01. •• QUE PENSEZ-VOUS DES DIEUX ? ET DES ROMAINS ? Les dieux, Lex les admire. Elle admire leur force, leur puissance et leur gloire passée. Ils sont grands, ils sont beaux, et elle admet cet état de fait. Pourtant, ça ne l'empêche pas de les trouver pathétique à se cacher aujourd'hui derrière leurs enfants au moindre problème. Cronos ? Oh ma fille, bats-toi, moi je n'en ai pas la force... Gaïa ? Vous pouvez le faire, en vous unissant ! Alexis connait leur pouvoir et ne comprend pas pourquoi ils ne s'en servent pas. Eux aussi pourrait s'unir et affronter les menaces plutôt que de se planquer derrière des gosses qu'ils ignorent le reste du temps. Les Romains, Lex a longtemps fait semblant de les détester mais la vérité, c'est qu'elle les admire et qu'elle rêverait d'en être. Dans son fonctionnement, elle se perçoit davantage comme Romaine que Grecque, et elle se demande bien pourquoi on l'a envoyé dans une colonie de vacances plutôt que dans une véritable légion.

02. •• QUE FAISIEZ-VOUS ET OÙ ÉTIEZ-VOUS LA NUIT DE L'INTRUSION (FÉVRIER 2015) DE LA BANDE ARMÉE DE MORTELS AU SEIN DE LA COLONIE ? ET LORS DE L'ATTAQUE A LA FÊTE DE MONSIEUR D ? (SEPTEMBRE 2015) La nuit de l'intrusion, comme 99% des pensionnaires, Alexis dormait. Elle dormait quand quelqu'un est venu tambouriner à la porte en hurlant qu'ils étaient envahis. Sans réfléchir, elle a bondi de son lit, attrapé la première arme qui passait et couru à travers la Colonie au devant du danger. Dans son esprit, il fallait se défendre à tout prix. Quand elle a vu que son arme était inefficace sur les agresseurs, elle a pris peur. Au final, elle a été blessée et a perdu connaissance. Elle s'est réveillée plus tard à l'infirmerie et encore aujourd'hui, elle ne croit pas à sa chance d'avoir survécu. Lors de la fête de monsieur D. Lex était présente également, mais elle n'a cette fois-ci pas été blessée. Depuis, elle a renforcé ses principales armes en y ajoutant du métal classique pour qu'elles blessent également les mortels.

03. •• QUE PENSIEZ-VOUS DES MORTELS JUSQU'ALORS ? ET MAINTENANT ? Sa vision des mortels n'a pas réellement évolué. Elle a grandi parmi les mortels, elle fait la fête avec eux, elle profite de la vie en leur compagnie et ce n'est pas une bande un peu plus agressive qui va entièrement lui faire changer sa vision des choses. Cependant elle doit admettre qu'elle est plus prudence et qu'elle voit aujourd'hui qu'ils ne sont pas d'innocents chatons sans défense : eux aussi peuvent sortir les griffes et ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Les conflits étaient déjà suffisamment fréquents quand il fallait uniquement se soucier des monstres, alors si les mortels s'y mettent en plus...

04. •• VOUS SENTEZ-VOUS PARTICULIÈREMENT EN DANGER OU DÉMUNI FACE À CETTE  MENACE INVISIBLE ET IMPRÉVISIBLE QU'EST LE DLCEM ? En danger, Alexis serait stupide si elle ne s'y sentait pas. On parle quand même d'un groupe inconnu, très organisé et agressif, avec beaucoup de connaissances et de capacités. De plus, il semblerait que ce groupuscule ne soit pas si illégal que ça. Forcément, Alexis se sent en danger. Démunie cependant, elle ne le pense pas. Ils peuvent riposter, ils ont connaissance des batailles, ils savent se défendre... Les demi-dieux ne sont pas faibles. Les deux premières attaques les ont totalement pris par surprise mais petit à petit, ils identifient leurs adversaires et il y a une chance pour que la tendance s'inverse.

