©clever love.

just wanna have fun

Le dessert laissait place à la végétation. La chaleur étouffante se fit moins présente. Un soupir sortit de ma bouche tandis que je marchais au côté de Marius Sugden. Son ex petit ami dont la divinité qui lui sortait de mère a pris un malin plaisir à leur confier une mission en binôme. Celle-ci consistait à retrouver sa trousse de maquillage fétiche en plein Texas qui avait été volée par une quelconque créature. Cette mission avait eu son lot de surprise et c'était avec un soupir commun qu'on avait retrouvé la trousse d'Aphrodite, car qui  d'autres pouvait envoyer des demi-dieux avec ce genre de mission ? Personne. Même mon père dieu de l'amour n'irait pas donner une telle quête à l'un de ses enfants. Non. Il était bien trop occupé à laissant des flèches d'amour et à faire provoquer du désir aux mortels plutôt que de confier à ses enfants ce genre de mission. Chose que Vénus sous sa forme romaine ne s'était pas gênée de faire. Encore plus quand elle nous l'avait confié à tous les deux. J'avais sorti à Marius que j'étais maudite, que sa mère ne m'aimait pas. Et il avait rigolé face à la situation. Car il y avait de quoi rire quand vous mettez en binôme de mission deux ex qui ne s'étaient pas quittées en bon terme. Une grimace s'afficha sur mon esprit au souvenir des obstacles qu'on a dû combattre. J'étais sûr que Venus y était pour quelque chose, c'était bien elle qui disait que cette quête était baignée d'amour. Ma parole, qu'est-ce que je pouvais détester cette déesse de l'amour. Et elle serait ma tante, mon dieu, j'étais maudite. Je fouillai dans mon sac ma gourde d'eau. Il n'en restait pas beaucoup vu la chaleur qu'on a dû affronter en cherchant la boite à maquillage d'Aphrodite. C'était limite si on avait joué Indiana Jones et la trousse à maquillage maudite. Et on avait par miracle réussi à la trouver sans beaucoup égratignure. « Si ta mère la reperd, je te jure que je n'irais pas la rechercher mission donnée ou non. Elle n'a qu'à mettre un émetteur GPS dans sa boite de maquillage comme ça la prochaine fois, elle ira la chercher elle-même sa superbe trousse à maquillage. » J'espère qu'Aphrodite avait entendu mes paroles. Je suis sûr que sur le mont Olympe, la technologie existait. Et si ce n'était pas le cas, je serais ravi de lui payer un émetteur. Oui, vous avez bien entendu. Si ça m'évite de retourner dans ce genre de mission, je lui payerai un GPS. Je préférais de loin dépenser mon argent plutôt que de perdre mon temps bêtement à retrouver sa précieuse trousse à maquillage. Marius semblait du même avis que moi. Au moins, ça nous a rapprochés en quelque sorte. Comme si, être dans la même merde brisait les tensions.

