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 mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)

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Tristan E. Langley
Tristan E. Langley
ICE T.
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ICE T.

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MessageSujet: mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)   mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith) EmptyLun 7 Oct - 9:39

La nuit avait mal commencé, elle se terminerait de la même façon.
Vers vingt-et-une heures, il s'était fait avoir comme un bleu, à présent il s'en mordait les doigts. Tristan s'était simplement rendu à New-York, prenant soin à s'habiller comme n'importe qui. Pour une fois, hors de question d'être élégant, il devait vraiment passer inaperçu. Ainsi, il avait enfilé un sweat un peu trop grand, un vieux jean quelque peu élimé et s'était fondu dans la foule. Vingt-et-une heure, des travailleurs fatigués... qui ferait gaffe à un gamin dans le métro ? Tristan comptait là-dessus. Autant dire qu'il était tombé de haut. Quelle chance qu'il croise deux policiers rentrant chez eux ? Quelle chance de se faire pincer tard le soir ? Quasiment aucune et pourtant, quand les deux gars l'avaient reconnu - merci la technologie actuelle, les photos, etc - il avait foncé sans réfléchir. Il avait grimpé les escaliers quatre à quatre, volant littéralement au-dessus des marches, et s'était précipité dans les premières petites rues qui passaient. Tristan sentit ses oreilles rougir de honte quand il repensa à la façon dont il s'était fait avoir. Après un sprint d'une bonne centaine de mètres, policiers toujours aux trousses, il avait bifurqué et son pied avait dérapé sur une grille métallique mouillée. Son équilibre légendaire lui avait une fois de plus fait défaut, il s'était fait avoir et maintenant il frissonnait derrière des barreaux. Relevant la manche de son sweat, il essuya soigneusement son coude ensanglanté. Au fond il aurait dû s'en douter. Après deux bonnes semaines de cavale hors de New-York, il ne ressemblait pas à grand chose. Si les habits qu'il portait étaient à peu près propres en début de soirée, ils avaient fait un tour sur le trottoir humide. Soupirant, le fils de Borée s'adossa contre le mur tout aussi dégueulasse que le reste. Une vie ne pouvait pas dégringoler aussi vite, c'était impossible. D'ailleurs, Tristan avait un peu de mal à réaliser ce qui se passait, que ce soit autour ou à l'intérieur de lui. Il avait en permanence mal, déjà. Son genou s'était mal remis de ce fameux jour et le sprint ne l'avait absolument pas aidé. Ensuite, il y avait ces pensées, ces... Pris d'une brusque nausée, le sang-mêlé

« Laisse tomber. »

Il planta férocement les ongles dans ses côtes, s'étreignant lui-même, et ferma les yeux. Sa respiration s'accéléra un bref instant puis il se força à se détendre. Ok, ok, ne pas y penser, ce n'était franchement pas utile. Parce qu'au fond, Tristan ne regrettait absolument aucune de ses actions. Il savait qu'il avait fait ce qu'il fallait, même si tous n'étaient pas d'accord avec lui. Il n'avait nul part où aller ? A priori si, puisqu'il était ici. Bon, sa situation n'était guère enviable. Les deux policiers étaient de fort bonne humeur lorsqu'ils l'avaient ramené ici. Eh, c'était quand même Tristan Langley, une prime était éventuellement offerte à ceux qui donnaient des informations. Alors la capture, pensez-vous... Sauf que voilà, il n'avait absolument pas l'intention de rester ici. Certes dans l'immédiat, il ne pouvait pas faire grand chose. Ses pouvoirs n'avaient pas d'intérêt dans un espace clos et son arc... Bah, il ne blessait que les créatures appartenant au monde mythologique.

« Et après, c'est les mortels qui sont faibles ? »

Tristan étouffa un ricanement en repensant à cette affirmation. Les mortels sont faibles. A vrai dire, le fils de Borée n'en était pas si sûr. Les mortels pouvaient tuer les demi-dieux, eux ne pouvaient pas leur rendre la pareille avec leurs propres armes. Alors certes, il suffisait d'emprunter une arme humaine. Le malaise revint. Ses pensées tournaient en rond et n'étaient d'ailleurs pas toujours cohérentes. Tristan se laissa tomber sur le banc branlant du fond de la cellule, fixant ses ongles. Il s'était dit, le fameux jour, qu'il appréciait le Tristan qu'il découvrait. Il s'était dit qu'il était mieux que l'ancien. C'était faux, bien évidemment, et il en avait conscience mais... Mais voilà que ses pensées s'égaraient encore. Souriant, il referma doucement les yeux, serrant ses genoux contre lui. La capuche rabattue sur sa tête, il avait férocement envie de disparaître. Lorsque le bruit d'une clef dans la serrure résonna, il ne bougea pas, fixant toujours les rainures du bois entre ses chaussures. Il ne se sentait pas mal. Pas bien non plus à la réflexion. Juste vide et mouillé.

