Huit perles sur mon collier, bientôt neuf. Huit ans passés dans la colonie. Huit ans c'est long, mais je n'ai pas l'impression d'avoir vu le temps passé. Avant ces huit années il s'est passé dix ans. Dix ans qui semblent tellement lointain. Dix ans dont je ne me souviens plus vraiment, mais laisser moi vous conter les quelques souvenirs que j'ai de ce passé.

Je suis un née un premier septembre, ceci est une certitude. Puisque c'est marqué sur mon acte de naissance. Toutefois s'il y a une date, une mère, il n'y a pas de père. Officiellement je suis née de père inconnue. Quelle joie. Je n'ai pas vraiment le souvenir d'être à la maison, très rapidement je me suis retrouvée dans des écoles privées huppées où l'argent fait fermer les yeux. Dés la maternelle on m’apprenait à faire partie de l'élite, mais j'étais différente. Rapidement avec ma sœur, on nous accabla de nombreux troubles, dyslexie, hyperactivité et d'autres soucis. Nous étions des filles à problèmes, mais le chèques payés chaque mois était notre sésame pour rester. Au début de mon enfance je n'ai pas trop eut à souffrir du rejet des autres. Mais quand les autres enfants se sont mis à grandir, ont été capable d'être calme en classe ou tout simplement n'étaient pas attaqués par des monstres et bien... nous étions des filles étranges, bizarres, anormales. Sans mon don du mensonge, je crois qu'il y aurait eut plus de soucis, comme cette dame de la cantine qui s'est révélée être une harpie et qui a voulu nous mettre dans le ragoût. Fuir, courir et lui balancer à la tête tout ce qui nous tombait sous la main. Nous avons évité le conseil de discipline simplement parce que j'ai honteusement mentit et ils nous ont cru. A l'époque je n'avais pas plus conscience que cela de mon pouvoir. Il me venait tout naturellement.

Et puis un jour il y eut quelqu'un, c'est étrange, je me souviens pas de qui c'était. Probablement un dieu. Chacune a reçu un présent différent, le mien fut un porte clé en forme de bouteille de vin. Au début j'étais un peu déçue. Qu'est-ce que je pourrais faire avec un porte clé ? Curieuse de tout, je ne cessais de jouer avec lui. Ce fut en appuyant par hasard sur le bouchon qu'il devint une épée. Imaginait un peu, une gamine qui se retrouve munie d'une épée en plein cours de mathématique. Je ne me souviens plus exactement ce qu'ils ont cru, je crois qu'ils pensaient que je menaçais mon enseignant avec une arme à feu. Tout ça parce qu'il s'énervait contre moi, car j'étais incapable de répondre à sa question. Les maths ça n'a jamais été mon truc, que voulez-vous. Ce jour là, ce qui était un doute fut une certitude. Nous n'étions pas comme les autres. Nous sommes parties. Nos sacs sur le dos, remplis de vêtements, d'argents liquides qu'on a volé dans le porte monnaie de mère la nourriture. Par goût de l'aventure, parce qu'on voyait bien qu'on n'était pas comme les autres et on devait trouver notre route.

Nous n'étions que des enfants. Rapidement on se retrouva à cours de vivre et d'argent. On n'avait plus rien. Notre capacité à s'enfuir, se cacher, nous a aidé à survivre. J'usais de mes mensonges pour pénétrer chez les gens et obtenir d'eux nourriture et vêtements. Je touchais leur pathos pour qu'ils nous donnent ce dont nous avons besoins. Mes mensonges qui étaient nécessairement cru nous ont aidé plus d'une fois. Nous errions sans vraiment de but jusqu'à ce qu'on fasse la rencontre de Tristan. Lui connaissait sa la route, il savait où nous devions aller. Au début j'étais méfiante, mais bon à force d'être poursuivie par des monstres, je me suis dis que tout est bon à prendre. Je l'ai donc suivit. Il s'est révélé tout à fait charmant, à vrai dire plus que sympathique. Nous étions toujours deux à mes yeux, maintenant nous sommes trois. Pendant plusieurs mois nous avons continué notre périple avant d'arriver enfin au camps. Enfin ! Je vous dis pas quel a été leur étonnement de voir trois gamins débarqués comme ça sans satyre.

