08 years old.
Les journaux de la petite ville de Holmesville affichaient encore le mêle gros titre. Un meurtre, encore un. Depuis quelque temps Jakob Wagle et toute la fratrie se devaient d'aller à l'école accompagné, attendre leur parents pour rentrer... La famille Wagle était sur leur garde, comme toutes les autres ayant des enfants de moins de dix ans. C'était le troisième meurtre d'une fillette de sept ans aujourd'hui. Alors évidement la mère de Jakob avait pris soin de couver sa fille, de la mettre en garde. La famille Wagler était une grande fratrie. Elle vivait dans la même ville depuis des générations. Très à cheval sur les traditions, Jakob avait grandit comme ses frères et sœur dans la tradition amish la plus pure. Marian et Joseph avait eut six enfants. Daniel et Jonas étaient les aînés, et étaient jumeaux. S'en suivait Ely et Gideon, puis Jakob et enfin la petite dernière que tous chérissaient, Katie. Peu d'années les séparaient. Récemment les jumeaux avaient fêté leur douze ans. Jakob qui n'en avait encore que huit, avait toujours eut envie d'être à leur place. Être l’aînée, le chef lui aurait plu. Mais il devait se contenter de la place que Dieu avait voulu pour lui. Avec Katie, ils étaient plus proches. Et c'était peut-être pour ça qu'il se sentait encore plus concerné par les horreurs qui frappaient leur ville. Un meurtrier parmi les braves gens. Ce matin là, tout se passa sans encombre. Mais ce matin là, quand madame Wagler embrassa son fils et sa fille avant de les voir s'éloigner vers leur écoles respectives, elle ne se doutait pas que c'était la dernière fois pour elle qu'elle verrait ces deux enfants réunis.
Katie n'était jamais rentrée. Sa mère l'avait attendu avec Jakob devant l'école, mais personne n'était venu. Katie avait disparue. Le soir même la maison des Wagler était bondée, tous les gens du quartier étaient venu pleurer la petite fille. Les hommes parlaient de fouiller le terrain. Ses frères étaient démoralisés, sa mère n'arrivait plus à se calmer et pleurait sans s'arrêter. Tout le monde le pensait, mais personne n'osait le dire à voix haute. La petite Katie allait sans nul doute être retrouvé morte et scarifiée comme les autres. Ce soir là Jakob ne ferma pas l’œil de la nuit. Et le lendemain, on ne retrouva pas Katie. Ni le jour d'après. Pendant plus de deux ans, personne ne retrouva la petite dernière de la famille Wagler. Et un beau jour, un couple de touriste planta sa tente non loin de la ville. Et la femme en enfonçant une sardine retrouva un corps. Et pendant que sa mère était affalée à coudre un énième patchwork, la petite Katie venait d'être retrouvée.
10 years old.
Jakob ne s'était jamais vraiment remis de la mort de sa sœur. Les autres non plus d'ailleurs. Quelques mois plus tard un coupable avait été appréhendé. Il s’agissait d'un jeune homme de dix huit ans, reconnu instable par ces parents. Avant même d'être condamné, il parvint à prendre la fuite, laissant dans la communauté un grand vide. Alors Jakob comprit que le meurtre de sa sœur en serait jamais vengé. Son père tomba malade, ne se releva pas tout de suite, en garda des séquelles. Sa famille tombait en lambeaux. Il le sentait. Quand ses aînés eurent la possibilité de fuir cet endroit, ils décidèrent de rester. Lui, en était incapable. Chaque femme qu'il voyait avec ces petites coiffes, chaque femme qu'il voyait portant toujours les mêmes tenues sobres, chaque petits filles qu'il croisait à chaque coin de rue... Toutes lui rappelait sa sœur. Il se fit le serment de partir le plus loin possible dès qu'il en aurait la possibilité.
12 years old.