« Voilà la compagnie. Évite de le noyer. »

La voix légèrement moqueuse du gars ne fit pas réagir Tristan. S'il avait entendu, il n'avait pas franchement fait le lien entre lui et ses actes. Il sentait juste la présence d'un nouveau-venu dans la minuscule pièce.
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MessageSujet: Re: mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)   mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith) EmptyLun 7 Oct - 19:48

Changer de pays devenait une idée de plus en plus tentante pour Meredith. En effet, il n'y a pas si longtemps il ne se sentait pas capable de s'éloigner plus de quelque jour de cet univers auquel il appartenait. Maintenant par contre … il en avait par dessus la tête ! A croire que le monde était devenu fou ! Déjà la guerre entre grecs et romains qui semblaient de plus en plus loin, les monstres qui agissaient bizarrement mais en plus les humains qui avaient décider d'entrer en jeu mais en plus de manière particulièrement efficace … Une petite maison à la campagne, française, anglaise ou allemande, ça paraissait pas si désagréable comme idée ! Ou alors l'Asie ! Oh oui l'Asie ! Ce serait une si bonne idée, tellement dépaysant ! … sauf qu'il n'était pas vraiment à fond sur les garçons asiatiques … Bon bah il restait l'Australie et la Nouvelle Zélande, surtout la Nouvelle Zélande à vrai dire. Tout d'un coup cela paraissait idyllique, il n'aurait qu'un avion à prendre et à lui la nouvelle vie dans un décors magnifique et loin des plus gros problèmes de l'Olympe. Oui, il allait faire ça ! … Si il vivait dans un monde parfait du moins où il aurait de l'argent et des revenus et où ce serait une idée raisonnable surtout. Bien sûr qu'il ne pouvait pas partir comme ça, mais l'imaginer lui faisait du bien.

Mais en attendant, il avait bien d'autres soucis. En effet, il devait trouver un endroit ou dormir maintenant qu'il était à New York et, une averse durant depuis plusieurs jours sur la ville, beaucoup de ses abris de fortunes étaient inutilisables et il ne pouvait pas non plus rejoindre ceux couverts, la plupart de ces lieux devant sans doute se retrouver bonder par les sans abris qui se cachaient eux aussi de la pluie. Bien sûr, il avait un appartement à New York, mais c'est bien ça le problème, il « avait ». Au bout d'un moment, ne le payant plus, l'endroit avait finalement été saisit par les créanciers et il ne pouvait plus s'y rendre sans risque, l'endroit étant sans doute surveillé pour qu'il puisse lui tomber dessus à la minute où il montrerait son nez pour lui demander de payer. Autrement il lui restait la solution d'entrer par effraction et squatter un appartement vide le temps d'une nuit, mais franchement il ne voulait pas risquer de se faire arrêter pour effraction … Voila qui était une idée, se faire arrêter ! Non non, le fils d'Apollon n'était pas devenu fou, il ne comptait pas finir sa vie derrière les barreaux. Ce qu'il avait en tête était plus simple, il allait juste provoquer quelques policiers … Ok cela paraissait encore pire dit comme ça, mais c'était tout bénéf pour lui. En effet, à part avoir agacé un ou deux policier, il n'aurait fait aucun délit grave, du coup on l'obligerait à passer la nuit en cellule mais il serait relâcher le lendemain, n'ayant aucune réelle charge pour le garder plus longtemps.

Meredith se dirigea alors vers le commissariat le plus proche, attendant la meilleur occasion pour les faire chier de la meilleure manière. Il ne pleuvait plus des masses, mais ça restait toujours bien trop humide pour dormir dehors. C'est alors que la plus belle perte lui fut tendu. En effet, une voiture de patrouille s'arrêta juste en face et les deux agents commencèrent à descendre, des cafés dans les bras, sans doute chargés de ravitailler tout le monde. Le jeune homme s'approcha de la voiture, faisant signe aux deux policiers, s'arrêta devant et … commença à déboutonner son pantalon. Oui, il était en train de pisser dessus, le bruit alertant vites les deux hommes qui le regardèrent l'air outré alors que Meredith leur affichait son plus beau sourire.

