Comment sais-tu que tu as trouvé ton meilleur ami ? Lorsque tu es prêt à lui parler de quelque chose et qu’il sait tout sans que tu ne lui aies dit. C'est ça que j'ai trouvé en toi, et c'est ce genre de choses là que j'apprécie dans notre relation tu sais ?

La vérité, si tu as tellement insisté pour avoir le loisir de changer de nom de famille, c'est simplement pour passer à autre chose, faire en sorte d'oublier ce qui s'est passé avant. Ne plus jamais penser à l'horreur de ton enfance. Oh non, tu n'arriveras jamais à effacer tout cela de ta mémoire, et ce n'est pas le but d'ailleurs, le but est de vivre avec, de faire en sorte que les choses t'aient façonnées, ce qui est le cas au final. Si tu n'avais pas vécu tout cela, peut-être que tu ne serais pas tel que tu es à l'heure actuelle, peut-être que tu serais devenu un monstre assoiffé de sang comme le voudraient tes origines divines. Tu ne regrettes aucun choix que tu as pu faire dans le passé cependant. Avoir tué ta génitrice, était la première chose indispensable à faire dans ton existence. Le changement de nom de famille l'était également à vrai dire, tu as pris celui de ta grand-mère, restant ainsi dans la lignée de la famille mais t'éloignant par la même occasion de tes vieux démons. Désormais que tu l'as fais, tu en es plutôt fier, maintenant c'est certains, la page est tournée mais il faudra être fort pour parvenir à sortir tout cela de ta tête, que les souvenirs ne soient plus là lorsque tu ne vas pas bien. Tu n'as aucune solution miracle, et tu es persuadé qu'il n'en existe aucune, tu l'aurais déjà trouvé de toute manière : oh si, il y en a une, mais beaucoup trop radicale, se plonger dans les eaux du Léthé, mais hors de question, cela voudrait dire tout oublier.
Il y a des choses trop importantes que tu ne voudrais pour rien au monde oublier, des relations que tu as noué, des souvenirs joyeux, des moments de bonheur inouïs. Tout ceci était bien trop beau, bien trop lumineux pour que tu ne songes à les effacer de ta mémoire. Les instants que tu passes en compagnie de Azazel en font parti. Ils sont toujours géniaux, accompagnés de réjouissances sans pareilles. Et tu es entrain d'en revivre un nouveau, parce qu'il est tout simplement là, à tes côtés, comme il l'est souvent par les messages arc-en-ciel que vous vous envoyez à longueur de temps rien que pour avoir le plaisir de discuter ensemble de courtes minutes. Mais le voir en face, pouvoir le toucher, être avec lui, ça n'a pas de prix, c'est tellement beau, puissant. Rien n'est plus fort que cet instant si délicat et si doux. « Tu avais la possibilité de choisir le nom que tu voulais, tu aurais pu choisir plus cool ! Genre John Smith pour faire comme le Docteur. Ou alors Bruce Wayne, comme ça tu aurais été Batman ! » Malheureusement ça ne marche pas ainsi, tu ne voulais pas d'un nom d'emprunt, tu voulais rester tel que tu étais, garder tes racines mais être en même temps quelqu'un de nouveau. Seulement, tu connais la façon dont il pense lui, et sait qu'il l'aurait réellement fait. Mais ne se rend-il pas compte qu'être Azazel Victoria est déjà incroyable ? Qu'il est bien plus que tout ce dont il parle ? Que le vrai héros c'est lui ? « Mais c'est cool. Et oui, Hope est Hope, je ne vais pas appeler Hope autrement. Donc pour moi tu es Hope, c'est juste ton passé qui n'est plus Hope, plus le même Hope. Mais du coup, nouveau Hope, quand est-ce que tu seras définitivement ce nouveau Hope et qu'est-ce que tu feras en premier ? » Le problème, c'est que là il t'a un peu troublé, sa tirade est compliquée à comprendre, mais lorsque tu peux démêler tout cela, tu sais qu'il veut simplement savoir ce que tu vas faire à présent, si les choses vont changer. La vérité, c'est que tu n'en sais strictement rien. Tu ne sauras probablement jamais. Tu es persuadé qu'en réalité, ça ne changera rien, que tu seras toujours le même à la fin. « Dis moi Hope, est-ce que ça va te changer ? Si oui tu penses que ça pourrait me changer ? J'aimerais bien être autre chose… plus être ce que je suis et ni même un demi dieu pour vivre une vie totalement différente et pourquoi pas voyager dans l'espace et le temps. » Tu poses délicatement ta main sur sa joue et fait en sorte de tourner son visage vers le sien pour lui sourire tendrement. Le regard plongé dans les doux yeux bleus de ton ami.
Non, tu ne changeras pas, tu es toujours le même, parce que ce n'est pas ta personnalité ou ton caractère qui a été modifié, c'est ton patronyme, et rien d'autre. Ce n'est pas parce que tu changes de nom, que tu changeras en profondeur. Mais comment le lui dire de façon douce et délicate ? Comment ne pas briser ses espoirs ? « Non je ne changerai pas, je ne veux pas changer, qui sait quel genre de personne pourrais-je devenir ? » Tu pourrais devenir un monstre, digne de ton paternel. Non pas que tu renies ce qu'il est lui, parce que dans un sens, c'est ta force, ton courage, et tes aptitudes extraordinaires au combat, mais si tu laisses libre court à tout cela, tu serais capable du pire. « Tu n'as pas besoin d'être quelqu'un d'autre, ne te rends-tu pas compte que tu es déjà exceptionnel comme tu es ? Regarde la vérité en face Azazel, ta différence est une force, une preuve de l'humanité dont tu es le dépositaire. Les choses te touchent bien plus que la plupart des gens, tu es... tellement... pourquoi tu ne veux pas t'en rendre compte une bonne fois pour toute ? » Tu ne sais que dire de plus, parce que c'est la pure vérité, le doux et tendre fils d'Hécate devrait savoir que malgré tout ce qu'il peut penser de lui-même, il devrait se voir enfin comme il est vraiment. : incroyable.