Il avait la bouche en sang, le nez cassé sans doute et l’œil droit gonflé. Les deux garçons qui s'étaient penché sur lui avait un air menaçant. Ils avaient le même âge mais paraissaient si... mauvais, si grands et si forts. On avait toujours appris aux enfants que la violence était une chose à proscrire. Mais il fallait croire que pour eux, cela n'avait pas d'importance.
«
Alors, tu te lèves et tu nous le dis en face ? »
Tout ça pour un bout de chemin partagé avec la mauvaise fille. Il y avait vraiment des gamins de douze ans dérangés sur cette planète. Enfin, dans sa ville. Le premier se pencha un peu plus et agrippa par le col.
«
Alors, qu'est ce qu'on... »
Paf. Ce fut à son tour d'avoir la tronche par terre. Jakob hurla et à son tour lui envoya des coups par dizaines dans le visage. Il allait voir. Oh que oui... Quand à son camarade il prit les jambes à son coups. Le père des deux garçons arriva affolé et sépara Jakob de son fils. Ce soir là il fut sévèrement puni. Ses frères ne lui parlèrent plus pendant deux jours entiers. Il fut obligé d'aider son père au champ deux fois plus qu'en temps normal. Et bientôt en ville, on parlait de Jakob Wagle, le petit si mignon qui était devenu pervers et malsain. Toujours avec tant d'exagération. Sa mère lui annonça que jamais elle n'avait vu le prénom de «
Jakob » aussi mal porté par un petit garçon. Pour la première fois depuis que Katie était partit, il comprenait le sens du mot solitude.
16 years old.
«
À tes fringues et à ta coupe de cheveux j'devine que tu fais partis de ce clan de barges ? »
Pourquoi parlait-il encore, pourquoi ? Jakob lui flanqua un nouveau coup de poing bien placé. Il était censé avoir peur, le craindre, le supplier d'arrêter. Au lieu de ça, il tapait la causette. Il lui donnait envie de vomir. Ce type avait tué sa sœur, il s’en foutait complètement. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'est que durant sa rumspringa Jakob viendrait le trouver. Il n'avait pas été très compliqué à localiser. Un ancien Amish qui avait eu bien du mal à s’adapter au style de vie très moderne dont il s'était lui même privé...
«
Ferme là... » «
T'as quoi, quinze ans ? Et tu penses me faire peur ? » «
Oh, tu devrais... »
L'homme éclata de rire. Il riait si fort que le petit Jakob eut envie de pleurer devant tant d'ignorance de sa part. Il pensait pouvoir le laisser le frapper, puis se relever, et l'humilier à son tour. Il ne le laisserait pas.
«
Ils te laissent me faire ça ? Je pensais pas que les enfants étaient si mal éduqués de nos jours... Regarde toi, tu es la honte de toute notre communauté tu... »
Il s'arrêta de parler et baisser les yeux vers le tournevis planté dans le bas de son ventre.
«
Tu ? Oh, tu pensais que je n'allais pas faire couler le sang parce qu'on me l'interdit ? Dommage pour toi. Il se trouve... j'aime ça. Et c'est pour ma sœur. Katie. »
Et ce n'était pas fini. Oh que non. Du haut de ses seize ans, il hissa l'homme sur sa carriole bleue nuit. Quelle idée d'habiter en pleine campagne, loin de tout ? Il fallait dire qu'il avait cherché à se faire oublier. Il rentra avant la nuit. Ce soir là il ligota l'homme à une chaise, le plantant au milieu de la grange familiale. L'envie de le frapper, encore et toujours lui trottait dans la tête.
«
Jakob... ? »Sa mère se tenait derrière lui. Elle était blême. «
Mère je... »
Son père venait d'arriver à son tour, essoufflé. Il devinait aisément que ses frères devaient être à leur fenêtre en train d'épier le spectacle.
«
Qui... » «
L'homme qui a tué Katie. »
Elle éclata en sanglot quand son père se jeta sur l'homme pour le défaire de ses liens.
