Sasha est née dans le Bronx, à New York, et y a grandi. Sa mère s'occupa d'elle, seule, n'ayant pas d'autre enfant, ni de compagnon. Depuis toujours, elles se complétaient. Chacune savait ce dont l'autre avait besoin sans rien dire. La mère de Sasha était mécanicienne, elle travaillait dans un garage et cela ne l'empêchait pas d'être jolie et féminine. On peut dire que Sasha tomba dans la marmite de la mécanique quand elle était petite. Très tôt, elle commença à aider sa mère au garage, et développa un amour inconditionnel pour les voitures, qui la régit encore aujourd'hui. Demandez lui à quel point elle les aime, elle vous répondra que les voitures sont de bien plus fidèles amies que les hommes et autres sang-mêlés. De plus, Sasha a toujours été douée dans ce domaine, et à 11 ans seulement, elle démonta et remonta entièrement un moteur de voiture sans faire d'erreur ni s'être fait aider. Ça lui prit plusieurs mois, bien sûr, mais elle réussit.

Sasha devait justement avoir 11 ans quand les choses commencèrent à devenir étranges. Un boulon lui résistait, et elle utilisait toutes ses forces pour réussir à faire tourner la clé. Soudainement, elle sentit l'objet se ramollir dans ses mains, et sous le coup de la surprise, elle laissa tomber l'outil, qui fit un bruit inhabituel en heurtant le sol. La clé était déformée, et on pouvait clairement distinguer la trace des doigts de Sasha, qui s'étaient enfoncés dans le métal comme dans de la pâte. Sasha observa ses mains tremblantes puis l'objet. Angoissant à l'idée que quelqu'un l'ait vue, elle ramassa rapidement la clé déformée, puis se rua à l'extérieur pour la jeter dans la benne à ordures. Lorsqu'elle retourna au garage, sa mère l'attendait de pied ferme. « Tu peux me dire ce que tu fabriques ? » « Je... Rien du tout ! Je suis juste allée prendre l'air, c'est tout. » Sa mère fronça les sourcils, et Sasha comprit qu'elle avait décelé le mensonge. Mais elle retourna à son moteur, et la fillette poussa un soupir de soulagement. Cependant, ce n'était que partie remise.

A sa rentrée au collège, elle se fit de nouveaux amis, dont Ray, un petit blondinet qui se déplaçait toujours en béquilles, et que Sasha appréciait tout particulièrement. C'était un bon ami, sur qui elle pouvait compter. Il lui avait expliqué qu'il avait subi une malformation à la naissance, et que c'était pour cela qu'il devait se déplacer en béquilles. Sasha avait senti qu'il y avait anguille sous roche, mais jamais elle ne chercha à l'embêter avec sa curiosité. Un jour, alors qu'ils rentraient de cours, il passèrent par une petite ruelle. Sasha s'arrêta soudainement, et tendit l'oreille. « Ray... C'est toi qui respires aussi fort ? » « Non pourqu... Oh par les dieux ! Sasha, je comptes jusqu'à 3, à 3 tu cours ! » Ray semblait regarder avec horreur quelque chose derrière elle. Elle risqua un regard par dessus son épaule et découvrit un immense taureau blanc aux yeux rouges. Elle resta immobile, son cœur battant à tout rompre, et avala difficilement sa salive tandis que le mastodonte se rapprochait d'elle, jusqu'à ce qu'elle sente sa respiration dans son cou. Ray se mit à compter en chuchotant. « un... deux... trois ! » Et ils se mirent à courir. Sur le moment, Sasha ne fit même pas attention au fait que Ray courrait à ses côtés sans avoir besoin d'aide, ni même de béquilles. Ils se cachèrent dans un petit espace entre deux immeubles. Ray fit signe à Sasha de garder le silence et vérifia que le monstre ne les avait pas suivis. Sasha étouffa un cri de surprise en découvrant que Ray n'avait plus ses chaussures et qu'à la place se trouvaient... des sabots de chèvre ! « Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Ray ? Pourquoi y a un taureau en plein milieu de New York, et pourquoi tu as des pattes de biquette ? » « De chêêêêêvre ! » bêla Ray, visiblement vexé. « C'était le Taureau de Crète, le même qu'a battu Hercule. Il est venu pour toi. Et moi, je suis un satyre, et j'ai pour mission de te protèger. » Sasha pouffa de rire. Le choc l'empêchait d'être terrorisée. « Excuse moi, mais c'est plutôt à moi de te protéger. » « C'est très sérieux, Sasha. Il faut que je t'emmène à la colonie. On t'expliquera tout là bas. » « Une colonie ? Mais pour quoi faire ? » Oh et puis près tout ça ne pouvait pas être si mal, une colonie. Elle dut dire au revoir à sa mère et fit ses bagages le jour même, direction la colonie.

Une fois arrivée à la colonie, Sasha rencontra Chiron, qui lui expliqua que les dieux grecs existaient toujours, et qu'elle était la fille de l'un d'entre eux. La jeune fille dut faire un effort surhumain pour ne pas s'enfuir en courant en criant qu'ils étaient fous, mais le fait que Chiron soit un cheval à partir de la taille et Ray un satyre, lui fit penser que c'était plutôt elle qui devenait folle. Elle fut conduite au bungalow d'Hermès en attendant d'être peut-être reconnue un jour par son parent divin. Ce qui ne tarda pas à arriver. En effet, Sasha et son mauvais caractère rencontrèrent rapidement les enfants d'Arès, et cela fit des étincelles. Ce fut lorsque la jeune graine de dieu fit fondre l'épée d'un Arès que l'enclume et le marteau de son père brillèrent dans un halo orange au dessus de sa tête, comme si le dieu forgeron avait assisté au combat, et avait décidé d'intervenir avant que les choses ne tournent au vinaigre. Une fois installée dans son nouveau bungalow, Sasha commença à travailler à la forge.

