Il serait idiot de commencer à raconter l'histoire d'Aria par sa naissance, tout simplement parce qu'elle-même n'en sait en fait pas beaucoup plus que nous. Et ce n'est pas étonnant : comment pourrait-on se souvenir de nos tous premiers jours sur terre ? Déjà que la plupart d'entre nous n'arrivons même pas à se souvenir de ce que nous avons mangé hier soir... Mais Aria était curieuse. Elle avait, à un moment dans son enfance, savoir comment sa naissance s'était passé. Elle avait demandé à sa mère, avec qui elle vivait seule dans un appartement, des échographies, des jouets, ou même des habits de ces temps-là. Etrangement, sa mère n'avait rien gardé. Elle lui racontait que c'était son père qui avait tout gardé, et que jamais elle n'avait pu le recontacter ( ce qui était en partie vrai ).

Mais passons. Comme je le disais, ce serait idiot de commencer par la naissance d'Aria. Non. Son histoire commence lorsque ses propres souvenirs commencent. C'est-à-dire à son enfance.

Déjà petite, Aria n'aimait pas jouer avec les autres enfants. Mais ce n'était pas parce qu'elle ne les aimait pas : c'est parce qu'elle avait peur de leur faire peur. Il lui était arrivée une fois, alors qu'elle n'avait que quatre ans, d'enclencher sans le vouloir son aura de peur alors qu'elle était en train de jouer avec son voisin de palier du même âge qu'elle. Le petit s'était mis à pleurer et hurler qu'Aria était une sorcière, une horrible fille, qu'il ne voulait plus jamais jouer avec elle, et tout ça sans qu'Aria ne comprenne pourquoi. Elle savait que quelque chose d'étrange s'était passé, et le petit voisin avait dû le comprendre aussi, mais à ce point ? Elle ne le pensait pas. Elle, elle n'avait rien ressenti d'anormal. Mais au final, c'était sûrement elle qui avait été le plus effrayée par tout ça : après cet incident, elle était persuadée d'être un monstre, quelqu'un de vraiment effrayant. Dans un premier temps, je suppose qu'il est normal de penser de cette manière. Mais il faut se remettre de ce type d'incidents. Et bêtement, Aria ne s'en était pas remise. Il faut dire que le fait que le petit voisin de palier soit allé raconter dès le lendemain  à tout le monde qui connaissait Aria qu'elle était la fille la plus terrifiante du monde n'avait pas dû aider la pauvre petite de quatre ans à se remettre de ça. En maternelle,à cause de ça, tous les petits de la classe la prenaient pour une sorte de monstre. Tout ça à cause d'un bête accident de pouvoirs.

Il n'y avait que sa mère pour la rassurer, et lui dire qu'elle était tout à fait normale. Ca rassurait beaucoup la petite Aria, mais ça n'empêcha pas le fait qu'elle préféra après ça rester un peu isolée des autres. Elle voulait éviter d'autres incidents, et quand elle changea d'école pour passer au primaire, ces problèmes de moqueries ayant été jugés trop graves pour qu'elle reste dans la même école qu'avant, elle évita de se faire des amis dans le nouvel établissement. Et c'est vers cet âge-là, quand elle était au primaire, qu'elle comprit, en observant autour d'elle dans le bus ou en allant au parc avec sa mère, qu'on parlait rarement aux gens qui lisaient. Elle se mit donc à piquer quelques livres à sa mère pour pouvoir utiliser cette technique, mais elle ne les comprenait pas. Normal, me direz-vous : non seulement elle venait d'apprendre à lire, mais elle avait aussi été diagnostiquée dyslexique. Ca n'aide donc pas pour lire du Shakespeare, voyez-vous.

Sa mère voyait bien que les livres l'intéressaient beaucoup, et elle donna donc à sa fille des livres plus appropriés pour son âge. C'est à ce moment-là que les livres devinrent les plus fidèles compagnons de vie d'Aria.

La technique du livre marchait : les autres élèves ne dérangeaient pas Aria, et ses professeures semblaient ravies de voir une élève si jeune - et dyslexique en plus de ça ! - aimer la lecture.

Et c'est comme ça qu'Aria passa la majeure partie de son enfance et de son adolescence : discrètement, en lisant des livres ( ou plutôt : en se battant continuellement contre sa dyslexie ). Des petits incidents comme celui de son enfance s'étaient reproduits, mais là, apparemment, les gens semblaient oublier ce qui s'était passé. Peut-être à cause de la Brume, qui devient plus importante sur nous quand on grandit. C'est pour ça ne la dérangeait pas plus que ça : elle s'était habituée à cette solitude. Et tant qu'elle n'avait pas d'ennuis avec les autres, tant qu'on la laissait tranquilles, pour elle, tout allait bien. Elle avait évidemment quelques amis, mais sans qu'ils soient très proches pour autant. C'était le genre d'amis avec qui on fait binôme pour les exposés, à qui on peut demander les devoirs. Sans plus. Jamais Aria n'avait invité ou n'avait été invitée à une soirée-pyjamas entre amies, comme le font la plupart des jeunes adolescentes. Mais comme je le disais, ça ne la dérangeait pas. Et ça ne semblait pas déranger sa mère non plus : elle semblait même rassurée de la voir comme ça, toujours en vie, toujours avec elle. On peut comprendre, si on prend en compte le fait qu'elle était au courant que le père de sa fille était un Dieu, et qu'elle avait réussi à la maintenir en vie jusqu'à maintenant.

