Jocaste sursauta à son tour avant de laisser un petit cri aigus. La vision du bras (mais où était le reste du corps?) qui pendouillait à l'arbre était tout bonnement effrayante. Elle manqua de régurgiter le petit en cas qu'elle avait avalé avant de partir en mission et se détourna bien vite de cette vision de l'enfer. Bon sang, elle croisait les doigts pour qu'il ne soit pas le bras du petit garçon qu'ils étaient en charge de ramener à la Colonie. Elle n'eut pas le temps de se remettre de ses émotions que déjà Lionel-Rose s'était élancé juste derrière eux sur... Un dryade qui avait surgis d'un buisson. La fille d'Achlys la chopa par un pan de son habit, l'empêchant de prendre les jambes à son cou. D'une voix effrayé la dryade couina alors que Lionel-Rose lui lançait un de ces regards tout sauf aimable. Sans doute avait-elle flairé le danger avant de voir que ce n'était qu'une simple dryade, qui habitait sans nul doute dans les bois de la colonie et qui s'était égaré loin de sa petite habitation. Les dryades n'étaient pas réputés pour leurs grandes intelligence, certaines l'était, mais c'était rare. Mais à vrai dire, Jocaste n'avait jamais eu à faire à ce genre de créature, la seule à qui elle adressait la parole c'était la Harpie qui l'avait amené à la colonie. Ce fut au tour d'Hailey de parler. D'abord la petite dryade ne répondit rien, mangeant ses doigts, visiblement rongé par la peur ou le stress. Elle secoua la tête comme pour leur signifier qu'elle n'y était pour rien. Jocaste avait lancé un regard un peu perplexe à Sebastian, obtiendraient-ils quelque chose de cette créature ?

« N'ait pas peur, on ne va pas de manger. Nous sommes de la colonie... »

Elle avait parlé d'une voix douce, presque maternelle. Ces réflexes de mère poule avait repris le dessus, quitte à confondre la dryade avec un enfant en bas-âge. Mais elle refusa de prononcer le moindre mot.

« Lâche là peut-être, Lionel... » murmura t-elle à sa camarade.

De toute façon la dryade devait avoir compris qu'elle n'irait pas bien loin. Jocaste lâcha un petit soupire et se tourna vers Hailey, puis vers Sebastian. Elle tenta une approche pour lui tapoter gentiment le dos, et la rassurer dans le même temps mais elle esquiva son geste avant d'éclater en sanglots. Et mince… voilà qu'elle pleure maintenant…

« C'est très important, un petit garçon est porté disparu... »

Si seulement, en réalité il avait sûrement fugué pour prouver elle ne savait trop quoi à elle ne savait trop qui. Beaucoup de gamin voulait se la jouer dur à leur arrivée à la colonie. Pour diverses raisons, qu'elle trouvait tout à fait légitime mais tout n'était pas sans risque quand on était un demi-dieu. Leur vie était compliqué en dehors des deux Camps. Et certains ne revenaient jamais, elle espérait sincèrement que Barry ne subirait pas le même sort. Et tandis que la petite dryade reniflait une énième fois Jocaste repensa au bras suspendu dans l'arbre et eu un nouveau haut-le-cœur.

Sebastian louchait toujours sur le bras, une main sur la bouche, quand une voix stridente lâcha un hurlement aussi. Dans le tas, ils avaient tous montré des signes de surprise et de peur devant le morceau de corps pendu, mais personne dans le groupe ne pouvait pondre un son aussi suraigu. Une petite chose le dépassa à toute allure, aussi suivie par Lionel-Rose puis Hailey. Sebastian les suivit plus lentement, quelque part heureux de s'éloigner de leur macabre découverte. Il n'avait pas franchement regardé la chose de près mais il priait pour que le membre n'appartienne pas au petit Barry, sans quoi la mission risquait de ne pas avoir un résultat vraiment heureux. Sur les talons d'Hailey, il manqua de peu de la percuter lorsque tout le monde freina. Il entrevit la dryade – parce que c'était ça – se faire choper au col par Lionel. Hailey prit les devants en la questionnant sèchement. C'était vrai, peut-être que cette dryade avait vu quelque chose… D'ailleurs, vu la tête qu'elle tirait en ce moment même, c'était même plus que probable. Les dryades passaient leur vie à se balader dans les bois en cherchant des potins et des trucs intéressants à se raconter les unes aux autres. Pour toute réponse, la petite créature se rongea les ongles avec assiduité, les regardant chacun leur tour avec angoisse. Sebastian se sentit pris d'agacement devant cette misérable chose, probablement bien stupide comme la plupart de ses congénères. Il aimait bien les dryades… dans les bons moments, autour d'un feu de camp ou après une victoire par exemple. Mais en cas d'urgence, elles étaient davantage un fléau qu'autre chose.