« Et ouai, vous rêvez pas ! »

Ni une, ni deux, il s'était fait passer les menottes et absolument pas en douceur avant d'être escorté dans le commissariat, souriant toujours comme un idiot, ce qui n'était franchement pas le cas de ses deux nouveaux amis qui semblaient bien énerver. A vrai dire, le demi-dieux était quasiment sûr de les avoir vu jubiler, au moment où on lui annonça dans quel cellule il allait être placé. « Évite de le noyer » avait-il entendu. Allait-il être placé avec un de ces gros bras tatoué en espérant qu'il allait lui faire sa fête ? Ha ! Il n'avait pas intérêt, il n'aurait aucun soucis à lui briser la nuque … bon ok, il l’assommerait juste, mais dans tous les cas lui passerait une nuit parfaite. Cependant, quand il pénétra dans la pièce et vit son compagnon de cellule, son cœur s'arrêta une seconde et il devint livide.

« Tristan ? Qu'est-ce que tu fous là putain ?! »

Non seulement ce n'était pas un gros bras, mais en plus il s'agissait de Tristan, ce fils de Borée et le gamin le plus innocent qu'il avait jamais rencontré ! A part être doué pour faire la gueule et bouder, il ne voyait aucune raison valable pour qu'il se retrouve ici et surtout que les policiers sous entende qu'il allait lui faire du mal alors qu'il faisait moins peur que lui. Sa mère était tout de même pas une matrone du crime tout de même, si ? Car à part ça il ne voyait pas, outre un petit délit mais qui encore une fois ne justifiait pas la réaction des autres. Reprenant son souffle après ce petit moment de surprise, Meredith lui afficha de nouveau son plus beau sourire, presque charmeur comme à son habitude.

« Comment t'as fait pour te retrouver dans cette situation, hein ? T'es rentré dans un flic sans t'excuser ? En tout cas permet moi de te dire que t'es dans un sale état ! Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver ? »

En soit il espérait vraiment que Tristan ne prendrait pas mal ses remarques, c'était sa façon de s'exprimer. Seulement voilà, c'était tellement impossible de l'imaginer faire un truc du genre braquer une banque ! Il le connaissait peut être pas plus que ça mais il paraissait vraiment trop innocent pour faire ce genre de chose d'après lui. Il devait y avoir une explication vraiment à la con derrière tout ça alors Meredith prenait ça à la légère.
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MessageSujet: Re: mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)   mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith) EmptyLun 7 Oct - 21:25

Si Tristan ne leva pas les yeux, la voix le prit clairement au dépourvu. En entendant entrer quelqu'un, il s'était représenté un énième alcoolique chopé à une sorte de bar quelconque ou un drogué agressif. Il aurait pu aussi tomber sur l'un de ces gros lourds un peu pervers qui foutaient le bordel dans les boîtes de nuit. Mais ce qui était sûr, c'est qu'il n'aurait jamais imaginé entendre ce timbre de voix. Oh, il ne l'avait pas entendu depuis belle lurette, peut-être même plusieurs mois, mais il l'aurait reconnu entre mille. Dans la catégorie bien chiant bien collant, le propriétaire arrivait dans les premiers. Enfin Tristan savait qu'il avait de l'affection pour lui, malgré tous les torts dont il l'affligeait. Lorsque Meredith, car c'était bien lui, reprit la parole, les poings de Tristan se serrèrent presque par automatisme. Les voix des gens l'insupportaient ces derniers temps. Le plus souvent, il laissait couler. Ce n'était jamais que quelques flics heureux de leur prise. Mais là c'était peut-être trop. C'était peut-être dû à l'ignorance du sang-mêlé, peut-être dû à son ton, peut-être à ses paroles. Ou peut-être que Tristan avait juste besoin de hurler un bon coup. Ces derniers temps, il était resté silencieux. Les rares fois où il parlait, c'était soit pour se faire des commentaires personnels, soit pour échanger avec Loïs. Mais dans la seconde situation, ses réponses étaient plates, sans aucun intérêt. En fait, il n'avait simplement pas envie. Cette nuit-là, quelque chose en lui s'était caché. Oh, il n'allait pas virer au mélodrame en disant qu'il était brisé et qu'il devait se reconstruire : tout ça, c'était des foutaises. Tristan Langley n'avait jamais de remords et encore moins pour des actes destinés à lui sauver la vie. Elle passait avant les autres, après tout.
Bref, il n'avait pas juste pris la vie d'un simple mortel. Il avait changé à cette occasion. Oui, en fait, sa réaction, c'était simplement de la peur. Il niait les événements et forcément, à force de se mentir à lui-même, rien n'allait. Il avait peur de lui-même et ce n'était pas facile d'agir en conséquence. Le garçon qui avait froidement abattu les harpies, ce n'était pas vraiment lui. Le Tristan qui avait, sans trembler le moins du monde, achevé le mortel, ce n'était certainement pas lui non plus. Le type qui n'avait pas réfléchi un instant avant de dévié cette voiture, c'était un parfait étranger. Le garçon des glaces familier s'était envolé. Il avait crocheté la cage dans laquelle il s'enfermait lui-même et cette liberté était trop brutale, trop pleine de couleurs et de son, de violence et de tout ce qui allait avec. Il y participait, à cette violence. En ces instants, il était même heureux de cogner, de sentir la douleur de son adversaire et la sienne. Sauf que voilà, autrefois, Tristan aurait tiré plaisir de la vengeance, d'un plan bien élaboré, certes horrible mais pensé, et non pas impulsif.