PSEUDO/PRÉNOM •• Bloodline. ou The Other Me. ÂGE •• 20 ans. COMMENT AS-TU CONNU MALUM DISCORDIAE ? •• C'est Regan. COMMENT TROUVES-TU LE FORUM •• De plus en plus beau ! AVATAR •• Alycia Debnam-Carey. UN DERNIER MOT •• 

la nuit m'appelle. (seven)
« Lex ! Lex ! Alexis ! » Roman Marvel se faufilait dans la foule, le cœur battant. Il cherchait sa fille du regard, désespéré à l'idée de ne la trouver nulle part, de l'avoir perdue pour toujours. Car c'était bien là sa plus grande crainte : perdre sa petite Alexis, la voir disparaître pour toujours comme sa mère avait un jour disparu. Bien sûr, il n'était pas stupide, il savait qu'Héméra n'avait pas réellement disparu, qu'elle l'avait juste quitté après s'être lassée comme seules les déesses en étaient capables… mais il ne s'en était jamais vraiment remis. Roman Marvel était ce genre de gars qu'on qualifiait d'un peu fêlé, un peu étrange, quoi que gentil. Il vivait à Dublin, en Irlande, avec son unique gamine, dans une vieille bicoque qu'il partageait à moitié avec une autre famille installée au rez-de-chaussé. Ils n'étaient pas loin de Temple Bar et très tôt, la petite Alexis en avait fait son terrain de jeu. Roman n'était pas vraiment responsable mais et alors ? il aimait sa fille, il en prenait soin, et il la gardait soigneusement à l’œil. C'était ça son but dans la vie : qu'elle ait le meilleur, qu'elle grandisse, qu'elle soit heureuse. Au loin, il aperçut un t-shirt Pacman qui ne pouvait qu'être celui de son enfant. « Lex ! » Il la cueillit sur le trottoir et la jeta sur son épaule comme s'il s'était agit d'un vulgaire sac à patates. Des passants lui jetèrent un regard outré, il leur tira la langue. « Papa ! » « Pars pas si loin, enfin ! » « J'ai pas dépassé la limite... » « Quand même… Je supporterais pas si… » « Oui oui, s'il m'arrivait quelque chose… Lâche-moi papa ! » Aussitôt à terre, la gamine fonça vers la maison. Elle ressemblait si peu à sa mère… Physiquement bien sûr, elle était son portrait craché mais ça tendait à diminuer en grandissant. Côté caractère, elle était une Roman Marvel II, le sérieux en plus. Alexis se retourna au passage d'une femme ridée aux dents pointues, Roman plissa les yeux.

ce qui nous attire nous sépare. (height)
Ils se tenaient à genou, l'un en face de l'autre, dans le salon. Si Lex n'avait pas été en pleurs, ils auraient pu donner l'impression de prier, dans cette position sur le tapis tout doux qui recouvrait l'intégralité de la pièce. « J'ai peur, j'ai si peur... » Les larmes roulaient sur les joues de la gamine qui, toute tremblante, lançait des regards de détresse à son père. « Je sais, Lex. Je connais ça. » Lui aussi voyait à travers la Brume, bien qu'il ne soit qu'un simple mortel. Des années auparavant, Héméra lui avait chuchoté qu'une divinité se trouvait certainement quelque part dans ses origines pour qu'il possède ce don rare et mystérieux… Mais rien à faire, ça avait plutôt contribué à lui compliquer la vie et à faire de lui ce qu'il était aujourd'hui : un type étrange, constamment en décalage, courageux et aimant mais majoritairement rejeté par le commun des mortels parce qu'il était… si bizarre. Et Roman Marvel ne voulait pas pour sa fille. Elle était exceptionnelle, bien plus que lui. Les hybrides mi-hommes mi-dieux n'étaient pas courant mais il savait que sa gamine trouverait sa place un jour ou l'autre. En attendant… La voir si terrifiée lui fendait le cœur. Ses propres années d'enfance avaient été une succession de peurs paniques et de fuite devant des monstres que lui seul voyait. Il pleurait au milieu des moqueries, s'était caché à chaque passage du jardinier du collège, avait vu des dizaines de psy… C'était Héméra qui l'avait réconcilié avec le monde tout entier. Elle avait été celle qui l'avait intimement convaincu qu'il n'avait pas le moindre problème. « Un jour tu comprendras Lex. En attendant, il va falloir que tu sois courageuse. » « M-mais pourquoi je les vois, moi ? » « Je t'expliquerai quand tu seras plus grande. Mais sache que je veillerai toujours sur toi ma Lexie, et ta mère aussi. » « Elle est morte... » « Peu importe, elle sera là pour toi. » Et Alexis n'avait plus qu'à supporter la vision de ces créatures qui ne devaient pas exister, c'était aussi simple que cela.

