Que s'était-il passé ? Mon esprit était totalement dans le brouillard … plongé dans un néant dont la seul lumière était celle d'une lumière extérieure qui semblait me brûler de l'intérieur. Me relevant difficilement, cachant mes yeux de ces rayons qui passaient par la fenêtre, je tentais de retracer mes dernières actions sans parvenir à quoi que ce soit. Une soirée alcoolisé ? J'étais tout de même plus intelligent que cela, dingue du contrôle je ne me serais pas laissé enivré au point de faire un black out. GHB ? Possible mais dans ce cas la personne qui m'aurait fait ça aurait bien intérêt à disparaître car je ne serais pas tendre avec elle, j'étais le prédateur qu'il fallait fuir le soir … mais déjà je devais au moins comprendre où j'étais et dans quelle situation à défaut de savoir comment j'en était arriver là. Au vu du mobilier terriblement commun, des ces murs aux mornes couleurs, de cette odeur qui s'élevait dans l'air … je devais certainement être dans un hôtel. À quel endroit ? Quelle hôtel ? Je n'en avais pas la moindre idée, ce que je voyais par la fenêtre ne me disait absolument rien si ce n'est que je devais très certainement être à NewYork et non à San francisco ou n'importe quelle autre ville. Sinon était-je accompagné ? Oui, quelqu'un se trouvait à côté de moi, un homme brun et pas vraiment déplaisant à regarder mais, détail plus qu'étrange étant donné la situation … lui comme moi étions habillés de la tête aux pieds. Pour ma part cela signifiait une chemise bleu clair, une veste assez légère en cuir, un jean et une paire de rangers. N'avions nous donc pas consommé ? Simplement dormit comme deux enfants innocents ? C'est là que ça a commencé à vraiment cloché, quelque chose n'était vraiment pas normal et mon instinct me disait de me barrer d'ici aussi vite que possible.

Mais je n'en eut pas le temps, non, d'un coup mes priorités semblaient … changer ? Oui, plus je regardais ce visage encore assoupit, plus j'avais cette envie de le dévorer. Devais-je attendre qu'il reprenne totalement conscience, qu'il sorte de cette torpeur dont moi même j'étais victime quelques minutes plus tôt ? Je ne savais pas … je ne trouvais pas cela réellement nécessaire. Après tout, si il m'avait suivit aussi ou qu'il m'avait emmené, peu importe, c'est bien qu'il devait y avoir une certaine attirance, non ? Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres avant de passer sur mon camarade, me retrouvant à califourchon sur lui et l'observant droit dans les yeux l'espace d'un instant. « … Très intéressant ! » Et sans plus attendre je me jetais sur ses lèvres, mes mains se hâtant sur ma propre chemise afin de la déboutonner, offrant une vue que j'espérais agréable sur mon torse nu et fin, tout juste dessiné, tandis que je ne lui laissais même pas une seconde pour respirer, pour me parler et me dire son nom ou même simplement me dire si il en avait envie ou pas car … à dire vrai je m'en fichais complètement ! Partit comme j'étais, si il n'était pas consentant … disons que violer quelqu'un ne me dérangeait pas le moins du monde. Après tout, quand on prend plaisir à tuer et arracher l'essence même de la vie, briser quelques vertus n'est alors plus qu'un jeu amusant et n'es plus sujet à aucun questionnement moral.