« Navré de ne pas m'être bien habillé, j'ignorais que tu ferais un saut ici. »

Le garçon des glaces, en cet instant, était bien présent. Il avait adopté ce ton glacial qu'il savait si bien manier. Défense ? Ou là encore, c'était devenu une attaque ? Il ne savait plus trop. Le fils de Borée secoua la tête, ses cheveux sales lui tombant dans les yeux. Jetant un bref coup d'œil à son camarade de cellule, il ne put s'empêcher de grimacer un sourire moqueur. C'était presque plus fort que lui.

« Surpris ? Tu ne dois pas trop te tenir au courant, dans ce cas. »

Les visages de Tristan et Loïs passaient encore à intervalle de temps régulier sur les écrans des mortels. Ils étaient toujours poursuivis pour leurs nombreux délits, et dans leur cas, ils en étaient bien les auteurs. Des vidéos le prouvait sans mal. Quand au vieil homme, il se trouvait sur leur route, avait été retrouvé mort, sa carabine à la main... Et il avait eu le temps d'appeler la police. Ainsi, si personne ne savait vraiment qui des deux gamins était l'auteur du crime, leur casier s'était encore allongé d'un cran. Reniflant d'un air méprisant, Tristan ôta sa capuche et regarda Meredith en face pour la première fois depuis son entrée dans la cellule.

« Les policiers sont au fond de la rivière maintenant. » Cette annonce, annoncée de la même façon que la pluie du lendemain, ne lui fit pas grand chose. « Dommages collatéraux. »

Amusant comme la vérité pouvait, dite correctement, être cent fois pire qu'un mensonge. Car Tristan n'avait pas dit le moindre mensonge depuis cette nuit-là. D'ailleurs, il se sentait mieux en balançant la vérité telle qu'elle était, sans chercher à l'adoucir, sans essayer de redorer son image. Ces policiers étaient vraiment morts parce qu'ils étaient là au mauvais moment au mauvais endroit. Étouffant un grognement de douleur, Tristan quitta son coin et s'approcha de son camarade. Meredith était un sang-mêlé errant, trop âgé pour vivre à la Colonie, qui traînait dans New-York. Si le gamin de Borée n'aurait pas cru le croiser dans un tel endroit, il n'en était pas non plus stupéfait. Après tout, le fils d'Apollon vivait de presque rien si ses souvenirs étaient bons. Cela devait nécessiter d'enfreindre la loi de temps à autre.