Changer de patronyme, changer d'identité. Devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux. Passer de Bruce Wayne à Batman, d'un pauvre petit geek effrayé par le monde à Kick Ass. Finalement n'était-ce pas ça que l'on désirait tous ? Mais était-ce réellement possible que dans les fictions ? Après tout, tous ces comics, ces films, ces séries faites à ce sujet, n'était-ce point écrit par des personnes bien réel avant tout cela ? Alors en quoi il serait irréel que cela puisse se concrétiser ? Sans doute car il s'agissait là de la définition même du mot « Fiction » et d'un coup un élan de désespoir m'envahissait. J'étais condamné à rester celui que j'étais. J'avais beau rêver de super héros, de science fiction et de personnages incroyable je ne serais jamais tout cela car ma vie était tout ce qu'il y a de plus réel, une réalité que beaucoup de mortels verraient comme quelque chose d'incroyable mais c'était tout de même la réalité. Cela voulait dire que l'on ne pouvait pas combattre sa vraie nature, on ne pouvait pas juste porter un masque et se donner un pseudonyme pour d'un coup devenir quelqu'un de radicalement différent de celui que l'on était. L'ironie dans tout cela, c'est que la plus part du temps je rêvais juste au fait d'être quelqu'un de normal … était-ce vraiment trop demandé ?