C'est quand le travail de sa mère obligea Aria et elle à déménager aux Etats-Unis que les choses ont commencé à tourner. Le premier mois fut dur pour elles deux : déménager à New York alors qu'on habitait avant à Londres, où on avait toutes nos habitudes, ce n'est pas une mince affaire. Il fallait s'habituer, trouver ses repères... Heureusement pour elles qu'en Amérique, ils parlent la même langue qu'en Angleterre.

Le deuxième mois fut certes compliqué pour la mère d'Aria, mais encore plus pour Aria elle-même. Elle était maintenant relativement habituée à l'école, et c'est là qu'elle dut se déshabituer tout de suite. Lors du bal de fin d'année, où elle faisait seulement acte de présence et lisait dans un coin en dehors du gymnase, un homme qui semblait être un professeur était apparu devant elle et s'était très soudainement transformé en un monstre horrible, et quelques minutes après, un ado qui semblait être en première année et qu'elle reconnaissait car il était dans sa classe était lui aussi apparu devant elle s'était très soudainement transformé en ado mi-humain, mi-chèvre.

L'ado mi-chèvre mi-humain ( qui répondait au nom de Liam ) durent rapidement fuir cette chose qui ressemblait maintenant plus à une sorte d'oiseau qu'à un homme. Liam sortit ce qui ressemblait à une massue, la lança contre l'oiseau-homme. Et Aria, pendant ce temps, observait la scène sans vraiment savoir quoi faire : elle n'avait rien pour se défendre. Tout ce qu'elle fit fut d'observer la bête qui voulait les attaquer. En ce faisant, elle voulait juste être sûr qu'il était réel, mais elle fit bien plus que ça : son aura s'activa encore une fois, et ce fut assez effrayant pour le monstre pour qu'il décide de s'en aller. Liam appela ensuite un taxi dans la rue, et les mena, Aria et lui, à un endroit dont on connaît tous le nom.

Mais RIEN n'était clair dans l'esprit d'Aria quand elle fut traînée par Liam à la Colonie des Sang-Mêlés. Une fois arrivés, Liam éclaircit un peu la situation. Il lui expliqua qu'elle était apparemment une demi-déesse, et que cet endroit était pour elle l'endroit le plus sur de la planète. Aria ne voulait vraiment pas le croire au début, mais elle a bien dû finir par admettre que oui, ces gens qui ont peur d'elle pour aucune raison, ce père dont on ne veut jamais parler à la maison et ce montre qui était sur le point des les tuer tout à l'heure étaient tous bien réels. Il n'y avait aussi qu'à regarder autour d'elle pour qu'elle comprenne que les dieux grecs étaient bien vivants. Tout était encore flou dans sa tête, mais elle devait bien l'admettre : Liam n'était pas en train de lui mentir.

On lui avait dit qu'elle passerait la nuit au bungalow des Hermès si son parent divin ne la reconnaissait pas jusque là. Ca lui semblait légitime : de ces souvenirs de la mythologie grecque, Hermès était le dieu des voyageurs, pas vrai ? Seulement, ça ne se passa pas ainsi. Alors qu'elle était en train de faire le tour de la Colonie avec Liam, quand ils étaient arrivés au milieu des bungalows, une sorte d'ombre noir s'est formée au-dessus de la tête d'Aria. Il prit ensuite une forme. On lui expliqua ensuite que c'était le signe représentant Thanatos, le dieu de la mort, et qu'il venait de la reconnaître comme sa fille.

Elle ne passa donc pas la soirée au bungalow des Hermès, mais bien au bungalow des Thanatos, où elle était en fait seule, ce qui ne la dérangeait vraiment pas.

Et depuis, elle avait eu une très grosse discussion avec sa mère à propos de tout ça. Elles avaient décidé les deux que c'était mieux pour elle si elle restait s'entraîner toute l'année à la Colonie : elle n'avait eu que très peu de pratique pour l'instant, et elle avait 17 ans, ce qui, en âge de demi-dieu, commence à se faire vieux. Elle s'était depuis entraînée tous les jours à la Colonie et s'était fait quelques amis aussi. C'est là où nous en sommes dans son histoire aujourd'hui.