L'entrée du camp était gardée par plusieurs jeunes romains, casques sur la tête, lances prêtent à servir. Soudain en alerte, ils avaient encerclé le petit groupe dont faisait partie Alyss, sourcils froncés, regards méfiants. Malgré la paix qui avait été instaurée suite à la guerre contre Gaïa où grecs, comme romains avaient été obligés de prêter main forte les uns aux autres, une certaine méfiance subsistait toujours chez certains. Non pas qu'Alyss leur aurait confié sa vie les yeux fermés, mais elle pouvait cependant se vanter être l'une des grecques les plus tolérantes vis-à-vis de leurs anciens ennemis, leur accordant -trop facilement, à en croire sa soeur, le bénéfice du doute et la confiance qui allait de pair avec. Aussi, lorsque dans son dos, elle sentit la pointe d'une lance, elle pivota légèrement, un sourcil haussé. Du bout de l'index, elle repoussa l'arme, lançant un regard mi-amusé, mi-arrogant au jeune romain. « Si j'étais toi, j'éviterais ce genre de menace. » La fille d'Athéna pencha légèrement la tête de côté, comme pour le défier de faire quoique ce soit. Après une courte œillade avec l'un de ses congénères, il recula d'un pas et haussa les épaules, comme pour s'excuser. « C'est que ces derniers temps, on est plutôt sur nos gardes », murmura-t-il, tandis qu'on leur montrait la voie vers l'enceinte du camp Jupiter. Alyss hocha positivement la tête, comprenant largement la raison de leur méfiance.

La décision d'envoyer des émissaires, trois plus précisément, au camp Jupiter avait été prise la veille dans l'après-midi. L'attaque de la colonie avait fait trop de dégâts pour qu'ils n'établissent pas de lien avec les romains. Le message Iris qu'ils avaient reçu était trop bref : de leur côté, trente-et-une personnes avaient perdu la vie, certes, mais depuis lors, peut-être avaient-ils plus de pistes que les grecs. Peut-être avaient-ils découvert de nouvelles choses, des choses qui seraient utiles aux deux camps. « On s'apprêtait justement à vous envoyer des émissaires, nous aussi. » Les regards se retournaient sur eux au fur et à mesure qu'ils s'avançaient plus profondément dans le camp. Bientôt, ils débouchèrent non loin du champs de Mars dans lequel se trouvaient plusieurs héros, occupés à s'entraîner sans relâche. « Ah oui ? Et qui donc comptiez-vous nous envoyer ? » Curieuse, la jeune fille haussa légèrement un sourcil, tandis que son interlocuteur lui désignait une jeune femme à la fine silhouette élancée et aux longs cheveux bruns qui se battait, épée à la main. Aussitôt, Alyss se figea, tournant légèrement la tête vers le romain qui l'avait emmenée jusqu'ici, posant sur lui un regard lourd de sous-entendus. De tous les romains, c'était avec Oksana qu'elle devait s'entretenir, quel hasard. « Je vais la chercher, je reviens. » Lorsqu'il s'élança vers le champ de Mars, la jeune fille se tourna vers les deux demi-dieux qui se trouvaient derrière elle : deux fils d'Athéna, tout comme elle. Après tous, les enfants de cette déesse étaient connus pour être les plus sages et les plus réfléchis de tout le camp ; c'était donc sans grande surprise qu'on avait choisi de les envoyer eux et non d'autres. Lorsqu'enfin, Oksana arriva à leur hauteur, Alyss lui attribua un sourire forcé et inclina légèrement la tête. « Tiens, Oksana, quelle agréable surprise. » Ses yeux accrochèrent ceux de la jeune romaine et elle lui lança un regard presque dédaigneux. Tout en elle suintait l'arrogance ; à moins que ce ne soit une idée que se faisait Alyss qui ne l'appréciait pas particulièrement et était bien loin de la porter dans son coeur. Quoiqu'il en soit, elle et ses frères venaient en paix, alors cette fois-ci, juste celle-ci, elle devait éviter de se créer des ennuis en se mettant l'ex d'Ailam à dos. Elle allait au moins essayer, ça en valait la peine, pour la colonie et pour le camp de Jupiter. « Est-ce qu'il y a un endroit où nous pourrions parler calmement ? » A la colonie, il y avait la Grande Maison pour ce genre de choses, mais ici, chez les romains, elle ne savait pas trop s'ils avaient un endroit spécifique ou autre.