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Sujet: Dans Volkswagen, il y a « swag » ! (chachou) Ven 15 Juil - 21:43
- CHARLES-ALEXANDRE VOLKSWAGEN -
dossier n°1507-XY ; informations générales.
NOM •• Volkswagen, un nom de famille qui n'en est pas vraiment un. Concrètement, Charles se demande souvent si son grand-père allemand n'a pas emprunté un faux nom en venant s'installer en France. PRÉNOMS •• Charles-Alexandre, qu'il diminue de lui-même en Charles. Seuls ses parents l'appellent par son prénom complet, ainsi que les administrations en tout genre. Ses parents ne se sont pas arrêtés en si bon chemin puisqu'ils ont rajouté Julien, Florent, Vitalis, Neville, Judicaël, Aurélien derrière. Cela dit, ça ne sert qu'à donner une dimension démesurée à sa carte d'identité et c'est parfaitement inutile. (On vous laisse imaginer sa ligne sur les listes officielles comme celle du baccalauréat.) SURNOM(S) •• Chachou est réservé aux plus moqueurs ou simplement à ses plus proches amis, le reste raccourcit son nom en Charles, Alex en France et Alec aux États-Unis. Son frère et quelques autres l'appellent aussi Charlie. ÂGE •• 27 ans.DATE ET LIEU DE NAISSANCE •• 15 juillet, à Bordeaux (France). NATIONALITÉ •• Française. ORIGINES •• Françaises, avec un grand-père allemand du côté paternel. OCCUPATION •• Son emploi au DLCEM est son unique occupation au quotidien, bien qu'il s'adonne aussi à la vente de poissons dans le milieu aquariophile, histoire de se faire un petit revenu supplémentaire. ORIENTATION SEXUELLE •• Indéterminée.STATUT CIVIL •• Célibataire, et père d'une enfant, Alicia. MEMBRE DU DLCEM DEPUIS •• Le mois de août 2015, soit un peu plus d'un an. FONCTION •• Charles-Alexandre travaille dans la branche scientifique du Département. Il est de base médecin-légiste, chargé de travailler sur les corps des demi-dieux et créatures décédées qu'on lui amène, mais aussi biologiste et chercheur. Il lui est arrivé de mettre les pieds sur le terrain durant sa formation de base mais c'est pour la science qu'il est là. ARME FÉTICHE •• Aucune en particulier. Il vous répondra le pistolet, n'importe lequel, car c'est ce qu'on lui a appris à manier durant sa formation mais ça s'arrête là. Il sait aussi utiliser les fusils de chasse, vestige de son enfance, mais ça reste dans le cadre privé.
01. Charles-Alexandre est français, et Charles-Alexandre est bordelais. Cependant il maîtrise la langue anglaise à la perfection car il est naturellement doué pour l'apprentissage de langues étrangères et que l'Anglais était son meilleur ami durant ses études scientifiques. Cependant, sa première motivation pour apprendre cette langue était la perspective de pouvoir regarder toutes ses séries et films en VO (du moins les films et séries anglophones). 02. Alec est donc un très grand fan de films et séries et il les dévore à la pelle. Quand trouve-t-il le temps de regarder tout ça ? Mystère, mais en tout cas il en voit beaucoup. En fait, lorsqu'il n'a rien à faire au boulot, il est capable de regarder discrètement quelques épisodes sur son petit PC portable. 03. En revanche côté jeux vidéos, il ne s'y connait pas du tout. Il a certes terminé tous les jeux Pokémon, est centuple fois champion sur la version Émeraude, mais ça s'arrête là. D'ailleurs, il ne joue qu'aux consoles portables, jamais à celles de salon. Cela dit, il a des chiens de haut niveau en agility sur Nintendogs Labrador. (Et c'est aussi une information qu'il ne divulgue jamais.) 04. Son appartement... ressemble à une boutique d'aquariophilie. Elle est remplie d'aquariums, eux-mêmes remplis de poissons ovovivipares. De un, Alec adore les poissons. De deux, ils lui servent pour ses recherches en génétique grâce à leur fréquence très haute de reproduction et la visibilité de transmission de certains caractères génétiques. Son bureau au Département est sur le même ton, avec une armoire en fer porteuse de treize aquariums. À côté de ça, Charles possède un chien, Mushu, issu de plusieurs croisements. Au final, il ressemble plus ou moins à un Border Collie. 05. Charles-Alexandre est le père d'une petite fille qu'il a abandonnée. Malgré ça, il continue à la suivre à distance, s'assurant qu'elle vit bien et qu'elle est heureuse. Alicia est aujourd'hui âgée de deux ans. 06. Il voit à travers la Brume de façon très irrégulière. Cette aptitude s'est développée quand il s'est mis à fréquenter l'univers mythologique d'un peu plus près mais aujourd'hui, il doit toujours faire des efforts conséquents et préfère se replier sur les lunettes créées par le Département. 07. Alicia, sa fille, est issue de la relation qu'il a entretenu avec Aphrodite pendant plusieurs mois. Toutefois, elle n'est pas vraiment le fruit d'un amour doux et tendre mais plutôt le résultat d'une vengeance prenant suite à une relation brève et passionnelle qui s'est mal terminée. 08. L'essentiel de ses journées, Charles-Alexandre le passe dans les laboratoires du DLCEM, occupé à travailler sur le génome des dieux et des demi-dieux. 09. Il court assidûment tous les matins et aime s'inscrire aux marathons régulièrement, y trouvant souvent une bonne place à l'arrivée. Beaucoup le perçoivent comme l'espèce de geek constamment fourré dans son bureau mais c'est une image erroné : Charles est sportif et apprécie beaucoup l'extérieur. La preuve se trouve dans ses footings en compagnie de son chien. 10. Il adore s'inventer de fausses relations via Internet et aime beaucoup se créer des profils sur les sites de rencontre, uniquement pour rencontrer des filles ou des hommes et passer une bonne soirée en leur compagnie. Il a gardé de bonnes amitiés grâce à ça mais aussi quelques rancunes de personnes interprétant mal ses intentions.
interview de charles-alexandre volkswagen.
