Morton marchait, en pleine nuit. Où ? Il ne savait pas.
Il avait suivi les indications de cette voix, dans sa tête. Qui s'était ? Il ne savait pas.
Il avait la conviction que cette voix avait raison. Pourquoi ? Il ne savait pas.
Mais il marchait, en pleine nuit, dans les rues du centre-ville de Chicago. Il n'avait jamais emprunté ces rues. Il habitait en centre-ville, près de l'Institut de technologie de l'Illinois. En effet, son père était professeur de sciences à cette même institut. Apparemment, dans sa période de jeune étudiant, il était tombé fou amoureux d'une jeune femme, et c'était réciproque. Cette même jeune femme tomba enceinte et, neuf mois plus tard, elle accoucha, un matin de Juin d'un jeune garçon, que son père appela Morton Ayden, et lui donna son nom de famille Bates. Malgré la vie assez aisée qu'il avait, comparé à d'autre, Morton était parti. Le lendemain, son père ne tardera pas à signaler sa disparition aux policiers. Mais il s'en moquait, de l'inquiétude de son père. Ce qui comptait, c'était de suivre cette voix. Pourquoi ? Il ne savait pas.

De la maison, il avait pris des cookies préparés par son père. Malgré son travail qui lui prenais beaucoup de temps, il prenais quand même le temps de cuisiner. Et il cuisinais bien, très bien même. Mais son plus grand talent, ce qu'il faisait le mieux, c'était les cookies. Et c'était devenu le péché mignon de Morton. Il avait aussi pris de l'argent, 65 dollars au total, et une petite bouteille d'eau. Il continuait à marcher, sous la lumière des lampadaires, son petit sac sur le dos, son visage caché sous sa capuche de veste. Il voulait aller à la gare, et prendre un train vers San Francisco. La question était : allait-il payer sa place, ou allait-il le prendre illégalement ? Il ne savait pas, ou pas encore. Il hésitait entre la légalité ou l'illégalité. Là, il ne savait pas quoi faire. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait aller à San Francisco, d'un moyen ou un autre. Une fois arrivé devant la porte de la gare, il resta immobile, paralysé par le stress. Soudain, il sentit une présence derrière lui, qui lui déclara tout en posant la main sur son épaule :
- Tu es perdu ? Viens avec moi.
Il se retourna vivement, et vit un homme grand et musclé, vêtu d'un imperméable noir, et portant un chapeau de la même couleur. Sous son chapeau, un unique œil, de couleur bleue le regardait fixement. Il affichait un grand sourire jaunâtre et édenté.
Effrayé, Morton se mit à courir comme il n'avait jamais couru, vers la rue de gauche. Il n'osa pas se tourner, mais il lui semblait entendre un bruit de course derrière, se qui le fit fuir de plus belle. Il ne savait pas où il se trouvait, mais peu lui importait. Tout ce qui comptait c'était qu'il ne revoie plus jamais le visage de cet homme, aussi étrange qu'il soit.
Il était fatigué et il s'arrêta un moment, haletant et suant. En regardant partout, il remarqua que le mutant avait disparu. Tous semblait flou autour de lui, comme si rien n'était réel. Épuisé, il tomba à la renverse, sans comprendre ce qui s'était passé.



- Bienvenue dans la quatrième cohorte, légionnaire.
S'en suivit des applaudissements et quelques sifflements, pour appuyer les mots du centurion. Ce dernier semblait heureux qu'un nouveau soldat arrivait dans sa cohorte. Deux ans sont passés, et Morton avait bien grandi : Lupa l'avait transformé. En quelques mois, il était devenu un guerrier, comme ceux qui ont combattu les gaulois et d'autres barbares. On lui avait expliqué, son héritage divin, ses pouvoirs, tout ce qu'il peut voir qu'un mortel ne peut pas voir.
Il se posa sur l'un des hamacs sous les regards soit fiers, soit inquisiteurs des autres légionnaires, et s'y coucha, épuisé par la soirée. Son voisin de hamac, qu'il n'avait pas encore remarqué, lui dit simplement :
« Bravo !
- Pour être rentré dans la quatrième cohorte ? Merci.
- Non, enfin, si... Pour avoir réussi à rentrer dans la quatrième cohorte plutôt que dans la cinquième. Il paraît que c'est encore pire qu'ici. Déjà que c'est pas des plus propres ici...
- T'inquiète, je pense que même si il n'y avait pas de salles de bain, je pense que je serais content d'y aller. Tu peux imaginer à tel point...
- On est tous passé par là, tu sais. Entre la Maison des loups et le probatio, je ne sais pas c'est quoi le pire.
- Le fait qu'on est tous passé par là, peut-être. »
Les deux rigolèrent, comme des enfants. Les autres ne firent pas attention à eux. Le jeune garçon lui tendit la main en se présentant :
«  Cedric Leighton. J'ai fais un an ici.
- Morton Bates. Ravi de te connaître.
- Moi aussi. >>
Avant de pouvoir atteindre la main de Cedric, il fit tanguer le hamac, puis tomba à la renverse. En voyant la chute, son nouvel ami éclata de rire, et lui aussi. C'était le début d'une belle relation.


(U.C.)