Un jour, alors qu'elle courrait au quatre coin de la forge pour terminer ses commandes, elle trébucha sur une enclume qu'elle n'avait pas vue et tomba dans le foyer de la forge. Tout ses frères et sœurs se précipitèrent pour l'aider, craignant des blessures graves. Sasha poussa un juron, avant de réaliser qu'elle était assise dans le foyer, et qu'elle ne ressentait aucune douleur, ni même une gêne. Tous les Héphaïstos la fixèrent, hébétés. L'un d'entre eux tendit la main pour l'aider à se relever, mais recula vivement, car en le touchant, Sasha l'avait brulé. Elle s'extirpa alors du foyer toute seule et, une fois au dehors, marqua une pause, semblant plongée dans une intense réflexion. Elle saisit une barre en fer, qui fondit instantanément dans sa main, et arracha à Sasha un cri effrayé. La température de son corps dépassait largement les 500 degrés Celsius. Elle dut s'asseoir quelques minutes, le temps de refroidir, tout en évitant que les autres ne la touchent. Prenant lentement connaissance de ses pouvoirs, elle commença à en tester les limites. Pour la résistance à la chaleur, elle ne l'a toujours pas trouvée, et pour les températures, un exercice trop prolongé la fatigue terriblement, au point qu'elle ne se déplace jamais sans des carrés d'ambroisie dans la poche.

Durant sa quinzième année, sa mère tomba malade d'un cancer, et Sasha, refusant de se laisser abattre, retourna ciel et terre pour essayer de la soigner. Au lieu d'aller en cours, elle parcourut l’Amérique entière, avec pour seul bagage un sac à dos. Elle demanda aux meilleurs médecins, chercha les dieux et autres créatures qui pouvaient la soigner. Et partout on lui répondit qu'il n'y avait rien à faire. Les êtres mythologiques disaient que c'était son destin, et les humains disaient que c'était incurable. Sasha retourna alors au chevet de sa mère sur son lit de mort. Elle l'accompagna jusqu'au bout, puis pleura pendant plusieurs jours, vidant les bouteilles d'alcool qui trainaient dans leur appartement. Quelques jours plus tarde, on toqua à la porte. « Foutez-moi la paix, j'ai besoin de personne! » Assise dans le couloir, Sasha, le visage livide, fixait le mur en face d'elle. « Sasha, c'est moi, Ray, ouvre-moi, s'il-te-plaît. » A contre cœur, elle alla ouvrir, et Ray découvrit un visage fatigué par le chagrin et la douleur. Il la prit dans ses bras et Sasha fondit en larmes à nouveau. Après plusieurs minutes, ils se séparèrent, et l'expression du visage de la brunette avait changé, elle montrait désormais de la détermination, et de la rage. « Tu sais quoi Ray? Je ne m'ouvrirais plus jamais, ça fait trop mal. A partir de maintenant, je serai plus forte, et je ne me laisserai pas faire, ni par les titans, ni par cette saloperie de destinée! Je protégerais la colonie, et ce sera là mon seul but. » Immédiatement, elle alla s'habiller correctement, et faire son sac.

Et depuis ce jour, Sasha a toujours habité à la colonie, elle a rempli plusieurs quêtes périlleuses, et malgré le fait qu'elle soit fille d'Héphaïstos, elle a gardé son fort caractère et est désormais une guerrière hors pair. Elle est connue de tous au camp pour ses pétages de plomb et ses colères noires, mais ça ne l'empêche pas d'être appréciée de certains.

Un jour, alors qu'elle était seule à la forge, une voix rocailleuse retenti dans son dos. « Sasha, je dois te parler. » Frissonnante malgré la fournaise qu'était la forge, la brunette se retourna. Un homme, appuyé sur une canne, aux traits biscornus, se tenait en face d'elle. Elle ne l'avait jamais vu de sa vie, et pourtant elle savait qui il était, elle le sentait. Les battements de son cœur s’accélérèrent tandis qu'elle laissa échapper un seul mot d'une voix étranglée. « Papa? » Un faible sourire étira les lèvres du dieu. Mais les souvenirs refirent surface, et Sasha s'emporta très vite. « Pourquoi tu n'as jamais été là pour maman, pourquoi tu l'as laissé mourir sans rien dire, elle n'était qu'un objet pour toi, c'est ça? Dis-le moi! » Sasha était tellement en colère, que la transpiration sur ses bras se mit à s'évaporer, de même que les larmes qui coulaient sur ses joues. « Non ce n'est pas vrai, dit-il tristement, je n'avais pas le droit d'intervenir, c'est tout. J'ai gardé ça pour toi. » Il ouvrit sa main caleuse, et Sasha découvrit la bague préférée de sa mère. Sasha alla la prendre prudemment, puis recula de quelques pas, toujours fulminante. Mais le fait que le bijou se change en épée lorsqu'elle l'attrapa la calma quelque peu sous le coup de la surprise « Je l'ai modifiée pour qu'elle se change en épée lorsque tu la retires. Elle ne réagira qu'à toi seule. Il y a un petit bouton sur le bout du manche pour lui redonner sa forme de bague à tout moment. » Elle releva la tête, mais son père avait déjà disparu. « Merci. » dit-elle dans un souffle inaudible. Sa mère serait à ses côtés pour toujours, désormais.