Ariane voulait faire un autre coup d'esclandre. Ça n'avait rien de nouveau. Pour faire ce qu'elle avait prévu, elle avait demandé de l'aide aux fils et filles d'Héphaïstos qui était franchement doué pour faire des armes et tout. Ils avaient refusé pour son plus grand malheur et pour quel prétexte ? Celui que comme elle avait peint, la semaine dernière, toutes les armes du bungalow en rose, ils ne voulaient pas l'aider. Bien sûr lorsqu'ils avaient dit ça, Ariane avait tenté de plaider sa cause, mais ils avaient été implacables. Elle était alors retournée à son bungalow, avait pris du bois qui se trouvait aux alentours ainsi que les pots de paillettes qu'elle avait achetées précédemment puis elle était allé près du lac pour pouvoir travailler dans le plus grand des calmes.

Elle n'a jamais été forte en mécanique et en tout ce qui est de créer des choses. Bien sûr, elle est créative, mais pas au point d'être une inventrice de génie. Ariane était donc bloquée avec du bois et des paillettes sur une table en bois en face du lac. Elle se mit donc à enrouler ses cheveux autour de son index en se mordant les lèvres tout en réfléchissant. Elle prit une de ses flèches derrière son dos et tailla du bois tout en réfléchissant à comment faire pour faire un pistolet à paillette. Une fois une partie du bois taillé, elle le mit en plusieurs positions sans savoir quelle était la meilleure. Elle abandonna bien vite son plan foireux après tout, on ne fait pas un pistolet avec du bois. Cela semble logique tout d'un coup. Frustrée, Ariane lança tous les bouts de bois dans le lac dans un mouvement rageur.

Prenant les deux pots de paillettes, elle s'assit devant le lac. Une fois assise, elle prit un des pots et tourna les paillettes avec un bout de bois, comme si c'était un récipient de pâte à crêpes. Elle avait le regard rivé sur le lac, les yeux vides. Ariane réfléchissait à un plan de secours. Elle ferma un bref instant les yeux et passa une main dans ses cheveux. Elle réouvrit les yeux et invoqua les ténèbres. Ces fils de brumes noires qui l'accompagnent toujours. Ces fils noirs qu'elle manipule avec une précision déconcertante. Elle en toucha un du bout des doigts et dirigea finalement ses fils vers l'eau. Ils touchèrent l'eau en frémissant comme des animaux effrayés et Ariane eut un petit rire. Elle ramena ses fils à elle et ils disparurent.  

Elle continua à réfléchir pendant quelques instants et elle entendit du bruit derrière elle. Elle se redressa en sursaut prêt à tomber sur Monsieur D qui avait été prévenu par le bungalow d'Héphaïstos qu'elle prévoyait quelque chose, mais elle tomba sur Hillel. Elle lui adressa un énorme sourire et fit une petite révérence ridicule. Hillel et elle était pareille sauf que lui était chez les Romains. Ariane toujours avec grand sourire « Je suis trop heureuse de te voir Hillel. Je prépare un assaut magique.» Dit-elle avec un regard pétillants et plein de vie. Un regard qui n'avait pas été le même il y a une dizaine d'années. /div>

Clint Eastwood - Gorillaz

Hillel était de passage à la Colonie. Histoire de changer un peu d’air, de décor et voir quelques amis grecs. Dans les amis, il y eut Alaska. Un plaisir de la retrouver, puis il fallut qu’ils se battent, pour s’entrainer, s’amuser et jauger un peu leur niveau et après pourquoi ne pas se donner des conseils. Un accident comme un autre, même si très souvent avec cette fille d’Aphrodite. Un coup était parti, puis mal réceptionné – ce qui cessa l’échange – et le lendemain, il se retrouvait avec un joli cocard sous l’oeil gauche. Elle ne faisait jamais attention et retenait mal ses coups, puis Hillel n’était pas vraiment assidu lors d’entrainement. Surtout comme ça entre pote. Il se retenait avec elle et se concentrait pas tant que ça. Ce n’était pas examen d’entrée mince !