«
Bon sang Jakob ! Fils mais... Mais où avais tu la tête mon garçon ! Oh le seigneur va nous punir pour ça... tuer un homme... tuer un homme... » «
Je ne l'ai pas tué père je... » «
Il est mort Jakob ! Mort ! Ne vois tu pas ? »
Alors comme ça il ne lui répondait plus depuis tout à l'heure ? Et cette voix alors ? La voix de l'homme ne l'avais juste pas quitté. Et elle ne le quitterait jamais. Elle raisonnait encore dans sa tête. Et tandis que sa femme pleurait -encore – que son père n'arrivait pas à se retenir de gémir, Jakob était perdu. Son monde s'écroulait lentement. Sa petite sœur chérie ne serait jamais vengé. Ses parents n'en avait que faire. Ou plutôt, ils avaient prévu autre chose pour son assassin. Pour lui, justice était faite. Son père décida d'en parler aux autorités supérieurs. Sauf qu'il savait très bien ce que cela voulez dire. Alors il enterra le corps dans le jardin, seul. Le soir même, il emballa ses affaires dans un sac que sa mère lui avait fait il y a de ça deux ans. Il y glissa un canif, quelques babioles qui pouvaient avoir de la valeur. Et cette nuit là, Jakob Wagle quitta la maison pour ne plus jamais y remettre les pieds.
***
«
Qu'est ce que tu fais tout seul gamin ? Et bon sang, c'est quoi ces fringues ? C'est ta mamie qui a cousu tout ça pour toi ? » «
Fermez là. »
La femme se pencha un peu plus sur la tente de fortune qu'il s'était fabriqué et le tira de là avec une force démesuré, du moins, pour son gabarie.
«
Qu'est ce que... » « A
h bah ça t'étonne gamin ? On est grossier, et après, on pense pouvoir s'en sortir ? Par Arès, que neni ! »
Par Arès ? Il ne connaissait pas cette expression. De toute façon, il ne connaissait pas beaucoup d'expressions actuelles. La fille en question, une petite rousse avait l'air bien sûre d'elle. Sauf qu'elle ne vit pas la claque monumental de Jakob lui arriver dans la figure et encore moins le mouvement d'esquive qu'il fit juste après. En deux secondes il attrapa son sac et prit la fuite.
«
Reviens là p'tit connard ! Oh, blondie ! »
Il s'arrêta nette. Ça aussi il ne connaissait pas. Mais il était sûr que ce n'était pas très sympa.
«
Alors le mec des temps modernes ? On veut pas en découdre avec une femme ? »
Il se retourna en souriant. Plus elle s’avançait, plus il évaluait ses chances de s'en sortir. Quand elle le cogna en premier, avec une telle force, il en tomba à la renverse. Ce fut là qu'il dégaina son canif.
«
T'es sérieux ? Un couteau de poche ? Si mon père voyait ça, pouah ! »
Son père ? Que venait-il faire là lui ? Ce fut là qu'elle dégaina une arme qu'il n'avait encore jamais vu. Il écarquilla des yeux et la fille sembla aussi surprise que lui.
«
Attend, tu la vois ? » «
Mais t'es... malade ! » Une
épée. Rien que ça.
Et il eut une détonation.La fille s'écroula à terre, comme un pantin sans fil, un trou au milieu du front. Jakob resta figé quelques secondes, et recula d'un pas. Sans hurler, sans vomir, sans rien. Il ne pouvait pas détacher les yeux de cette fille. Et une heure plus tard, il se retrouva au poste de police.