Après plusieurs heures de marche, un panneau indiqua un arrêt de bus qui passait vers le camp Jupiter. Ni une ni deux, on acheta un billet et on laissa le bus nous diriger vers l'endroit où vivait Marius. La marche, c'était bien. Se faire emmener, c'était mieux. Le trajet allait être long et le sommeil me gagna peu à peu. La fatigue de cette mission était telle que je me réveillai qu'en étant arrivé au camp Jupiter, à San Francisco. Marius me proposa de rester pour la journée au camp Jupiter ce que je ne me fis pas prier. Je n'étais pas d'humour à prendre un nouveau bus pour retourner à la colonie des sangs-mêlés. Demain serait un meilleur jour. On savoura de rentrer dans le camp Jupiter. Au moins ici, on connaissait l'endroit. Généralement, il y avait pas mal de monde qui trainait dans la nouvelle Rome, mais on ne rencontra que peu de gens. Est-ce qu'une nouvelle attaque avait encore frappé sans qu'on ne le sache ? La dernière information que je savais était qu'il prévoyait un sauvetage d'une Romaine et d'une Grecque. Je ne savais pas comment s'était passée la mission était envoyée en quête cette fois-là. Peut-être était-il toujours en mission sauvetage ? Toujours est-il qu'on ne rencontra pas grand monde en fin de journée. On n'a eu pas de mal à trouver un endroit où manger et personne ne me fit remarquer qu'on n'était pas à la colonie grecque. Depuis les récents événements, les Grecs et les Romains étaient soudés. Une bonne chose avec la menace mystérieuse qui planait au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. Une fois le diner dont une part que j'ai mise dans le feu pour mon père, on quitta ce qui servait de réfectoire. On ne savait pas quoi faire. Partir chacun de son côté où rester ensemble. Telle était la question. J'étais sûr que l'endroit où hébergeaient les enfants de Cupidon ne dirait pas non que je dorme avec eux ce soir. Chose que je priais fort que Lux ne soit pas présente, je n'avais pas envie de la voir ce soir. Pas après tout ce que j'ai traversé et la récente dispute que j'ai eue avec Aleksei. Finalement, le choix se décida tout seul quand on tomba sur Orion. Mon demi-frère romain. Celui avec qui je m'entendais très bien. Il semblait content de nous voir et nous jetais de drôle de regard. Je me remémorais qu'Aleksei m'avait avoué qu'il cherchait à qu'on se remette ensemble. Ce qui me fit penser que j'allais avoir une sacrée conversation avec lui sur le sujet. Je n'eus pas la chance de la saisir, car celui-ci nous proposa d'aller avec lui à une fête clandestine au lac de la colonie des sangs-mêlés. C'était probablement pour cette raison qu'il n'y avait pas grande monde au camp, ils étaient déjà tous à la fête à la colonie grecque.

Je soupirais. Je n'étais pas d'humour à faire la fête. « Non, je veux …. » J'allais lui dire que je souhaitais plus que tout dormir, mais il effaça ma remarque d'un revers de la main. Marius essaya lui aussi de dire non et mon demi-frère fit la même action. Mince la fête lui tenait à cœur et l'entêtement était un trait typique des enfants du dieu de l'amour. N'ayant pas le cœur de partir sur le pourquoi je n'ai pas envie d'y aller, j'acceptai. Le fils de Vénus en fit de même sous une grande exclamation de joie d'Orion. Il nous attrapa chacun par un bras et partit en direction des bungalows. Je me fit violence pour ne pas m'endormir quand Orion et Marius se préparaient pour la fête qui commençait à 21h. Soit bientôt. On avait décidé que je me préparerais dans mon bungalow vu que c'était hors de question pour moi d'emprunter par erreur un vêtement de ma demi-sœur Lux. Après une bonne demi-heure de préparation, ils n'étaient pas des enfants de l'amour pour rien, ils étaient enfin prêts. Je suivis Orion vers l'endroit qui permettait aux Romains d'aller chez les Grecs. Les vols d'ombre. Bien pratique quand vous savez la distance entre New-York et San Francisco.


Mon ventre me faisait mal. Rappel que j'avais utilisé un vol d'ombre et que je me retrouvais à présent chez moi. À la colonie des sangs-mêlés. Marius et Orion arrivèrent quelques secondes après moi. Ils ne semblaient pas perturber par le moyen de transport. Quelle chance, moi le vol d'ombre me faisait toujours de l'effet. Et pas le bon effet. Je respirais à grande goulée d'air et une fois remise du transport, partit en direction de mon bungalow. Par chance, personne ne s'y trouvait. Ils devaient être tous à la fête près du lac vu que 21h venaient juste de sonner. On allait être en retard. Chose que je me fichais pas mal. J'avais une excuse. Je revenais de mission et je pouvais bien me permettre d'être en retard à une fête. Je chassai les hommes de ce qui me servait de chambre et me déshabilla pour entrer sous la douche. Elle me fit grandement du bien et eu l'effet que je voulais : elle me réveilla totalement. Une fois prête, je sortis de la douche avec une serviette enroulée autour de ma taille et partis vers ma penderie. Que mettre ? Ce fut la question que je me posai pendant bien dix minutes. J'hésitais entre une robe noire qui me faisait un beau décolleté plongeant ou une robe d'un rouge vif avec un magnifique dos nu qui m'arrivait vers mes genoux. Je finis par choisir cette dernière, sans doute un clin d'œil à mon parent divin, et me préparait à la vitesse de l'éclair. Une fois fini, un sourire s'installa sur mon visage quand je vis Orion et Marius m'entendre comme si j'avais mis une heure à me préparer. Non-juste une demi-heure tout au plus. J'étais une fille, je pouvais me le permettre.