Joe prit la parole avec plus de douceur, incitant même Lionel à lâcher la dryade. Si elle part en courant, adieu les infos... La créature fondit en larmes et Sebastian sentit toute sa patience s'envoler d'un seul coup face à l'hypersensibilité de cette fille. Il n'était pas franchement quelqu'un de tendu au quotidien et prenait généralement la vie avec un sourire – plus ou moins parce que ces dernières années, tout son optimisme avait été mis à rude épreuve – mais après la découverte du bras et sachant que Barry avait disparu de manière inquiétante… Le fils d'Héphaïstos écarta Joe d'un petit geste du bras et pointa son épée droit sur la dryade, en fronçant les sourcils. C'était de la comédie mais bon, si la rassurer ne fonctionnait pas… « Bon, parles ou je te transperce illico. » Il appuya ses propos en levant un peu plus son épée, imitant clairement le geste de celui qui planterait sa lame dans le ventre de la dryade. Celle-ci le regarda un instant avec de grands yeux, pétrifiée par la peur… Avant de se mettre à hurler en se débattant et en se bouchant les oreilles. Dépité, le demi-dieu l'observa en train de se traîner dans la boue pour essayer d'échapper à leur petit groupe. Par les dieux mais qu'elle est c... « Ola c'est bon, je plaisantais ! Ne crie pas comme ça... » Il baissa son arme, l'épée pendant mollement près de son mollet, et jeta un regard de détresse à ses trois compatriotes. « On vient de la Colonie, on ne va pas te manger... » Mais trop tard, après sa « capture » brutale par Lionel et la vision macabre du bras, la dryade restait complètement bloquée sur sa frayeur, décuplée par les fausses menaces de Sebastian.

i've got no roots

Joe, Sebastian,Lionel & Hailey

«I like digging holes and, hiding things inside them. When I grow old, I hope I won't forget to find them. Cause, I've got memories and travel like gypsies in the night. »

Hailey n'a jamais été une grande bavarde. Enfin, cela faisait bien longtemps qu'elle avait appris à se taire face à quelqu'un. Bien entendu, cela lui arrivait régulièrement de faire du rentre dedans aux demi-dieux. Non, elle était silencieuse dans le sens où elle ne parlait jamais, voire très peu, d'elle-même. Parce que parler c'est se confier; et se confier c'est donner la possibilité à autrui d'exploiter tes faiblesses et de te toucher dans ton intégrité. Non. Le côté discrète et mystérieuse lui allait bien.

A vrai dire, elle fut épatée de voir avec quelle hargne Lionel-Rose menaça cette dryade. Si elle ne la détestait pas, elle lui aurait peut-être même confié être épatée de son tempérament. Elles auraient même pu devenir amies. Malheureusement, elles avaient trop de point commun et l'un d'entre eux était Sebastian.

Quoiqu'il en soit, elle écouta ce que la dryade avait à dire, avant que le groupe ne se décide à suivre la piste indiquée : le cimetière abandonnée. Toujours fidèle à elle-même, elle resta en retrait, jusqu'à ce qu'ils atteignent enfin le lieu indiqué. Aux aguets, la jeune Williams chercha un quelconque indice pouvant indiqué le direction prise par Barry. Elle espérait que tout se passe bien.

C'est alors qu'elle découvrit un corps avec un bras manquant. D'un air de surprise, elle recula de trois pas avant d'étouffer un cri du plat de sa main.

« J'ai trouvé l'heureux propriétaire du bras de tout à l'heure... »

Elle se tourna vers ses camarades et arqua les sourcils d'une voix un peu plus tendue que la normale dû à sa découverte.

«... Et je crois que j'ai trouvé celui qui a fait ça. » ajouta-t-elle en tirant ses camarades vers l'arrière face à l'approche du monstre derrière eux.

(c) DΛNDELION

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