01. •• Que pensez-vous de l'univers mythologique ? Charles-Alexandre est très mitigé vis-à-vis de l'univers mythologique. D'une part, ce monde le fascine car il défit tout entendement et ne devrait pas exister. Des dieux, des monstres, les enfers, des sangs-mêlés... Tout cela ne devrait pas exister, du moins pas de façon rationnelle, et pourtant... Charles ne peut s'empêcher d'admirer cette face cachée du monde, de lire à ce sujet (beaucoup) et de l'aimer. C'est tellement beau et merveilleux (dans le sens qui paraît extraordinaire, surréaliste, bien sûr)... Mais d'un autre côté, et c'est sa part rancunière et mauvaise qui parle, Charles le déteste. Il le hait à cause d'Aphrodite et des jeux des dieux. Il le hait pour tout ce qu'il est et que Charles ne pourra atteindre. Et c'est la jalousie qui parle, l'envie.
02. •• Voyez-vous à travers la Brume ? Si oui, à quel point et comment vous en êtes-vous rendu compte ? Charles-Alexandre peut voir à travers la Brume, oui, mais difficilement. Son aptitude est sans doute plus développée que chez la plupart des mortels mais il n'a absolument pas une vision claire et il a fallu attendre qu'il découvre le monde mythologique pour commencer à réellement le percevoir avec ses yeux. Nul doute que s'il n'avait jamais appris son existence, il n'y aurait jamais rien vu. Mais puisque ça lui demande un effort constant et une haute dose de concentration, il préfère utiliser les lunettes conçues à cet effet par le DLCEM. De toute façon, il est lui-même myope donc quitte à porter souvent des lunettes, autant joindre l'utile à... l'utile. Car voir à travers la Brume n'est pas toujours une bonne chose selon lui. Il ne le fait qu'à cause du métier qu'il exerce aujourd'hui. Le Département a modifié ses lunettes de vue pour y ajouter le filtre concernant la Brume et c'est bien pratique.
03. •• Quelle est votre place dans l'organisation ? Pourquoi l'avoir rejointe ? Ce n'est pas réellement un choix pour Charles-Alexandre et il n'a jamais envisagé de travailler pour le gouvernement, encore moins celui américain. Mais une fois qu'il a eu tout perdu, que ses travaux sont tombés dans l'oubli - ou pire, la moquerie - cet emploi est tombé à point nommé. Il ne lui a pas fallu longtemps pour accepter, et encore moins pour soutenir à cent pour cent tout projet issu du DLCEM. Aujourd'hui, son travail pour le Département est le centre de son univers et son seul point d'ancrage après la chute de son nom. S'il avait été aussi aimé de la communauté scientifique qu'avant, Alec aurait sans doute dit non.
04. •• Avez-vous participé à l'intrusion des camps ? Qu'était votre ressenti alors ? Il était encore en formation pour le Département en septembre et de toute façon, il n'exerce pas une charge nécessitant d'aller sur le terrain. Il se souvient avoir pensé que tous ces enfants étaient comme sa petite Alicia, mais il se rappelle aussi s'être dit que le DLCEM ne ferait pas tout cela sans une bonne raison. Charles connaît les dangers que représentent l'univers mythologique et plus particulièrement les sangs-mêlés : une bonne purge était peut-être nécessaire pour réguler la population semi-divine ? On le fait bien avec certaines créatures nuisibles alors... pourquoi pas ?
à propos du joueur.
PSEUDO/PRÉNOM •• .ipar haizea (Tao) ÂGE •• 19 ans. COMMENT AS-TU CONNU MALUM DISCORDIAE ? •• Ici Tris', Mercy, Ary. COMMENT TROUVES-TU LE FORUM •• L'est pas sublime, hé ? AVATAR •• Ben Whishaw. UN DERNIER MOT ••
.ipar haizea
Dernière édition par Charles-A. Volkswagen le Ven 9 Sep - 15:44, édité 9 fois
Sujet: Re: Dans Volkswagen, il y a « swag » ! (chachou) Ven 15 Juil - 21:44
the wolves will come again.
seven years old – rien qu'une fois.
« Charles-Alexandre, tu m'écoutes ? » Les gouttes de pluie dessinaient des centaines de cercles dans l'eau noire de la piscine. Il pleuvait à verse, comme souvent en hiver dans le bordelais, et le ciel gris donnait davantage envie de se réfugier sous la couette avec un bon roman d'aventure que de faire des maths assis à la table de la cuisine. Une main frappa sèchement le cahier posé devant le gamin qui porta enfin un regard discret sur son professeur particulier. « Tu m'écoutes ? » « Oui... » Mathilde, étudiante en troisième année de licence de mathématiques sur Bordeaux, posa ses lunettes sur la table et se frotta les yeux. « Je sais même pas ce que je fais là en fait. » Ce n'était pas de sa faute s'il n'en avait rien à faire des maths. « Jean-Baptiste m'a expliqué hier soir. » J.-B. était doué en maths lui, il comprenait facilement, naturellement même, et pouvait sans mal réexpliquer à son frère cadet si besoin. Mais ce n'était jamais suffisant pour Laurent et Laurence Volkswagen (oui, ils s'étaient bien trouvés) qui souhaitaient toujours mieux. Leur objectif principal ? Que leurs enfants soient les premiers partout, les meilleurs, car ce n'était qu'avec ça qu'on pouvait réussir dans la vie et être épanoui. Et puis en face de leurs collègues, ça faisait bien aussi. Une véritable course à l'enfant intelligent et doué. Était-ce propre aux universitaires ou était-ce un rêve répandu chez tous les parents ? Alex n'en savait rien : ses parents étaient tous les deux chercheurs et professeurs à l'université de Bordeaux, dans les sciences, et ils passaient leur vie à être invités à droite et à gauche pour répandre leur savoir. Ils écrivaient des livres, parfois pompeux, et se montraient cassants avec leurs élèves. Et ils agissaient à l'identique avec leurs deux enfants, voués dés leur plus tendre enfance à exceller dans une matière ou dans une autre. Sciences humaines ou sciences tout court peu importe tant qu'ils finissaient par trouver leur voie. Le couple ne vivait qu'avec deux salaires de professeurs agrégés mais ils pouvaient aussi compter sur un confortable héritage légué quelques années plus tôt par le grand-père paternel, le tout agrémenté d'une somptueuse maison. Le terrain s'étalait sur plusieurs hectares, avec une belle piscine aux formes arrondies et une jolie maison en pierre sur plusieurs niveaux. Le jardin vallonné était soigneusement entretenu, permettant aux parents de recevoir chez eux sans honte (loin de là). Charles-Alexandre adorait cette maison au style ancien modernisé grâce aux plantations impeccables. Il adorait aussi la jolie Mercedes de ses parents qui dormait au garage, elle aussi bien chouchoutée et lustrée. En hiver, la propriété perdait de son charme pour se transformer en terrain glissant et humide mais peu importe, la grandeur restait. Au bruit d'un crayon à papier heurtant la table, Charles-Alexandre reporta son attention sur son professeur particulier – la meilleure étudiante de licence en mathématiques, accessoirement l'élève favorite de madame Volkswagen. « Vois le bon côté des choses, tu pourrais en plus être mal payée. » Une expression offusquée passa sur le visage de Mathilde dont les doigts tambourinèrent la table avec agacement. Mais au fond, le gamin avait raison, elle n'avait pas franchement de quoi se plaindre. Elle devait certes traverser la moitié de la Gironde pour venir donner son cours, seule dans sa Panda défoncée, mais madame Volkswagen la payait si bien que ça suffisait largement pour amortir l'essence et lui laisser une petit supplément non-négligeable. Que le mioche soit en plus agaçant et qu'il révise la veille chacun des cours qu'elle devait lui donner… Ce n'était pas important de ne servir à rien si elle gagnait à la fois du fric et contentait sa professeur de licence. Mathilde adressa son sourire le plus hypocrite au petit Alex – qui ne fut pas dupe le moins du moins – et s'avachit sur le dossier ergonomique de la chaise. « J'vois même pas pourquoi on fait semblant alors... »
La porte s'ouvrit à cet instant sur une madame Volkswagen trempée qui se jeta sur son fils avec un grand sourire. « Alors, les maths ? Ça rentre ? » D'un commun accord, Mathilde et Alex acquiescèrent d'un air concentré.
