Andreas nait dans un village tout proche de Corinthe, à l’époque une petite cité portuaire prospère au Sud ouest de la Grèce , dans la région du Péloponnèse. Alors un tout petit nourrisson chétif et fragile, il grandit fébrilement sous le soleil et l’air iodé du golf de Corinthe. Rapidement il devient un enfant éveillé et rapide dans l’apprentissage. Il parle très tôt et marche tout aussi rapidement. Turbulent et alerte, C’est un enfant joyeux et joueur que tout le monde semble apprécié au village. Avec ses belles boucles brunes et son sourire insouciant, il a un vrai visage d’ange.
Pourtant bien qu’au début heureux et insouciant, le petit garçon qu’il était alors, sait que le monde ne tournera jamais rond et qu’il serra résolument seul pendant toute sa vie. Une première désillusion pour le bambin délicat qu’il est. Très tôt, sa mère et lui sont obligés de vivre exilés des autres. Ils séjournent et passe toute leur existence dans une petite bicoque rabougrie en bordure des falaises rocheuses. Les villageois alentours les fuient comme la peste. Et pour cause la belle Théodora, sa douce et délicate mère, à donner naissance seule : sans père à ses côtés.
La question était alors sur toutes les lèvres : « qui est le père ? », « Est-elle une jeune femme facile ? », « L’a-t-il abandonné ? », « L’a-t-elle tué ? »
Les rumeurs couraient bon train. Et il n’y a rien de plus terrible et nuisible dans un domaine aussi rural que la rumeur. Elle commença par se répandre puis doucement mais sûrement elle enfla et bientôt les Haros ne furent en aucun cas fréquentables. Théodora ne put bientôt même plus se déplacer en ville sans qu’une pierre ne soit projetée près d’elle… sans qu’une insulte ne lui soit jetée au visage. Alors, elle s’enferma chez elle.
Andreas est alors obligé de se débrouiller seul. Il part chaque matin très tôt et vend des fromages de chèvre ou de brebis qu’il confectionne lui-même dans la cuisine familiale. Avec l’argent qu’il gagne de ses déplacements, il fait les courses et se charge d’entretenir la maison et de nourrir sa mère ainsi que les animaux. C’est très dur pour un jeune enfant comme lui. Il passe si rapidement de l’insouciance à l’âge adulte. Pas physiquement parlant, mais tout simplement de manière psychique. La maturité l’envahit très rapidement et la charge est très lourde pour ses frêles épaules.
Alors, quand sa mère tombe malade quelques années plus tard, Andreas est totalement désemparé. A quoi rime sa vie s’il ne se lève plus pour une raison en particulier ? Il n’a jamais vécu pour lui-même…et maintenant il n’est plus certain du temps qu’il faudra avant qu’elle ne le laisse, à son tour, seul. Et quelques mois plus tard à peine, elle décède justement des suites d’une violente crise de fièvre. Sans médicaments, ni médecin,  la mort et longue et douloureuse, ce qui lui en laisse un souvenir affreux.

Dès lors, à l’âge de quatorze ans à peine, il est orphelin. Son oncle et sa tante, deux braves paysans viticoles, se charge de le prendre sous son aile. Ceci dit, ce n’est pas pareil. Jamais aucune once d’amour ne lui est prodiguée… on contraire on peut même dire que le mépris ou la honte se lis sur chaque trait de leur visage. Alors quand l’une de ses petites cousines, Delia, lui annonce qu’il n’est rien d’autre qu’un batard pathétique vivant sur leur dos, Andreas prend une décision. Cette situation n’a plus lieu de durée. Il n’y a ici rien qui le retienne vraiment. Il suffit juste d’attendre le moment le plus propice à sa fuite. Et quel endroit est le plus approprié pour se cacher que ce camp pour demi-dieux dont il a entendu parler ? Pourquoi cet endroit ? C’est la question que tout le monde lui aurait posé… mais la réponse était pourtant fort simple. Après la mort de Théodora, Andreas avait eut pour seul héritage un pli. Un ultime message d’amour et de bienveillance de sa génitrice avant le trépas :

« _ Mon cher et tendre Andreas,
Je suis certaine que tu sais que toutes ces années de souffrance ne sont pas vaines. Jusqu’à présent, je n’ai rien osé te dire… Je voulais que tu mène une vie normale. Je n’y suis jamais réellement parvenu. Ceci dit je n’ai jamais voulu que le meilleur pour toi. Maintenant que je sais que tu vas te retrouver tout seul, je me sens obligé de t’annoncer la vérité. Pendant toutes ces années, tu t’es demandé qui était ton père. Et je sais que c’est important pour toi. Ton père est un dieu. C’est pour cette raison qu’il n’a jamais été auprès de toi, auprès de nous… Asclepsios était de loin le plus bel homme que j’ai jamais vu. Et l’amour inconditionnel que j’ai immédiatement ressentit pour lui à donné naissance à un petit être exceptionnel : toi. Je sais que tu possèdes en toi, cette petite étincelle de lui… Et si je disparais, il y a un endroit où tu serrais certainement le bienvenu. Un endroit où tu trouverais ta place et où tu apprendras à maitriser tes pouvoirs exceptionnels.
Il y a un camp où tous les enfants divins se retrouvent. C’est là que tu serras le mieux accueillit.
Ta mère qui t’aimes tellement. »

