Je n'en pouvais plus … ma tête allait exploser sous tant de stress. Je n'avais jamais été capable de gérer … la vie … alors ça, tout ce qui était en train de se passer en ce moment, c'était bien trop difficile à supporter. Depuis la seconde attaque à la colonie je ne pouvais plus fermer l'oeil, le sommeil ne venait plus si ce n'est pour être envahit de cauchemar, je me trompais moi même avec mes propres illusions, mes crises devenaient de plus en plus fréquentes … je perdais littéralement pieds, j'étais en train de me décomposer, de m'effondrer comme un château de cartes et le vent soufflait de plus en plus fort. J'étais presque devenu un danger même pour mes camarades, devenant un élément trop voyant lors de quêtes ou alors manquant de m'en prendre à mes semblables en affrontant des ennemies invisibles. Et je ne pouvais compter sur personne … je n'avais plus personne en qui j'avais confiance ou que je savais à même de me protéger … alors j'avais fait la seule chose que je faisais quand tout allait mal, j'étais rentré chez mon père. Retourner en ville, parmi les mortels avait été une véritable épreuve … mais j'avais besoin d'être chez moi à nouveau, avec celui qui, je le savais, ne me trahirait jamais, même pour tout l'or du monde lui qui avait même manqué de donner sa vie pour me protéger de ce qu'il ne comprenait pourtant pas …

C'est ainsi que j'étais resté quelques jours ainsi à la maison, d'abord cloîtré dans ma chambre puis reprenant petit à petit l'ancienne routine que j'avais ici. Tout chez moi fonctionnait selon une routine, selon un ordre et un emploie du temps précis, à l'époque car je m'y sentais obligé mais aujourd'hui c'était surtout pas volonté car de cette manière j'avais l'impression d'un peu mieux contrôler ce monde qui m'entourait. Ce monde d'ailleurs … si seulement je pouvais m'en retirer, être loin de tout cela. Je pense que j'aurais encore préféré être fou, m'être créé un monde imaginaire et fantastique après un traumatisme grave mais qu'en réalité je n'attendais que d'aller mieux pour retrouver ma famille et vivre une vie normale, un peu à la façon de Buffy quand elle avait été empoisonné par ce démon envoyé par les trois geeks, mais au fond de moi je le savais … je savais que ce n'était pas le cas et que, même en y mettant toutes les illusions que je voulais, je serais incapable de fuir cette réalité. Je m'enlisais … et même la science fiction, les séries, l'imaginaire ne parvenait plus à me sortir la tête de tout ça. Je ne pouvais pas faire comme Abed, tout compartimenter, me faire croire à moi même que la vie était une série qui durerait six saisons et un film. Même ma capacité à fuir cette réalité n'était plus. J'avais envie de rire d'ironie face à cette situation, moi qui avait toujours tout fait pour ne plus m'évader, voilà que maintenant que j'en avais besoin mon objectif avait été atteint, toujours bizarre, mais incapable de remonter les murs qui me protégeaient. C'était sadique …

Mais je ne pouvais pas me morfondre éternellement … enfin si, j'aurais pu ! Mais je ne le voulais pas, je voulais essayer de reprendre le contrôle de mes craintes. Il fallait que j'arrête d'être terrifié par mon ombre … il fallait que je retourne à la colonie demander conseil, à Chiron ou d'autres qu'importe, mais j'avais besoin d'aide. J'avais donc quitter l'appartement de mon père, pris l’ascenseur avant de quitter ce grand immeuble qui en aurait fait rêver plus d'un. Mon pas était rapide, je comptais me mettre des œillères, ne laisser personne me faire perdre mes moyens avant d'arriver à destination mais … j'entendis mon nom … prononcé par une voix que je ne connaissais pas et qui n'aurait très certainement pas dû me connaître. Me figeant, je regardais dans la direction de cette voix, voyant une femme brune, collant un peu trop au cliché de la méchante d'agence secrète comme dans SHIELD ou encore Men in Black … bon, ils n'étaient pas méchant, mais comme j'étais en quelque sorte l'alien … j'étais l'ennemie à abattre. Mon cœur s'accéléra de plus en plus alors que je l'imaginais, sortant une arme et me tirant une balle dans la tête en plein milieu de la rue, se fichant bien des témoins car soit elle aurait les moyens de les faire taire, soit de tout leur faire oublier. Je me voyais disséqué, analysé, inventorié puis, à la fin, abandonné dans l'oubli. Alors au final, sans même savoir ce que cette femme voulait réellement, cela aurait très bien pu être un briquet que je ne l'aurais pas su, je me mis à fuir dès que sa voix s'éleva dans les airs à nouveau, fuir le plus vite et le plus loin possible. J'avais peur … j'étais terrifié … mais au pire, si je m'étais fait une frayeur pour rien je serais juste passé pour un idiot, voilà tout, comme toujours … mais non, elle m'avait suivit, me sommant d'arrêter, d'abord de façon non belliqueuse puis ensuite bien douteuse, me disant qu'elle m'aurait, ne faisant qu'augmenter mes soupçons et ma panique.

