who you are.
once upon a time.
CHAPITRE I
L'homme ne tarda pas à sentir la colère lui monter au nez. Cette détestable sensation grimpant rapidement le long de ses membres, faisant battre le sang à ses tempes, lorsqu’il lui parlait. Il était devant elle, il aurait pu la tuer facilement sans l’ombre d’un remord. Ses mains devenues calleuses à cause de son travail à la forge en avaient envie, sa bouteille d’alcool coincée entre ses doigts. Mais même sans l’aide d’une bouteille, il aurait pu l’étrangler, ses paumes étaient larges comme des planches, et la boisson lui brûlait la gorge. Elle n’avait aucune excuse. Le ridiculiser devant ses camarades de la Légion, lui prendre son argent, le tromper. Lui voler sa vie, en faire ce qu'elle désirait. Il avait même recommencé à fumer, lui qui avait fait tant d’efforts pour arrêter, par amour pour elle. Elle qu'il avait fait sortir de son trou à rat appelé solitude juste après avoir réussi sa quête. Il savait qu'il aurait dû la laisser dans son état. Oui, celle qu’il avait adoré détestait l’odeur des longs cigares cubains qu’il s’était offert durant près de vingt ans ainsi que les tatouages dorés parsemant son corps, désormais cachés par du fond de teint. Le fils de Vulcain était capable de tout pour elle. Et depuis ces quinze courtes années, depuis qu’il l’avait rencontrée, il avait tout fait pour lui plaire, tout, et elle s’était prise au jeu. Il avait fini par comprendre qu’elle se moquait de lui et que cela n'était qu'un simple passe-temps à ses yeux. Il ne voyait plus l’amour qu’elle avait éprouvé pour lui – il doutait même qu’elle l’eut éprouvé ne serait-ce qu’un seul jour. Les bretelles de son pantalon le serraient, elles creusaient dans ses épaules de profondes marques rougeâtres. Mais il ne sentait plus aucune douleur, parce qu’il avait oublié ce qu’était cette sensation, à force de trop la fréquenter. C'est dans le seul endroit où les demi-dieux ayant pris leur retraite que se trouvait leur maison. Quelques mois auparavant, il s’était rendu compte de sa terrible tristesse, cette déprime tellement douloureuse. Et il n’avait pas supporté cela. Lui qui n’avait jamais été un grand buveur, il s’était dit qu’il pourrait tenter de noyer ses problèmes dans la luisante couleur cuivrée d’un verre de whisky. Et en effet, l’alcool avait tout fait disparaître. Tout. Comme si sa vie n’était qu’un tableau, et qu’il en recouvrait la toile d’une épaisse masse noire, un noir puant le pétrole. C’était la couleur de la colère. Depuis cinq mois, il n’éprouvait qu’une colère sombre, qui occultait le reste de ses pensées, les rendant presque inexistantes à ses yeux. Il s’était convaincu qu’elle l’avait trompé, et ses narines qui se soulevaient au rythme de sa respiration, ses ongles si bien taillés accrochés à ses doigts, ses fines lèvres étirant un faible sourire, ses cils qui, en battant, hurlaient sa possible innocence, oui, tout en elle, lui disait qu’elle l’avait trompé pour de bon.