«
Petit, tu dois tout nous raconter. Ah, et aussi nous dire d'où tu viens... - il regarda ses habits, sa coupes de cheveux un peu trop démodée –
et ton identité. » «
Je... Ju... » «
Julien ? Julian ? Jules ? » «
Julian. Julian... - il baissa les yeux vers son sac dans lequel se trouvait toujours ses bds qu'il avait acheté à son arrivée en ville –
Julian Shatterstar. » «
C'est... Original. Tu veux bien me raconter ? »
Le policier en question le prit aussitôt en pitié. Il lui trouva une famille d'accueil chez qui passer la nuit. Il ne parla pas de la soirée. Et deux jours après, il était de nouveau en fuite. Avec de l'argent volé dans les tiroirs, le petit Julian Shatterstar s'était acheté un ticket de bus. Direction la ville des fameux taxis jaunes. Il était temps pour lui de découvrir le monde, le vrai. Et de s'ôter l'image de la fille de l'esprit.
C'est ça, frappe moi encore mon gars, frappe ! Et d'ôter la voix de l'homme de sa tête.
***
S'adapter. S'adapter à tout ça. Cette ville. Cette nouvelle vie. Vite en apprendre le plus possible. Apprendre à conduire une voiture. Porter autre chose que ses mêmes habits d'Amish qu'il avait sur le dos depuis une dizaine d'année. Se faire à l'idée que le monde était remplis de gens mauvais, de personne qui avaient des croyances multiples. Apprendre plus vite que prévu l'anglais. Et de nouvelles expressions. Se rattraper sur sa culture. Il allait commencer avec les bds, puis les films. Après il verrait des séries. Se confronter à de nouvelles réalités. Il y avait des gens non mariés qui vivaient ensemble et qui avaient des enfants. Des gens divorcés aussi. Concept inconnu chez ses parents qui lui avait toujours dis que de telles choses ne se voyait que très loin de chez eux. Les femmes pouvaient s'embrasser entre elle. Et même se marier. Il en était de même pour les hommes. Et ces logos, partout, absolument partout. Une vie rythmé par des marques, des gens dont il ne savait même pas prononcer le nom... Alors c'était ça que ses frères avaient fuis ? Lui trouvait ça... prenant. Il était curieux. Il avait envie d'en savoir plus. Travailler dans les champ du matin jusqu'au soir ne lui irait pas. Ni se conformer aux règles de sa communauté. Il avait su depuis bien longtemps que cela n'était pas pour lui. «
Seigneur, aidez moi à trouver ma voie... » Trop de gens, trop de bruit. Une fois de plus il allait devoir jouer au caméléon.
19 years old.
«
Julian, oh, Julian ! »
Son colocataire lui cassait parfois les pieds. Il était terriblement... bordélique. Et puis avec toutes ces musiques... Depuis qu'il avait quitté sa famille, il avait été forcé de vivre dans un monde qui lui déplaisait franchement par moment. Et les horribles musique qui le peuplait en faisaient partis. Et ces modes... Il avait du dire adieux à ses habits simples, sans fantaisie, à sa coupe de cheveux tout ça pour se conformer. Au fond seul sa croyance n'avait pas changé. Et le regard qu'il avait sur la vie de couple aussi...
«
T'es pas obligé de tout astiquer comme ça mec ! » «
Si, si, si. » Il lui jeta un regard menaçant à lui, le mec qui payait l'autre moitié du loyer, flanqué sur son canapé avec sa copine. «
Viens nous rejoindre ! » «
Eurk, certainement pas. Je vais... aller bosser. » «
T'as du boulot ? T'as trouvé un boulot et tu m'as rien dis ? Meeeec ! »
S'en était trop, il fila en vitesse. Non, il n'avait pas de boulot. Du moins, pas reconnu. Il travaillait juste pour un type dont il ne connaissait pas le nom, il allait effrayer de pauvres gens à coups de poings et de couteau sous la gorge pour qu'ils le remboursent. Voilà. Mais il gagnait sa vie comme ça. Et pas autrement. Sauf que ce soir là l'homme qu'il partit interroger lui proposa encore mieux.
«
Que diriez vous de mettre vos talents à profits pour une cause plus grande Julian Shatterstar ? » «
Quels talents ? » «
Vous savez vous battre, très bien même. Vous excellez dans l'art du mensonges, vous changez de vie comme personne, du jour au lendemain... » «
Ça va, ça va j'ai compris... je pourrais payer mon loyer ? Et je ne serais pas repris sur mes manières ? » «
Oh mon garçon, laissez nous vous former un peu. Vos manières sont tout ce que nous recherchons. »
24 years old.
