once upon a time.
† Tout commence avec une boîte bleue
Ne vous a-t-on jamais dit que rien n’arrive par hasard ? Que tout est prédestiné, et que notre destin est ainsi déjà écrit à l’avance ? Moi personnellement j’y crois. Car lorsque deux êtres sont destinés à être ensemble, ils se trouveront tôt ou tard, car c’est inscrit. Ils doivent se trouver pour laisser le destin s’écrire un peu plus de par leur descendance… Oui je sais, c’est plutôt pas mal écrit pour une fille comme moi. Je ne suis pas sûre que tout le monde soit de votre avis, sinon je me serais orientée vers des études de lettres : chose que je ne fais pas. Heureusement. Moi je joue avec d’autres sortes de lettres, avec d’autres codes. Mais comme je vous le disais, sans le destin, il n’y aurait pas eu de rencontre et sans rencontre, il n’y aurait pas eu de moi ! Jade Eddana Holmes. Sans eux et leur singulière rencontre, je ne serais pas là. Alors je vais vous la raconter rapidement également, comme ma grand-mère le faisait. Ma mère, Madame Holmes était avant de rencontrer mon père, une notaire. Une notaire qui s’est retrouvé en charge de la mauvaise famille, au mauvais moment. Ma mère qui était là, seulement pour exécuter le testament du défunt vieil homme qui léguait tout à son fils, son seul héritier : héritier qui s’est fait assassiné… Intervint alors mon père Monsieur Holmes, ou le meilleur détective de tout Londres, voire de toute l’Angleterre ! Cette affaire d’héritage contenait plusieurs milliers de livres, ainsi qu’un objet ancien et très précieux : une vieille cabine téléphonique bleue des années 50. La boîte bleue comme mes parents aiment l’appeler. La boîte grâce à laquelle ils se sont rencontrés…
† Mamie et ses histoires«
Allez Mamie s’il te plaît raconte-moi encore une autre histoire ! Celle de la rencontre de Maman et Papa, je la connais par cœur ! » Lui réclamais-je du haut de mes cinq ans. Avec un Père détective, et une Mère notaire : ils n’avaient pas beaucoup de temps à me consacrer. Heureusement que ma grand-mère maternelle habitait juste en-dessous de chez nous, même si elle était souffrante : elle était ma dose d’attention de la journée. Je n’allais pas me coucher sans entendre une autre de ses histoires. Agenouillée au pied de son lit, je la regardais, la suppliant du regard afin d’avoir mon bien tant désiré. Seule la pluie battante et ricochant sur les fenêtres constituait le bruit de la pièce. La faible lueur qui s’échappait des bougies plongeait la pièce dans une ambiance mi-éclairée, mi-ombrée. Que voulez-vous, la réputation de Londres est bien fondée : il pleut souvent ! Cédant finalement à mes attentes, ma grand-mère se mit alors à raconter une de ses histoires qu’elle avait soit disant, elle-même vécu durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais elle ne me parla pas cette fois d’un crash d’obus ou des nuits en 1941 lorsqu’ils avaient dû se cacher dans les Bunker à cause des attaques allemandes. Non, elle me raconta tout autre chose. Des monstres qu’elle semblait avoir rencontré. Pas des monstres durant la guerre, mais d’autres monstres qui eux-mêmes n’arrivaient rien de très humain. «
Mais tout ça, ce n’est qu’une histoire, hein Mamie ? Ils n’existent pas ? » «
Non Eddana, ce n’est qu’une histoire, bien sûr. » Elle posa une main qui se voulait réconfortante sur mon visage : elle était la seule qui m’appelait par mon deuxième prénom. Sa respiration se fit alors un peu plus lente, et elle posa la tête sur son coussin avant de fermer les yeux. «
Oh Mamie tu es fatiguée ? Attends je vais t’éteindre les bougies ! » Me levant subitement, je courais vers la bougie la plus éloignée afin de souffler sur cette dernière et de l’éteindre par la même occasion. Mais à peine l’avais-je éteinte, qu’une respiration derrière moi me fit sursauter. Me retournant vivement, je ne voyais rien à travers la pénombre. Rien hormis deux perles rubis luisantes suspendues à un mètre quatre-vingt-dix du sol. Non ce n’était absolument pas des perles… Et moi j’avais peur. Criant, je retournais auprès de ma grand-mère, la suppliant de se lever et de sortir. Mais elle ne bougeait pas : elle ne bougeait plus, et moi j’insistais toujours. C’est alors qu’on me souleva mes pieds décollaient du sol, seul le mot «
Exterminé » fut prononcé… La seconde d’après on me lâchait et en tombant lourdement sur le sol, je perdis connaissance. J’eus juste le temps de voir une silhouette en plus, en plus de la créature à qui appartenait ces yeux…
Me réveillant dans un lit d’hôpital, j’appris qu’un des voisins avait enfoncé la porte de chez ma grand-mère en m’entendant crier : d’après les rapports officiels c’était un cambrioleur et ma grand-mère serait morte d’une crise cardiaque face à la vue de ce dernier. Mais moi je peux vous le dire : je m’en souviens très bien, cette chose était tout sauf un humain ; on aurait dit une des choses que grand-mère me racontait. Mais je ne dis rien. Parce que ma Mère ne croyant déjà pas aux histoires de sa propre mère, cela n’aurait fait qu’aggraver la situation. Et je croyais ainsi à cette histoire inventée de toute pièce, du haut de mes cinq ans. Comment vouliez-vous expliquer à une petite gamine que sa grand-mère était partie autrement qu’avec la typique formulation : elle est allée rejoindre les étoiles.