Il ne pouvait plus accepter ça, et avait d’abord essayé de partir. Il avait fui, presque tous les soirs, prétendant rejoindre ses amis, dans les sombres rues de la ville afin de s’éloigner le plus possible de cet être malfaisant. Mais il n’avait pas prévu ce qui lui arriverait : elle croyait à présent qu’il la trompait et avait craché dans son dos, parlant avec tous les gens qu’il était susceptible de connaître. Et depuis à peine un mois, elle lui menait la vie dure. Elle était la mer, et elle le baladait tel un simple navire de pacotille. Elle ne lui parlait que pour lui dire des méchancetés, pour l’insulter et l’utiliser comme bouc émissaire. Et dire qu’elle le trompait, elle, il en était si certain ! Voilà qu’aujourd’hui, il n’en pouvait plus, et la voir assise sur le divan, en peignoir, sirotant un verre de vin, l’ignorant, songeant à ce qu’elle se ferait pour dîner avec ses amies et à quelle idiotie elle pourrait bien inventer pour lui faire porter le chapeau... La voir ainsi lui donnait des envies meurtrières. Il était donc là, sa bouteille à la main, cette source de tant de noirceur, de tant de haine. Et dire qu’il avait aimé cette personne. Qu’à une époque, il l’aurait serrée dans ses bras tout le jour pour lui faire l’amour le soir, lorsque la seule noirceur de leur vie eut été l’absence de lumière dans leur chambre. Et ce soir-là, il n’avait que cette émotion : la rage. Il avait tant tenté d’oublier qu’il ne savait même plus tout ce qu’elle lui avait fait. Il la tuerait sans avoir aucun souvenir des choses qu’elle lui avait fait subir. Sortir en prétendant aller faire du shooping dans les boutiques de fourrures, quelle idée. Et penser un seul instant qu'il se croyait le père de trois latino bien bâtis alors qu'il était aussi pâle qu'un cadavre. Il ne fallait pas se leurrer. Mais peu l’importait. Ce qu’il savait, c’était qu’elle avait brisé son âme en milliards de morceaux. Que ces morceaux se répandaient sur le sol, coupants comme le verre. C’était donc ça. Son esprit n’était bon qu’à blesser à présent. Après avoir été rempli d’une noirceur qui le noyait, il était devenu poussière.
Il était une bouteille d’alcool. Symbole de désespoir, brillant de folie, se terminant cassé au fond de sa propre vie.
S’avançant vers elle, il leva son bras le plus haut possible. Il n’y avait plus à réfléchir. Abattant la bouteille brutalement sur son crâne, il entendit le verre se briser et vit enfin le sang couler. Son cri sembla aussi doux que le vent, presque inaudible. Comme les flocons de neige s’abattant sur le camp en plein hiver. La folie de son regard accompagna son second geste, achevant sa pauvre victime. Lâchant les restes du cadavre de bouteille qu’il lui restait dans la main, il regarda sa paume gauche : du verre s’y était coincé, et il saignait quelque peu. Ignorant la douleur, il enjamba le corps qui gisait sur le palier, devant lui et s’approcha d’un fauteuil. Poussant le canapé, il saisit le revolver, dissimulé depuis un bon moment. Il avait acheté le flingue un mois auparavant, et encore aujourd’hui, il ignorait vraiment pourquoi. Laissant la lumière allumée, il marcha vers la porte de sortie de sa maison. Dehors, il faisait déjà nuit, la ville était vide. Le soleil habituel s’était couché depuis longtemps, le froid de la nuit le faisait diablement frissonner mais il trouva ainsi agréable l’idée de marcher sans but. Il avait réussi à introduire une arme en passant sous les yeux d'un Dieu sans qu'il ne le remarque, ressortir en serait d'autant plus facile. Il passa les bornes encerclant la ville, puis décida d’aller se perdre dans les bois. Il verrait bien ensuite ce qu’il ferait, il avait le temps. Il ne tarda pas à rencontrer les premiers arbres. Avançant en rêvassant, il vérifiait tout de même de ne pas trébucher sur une racine ou glisser dans le sable. La personne qui avait fait chavirer son cœur était morte, cet être capable de le rendre fou par sa simple présence n'était plus. Cette fille de Bacchus trop spéciale l'avait déstabilisé au point qu'il ne savait plus quoi faire. Il n’avait plus de raison de rester là-bas. Il était libre désormais, libre de mener sa propre vie. Seul. Bientôt, il arriva à une petite cabane en bois. L’un de ses amis avait l’habitude de venir fumer de la marijuana ici, il était persuadé d’en voir les mégots sur le sol et d’en sentir l’odeur dans l’air environnant. Celle-ci était toute proche du champ de Mars où s'entrainait les autres, mais ceux-ci ne pouvait voir la maisonnette. Il fallait le code, qu'il entrainerait dans sa mort. C'était le dernier à avoir connaissance de cette endroit. S’adossant contre le mur rafraîchissant de la baraque, il souffla longuement. Il verrait bien ensuite ce qu’il ferait, il avait le temps. Regardant le revolver à présent couvert du sang de sa main, il s’arrêta une seconde de penser. Le temps semblait s’être arrêté dans cette partie du monde. Ce que l’on y faisait, qui l’on y rencontrait, … ce n’était pas vraiment réel. Calant lentement le canon de l’arme sur sa tempe, il chanta un instant une chanson d’un auteur dont il avait oublié le nom. Ça l’étonnait même de se souvenir de l’air. Sting Baxter était un homme bon au final. Il avait toujours servi sa Cohorte avec courage et dévotion. Il était devenu un patron d'entreprises un peu plus tard. Peut-être trop même. Après tout, tant de gens l'avait manipulé dans sa vie pour lui faire faire le sale boulot. Cet endroit n’était pas vraiment réel. Ce qu’on y trouvait n’était pas vraiment notre vie. En effet, il ne faisait plus vraiment partie de la vie. Tombant à terre, son corps mort s’écrasa dans la poudreuse, sentant l’odeur humide de bois pourri. Un silence régna quelques temps. Le parfum du sang recouvrit l’atmosphère avec le même poids que le regard d’un tyran sur le peuple qu’il martyrisait. Il allait en finir. Il verrait bien ensuite ce qu’il ferait, il avait le temps. Tout son temps.