« Mais il faut voir le bon côté des choses : je n'aurais plus à supporter les demi-dieux de la Colonie. »

Tristan adressa un nouveau sourire, infiniment doux celui-ci. Mais s'il n'avait rien de menaçant, il n'avait rien de naturel non plus tant il contrastait avec le vent du nord junior qui se tenait là. Il n'était pas souriant à la base, ce n'était pas un secret d'état, mais le voir aussi expressif avait quelque chose de terriblement dérangeant. Pivotant brusquement sur la pointe des pieds, Tristan fit un bref tour de la cellule avant de revenir près des barreaux. Il ne put s'empêcher de tressaillir : son genou n'avait pas reçu le moindre soin depuis deux semaines et il avait du mal à se remettre. Et non, ça n'allait pas mieux depuis le temps.
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MessageSujet: Re: mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)   mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith) EmptyMar 8 Oct - 19:18

Pour Meredith, c'était assez amusant de croiser Tristan ici, dans ce lieu bien particulier. Au bien sûr il avait d'abord été choqué tout comme ça ne devait pas être aussi drôle pour le jeune fils de Borée, mais le voir en cellule paraissait tellement improbable qu'on ne pouvait pas rire face à cette situation. Du moins … ça l'amusa un moment, jusqu'à ce qu'il se rende compte que la situation semblait beaucoup plus compliqué qu'il ne l'imaginait. Alors bien sûr, lui avec sa finesse légendaire, il avait abordé ça avec humour pour ne pas dire lourdeur, se moquant un peu de son camarade. La réponse du garçon ne fut d'abord pas surprenante, ce même air glacial qu'il lui avait déjà adressé à l'époque quand il ne décidait pas simplement de l'ignorer avec son air de bébé boudeur. A la limite ça c'était une surprise, qu'il n'ait pas boudé directement, c'est le genre de chose dont le fils d'Apollon n'aurait nullement été étonné. Mais la suite par contre … quelque chose clochait définitivement. Traitez le de fou, mais dans ce sourire qu'il lui lançait en soulignant son ignorance, il sentait quelque chose de presque malsain … Enfin peut être n'était-ce qu'une impression. Et de quoi parlait-il ? Qu'avait-il manqué ? Cette fois c'était surtout une rage interne qui l'envahissait, lui qui s'était donné un point d'honneur à tout savoir, surtout sur ses compagnons grecs, la seule fois où il se décidait à faire l'autruche quelque chose arrivait à l'un de ceux qu'il s'était juré de protéger. Pas seulement Tristan, bien qu'il devait avoué l'avoir parfois observé au loin plus que de raison, mais un demi dieu grec. Son visage se crispa, affichant sa colère de n'avoir rien vu et ne toujours rien savoir.

Mais quand Tristan le regarda enfin en face, tout ce qu'il vit dans ses yeux c'était qu'ils semblaient vide de tout ce qu'il avait pu y voir la prochaine fois. Oh il ne semblait pas cassé, sans âme ou quoi que ce soit, simplement plus âgé, plus désabusé, comme ci il avait vraiment vécu quelque chose qui l'avait changé. Quelle mauvaise rencontre avait-il pu bien faire ? Alors il cita les policiers … reposant dans la rivière à en croire ses dires, mots qui semblaient avoir été dit avec le plus grand sérieux. Ok, des monstres il s'y attendait, des romains aussi à la limite, mais des humains … déjà qu'il avait du mal à encaisser ces drôles d'individu qui voulaient leur peau mais là, de simples flics … Meredith devint un petit peu plus livide. Oh des humains il en avait tué, et de sang froid même pendant ce petit raid au centre commercial, mais là, ce n'était pas la même chose ! Et pourtant cela ne semblait même pas l'affecter plus que ça. Ou si, ça l'avait terriblement affecté mais pas du tout dans le bon sens.

« Tu as … quoi ? »

Il était encore un peu sous le choc. Encore une fois, tuer des monstres c'était une chose, ou même des ennemies mortels, mais rien ne justifiait le meurtre de policier si c'est bien de ça qu'il s'agissait. Il ne pouvait pas simplement cet air déconnecté comme ci il ne s'agissait là que d'un détail. C'était ce genre de connerie qui avait mené à l'armée de Cronos à l'époque et ça avait très mal fini pour eux. Mais la dernière remarque de son camarade était presque trop, c'était un coup à ce que bientôt il se sente vraiment au dessus de tout et se pense autorisé à faire ce qui lui chante. Même ce sourire, aussi doux soit-il, était complètement faux et ne faisait confirmer qu'une chose, Meredith ne pouvait pas juste le lâcher comme ci de rien était, il devait savoir et il devait lui faire comprendre. Pour le coup, il remercia vraiment les dieux d'avoir fait en sorte de les enfermer dans une même cellule, au moins il ne pourrait pas le fuir et serait obligé de parler. Il se demandait aussi si il devait remercier son père de toujours se retrouver dans des endroits improbable avec tout garçon qui avait su attirer son attention … C'était tout sauf amusant. D'un pas décidé il s'approcha de Tristan qui se trouvait près des barreaux, le retourna et le plaqua contre ces dernier en l'attrapant par le col.