Pour moi sans doute, même si Hope, lui, ne voulait rien entendre de cela. Depuis toujours il n'arrêtait pas d'essayer de me valoriser, de me faire comprendre que j'étais bien plus que je ne le pensais. Et en soit il avait raison ! Tout comme je le savais. Cependant ce n'étais pas assez … suffisant si j'avais été mortel, mais en tant que demi dieu je n'étais qu'un poids mort, rien de plus. Je voulais me convaincre du contraire, pendant un temps j'y croyais même ! Mais avec le massacre tout avait été remis en cause. J'étais resté planté là, à les regarder se faire exterminer les uns après les autres, à entendre leurs cris avant qu'ils ne se fassent cribler de balles et je n'avais pas bouger le moindre petit doigt … et je n'aurais pas bougé non plus si ils m'avaient vu, m'offrant à eux comme une cible géante et gratuite. Même une armée de Dalek ne m'aurait pas laissé autant sans réaction … Je n'étais pas fiable, tout bêtement, si je pouvais compenser mes défauts rien ne disait que je n'allais pas planter au moment fatidique. On ne pouvait pas me faire confiance, je ne pouvais plus me faire confiance … et pour le coup c'était tout ce que je voulais croire.

Mais au final Hope me prit le visage, me faisant de nouveau sortir de mes pensées alors que mes yeux se plongeaient dans les siens, faisant de nouveau naître un sourire au coin de mes lèvres. Qu'il était beau Hope, avec ses yeux clairs, sa légère barbe sur une mâchoire bien carré et ses cheveux bruns qui semblaient toujours en bataille. Il avait le pouvoir de me faire aller mieux car je crois qu'au fond il me plaisait terriblement, il était ce que j'aurais aimé avoir si jamais j'avais une relation. Mais ça encore c'était une autre histoire, bien plus compliqué que ma peur du monde extérieur presque et qui demandait un travail supplémentaire. Alors je ne préférais pas trop y penser pour le moment, surtout que je ne saurais pas comment faire pour lui faire passer le message de manière subtile vu que c'était ce qui était normalement coutume quand l'on voulait engager une relation. En gros trop de paramètre, je n'étais pas capable de gérer, donc autant gérer un seul problème à la fois, même si c'était compliqué de ne pas y penser, surtout quand il me disait de si jolies choses qui me donnait réellement l'impression d'être quelqu'un de très important et même exceptionnel. Et encore une fois, alors que j'allais sombrer dans cette spirale dépressive, j'entrevoyais de nouveau ce plan que je comptais mettre en place afin d'arranger la situation, afin d'arranger MA situation et devenir quelqu'un de meilleur, quelqu'un qui serait bien moi, mais en mieux, en 2.0.

« Parfait alors, j'aime bien le Hope 1.0, alors espérons que le 1.5 sera pareil, avec sa même peur de la foudre et ses gentilles paroles qui font du bien. »

Le reste de son discours aussi était beau bien entendu, mais il me laissait bien plus perplexe. Ma différence, une force ? C'était, hypothétiquement, possible. Après tout il est vrai que selon certain la différence est généralement l'atout de celui qui la possède et mon côté perturbé était souvent ce qui perturbait les autres. Mais une preuve de mon humanité ? C'était ça qui d'un coup me faisait le plus peur. Car ce que je voyais du modèle humain n'était vraiment pas glorieux, alors voulais-je vraiment être comme eux ? Je souhaitais ne pas être un autiste asperger, je ne souhaitais pas forcément être un humain pour autant. Je ne voulais pas provoquer autant de mal, je ne voulais pas détruire ce que je ne comprenais pas, je ne voulais pas bâtir mon avenir sur les cadavres d'espèces et de nations n'ayant jamais représenté un frein définitif à ma propre évolution. En fait je me cherchait surtout des excuses, car non, je ne voulais pas le voir car ce dont je ne me rendais pas compte, c'est que si je refusais tant d'admettre que je pouvais être exceptionnelle, alors je n'aurais plus la moindre excuse pour expier mes fautes. J'aurais aimé être comme Abed … lui au moins jamais il ne s'était vraiment posé de question sur sa condition, il était bien avec, en acceptation avec ce qu'il était. Et au final il aidait ses amis, il était leur plus grand espoir. Je voulais être Abed là tout de suite … et peut être pourrais-je le devenir ? À ma façon en tout cas. Après tout nos profils se ressemblait beaucoup.