Il s’était éloigné un peu du coeur de la Colonie pour profiter un peu du coin. Il s’isolait un peu. Il aimait beaucoup cet endroit. Ce n’était pas forcément mieux que le Camp Jupiter – même si un petit peu quand même – ça changeait. Il arriva aux alentours d’un lac. Il y avait quelqu’un, pouvant deviner sa silhouette à travers les arbres du sous-bois qui avoisinait ce point d’eau. Il vit tout ce qui avait l’air d’être une fille, s’énerver et jeter des choses dans l’eau. Son pas faisait craquer des brindilles qui couvraient le sol. Il ne cherchait pas à être discret, même s’il prenait tout le temps d’observer cette personne. Rapidement, il reconnu Arianne et eut un sourire. Il ne l’avait pas encore vraiment croisé à la Colonie. Un simple « coucou » de la main alors qu’ils s’étaient vu de loin. Il trouverait le temps de venir la voir. Hillel était si actif et bougeait ici et là, souvent occupé, parfois caché qu’il était très difficile de lui mettre la main dessus. Il fallait souvent attendre qu’il vienne à vous si vous aviez de la chance, sinon pour l’atteindre il faut s’armer de patience.

La demoiselle se retourna et partagea sa joie de la voir. Le sourire d’Hillel s’étira beaucoup plus, fier. Le reste de sa phrase le fit rire. Il s’approcha d’elle et s’assit sur la table en bois. Elle donnait une magnifique vue sur le lac. « Un assaut magique ? Raconte, je veux savoir… » lança t-il enjoué. C’est alors qu’il remarqua le bol remplis de paillette. Son regard pétilla à son tour. « Ho… Je veux savoir surtout quand je vois ça. Enfin… » marqua t-il une pause, comme s’il hésitait. « J’ai pas une super expérience avec les paillettes moi… ». Il en avait fait l’expérience en jouant les Peter Pan dans le Camp Jupiter. Sa punition : de ramasser jusqu’à la dernière paillette. Il y avait passé tellement de temps qu’il s’en rappèlerait toute sa vie. Mais, il était d’humeur à faire des bêtises.

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Hillel et elle était pareille. Ils étaient enfantins tous les deux, faisaient des farces à leurs camarades tous les deux brefs, de véritables jumeaux du crime. Ariane l'aimait bien et aimait bien quand les gens les rapprochaient pour dire qu'ils se ressemblaient vraiment. Le croiser à la colonie était une aventure alors elle attendait patiemment qu'Hillel vienne à elle puis s'ils se croisaient, ils discutaient d'un plan machiavélique, c'était ça le but. Bien sûr, Hillel n'est pas dégueux à regarder ce qui arrange les choses aussi. Il faut se l'avouer. Ariane eut un autre grand sourire « J'ai d'abord voulu lancer des tartes à la crème aux gens, mais les cuisinières n'ont pas voulu m'aider à cause d'un léger accident que j'ai provoqué.» Léger était un petit mot bien sûr pour décrire le fait qu'Ariane ait saboté leur nourriture en mettant du piment même dans les gâteaux pour faire une farce. Depuis, elle se méfiait toujours des plats que lui donnent les cuisinières et lorsque ce matin, elle est allé là-bas, les cuisinières, ont refuser catégoriquement.

En pensant à cet épisode, Ariane eut un petit rire en secouant la tête. Il y avait décidément beaucoup trop de monde qui lui en voulait. L'humour manque terriblement à beaucoup de gens apparemment. Triturant les bracelets cachant ses mutilations passées - un vieux tic incontrôlable lorsqu'elle était nerveuse - Ariane reprit donc son histoire « J'ai donc décidé de faire un pistolet à paillette pour jeter des paillettes à la figure de tout le monde. Le bungalow d'Héphaïstos n'a pas voulu m'aider et voilà où j'en suis.» Honnêtement, sans Ariane, la vie à la colonie serait moins en couleur que maintenant. En plus, elle ne laisse personne de côté et est très sociable ce qui fait qu'elle est assez populaire à la colonie. Depuis l'accident, elle aimait voir les gens rire à ses blagues, en tout cas, plus que d'habitude. Dans ces moments-là, elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien.