seventeen years old – ascension.
En pleurs, madame Volkswagen se jeta dans les bras de son fils sans se soucier du relevé de notes qu'elle écrasait entre eux deux. Ce matin avait été une matinée épouvantable pour elle, vive d'angoisses et d'attentes, d'espoirs à ne surtout pas décevoir, de rêves… et c'était bon, son deuxième garçon s'illustrait haut la main dans son établissement avec des résultats exemplaires. Elle savait qu'elle avait bien fait de les élever à la dure concernant leur scolarité, qu'elle avait eu raison de se rien laisser passer, quitte à se ruiner en cours particuliers pour les soutenir si besoin. Bon, elle était bien tombée, ses deux fils avaient de grandes capacités scolaires et elle les avait initiés très tôt au travail personnel, leur apprenant à mettre de côté leurs jeux et autres Game Boy pour se concentrer sur leur travail scolaire.
« ... Dix-sept et demi en physique-chimie, seize en mathématiques et dix-neuf et demi en sciences et vie de la Terre. » Au comble de la fierté, monsieur Volkswagen acheva de lire les notes de son fils cadet au baccalauréat. Les trois quarts de la famille se trouvaient autour de la grande table de la salle à manger, tous réunis pour fêter l'obtention du bac de Charles-Alexandre mais aussi d'Élise, sa cousine d'un an son aînée. La famille trinqua aux deux diplômés. « Alors Élise, qu'est-ce que tu vas faire l'année prochaine ? » « Je vais entrer comme apprentie chez un sellier-bourrelier, en Normandie. » Madame Volkswagen essaya vraiment de retenir la course folle de ses sourcils vers le haut de son crâne mais impossible. « Oh, c'est… bien, j'imagine ! » Au fond, elle s'en fichait, elle n'attendait qu'une chose : exposer les projets de son fils cadet au reste de la famille. « Charles-Alexandre se lance dans de longues années d'études en biologie animale, lui. Il espère arriver jusqu'au doctorat mais après une scolarité parfaite en sciences, son père et moi ne nous faisons absolument pas de soucis ! D'ailleurs quand on voit comment se débrouille Jean-Baptiste avec sa licence de physique, je me dis que son petit frère ne peut suivre que le même chemin… et en mieux même ! Après tout, notre petit Charles-Alexandre a déjà pris un an d'avance au primaire et... » Et c'était reparti, elle se lançait dans un monologue aussi gênant que rageant tandis qu'Alex piquait du nez dans son assiette. Sa mère gommait tous les mauvais côtés d'une scolarité « exemplaire » : les moqueries plus jeunes, qui s'étaient transformés ensuite en piques sournoisement glissées dans toutes les conversations – « Mais Charles, c'est juste qu'il révise comme un dingue, il a pas d'vie ce mec ! » ou encore « Ouh là, Alex est déçu... » « Tu parles c'est normal, il n'a dû avoir que dix-huit ! » – ou le décalage que cette année sautée avaient occasionnée. Ça avait été la grande fierté de sa mère à l'époque – « Mon fils sait déjà lire de toute façon. » – mais ça n'empêchait qu'il était longtemps resté le plus jeune de sa classe et que ça s'était bien senti. « Jean-Baptiste quant à lui vient tout juste d'achever sa licence de physique, avec une mention bien ! Mais c'est vraiment injuste, une note qu'il n'aurait pas dû avoir a fait baiser l'intégralité de sa moyenne générale et il ne passe qu'à quelques millièmes de point de la mention très bien. Mais avec Laurent, on connaît ce professeur, c'est vraiment un salaud quand il s'y met et... » Laurence Volkswagen se cherchait des excuses et une fois de plus, personne n'était dupe. Alex savait très bien que cette « sale note injustifiée » l'était en fait totalement : J.-B. était sorti en boîte la veille de son devoir et s'était pointé à l'université avec une gueule de bois monstrueuse. Mais leur mère ne pouvait pas se contenter d'une mention bien et il fallait qu'elle transforme cet échec en une histoire bien malheureuse pour son talentueux aîné.
twenty years old – ascension, encore.