« Hope, m'aimerais-tu … si j'étais plus humain ? Pourrais-tu me regarder en face si je ressemblais un peu plus à ces individus qui ont transformé nos vies en cauchemar ? Alors est-ce une bonne chose que je sois un symbole de l'humanité quand l'humanité ressemble à cela ? Mais juste moi ce n'est pas assez non plus … et je peux pas changer, les choses peuvent changer autours de moi, doivent changer même pour ne pas que je sois délaissé, mais moi je ne peux pas changer. Alors oui, j'espère que tu as raison et que je suis exceptionnel ainsi, car sinon jamais je ne le serais. »

Comment sais-tu que tu as trouvé ton meilleur ami ? Lorsque tu es prêt à lui parler de quelque chose et qu’il sait tout sans que tu ne lui aies dit. C'est ça que j'ai trouvé en toi, et c'est ce genre de choses là que j'apprécie dans notre relation tu sais ?

Azazel ne se rend pas compte, tout le monde n'arrête pas de lui répéter qu'il est extraordinaire, que sa maladie n'est pas une tare, mais peu se révéler être une véritable force. Généralement les gens qui sont dans son cas ne veulent pas entendre la vérité, mais les autres le voient, eux. Être malade ou différent permet d'appréhender les choses d'une manière particulière. Imaginez une personne atteinte d'un cancer en phase terminale, il appréciera d'autant plus tout ce qu'il pourra vivre que ce soit positif ou négatif, il voudra absolument que tout soit merveilleux. Une personne ayant une malformation : il peut s'en servir pour être quelqu'un fantastique. Certes tu fais de quelques cas une généralité, mais si tu étais comme eux, tu penses fortement être dans ce cas-là, te servir de ce que l'on t'a donné pour être différent jusqu'au bout, être une personne beaucoup plus forte et beaucoup plus appréciable. Certes ça ne t'aidera pas vraiment, mais c'est une consolation comme une autre non ? Il faut juste accepter ce que l'on est, c'est peut-être la chose la plus effrayante d'une vie, mais c'est aussi la plus nécessaire pour être bien dans sa peau et dans sa tête. Rien que dans ton cas, ton homosexualité n'est pas un défaut, mais une force, parce que tu as su que tu l'étais après avoir subit des épreuves inimaginables dans ton enfance qui t'ont forgé tel que tu es actuellement, et tu en es fier. C'est à son tour d'être fier de ce qu'il peut représenter, malgré le fait qu'il se considère comme un lâche ou tu ne sais quel autre adjectif dévalorisant.
Pour en revenir au changement de personnalité grâce au changement de patronyme, il semble réellement soulagé lorsque tu lui as annoncé que tu ne changeras pas. Tu resteras Hope quoi qu'il arrive. Ce garçon altruiste qui tend la main à tous les nécessiteux et qui n'hésite pas à mettre ses propres problèmes de côté afin d'aider ceux qui en ont également de se sentir beaucoup mieux. Tu as toujours été ainsi, et tu penses que c'est grâce à ton passé. Quand tu vivais l'enfer avec ta mère lorsque tu étais enfant, tu aurais aimé qu'on te tende la main, qu'on te demande ce que tu vis à la maison, mais personne ne le faisait parce que tu mentais, parce qu'elle te le demandait. Si tu es aussi généreux à l'heure actuelle, c'est parce que tu voudrais qu'on puisse te le rendre si jamais les choses ne vont pas bien. C'est peut-être beaucoup espérer, mais ce sont des faits indiscutables. Voilà exactement qui tu es, mais tu es également colérique et insensible lorsque tu es en situation de combat, voilà ta part d'ombre, parce que chaque personne en possède une, qu'elle soit développée ou pas d'ailleurs. Tu l'acceptes cependant, parce qu'elle fait partie de toi, parce que c'est ta personnalité et tu ne veux pas la rejeter, parce que ce serait te rejeter toi-même et tu ne le veux pas.
