Le cadavre d’un ennemi sent toujours bon.

En tout honnêteté, elle ne s’attendait pas à cela, boire un café en compagnie de grecs n’étaient pas vraiment l’idée qu’elle se faisait de cette quête, de cette mission, mais elle n’avait pas le choix. Les dieux et l’oracle en avait décidé ainsi, elle ne pouvait plus reculer maintenant qu’elle était engagée, alors elle irait jusqu’au bout, pour l’honneur des romains, pour son camp et sa cohorte. Car oui si elle avait été choisi pour faire partie des ambassadeurs c’était évidemment à cause de son statut de centurion-en-chef de la première cohorte. Ou grâce en fonction des points de vu, enfin elle se trouvait bien plus douée pour faire parler sa lame que pour parlementer paix et alliance avec les grecs. Mais après tout si elle arrivait à faire entendre raison à sa cohorte et à calmer les esprits au camp Jupiter, elle devrait réussir ici aussi.. L’avenir le lui apprendrait rapidement de toute façon. Pour l’instant elle devait rester calme car même si la guerre ne l’a dérangeait pas cette dernière n’était plus d’actualité, il y avait d’autres priorités.

Dans un supermarché de San Francisco, la demi-déesse attendait sagement devant un café en compagnie de deux autres jeunes du camp Jupiter, par chance elle était tombée avec des personnes qu’elle appréciait . Jonathan, le centurion-en-chef de la quatrième cohorte était un héritier de la glace qu’elle aimait taquiner depuis lors première rencontre, mais cela avait été depuis toujours pour son bien et elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance, tomber avec lui, lui convenait donc à merveille. L’autre légionnaire était Blanche, une demi-déesse que la brunette appréciait de loin et sans totalement se l’avouer, ces deux là se ressemblaient et au fond elles auraient pût devenir amies, si elles n’étaient pas aussi fières. Donc Jules se sentait en confiance, elle n’était par contre pas vraiment sûre des sentiments de ces deux camarades envers les grecs, les appréciaient-ils ? Elle espérait pouvoir leur poser la question avant que les intéressés n’arrivent, histoire de savoir si elle était la seule à ressentir une forte animosité à leur encontre, mais elle n’en eut pas le temps. Trois grecosses se pointèrent, tout sourire, ça l’énervait déjà. Enfin ce fût moins drôle quand elle reconnut l’un des trois, il y avait une rouquine, un autre demi-dieu et un certain brun, le bouclé, le fameux bouclé qu’elle avait trop croisé ces derniers temps, Eytàn. Il ne fallait pas se concentrer sur lui, ne pas le regarder, l’oublier et penser à la mission, juste à cela, juste au fait qu’il fallait parlementer avec ces deux là même si elle ne pensait qu’à une chose, planter ses deux épées dans leurs gorges. Le serveur lui offrit une issue de secours, la première.

« Je prendrais un café, merci. »

Tout en s’installant à la terrasse elle commanda et écouta ensuite vaguement les autres faire comme elle, Jules tentait par tous les moyens de rester détendu, elle s’assit en face de la rousse – pour ne pas avoir à regarder Eytàn tout le long au risque d’être déconcentrer – et à côté de Jonathan, il l’avait souvent soutenu lors des réunions du Sénat et elle le savait capable de bien argumenter, elle le voulait donc pas loin. Et un silence pesant prit place autour de la table, il s’était littéralement jeté sur le petit groupe de demi-dieux, il fallait le briser, vite, avant qu’il ne prenne trop d’importance. Mais elle ne pouvait ouvrir la bouche tout de suite, pour l’instant chacun s’observait, tentant de ne pas perdre la face devant les autres. Shadow était détendue finalement, l’allure toujours un tantinet hautaine et le regard froid, elle était comme d’habitude. Pourtant sa garde n’était pas baissée – enfin ça non plus ça ne changerait pas d’ordinaire – et elle était tout à fait prête pour se battre, d’ailleurs elle porta instinctivement une main à son collier, jouant de ses doigts blancs avec les  deux anneaux pour s’occuper le corps et l’esprit, puis aussi, pour avoir une arme à porter de main, juste au cas ou..