« Je te dis juste ce que j'ai vu, c'est tout. » Charles-Alexandre surprit le regard mi-sceptique mi-inquiet que Jean-Baptiste posa sur lui à la dérobée. « Tu travailles trop, Charlie, tu délires. » Alex préféra garder le silence et reporta son attention sur l'immensité bordelaise qui s'étendait sous leurs yeux. Les deux frères avaient choisi un dimanche après-midi grisâtre pour grimper en haut de la tour Pey-Berland et admirer leur région qu'ils connaissaient déjà par cœur. C'était comme un rituel pour eux : quand ils se sentaient dépassés, que leurs études les prenaient à la gorge ou qu'ils avaient simplement besoin de se retrouver un peu, ils faisaient l'ascension jusqu'au point le plus haut de la tour pour bavarder. Ce jour-là, des nuages grisâtres surplombaient la grande ville de Bordeaux, si communs en hiver dans cette région, et une pluie fine et triste formait comme un rideau entre eux et le reste du monde. Jean-Baptiste détailla son frère cadet, ses cheveux constellés de gouttelettes argentés, ses traits fatigués alors qu'il progressait péniblement dans sa licence à grands coups de mention très bien. Dans une autre vie, Charles aurait été un glandeur, un de ces types qui vivait au jour de jour d'une de leur passion sans jamais vraiment se soucier du lendemain. « Les harpies, ça n'existe pas Charlie. » Son frère avait sorti cette histoire quelques minutes plus tôt et Jean-Baptiste avait vraiment cru qu'il plaisantait… jusqu'à déceler ce regard concentré et froid que pouvait avoir Charles-Alexandre quand il était sérieux. Alors l'inquiétude était montée. « Je l'ai vu. » Charles s'énervait à côté de lui, intimement persuadé de ce qu'il avait vu. « Tu devrais arrêter de bosser comme un dingue, sortir un peu… avec des potes par exemple. Je ne sais pas, va… faire du vélo, du cheval ? Du kart ? Mais ralentis sur ta SVT, Charles. » « Tout ça parce que je suis meilleur que toi. » Les mots étaient tombés, froids, coupants… et vrais. « Ça n'a rien à voir. » « Tu parles, ça t'arrangerait bien que je déraille un petit coup hein ? Tu as toujours été le meilleur. Maman le savait, je le savais et tu le savais aussi. Sauf que voilà, on grandit et je te dépasse. Je suis plus concentré, plus doué, plus inventif. Bien sûr, tu as de bonnes notes mais tu te laisses distraire par le reste, tu suis vaguement les traces des autres avant toi sans chercher à trouver mieux. Pas moi. » La dispute qui les opposait… Elle existait depuis toujours, sous-jacente. C'était la première fois qu'ils osaient le dire à voix haute mais cette rivalité avait toujours été là, sournoisement entretenue par leur mère. Elle voulait deux enfants brillants mais l'un le serait automatiquement plus que l'autre à ses yeux. Longtemps, ça avait été Jean-Baptiste mais dans les études supérieures, Charles était meilleur. Là où l'aîné restait dans les sentiers battus, trop craintif pour aller chercher mieux, le cadet prenait l'original sans avoir réellement froid aux yeux. Et dans l'immédiat, à son petit niveau, ça lui réussissait bien. « C'est faux, et tu le sais. » En face de lui, Charles s'alluma une cigarette tout en haussant les épaules. « Que dalle. » « Comme tu veux Charlie, mais ne va pas raconter un truc pareil à maman. »
Dans les faits, Charles-Alexandre avait raison, il était meilleur que Jean-Baptiste. Ses notes frôlaient les sommets et il ne finissait par se satisfaire que de la perfection. C'était son objectif à temps plein, ça prenait ses rêves, ses pensées, ses aspirations. Alors oui, il n'avait pas de vie personnelle, pas de petite amie, presque pas d'amis… mais ce n'était que des détails de toute façon, non ? Il n'avait jamais vraiment connu tout ça, glissé dés l'enfance dans ce chemin vers l'excellence que sa mère avait tracé pour lui. S'il savait sortir des sentiers battus dans ses devoirs et ses recherches, il n'avait pas réussi à quitter la voie que Laurence Volkswagen avait dessiné pour son avenir. C'était l'unique différence entre les deux frères.
twenty-five years old – ascension, toujours.
« … Merci à Charles-Alexandre Volkswagen, on passe maintenant à... » Il avait soutenu sa thèse l'année passée avec succès et avait enfin atteint le niveau d'étude qu'il recherchait. Il s'était ensuite pleinement consacré à ses sujets de recherche favoris sur tout ce qui touchait à la génétique, à son expression ou son absence d'expression, les problèmes rencontrés… Bref, il disposait maintenant d'un vaste terrain de jeu. Il avait quitté son bordelais natal un mois plus tôt pour New-York afin de travailler en collaboration avec un autre excellent chercheur, réputé comme un gentil dingue aux idées de génie. Et c'était vrai, James Bartl était doué et Charles-Alexandre appréciait son travail. Pouvoir travailler avec lui était une chance qu'il estimait au plus haut point. « C'était pas mal du tout, fiston ! » James, petit bonhomme bedonnant aux lunettes assez marrantes, donna une claque amicale sur l'épaule de son nouveau protégé puis rajusta son éternel béret. Charles ne l'avait jamais vu sans son couvre-chef qui peinait à recouvrir la masse bouclée poivre-sel du vieux docteur ni sans ses cannes. C'était un type particulier James, mais Alec l'adorait. Il était simplement fantastique avec ses idées complètement loufoques et il ne manquait ni de courage ni d'aplomb, même s'il ne payait pas de mine à première vue. « L'hypothèse que tu as avancé, Alec, c'était du génie ! Je n'y avais jamais pensé en tout cas. Ah tiens d'ailleurs ! Ton frère est sur New-York, il a téléphoné tout à l'heure. »