Tu sais cependant que ton discours n'a pas fait mouche, il ne semble pas être satisfait de ce que tu lui as dis, tu sais exactement pourquoi d'ailleurs. Azazel a une capacité étrange de prendre chaque mot avec sa définition même et de ne pas s'en éloigner. Il ne le fait pas tout le temps mais c'est relativement fréquent. L'usage du mot humanité lui a fait peur, il ne comprend ce que cela veut bien vouloir dire dans ta phrase. Tu aurais dû utiliser un autre terme, peut-être que ça aurait été différent et plus facile à comprendre pour lui. « Hope, m'aimerais-tu … si j'étais plus humain ? Pourrais-tu me regarder en face si je ressemblais un peu plus à ces individus qui ont transformé nos vies en cauchemar ? Alors est-ce une bonne chose que je sois un symbole de l'humanité quand l'humanité ressemble à cela ? Mais juste moi ce n'est pas assez non plus … et je peux pas changer, les choses peuvent changer autours de moi, doivent changer même pour ne pas que je sois délaissé, mais moi je ne peux pas changer. Alors oui, j'espère que tu as raison et que je suis exceptionnel ainsi, car sinon jamais je ne le serais. » Tu avais donc raison, il n'a pas apprécié l'usage du mot humanité. Voilà une erreur qu'il va falloir corriger pour qu'il puisse te comprendre. Tu baisses le regard, sachant que c'est une excuse que tu lui adresses pour cette erreur de vocabulaire.
Mais tu finis par le relever, le regarder droit dans les yeux, pour le vriller, pour qu'il comprenne qu'il doit arrêter de se dévaloriser de la sorte, parce qu'il n'a pas le droit, il y a des gens dans des situations bien pires que la sienne et qui s'en sortent. C'est juste parce que lui ne veut pas voir la réalité en face. « Oui, je t'aimerai toujours. Je t'aimerai si tu étais un monstre, je t'aimerai si tu passais du côté des ennemis. Mais je dis cela parce que moi je te connais, parce que je sais qui tu es. Je parlais d'humanité, mais prend ce mot dans le sens large du terme, pas seulement dans le sens d'espèce humaine, nous incluant nous, demi-dieux. Tu es bien plus précieux que moi, ou que tous ceux avec qui tu vis ici. » Tu serres les poings et les crispes ta mâchoire, légèrement énervé face à l'incompréhension dont il fait preuve, tu sais très bien que quoi que tu diras, de toute manière, il le réfutera, il dira le contraire, parce que c'est Azazel, il s'auto-flagèle à longueur de journées. Et ça t'énerve. « Tu vois les choses d'un point de vue différent, et c'est ça ta force, tu peux te servir de cela, tu as un esprit d'analyse bien supérieur à la normale et tu veux me faire croire que tu... tu... tu mérites la mort ? Tu ne peux pas penser comme ça, certains morts ne méritaient pas de mourir, et toi non plus tu ne le mérites pas. » Pour ponctuer ces propos, tu détournes le visage et plonge tes yeux bleus dans l'étendue océanique qui s'offre à perte de vue.