« Cher Journal,
Hier, c'était trop. Je t'ai dit qu'une horrible chose servait de professeur de musique à l'école, tu te souviens ? Je n'en peux plus, c'est trop dur. Mais j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, Journal ! Demain nous partons pour les États-Unis avec papa. Selon lui, c'est parce qu'il y a trouvé du travail mais aussi parce que ce sera mieux pour tout le monde. Je suis un peu triste de quitter Dublin, c'est ma ville, mon territoire… Je le connais comme ma poche, j'aime le centre-ville, j'aime sa périphérie, sa campagne, les chemins de balade près de la maison des O'Loughlin… Je suis triste à l'idée de ne jamais revoir leurs chiens, leur cheval et leurs poules… Mais il doit bien y avoir des poules et des chiens aux États-Unis ! Si on a un grand jardin, peut-être que Papa sera d'accord pour qu'on adopte un ! Ça me ferait si plaisir… Bon, je dois préparer mes valises, à plus Journal ! »

« Cher Journal,
Pour le grand jardin, je crois que je peux oublier… Mais la ville est géniale ! On vient d'emménager à New-York, tu te rends compte ? Bon je n'ai pas le droit de sortir comme je le faisais à Dublin… Je crois que cette ville immense effraie un peu Papa. Moi j'ai tellement hâte de l'explorer ! Il doit y avoir des tonnes de monstres ici, c'est sûr, mais vu le monde, ils ne sauront jamais que je les vois et ils me colleront sans doute pas aux basques ! Par contre, je stresse un peu à l'idée d'aller dans une école ici… Je ne connais personne. Les gens me prenaient pour une folle à Dublin mais dans l'ensemble ils étaient sympas et je les connaissais depuis toujours, alors que là… Enfin bon, je verrais bien ! Par contre, y a pas beaucoup de poules et de chevaux à New-York… Aller, ciao mon p'tit Journal ! »