« Tristan, merde ! Réveil toi un peu et sort de cette torpeur ! Tu te rends compte au moins de ce que tu viens de me dire ? A t'en croire tu as tué des gens et cela n'a pas l'air de te faire le moindre petit effet ! Je ne sais pas si il y a des circonstances atténuante, si c'était un accident ou même un meurtre de sans froid, mais tu peux pas réagir comme ça ! Comme ci ce n'était rien et que tu étais … tu étais … une sorte de dieu au dessus de tout, même nos parents n'en sont pas à ce point là ... »

Il le tenait là, le regardant avec une certain rage, pour finalement relâcher peu à peu sa poigne jusqu'à le libérer complètement et s'éloigner un peu. Même lui il ne s'expliquait pas sa réaction, lui qui était plutôt du genre à tout laisser couler, là ça l'avais foutu en rogne, surtout venant de lui qu'il pensait bien plus futé que ça … Il remarqua alors sa jambe. Il n'avait peut être aucun don de soin mais en tant que fils d'Apollon c'était le genre de détail qui ne lui échappait pas. Il lui fit un signe de tête pour lui dire de s’asseoir sur le banc, l'attrapant finalement par le bras pour le forcer à y aller. S'agenouillant devant lui, il arracha la jambe du pantalon jusqu'à au dessus du genoux, ce qui n'était franchement pas aisé sans lame d'aucune sorte d'ailleurs.

« Tu t'en fiches de ton fute, de toute manière il était mort. »

Ce n'était franchement pas beau à voir … on sentait que la blessure traînait depuis un moment et ce n'était pas allé en s'arrangeant, surtout qu'au vu de l'état de Tristan en générale, il n'avait pas dû ménager son genou. Meredith fouilla dans la poche intérieur de son grand trench coat et en sortit un rouleau de bandages ainsi qu'un sachet d'herbes. Heureusement, il avait tellement énervé les deux policiers que c'était à peine si ils l'avaient fouillé. Autre avantage, vivant seul et en vagabond, il était devenu plutôt doué pour faire des soins avec ce qu'il avait sous la main, et il ne tarda pas à appliqué sa mixture sur le genoux du fils de Borée avant d'appliqué lentement et fortement le bandage. Tout en s'appliquant, d'une voix des plus calmes et douce, il dit :

« Si tu me racontais en détail ce qui s'est passé maintenant ? »
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MessageSujet: Re: mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith)   mon ciel si bleu est devenu orage. (meredith) EmptyMar 22 Oct - 22:35