« Charlie ! » Jean-Baptiste surgit de la foule new-yorkaise avant un grand sourire aux lèvres. Ils avaient rendez-vous devant un petit café qu'Alec appréciait tout particulièrement, à quelques pas de son appartement. « Tu vas bien ? » « À merveille. » « Je suis content de te voir. » Charles aussi était heureux de revoir son frère, enseignant-chercheur dans une université parisienne depuis peu. « J'ai vu tes derniers travaux, ça a l'air de pas trop mal marcher, non ? » « Mmh oui, ça va. » […] « Sérieusement Charlie, tu ne vas pas remettre ça sur le tapis... » Ils étaient assis devant un café-crème depuis bientôt une heure, à parler de tout et de rien, et jusque là, tout allait bien. « James a trouvé ça plutôt intéressant, lui. » « Tu as toujours été un grand rêveur, C., c'est tout. » « Je suis plutôt certain de ce que j'affirme, en fait. » « Et je suis relativement sûr que tu t'es trompé, que tu as cru voir, dans un moment de fatigue, des choses qui n'existent pas. Comme pour la harpie il y a quelques années. » À chaque fois, Jean-Baptiste pensait que ce sujet serait évité et qu'il pourrait juste bavarder avec son frère cadet qu'il aimait plus que tout. Et à chaque fois, ils finissaient inlassablement par aborder ce thème devenu sujet de discorde entre eux. « Ni les harpies, ni les cyclopes, ni les centaures n'existent, Charlie, j'espère que tu t'en rends compte. » « Et si... » « Mais enfin si ça existait, ça se saurait quand même ! Tu n'es pas le dernier des crétins, tu es bac +8 tout de même, avec d'excellents commentaires ! Et en sciences de la vie en plus. On ne peut pas faire plus terre à terre et tu es là à… à déblatérer en boucle des conneries. » L'air buté de Charles le faisait sortir de ses gonds, et qu'il parle de ça à tous les coups aussi. « Si je te dis qu'il me semble que James Bartl a des cornes sous son béret, j'imagine qu... » « Charles, ça suffit enfin ! » Quelques clients leur jetèrent un regard interloqués. « Chut, arrête J.-B., je... » « Mais non, c'est toi qui arrête ! J'ai l'impression de parler à un fou ! » Charles était vexé. Et déçu. Mais Jean-Baptiste savait qu'il n'avait aucun intérêt à entrer dans les délires que son frère entretenait depuis plus de cinq ans. Il n'avait pas à comprendre la logique là-dedans : Charles-Alexandre se reposait constamment sur des bases solides pour avancer dans ses recherches et les exposer, il n'était pas du style à croire aux premiers trucs improbables venus. Pourtant, il s'accrochait désespérément à ses récits aussi idiots qu'irréalistes. « Je… Je ne vois pas comment tu peux entretenir de telles croyances, Charlie, c'est tout. » « De un, ce ne sont pas de « simples croyances » comme tu dis, je sais ce que j'ai vu. Ensuite, même si c'était le cas, je ne vois pas vraiment où est le mal. Maman est bien enseignant-chercheur dans un milieu scientifique et reste intimement convaincu de l'intégralité du contenu de la Bible, de la création du monde et compagnie. Or, il me semble qu'on puisse douter de l'existence des premiers hommes, d'Adam et Ève et compagnie sachant qu'il y a d'abord eu les dinosaures, les Australopithèques et compagnie. Et que c'est prouvé. Et tu n'as jamais dit à maman qu'elle était dingue, il me semble. » « Tu mélanges tout. » « Religion contre religion, je ne vois pas la différence. » « Maman c'est une question religieuse, oui, en effet. Elle sait très bien que les dinosaures ont existé, idiot. Le reste… Elle est un peu extrême sur les bords mais c'est de la poudre aux yeux. Toi tu… Alors c'est quoi la prochaine étape ? Tu vas tailler une bavette avec Poséidon en Grèce aussi ? » « Je ne sais pas qui est le plus con des deux franchement. »
« J-je… Attendez. » C'était juste en bas de chez lui, dans la petite ruelle sur laquelle donnait la fenêtre de son appartement. Il avait fait chaud aujourd'hui et le goudron bosselé collait encore aux semelles. La fille, quoi que couverte de sang, était joli, Charles s'en rendait compte. « Vous pouvez marcher ? » Elle devait tout au plus avoir son âge, voire un peu plus jeune. Elle secoua brièvement la tête et grimaça. « Euh… Ce n'est pas grave. » Que faire, appeler la police ? Une ambulance ? Elle résolut son dilemme en l'attirant vers pas. « Appelez… personne. » Alors il n'appela personne et grimpa difficilement les trois étages jusqu'à son appartement, priant pour ne tomber sur personne. « Merci beaucoup. » Elle se remettait tranquillement, allongée sur un canapé coincé entre de (trop) nombreux aquariums. Son regard papillonnait dans la pièce mal éclairé, revenant à chaque fois sur son sauveur. « Hum… De rien. J'ai fait comme je pouvais, je n'avais pas grand-chose et... » Charles-Alexandre s'empourpra légèrement et préféra s'arrêter là. La petite blonde rit et repoussa le plaid qui lui tenait chaud. « Pas de soucis, je suis solide, ça ira vite mieux. Je m'appelle Blue. » « Charles-Alexandre. » « Alors merci Charles-Alexandre. » Son accent new-yorkais sur son prénom bien français était marrant. « Tu t'es retrouvée comment en bas ? » Alec avait presque l'impression dans l'une de ces séries qu'il appréciait tant. Sauf qu'elle semblait davantage s'être faite agresser par Godzilla que parce une quelconque arme habituelle. « Oh hum… Il y a des monstres partout il faut croire. » Ils parlèrent beaucoup après cela, beaucoup trop sans doute car Charles en apprit beaucoup trop cette nuit-là, et Blue se livra complètement. C'était un coup de cœur entre eux deux, un simple coup de cœur. Il n'était pas amoureux, pas déjà, Alec s'en convaincu, mais presque. Et cette rencontre lui donna un nouvel élan dans ses recherches.
« Charles, il y a des fois où tu me fais vraiment peur. » « Tout ça parce que j'ai raison ! Blue me l'a confirmé elle-même l'autre soir. J'avais raison depuis le début. » Charles martela ces derniers mots au téléphone, agacé de voir que malgré tout ce qu'il pouvait dire, Jean-Baptiste persistait à ne pas le croire et à le prendre pour un dingue. « Je t'apporte des preuves sur un plateau d'argent et tu continues à me dire que je rêve. Il faut que tu arrêtes ! » « D'accord d'accord, calme-toi Charlie, je te crois. » C'était pour lui faire plaisir, Charles le savait. « Mais… tu es sûr que tu ne l'as pas rêvée, cette Blue ? » « Pardon ? » « Tu vis tout seul ! Enfin tout seul avec un chien, un gars que tu prends pour un satyre et des millions de poissons dans tous les coins de ton appartement. Je veux dire… ce n'est pas un environnement très sain, C. » Quelque part, Jean-Baptiste avait raison mais Charles-Alexandre savait aussi qu'il n'aurait jamais rêvé Blue ou James Bartl. « Franchement… ta gueule. Je ne vois même pas pourquoi on se téléphone encore. » « Charlie... » Charles raccrocha brutalement et jeta le téléphone sur le même canapé où Blue s'était assise quelques jours plus tôt.