Après nous avoir présenté le camps, on nous refila aux hermès. C'était amusant de vivre avec eux. Je suis bien plus douée qu'eux en mensonge, bien qu'ils préféreraient s'étouffer que de l'avouer.  Passer d'une grande chambre à un coin minuscule, sale et puant qui peut être pris à tout moment ce n'est pas le grande luxe, mais je découvrais enfin qui j'étais et cela me suffisait amplement pour le moment. Je ne m'attendais pas être reconnue par mon père. Pourtant je n'ai pas eut à attendre bien longtemps avant d'être reconnu par mon père. Cela se fit le même soir que ma sœur, mais oops, il se révéla que nous n'avions pas le même père. Merci maman ! Ce soir-là j'étais troublée, je ne savais pas si je devais être heureuse d'être reconnue par ce dernier ou bien en colère d'être séparée ainsi de ma sœur jumelle qui n'était plus que ma demi-sœur. Après tout nous n'avions que notre mère en commun.

Je me retrouva donc parmi les Dionysos. Ils étaient deux, des frères. Ces gredins n'ont pas jugés bon de dire que Monsieur D était notre père ! Pour moi c'était juste... Monsieur D. Je mis plusieurs mois à faire le rapprochement, à vrai dire c'est pour mon anniversaire que je le fis, quand il prit la peine de venir me voir et me le souhaiter. Il alla jusqu'à m'offrir des petits couteaux en guise de cadeau. Certains pères offrent un petit chiot ou une poupée, moi j'ai eut des couteaux. C'est ce jour là que j'ai fait le rapprochement. Au début je voulais le voir régulièrement, je voulais qu'il se comporte comme un père. Ma mère qui n'avait jamais été une vraie mère ne m'avait pas donné l'amour que je désirais. Je compris très rapidement qu'il ne pouvait pas agir ainsi. Il était un dieu et je devais l'accepter. Sa présence dans la colonie ne pouvait rien changer malheureusement. Castor et Pollux devinrent un peu de ma famille. Ce ne fut pas pour autant que j'oubliais Camille. A mes yeux elle était toujours la seule qui comptait vraiment et on n'hésite pas à faire les quatre cents coups. Exceptés quand il s'agit de défendre l'honneur de notre bungallow. Dans ce cas pas de quartier, qu'elle soit ma sœur ou non !

Dans mon esprit, ma vie était simple, ma vie était sans question. Il y avait les missions, il y avait l'attrape drapeau, les cours et toutes ces choses et rien d'autres.  Je découvris d'autres pouvoirs à la grande joie de mes camarades qui se riait bien de moi. Monsieur D ne peut pas boire de vin ? Et bien pour ma part tout liquide que je touchais devenais du vin. Pendant des mois j'étais réduite à demander qu'on me serve et me tende une paille pour que je puisse boire autre chose et ne pas finir saoule. J'eus le droit au doux surnom d'alcoolique. Après quelques nez cassés et quelques mensonges rependus, le surnom disparu du moins devant moi. Je sais que dans mon dos il y en a toujours un ou deux qui a dans l'idée de m'appeler ainsi. Enfin, boire que du vin c'est rien à côté de se transformer en sanglier. Je vous dis pas l'horreur, les Arès qui me poursuivaient pour me faire cuire à la broche quand ils m'ont découverte dans le bungalow lors de l'inspection. Castor et Pollux m'ont sauvée la vie de justesse. Depuis ce jour je ne me suis plus jamais transformée en sanglier, j'ai rapidement décidé de prendre la forme de l'écureuil volant. Le petit rongeur est suffisamment petit pour se glisser partout et les vols planés me permettent d'éviter aisément ceux qui m'attaquent. Je n'aime guère me transformer dans d'autres créatures, même si je sais très bien qu'il faut que je m'habitue. C'était la belle vie n'empêche.