Je pense que Hope devait comprendre quelque chose, pour aujourd'hui du moins, quelques temps même, mais mes discours ne seraient jamais très gaie. J'arrivais encore parfois à feinter, voir oublier l'espace de quelques minutes tout ça. Mais tout me revenait à la face avec chaque fois plus de violence et je n'arrivais pas, non, je n'arrivais pas à faire comme ci de rien était, comme ci il s'agissait de quelque chose d'insignifiant. Et tant que ce souvenir cauchemardesque existerait encore dans mon esprit alors je n'aurais aucun moyen de me valoriser moi même. Je ne voulais pas gâcher son séjour ici, surtout que je ne savais pas exactement combien de temps il avait prévu de rester ni même quand serait la prochaine fois que nous aurions l'occasion de se voir. Serait-ce des années ? Si c'était le cas je me sentirais mal de me dire que j'ai tout gâché pour ces courts moment et que je n'aurait pas su en profiter, déjà que je savais que mon cœur se briserait, une nouvelle fois, quand la distance se ferait de nouveau entre nous deux. Voila pourquoi je ne voulais pas penser à toutes ces choses autours de l'amour et de l'attraction, car au final cela faisait toujours mal et que pour l'instant je n'étais pas assez solide pour pouvoir soutenir ça, ce serait tout ce qu'il me manquerait pour m'achever définitivement. Déjà que j'avais au moins réussit à enfouir très très loin au fond de mon esprit cette peur qu'aujourd'hui nous puissions parler, et que demain ou alors un autre jour je finisse par apprendre qu'il ait été tué, comme tous les autres, comme de nombreux de mes camarades et qu'une fois de plus je me retrouverais seul sans n'avoir rien pu faire pour empêcher cela. C'est ainsi que j'en venais souvent à prier ma mère de me plonger dans un état d'illusion permanente où tout se passerait bien.

Mais pour le moment il n'y avait que moi, moi et ce discours terriblement défaitiste, celui qui arrivait à effacer tout sourire qui aurait pu naître sur le visage de ceux avec qui je parlais et donc de Hope, lui dont le nom signifiait espoir, lui qui était mon espoir, mais lui dont je sapais tout espoir. Que d'ironie, n'est-il pas ? Mais c'était tellement plus fort que moi, on ne pouvait pas attendre de moi que je redevienne comme avant en si peu de temps après tout ce que j'avais vu et après avoir failli me désintégrer mentalement après mon réveil. Je faisais de mon mieux, mais je n'étais ni un vrai demi dieu, ni humain, j'étais juste moi, Azazel, le gentil asperger à qui l'on avait un jour pensé donner un badge avec écrit « Ne me touchez pas, je suis asperger ». Alors comment espérer obtenir de meilleurs résultats ? Déjà que je ne laissais personne me toucher … même le contact de Hope normalement si rassurant me brûlait quelques peu car je ne m'en sentais plus vraiment digne. Et il y avait tout le reste, tout comme cette foutue manie de tout associé à la science fiction, aux films et aux séries au point que j'en avais des difficultés à démêler le vrai du faux, ce qui devait un comble pour un illusionniste comme moi. Et c'est à ce moment que Hope choisit pour réagir, captant mon regard pour essayer de me confronter à tout ce que je refuse de voir. Et pourtant je veux qu'il m'aime, qu'il m'aime quoi qu'il arrive, je veux être cet individu dont il parle, je voudrais pouvoir voir que je suis quelqu'un de précieux et de fabuleux, que je peux tout réussir. Et je ne veux pas mourir … je ne me trouve juste pas digne d'être sauvé. Alors je le regarde, je souris, mais je pleure.

« Dans une série ce serait le moment où tu m'embrasserais. Ce serait la scène où tout commencerait à aller mieux, où je reprendrais espoir et ce serait tellement beau. Mais … » J'approchais ma main de sa joue, comme pour le caresser, mais sans jamais le toucher « Même ta peau je ne me sens plus capable de la toucher, même la sensation de tes doigts entre les miens devient douloureuse. Je te regarde droit dans les yeux mais n'y voit que mon reflet, mon personnage, voué à disparaître. Car si cette histoire doit avoir un héros c'est toi Hope, mais pour te mener là où il faut il te faut un nouveau drame, un drame qui te fera devenir celui que tu dois être pour mettre fin à cet arc narratif de manière positive. Et ce drame c'est moi. Je n'ai aucun moyen de m'en sortir, car si je m'en sors alors rien ne se passera. Et je m'en rend compte que maintenant, que mon rôle n'a jamais été de tenir jusqu'à la fin. Je suis juste un élément déclencheur et, si je ne mérite pas la mort, l'effet n'en sera que plus puissant. Je suis désolé Hope, très sincèrement. Mais peut être qu'au moins tu te souviendras de moi par flashback et ainsi je vivrais un peu à travers toi. »

