Quand il est né, Meredith n'avait déjà que sa mère. Tout naturellement il lui arrivait souvent de poser des questions sur son paternel, mais ce qu'il obtenait à chaque fois c'était une réponse du style « Oh mon petit Mer, c'était un véritable canon ! Et là dessus tu tiens beaucoup de lui ». Mouai, il ne pouvait pas faire grand chose de cela pour se faire une image claire de cette figure absente. Quand il insistait il n'obtenait pas grand chose de plus, si ce n'est qu'il n'était pas partit sur un caprice mais parce que c'était inévitable et qu'elle le savait très bien et était cool avec ça. Autant dire que ce genre de réponses torturaient pas mal son esprit d'enfant de moins de dix ans, commençant même à se demander si il avait ne serait-ce qu'été désiré. Mais il chassa bien vite toutes ces questions de son esprit, ça ne servait à rien de faire des hypothèses sachant pertinemment qu'il n'aurait pas de réponse, pas de sitôt du moins. Et puis sa mère et l'armée que constituait sa famille tant ils étaient nombreux l'aimaient, du moins c'est ce que lui pouvait dire. Car sa famille, oui, sujet assez particulier dans le sens où elle est très difficile à cerner. Chaque membre de cette dernière semble agir comme un électron libre, vivant sa vie sans se soucier des autres, souvent distant et pouvant même disparaître plusieurs mois voir plusieurs années. Mais à côté de ça il y a cette sorte de lien, presque invisible mais pourtant très fort, car même si il arrive que certains ne se parlent jamais ou presque, si un d'entre eux à un problème alors ils vont tous se serrer les coudes pour l'aider. Sa mère ne faisait pas exception à la règle, ce qui était d'autant plus perturbant pour le jeune garçon qui ne savait pas comment interpréter la chose. L'aimait-elle ou n'en avait-elle rien à faire ? En grandissant cependant, il fini par comprendre, devenant lui même ainsi. Après tout, c'était comme ça que la famille Pond fonctionnait.

C'est au début de l'année de ses onze ans que sa vie allait prendre une toute autre tournure et qu'il allait véritablement comprendre qui il était. Ayant fini les cours, ou ayant décidé que les cours était fini pour aujourd'hui du moins, Meredith se baladait dans les rues encore enneigées de Montréal avec un ami à lui. L'ambiance était légère, c'était bataille de boules de neige, course poursuite, rire en tout genre. Fatigués et surtout affamés par tous les effort fournis, ils entrèrent dans une petite boulangerie histoire de s'acheter quelques pâtisseries. Les gérants était très agréables, un homme et une femme d'environ la trentaine, sans doute de la même famille vu leur ressemblance. Pendant que les deux garçon étaient en train de baver sur les vitrines, la clochette de la porte d'entrée se mit à sonner. Meredith pouvait entendre deux femmes parler, bien qu'il ne leur prêta pas attention, trop absorbé par son envie dévorante d'un éclaire au chocolat. Cependant, ce qu'il ne put s'empêcher de remarquer, c'était l'expression des deux gérants, devenant d'un coup durs et crispés. Il se retourna pour essayer de comprendre, et là, il poussa un cri étranglé, se plaquant contre la vitre du comptoir, prenant d'ailleurs par surprise les boulangers qui ne semblaient pas s'attendre à ce genre de réaction. Il tapota le bras de son ami qui jeta un rapide coup d'oeil avant de se reconcentrer sur les gâteaux « Ouai elles sont moches et alors ? » ça on pouvait dire qu'il avait toujours manqué de tact, cependant il n'avait pas tort mais il ne semblait pas avoir vu la même chose que lui. Ce qui claquait sur le sol n'était pas leurs talons mais les griffes de leurs pattes de poulet, leur cheveux n'en étaient pas mais des serpents à la place se tortillaient dans tous les sens, chacune en ayant de couleur différente, mais surtout que dire de leurs défenses de sanglier qui leur sortaient de la bouche tel des orks ou encore leurs griffes d'un bronze étincelant au bout de leurs doigts et leurs ailes dans le dos qui, pour le coup, étaient ridiculement petite.

