winning takes talent.
to repeat takes character.

La journée venait de s’achever sur San Francisco. Une journée que Pandora avait passée sur les côtes du Pacifique, confortablement installée sur un pan de roches à quelques mètres d’une petite clairière à l’abri des regards. Elle se délectait du moindre rayon de soleil qui filtrait au travers des petits nuages d’écume qui zébraient le ciel. La surface de sa peau brillait de mille feux et la source solaire au dessus d’elle suffisait à la distraire. La fille d’Apollon avait passé une bonne partie de son après-midi à cet endroit, ne se lassant jamais de ce spectacle lumineux qui réchauffait chaque parcelle de son corps. Elle projetait même d’y rester jusqu’au coucher du soleil si elle le pouvait, après quoi elle retournerait au camp Jupiter en moins de deux au volant de sa voiture divine – le pied.
Seulement si Pandora s’était rendue en ces terres en premier lieu, ce n’était pas pour profiter de ce moment de détente qu’elle s’était finalement octroyée. En jetant un regard à sa droite on pouvait apercevoir la lame tranchante et finement aiguisée d’une somptueuse épée. L’une de celles avec lesquelles les légionnaires romains s’entraînaient à combattre sur le champ de Mars. Car Pandora était là pour ça : s’entraîner à l’épée. Et même si cela ne se voyait pas vu qu’elle avait baissé les bras depuis plusieurs heures maintenant, elle restait déterminée à remonter son niveau pitoyable en la matière. Parfois elle en venait à se demander comment son cas pouvait être aussi extrême, après tout elle était probablement l’une des meilleures sinon la meilleure archère de sa cohorte, peut-être même de son camp. Descendante d’Apollon, il est clair que la demi-déesse n’avait jamais eu à s’en faire de ce côté là puisqu’elle était capable de tirer en une fraction de seconde et sa cible lui échappait rarement. L’épée, c’était autre chose. Rien que le fait de la porter était un fardeau et elle n’avait probablement pas la force nécessaire à la soulever de sorte que le bout de la lame soit à la fois tranchant et précis. C’était un art, en effet. Un art que la brunette ne maîtrisait guère et qui la menait à se faire désarmer dangereusement, facilement et surtout bêtement.

Résignée à poursuivre son entraînement pour aujourd’hui, Pandora était prête à regagner sa voiture par les sentiers boisés de la clairière lorsqu’elle entendit des cris et des hurlements s’élever. D’après son oreille fine, les cris étaient ceux d’un groupe de garçons en plein effort et follement excités. Ils se situaient à peu plus à l’ouest, vers le nord. Pandora était certaine d’avoir déjà entendu ces intonations fermes et encourageantes, parfois même sévères et féroces. Elle savait reconnaître un combat lorsqu’elle en voyait un, mais encore plus lorsqu’elle en entendait un. Etait-ce possible que des romains ce soit aventurés jusqu’ici, en plein cœur d’une petite forêt californienne pour se défier ? Sans s’en rendre compte, la jeune femme était déjà sur leurs traces et ce qu’elle vit, agilement cachée derrière un tas de buisson, ne fit que confirmer ce qu’elle avait auparavant établi : quelques gars se battaient, brandissant leurs épées dans les airs et se martelant de coups qui auraient terrassé un simple humain en un souffle. Mais à y voir de plus près ils n’étaient pas romains : ceux-là étaient grecs. C’est sans doute la raison pour laquelle Pandora resta tapie dans son coin sans oser se manifester. Elle n’avait rien contre les grecs tant qu’eux ne la provoquaient pas, mais allez savoir ce que ce groupe là pouvait bien lui réserver !
Au bout de dix minutes à les observer, le combat prit fin. Chacun se félicitait, le perdant avalait durement sa défaite et la petite clairière redevint silencieuse en un claquement de doigts – à l’exception d’un jeune homme qui restait en place. Il était plutôt grand, avait une carrure imposante due à son torse que Pandora devinait parfaitement sculpté sous son tee-shirt et ses cheveux bruns étaient en pagaille après l’effort qu’il venait de faire. Lui, c’était le vainqueur du combat et il semblait se délecter de ce statut comme jamais ! Il fallait dire qu’il avait manié son épée comme personne, Pandora avait même prit par au match et s’était rangé de son côté en espérant qu’il gagne ! Ce gars, il était doué c’était indéniable. Et par conséquent il fallait que Pandora trouve le moyen de mettre la main sur lui, ne serait-ce que pour lui demander conseil. Et bien que tout son esprit lui criait de fuir et de rentrer au camp pour ne pas chercher les ennuis, son corps comme d’habitude avait décidé de faire l’inverse. Et la voilà qui s’élançait vers lui, traînant son épée comme un vulgaire sac à patate derrière elle. « Salut ! Très impressionnant comme combat. » le surprit-elle d’une voix mi étonnée, mi blasée. Hé, quoi ? Fallait bien qu’elle joue les fières aussi, au moins un peu ! « Tu as encore un peu de temps devant toi ? J’aimerais franchement que tu m’apprennes. » Elle esquissa un léger sourire chaleureux et décidé. Le sourire lumineux et paisible made in Pandora, voyez ? Alors non, elle ne le connaissait pas. Si ça se trouve il planifiait déjà lui rire au nez et de l’écorcher vive pour qu’elle se pousse de son chemin. Mais elle s’en fichait. Elle savait ce qu’elle voulait et grec ou pas grec… ce gars-là devait lui apprendre à jouer de son épée !