« Je sais… Je sais ! » Le dos plaqué contre le mur du couloir, Lex tendait l'oreille. Une heure plus tôt, son père avait ouvert la porte à un inconnu clairement bizarre – le genre que la gamine aurait aussitôt qualifié de louche – à la tête ornée d'un bob dont s'échappait une ribambelle de cheveux châtains bouclés. L'individu esquivait la pluie hivernale new-yorkaise par un poncho en plastique transparent et se déplaçait avec difficulté, d'une démarche hésitante et étrange. À présent, il s'entretenait dans la cuisine avec son père et elle avait bien du mal à entendre leurs propos. Roman Marvel l'avait envoyée dans sa chambre quand elle était venue voir, curieuse, ce qui expliquait qu'elle se cachait à présent derrière le mur en papier de cigarette, à l’affût de la moindre phrase compréhensible. « Vous ne comprenez pas, c'est ma petite fille, mon bébé… C'est ma Lexie. » Le cœur de la gamine tressauta dans sa poitrine, angoissée. Ils parlaient d'elle ? Le type-au-bob repartit dans un monologue incompréhensible, de sa voix douce et grave. Ils échangeaient sur elle, mais elle n'entendait rien. « Enfin elle nous écoute depuis le début donc autant l'inviter à nous rejoindre, n'est-ce pas mademoiselle Marvel ? » « Alexis ! » « Entre, ma petite, viens. » Honteuse de s'être faite prendre, Alexis entra d'un pas penaud dans la cuisine et s'assit à côté du type-au-bob (en fait à la seule place restante) sans lever les yeux vers son père qui arborait son expression des mauvais moments. « J'voulais pas… Mais vous parliez de moi alors... » « Que dirais-tu de venir avec moi ? » « Hein ? » « Alexis, écoute-moi… Je t'avais dit qu'un jour je t'expliquerai tout, que tu comprendrais tout. Ces choses que tu vois, c'est… » « Je vais lui expliquer. Alexis... » « Lex. » « Lex. Je m'appelle Jesus, je suis… » « Jesus ? Genre comme le fils de Dieu ? » « Euh oui, on peut dire ça comme ça. Enfin bon… » « C'est génial ! » Elle cherchait juste à détourner la conversation parce qu'elle flippait. « Oui bon, tu t'appelles comme une maison d'édition et tu te fais surnommer comme un méchant de chez DC Comic alors... » « … ? » Il était moitié vexé moitié amusé. « Enfin laisse tomber, écoute-moi plutôt. J'ai beaucoup de choses à te dire et ensuite ce sera à toi de décider si tu veux venir avec moi ou attendre encore un peu. » Ils parlèrent beaucoup ce soir-là, mais Alexis avait déjà pris sa décision. C'était une fille forte Alexis, le genre qui cherchait à aller de l'avant plutôt que de réfléchir. Les choix, elle les prenait en un éclair et elle s'y tenait. C'était ça son credo : avancer sans trop se questionner, et aviser. Devenir toujours plus forte, toujours plus courageuse, pour ressembler à son père.

ce qui nous attire nous égare. (nine)
La Colonie. C'est là qu'Alexis était finalement arrivée en compagnie de Jesus et de trois autres demi-dieux. La Compagnie de Jesus avait longuement erré dans les Etats-Unis, « parce qu'ils cherchaient d'autres sang-mêlés en vadrouille » avait dit Jesus, mais Alexis était presque certaine qu'ils étaient juste perdus. Assise sur un transat, au bord du terrain de tir à l'arc, la gamine de neuve ans lança un bout glacé de Mister Freeze sur la tête de Grégoire pour le déconcentrer. La flèche partit en zigzag et se perdit dans les buissons. « Putain Lex ! » « Oups. C'est le Mister Freeze, il est parti tout seul... » Sourire innocent, Grégoire se détourna, énervé. « Si tu ne t'entraînes pas, viens pas emmerder les autres, la naine. » « La naine, elle nettoie son arme, comme tu devrais le faire après chaque séance. » Vexée par l'appellation de naine, Alexis – qui n'était effectivement pas très grande – reporta son attention sur la lame de l'épée émoussée qu'elle avait entrepris de rénover ces derniers temps. La Colonie, ça faisait quelques mois tout au plus qu'elle y avait mis les pieds mais elle s'y sentait déjà comme chez elle. Même si elle dormait toujours chez les Hermès. Elle vivait assez mal de ne pas être reconnue par sa mère et son angoisse augmentait de jour en jour : l'avait-on oublié ? Etait-elle, peut-être, une erreur ? Après tout, peut-être qu'elle n'avait rien d'une demi-déesse et que tout ça n'était qu'un rêve ou une formidable erreur. Peut-être qu'on l'avait confondu avec quelqu'un d'autre ? Ou peut-être que la déesse qui était sa mère n'en avait rien à faire d'elle et n'avait pas cinq minutes pour penser à revendiquer sa gamine. Quoi qu'il en soit, Lex s'en rongeait les ongles jusqu'au sang. Elle faisait bonne figure devant les autres, elle s'entraînait assidûment parce qu'elle aimait ça, elle participait aux jeux du mieux qu'elle pouvait, mais ça ne suffisait pas. Certaines mauvaises langues qui n'aimaient pas cette mioche prétentieuse profitaient de cette faiblesse pour la narguer ou frimer avec leurs pouvoirs, d'autres lui glissaient de mauvaises paroles, uniquement pour le plaisir de la voir d'énerver. Même si au final, on admirait ce petit bout de femme qui se battait toujours comme si sa vie en dépendait. On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas mettre de coeur dans ce qu'elle faisait. Les batailles, les captures-l'étendard… Elle les vivait pour de bon, avec toute la rage d'une guerrière miniature. On lui souffla qu'elle ferait une excellente chasseresse et elle faillit bien rejoindre Artémis et sa chasse, avant de se raviser. Ce n'était pas une déesse qu'elle voulait servir, qu'on l'appelle sœur ou pas, elle voulait défendre sa cause et les siens.