« Je t'avais bien dit que j'avais sentit un enfant grec ! »
« Et les deux grands, tu les as sentit eux Stheno ? » Rétorqua l'autre énervée.
« Les deux … ? Ah ! »

Poussant un cri de terreur, elles tentèrent de s'abriter derrière un rayonnage (Oui, il y a des rayonnages dans cette boulangerie, elle sert de supérette de fortune en même temps avec plein de sandwich qui sont pas mal du tout ! Mais là n'est pas la question.), une flèche traversant la pièce et allant briser le verre de la porte. Son ami devait s'être rendu compte que quelque chose n'allait pas cette fois, s'étant mis en boule, les mains sur la tête suite au brouhaha que l'attaque avait provoqué, et ne tarda pas à sauter sur la première occasion qu'il eut pour prendre les jambes à son cou et quitter la boulangerie. Meredith voulu faire de même mais une des créatures, dont il devinait que c'était une gorgone, la non Stheno, se mit sur son chemin pour lui barrer la route, l'obligeant à se replier vers le comptoir. Cependant elle ne put pas garder sa position longtemps, une autre flèche fusant et l'éraflant cette fois, retournant alors à l'abri. Il se décida enfin à chercher d'où venaient les tir, se rendant alors compte qu'il s'agissait de la jeune femme qui tenait le commerce, armée d'un arc de bronze lui aussi, prête à décocher une autre flèche. Son frère par contre était aux abonné absent, avait-il fuit lui aussi ?
Stheno sortit de sa cachette quelques instants, chose que la jeune femme ne manqua pas, décochant immédiatement une nouvelle flèche qui, au vu du cri poussé avant qu'elle ne se cache de nouveau, avait au moins dû se planter dans son bras. Au même instant cependant, l'autre rayonnage se renversa, non Stheno chargeant comme une furie et la gérante n'ayant pas eu le temps de préparer une nouvelle flèche. Mais alors que la gorgone se jeta d'un bond vers elle, elle fut arrêtée net en plein vol. Une silhouette finit par se dessiner, apparaissant peu à peu pour devenir bien plus clair, c'était le frère, un fusil à pompe à la main, de bronze lui aussi, une baïonnette plantée dans le ventre de la créature. Il aurait pu juré l'avoir entendu dire « Game over » avant d'appuyer sur la gâchette, une intense détonation se faisant entendre et non Stheno, que Stheno appela en hurlant « Euryale ! », se désagrégea en une fumée jaune tel du sable soufflé par le vent. Stheno se jeta sur le garçon mais sa sœur, d'un bond la faisant passer par dessus le comptoir, la pourfendit à l'aide d'une lame qu'elle sortait d'on ne sait où, disparaissant alors comme la première. Ils observèrent leur petite boutique, semblant évaluer les dégâts et combien ça allait coûter encore, n'ayant pas l'air plus surpris que ça de ce genre d'attaque. Finalement ils se tournèrent en même temps vers Meredith, toujours au sol, essayant de passer à travers le comptoir tant il reculait contre celui ci.

« Dis moi petit, tu les as vu, n'est-ce pas ? Je veux dire, vraiment vu. » Commença la jeune femme. Meredith hésitait, son cœur était sur le point de lui sortir de la poitrine tant il battait fort. Finalement, fermant la bouche, il acquiesça d'un simple mouvement de tête. Ils semblaient en pleine réflexion. L'homme enchaîna alors. « La colonie des sang-mêlées, ça te dit quelque chose ? » Meredith fit non de la tête. Mais sans leur laisser le temps de demander plus, il finit par perdre conscience, les émotions ayant été trop fortes pour lui.

En se réveillant il était dans son lit. Avait-il rêvé ? Franchement il en doutait, ça lui avait paru bien trop réel à son goût pour être un rêve. Sa mère se tenait à son chevet, un grand sourire aux lèvres « Ah, tu es enfin réveillé ! » commença-t-elle « Ces charmants commerçants t'ont ramenés à la maison et m'ont tout expliqués. Vraiment tout. Je crois qu'il est temps que je t'emmène quelque part, tu devrais aimer. ». Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Meredith la regardait avec de grands yeux. Elle avait bien insistée sur le fait qu'elle savait TOUT, allait-elle l'emmener dans un asile ou savait-elle quelque chose qu'il ignorait ? Dans tous les cas, son grand sourire devenait peu rassurant d'un coup.
Dans la voiture depuis des heures, Meredith n'osa pas poser la moindre question, à vrai dire il avait peur de la réponse. Ce qui était terrifiant aussi, c'était de voir le chemin qu'ils faisaient, ils étaient en train d'entrer aux États-Unis. Quand enfin ils arrivèrent à New York, ce qui n'était pas plus mal car il en avait un peu marre des hôtels d'autoroute, sa mère lui fit savoir qu'ils étaient presque arrivés. Oh oui c'est bien, mais où ? Il avait fini par dépasser sa peur, mais à chaque fois qu'il demandait il n'obtenait qu'un « Chuuuut ! Tu verras ! ». Finalement, perdu dans la cambrousse, elle s'arrêta au pied d'une colline sur lequel se trouvait un Pin gigantesque.