Alors c’est l’endroit où il alla relativement rapidement. En pleine nuit, il réunit ses effets personnels et les fourra dans son sac avant de prendre la route. Il ne savait pas vraiment où aller… ni même où se trouvait cette fichue école. Il demanda à droite à gauche si ça leur disait quelque chose. Et au gré de ses pérégrinations et de ses voyages, il trouva enfin ce fameux camp pour jeunes prodiges. Pour cela, il lui fallu prendre le bateau, prendre le train et enfin l'avion... Le périple qu'il traversa pour rejoindre New York était si long et fastidieux qu'il réalisa à peine qu'enfin, c'était terminé. Comme sa mère le lui avait promis, il se rendit compte rapidement compte qu’il avait sa place là bas. Il tissa rapidement des liens et se fit des amis, dont deux enfants particulièrement prodiges. Mariana et Arius. L’un enfant du soleil et l’autre de la lune et de ses trois visages… Aussitôt il se sentit comprit, acceptés et entouré.
Quelques peu avant son arrivé, Mariana chuta lors d’un entrainement. Sa jambe se brisa et l’os perfora la peau. La douleur était si intense qu’elle sembla sur le point de défaillir à de nombreuses reprises. C’est alors que se manifesta pour la première fois le pouvoir exceptionnel dont il était détenteur. Comme poussé par une impulsion nouvelle, il souffla doucement sur la plaie. Le sang ne coula presque plus… L’épiderme se sutura de lui-même et ne laissa derrière lui-même pas une petite cicatrice. C’était le début d’un apprentissage difficile mais fructueux. Ayant toujours été extrêmement éveillé, et aimant s’instruire, il fut bientôt en pleine possession des moyens. Et devint un élément important au sein du camp.

C’est pourquoi lorsque la guerre contre les armées de Cronos survint, Mariana et Arius se portant volontaire, il ne pensa pas deux seconde à les abandonner. Peut être étais-ce sa plus mauvaise décision ? Mais après tout, il n’avait jamais eut personne d’aussi important que ces deux personnes… Et il lui semblait naturel d’avoir à rester près d’eux. Peut être avec le recul aurait-il simplement eut à leur dire : « n’y allez pas ! » Pour les convaincre que ce n’était que pure folie. Il n’avait jamais été lâche, couard ou quoi que se soit s’y rapportant de près ou de loin … mais l’angoisse qu’il ressentit devant l’ennemie fut tout autre. La bataille fut sans merci. Elle dura des heures durant : une nuit totale en réalité… Et alors qu’elle touchait presque à sa fin, leur petit groupe armé échoua. Quelle ironie lorsqu’on sait qu’à peine quelques heures plus tard, l’armée de Cronos était défaite… ils se battirent comme des lions… Mariana fut la première à périr, sa poitrine déchirée de part en part. Il n’avait rien put faire, penchée sur son corps frémissant d’un dernier soupir. Trempé d’un sang brun foncé…  A son tour, il mit un genou à terre. Son visage léché par les flammes… son corps brisé par les coups…  Sa dernière vision fut pour Arius. Ses beaux cheveux blonds et son visage fermé. Il se tenait devant eux. Devant leur carcasse pathétiquement brisée.

«_ A…And…Andreas ?
_ humm
_ Est-ce que vous nous entendez ? Vous êtes de retour au camp…
_ Arius ?
_ Je suis désolé… Arius… Arius est mort avec courage.
_ Comment ?
_ Il semblerait qu’il ait tenté par tous les moyens de gagner du temps… de vous protéger. Nous avons retrouvé son corps faisant un bouclier sur le votre… C’est en partie ce qui vous à camouflé et tenue en vie jusque là. »

C’était difficile à avaler. La pilule était douloureuse et lui donnait une sorte de nausée insupportable. Il était écartelé entre le sentiment d’injustice, la colère et les larmes qui ne voulaient pas sortir. Sa gorge était oppressée… en parlant de larmes… Comment se faisait-il que ses yeux ouverts ne voient rien ? La panique le gagna. Il se concentra… Il cligna plusieurs fois des yeux et les rouvrit. Mais rien ne changea. Le monde était devenu noir et opaque… Et il était de nouveau seul…