« Robin, l'étendard ! » Alexis, dix ans, se jeta au bas du pégase qu'ils avaient réquisitionné dans cette partie de capture-l'étendard, se réceptionna sur l'herbe du sous-bois et regarda avec désespoir les bleus foncer vers l'étendard rouge planté à quelques dizaines de mètres d'elle. Où était passé Robin encore ? En théorie, il s'agissait de son amoureux mais dés qu'il était question de bataille ou de victoire, il n'y avait plus personne. La rage au ventre, la demi-déesse toujours sans parent divin fixe se releva et ignora ses genoux écorchés pour piquer un sprint en direction de ses adversaires. À mi-chemin, elle dégaina le poignard qu'elle avait adopté récemment et heurta violemment le premier venu. Ils roulèrent tous les deux dans l'herbe, en fauchant un troisième au passage. « Laisse tomber Lex, t'es toute seule, on va te le prendre ton drapeau. » « D'abord c'est un étendard, pas un drapeau. » Sauf que dans les faits, il avait raison : ils étaient six bleus, elle était la seule rouge. Alexis glissa un regard en direction du sous-bois, guettant une bénite présence rouge… Non, elle était seule. « Ok bon... » Elle voulait garder cet étendard, hors de question que ces stupides bleus le lui vole. Miraculeusement, Robin débarqua et fonça sur le premier ennemi venu avec une bêtise qui stupéfia chaque joueur dans la clairière. « Mais… Robin ! » Robin asséna le plat de son épée sur le casque d'un type qui, médusé, n'avait même pas songé à bouger. Ce fut le signal, la bataille s'engagea.
« Alexis, regarde ! » En sueur, épuisée, Alexis leva un regard las sur ce qu'indiquait un de ses adversaires à casque bleu. La partie était finie, on venait de lui voler son étendard à cause de l'incompétence de Robin. Pourtant, un symbole brillait juste au-dessus de sa tête, une petite boule de lumière bleutée. Un H se rajouta dessus, suivi d'un smiley soleil. Lex se demanda si elle hallucinait. « C'est le symbole d'Héméra ça, non ? » « Je crois oui, la dernière fois – y a longtemps – qu'elle a revendiqué quelqu'un, c'était un truc un peu fail aussi... » « Oh mais Lex, tu brilles ! » La gamine sentit ses joues rosir de colère. Héméra. C'était qui ça, Héméra ? Pourquoi elle n'avait pas Athéna ou Arès ? Ou même Héphaïstos ? Elle voulait un dieu de l'Olympe, quelqu'un qui en impose, qui représente sa rage de vaincre, son talent, sa grandeur future, pas une vieille déesse inconnue qui balançait des smileys-soleil pour revendiquer sa seule gamine actuelle. Elle jeta son épée barbouillée de sang dans l'herbe, les larmes aux yeux. « Ben c'est chouette Alex ! » Elle était plus proche de pleurer de rage, oui ! Héméra ! Un clown visiblement. Elle pensait avoir de belles origines et elle n'avait qu'un clown lumineux comme mère. Génial ! Merveilleux.