On partit tous les trois en direction du lac. Aux abords de l'endroit où avait lieu la fête, on pouvait déjà entendre la musique. La fête n'avait commencé que depuis une vingtaine de minutes, mais ils sembleraient que les participants n'avaient pas entendu tout le monde avant de faire la fête. Un sourire sur mon visage, je jetais un coup d'œil aux alentours tandis qu'on se rapprocha peu à peu du lac. Je pilai net en voyant au loin une chevelure brune et une chevelure blonde reconnaissable entre toutes. Aleksei et Lux avaient eux aussi répondu présents à la soirée et ne semblaient pas nous avoir vus. Trop occupé à rigoler ensemble. Proche. Trop proche à mon goût. Mauvaise idée d'être venu. Je connaissais les risques, mais y faire face, c'était autre chose. Occupés dans leur conversation, Orion et Marius ne semblaient pas avoir vu que je n'étais plus à leur côté. Finalement, peut-être qu'il était encore temps de faire demi-tour et de rentrer dans mon bungalow. J'amorçais un pas en arrière prêt à faire demi-tour, mais le destin ou plutôt quelqu'un en décida autrement. Je connaissais les risques, mais y faire face, c'était autre chose.

just wanna have fun

Il errait sans but entre les allées du réfectoire, incapable de décider s’il allait ou non attraper une assiette. Orion avait certes fait figure de loup solitaire depuis son récent retour au camp, mais il ne parvenait décemment pas à se résoudre à avaler son repas face à une chaise vide. Il avait déambulé dans tout le camp Jupiter à la recherche de Lux, mais force était de constater que sa soeur restait introuvable. Cette absence l’avait d’abord surpris, puis quelque peu inquiété. Il ne se souvenait que trop bien de la récente mésaventure que la demoiselle avait traversée à l’occasion d’une quête pour laquelle elle était partie seule et, depuis, il prenait son rôle de grand frère un peu trop à coeur, n’aimant jamais la savoir hors de sa vue bien longtemps. Ce ne fut que lorsqu’il se décida à laisser sa fierté de côté et à s’asseoir dans un coin qu’il apprit les dernières nouvelles. La rumeur d’une fête clandestine au bord du lac de la colonie des sang-mêlés se propageait partout autour de lui, et de temps à autre, il pouvait saisir l’un ou l’autre murmure excité s’élever d’une voix un peu trop haute. Ceci expliquait donc cela. Maintenant qu’il y pensait, il n’avait pas non plus croisé Aleksei depuis qu’ils avaient quitté leur caserne le matin même. Il n’avait d’abord pas relevé puisque cela ressemblait bien à son « meilleur ami » de disparaître plusieurs heures en pleine nature, et puis, leur relation n’était pas au beau fixe ces derniers temps. Orion avait pris ses distances, trop bouleversé pour souhaiter s’expliquer sur les causes de l’humeur morose qui lui collait à la peau, et lorsqu’il avait souhaité se rapprocher à nouveau de son ami, c’était lui qui lui avait semblé inaccessible. Il ne s’expliquait toujours pas les raisons d’une telle attitude et se sentait piqué au vif de constater que sa soeur et lui s’étaient échappés en douce sans lui demander de les accompagner. Que faisaient-ils de leur légendaire trio ?

Une mine renfrognée pour toute compagnie et il reprenait la direction de la caserne attribuée à la seconde cohorte. Ce stupide sentiment de trahison ne voulait pas le quitter et il se sentait quelque peu idiot d’accorder tant d’importance à une simple fête. Les grosses soirées n’avaient jamais été sa tasse de thé. Du moins, jusque dernièrement. Perdre l’amour de sa vie l’avait amené à prendre des décisions irresponsables parmi lesquelles figurait en tête de liste boire plus que de raison. Orion n’appréciait même pas le goût de l’alcool, mais il s’était délecté de la sensation d’euphorie et d’oubli de soi que la liqueur lui procurait. Il lui fallait au moins ça pour ne pas se rendre dingue lorsqu’il pensait que son propre père, le dieu de l’amour l’avait trompé à un tel point. Sa chère Lorelei l’avait-elle seulement aimé un jour ? Il n’était pas sûr de désirer connaître la réponse.