Pax melior est quam iustissimum bellum

Jonathan a rejoint la quête en sa qualité de centurion-en-chef, d’aîné et de son caractère sociable. Il devra jouer le rôle de second de Morgans, comme elle était de la première et lui dans la quatrième. Enfin second,  il sentait plutôt qu’il allait plutôt devoir jouer le rôle de médiateur et d’éviter que les deux camps ne s’entretuent trop vite, du moins, avant la réussite de la quête. Malgré son tempérament, le jeune homme était heureux de faire une mission avec son homologue. L’autre romain qui les accompagnait pour la rencontre diplomatique était Blanche. Avec un peu de chance, il ne devrait pas trop la surveiller, Mulligan n’était pas dans le coin, mais rien n’était sûr avec elle. La joyeuse troupe attendait les représentants de l’autre camp devant un café du centre commercial où c’était dérouler la dernière disparition.

Les représentants ne tardèrent pas arriver. Ils étaient trois, Jo’ les connaissait de vue mais ignorait leurs noms. Il se souvenait d’avoir adressé la parole à la rousse lors de la rencontre des camps mais il avait oublié son nom, il avait parlé à tellement de monde ce soir-là. Lorsqu’elle se présenta, sa mémoire revint légèrement. Oui ! Astrid ! C’était comme ça qu’elle s’appelait. Ils s’installèrent à une table assez grande pour les accueillir tous les six. Le romain s’assit à côté de Jules en connaissance de cause, il la soupçonnait de vouloir trancher la gorge des hellènes. Il passa également sa commande.

« - Un café accompagné d’une glace caramel, pour ma part. »

Boire un café en compagnie d’ennemis potentiels, rien n’était plus merveilleux pour se sentir en vie. D’ailleurs, avec la tension qu’il régnait, il soupçonnait que quelqu’un commettre un meurtre rapidement en cédant au stress. Il s’apprêta à briser ce silence glacial lorsque le brun en face de lui lâcha une vanne, peut-être à cause du stress de la rencontre. Malgré l’appréhension qui l’avait gagné, Jonathan sourit. L’ironie de la situation a été très bien dévoilée, mais pour une première approche, ce n’était peut-être pas la bonne, surtout avec au moins une personne, qui pense à la déclencher cette troisième guerre, dans ce le groupe. D’ailleurs, la tentative de plaisanterie ne détendit que très peu l’atmosphère.

« - Hum ! Je pense que la meilleure chose pour débuter serait de nous présenter convenablement. Après tout, nous allait surement rester un bout de temps ensemble, sauf si la mort survient plus rapidement que prévu. Jo’ afficha un sourire sinistre. Je vais donc commencer, je me présente, Jonathan Bérubé, fils d’Aquilon, que vous connaissez sous le nom de Borée. Je suis le centurion-en chef de la quatrième cohorte. Il pointa Shadow. Voici Shadow Morgans, fille de Vulcain, Héphaïstos pour vous. Elle est centurion-en-chef de la première cohorte et également la responsable de cette quête, pour notre camp. Il désigna Blanche d’un autre geste de la main. Et pour finir, Blanche Robinson, fille de Timor ou de Phobos, comme vous voulez. Elle est légionnaire dans la troisième cohorte. Voilà pour notre côté, à vous maintenant. Il se tourna vers la dénommée Astrid avec son sourire habituel lorsqu’il engageait une conversation avec un inconnu. Bien entendu, vous en êtes exempté, fille de Céres.»

La tolérance est une vertu qui rend la paix possible.

