Alec regarda autour de lui. Les haies étaient bien trop grandes pour qu'il puisse voir au-delà. Il reprit son souffle, les mains posées sur son ventre. Il ferma les yeux, il avait la certitude que sa tête n'allait pas tarder à exploser. Puis, il l'entendit à nouveau, ce souffle. Il tourna la tête et la panique se fit sentir. La bête était juste monstrueuse. Un corps d'homme, surmonté d'une tête de taureau. Ce n'était même pas possible... Pourtant, elle se tenait là, devant lui et ses petits yeux rouges le regardaient, comme on regarderait un bon plat dans la vitrine d'une boulangerie. Alec ne perdit pas une seconde et se remit à courir. Une chance pour lui, il était endurant. La bête fonça et Alec regretta de ne pas être aussi rapide, en quelques instants, elle était près de lui. Il sentit la terre se dérober sous ses pieds et lâcha un hurlement strident. Bientôt, il se retrouva la tête à l'envers, les pieds vers le haut, face à ce qui ressemblait le plus à un minotaure. Il avala difficilement sa salive et le monstre ouvrit la bouche, poussa une sorte de rugissement rauque. Alec se débâtit et le monstre le lâcha. Il roula au sol, et le monstre l'envoya bouler contre les haies qui les entouraient. Fichu labyrinthe, il était perdu. Perdu dans un monde qui n'était pas le sien. Le monstre leva sa massue au-dessus de sa tête et Alec essaya de s'enfuir. Trouver une issus, et vite...

- ALEXANDER !

Alexander Killians se redressa d'un coup, sa tête heurtant quelque chose de dur. Son lit plus précisément. Il était par terre, dans une position encore plus ambiguë que d'habitude, la tête sous son propre lit. Il tourna la tête et vit une paire de pieds qui avaient l'air d'appartenir à sa mère. Il ferma les yeux et se releva, les cheveux en bataille.

- Oui ?
- J’attends toujours ton aide Alexander, pour tes bagages… Tu pars demain je te signale.

Le jeune homme soupira et regarda autour de lui. Sa chambre était dans un état… Et sa mère, qui était très maniaque sur les bords ne supportait pas ça.  C’est vrai, demain, il partait pour New York, faire ses études de sociologie. Il partait loin d’ici, de l’autre côté du pays même. Enfin, il était sûr que c’était une bonne chose. Rester coincé ici, dans la maison familiale à Miami  le rendait fou par moment. Et il était même sûr que c’était à cause de tout cela qu’il faisait sans cesse les mêmes rêves avec des monstres et des guerriers tantôt grecs, tantôt romains.


Alec était radieux. La ville était magnifique, le temps aussi, et il était enfin libre. Il allait pouvoir commencer sa vraie vie d'adulte. Enfin. Il passa une main dans ses cheveux en bataille et regarda partout autour de lui. Il s'engagea dans les rues de Seattle, son sac à dos près de lui. Il ne manquait plus qu'il s'installe maintenant. Il était tellement occupé à regarder autour de lui qu'il ne vit pas la jeune fille blonde qui le bouscula avant de disparaitre dans une ruelle. Alec l'a suivi du regard mais ne vit qu'une tresse blonde disparaitre à l'angle d'une ruelle. Il fit quelques pas en arrière et regarda à son tour. La fille était bien là, mais de dos, avec deux autres gars. Ils étaient vêtus assez bizarrement. Pour l'u d'entre eux, on aurait pu croire qu'il se rendait à un concours cosplay. Pendant un court instant, il aurait juré avoir vu une épée mais personne n'avait d'épée de nos jours. Les trois jeunes gens se retournèrent et Alec fit demi-tour aussitôt. Non non, ce n'était pas bien d'espionner les gens. Mais ces trois là était assez intriguant, c'était comme si... Ils n'avaient pas l'air d'ici, en fait non, ils avaient l'air différents. Comme s'ils voyaient des choses qu'Alec ne voyait pas. Pourtant, Alec faisait toujours attention à bien regarder tout ce qui l'entourait. Une fois de plus, il se trompait.


Alec regardait les statues comme tout bon touriste. Parfois, il se demandait pourquoi les grecs tenaient tant à représenter leurs dieux à poil. Pour certains, ce n'était quand même pas super flatteur. Il rigola tout seul, pensant à une blague qu'il aurait pu faire à ce propos et se ressaisit lorsqu'il vit deux filles arriver dans la même pièce que lui. L'une était assez mignonne : grande, rousse avec des yeux noisettes. Elle était habillée d'un short en jeans troué, d'un tee shirt trop grand et avait une sorte de bagage dans le dos de la même forme qu'un instrument de musique. Il s'approcha d'elles et leur sourit. C'est là qu'il remarqua la deuxième fille. Pour devenir belle, il n'y avait pas mieux que de se mettre à côté d'elle et c'est sans doute pour cela qu'Alec trouva la première fille encore plus belle. L'autre était tout simplement... laide. Ses cheveux blonds frisés sonnaient faux, ses dents étaient très très pointues et Alec se demanda si du coup, elle avait plus de faciliter à broyer les aliments durs.

- Salut ! Moi c'est Alec ! Ça va les filles ?
- Enchanté, moi c'est Eoghan et voici Tara, mon amie.

Alec sourit, et commença alors à entamer la conversation. Un gardien du musée arriva alors et leur demanda de le suivre, ce qu'il fit immédiatement. Qu'avait-il fait encore ? Si c'était pour le graffiti sur le casque du chevalier ou encore pour avoir escaladé sur Hermès il comprenait, mais pourquoi les deux autres ? Ils arrivèrent tous les trois dans une sorte d'entrepôt et Alec ne pu s'empêcher de penser que cela allait mal finir.

- Bien joué soeur des montagnes. Une bonne demi-déesse et un humain idiot pour le repas de ce soir !

Alec le regarda sans comprendre, il pouffa même de rire. « soeur des montagnes », allons bon. En revanche, il rigola beaucoup moins lorsqu'il vit la rousse sortir une arme de son étui à musique. Elle se trimbalait avec une épée. Elle le tira vers elle et Alec hurla :

- Hé meuf tu fais quoi avec ce truc ! Mais attend ! C'est une épée ! Tu ne vas quand même pas...

Elle lui jeta un regard noir et Alec reprit de plus belle.

- Hé mais ! A l'aide ! Une folle ! Elle a volé une épée ! Aidez nous ! Elle va nous attaquer avec le gardien !

Puis, ce fut le noir complet. Il sentait juste que la jeune fille lui donna un coup violent sur la tête. Lorsqu'Alec reprit ses esprits, il était dans le bureau du directeur du musée. Sa mère était là, son père aussi. Tous lui passaient un sermon. Apparemment, il avait été retrouvé dans les toilettes des dames. Ce qui était interdit. En plus de cela, il s'y était endormi et y avait passé la nuit. Il avait retrouvé les graffitis sur le casque de chevalier et la statue d'Hermès avait une trace de chaussure sur la figure. Alec passa pour un fou en racontant sa version. Personne ne le cru et sa mère était désolée de devoir se déplacer pour devoir assumer les bêtises de son fils. Une fois de plus, il se sentait bien seul au monde.