Mais j'avais beau aller aussi vite que je pouvais, essayant de la perdre dans le parque … c'était elle qui gagnait du terrain. Elle avait raison … elle finirait par m'avoir. Je me stoppais donc d'un coup, ouvrant mon sac pour récupérer ma torche et ni une, ni deux, j'en allumais la flamme qui devint blanche dans l'immédiat, deux immenses langues brûlantes en émanant et venant s'écraser sur le sol, traçant un cercle de feu pour y enfermer la jeune femme. Encore une fois je ne savais vraiment pas à qui j'avais à faire, cela se trouvait j'agressais une pauvre dame qui n'avait rien à voir avec tout ça et penserait qu'un cracheur de feu s'en prenait à elle … mais la crainte était trop grande. « Je vous hais ! Je vous hais tous autant que vous êtes ! Bande de monstres … de meurtriers ! Vous ne m'aurez pas … je vous tuerais avant ! » Ma voix se brisait, presque sanglotante, il était clair que je n'aurais pas le courage d’ôter une vie, mais je voulais faire croire que si. « Vous allez brûler … » J'utilisais non pas les flammes mais l'illusion, canalisant la brume pour donner l'impression que les flammes étaient plus hautes qu'elles n'en avait l'air et qu'elle se rapprochaient d'elle … seulement si elle voyait à travers la brume, elle verrait rien de tout cela, au contraire même elle se rendrait bien vite compte que le cercle de feu était instable, tout comme l'était mon esprit à ce moment précis, et qu'il existait de nombreuses failles pour en sortir.

Ce n'étais pas possible … ce n'était pas possible … Non, je ne voulais pas … je voulais me cacher, je voulais que jamais ces hommes … enfin là cette femme ne me retrouve. Je n'étais pas prêt à les affronter, j'avais de la rage en moi mais je n'étais pas prêt à leur faire face. J'étais terrifié, toujours traumatisé par les événements du passé qui me revenaient sans cesse depuis ce jour et plus encore aujourd'hui depuis le début de ma fuite, sous la forme de flash horribles où je voyais de nouveau mes camarades tomber à mes pieds, s'effondrer sous les coups de ces humains alors que j'étais resté comme un lâche dans mon illusion. Je ne voulais pas revivre ça, je ne voulais avoir à observer de nouveau. Alors je courais plus vite encore, à en perdre haleine mais … c'était peine perdu … mon assassin me rattrapant malgré tous mes efforts et me faisant me détester de ne pas être plus sportif. C'est pourquoi j'avais fait la seule autre chose que je savais faire, du moins un minimum : Me battre. Cela m'avait demandé beaucoup de courage … ou de folie … mais je m'étais arrêté, retourné pour invoquer des flammes, me fichant complètement de tous les autres mortels pouvant se trouver autour, craignant juste pour ma vie. Elle tentait de me rassurer, de me dire qu'elle ne me voulait pas de mal … je voulais la croire … mais cette voix dans ma tête, cet instinct que je ne contrôlait pas me disait que ce n'était que des mensonges, que si je l'écoutais elle en profiterait juste pour m'approcher et me tuer sans attirer l'attention des gens autours. Elle disais chercher un ami, que je l'avais vu. Quel ami ? Bien sûr … tous ces soldats qui nous avaient attaqué étaient ses amis … elle était amie avec nos meurtriers. « N'approche pas ! » hurlais-je sous la panique. Tout mon être me disait de ne pas l'écouter, que je devrais la brûler sur place et prendre la fuite. Au final je posais ma main libre sur le côté de ma tête, semblant perdu entre ce que je devais faire et ce que je voulais faire et prêt à m'effondrer sur moi même.