« Bien, je pense que pendant le trajet tu as pu retourner ce qui t'es arrivé suffisamment de fois dans ta tête pour savoir que tu t'es bien fait attaquer par des gorgones, n'est-ce pas ? » Meredith acquiesça timidement, ne sachant pas si il aurait dû mentir ou non. « Alors tu dois être capable de croire à de nouvelles choses maintenant, tel que l'existence des monstres mais aussi des dieux, notamment les grecs ? » Il la regardait d'un œil perplexe, ne savant pas vraiment où elle voulait en venir. « Bien, maintenant parlons de ton père ! Tu ne vois pas le rapport, n'est-ce pas ? Dans la mythologie, toi qui aime beaucoup ça je le sais, qu'elle était la chose qu'ils aimaient particulièrement faire avec les mortels ? C'est bon, ça commence à monter ? Et maintenant, dans ce panthéon, qui était un véritable canon ? » Il se mit à réfléchir une seconde, écarquillant finalement les yeux, n'en revenant pas de ce qu'il venait d'envisager. « Haha, je vois que tu as compris ! Et oui, ton père était Apollon, bon sang ce qu'il était beau ! Quoi qu'il en soit, cela fait de toi un demi-dieu et, en tant que tel, les monstres sont attiré par ton odeur et veulent … ta mort, je ne vois pas trop comment adoucir ça. Quand tu es jeune ça passe encore, tu passes inaperçu, mais avec l'attaque que tu as subit c'est la preuve que ce temps est terminé, c'est pourquoi je t'ai amené ici. De l'autre côté de cette colline se trouve la colonie des sang-mêlées, ils te protégeront et t’entraîneront à survivre en cas d'autres rencontres. Je les ai contacté avant de partir, il doivent t'attendre, je ne peux pas t'accompagner, les mortels ne peuvent pénétrer. » Meredith était complètement perdu, et quand il comprit qu'on allait le laisser là, tout simplement, il commença à trembler, prêt à fondre en larme. « Oh, allons mon garçon, je ne t'abandonne pas, on se reverra souvent, c'est qu'une colonie comme son nom l'indique. Soit fort mon garçon, je t'aime. » C'était rare qu'elle le lui dise directement, au point qu'il en oublia de pleurer, trop surpris. Prit d'un élan de courage, il descendit de la voiture, jetant un dernier regard à sa mère souriante, et commença l’ascension de la colline.

La colonie c'était .. étrange ? Au début du moins, il parvint rapidement à s'intégrer, dans la vie de la colonie en tout cas, car avec les autres pensionnaire c'était … spécial. En effet, étant donné la nature social de sa famille les gens ont toujours eu du mal à le cerner, comme si il vivait dans un monde dont il était le seul à comprendre les règles et avec lesquels il s'amusait pour être encore plus incompréhensible aux yeux des autres. Même les Apollons ont toujours eu du mal avec lui, bien qu'ils étaient les plus à même de le comprendre et surtout de le gérer. Par conséquent il avait du mal à garder des relations sur le long terme, mais ça lui importait peu, tant qu'on le laissait dans son petit monde il était content. Autrement ce fut assez tranquille, des quêtes de temps à autre, des entraînements bien sympa, surtout ceux au combat, les Capture l’Étendard, autant dire qu'il y a passé beaucoup de bon temps ! Sans compter que c'est en étant là bas qu'il a pu rencontrer, enfin, son père, qui lui fit un magnifique cadeau, l'arme qu'il utilise aujourd'hui.
Cependant, plus il grandissait, moins il était à sa place. Les pensionnaires partaient à mesure que de nouveaux arrivaient, il se retrouva bientôt parmi les aînés de la colonie et, vous pouvez me croire, ils étaient pas nombreux. Il avait envie d'autre chose, quelque chose de plus palpitant que de retourner à la vie de tous les jours et ne pas devenir qu'un conseiller ou un prof pour des mioches. Alors quand il vit Fenrir, un des fils de Nyx, préparer ses affaires pour partir vivre la grande aventure, il sauta sur l'occasion pour le suivre ! … Sans vraiment lui demander son avis à vrai dire, mais franchement, pourquoi ne voudrait-il pas ? Ce fut d'ailleurs vitre prouvé quand, après lui avoir sauvé la mise, il le laissa le suivre sans rechigner. Depuis ils parcourent les routes, vivant au jour le jour et ayant laissés derrière eux la colonie et la civilisation d'ailleurs.