« Oh tu sais, mon père c'est Apollon donc bon, en tir à l'arc, ça va, je gère au naturel... » Ansel lui adressa un petit clin d'oeil. Elle avait quatorze ans, il en avait quinze. Il s'occupait de son entrainement et elle venait juste de le questionner sur son savoir en tir à l'arc. S'était-il entraîné longtemps pour parvenir à ce niveau d'excellence ? Elle-même était douée, plus que la moyenne, mais ça ne lui suffisait pas. « Après tu sais, on fait tous en fonction de son parent divin. Apollon m'a donné son talent au tir à l'arc et le pouvoir de guérir… Et je suis excellent en karaoké ! Toi, tu... » Elle, elle n'avait rien. La vieille aigreur à l'égard de sa mère ressurgit et Ansel dut voir son regard se voiler, ce qui était rarement bon signe. « Toi tu ne seras jamais dans le noir ! » « C'est ça ouais. Y en a qui soulèvent des voitures, d'autres qui sans entraînement touchent toujours leur cible et moi je suis une lampe de poche. C'est clair que ça m'a me servir au quotidien. » Sujet sensible. Ansel changea de sujet et revint sur sa position pour tendre la corde et bander l'arc. La vérité, c'est qu'elle était jalouse. Jalouse des autres, jalouse de leur parent, jalouse de leurs pouvoirs et de leurs talents innés. Quant est-ce qu'on l'avait appelé pour ses dons elle ? Ah oui, lors de la dernière coupure de courant, tout le monde s'arrachait Lex pour l'avoir dans son salon. En dehors de ça, elle était invisible. Inutile. Une guerrière sans envergure.

ce qui nous assemble nous ressemble. (seventeen)
Le cyclope, énorme, tendit son bras vers la cheville d'Alexis. Ansel et elle étaient partis en mission quelques jours plus tôt pour retrouver une demi-déesse perdue. Depuis, ils erraient et ils avaient finalement atterri ici. Il n'y avait plus rien à faire pour la gamine que le cyclope devait actuellement digérer mais eux deux pouvaient encore espérer s'en sortir. Dans un sursaut de panique, Lex retira vivement sa jambe, les larmes aux yeux. Elle n'avait aucune idée de là où Ansel pouvait bien se trouver. Elle-même brillait comme un lampadaire au milieu de la grotte, l'empêchant de se cacher, lui ôtant tout espoir. Elle adressa une malédiction mentale à l'adresse d'Héméra et un sanglot gagna ses lèvres. « Te manger. Je vais te manger. » « Ça va, j'ai compris sale brute ! » Elle avait bien saisi qu'elle approchait de ses derniers instants, oui. « Lex ! » La voix d'Ansel. Elle aurait dû mourir de peur pour lui, lui hurler d'aller se cacher, mais ça la réconforta tellement de le voir arriver en courant et se glisser à ses côtés qu'elle serra fort sa main. Le cyclope rampait toujours (Ansel lui avait sectionné des trucs derrière les genoux) mais ils étaient deux. « Lex, je t'aime très fort, tu le sais ça ? » « Oui, je sais. » Le cyclope lui attrapa à nouveau la jambe et elle brilla. Elle s'illumina sous la terreur, répandit une vive lumière qu'elle trouva très jolie, bleutée et féérique. C'était jolie mais à quoi bon briller pour mourir ? Nouvelle malédiction à l'égard d'Héméra. Le cyclope se retira pourtant dans un hurlement de douleur. Pouvait-elle détruire les monstres à coup de lumière, tel Harry lançant un patronus contre les détraqueurs ? Elle s'éteignit petit à petit et la caverne se replongea lentement dans l'obscurité. Elle chercha un truc, n'importe quoi, à qui elle pourrait transmettre sa luminescence pour les éclairer. Dénichant son épée, elle la regarda bleuir vivement, assez pour éclairer la grotte, et se tourna ver Ansel. Et hurla. Elle hurla devant ses yeux qui saignaient, devant leur insupportable couleur blanchâtre. Elle hurla devant le rictus de douleur qui lui déformait le visage. Le cyclope avait disparu dans un recoin de l'endroit mais Ansel… Ansel s'y voyait rien, et Ansel souffrait le martyr. « Oh mon Dieu, oh là là, oh non... » Elle se tordit les mains, sans torp savoir quoi faire. Le soigner ? Lui parler ? « Je… oh non non non... » « Alexis... » « Je sais, je sais, je vais… T'inquiète pas, ça va aller... » Une main blanche lui attrapa le poignet et Lex se retourna sur une femme… qui lui ressemblait beaucoup. « Ma petite Alexis, je suis si fière de toi... » « Pardon ? Pardon ?! » La gifle partit sans même qu'elle s'en rende compte mais elle eut davantage l'impression de frapper un rocher qu'une joue. Héméra devait s'y attendre vu le sourire triste qu'elle lui adressa avant de s'avancer vers Ansel. « Pauvre petit garçon... » Il criait de douleur et Héméra n'avait que ça en stock comme réplique ? Alexis était médusée, prête à rendre son déjeuner ou à tomber dans les pommes. La déesse passa une main douce sur le visage du garçon, le sang disparut. Un autre geste et la mère et la fille se retrouvèrent dans un bois qu'Alexis reconnut bien vite : celui de la Colonie. « Où il est ? Où est Ansel ! » « Chut, à l'infirmerie. » « Tu… ? » « On ne peut pas corriger les choses accomplies par des pouvoirs divins, Alexis. » « Mais... » « Ma petite chérie... » « Tais-toi. M'appelle pas comme ça. Ta petite chérie ? Je suis ta petite chérie ? On ne s'est jamais vu ! » « J'ai toujours été près de toi ! Les parents surveillent toujours leurs enfants. » « Tu as mis des années à me revendiquer, va pas me raconter des salades. » « J'étais occupée, figure-toi, et silence où je te transforme en photon ! » « Oh la menace ultime ! » « Silence ! » Ecumante de rage, Alexis croisa les bras mais se tue, sentant que celle qui était sa mère ne plaisantait qu'à moitié. « Tu as rendu Ansel aveugle. Aveugle ! » « Non, c'est toi, Alexis. » « C'est toi avec tes foutus pouvoirs ! Tu crois que j'en veux de ta brillance, de tes... » Elle ne trouvait même plus ses mots. Aussi brutalement qu'elle était venue, sa colère retomba pour céder la place aux larmes. Elle se retrouva dans l'infirmerie, à côté d'Ansel aux yeux bandés. « Pardon, pardon... » Mais elle ne pourrait jamais se le pardonner, jamais.