Le
DLCEM. Qui aurai cru qu'une telle chose existait en ce bas monde ? Ah, si sa famille le voyait. Il avait réussis les tests avec brio et inclus une unité d'agents doubles. Il avait quitté son colocataire débile pour un garçon un peu plus sage, sympathique et qui ne traînait pas toujours avec des bimbos défoncés. Et qui bossait avec lui. Julian et Colin. Quoi de mieux ? Ils formaient une bonne équipe. Et ce 24 Août, on lui confia sa première mission.
«
Vous voyez, notre rôle est aussi l'information. Mieux nous comprenons leur monde, plus il est facile pour nous de réussir dans notre entreprise ! » «
Je comprend parfaitement, qu'attendez vous de moi ? » «
Excellent mon garçon ! Voilà tout ce que vous devez savoir ! »
***
Elle s’appelait Luna Vanderwall. Elle avait vingt six ans, avait un petit garçon de huit ans, eut accidentellement à l'âge de dix huit ans. Le DLCEM avait détecté la présence d'un demi-dieu et il se trouvait que son fils en était un. Tout était simple. Il devait se rapprocher de cette fille. Et en apprendre un maximum sur le garçon, son entrée dans un camp spécial pour les gosses comme lui, et en puiser le maximum d'informations. Mais avec Julian, rien n'était simple. Il ne s'était pas préparé pour son approche. Il avait été naturel. Complètement naturel. «
Votre fils, je crois qu'il s'est blessé... » Et l'occasion de l'approcher lui avait été donné quand le petit Benjamin s'était écorché au parc. «
Oh je... Merci monsieur, merci, Benjamin mon chéri, tout va bien ? » Il lui avait tendu des pansements et la conversation avait été engagé. «
Je m'appelle Luna. » «
Robb. » Il lui adressa un immense sourire et n'y allant pas par quatre chemin lui glissa son numéro dans son sac alors qu'elle lui tournait le dos. Autant y aller franco.
«
T'as fais quoi , tu lui as déjà filé ton numéro ? » «
Ben ouais.. » «
Mon gars tu es incorrigible j'aurais pas du t'apprendre à te servir de ça ! » «
Me dis pas que tu ne l'as jamais fais ? » «
Hé bien, non... Et mes missions sont différentes des tiennes ! Et je te signal que je n'ai pas la chance de côtoyer de jolie demoiselle toute la journée moi ! » «
Ah ! Faut-il encore qu'elle accroche ! » «
Oh, quelque chose me dis que tes beaux yeux vont aider... »
Il éclata de rire et Julian l'imita. Ils faisaient tout de même un boulot étrange. La journée, c'était comme s'ils ne se connaissaient pas, chacun dans leur rôle respectif. Et le soir, ils redevenait les meilleurs amis du monde.
25 years old.
«
Tu vas l'épouser ? » «
Oui, ça sera plus pratique. Je sais pas, c'est venu comme ça. Et puis, c'est cette année qu'il part dans cette fichue colonie, je peux pas m'arrêter là ! Tu me connais, faut que je fasse mon job jusqu'au bout. » «
Mais enfin de là l'épouser... Je veux pas. » «
Allons bon. Tu sais, je viendrais toujours ici de temps en temps ! C'est chez moi. » «
Mais tu ne l'aime pas ! » «
C'est vrai. Je la trouve même très ennuyante. »
Et c'était vrai. Il la trouvait même plus qu'ennuyante. Mais son fils en revanche... Il l'adorait. Il avait ce même air taquin que sa petite Katie. Tant pis, il mettait ces principes de côté pour la mission. Il prierait juste dix fois plus. Oui, dans sa tête, cela paraissait être un bon calcul. Le seigneur en pourrait pas lui en vouloir s'il la traitait bien, si ?