Aramis avait l'esprit complètement engourdi.
Et c'était assez rare pour que cela l'étonne et l'inquiète, malgré le brouillard qui semblait lui habiter la cervelle. C'était bien simple, il ne tenait pas l'alcool : une seule pinte de bière suffisait déjà à le rendre un peu pompette donc il savait ne pas abuser et surtout ne pas consommer, sauf pour une occasion exceptionnelle ou quelque chose d'assez notable pour qu'il prenne un verre. Et c'était tout aussi simple, il n'y avait eu de tel ces derniers tempes. Et l'agent n'était pas non plus du style à rentrer dans un bar pour une petite consommation là, comme ça. Dans l'immédiat, il se sentait incapable de faire le moindre mouvement ou même d'ouvrir les yeux, c'était un effort juste… insurmontable. Peut-être bien qu'il aurait dû s'il avait su qui était allongé juste à côté de lui, qui parvenait justement très bien à reprendre ses esprits et à analyser la situation. Mais Aramis l'ignorait ; il supposait même qu'il se trouvait dans son lit et que la potentielle présence à ses côtés devait être féminine et fort agréable. S'ils avaient passé une bonne soirée, il n'en gardait aucun souvenir et c'était l'unique détail inquiétant dans le tas. Le fait que le soleil arrive de sa droite et lui chauffe le visage était aussi curieux puisque sa fenêtre était orienté différemment mais une telle réflexion était trop poussée pour ses neurones encore à moitié dans les vapes. Quand la demoiselle (qu'il imaginait) se rapprocha de lui pour s'asseoir à califourchon sur sa petite personne, Aramis trouva subitement le courage d'ouvrir les yeux. Deux choses le frappèrent brutalement : de un il était entièrement habillé, ce qui n'aurait jamais été le cas après une soirée mouvementée avec une représentante de la gente féminine, et il ne se trouvait pas dans son appartement, et de deux, la personne avec qui il tomba nez-à-nez n'avait rien d'une femme mais plutôt tout d'un gars tout mince, typé plutôt étranger, européen. Et de trois, mais cette constatation survint quand il voulut protester, ses cordes vocales étaient en grève.

Force lui était d'admettre que le type était bien foutu dans le genre mince, pâle et plutôt typé mannequinat. Le seul problème dans l'histoire, c'est qu'Aramis ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam et qu'il n'était pas spécialement attiré par les gens du même sexe. Il avait bien essayé par le passé, histoire de toucher à tout et puis par curiosité aussi, pour se découvrir, mais les femmes restaient vraiment son petit plaisir personnel et elle le lui rendait bien. Alors forcément, voir se type se foutre à moitié à poil assis sur lui… puis l'embrasser ? Ce fut un peu beaucoup. Dans un cri silencieux (ses cordes vocales étaient toujours en vacances), Aramis repoussa le type brutalement et tomba du lit pour atterrir douloureusement sur le plancher de la chambre. Son cerveau analysa en un temps record ce qui l'entourait, lui criant hôtel, hôtel ! Et là ça devenait carrément bizarre car il n'arrivait pas à imaginer le scénario ayant pu le conduire dans une chambre d'hôtel, avec un inconnu (de sexe masculin de surcroît), pour dormir, le tout tout habillé dans sa tenue de travail, à savoir sa costume habituel et son éternelle chemise blanche impeccable. Non décidément, c'était demander trop d'efforts, d'autant que ses neurones continuaient à fonctionner au ralenti le plus complet. Assis par terre, il dévisagea vaguement le visage de l'autre, lui trouvant un certain charme mais pas non plus de là à se laisser tripoter en silence. Oui, il avait apprécié ses expériences passées, mais non, ce n'était plus d'actualité, notamment avec un parfait inconnu. Il recula, toujours assis par terre, jusqu'à heurter la table de chevet. Une lampe en papier (pas franchement utile pour se défendre), un réveil en plastique lambda… Avec ça il n'allait pas aller bien loin. Son regard se posa ensuite sur la porte de la chambre, de l'autre côté de la pièce, et celle qui devait mener à une salle de bain. Détail : le type se trouvait entre les deux, toujours occupé à se désaper avec ce regard insistant un tantinet flippant à la longue. En courant très vite, il devait pouvoir sortir dans le couloir et partir en courant. S'il échouait, il pouvait se rabattre sur la salle de bain et s'y enfermer mais il ne serait pas beaucoup plus avancé. Sinon il y avait la fenêtre mais il avait comme l'impression que le sol n'était pas à proximité. Il restait l'ultime option d'attaquer le type mais de un, Aramis ne le connaissait pas, ne savait pas ce qu'il avait bien pu raconter à ce mec pour qu'ils en finissent là (drogue?) et de deux, il ne sentait pas du tout cette alternative. Quelque chose lui criait qu'il s'agissait d'une très mauvaise idée, à ne surtout pas mettre en pratique.