CHAPITRE 2
-Scalpel
-…
-Bistouri.
-…
-Maintenez le corps plus fermement. Voilà, comme ça. Fils et ciseaux. Dépêchez-vous. Que dit le moniteur ?
-Les signes vitaux semblent normaux, et la tension est stable.
-Le sang est prêt ?
-Prêt
-Vous l’injecterez quand je vous le dirais.
-…
-Maintenant !
La pompe vrombit, lançant un bruit strident et le liquide rouge du réservoir s’écoule dans le tuyau transparent.
-Des signes de rejet ?
A ces mots, les assistants se tournèrent avec angoisse vers les différents écrans référençant les capteurs biologiques et analysèrent avec une rapidité déconcertante toutes les données. Soulagement.
-Non professeur Clark, tout va bien.
- je ne veux surtout pas perdre celui-ci, leur frère a déjà causé un traumatisme énorme en disparaissant pendant la quête, l'ancien sénateur Baxter ne l'apprécierait pas. Allez, tiens bon bordel !
- Le pouls faiblit, le cœur va lâcher !
Diverses sonneries retentissent dans la salle d’opération, les appareils s’affolent, leurs aiguilles et les chiffres également. Le professeur blêmit, au fur et à mesure. Les deux frères semblent réagir à l’identique à l’opération, ce qui ne facilite pas la tâche. Ces jeunes triplets étaient décidément pareils, même à ce niveau-là. Dommage que leur quête ait été un échec complet.
-Préparez les électrochocs.
- Ceux de cette pièce ne fonctionnent plus.
-Débrouillez-vous, allez prendre ceux d’à côté, je ne veux pas qu’ils nous lâchent. Nous avons enlevé quasiment tous ce qui les rapportent à La Légion au cas où l'un d'eux souhaite partir.
- C’est bon, ils sont chargés.
-Faites attention à leurs mains, il ne faut pas qu’elles nous gênent.
Un des enfants émit un grognement au moment où ses poignées furent entravés, mais personne n’y prit garde. Deux plaques furent disposées aux abords de son cœur.
-Quand vous voulez professeur.
-Maintenant !
- PAM
Le corps sursauta, mais rien ne changea.
-Qu’est ce que vous foutez bordel, recommencez !
- PAM
- Il ne réagit pas, on le perd !
-Poussez vous !
- PAM PAM
La poitrine de l'enfant se souleva d’un coup. Sa bouche se crispa et s’ouvrit, béante. Ses yeux exorbités semblaient exprimer l’horreur qu’il était en train de vivre. On eut dit la gueule d’un poisson hissé hors de l’eau, emprisonné dans un filet de pêche. Cette grimace n’en finissait pas.
-C’est fini. Son cœur s’éteint professeur.
- Ecoute moi toi, tu ne peux pas mourir comme ça. Reviens… reviens !
Les yeux écarquillés fixaient toujours le plafond. Puis les muscles du visage se relâchèrent.
-Le cœur redémarre !