Charles-Alexandre récupéra son ordinateur avant de quitter l'amphithéâtre dans lequel il avait présenté un chapitre particulier des recherches de James. Leur collaboration fonctionnait toujours à merveille, même des mois plus tard, et Alec s'en félicitait. Il glissa la clef USB dans la poche de son blazer et s'engouffra dans l'ascenseur où il salua à peine la blonde qui s'y trouvait déjà. « Bonjour, je suis Aphrodite, la mère de Blue. Je voulais te remercier de lui avoir porté secours. » Une grande main manucurée se pointa dans son champ de vision. Charles-Alexandre peina à rassembler ses esprits pour finalement regarder la déesse qui lui parlait avec décontraction. Il avait déjà vu des créatures, et Blue avait confirmé leur existence. Elle lui avait bien dit qu'elle était l'enfant d'Aphrodite. Il se doutait aussi que James Bartl était un satyre… « Euh… de rien. » Charles serra maladroitement cette belle main blanche sortie de nulle part et ses yeux acceptèrent enfin de migrer du splendide vernis jusqu'au visage de la déesse. Aphrodite était un peu plus petite que lui, plus belle que Blue mais moins jolie et elle esquissait à cet instant un sourire sacrément mignon. « Mine de rien, tu es un charmant garçon, j'aime beaucoup les projets que tu as avec ce… satyre. » « Ah… James... » Il bredouillait comme un gamin mais Aphrodite sourit. « Ça te dit de m'inviter à boire un verre ? » L'incongruité de cette situation aurait peut-être dû lui sauter aux yeux mais il se contenta à nouveau d'acquiescer, le cœur battant.
Charles avait à peine ouvert la porte qu'Aphrodite s'engouffra dans l'appartement pour lui sauter dessus. Le chercheur la réceptionna sans peine, l'embrassa sans attendre. Elle et lui, c'était fusionnel, intense, brutal. Elle était une déesse, il le savait, elle avait eu des milliers de relations au cours des siècles mais peu importe, seul lui importait l'instant présent. Il la posa sur le canapé pour déjà s’affairer sur son chemisier. Aphrodite était toujours élégante, toujours, et toujours aussi magnifique. Là encore, il supposait qu'il ne voyait que ce qu'elle voulait bien laisser paraître et qu'elle était probablement bien plus belle sous sa véritable forme de déesse mais qu'importe ? Il l'aimait. Il n'avait jamais été amoureux avant, jamais. Il aurait peut-être pu apprécier Blue mais Aphrodite était passée par là et avait tout emporté. Si ça durerait indéfiniment ? Sans doute pas mais Charles ne pensait plus au lendemain. « Ta journée s'est bien passée, Charles-Alexandre ? » lui glissa-t-elle dans un souffle. Peu de gens l'appelaient par son prénom complet, la déesse oui et ne semblait pas vouloir en déroger. « Très bien. Merci pour… Tu sais quoi. » Il avait atteint le plus haut sommet de popularité qu'il pouvait espérer toucher dans le monde scientifique. Ses recherches et ses articles étaient publiés dans les revues scientifiques les plus en vogue, il gagnait bien sa vie, il faisait avancer le savoir… et il le savait. Il travaillait aussi sur des articles à plus petite échelle sur la possibilité d'individus aux capacités hors-norme dans le monde et les preuves qu'il parvenait à apporter étayaient ses propos avec talent. S'il avait fait des sceptiques dans les premiers temps, ses lecteurs sur le sujet se faisaient de plus en plus nombreux. De ça, il n'en avait pas parlé à Aphrodite et elle n'avait pas non plus abordé le sujet.
twenty-six years old – la chute.
« Oh Alec. » « Blue. » Il venait de tomber sur elle par le plus grand des hasards dans un centre commercial. Il avait pensé qu'il ne la reverrait probablement jamais, sauf s'il se hasardait à lui envoyer un SMS, et que vu les circonstances, ce n'était pas plus mal. Et pourtant le hasard les réunissait pour la seconde fois en moins d'un an. « Je… Je ne pensais pas te revoir. » Charles perdait de nouveau ses moyens devant elle. Était-ce un pouvoir lié à son statut d'enfant d'Aphrodite ? Ou était-ce simplement de la gène de sa part ? La situation était bizarre, gênante même. Comment pouvait-il, un an après, continuer à ressentir des choses pour elle alors qu'il entretenait une relation avec sa mère ? C'était improbable, malsain même. Et pourtant bavarder ne fut pas aussi difficile qu'il l'aurait imaginé. En moins d'un quart d'heure ils se comportaient de nouveau comme s'ils s'étaient toujours connus et comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde. Meilleurs amis et plus si affinités. « Je suis heureux de t'avoir revu. » « Moi aussi, Alec. » À sa grande surprise, elle se pencha au-dessus de la table du café où ils avaient atterri et lui posa un petit baiser sur les lèvres. À son encore plus grande surprise, il le lui rendit, d'abord timidement puis avec beaucoup plus d'envie et d'entrain. Ce n'était pas Aphrodite dont il était amoureux, c'était de Blue. Avec Aphrodite, c'était trop brutal, trop physique, pour qu'il en profite réellement. Avec Blue, c'était tellement plus… naturel. « J'espère qu'on se reverra, mr. Volkswagen. » Ce sourire allait de nouveau le hanter.
Le gifle le projeta au sol avec la puissance d'un boxeur catégorie poids lourds. Un filet de sang goutta sur le vieux tapis qui recouvrait le plancher troué de son appartement et la première question qui lui traversa l'esprit, ce fut de savoir si il ne venait pas de se casser une dent. Il était rentré chez lui le cœur encore gonflé de joie d'avoir croisé Blue dans le centre-ville et puis Aphrodite lui était tombé dessus avec la violence d'un ouragan. Une violence verbale, et à présent physique. La colère lui faisait presque une grande partie de sa beauté, transformant son visage parfait en une statut de marbre. La Vénus d'Ille venait de se réincarner dans son salon miteux pour déverser sa jalousie et sa rage sur lui. Parce qu'il lui avait dit qu'il l'aimait et qu'il avait finalement embrassé une autre fille. Sa fille. Qu'Aphrodite était une déesse cruelle et difficile, colérique et emplie de jalousie. Qu'il avait blessé son amour-propre en lui préférant sa fille et en l'avouant ouvertement lorsqu'elle lui avait posé la question. Elle savait la réponse à l'avance bien sûr mais qu'un misérable mortel ose le lui dire en face avec une pointe de provocation l'avait mise hors d'elle. Charles-Alexandre avait même fini par craindre pour sa vie. Ce qu'il pouvait être sacrément con parfois… Il s'en rendait compte à présent : tromper une divinité grecque et l'admettre relevait du suicide et il avait franchi le pas sans hésitation, sans même réfléchir aux potentielles conséquences. Mais pour sa défense, il ne pouvait pas non plus savoir que tout ce que l'on pouvait trouver dans les mythes pouvait être vrai. N'espère pas vivre trop heureux, Charles-Alexandre Volkswagen. Elle n'était déjà plus là, disparue par la fenêtre. Les battants se refermèrent violemment sur le cadre, brisant les vitres au passage. Une pluie de verre se déversa sur le jeune chercheur qui se roula en boule par réflexe.
