'est mon deuxième prénom! C'est assez parlant. » reprit-elle en riant, le regard pétillant. Si ses camarades de cohorte l'avaient vue, ils ne l'auraient pas reconnue - se comporter comme une mortelle, sans soucis, ça faisait du bien.
La console était allumée, les manettes vibrèrent entre leurs mains signe que le jeu n'allait pas tarder à se lancer. L'écran qui était installé en face d'eux s'alluma. La demi-déesse adressa un regard des plus complices à son ami mortel, un sourire moqueur apparaissant sur ses lèvres. « Concentration soldat! » lança-t-elle d'un ton dynamique à l'attention de son ami. Ils purent donc choisir le mode du jeu, et autres futilités auxquelles Charlie n'était pas très attentive - son hyperactive n'aidait pas à la garder immobile. Son pied droit tapotait sans cesse le sol, et elle ne cessait de changer de position (croiser les jambes, se mettre en tailleur, se lever, se recroqueviller..). Mais cette même hyperactivité qui la gênait était également un grand avantage pour elle - la jeune femme était tellement volatile que son regard bougeait d'un point à un autre avec une rapidité presque folle (ça lui avait déjà sauvé la vie à plusieurs reprises). « BIM. Dans tes dents! » s'exclama-t-elle d'un ton victorieux quand elle réussit à toucher son adversaire - bon elle n'avait pas gagné complètement, mais c'était déjà un bon début.

Satisfaite de sa botte secrète qui avait marché, la demi-déesse lança un regard à son camarade, tout en lui adressant un petit clin d'oeil moqueur - sans méchanceté pour autant. Il savait comment elle était, de toute façon - toujours à se moquer des autres. Charlie était d'une nature très compétitive, depuis toute petite: c'était aussi pour cette raison qu'elle se donnait à fond dans tout ce qui se rapportait à un concours/combat/n'importe quoi comportant un gagnant et un perdant. « Tu peux pas rivaliser avec mes talents de viseuse, l'armée ça m'a rendue aussi précise qu'Einstein, j'ai un compas dans l'oeil. » Nouveau mensonge, ou plutôt modification de la réalité - elle avait raconté à Noah qu'elle avait fait l'armée. Ce qui, d'un certain côté, n'était pas totalement faux - la Légion se rapprochait grandement du rythme de vie militaire (voire même le dépassait en terme d'intensité). « Vodka? » proposa-t-elle finalement à Noah en se penchant en avant pour attraper la bouteille d'alcool et celle de jus d'orange qui se trouvaient sur la table.

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