«
Tu vas voir, toi aussi un jour tu vas en arriver là mon gars... » «
Oh ça, ça m'étonnerait. Je sais même pas si j'en serais capable. » «
C'est ton job, non ? » «
Oui enfin, il y a des choses qu'on peut pas... forcer, tu vois ? » «
Pas vraiment. Aller, faut que j'aille faire dodo, demain est un grand jour pour la futur madame Shatterstar et moi ! » «
Tu comptes vraiment garder ce nom nul ? » «
Mais non. Mon nom d'emprunt, Martin ou je ne sais quoi ! Aller, à demain ronchon ! »
Colin lui jeta un regard dépité et haussa les épaules. Ah Colin, toujours à s'en faire pour tout. Il était trop gentil, Julian le lui avait trop souvent dis. Le soir même, il le réveilla au beau milieu de la nuit.
«
Colin... Punaise je pionce là... » «
Ouais mais... » «
Ouais mais j'aimerais continuer, arrête de trop penser. » «
Je sais que tu veux bien faire, mais... » «
ça te pose vraiment un soucis, hein ? » «
Je te connais, c'est tout. Tu arrives à te persuader toi même mieux que personne. Ça pourrait te porter préjudice. »
Julian soupira. Non, il ne le savait pas. Il voulait juste aller au bout de sa mission. Comme toujours, s'appliquer, donner le meilleur de lui même. Il n'était bon qu'à ça. S'inventer une vie, la vivre à fond, puis tout jeter à la poubelle. Et avant même qu'il puisse s'en rendre compte ou répliquer les lèvres de Colin s'étaient posées sur les siennes. C'était encore quelque chose d'étrange, de nouveau. Il était incapable de réfléchir correctement à ce moment là, de comprendre quoi que se soit. Il sentait juste ses lèvres presser les siennes un peu plus fort. Il se laissa embrasser, encore et encore. Il sentait son pouls s'envoler, les mains de son ami lui effleurer les joues, passer dans ses cheveux et descendre plus bas, encore plus bas.
***
«
Papa ! Papa regarde ! »
Julian baissa les yeux vers le petit garçon qui lui fonçait dessus. En en rien de temps il était dans ses bras, le câlinant avec force et riant aux éclats.
«
Qu'est ce que tu as encore fait Ben ? »
Et deux secondes plus tard sa femme apparu, trempée de la tête au pied. Ce fût plus fort que lui, Julian éclata de rire à son tour, serrant un peu plus fort son fils dans ses bras.
«
Les garçons ! Vous êtes... Raaah ! » Elle leur tourna les talons, sans doute pour aller se changer et Julian reposa le petit garçon au sol. «
Sois plus cool avec maman, ok ? » «
S'tu veux. On va au cinéma demain ? Avant que je reparte dans mon camp... » «
Tu t'y plais au moins Ben ? » «
Oui oui... Les gens sont sympa. Je t'ai raconté nos courses de chars ? Ah, et l’entrepôt des Héphaïstos papa, faut que je te raconte ! » Il l'entraîna sur le canapé. «
Je t'écoute mon chéri. » «
Bon alors, tout a commencé avec Hel, c'est une fille d’Apollon, Hel c'est pas son vrai prénom mais... » Et tandis qu'il l'écoutait parler, Julian s'envolait dans cet autre monde. Benjamin était la petite lumière qui illuminais toutes ses journées. Le fils idéal. Ah si c'est parents le voyaient. Le vrai Jakob, c'était lui.
***
«
Comment va ta femme ? » «
A merveille. » «
Et le garçon ? » «
Très bien aussi. » «
Tu es moins bavard qu'avant Julian... » «
Je sais je... Je réfléchis juste. »
Colin leva les yeux au ciel. Il avait les yeux sur ses rapports depuis deux minutes mais déjà, il semblait pressé de passer à la suite.