faut-il fuir encore nos blessures ? (eighteen)
« Je n'irai pas là-bas. » « Amène Ansel, ça lui fera du bien de voir... » Le regard d'Alexis indiqua clairement au fils d'Arès qu'il venait tout juste de faire une gaffe. « Enfin de prendre l'air. » « Il le prend suffisamment ici. » « Alexis, tu ne vas pas pouvoir rester pour toujours dans la Colonie, il va bien falloir que tu en sortes, et lui aussi ! » « Non. » « Ça fait un an, Lex ! Tu t'es assez entraînée, ça n'arrivera plus. » « Non. » Devant l'air butée de sa petite-amie, Boyd capitula. Quand Lex décidait un truc, elle devenait aussi obtue qu'une mûle. « Fais comme ça te chante, mais je pars là-bas pour deux mois, pour l'échange entre... » « Tu t'en vas ? » « Je n'ai pas le choix, on manque d'ambassadeurs... » Alexis sembla se décomposer instantanément. En dehors de sa meilleure amie, de lui ou d'Ansel (qu'elle trimbalait partout avec elle), elle ne parlait quasiment plus à personne. D'une part, l'histoire était bien connue, beaucoup aimaient Ansel et ce qu'elle lui avait fait été resté en mémoire. Ensuite, beaucoup avec peur d'elle, à la fois à cause de son pouvoir mais aussi devant sa mauvaise humeur et sa rage contenue dés qu'elle touchait une arme. « Je viens. Mais je te préviens, je ne veux rien avoir à faire avec cette bande de brutes sans cervelle. » Boyd rit sous cape devant la dénomination de brutes sans cervelle : Lex elle-même en était souvent une. « Je hais les Romains. » « Oui, je crois que j'avais compris. » Il savait qu'en vérité, elle jalousait leur esprit de cohorte, leur fierté, leur droitesse, leur courage et leur puissance. Elle aimait sa Colonie et les Grecs mais elle ne supportait plus leur désorganisation constante, leurs jeux futiles et trop simples, ni quoi que ce soit d'autre. Et puis elle s'en voulait et il savait qu'au fond d'elle-même, elle était ravie d'avoir un prétexte pour décamper d'ici quelques temps.