La nuque du patient se détendit doucement.
-Il doit revenir en douceur, surveillez le jusqu’à mon retour, il faut que je fasse un rapport au boss. Installez la dernière greffe au sujet 2. Cela risque d’être douloureux pour lui, alors prenez soins de l’attacher correctement, qu'on ait pas à recommencer quand il sera conscient.
Professeur Clark observa son œuvre, ravie du résultat. Suite à cette constatation, la grande femme brune en blouse médicale tourna les talons et quitta la salle, satisfaite, se dirigeant vers le bureau de son supérieur.
CHAPITRE 3
Désormais assise devant le chef de l’organisation, le professeur donna les informations concernant le projet.
-Ils nous ont donné beaucoup de mal, mais les deux restants sont enfin hors de danger. Ils ont survécu aux transplantations de coeurs dont ils avaient besoin pour survivre. Le fait que le richissime Sting Baxter nous ai confiés son argent il y a deux ans est une véritable chance. Il a dû penser que ces trois gosses en aurait besoin un jour. Le corps le plus en mauvais état était celui du sujet 2, il lui manquait un bras ainsi qu’une jambe, mais nous sommes parvenus, grâce à l’argent laissé par le sénateur à construire des membres bioniques digne d’intérêts avec divers gadgets à l’intérieur qu’il découvrira lui-même le moment venu. Grâce à l'alliance des fils de Vulcain et de ceux du Dieu des Médecins, nous avons pû les sauver. Bientôt nous pourrons les renvoyer chez Lupa pour qu'elle juge de leur état, ou chez un préteur, mais pas avant d’avoir terminé la greffe de peau au-dessus des membres bioniques, cette fine particule lui permettra de ne pas être emmerdé, et pourtant, à l’intérieur, il ne sera plus le même. Mais dans tout cela, il reste cependant un bémol, ces deux là, s'ils se réveillent ainsi ne se remettront pas de la mort de Ryan, il faut leur trouver un conditionnement qui permettrait de prouver aux autres qu’ils ne sont pas passé du côté grec, comme le laisserait croire l'échec de leur quête à proximité de la colonie.
-Nous n’en tiendrons mots aux préteurs, il n'y a que nous qui savons cela pour le moment. J’ai inventé un nouveau système qui permettra de leur effacer la mémoire donc ils ne se rendront même pas compte de ce qu’il leur est arrivés.
-Parfait. Je vais directement l’utiliser sur le sujet deux, Morgan, histoire qu’il oublie rapidement que ces membres ont disparus dans l’explosion causé par le monstre qu'ils affrontaient tous les trois.
-Soit, je te laisse le faire. Le scan-effaceur est juste dans la pièce à côté, voilà le mode d’emploi de ma création.Quant à la souffrance qu'il éprouvera à chaque décharge, ne t'en soucie pas trop, elles sont faites afin de lui permettre de survivre.
CHAPITRE 4
Fatalité qui te frappe
Larme s'écrasant sur ton corps froid
Le soleil a perdu son éclat
Comme tes yeux sans vie désormais
Blessure éternelle dans mon coeur
Joie éteinte pour toujours dans mon regard
Griffes qui arrachent mon âme
Le destin a fait de moi ce que je ne suis pas
Tout était flou. Tout était blanc, d’une blancheur qu’on ne voit que dans les rêves. Mes paupières entrouvertes désormais n’avaient plus l’habitude d’autant de lumière. Depuis combien de temps était-je allongé ici ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais s’il y avait une chose que je savais bien, c’est que cela faisait bien trop longtemps. J’avais l’impression d’avoir hiberné un mois entier. Une fois que ma vision redevint détaillée, je pus analyser le lieu où je me trouvais. Rien qu’une seule couleur dans toute la pièce, de la lumière à la porte d’entrée, tout était blanc. Tout sauf le sang qu’on pouvait voir descendre d’une perfusion transparente jusqu’au tuyau qui m’étais relié. Étrange endroit. Personne à l’horizon, seulement moi. Pour en savoir plus sur cette pièce, je décide de me lever et de l’examiner. Mais des liens m’en empêchent. Mes poignées ainsi que mes chevilles semblent attachées par un objet lourd et froid. A en juger par cela, il doit sans doute s’agir de chaîne. Étant contraint de rester allongé, je tente de me rappeler de ce qui a bien pu m’arriver, mais rien ne me revient. Rien du tout. Néant. Je me sens bizarre. Ma jambe gauche et mon bras droit ne semblent pas m’obéir, je ne les sens plus. Mes épaules et mon torse me brûlent. Sur mon corps, je peux voir bon nombre de cicatrices. C’en est presque étonnant. Je me souviens seulement d’une sorte d’opération, mais les buts de celle-ci me sont inconnus. Étais-je malade ? Et moi, qui étais-je au juste ? Tel était la question. Puis la douleur qui parcourait mon corps s’amplifia. Des cris de détresse m’échappèrent et j’eus juste le temps d’apercevoir une troupe d’hommes en blancs se précipiter vers moi avant de m’évanouir dans les méandres qu’il restait de ma vie.