Ce discours était la preuve de cette folie qui s’emparait de moi peu à peu, de la perte de toutes mes notions et de toute ma logique. Car dans cette recherche de sens à tout ce qui se passait seule les hypothèses les plus folles restait et bien vite je ne savais plus ce que je devais croire possible ou non. Et à cela je me levais d'un bond, attrapant ma torche et m'éloignant d'un pas rapide. Je ne comptais pas me cacher ni rien, mais je n'avais juste plus la force de continuer, surtout maintenant que je commençais à me perdre entre la réalité et cette fiction que je tentais de me créer pour expliquer chacun des événements qui nous arrivait. Car là maintenant j'étais persuadé d'être ce personnage, ce personnage secondaire qui créait l'attachement mais qui malgré les efforts de tout le monde ne s'en sortait pas, devenant juste un symbole pour les autres qui les aide à aller toujours plus loin dans ce qu'ils entreprennent.

Spoiler:

Comment sais-tu que tu as trouvé ton meilleur ami ? Lorsque tu es prêt à lui parler de quelque chose et qu’il sait tout sans que tu ne lui aies dit. C'est ça que j'ai trouvé en toi, et c'est ce genre de choses là que j'apprécie dans notre relation tu sais ?

C'est pas croyable, plus tu lui parles, pire c'est. Azazel ne se rend compte de rien, et à chaque mot que tu prononces, tu as la désagréable impression que ton intervention ne sert strictement à rien. Tu aurais peut-être mieux fait de rester au Camp Jupiter au final. Mais tu sais que tu n'aurais pas pu savoir qu'il allait mal et ne rien faire, alors même si tu as l'impression de ne servir à rien, au moins, tu essayes, et tu es là pour lui. Savoir que ça ne sert à rien te porte un sacré coup, d'ordinaire tu arrives toujours à aider tes proches ou même des personnes que tu ne connais pas, et la personne qui est la plus importante à tes yeux, tu n'y parviens pas. Psychologiquement, ça fait mal, mais tu ne le montres pas, tu ne montres presque jamais tes faiblesses. Lorsque tu pleures, c'est toujours en cachette, parce que tu ne supportes pas qu'on puisse te juger comme faible ou quelque chose dans ce genre là. Pour tout le monde, tu veux être la personne forte, l'épaule sur laquelle on peut se reposer, l'oreille attentive, la bouche close pour garder les secrets et les mains pour agir lorsque tu le peux. C'est ton rôle, celui que tu t'es toi-même attribué suite à tout ce que tu as pu vivre et tu n'y arrives pas aujourd'hui. Une énorme vague de honte t'envahis, suivie de la tristesse de savoir que la personne la plus importante à tes yeux pensent qu'il vaut mieux pour lui de mourir rapidement parce qu'il n'en vaut pas la peine.
Il a l'air mal, autant physiquement que psychologiquement, pourquoi faut-il toujours qu'il rende les choses aussi compliquées en vouloir les croire simples pour lui ? Ce n'est pas compliqué, il n'a qu'à accepter une bonne fois pour toute ce que les gens lui disent. Tu es persuadé qu'il irait déjà beaucoup mieux dans sa tête, après pour ce qui est des choses qu'il a vu et son inaction, il faudra laisser le temps cautériser les plaies il n'y a pas d'autre solutions. Ou du moins, tu n'en vois aucune autre. Parce que de toute manière, on aura beau lui dire tout ce que l'on voudra, ça ne servira à rien, Azazel continuera à penser que c'est de sa faute, et qu'il aurait dû agir, alors que personne ne lui a demandé, au mieux, il se serait