effacer le fer des morsures. (twenty-one)
Alexis planta sous épée de toutes ses forces et la regarda ressortir sans la moindre goutte de sang. La balle qui lui transperça le mollet en revanche était bien réelle. Elle avait d'abord cru à un rêve éveillé, une hallucination, quelque chose d'irréel tout droit sorti de son imagination. Ca lui arrivait de temps en temps, un gars du Camp Jupiter lui avait dit que c'était peut-être en lien avec ses traumatismes passés ou elle ne savait quoi. Dans le fond, elle s'en foutait de d'om ça pouvait bien venir, la réalité c'était voyait de trucs qui n'existaient pas et qu'Alexis la dinguo avait zéro crédibilité. Mais là, c'était bien réel. Sous l'impact de la balle, elle tomba en avant dans un cri et rapa comme elle pouvait. Un autre demi-dieu percuta l'homme masqué, l'éloignant momentanément d'elle. Ansel. Elle devait penser à Ansel, et uniquement Ansel. Elle était responsable de lui après tout. Mais elle était si loin du bungalow d'Héméra à présent, si loin, et lui seul là-bas. Il avait emménagé avec elle, aussi étrange que ça soit aux yeux des autres. Et elle l'avait planté là-bas en filant le nez au vent et l'épée à la main. Seul. Dans le noir. Elle perdit connaissance.

Alexis ouvrit les yeux et se redressa d'un coup. Elle heurta quelque chose. « Bon dieu Lex ! » La voix d'Ansel. Son cœur tressauta de soulagement. « Te lève pas comme ça, comment tu voulais que je devine ? » Pointe de culpabilité. « Pardon... » « J'ai soigné ça comme je pouvais mais je me demande si la balle n'est pas toujours dans ta jambe. » « Peu importe, tu vas bien. » Elle l'enlaça et serra fort, comme elle le faisait quand elle voulait se rassurer. « J'ai eu tellement peur... » « Je sais. » « Pour toi ! » Ansel garda le silence, ses yeux horribles fixés dans le vague. Il garda les lèvres serrés, sa bouche réduite à une mince barre crispée. « Je suis tellement désolée Ance, tellement, tellement... » « Arrête avec ça, Lex, t'y pouvait rien. » Il l'éloigna d'un geste un peu brusque. « Et puis ce n'est pas tout les jours qu'on perd la lumière à cause d'une fille d'Héméra. » Comment ils se retrouvèrent à s'embrasser, mystère. Boyd entra à cet instant et fit volte-face dans la foulée.

Quelques mois plus tard, la Colonie était de nouveau attaquée, durant une fête qui aurait dû bien se passer, qui aurait dû être un bon moment passé. Ni Alexis ni Ansel ne furent blessés mais la question de la sécurité au sein de la Colonie se posa. L'horreur, c'était tous les jours maintenant. Tous les jours on pouvait mourir brutalement, tous les jours des monstres pouvaient venir ravager votre maison.

se trahir sans s'avouer nos différences. (twenty-two)
Boyd. Elle l'aimait. Alexis aimait Ansel de tout son coeur, elle en était amoureuse, elle lui devait la vie et elle était responsable de lui. Mais Boyd…. Boyd c'était son vent de fraîcheur, celui qui était gentil avec elle, le mauvais garçon qui avait changé uniquement pour elle. Ansel n'était pas un bad boy, il avait toujours été et restait adorable. Boyd, c'était l'inverse. Sauf avec elle. Et elle aimait ça. Et maintenant, il avait disparu.