Aphrodite lui avait cassé les côtes. Elle ne l'avait pourtant frappé qu'une seule fois, avec assez de force pour l'éclater au sol, mais elle avait réussi à lui casser plusieurs côtes. Malheureux, Alec ne l'était pas vraiment : Aphrodite et lui, ça n'avait été que physique, dans la lignée de leur rupture, mais il savait qu'Aphrodite n'allait probablement pas s'arrêter là. Il avait touché son point sensible, son orgueil, avec la délicatesse d'un semi-remorque, et piétiné le peu d'estime qu'elle pouvait avoir pour un mortel comme lui. « Charles ? » Alec leva un regard morne sur son collègue qui lui glissa un journal avec un air crispé. « Tu ne vas pas aimer. » Le titre de l'article se suffisait à lui-même. Bientôt les petits bonhommes verts en génétique ? » L'article suivait le titre avec un ton clairement moqueur. On y mentionnait ses travaux et ceux de James, aussi bien ceux très publiés que ceux plus intimes sur de potentiels humains aux capacités supérieures. C'était bien sûr les derniers qui étaient le plus critiqués jusqu'à la petite phrase finale, méchante. Peut-être qu'X-Men – Apocalypse est bien réel ? C'est ce que semblent penser les chercheurs Charles-Alexandre Volkswagen et James Bartl, collègues de bureau établis actuellement à New-York City.
Ce n'était qu'un article, et c'était le premier d'une longue lignée. C'était une chute intime, principalement dans les revues scientifiques et dans ce milieu assez fermé… mais c'était cruel et ça faisait mal quand même. Les petits articles se succédaient, juste assez pour mettre fin à la carrière de l'un comme de l'autre. Des mots assassins glissés sur Internet, sur son blog, par courrier, et ceux, plus joyeux, de fanatiques perturbés à la recherche des petits bonhommes verts. Tout ce sur quoi Charles et James avaient travaillé ? C'était traîné dans la boue ou tourné en dérision. Quelqu'un avait allumé une mèche qui avait tout consumé derrière elle. NEW ! Un docteur français délire en public ! ou encore Quand les mensonges ne savent plus prendre fin – portrait d'un chercheur en chute libre. se succédaient sans fin. Bien sûr, la majorité du monde n'était pas au courant mais c'était tout de même une carrière qui s'achevait brutalement. Volkswagen, le grand délire! attirait les regards des autres scientifiques autant que Des hommes aux capacités hors-norme, une réalité ou la fiction écrite par un grand rêveur? Tous les articles n'étaient pas assassins, mais tous convergeaient pour dire que Bartl ou Volkswagen peu importe, les deux devaient arrêter de rêver pour travailler sur la réalité. Et l'insistance dont ils avaient d'abord fait preuve en défendant leurs recherches avait joué en leur défaveur.
Créon, demeure familiale. Une silence gêné régnait autour de la table où les quatre Volkswagen dînaient. La honte de Charles-Alexandre était autant mondiale que l'avait été sa renommée à un point précis de sa vie. Tac tac tac, un tic nerveux agitait ses doigts sur la vieille table familiale en chêne. Tac tac tac, son frère lui jeta un regard en douce, s'attardant sur ses doigts qui dansaient la gigue. « Je suis contente de vous avoir à la maison, les garçons. » Laurence Volkswagen parlait pour la première fois depuis qu'ils étaient passés à table, d'ailleurs c'était sans doute la seule à avoir aligné plus de trois mots. « Nous aussi, maman. » « Alors Jean-Baptiste, tout va bien ces derniers temps à Paris ? » « Oui, ça va plutôt bien. Je vais bientôt emménager avec Cassandre parce que... » Jean-Baptiste rosit légèrement. « … parce que nous sommes fiancés. » Tac tac tac. Sa mère poussa un petit couinement de joie et attrapa la main de son aîné pour la serrer fort. « Oh là là je suis tellement contente ! Mon poussin va se fiancer ! » « Oui, je le lui ai demandé il y a quelques semaines, je sens que c'est la bonne cette fois-ci. » « Décidément tout va bi... » Laurence s'interrompit, soudainement gênée, pour jeter un regard en coin à son deuxième fils. « Enfin tout va presque bien. Je suis tellement heureuse pour toi, mon chéri. » Le silence retomba sur la table. « Et toi, Charles-Alexandre, tout va mieux à New-York ? » Mieux évidement, pas bien. « Autant qu'on peut l'être quand on est au chômage, j'imagine. » « Charlie... » « Quoi, c'est vrai non ? Je ne vois même pas pourquoi vous me posez la question. » « Mais enfin Charles, parce que nous sommes tes parents ! » Sa mère ne l'appelait Charles que lorsqu'elle s'apprêtait à se mettre en colère. « On se doit de t'aider même quand tu fais n'importe quoi ! » « N'importe quoi ? J'ai fait n'importe quoi, moi ? » « Tu avais tout. Tout ! Et tu vas raconter des sornettes en compagnie d'un hippie surmonté d'un béret. Comment voulais-tu être pris au sérieux, tu m'expliques ? Des hommes avec des capacités hors-norme, voire paranormales ? Laisse-moi rire, ne me fais pas croire que tu y as cru une seule seconde. » « Bien sûr que si ! » Jean-Baptiste lui lança un regard alarmé depuis l'autre côté de la table. Tais-toi, tais-toi! « J'ai croisé des choses que tu n'imaginerais même pas. » « Charlie, tais-toi... » « Ah parce que tu es au courant, toi aussi ? Tu laisses ton frère dé… délirer dans son coin ? C'est futé ça encore dites donc. » « Quoi, tu ne me crois pas ? » « Certainement pas, non. Alors, tu as croisé des mutants ? Des super-héros ? Captain America peut-être ? » « Une harpie, une demi-déesse grecque et j'ai déjà vu un centaure, de loin. » Il venait de couper l'herbe sous le pied de sa mère qui le dévisagea, une expression à moitié horrifiée à moitié scandalisée peinte sur son visage. Jean-Baptiste regardait le fond de son assiette comme si celle-ci était susceptible de lui offrir soudainement un moyen de tout résoudre. « Mais… Mais Charles-Alexandre, c'est du délire. Jean-Baptiste, ton frère te raconte des trucs pareils en y croyant dur comme fer et t-tu laisses faire ? » « Je pensais que cette lubie lui passerait… » « Mais bordel, c'est vrai je vous dis ! Je sais ce que j'ai vu. » « Non… Non. Je ne sais pas ce que c'est, mon chéri, mais il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. »