C'est alors qu'elle traversa le cercle. Comment ?! J'avais créé une illusion pour le faire croire infranchissable. Pourquoi cela n'avait-il point marché ? Je sursautais en faisant quelques pas rapides en arrière, m'emmêlant avant de tomber à la renverse, rampant presque sur le dos pour la fuir. Mon cœur allait exploser sous la pression … Mais au moins une chose était sûr à présent, elle était bien au courant pour nous, pour le monde mythologique, elle ne pourrait plus se faire passer pour une pauvre femme cherchant simplement à trouver son chemin. C'est alors qu'elle se mit à parler de Marvin … cette fois c'est comme si tout mon être s'arrêta l'espace d'une seconde. Alors … alors c'était bien vrai ? Il était l'un des leurs ? Il m'avait trahit ? Des larmes perlaient contre ma volonté le long de mes joues sans pour autant le moindre sanglot. Non .. la seule personne en qui j'avais réellement confiance hormis mon père … « Tu … tu mens ! Il ne m'aurais pas …. il m'a vendu ? Oh bon sang il m'a vendu … » Je posais de nouveau mes mains sur ma tête, l’enserrant et poussant un cri inaudible alors qu'un peu plus de mon monde s'écroulait. Je ne pouvais vraiment compter sur rien ni personne, ils étaient partout autour de moi, en train de me tromper encore et encore. Ma torche, alors que je ne la tenais même pas, se mis à se rallumer, une flamme de plus en plus vive s'en échappant avant qu'une imposante boule de feu ne fonce sur l'agent qui se trouvait devant moi, la forçant au moins à reculer tandis que je me relevais, torche à la main, regard devenu quasiment vide à cause du chagrin. « Tuer ou être tuer … c'est ça la seule véritable question avec vous, non ? Vous vous avez tué tout ce qui compte pour moi, je vois pas pourquoi je devrais continuer à me leurrer … alors voilà ma réponse. » Sur ces mots j'agitais ma main au dessus de ma torche, créant plusieurs tentacules de flammes que je manipulais tel un marionnettiste et avec lesquelles je tentais de fouetter la femme qui se trouvait devant moi. Ces flammes brûlaient beaucoup moins que des vraies, mais elles provoquaient une douleur directement dans l'esprit qui la ferait souffrir à petit feu si l'on puis dire. Cela m'avait prit du temps, mais j'avais compris maintenant … il fallait les exterminer avant qu'ils ne le fassent eux, faire du sentiment ne servirait à rien. "Episode 13 saison 6 ... épisode final. Il est temps de mettre fin à la fiction une bonne fois pour toute."

Fini les jeux et les fictions, fini ces moments où je tentais de me convaincre que nous n'étions que des personnages de série télévisé. Il n'y avait plus de place pour tout ça, juste la réalité, une que j'avais fuit bien trop longtemps et  qui chaque fois me frappait de plein fouet pour m'obliger à fuir plus encore. Maintenant pourtant, il n'était plus question de courir, c'était terminé et je le voyais bien, maintenant qu'il ne me restait plus rien, plus rien que ce combat pour ma survie dans lequel je ne comptais pas me laisser faire. C'est ainsi que mes flammes s'étendirent, tel un monstre dévorant pour faire ce que je refusais de faire jusqu'à maintenant : Affronter mes peurs, prendre des risques, tuer. Je pourrais presque dire que je me fichais du secret ! Mais la réalité était qu'à part elle, à part des gens comme elle, personne ne verrait rien, la brume avait été amplifié autour de nous pour que personne ne nous arrête, pour que personne ne se rende compte qu'il se passait quoi que ce soit pourtant juste sous leurs yeux. J'allais faire disparaître à jamais mes faiblesses en la faisant disparaître elle. Et très vite je mis cette idée en action, jouant à l'hydre de feu en attaquant encore et encore et encore avec mes flammes sans la moindre émotion, lui offrant les morsures douloureuse de mon feu de l'âme et comptant bien lui faire payer chaque vie qu'elle et ses camarades avaient prit des notre. Je voulais devenir un démon vengeur … mais même ça je le ratais …