«
Bon alors, parle moi, ce môme, il est comment ? » «
Adorable. » «
Je vois... » «
Bon sang, que veux tu que je te dise ! C'est mon fils tout de même ! » «
Ton fils... » «
Oui, tu te souviens, je me suis marié à sa mère. Ce môme m'adore, je l'adore. C'est tout. » «
C'est ce que tu vas dire au bureau demain ? » «
Non, je vais... » «
Julian joue pas avec le feu.. »
Mais il adorait Benjamin. Il aimait ce garçon plus que tout au monde, il le sentait. Il revoyait sa jeune sœur à travers lui. Il n'en avait rien à faire de sa sois disant femme. Ce qui comptait, c'était son bonheur à lui. Colin l'avait hélas bien compris. Ils avaient beau jamais être revenu sur leur nuit passé ensemble, Julian sentait bien que tout le problème était là. Le lendemain, il établi son rapport à son supérieur. Mais beaucoup plus affûté que son élève, il comprit que l'agent était en train de se perdre. Peu importe. Il avait ce qu'il voulait. Le soir même il envoya des agents en finir avec le fils d'Hermès.
26 years old.
Il était mort. Tué. On l'avait retrouvé dans un canal, aux bordures de la ville. Luna s’était écroulé en entendant la nouvelle. Deux agents étaient venu lui annoncer. Noyade accidentelle. Pour la première fois depuis des années Julian n'avait pas eut à jouer la comédie pour paraître touché. Son fils était mort. Envolé. Une nouvelle vie fauché. Le soir même il ne rentra pas chez lui. Il s'enferma dans la chambre du petit Benjamin et contempla les photos de son fils disparu. Le DLCEM devait être derrière tout ça. Il ne voyait que ça. Il s'était montré trop aimant. Trop attachant. Le lendemain des funérailles il demanda le divorce, laissant Luna seule. C'était contre ses principes. On allait le punir là-haut. Les portes du paradis lui seraient bel et bien fermé. Luna était abandonnée. Et complètement dévasté. Mais il s'en foutait complètement. Il ne demanda rien, juste une photo de son fils. Et il fit ses bagages. C'était pour le boulot. Il devait tourner la page. Luna, c'était déjà fait. Mais pas Benjamin. Il avait ce sentiment que jamais il ne l'oublierait, et jamais il n'arriverait à le pardonner à ses supérieurs.
***
«
Julian ? T'en veux une ? » «
A ton avis ? Est-ce que j'ai un tronche à vouloir une bière là tout de suite ? » «
Julian... ça va faire deux semaines. » «
Et alors ? ET ALORS ?! »
La table bascula en arrière, les verres volèrent dans toutes la pièces et Colin du se jeter au sol pour esquiver les coups de son partenaire.
«
Putain Julian ! Arrête ! Arrête ça ! Faut te faire soigner ! » «
Pas besoin. »
Il récupéra son souffle, passant une main dans ses cheveux. Il se laissa glisser dos au mur et ferma les yeux. Colin avait raison, il allait devoir faire des efforts. Bon sang. Les agents de terrains avaient risqué leur peau hier soir. Dans les deux camps. Ils avaient fais un raid, propre, net et efficace comme disait les autres au bureau. Et il n'avait pas pu s'empêcher de penser à son fils. Qu'aurait-il pensé ? Hein ? Il espérait, au plus profond de lui même que la petite Hel n'avait pas été parmi les victimes. Oh et puis. Zut. Il s'en foutait. Il devait arrêter. Sans quoi il serait bon pour mettre à la casse. Colin était venu le rejoindre. Il l'avait coupé.
«
Excuse moi. » « C
'est rien. Mais toi et moi, ça ne sera plus jamais pareil, hein ? » «
Non. Honnêtement, non. » Colin lui jeta un regard anéantis. Et il se leva pour aller se coucher. Demain il ferait des efforts, il irait au bureau avec Colin, comme autrefois.