fait tuer lui aussi, et si jamais ça aurait été le cas... tu ne sais pas si tu aurais pu continuer à vivre avec son absence dans ton cœur. C'est peut-être présomptueux de dire cela, mais c'est la pure vérité. Et le voir, sourire et pleurer en même temps te tord les boyaux, te déchire l'âme en plusieurs morceaux. Tu ne sais que dire, restant bouche bée devant ses émotions. « Dans une série ce serait le moment où tu m'embrasserais. Ce serait la scène où tout commencerait à aller mieux, où je reprendrais espoir et ce serait tellement beau. Mais… » Voir sa main qui se rapproche de ton visage accentue ton rythme cardiaque, mais il ne te touche pas. Comme s'il avait peur de ce que cela voulait dire. « Même ta peau je ne me sens plus capable de la toucher, même la sensation de tes doigts entre les miens devient douloureuse. Je te regarde droit dans les yeux mais n'y voit que mon reflet, mon personnage, voué à disparaître. Car si cette histoire doit avoir un héros c'est toi Hope, mais pour te mener là où il faut il te faut un nouveau drame, un drame qui te fera devenir celui que tu dois être pour mettre fin à cet arc narratif de manière positive. Et ce drame c'est moi. Je n'ai aucun moyen de m'en sortir, car si je m'en sors alors rien ne se passera. Et je m'en rend compte que maintenant, que mon rôle n'a jamais été de tenir jusqu'à la fin. Je suis juste un élément déclencheur et, si je ne mérite pas la mort, l'effet n'en sera que plus puissant. Je suis désolé Hope, très sincèrement. Mais peut être qu'au moins tu te souviendras de moi par flashback et ainsi je vivrais un peu à travers toi. » S'il savait à quel point il a faux en disant tout cela, que le héros c'est toi, tu n'es pas un héros, tu es simplement un demi-dieux qui cherche absolument à survivre face à tous les dangers d'une vie comme vous les menez tous. Le pire c'est qu'il commence à perdre pieds, profondément et que tu ne sais pas comment l'aider, tu ne vois aucune issue. Pourtant, il faut que tu sois là, pour lui, pour toi, pour vous deux.
Puis quand tu le vois se lever, attraper sa torche et partir d'un pas rapide, les larmes coulent sur tes joues, tu ne fais rien pour les retenir, parce que tu as le cœur en pièces, parce que tu as peur pour lui, peur qu'il fasse une bêtise qu'il ne regrettera même pas. Azazel a le cœur tendre, il est d'une bonté à toute épreuve et il mérite plus que n'importe lequel d'entre vous, demi-mortels ou demi-dieux, de vivre heureux. Directement, tu te lèves à ton tour et tes pas se dirigent vers lui, plus rapidement que tu n'aurais cru pouvoir marcher, peut-être coures-tu, mais tu t'en moques. Tu ne veux qu'une chose le rattraper. Une fois que cela est fait, tu attrapes son bras droit avec le tien et te place face à lui. Tu finis pas écraser tes lèvres trempées par les larmes sur les siennes, ne sachent pas exactement ce que tu fais, mais cette folie te donne envie de hurler de désespoir, de t'enfuir en courant. Tu n'es pas désolé, parce qu'au fond tu en as toujours eu envie, mais tu n'es pas prêt à accepter la fatalité, pas prêt à accepter ce que cela veut dire au fond. Te détachant alors de lui, tu t'en vas à ton tour, le laissant ainsi, prenant tes rangers que tu as laissé dans le sable et partant vers le bungalow des Hermès qui t'accueille pour les jours à suivre. Oui, tu vas rester, oui, tu resteras, tu le feras pour lui, pour toi, pour vous.