- Morgan, réveille-toi.
Doucement, j’ouvris les yeux, le mal qui m’avait empoigné il y a peu s’était atténué.
-Je t’ai injecté une dose de morphine afin que tu ne ressentes plus rien. Te souviens-tu du but de ta présente ici ?
Intrigué, je hochais la tête de façon à lui faire savoir que cela n’était pas le cas. Elle soupira un moment, semblant ailleurs avant de continuer :
-Je me nomme professeur Clark, je suis docteur. En ce qui concerne votre vie, nous ignorons tout de vous. Hormis que vous faites parti du Camp Jupiter, que vous avez un jumeaux, et que vous êtes un petit fils de Vulcain et Bacchus.
Juste après ces révélation choquante sur moi alors que j'avais totalement oublié mon passé, elle détacha les entraves qui me retenaient à cette table étrange, puis s’écarta afin de me laisser un peu d’espace. Je me redressais lentement. Mes articulations et ce que j’avais l’impression qu’on m’avait rajouté à l’intérieur de mon corps ne semblaient pas habitué à bouger. Ce n’était pas très pratique, mais il me faudrait m’y adapter rapidement. Une fois debout, j’eus d’abord quelques sensations de vertige avant de parvenir à tenir sur pieds sans problèmes. J’attrapais la perfusion qui m’étais reliée puis avançais jusqu’à Mme Clark qui semblait heureuse de voir que je pouvais encore marcher. Et moi de même. Il ne manquerait plus que je reste coincé à vis dans un fauteuil à roulette à regarder à travers une fenêtre des monstres passer pour le restant de mes jours. Puis je me mets à la suivre. Je marche, je me sens même capable de courir. Bref, tout va bien pour le moment. R.A.S. Hormis que je ne me souviens de rien, même de ce qu’elle m’a dit.
CHAPITRE 5
Deux semaines plus tard, on nous avez autorisés tous les deux à sortir de La Bulle, et on nous avait conduit à Lupa, elle semblait contente de nous revoir, ainsi que perturbée, comme si nous n'étions pas comme avant. Nous deux, nous n'avions aucun souvenir d'elle. Elle nous réappris à nous battre, nous enseigna les valeurs des guerriers romains, avant de nous autoriser à gagner le Camp Jupiter. Daniel et moi, nous avions donc décidé d'obéir à la Déesse et avions voyagé jusqu'au tunnel qui se tenait désormais devant nous. En franchissant l'entrée du Camp, je regardais l'autre type à côté de moi. Il me ressemblait en tout point, je savais que je le connaissais depuis longtemps, mais pourtant, il ne me restait aucun souvenir de lui. Je marchais toujours, décidé à retrouver notre ancien lieu de vie. Autour de nous, la foule commençait à nous entourer, curieux. Certains avaient l'air choqués de nous voir, comme si nous n'étions pas censé être là. Pourtant d'autre souriait légèrement. Et pourtant, je n'avais aucune impression de déjà vu. Un d'eux s'avança, nous demanda de nous présenter, et nous emmena vers une tente en nous expliquant que nous faisions parti de la Cohorte 4 et que nous étions les deux petits fils de Vulcain et Bacchus, puis il nous laissa là, en plan. J'avais l'impression d'avoir un tableau vide à la place des souvenirs. Quand les gens de la cohorte s'étaient présentés à nous en disant qu'ils ne pensaient jamais nous revoir, nous leur avions la vérité comme quoi notre mémoire avait été volée. et donc que nous ignorions qui ils étaient. L'un d'eux nous avait demandé où était Ryan, mais nous le nom ne nous disait rien non plus. Ils parurent troublés et ce prénom disparut de leur vocabulaire très rapidement. Un des préteurs nous avait interdit de sortir le temps que nous retrouvions nos souvenirs, mais j'en avais marre de rester ici à ne rien faire.
