«Mets-toi immédiatement à l'abri (Kevin.)» c'est ce que je lus sur mon téléphone, il me fallut trois secondes pour le comprendre et cinq pour me demander pourquoi il m'envoyait ça. Ce mec, je ne le connaissais même pas, il était dans ma classe et c'est tout. Quelquefois, je le voyais m'observer du fond de la classe et notre relation s'arrêtait là : à des regards. Et voilà que ce dénommé Kevin m'envoyait un message me disant de me mettre à l'abri. Et comment il avait eu mon numéro ? Je pris donc mon portable pour lui poser la question « comment tu as eu mon num ? ». La réponse fut immédiate « on s'en fout mets toi juste à l'abri, tu cours un graver danger » Ok ça me fait flipper, il ne pouvait que dire vrai, je ne vois pas pourquoi il me mentirait. Je sortis de ma chambre en courant dévalant les escaliers à une vitesse folle pour arriver dans le salon où le feu de cheminée réchauffait ma mère qui était assise en tailleur dans l'imposant fauteuil qui trônait au centre de la pièce « Maman, il faut qu'on parte », je la vis relever la tête de son livre si rapidement que ces boucles brunes ont volées dans tous les sens, gâchant les deux heures de coiffure qu'elle avait subie pour son rendez-vous amoureux avec mon père « Et pourquoi donc jeune fille ? À ce que je sache mon homme n'est toujours pas arrivé » « votre truc devra attendre, nous courons des problèmes regarde » je lui tendis mon téléphone pour que comme moi elle voit à quel point nous courions un péril si nous ne partions pas tout de suite, la vue des trois messages précédents déclencha un fou rire chez la femme qui se trouvait devant moi « tu crois sérieusement ce type ? »  Sa question me prit au dépourvu, provoquant le haussement de mes sourcils, on la prévenait d'un danger imminent et elle n'y prêtait même pas attention, je ne la comprenais pas « ne fait pas cette tête, tu ne comprends pas que ce garçon te fait juste une énorme blague ! Pourquoi est-ce qu'on serait en danger ? On ne fait pas partie de la Mafia ou de je ne sais quoi d'autre » C'est vrai que vu sous cet angle, elle n'avait pas tort, mais pourquoi un mec que je ne reconnaitrais même pas dans la rue me ferait un truc pareil ? Il veut peut-être sortir avec moi à moins qu'il se foute tout simplement de ma gueule. Une mine perplexe se dessina sur mon visage « tu as peut-être raison » dis-je en sentant le rouge me monter aux joues, j'avais honte d'avoir cru à sa « aller viens là » dit-elle en me prenant dans ses bras « et n'écoutes plus ce Kevin » Carolle était la meilleure mère au monde et ses bras étaient le meilleur endroit du monde , ils éliminaient les problèmes tous en nous donnant amour, force et énergie . Je restai là quelques minutes puis me dégagea pour la laisser se refaire une beauté tandis que j'appelais la pizzeria du coin tout en plaçant Kevin dans ma boîte spam sans oublier de lui envoyer un « c'est mal de ce foutre de la gueule des autres, alors va te faire foutre » c'était clair net et précis. Je fus surprise d'entendre la sonnette retentir aussi vite dans la maison, ils avaient fait vite ça faisait à peine trois minutes que je les avais contactées. En ouvrant la porte principale j'eus la surprise de voir une jeune femme qui tenait une boîte de pizza, la première chose qui me frappa c'était qu'elle avait customisé l'uniforme : le pantalon était devenu une minijupe à ras l'oignon et la chemise s'était transformée en simple débardeur avec un décolleté plongeant et la casquette était passée à l'oubliette me permettant de voir de magnifiques cheveux blonds rassemblés en un seul chignon. La femme avait une poitrine qui faisait au moins le triple de la mienne et des yeux bleus d'une telle intensité qu'il était impossible de soutenir son regard. Cette fille venait de me réduire à une pauvre chaussette qu'on laisserait sur le rebord de son radiateur. « Tu vas la prendre cette pizza sœurette ? Où tu vas rester la bouche ouverte encore longtemps ? » Dit-elle d'un ton dédaigneux. Je fermai la bouche que j'avais soi-disant ouverte et pris la pizza de sa main « Vous m'avez appelé sœurette ? » je ne savais pas pourquoi j'avais posé cette question ça devait sûrement être un surnom qu'elle employait pour toutes les femmes qu'elle croisait. « Bah oui Hécate débile » dit-elle en faisant rouler ses yeux dans ces orbites « et c'est pourquoi je suis là, je n'ai pas envie qu'une pauvre demi-déesse devienne sa chouchoute, pétasse ! » je n'ai pas eu le temps de comprendre la moitié de ce qu'elle disait qu'elle me balançait son poing dans la figure me faisant valser à l'intérieur, quand j'atterris enfin sur le plancher, la trainée était déjà près de moi et enfonçait ces canines dans ma chaire, la douleur fut insupportable je ne pus me retenir et lâchai un cri de douleur alertant ainsi ma mère qui fit irruption armée de son fer à lisser « Qu'est-ce qui se pa ? ... Ah !, mais lâche ma fille sale garce » c'est ce qu'elle dit tout en assénant un coup de fer sur le crâne de cette fille qui me suçait le sang, on aurait dit qu'elle n'avait subi aucun dommage, sa seule réaction fut d'envoyer un coup de pied qui résonna comme une boîte de conserve vide sur la tête de ma mère, je vis une gerbe de sang aspergée les murs blancs de la pièce tandis que ma mère retombait quelque part dans le salon. «Sale petite mortelle, je m'occuperais de ton cas plus tard » elle continua ensuite à me sucer le sang alors que je rejoignais les ténèbres noires.