Et puis il y eut la seconde titanomachie. Cette fois-ci ce ne fut pas contre des monstres que je dû me battre, mais contre d'autres demis-dieux. J'ai faillit faire partie du camps de Chronos, j'étais tentée, mais j'ai résisté et j'ai participé au combat. J'ai défendu mon camps. Castor est mort durant cette titanomachie durant la bataille du labyrinthe. Ce n'était pas mon frère, on n'avait que notre père en commun, mais c'était comme si j'avais perdu Camille. Je me suis rapprochée de Castor. Désormais on était plus que tous les deux. Pendant le combat je manqua de perdre la vie de peu, bien que brûlée, j'étais bien décidée à reprendre le combat. Castor qui s'occupait des blessés m'a interdit d'y aller, je n'ai pas eut le cœur d'utiliser mes mensonges sur lui. Il avait perdu son frère. Je me suis donc mise à mon tour à aider les blesser, refusant de me reposer comme on me le demandait. Ils étaient trop à avoir besoin d'aide pour que je les ignore et ne fasse pas ma part du travail.

Ce ne fut qu'une fois le combat finit que je pris la peine de me reposer. Cette année il n'y eut pas vraiment de cours, tous étaient bien trop occupés à construire les nouveaux bungalows. Ma vie reprit tranquillement, presque comme avant, si ce n'est cette affreuse cicatrice qui était désormais sur mon dos. Je la déteste, je refuse de me regarder dans la glace. La vie reprenait son cours normal. A mes yeux plus rien ne pouvait arriver. Les titans étaient de nouveaux enfermés, chacun était à sa place, que vouloir de plus ? Et bien non, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Il existe d'autres personnes, des personnes comme nous, mais que l'on ne connaît pas, les romains.

C'est amusant comment on vit tous avec des œillères. J'avais je n'avais cru que les dieux étaient doubles. Grecques et Romain en même temps. Lors du grand feu de camps, je découvris avec plaisir ces nouveaux venus. Ils n’étaient pas si différents de nous. Ce fut lors de cette soirée que je fis la rencontre de Galiléo. Un romain tout à fait charmant, qui essayait de me saouler et me taquiner. Mine de rien on garda contacte. J'aimais chacune de ses lettres, je les garde précieusement aujourd'hui encore. Je comptais bien le revoir, mais pas dans une idée de vengeance. Camille avait le cœur brisé et pour elle je loua les services d'Attia. On embarqua directement Nouvelle-Rome dans l'idée de la venger de ce malotrus. Moi je cherchais surtout à revoir Galiléo, il m'avait enfin avoué ses sentiments et je voulais faire ce que toute fille avec son petit ami. Je voulais lui sauter dans les bras, je pensais qu'à cela. Arrivée armée en plein milieux de la Nouvelle Rome ne fut pas la meilleure idée qui soit. Bien qu'on pénétra assez loin grâce à nos talents cachés je n'ai pas trouvé Galiléo. Pire, on a faillit provoquer une guerre ! J'usa de mon talent de mensonge pour calmer le jeu et essayer d'atténuer l'idée de vengeance. Transformer cela en juste une mauvaise blague de notre part. N'empêche qu'on a eut des soucis, interdictions d'aller à Nouvelle Rome et de s'en approcher dans un rayon d'un kilomètres !

Je vous dis pas la galère pour voir Galiléo. Entre lui qui peut difficilement quitter son camps et moi qui ne peut pas vraiment m'en approcher. Je suis sûre que je pourrais en être capable. Il suffirait que je me transforme, j'en suis sûre, pour le voir dans un coin. Il ne veut pas, il dit qu'on ne me le pardonnerait pas. Que ça serait bien trop dangereux pour moi. Je ne suis pas le genre de fille très patiente, il le sait très bien. Il m'invite à la patience dans mes lettres, mais... Je ne sais encore combien de temps je tiendrai.