Eden sortit discrètement de son bungalow, et quitta également la colonie. Elle n'avait prévenu personne de son absence aujourd'hui, mais puisqu'on était dimanche, elle avait la journée de libre et souhaitait s'échapper comme elle le faisait souvent. La colonie était un refuge pour elle depuis qu'elle était gamine, mais en grandissant, elle avait finit par de plus en plus apprécier s'évader quelques heures du camp des sang-mêlés, même si elle y passait toujours le plus clair de son temps. Aujourd'hui, la jeune Carlton avait eu dans l'idée d'aller faire un tour du côté de la mer. Même enfant, la fille d'Apollon n'avait jamais été attirée par la nature, plutôt rebutée même. Son entourage n'avait jamais compris la raison pour laquelle elle ressentait autant ce besoin de s'en éloigner et d'y être le moins possible confrontée - ce qui est du genre impossible à la colonie d'ailleurs -, alors que chaque enfant de son âge passait le plus clair de son temps à jouer dans les jardins et dans l'eau. Une autre chose avec laquelle elle n'avait jamais été à l'aise, l'eau. Bien entendu, comme la plupart, elle est capable de nager, mais ça s'arrête là. Eden n'a jamais développé un amour incommensurable pour l'eau et la nature, mais désormais elle avait appris à faire avec, et à ne plus hurler de peur dès qu'un insecte l'approche, ainsi qu'à ne plus être dégoûtée dès qu'il est question de mettre ses mains dans la terre ou dans le sable.
Elle arriva à la plage après plusieurs minutes de marche. Il était rare que la demoiselle se déplace jusqu'ici, mais c'est ce qu'elle avait fait aujourd'hui, et elle comptait d'ailleurs bien en profiter. Elle s'assit sur le sable, chose qu'elle n'avait pas fait depuis plus de huit ans maintenant, bien trop dégoûtée à l'idée qu'une quelconque bestiole y vivant puisse lui grimper dessus, mais aujourd'hui, elle laissait ces préjugés là de côté également. Eden n'est pas quelqu'un à juger les autres rapidement, ou à juger les autres tout court, mais elle portait et porte toujours un jugement très négatif envers l'environnement et toutes les choses dans ce genre. Recycler ? Inutile à son avis. Soudain, un léger bruit se fit entendre au loin, et la fille d'Apollon se tendit immédiatement. Sa main droite se resserra sur le poignard se trouvant dans sa poche de short, et elle se maudit intérieurement de ne pas avoir pris la peine d'apporter quelque chose qu'elle est capable d'utiliser, un arc et des flèches entre autres, puisque son utilisation des autres armes s'arrête au strict nécessaire de survie, voir mois encore pour certaines armes, comme le poignard qu'elle serrait toujours entre ses doigts. Elle se releva rapidement et se tourna tout aussi vite, pour voir une jeune fille qui paraissait sans défense, mais qui portait tout de même sur elle un arc et des flèches. Son visage lui rappelait vaguement quelque chose, et la Carlton dû aller chercher au plus profond de son subconscient pour être capable de mettre non pas un nom mais une provenance sur ce visage. Si elle n'était pas dans l'erreur, il s'agissait d'une romaine, et certainement même d'une nymphe. Eden soupira bruyamment, agacée d'avoir à faire à quelqu'un venant du camp romain lorsqu'elle souhaitait de tout cet univers mythologique, quasi moyenâgeux. Elle se tendit un peu plus encore, avant de décider de demander la raison de sa présence à la fille, ou plutôt à la nymphe. Après tout, elle pouvait être là par erreur ou par pure coïncidence, mais Eden en doutait, les nymphes ne font pas d'aussi long voyage sans attendre quelque chose en retour, et en ce moment, elle espérait plus que tout ne pas être la raison de son voyage, ou elle risquait de passer un sale quart d'heure.

- Qui êtes vous ? Que faites vous là ? Je vous connais ?

Il était actuellement très difficile pour la demoiselle de garder son calme. Elle était connue pour être une jeune fille plutôt compréhensive et attentive aux autres, s'entendant très bien avec presque la totalité de ses connaissances, mais lorsque ça traitait aux romains, elle s'énervait toujours rapidement. Parfois paranoïaque, elle était toujours persuadée que si un romain ou une quelconque créature vivant dans ce camp venait lui parler, c'était pour tenter de mener une bataille contre elle ou les membres de la colonie, membres auxquels elle tenait plus que tout, puisqu'elle y passait l'année entière depuis cinq ans maintenant et les connaissait tous, ou presque. Dans la nature, les lionnes sont toujours sur la défensive lorsqu'elles sont accompagnées de leurs petits, ou lorsqu'elles doivent leur trouver de la nourriture, voilà comment la jeune Carlton était en ce moment. Sur la défensive. Elle redoutait plus que tout une attaque contre son camp, contre sa vie, et souhaitait le protéger autant et aussi longtemps qu'il lui serait possible. Elle garda son regard fixé sur la nymphe, guettant le moindre de ses mouvements et prête à attaquer si jamais elle se montrait menaçante, et s'apprêtant aussi à s'enfuir en courant si jamais la nymphe l'attaquait première. Courageuse, mais pas téméraire.