Mon buste se leva alors que ma bouche s'ouvrait propageant ainsi mon cri à travers mon bungalow, j'eus le réflexe de l'étouffer en mettant ma main droite devant ma bouche transformant ce cri en simple plainte silencieuse. Cauchemar. Ce n'était qu'un simple cauchemar ou du moins une espèce de flashback qui me permettait de me rappeler le jour où j'avais découvert être une demi-déesse. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait ce mauvais rêve, mais à ce que je vois le souvenir douloureux de l'attaque ne voulait pas disparaître, il faut que j'en parle à Judi, il pourrait surement faire quelque chose. Judi, dommage qu'il ne soit pas à mes côtés, j'aurais aimé sentir ses bras autour de moi pour qu'ils éloignent problèmes et cauchemars, qu'il me chuchote des mots réconfortants, qu'il plonge son regard ambré dans le mien tandis qu'on échangeait un long baiser.
Un grand sourire apparut sur mon visage, le simple fait de pensée à Judi éloignait mes tourments, je fis disparaître les larmes qui avaient coulées sur mon visage et alluma ma lampe de chevet tout en fermant les yeux pour me protéger de cette future lumière. Quand j'ouvris mes paupières, le bungalow était baigné d'une douce lumière dorée, ce qui me rendais complètement stupide ; heureusement que Jessie n'est pas là : il se serait surement foutu de ma gueule. Je passai une robe de nuit sombre sur mes sous-vêtements et pris un petit cardigan en laine qui traînait sur la chaise face à mon bureau où s'entassaient fioles, bouquins et ingrédients en tous genres. Il va falloir que je range tous ça, mais plus tard, en ce moment tout ce que je voulais c'était sortir pour me libérer la tête.
Quand je passai le pas de la porte, je pus sentir une petite brise d'été qui me fit frissonner, cette petite balade promettait d'être agréable. Du moins, c'est ce que je croyais. Alors que je marchais dans l'herbe mouillée par la rosée, j'aperçus Meredith qui se dirigeait droit vers moi, angoisse, c'était le seul et l'unique Meredith, celui qui me faisait peur à en mourir, celui qui était sorti avec Judicaël avant moi, celui qui voulait surement ma mort. Je plongeai dans l'herbe et collai ma tête contre le sol trempant ainsi vêtements et cheveux, c'était un sacrifice que j'acceptais complètement mieux ne valait pas qu'il me voie où je ne ferais pas long feu. Je pus le voir passer à quelques mètres de moi trimballant sa faux meurtrière sur le dos, les rayons argentés de la lune firent luire la sueur qui coulait de son front pour rejoindre son cou. Meredith devait revenir du champ d'entrainement et rentrait maintenant à son bungalow. Quand il disparut de mon champ de vision et que j'étais sûr qu'il ne m'entendrait pas, je poursuivis ma balade en m'élançant dans la forêt. Mieux valait mettre plus de distances entre nous deux. Notre relation n'avait pas changée depuis le temps, je ne l'avais jamais vraiment aimé par pure jalousie, il sortait avec mon Judi et j'ai toujours eu du problème avec ça mais c'était le choix de Judi donc je le respectais de plus, ils étaient mignons ensemble sauf que maintenant ils ont rompu et  Judi m'a demandé de sortir avec lui alors qu'il allait aux toilettes. Les rôles ont changés le sentiment de jalousie s'est inversé ce n'était plus moi la personne qui regardait le mec de ces rêves de loin, celle qui était de trop et qui devait partir dès que Monsieur et Monsieur voulaient se retrouver seuls. Judi était dorénavant le mien et personne ne me l'enlèvera où je lui ferai payer le prix en le faisant souffrir et réduisant son cœur en miettes. Voilà tout ce que je pensais en atteignant la partie la plus surélevée de la forêt là où je pourrais observer les étoiles et la lune s'estomper peu à peu.