Car à mesure que j'attaquais, que j'essayais de me débarrasser d'elle avec ce qui semblait pourtant être un avantage de taille, je la voyais s'approcher, me faisant perdre chaque fois un peu plus de terrain. Je redoublais d'effort mais rien n'y faisait, j'étais trop lent et bien vite elle m'attrapa le poignet, me le tordant pour m'obliger à lâcher ma torche dans une plainte douloureuse avant de l'éjecter au loin. D'un coup toute ma confiance s'envola, toute cette volonté que j'avais réussit à rassembler disparu aussi vite qu'elle était venu. Il ne restait plus à présent que détresse alors que je tirais pour essayer d'aller vers ma torche sans succès avant de regarder la femme qui me tenait fermement. J'étais pathétique, même avec tous les efforts du monde je n'arrivais à rien. Je n'avais ni ma place dans la fiction, ni dans la réalité, j'étais condamné. Au final j'étais tellement ravagé psychologiquement que je n'entendais plus rien, je voyais certes les lèvres de Tamara bouger mais aucun son ne parvenait à mes oreilles. Pas plus que j'entendais l'homme qui vint l'interrompre, l'illusion étant à présent rompu et les gens ayant pu s'en mêler.  Ce que je sentit par contre, c'était sa poigne se relâcher, me retirant d'un coup avant de me mettre à courir, cette fois dans la direction d'où je venais pour me cacher dans les rues au lieu de me cacher dans le parc. Je courais, courais et courais encore à ne plus savoir où j'allais ni où j'étais. Je bousculais des gens, je me cognais sur divers obstacles sur mon chemin, mais je ne m'arrêtais pas. Pathétique ou non, je ne voulais pas mourir, je voulais fuir cette situation, je voulais disparaître de nouveau, comme la première fois, ne plus jamais être vu de quiconque et pouvoir trouver un semblant de paix.

Puis il y eut ce choc … d'un coup je ne sentais vraiment plus rien, j'avais l'impression que le monde autour de moi avait disparu, l'espace d'un instant, que je n'avais plus besoin de me cacher ou de craindre quoi que ce soit. D'un coup c'était comme ci le temps s'était arrêté, que la matière elle même avait disparu et que je flottais simplement. L'espace de cette seconde, je sentais tout ce poids que je traînais depuis maintenant trop longtemps disparaître, me laissant souffler d'un soulagement. Puis tous revint d'un coup, les bruit, les klaxons, les cris … et cette terrible douleur. Dans ma fuite effréné, alors que je traversais, j'avais été percuté de plein fouet par un bus, propulsé plusieurs mètres en avant tandis que le véhicule fit son possible pour freiner. Mon corps était en miette, ma cage thoracique totalement enfoncée, mes membres brisés et pourtant je respirais encore … difficilement … sentant mes poumons se remplir de liquide, me noyant dans mon propre sang. Beaucoup de gens vinrent autours de moi, essayant de me parler, de capter mon attention. J'entendais parler d'ambulance … mais pour avoir été entraîné au combat et à la survie je savais reconnaître des blessures mortelles et là … là même toute l'ambroisie du monde n'aurait rien pu faire pour moi. C'était injuste ! Je ne voulais pas partir comme ça … pas aussi bêtement. J'avais peur de ce monde mais je voulais vivre … Si j'en avais eut la capacité et la force j'en aurais presque rit … je l'avais prédit à Marvin, j'étais le personnage qui perdrait la vie afin de toucher l'audience. Je pleurais une dernière fois, m'étouffant de plus en plus alors que j'étais sur le point de succomber à mes blessures internes, cherchant du regard au moins un visage connu … de cette femme. Haytham … elle m'avait parlé d'Haytham … j'avais entendu parler de lui maintenant que j'y pensais … C'était idiot, non ? De mourir pour si peu …