Colin était partit avant lui. Il ne le vit pas de la journée, se contentant de lire les notes qu'il lui avait glissé sur la table du salon. N'ayant pas de bureau à proprement parler, il se rendait dans le bureaux des agents de terrains et autres supérieurs pour recevoir les nouvelles missions. La journée se déroula lentement et ce soir là, il fût ravi de rentrer chez lui. On était Lundi, Colin faisait toujours des pâtes le Lundi. Et ses origines italiennes aidaient pas mal à ce que les plats soient souvent bien garnis et très bien réussis. C'était sa routine, et nombreux étaient ceux qui savait qu'il ne fallait pas briser la routine de Julian.
«
Je suis rentré ! »
Pas un bruit. Il devait être dans son bain. Il se cala dans son canapé et commença à lire une de ses vieilles bds en sifflotant.
20 heures. 20 heures 15. 20 heures 30. Il mettait rarement plus de trente minutes.
20Heures35. Ah ça, ce n'était pas normal. C'était son timing normalement, 20heures 30, et c'était à lui. Aurait-il envie de l'enquiquiner en brisant ses habitudes ? Il se leva pour aller frapper à la porte.
«
Colin ? » Pas de réponse. «
Colin tout va bien ? T'es là au moins ? » Toujours rien. «
Je vais entrer, couvre toi s'il te plais... » Il poussa la porte doucement pour découvrir son colocataire dans son bain. «
Hé bien mec tu pourr... » Il du se retenir pour ne pas hurler. «
Oh non, non pas ça, Colin pas ça... » Il esquiva la marre de sang et la lame de rasoir pour se jeter sur son colocataire. «
Colin, oh oh, Colin ? » Il avait envie de lui donner des baffes pour le réveiller mais il savait, au fond, que tout était déjà trop tard. «
Col... » Les larmes roulèrent sur ses joues sans qu'il puisse les arrêter. Il resta longtemps comme ça, en serrant le corps sans vie de son colocataire. Colin était mort. Et c'était de sa faute. Et pour une fois, il voulait bien l'admettre.
***
«
Je suis Mila, la sœur de Colin. » «
Julian.» «
Oh, il me parlait souvent de toi, son colocataire, c'est ça ? Vous bossiez dans une librairie tous les deux ? » «
C'est exact. »
Une librairie. Alors c'était sa la couverture qu'il avait donné à ses parents, à sa petites sœur ? Il était vrai qu'il bossait dans une librairie, mais un jour tous les mois.
«
Je... Je ne sais pas pourquoi il l'a fait, il semblait si heureux. »
Julian ne savait pas quoi répondre. Désolé, c'est de ma faute ? Certainement pas. Il se contenta de lui tapoter l'épaule d'un air compatissant. Que pouvait-il faire d'autre de toute manière ? Le DLCEM avait regretté évidement la mort de son agent, mais Julian ne se leurrait pas, ils n'en avaient rien à faire. Et c'était normal, ils étaient juste de simples agents doubles.
«
C'est vous qui aviez un fils ? » «
Il vous en a parlé ? » «
Il disait que vous étiez très proche. Et votre femme... » «
Nous avons divorcé. La magie avait disparue je suppose, mon fils était tout pour moi. »
Tu parles, il n'y avait jamais eu de magie entre eux. Il ne l'avait même pas touché avant leur mariage, c'était peu dire. Il avait prétexté que sa religion voulait ça. Et ce n'était même pas faux au fond. Pas de sexe avant le mariage, triste pour elle, très bien pour lui. «
Oh... » Elle lui tapota le dos, l'air compatissant et il en pu s'empêcher d'avoir un léger mouvement de recul. «
Il vous aimait beaucoup. » Et sur ces mots elle le salua et partit. Il resta longtemps à regarder l'épitaphe de son ami. Alors c'était sa la vie ? On venait au monde plein d’espoir et un beau jour, cet espoir s'envolait. Et avec lui l'envie de vivre.
«
Je m'excuse Colin. Je m'excuse vraiment. »