Pourtant, comme une manifestation divine, la personne qu’il s’attendait le moins du monde à croiser ici apparut sur son chemin. Elin. Encore l’une de ses soeurs. Il était parfois difficile d’imaginer que la brune sulfureuse et Lux partageaient le même père tant elles étaient différentes, mais Orion appréciait autant l’une que l’autre. Peut-être, à cause des récents événements de sa vie sentimentale, se sentait-il en ce moment plus proche de sa soeur grecque. Il ne saurait dire. Il appréciait néanmoins le fait qu’il ne risquait pas d’entendre de la part d’Elin un discours sur les bienfondés du véritable amour et une thèse d’une longueur insoutenable selon laquelle tout finissait toujours par s’arranger. Au contraire, s’il n’avait pas aperçu la seconde silhouette qui se profilait à sa suite, peut-être aurait-il définitivement adopté sa vision des choses : en tant qu’enfants du dieu de l’Amour, ils étaient tout simplement maudits. Cette théorie était moins bête qu’elle n’y semblait. Après tout, Cupidon avait beau unir les âmes par ce puissant sentiment, il n’en restait pas moins seul lui-même. La preuve incontestée et incontestable en était le nombre impressionnant de demi-dieux qu’il avait engendrés : aucun mortel, aucune divinité, personne ne s’était encore montré digne de passer l’éternité à ses côtés. Malgré tout, au fond de lui, l’espoir refusait de mourir. Il arriva enfin à la hauteur de sa soeur et de son fameux compagnon. Marius. Bien que ce dernier fut Romain, il ne le connaissait pas comme le connaissait Elin. Le fils de Vénus et sa soeur étaient en effet sortis ensemble par le passé, et Orion avait décrété qu’un enfant d’une autre divinité de l’amour constituait le candidat idéal pour prouver à Elin qu’elle avait tort. Il s’était ainsi promis de raviver les braises de leur histoire et les entraîna malgré eux à la fameuse soirée, balayant leurs protestations d’un vague geste de la main et affichant un sourire charmeur auquel ils ne purent résister sur son faciès semi-divin.

Après avoir enfilé une tenue décente (comprendre un jeans accompagné d’une chemise) Orion se retrouva finalement à la colonie en charmante compagnie. Il pouvait cependant sentir que tous n’étaient pas aussi ravis que lui à la perspective de la soirée qui s’annonçait. Elin surtout restait en retrait mais il fut ravi de constater que Marius se porta aussitôt volontaire pour voler à son secours, lui intimant rapidement d’avancer sans eux. Il acquiesça avec une lueur de malice dans le regard et en profita pour aller se servir un verre qu’il commença à « savourer ». Il ne voulait pas s’écarter du duo au cas où les choses tourneraient au vinaigre entre eux et que le besoin d’une intervention ne se fit sentir, mais une chevelure blonde attira pourtant son regard. Il avait ainsi eu raison. Lux se trouvait bel et bien ici. En compagnie d’Aleksei. Une idée germa dans son esprit et il se rapprocha d’eux, oubliant presque qu’il ignorait toujours pourquoi son ami se montrait froid envers lui. « - Hey. » les salua-t-il, ne prenant pas la peine de s’assurer qu’il ne les dérangeait pas en pleine conversation. Il se tourna ensuite vers sa soeur, laissant quelque peu Alek de côté. « - Je suis prêt à oublier que t’es venue ici pour t’amuser sans ton frère préféré si tu veux bien me donner un coup de pouce. » commença-t-il avec un sourire mystérieux, presque enjoué. Il se douta qu’il n’en faudrait pas plus pour attiser sa curiosité. Le simple fait de le voir presque jovial devait lui mettre la puce à l’oreille et le sourire aux lèvres. « - Toujours prête à me prouver qu’il ne faut jamais perdre foi en l’amour ? » lança-t-il innocemment.

acidbrain