« Pour ne jamais oublier, - A. »
C'était le mot que Charles-Alexandre avait trouvé inscrit sur un petit carton rose un soir devant son appartement, en compagnie d'un minuscule bébé aux yeux bleus. La panique lui avait fait oublié le comportement cruel de sa mère qu'il s'était empressé d'appeler, ne se souciant absolument pas du décalage horaire et de ce qu'elle aurait pu faire pendant ce temps-là. « Allo ? » « Allo maman, c'est Charles. » Seuls les grésillements du portable lui répondirent. « J'ai… Je... » Peut-être que c'était enfin trop, ou que c'était à cause du silence de sa mère, mais il fondit en larmes si subitement qu'il se surprit lui-même. Alec raconta tout, sans omettre aucun détail, sans oublier de décrire Aphrodite ou Blue, ou même le bébé qui babillait sur son canapé. Ce fut finalement sa mère qui le coupa et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'elle pleurait aussi. « Charles, écoute-moi Charles, je… Je ne sais plus. Je ne sais plus quoi faire pour toi, ou de toi, je… Stop, j'arrête tout. Sérieusement, u-un enfant, maintenant ? Mais tu n'es même pas marié, Charles-Alexandre ! Je… Non vraiment, stop. » Elle raccrocha.
Charles-Alexandre sauta maladroitement le petit portail en fer forgé de l'église et sentit une des piques lui érafler tout le long du dos. Le choc lui arracha une grimace de douleur : ses côtes n'avaient toujours pas choisi de se ressouder complètement et certains gestes trop brusques, rire ou surtout pleurer continuaient de lui causer une vive douleur. La petite demi-déesse roupillait tranquillement dans ses bras, un pouce dans la bouche, la joue négligemment appuyée sur son autre minuscule main. Alec la serra brièvement contre lui et poussa la porte toujours ouverte de cette église. C'était une idée saugrenue, plus une pulsion qu'une véritable envie mais… il devait se débarrasser de cette môme. La déposer près du cœur ne lui prit qu'une seconde et déjà il faisait demi-tour en hâtant le pas. C'en était fini, il en avait marre.
Aramis Wheeler grimpa les trois étages à vive allure jusqu'à trouver la petite porte numéro sept qu'il cherchait. Dédaignant la sonnette, il toqua sur le bois jusqu'à entendre du bruit à l'intérieur. La porte s'ouvrit sur un type brun aux yeux clairs et aux traits tirés. « Oui ? » « Charles-Alexandre Volkswagen ? » « Oui. » « Je peux entrer ? » Le gars hésita légèrement avant de s'effacer pour laisser passer l'agent de terrain. « Oh, vous… aimez les poissons ? » « Oui. » Aramis venait dans l'objectif de voir s'il pouvait le recruter pour le Département. Il avait lu avec attention ses articles et ses dossiers avant d'éplucher soigneusement le web jusqu'à tomber sur son blog actuel. Malgré tout, si le site était essentiellement lu et commenté par des illuminés et des fanatiques de la théorie du complot, il avait poursuivi ses recherches avec sérieux. C'était ce genre de gars qu'Aramis voulait : ceux qui ne lâchaient rien malgré tout. « J'ai très probablement un emploi à vous proposer, monsieur Volkswagen. »
twenty-seven years old – envol.
« Excuse-moi, pardon. » Charles-Alexandre se fit une place sur la table en inox, poussant le bras blême du demi-dieu en cours d'étude pour pouvoir y poser son petit ordinateur portable. Le générique de The Walking Dead ne tarda pas à résonner dans la pièce blanche et impeccable des laboratoires du DLCEM. Son patron venait de s'éclipser pour s'offrir un café au Starbuck le plus proche et Charles savait qu'il avait soixante-et-onze minutes top chrono avant qu'il ne revienne. Le demi-dieu, un certain Dave Mickley, pourrait bien attendre une ou deux heures de plus, il n'était plus à ça près après s'être fait tuer par un monstre visiblement brutal. Travailler pour le Département était devenu le point d'ancrage de sa vie, son principal point de repère, et il soutenait à cent pour cent toute action du Département : le monde mythologique était un véritable danger qu'il fallait prendre au sérieux et les études menées étaient parfaites. Certes, tout dépendait des ordres donnés mais cela consistait en général à quelque chose pour garantir l'équilibre entre les deux univers qui cohabitaient dans le savoir. La grande majorité des mortels ne devaient pas connaître l'existence d'un pareil monde (ou ce serait la panique), mais il fallait aussi contenir monstres, dieux et demi-dieux. C'était une obligation. Le bras de Dave retomba mollement à côté de lui et Charles sursauta, déjà pris dans son épisode bourré de zombis.
Sujet: Re: Dans Volkswagen, il y a « swag » ! (chachou) Sam 16 Juil - 11:47
À en juger la réaction d'Isaure tu sembles très attendu sur le forum, ça m'intrigue. J'ai hâte d'en lire plus sur ce personnage, et je dois avouer que j'ai ri toute seule derrière mon écran en lisant le "Volkswagen", plutôt ironique d'avoir choisi ça pour un Français au passage. Bref bienvenue parmi nous
Sujet: Re: Dans Volkswagen, il y a « swag » ! (chachou) Sam 16 Juil - 13:39
Welcome ! J'ai hâte d'en savoir plus, je ne connaissais pas le monsieur et il a l'air aussi original que ce que tu nous annonces avec ta fichette (rooh j'ai hâte +w+)