Ma vie a commencé d’une manière assez pitoyable. En bref, ma mère a fait un mariage plus aisé qu’heureux, mais tous deux recherchant la même chose ce n’était pas un problème. Un P-DG était un bon parti, même pour une célébrité telle qu’elle. Le seul truc, c’est que ma mère a trompé son mari et je suis née. Le fautif. Apollon. Je vous jure c’est lui mon père.  Me regardez pas avec ces grands yeux, moi, j’ai rien demandé à personne.  Enfin bref, monsieur et madame Grey ont vécu cette grossesse comme de bons catholiques qui attendaient le messie depuis deux milles satanées d’années. Un garçon ça aurait été chouette, mais une fille c’est sympa aussi. Ce qui l’est moins c’est le vrai père qui fait savoir à la mère que c’est sa fille à lui. Elle est « spéciale » - comme tous ses enfants, parce qu’il serait impossible pour eux d’être des ploucs- et que l’endroit le plus sûr c’est une colonie sur la côte est des Etats-Unis. Il ne faut pas le répéter deux fois, surtout à monsieur. Cette preuve flagrante de son statut d’homme cocu le dérange. Dommage pour lui, il s’est déjà déclaré comme mon père sur mon certificat de naissance et il n’y a pas moyen de prouver le contraire. Eh oui ! Les dieux n’ont pas d’ADN, c’est triste non ? Et bien pas pour moi. Je pourrai toucher ma part d’héritage comme ça. Tout ça abouti sur trois ans de thérapie pour eux où réconciliation et disputes auront autant leur place l’une que l’autre. La preuve deux autres gosses et un divorce. Résultat, ma mère reprend sa carrière de plus belle en m’emmenant au départ avec elle à New York et en m’y laissant aussi au bout de deux ans. Oui parce que pour sa carrière de chanteuse et mannequin, Los Angeles est beaucoup plus appropriée.  Bon bien entendu, ne comptez pas sur « mon père mortel » pour me prendre avec lui, il a déjà deux gosses et surtout il paie une pension alors il ne manquerait plus qu’il doive m’éduquer.  Résultat, je suis confiée aux mains d’une des sœurs de ma mère qui est avocate. Elle n’est pas là souvent non plus, mais ça fait genre je suis prise en charge par une adulte.  Bah c’est toujours mieux que d’être jeté dans un caniveau vous me direz. Vous l’aurez compris j’ai été désirée, mais pas trop aimée par la suite. Des fois, y en a quand même qui feraient mieux de se la fermer. C’est vrai quoi ? Ce n’est pas comme si c’était lui qui allait m’éduquer, alors pourquoi est-ce qu’il a ouvert son gros clapé. D’un autre côté, il m’a peut-être épargnée une vie à chier avec le petit doigt levé et le dos en miette à force de faire des courbettes. Vous voyez le dessin ? Parfait. Passons, à la suite.

A mes  sept ans, ma mère revint pour mieux se débarrasser de moi. Direction la colonie des sang-mêlés. Ma tante était du voyage pour que les prochaines fois, elle sache où m’emmener. J’avais de la chance avec elle. Elle m’aimait assez pour bien vouloir me récupérer de temps en temps. Enfin bref, je suis rentrée dans la colonie. J’ai eu droit au bungalow des Hermès durant une semaine entière avant que mon père ne daigne me reconnaitre. En plein feu de camps, schbim, le signe d’Apollon sur ma tête. C’est donc toi mon vrai père mon sal**d. Oups ! Veuillez m’excuser. Moi qui aie grandi isolé, même de mes propres cousins et demi-frères et sœurs, j’étais bien contente de me retrouver une nouvelle famille. Fallait juste me laisser le temps de me faire à l’idée. Du coup j’étais vraiment insupportable la première année, mais après avoir passé l’été avec ma tante et ma mère, je suis revenue avec grande joie. Pour être franche, j’adore ma fratrie paternelle. Je ne le montre pas, c’est tout. Faudrait pas qu’ils abusent de mes bons sentiments à leur égard, vous comprenez. Le plus important à savoir désormais –et sans doute à oublier aussi- c’est que lors de la seconde Titanomachie j’ai rejoint le côté obscur de la force, plus connu sous le nom de Cronos. Pas de sabre laser messieurs, non non ! Un mec balèze, père des dieux, enfermé dans un cercueil qui dégage une aura à vous faire griller un mammouth sur place et n’a pas beaucoup d’estime pour l’humanité. Est-ce que je suis suicidaire ?  Euuuuh, non plus. Mais très remontée contre les dieux et mon père ? Ah ça oui ! J’étais partagée. Je ne voulais pas que Cronos domine le monde, mais je voulais qu’ils comprennent qu’on avait le droit à plus d’estime et d’attention. Ils n’avaient pas le droit de venir comme ça, copuler, nous créer et ensuite nous dire : « Bon écoute ! Advienne que pourra de ta vie »…Enfin si, puisque ce que dieux veulent, dieux prennent, mais je n’étais pas d’accord. Alors quand un des autres sang-mêlé m’a parlé de tout ça (c'est-à-dire ce que Luke œuvrait pour Cronos), j’ai dit oui. Au début, j’espionnais et après j’ai quitté la colonie pour servir la cause de Cronos. Quelques mois après se déroulait la bataille de New York  qui a été bien plus terrible que ce que je pensais. Le plus dur a été de voir mes frangins et frangines tombées. Je m’en veux pour ceux qui sont mort et d’un autre côté, les deux camps ont subi des pertes. Donc, même si je m’en voulais, j’ai fait celle de qui ce n’est pas la faute parce que je suis sans doute trop fière pour l’admettre et surtout, oui, j’aime ne pas reconnaitre mes torts. Je vous jure que pour moi, cette rébellion était justifiée, juste que Cronos sur un trône je reconnais que l’idée craignait un chouia, mais c’est du répété alors ne nous y attardons pas. Donc je suis revenue à la colonie un mois je crois avant d’en disparaitre trois. Finalement me revoilà. Pensionnaire permanente, parce qu’on ne change pas les bonnes vieilles habitudes.

Reste le sujet bouillant des humains qui se la jouent chasseurs de l’extrême et les romains. Comment dire ? Ils ne sont pas ma tasse de thé. Et encore, je crois que –même si j’ai du mal à les apprécier- je préfère encore ces casse-bonbons de romains à ces abrutis d’humains qui croient pouvoir vaincre des êtres mythologiques à coup de … je sais plus quoi, mais voilà. Oui ! On peut dire que je n’aime personne si ça vous fait plaisir. Mais pour une fois je suis du côté des dieux et ça va péter.