Vraiment pas évident de rester calme face à ces trois grecs qu’elle aurait pût égorger d’un geste vif, pas de douleur en plus, pas de folie sadique, juste sa vengeance. Elle avait promis à sa mère sur son lit de mort qu’elle tuerait tous les grecs qui croiserait sa route, pour elle, pour sa mémoire et son honneur, mais c’était une promesse que les Dieux l’empêchaient de tenir. Jules se surprit à leur en vouloir plus qu’il n’aurait fallu, après tout l’alliance de leurs deux camps étaient une bonne chose, surtout dans une telle situation, ensemble ils seraient plus forts et pourraient résoudre ces étranges affaires de disparitions plus vite. Il fallait donc en passer par là, travailler ensemble main dans la main, enfin peut être pas à ce point là quand même, mais essayer de faire équipe, essayer.. Ca signifiait donc mettre de côté sa rancœur et son souhait de vengeance, mais cela ne l’empêcherait pas de se venger un jour ou l’autre, de racheter la mort de sa mère. Avant de rejoindre Hadès, cette dernière avait soufflé à l’oreille de sa fille unique qu’elle avait rencontré d’autres demi-dieux lors de la fameuse mission qui avait si mal tournée, des mortels aux dons ressemblant étrangement semblables aux leurs, mais ils n’étaient pas romains. Elle n’en avait parlé à personne à part son enfant, et cette dernière n’avait jamais évoqué l’existence d’autres demi-dieux dans le monde, alors qu’en enfin les Dieux les avaient fait se rencontrer, Jules avait failli en rire. Ils avaient bien tardés. Et lors du feu de camp elle avait été ravie de voir certains enfants de Mars envenimer les choses au point de provoquer un combat entre les deux camps. Ca l’avait grandement arrangée, mais ça ne lui suffisait pas, en cela résidait l’un de ses plus grands défauts, elle en voulait toujours plus. Plus d’entraînements, plus de forces et plus de tueries.

La voix d’Eytàn lui fit quitter ses pensées, voilà qu’il faisait encore de l’humour, génial. Elle ne réagit pas mais intérieurement elle soupirait, il ne se débarrasserait jamais de cette manie de plaisanter sur tout, de faire des vannes douteuses.. D’accord au fond, ça le rendait un peu plus charmant, mais ce n’était pas le moment d’y penser. La grecque aux cheveux roux proposa de commencer par se présenter et donna ensuite l’exemple, une fille de Déméter, de Céres donc pour les romains, intéressant. Jon prit ensuite la parole et se présenta à son tour, puis il continua en la présentant ainsi que Blanche, parfait ça lui évitait de parler un moment. Elle n’avait pas vraiment envie d’échanger avec ces grecs et garder le silence lui évitait de se montrer désagréable. Jules releva tout de même par réflexe la tête au moment où le fils de d’Aquilon la présenta comme centurion-en-chef de la première cohorte, pour elle, c’était une très grande fierté. Elle se demanda un instant si les grecs respectaient tout autant le statut de chef de bungalow – à force de les espionner elle avait appris plein de choses sur eux, sur leur manière de fonctionner – mais elle ignorait leurs valeurs et certaines de leurs notions. Peut être qu’un jour elle chercherait à en savoir plus sur le côté humain des grecs, elle cesserait de les voir comme de la chair à pâtée.

Le dernier grec, un grand blond prit lui aussi la parole, mais le ton qu’il employait ne plaisait pas du tout à la demi-déesse aux yeux bleus, il frimait ou quoi là ? Se prenait pour qui à les juger ainsi ? Qu’il ne joue pas au plus malin avec elle, car ça ne lui plaisait pas, pas du tout. Enfin elle se força à faire bonne figure alors que son sang commençait à bouillonner, respirer, inspirer et expirer, l’agacement  allait passer. Justement le serveur lui offrit un excellent moyen de se détendre, son café arrivait, il déposa les commandes ainsi que le petit bout de papier pour la note et repartit aussi vite qu’il était apparu, bon, il fallait rompre le nouveau silence, celui apparu après que les romains ait raconté le peu qu’ils savaient sur la disparition de la fille de Mars.

« C’est tout ce que nous savons sur elle, plusieurs d’entre nous sont parti à sa recherche mais évidemment sans succès. Pas de traces, pas de corps, rien. »

Shadow marqua une pause en amenant la tasse de café à ses lèvres, elle but une gorgée du liquide noir et chaud avant de reprendre la parole en plantant ses yeux dans ceux de la rousse assise en face d’elle. Aucune émotion n’était réellement lisible sur les traits de la fille de Vulcain, elle ne se montrait pas froide mais pas vraiment amical non plus, elle aurait quand même pût mieux faire..

« Qu’en est-il des disparitions grecs ? »

La question s’adressait aux trois demi-dieux évidemment, mais elle ne voulait pas regarder Eytàn et le blondinet l’agaçait déjà, c’était donc sur la rouquine qu’elle concentrait son attention, tant pis pour elle.