Tristan aimait bien la façon dont le visage de Meredith s'était décomposé, lentement, le temps qu'il saisisse la situation. Non, il n'avait pas simplement écrasé le pied d'un policier ou chipé son donut. Et non, ce n'était pas parce qu'il avait oublié de recharger sa carte pour le métro qu'on l'avait foutu derrière les barreaux. En fait, ce n'était même pas une punition. Il avait bien vu la tête des deux mecs qui l'avaient arrêté, ce mélange de fierté et de peur. Ils avaient tous les deux vu de quoi il était capable lorsqu'il s'agissait de rester libre. Eux avaient suivi les événements. Pas Meredith. Tristan frissonna légèrement, plus de froid que d'autre chose et releva le menton d'un air de défi, soulignant une fois de plus l'étrangeté de la situation. Oublié, le temps du petit garçon boudeur qui se réfugiait derrière un masque glacial. Envolé, le gamin qui se laissait tabasser avant de riposter à la puissance mille par derrière. Oui, décidément, Tristan avait été des tonnes de choses au cours des dix-sept dernières années : il avait été le faible qu'on voulait tous protéger, il avait été le traître qu'on rêvait de faire souffrir, il avait été la tête de turc qu'on accusait et le pauvre malheureux qu'on tourmentait. Il avait aussi été le connard de service qu'on aurait aimé pendre, le type bizarre incapable de manier une épée sans se blesser lui-même, le pauvre bougre qu'on laissait derrière sans même un dernier regard. Mais ce Tristan-là, au fond, il n'avait jamais été dérangeant. Il était plutôt comme la fleur en arrière-plan que l'on voit, qu'on finit par apprécier mais qu'on oublie au soleil. Juste une décoration dont on finissait par se lasser.
Comme beaucoup de ses camarades, Tristan s'était rendu au centre commercial pour enquêter sur ces disparitions. Au fond, il n'en avait pas grand chose à faire, des disparus, mais il était curieux de rencontrer l'auteur de ces crimes, de ces meurtres peut-être même. Et c'était à cet instant qu'il avait saisi que la notion de camaraderie, bah, ça n'existait pas. Pas pour lui, en tout cas. Avec tous ces enlèvements, ces sangs-mêlés perdus, on aurait pu croire que les liens s'étaient resserrer, qu'ils veilleraient les uns sur les autres, non ? Que neni. Une fois de plus, Tristan avait été celui qu'on plantait là, sans un regard, sans un appel. Et si ça ne l'avait pas surpris, ça l'avait déçu. Il avait fait des efforts en partageant ses idées, lui qui s'en foutait éperdument. Mais ils se connaissaient déjà tous et lui n'entrerait jamais dans aucune bande. La fameuse fraternité entre gens du même âge, de la même origine, les liens familiaux, tout ça... Ce n'était que du vent. Enfin dans le cas de Tristan, c'était bien vrai avec Borée comme père. M'enfin, ça n'empêchait pas que c'était douloureux. Mais il se perdait une fois de plus dans les méandres de sa rancoeur. Haussant les sourcils avec un agacement visible, lui qui avait si longtemps pris soin à dissimuler ses émotions, Tristan reprit plus lentement, détachant bien les mots les uns des autres.

« Deux policiers se sont noyés parce que j'ai balancé leur voiture à la flotte. »

Tristan ne précisa pas que Loïs et lui-même se trouvaient dans ladite voiture et qu'ils auraient très bien pu remonter les deux hommes endormis. Mais sur le moment, ces deux hommes n'avaient été qu'un détail. Le garçon de glace n'avait pensé qu'à prendre la fuite avec son amie. D'ailleurs, ils n'avaient même pas saisi la gravité de la situation. Le sang-mêlé tapota un barreau du bout du doigt et ne remarqua pas l'approche de son camarade. Il se retrouva brutalement plaqué contre les grilles, Meredith le tenant par le col, et il fut incapable de retenir un gémissement de douleur. Mais plus encore, c'était le contact du fils d'Apollon qui était insupportable. Son coeur fit un bon dans sa poitrine et le sursaut qui ensuivit lui arracha une nouvelle grimace.

« Lâche-moi ! Lâche-moi maintenant ! »

Il s'était emporté et il en avait honte. Tristan n'avait jamais aimé le contact humain, peut-être parce qu'il se soldait toujours par la douleur. Seule sa mère réussissait généralement à le toucher sans qu'il ne sursaute ou autre. Mais bien évidemment, il ne l'aurait avoué pour rien au monde. Passant au-dessus de cette répulsion, il lança un regard noir à Meredith, élargissant avec plaisir le fossé entre l'avant et le maintenant. Meredith, l'un des seuls demi-dieux qu'il arrivait à apprécier et surtout à respecter. Ni l'un ni l'autre n'auraient cru se retrouver un jour dans cette situation et pourtant... Mais en cet instant, Tristan le haïssait plus que jamais.

« Lâche-moi, je te dis ! Tu ne sais rien, ils ne savent rien, alors ferme-la ! Et d'ailleurs, nous sommes au-dessus des mortels, tu devrais le savoir. »

Et au-dessous des dieux, malheureusement. Mais Tristan ne s'était jamais cru aussi puissant qu'un dieu. Il savait bien qu'il n'avait ni le droit ni le pouvoir de jouer avec la vie des gens. D'ailleurs... ça ne l'intéressait pas. Non, lui il agissait selon ses propres intérêts et ses envies du moment, point barre. Il en avait toujours été ainsi et ça ne changerait pas. C'était peut-être même le seul point commun visible entre l'ancien lui et le nouveau. Ils se regardèrent quelques instants, un regard glacial soutenant la rage la plus simple. Et là encore, qu'est-ce que c'était étrange ! Meredith en colère, chose inédite pour le fils de Borée. Finalement, il libéra le col de son sweat et s'éloigna de quelques pas. Toujours adossé contre les grilles, Tristan manqua de glisser. Il lui fallait bien l'admettre : s'il tenait encore debout, ça relevait plus de la volonté de ne pas se casser la gueule que d'autre chose. Livide, il ignora pourtant le signe de tête de son compagnon de cellule, allant même jusqu'à détourner le regard. Sauf qu'il n'était plus temps d'avoir le choix. L'attrapant par la manche et malgré la vaine - et faible - tentative du garçon des glace pour se dérober, Meredith l'expédia sur le banc.