Il ne me restait plus qu'à mentir et utiliser mon don pour me sortir de là. Parce que oui, j'avais découvert récemment que j'étais capable de transformer l'eau, en alcool quand je portais des lunettes, de magnétiser mes couverts, et de changer la fourchette en couteau. En plein repas au Camp, quand il n'y avait rien d'intéressant à faire, je m'étais mis à fixer mon verre en pensant très fort à de la vodka. Et devinez quoi ? Quand j'ai bu, ça avait vraiment un goût d'alcool ! C'est pas génial ça ? Bon bah, autant vous dire que vu que je voulais sortir l'après-midi pour avoir un peu la paix, j'ai usé de ce pouvoir sur un type en transformant sa limonade en alcool à 40°. Je sais que c'est pas bien, mais bon, ça l'a occupé et m'a laissé le temps de sortir. C'est tout ce que je voulais. Puis j'avais marché jusqu'à la ville la plus proche, il faisait pas très beau mais après tout, on était aux Etats-Unis. Et un ordre truc pas ordinaire est arrivé ! A force de dévisager un chien assez trapu, il s'est mis à me courir après. Sur le coup, ça m'a un peu interpellé, mais après, j'ai plus cherché à comprendre et me suis taillé fisa en direction du zoo. Parce que le Zoo, c'est l'endroit où il n'y a personne qui penserait à venir te chercher. En plus c'est tranquille et aucune sale bestiole n'ira me courser là-bas. Je me suis baladé un moment, puis j'ai finis par trouver une activité assez amusante : Changer la flotte des bestiaux enfermés, en alcool. Et maintenant je peux vous dire que les lions ne tiennent pas du tout le vin, et que les éléphants ont moins de mal. Mais le top du top, c'est ce pingouin. Il en redemande même. Tiens tiens... Je l'entends. Depuis quand je peux PARLER avec un pingouin??? Mais WTF x 69! Après m'être facepalmer deux fois de suite et lui avoir posé une ou deux questions, j'ai été contraint de réaliser que c'était vrai. Puis il m'a sortit un truc du genre «Tu cherche de l'aide Kyu kyu ♪ ? Si t'as un joint, je suis ok », moi comme un con, j'ai répondu sans réfléchir « Bah bien sûr tu me prend pour qui !? T'en veux ? » Puis je lui en ai roulé un sans lui laisser le temps d'en placer une et je lui ai filé. Contre toute attente, il s'est présenté, puis il a prit une taf. C'était une première d'après lui. Et vu que je l'aimais bien ce pingouin, j'ai piqué les clefs d'un gardien aussi discrètement que possible, je l'ai fait sortir, puis je l'ai balancé par dessus le mur du Zoo. Hydromel il a pas vraiment apprécié de se retrouver le cul par terre, mais bon, sortir de sa cage, ça lui a pas fait de mal.
Suite à ce jour, je suis retourné au Camp Jupiter. En rentrant, on a pris les escaliers pour partir et là, Hydromel s'est accroché à ma jambe, me faisant tomber tête la première sur les marches. Une fois arrivé en bas, je me suis posé une question existentielle. Ce pingouin me porterait-il la poisse ? Et au fil des années passée avec lui au Camp Jupiter, j'ai vite compris que c'était le cas. Grâce à lui, j'ai commencé à me reconstruire. On a vécu chaque moment ensemble. Ma thérapie pour retrouver la mémoire. Les jeux. Et pleins d'autres déments, comme des conneries et des blagues. Et ça, je compte pas arrêter
!
le héros derrière l'ordinateur.