† Je partageais mes Kinder Bueno qu'avec toi
«
Pourquoi t’es tout seul ? T’as pas de goûter ? Tu veux partager mon Kinder Bueno ? Ou alors j’ai un morceau de soufflet, ma Maman fait les meilleurs ! » De manière tout ce qu’il y avait de plus spontanée, j’avais proposé de partager mon goûter avec le garçon de ma classe de première année d’enseignement primaire – j’avais six ans précisons-le –. Je m’étais vite remise de ce qui m’était arrivée l’année dernière : mon cerveau me persuadant que ce n’était que mon imagination, tout allait pour le mieux. Le jeune garçon leva les yeux sur moi, et accepta finalement le chocolat que je lui tendais. Derrière ces paroles se cachaient évidemment la fameuse phrase : tu veux être mon ami ? Il était d’ailleurs devenu mon meilleur ami : celui avec qui je passais le plus clair de mon temps, celui qui venait tous les après-midi à la maison faire des batailles d’eau ou encore des parties de jeu de société où il me laissait finalement toujours gagner à la fin ; de peur que je devienne rancunière à cause de ça. Six ans. Six ans où nous ne nous sommes pas lâchés d’une semelle : si on me cherchait on lui demandait à lui et si on le cherchait lui on me demandait à moi où il était ! J’avais d’ailleurs osée lui parler un jour, de ce que je croyais avoir vu le fameux soir chez ma grand-mère : et il m’avait cru sans broncher. Il m’avait donné raison : c’était le premier à faire ça. Le premier à me dire que ce n'était pas mon imagination. Mais tout cela s’arrêta, le jour de mon douzième anniversaire : sans me l’annoncer en face, avec une simple lettre pour annoncer son départ, il ne me donna aucune explication très claire hormis le fait qu’il devait absolument partir. Mais il me promettait une chose : qu’un jour il reviendrait me voir… Tu parles, maintenant je suis rancunière : j’aurais pu perdre autant de parties que je voulais, ce n’est qu’en cet instant que je lui en voulais énormément…
† Plonger dans le grand bain : l'aventure new-yorkaise«
Jade réveille-toi s’il te plaît ou sinon tu vas rater ton avion ! » Mon avion : voilà la nouvelle lubie de mes parents, m’envoyer le plus loin possible d’ici : ils voulaient m’envoyer en Amérique, chez un de leur ami chirurgien réputé. La raison officielle de mon départ était le travail de mon Père, jugé trop dangereux pour moi car il avait peur qu’on touche à moi pour l’attendre. J’faisais quand même de l’escrime, mais il avait dû oublier cette partie. Je n’appris cependant que plus tard, la raison officieuse, c’est-à-dire la véritable raison : me protéger des monstres qui hantaient la maison. Celui que j’aurais vu chez ma grand-mère n’aurait pas été le seul, et tous les soirs mes parents se couchaient en priant pour que rien de tel n’arrive… Embarquant pour mon vol, je fis un ultime câlin à mes parents, avant de m’envoler pour la ville de tous les rêves : j’ai nommé New-York…
Une grande villa plus un chirurgien renommé : vous vous imaginez tout naturellement que je menais une vie classe. Au risque de vous décevoir, ce n’est absolument pas ce qui m’était arrivée. A treize ans, je devais gérer ses absences à répétitions, le fait de m’intégrer dans un continent et la cuisine. Oui la cuisine : et même après sept ans d’expérience, je n’arrive toujours pas à faire gonfler un soufflet, c’est horrible ! J’écrivais à mes Parents toutes les semaines jusqu’au jour où je leur écrivis que j’avais revu le même type de monstres. En réalité, j’en voyais même beaucoup plus que d’habitude ici. De toutes formes, de toutes couleurs et de toutes sortes. Un jour même j’avais revu ces mêmes perles rubis luisantes accompagnées du même mot : «
Exterminé ». J’étais rentrée en courant et je m’étais laissé glisser le long de la porte une fois celle-ci fermée. Notre correspondance s’arrêta alors de but en blanc. Comme lassés par tout ça, par mes pseudos mensonges, ils avaient arrêtés de m’écrire. Frustrée, je décidais maintenant de me tracer ma propre voie, mon propre chemin. J’allais me débrouiller toute seule qu’importent les moyens, qu’importent les conséquences.
† J'suis grande, je sais me débrouiller toute seule
A dix-huit ans, j’avais claqué la porte de chez le grand chirurgien de renommé mondiale pour me prendre un appartement, seule. J’avais commencé un petit boulot de Babysitter qui m’allait mieux que je ne le pensais. Même si je ne gardais pas toujours les gosses les plus adorables au monde, moi je leur apprenais à devenir agréables ! Et ça marchait plutôt bien en réalité. Ce n’est que l’année suivante que je me suis lancée dans des études d’informatique : chose qui m’avait toujours passionnée. J’ai l’impression des fois d’être née avec un ordinateur dans les mains, tellement certaines choses me paraissaient évidentes. J’avais passé ma première année sans problème et la deuxième s’annonçait tout aussi relax que la première ! Maintenant que j’ai vingt ans, je concilie Babysitter et étudiante à plein temps en plus de ma petite enquête personnelle à côté. Pourquoi est-ce que moi Jade Eddana Holmes, je voyais ce genre de monstres dans la rue se promener, alors que les autres eux ne voyaient qu’une chose banale et ordinaire de la vie. Pourquoi moi ? Qu’est-ce qui fait que je sois comme ça ? Pourquoi est-ce que mon meilleur ami à l’époque me croyait, alors que d’autres pourraient me rire au nez si je leur annonçais ce que je voyais ? J’ai besoin de réponses à toutes mes questions, et j’ai la nette impression qu’être au cœur même du problème – oui c’est à New-York que j’avais vu le plus de choses bizarres – ne pourrait en réalité que m’arranger. Aucun mystère ne résiste à une Holmes !