« Pourquoi tu fais ça ? »

Juste un murmure accompagné d'une grimace. Les yeux mi-clos, Tristan sentit le fils d'Apollon déchirer le bas de son pantalon et abandonna finalement. S'il n'avait pas beaucoup réfléchi ces derniers temps, il n'était pas non plus stupide au point de refuser de l'aide. Et il fallait bien se rendre à l'évidence : il n'irait pas très loin dans l'état dans lequel il était. Le ton de la voix de Meredith lui arracha un sourire.

« Tu crois sérieusement que tu vas m'amadouer en me parlant comme si j'avais quatre ans ? »

Et s'il partit dans un petit rire, tout ça n'avait rien de drôle. Ce ton, cette phrase, il l'avait entendu des centaines de fois à l'école ou à la Colonie. Généralement, on s'adressait à lui de cette manière quand on le retrouvait à moitié conscient après une nouvelle humiliation. C'était le ton que les gens prenaient lorsqu'il leur faisait pitié... Et ça l'avait toujours horripilé. Quand à raconter... Il en aurait été bien incapable. Alors il choisit de résumer les événements.

« Il n'y a rien à dire, tu sais ? Vraiment. »

Il y avait des centaines de choses à dire. Il aurait pu raconter que rien n'était de sa faute et qu'il s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce n'était pas vraiment faux... mais ce n'était pas vrai non plus. Tristan aurait pu dire qu'il avait souhaité sauver les deux noyés... Mais il ne leur avait pas accordé une seule pensée. Le magasin de sport ? Bah, Loïs et lui avaient agi sur un coup de tête. La mamie prise en otage ? Simplement une idée de passage. Et Andréa...

« C'était Andréa, c'est tout. »

Ah ah, encore un point commun avec le type qu'il avait toujours été. Se rendant à peine compte de ses paroles, il revit la scène se dérouler tranquillement, comme une vidéo sous ses yeux. Il avait hésité, bizarrement. Même s'il connaissait déjà la fin et qu'il avait prévu son geste, il avait hésité. Sa main n'avait pas tremblé le moin du monde : trop concentré pour ça. Il s'était excusé et... quand le coup était parti, l'étonnement s'était peint sur ses traits...

« ... Juste un instant. »

Et après... Après quoi ? Loïs ne lui avait pas parlé et il n'avait pas dit un mot, s'enfermant dans le silence pour la première fois de la journée. Il avait achevé son travail, sursautant à peine au bruit des détonations. Ensuite, les larmes avaient débordé, toujours plus nombreuses mais incroyablement silencieuses. Andréa n'aurait jamais tiré, pas sur deux gamins. Oh, il avait bien failli descendre Tristan mais c'était accidentel, vraiment. Agenouillé, le sang-mêlé avait fui les sons et les couleurs.

« Je ne sais pas. » Supplique. « Arrête ça. »

Se réfugiant de nouveau sous sa capuche, Tristan referma les yeux, tentant maladroitement de se couper de la curiosité de Meredith. Le contact des doigts sur son genou le fit de nouveau bondir en l'air et cette fois-ci, il se déroba. C'était trop, c'était vraiment...

« Insupportable ! »

Manquant de s'étaler, il parvint pourtant à esquiver Meredith et à traverser l'étroite cellule jusqu'aux barreaux. Posant son front brûlant sur l'acier froid, il réprima difficilement cette même colère qui l'avait envahi dans la grotte avec les harpies, celle-la même qui l'avait poussé à explorer un peu plus loin ce Tristan inconnu. Ce Tristan qui avait aimé la violence.

« Tu sais quoi, Meredith, parlons de toi plutôt. »

Tristan esquissa un nouveau sourire, masquant maladroitement la faiblesse qui l'envahissait lentement mais surement, cette faiblesse sournoise mais bien présente.
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