Je suis née un matin d’avril, exactement le 24 avril 1991 sur l’île de Rhode, précisément à Lindos. Selon mon oncle, ma mère et moi y sommes restées près de trois ans. Lorsque j’y pense, c’est peut être à cause de mon âge que je ne me souviens plus de ma vie sur cette île … Mes souvenirs précis  ne remontent que jusqu’à un certain moment très désagréable de ma vie, mais cela ne viendra que plus tard dans mon récit. C’est donc vers quatre ans que nous nous sommes installées dans une petite ville de l’Illinois. Durant deux ans, notre vie semblait pleine de joie, de bonheur. J’avoue qu’à cet instant où je relate ma vie passée, j’ai en tête les quelques photos composant notre album de famille. C’est grâce à ces ‘moments capturés’ que je me souviens d’elle dans les moindres détails. Si vous l’aviez vu … Son visage émanait d’une gentillesse, d’une bonté … ses yeux se faisaient rassurants malgré leur bleu qui semblait vous conduir au fin fond de l’hiver. Elle avait la peau claire, oui, claire. Quelques taches de rousseur se baladaient sur son si beau visage. Ses cheveux étaient d’un blond vénitiens peu prononcé, si longs qu’ils auraient pue en rendre jaloux plus d’une. Ma chère maman était aussi d’une élégance bien plus que féline, avait un corps fin et long qui paraissait aussi fragile que de la neige à proximité d’un petit rayon de soleil. Elle était vraiment magnifique. En plus de cela, elle racontait les histoires magnifiquement bien. N’est-t-il pas vrai que toutes les mamans sont d’une grande beauté mais aussi d’une grande sagesse  pour leurs enfants comme pour leur âme sœur ? Je le pense. C’est d’ailleurs pour cela que vous l’auriez certainement trouvé banale, pas si belle que la description ne le souligne. En tout cas, mon père n’est certainement pas de cet avis là. Qu’en est-il de lui ? J’avoue ne l’avoir vu qu’une fois, d’une façon presque brève. Tout ce dont je me rappelle, c’est l’effet glacial qu’il me faisait, mais il donnait une sensation de chaleur rassurante et apaisante, choses tout à fait paradoxales. Aussi, il sentait comme un de ces matins d’hiver en pleine campagne, plutôt dans le nord où le froid est plus sec. Cette odeur est à vrai dire, comme une drogue.

  Si  je ne parle pas de ma mère au présent, si mes souvenirs au sujet de mon père sont aussi flous, c’est que je ne l’ai vu qu’une fois, précisément à l’enterrement de ma mère.
J’avais 6 ans lorsque qu’elle est partie. Je me souviens encore de l’annonce de sa mort. J’étais chez mon oncle pour la matinée. Ma mère était partie au centre ville, pour faire des courses. Elle devait nous préparer l’un de ses petits plats comme elle savait parfaitement le faire. Au lieu de revenir avec les ingrédients, c’est la police qui est venue nous annoncer sa mort. Un vol avait mal tourné, son assassin n’avait pas été retrouvé. Il ne l’est toujours pas.
 Mon oncle, à partir de ce moment là, est devenu mon tuteur, mais aussi mon mentor. Souvenez-vous, précédemment, j’ai dit que ma mère racontait merveilleusement les histoires. Celles qu’elle me racontait chaque soir avant de dormir, étaient des mythes, des mythes grecs. Mon oncle a contribué à entretenir ces mythes. Voyez-vous, les histoires que l’on raconte aux enfants, elles les plongent dans une sorte de rêve, de monde parallèle. Ils y croient, les enfants. Ils croient à chaque histoire que les parents leur racontent. Sauf qu’ici, les histoires étaient des récits sur la mythologie grecque et ce n’était plus ma mère qui me les contaient, mais mon oncle. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai réellement commencé à y croire.
Pourtant, comme toute enfant, j’ai grandi. Ma vision des choses a changé. J’ai commencé à ne plus croire à ces ‘choses’. Mon oncle m’a vite prouvé le contraire. J’ai aussi, vite prouvé le contraire. Lorsqu’il a essayé de me montrer la réalité, une dispute a éclaté. Oh, pas une grosse, juste moi qui le soutenait que je n’étais plus une enfant et qu’il n’avait plus besoin de me raconter ces histoires à dormir debout, qu’il n’avait pas besoin d’essayer de me convaincre. Ces histoires étaient totalement stupides. Si stupides qu’elles m’ont fait congeler la table de salon de notre petite maison. C’est à partir de ce moment que j’ai tout su. Je suis une descendante d’Apollon, le dieu grec des arts, du soleil aussi, même si techniquement, c'est Hélios. Apparemment, mon père est Borée, vent du nord, dieu de l’hiver. Notre famille vivait dans la connaissance  grecque depuis pas mal de temps.
  Les années suivantes, mon oncle m’enseigna pas mal de truc sur la défense, le combat. Puis, on m’a envoyé dans un endroit appelé « la colonie des Sang-mêlé ». Tous les adolescents qui y résidaient étaient des demi-dieux. Oh, il y avait des satyres, des nymphes … tout était comme dans les histoires de mon oncle, de ma mère. Là bas, j’ai amélioré mon ‘éducation’. J’y ai rencontré deux personnes. Ils étaient mes amis. Monica, fille de Déméter et Peter, fils de Nyx. Mais, avec le fils de la Nuit, c’est devenu bien plus que de l’amitié. Ce genre de chose fait faire beaucoup de chose d’ailleurs. L’amour est aveugle, comme on dit. Ainsi, j’ai rejoint l’armée de Chronos. J’ai aussi combattu dans la seconde Titanomachie. J’y suis morte, aussi. Du moins, c’est ce que tout le monde pense. Je ne veux pas prouver le contraire. Je veux juste passer inaperçu.