Ariane laissa planer un petit silence, se contentant d'observer Hillel d'un regard étrange avant de finalement demander « Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici, un autre coup d'enfer est à prévoir ?» Lui dit-elle avec un air complice en le frappant à l'épaule avec toujours ce grand sourire sur le visage. Si Hillel prévoit un truc, il faut absolument qu'elle en fasse partie. Elle adore voir le visage de Monsieur D devenir tout rouge où son air gêné lorsqu'il avoue que ce coup-là était magistral. C'est un peu comme un père pour Ariane. C'est le seul homme dans sa vie qui ne l'a pas encore laissé tomber alors forcément, elle l'estime beaucoup. Et puis, qui aime bien châtie bien.

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« Ah mais la règle de toute chose dans notre cas, c’est de savoir se faire pardonner. Il faut savoir leur donner un peu pour qu’il donne. T’aurais du leur proposer une « offre » » avait-il mimé les guillemets avant d’hausser les épaules. Il n’arrêtait pas de la traiter comme la jeune apprentie qui essayait d’égaler le Maître. C’est moi le Maître dans l’histoire, qu’on se mette tous d'accord. Elle continua alors son discours alors qu’Hillel jaugeait tous les matériaux qu’elle avait assemblée autour d’elle. Et même loin d’elle. Ariana parla donc de faire un pistolet à paillette et le regard de l’Australien s’illumina. Il pétillait d’avance, mais il s’était vite repris et refroidis. Il l’avait dit, lui les blagues avec des paillettes ne lui rappelaient pas que de bons souvenirs. Il y eut un silence. Elle lui demandait alors pourquoi il était là, lui qui était déjà parti loin dans ses pensées avec le projet de la demoiselle. « Non, je prends juste l’air… J’aurais préféré Sydney, mais j’pas une thune. Donc par défaut : la Colonie. » lui dit-il avec une touche d’humour pour cacher les blessures, et un clin d’oeil histoire de montrer que la discussion était close. Il le disait avec légèreté bien parce qu’il y avait des choses lourdes dans son coeur qu’il n’avait pas envie qu’on déterre. Puis pour tenir le coup aussi. Elle lui amenait ce qu’il avait désespérément besoin : une bonne petite blague pour se changer les idées. C’était mignon et léger, relativement simple. Juste ce qu’il fallait pour s’amuser.

Il eut un sourire pincé. « Je pourrais t’aider. Mais… D’un ce sera pas un pistolet à paillette, mais un canon avec un seul coup. De deux, je t’aide à le confectionner, mais j’ai rien à voir avec cette histoire. J’veux pas r’masser encore des paillettes moi. J’ai déjà donné. Alors ? T’es partante ? » Il se hissa sur la table en bois pour s’y asseoir et se passait la main dans les cheveux, les yeux clos. Il tentait de réfléchir. « Tu t’es engueulé avec les forgerons… Okay, mauvais plan aussi. J'vais m’occuper de ça. Puis des fils d’Hermès aussi. Hm toi avec ta bouille d’amour, t'peux peut-être aller voir les fils d’Apolon, ils doivent avoir des tubes en carton, tu sais comme en court d’Art-plastique pour ranger leur croute, t'sais. C’est eux les arts non ? Prends en trois si tu peux. Et perds pas les paillettes. On s'retrouve ici après, j'ramène le reste. Ah et trouve moi des feuilles et un crayon. »

Est-ce qu’il avait attendu son avis ? Non pas du tout. Lui il était déjà complètement dedans, même déjà partis de la table pour se rendre chez les enfants d’Hephaïstos. Usant de ses pouvoirs de camouflages et d’hyper-vitesse, il leur subtilisa deux trois choses. Avec ses demi-frères grecs, c’étaient autre chose. Il suffisait de discuter, de marchander, de la jouer fine et il obtint un bon nombre de petit pétard. C’était presque trop facile. Il s’amusait déjà. Rien d’avoir jouer ses petits renards malins lui avait fait du bien. Il revint à cette petite table au bord de l’eau.

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