La fille d'Arès jeta un coup d'oeil au réveil à côté d'elle qui venait de sonner. Huit heure et demie. Il était tôt. Enfin, elle avait pris l'habitude de se lever tôt, et ce depuis des années, ce n'était pas maintenant qu'elle allait la perdre. Et puis, avec tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps elle ne faisait que prendre son entraînement encore plus aux sérieux; la jeune femme faisait tout pour se tenir en forme. Elle ne blaguait pas avec ça. Sans un bruit, la brune se glissa hors de son lit pour avancer à pas de loups jusqu'à l'armoire où étaient entreposées ses affaires. Comme tous les matins, la grecque se vêtit d'un leggings de sport noir pas trop serré ainsi que d'un débardeur blanc; par-dessus elle enfila un gilet qu'elle finirait bien vite par enlever après avoir commencé à s'entraîner. Comme un courant d'air silencieux, la fille du dieu de la guerre s'attacha rapidement les cheveux de manière à les nouer en une queue de cheval haute afin de ne pas être gênée dans son entraînement à venir. Sans plus s'attarder dans le bungalow des enfants du dieu de la guerre, la jeune femme enfila ses baskets avant de filer, non sans avoir pris soin d'emporter une bouteille d'eau avec elle, au passage.

June passa prendre un petit déjeuner au réfectoire, allant s'asseoir à la table réservée au bungalow des Arès. La jeune femme n'avait jamais vraiment compris le concept de manger par bungalows, elle trouvait ce système stupide et complètement idiot; enfin, de son côté, ça ne la dérangeait pas puisqu'elle était du genre à manger seule dans son coin mais elle trouvait cela très bête de ne pouvoir manger qu'avec ses frères et soeurs, pour ceux qui avaient parfois de voir d'autres têtes. Après, ce n'était pas elle qui allait s'en plaindre et lancer une révolution pour que tout le monde puisse manger avec qui il veut; de toute façon, une grande partie (si ce n'était pas tous) des pensionnaires ne suivait plus cette règle et allait manger avec qui bon lui semblait. Sans un mot, la fille d'Arès s'assit donc à la table de son bungalow et se mit à manger en silence. Il n'y avait pas beaucoup du monde, en général le reste des pensionnaires se levait aux alentours de neuf heures; c'était justement pour éviter la masse de campeurs que la brune se levait une heure plus tôt que la plupart des autres. Elle préférait manger dans un silence serein que dans un brouhaha incessant. Elle avait assez donné avec le bungalow des Hermès dans sa jeunesse, ça lui suffisait amplement.

Quand elle eut terminé, June but d'une traite le reste de son jus d'orange (sans pulpe s'il vous plaît) puis elle se leva, quittant le réfectoire encore silencieux sans un regard pour les quelques pensionnaires déjà debout. La plupart étaient encore à moitié endormis et manquaient de piquer du nez dans leur croissant à moitié entamé. Et dire que ces mortels les pensaient dangereux; bon sang ils ne mangeaient pas des humains au petit déjeuner mais des croissants et du jus d'orange comme eux! Qui pouvait les trouver menaçant dans cet état bon sang? Ils les avaient affrontés en pyjama! La fille du dieu de la destruction secoua la tête d'un air las tandis qu'elle se dirigeait vers un des terrains d'entraînements de la colonie. Elle commença par s'étirer, histoire de terminer de digérer son petit déjeuner, puis après quelques minutes à étirer ses muscles elle commença ses tours de terrains.

June était du genre à reporter sa frustration et sa colère soit sur les autres, quand elle perdait le contrôle, soit dans le fait de se dépenser physiquement; c'était pour cette raison qu'on avait l'impression de la voir tout le temps s'entraîner; cela lui faisait penser à autre chose qu'au fait qu'ils s'étaient fait tirer dessus comme de simples proies faciles à abattre. A cette pensée, la jeune femme fronça les sourcils et accéléra un peu le rythme, expirant avec force au rythme de sa course matinale. Jamais June n'avait pensé qu'ils seraient ainsi attaqués un jour; elle pensait que la brume magique les protégeait, qu'ils auraient la paix pour le reste de leurs jours maintenant que Cronos et Gaïa n'étaient plus; ils s'étaient fourrés le doigt dans l'oeil, et jusqu'au coude en pensant ça!

La respiration de June était régulière pendant qu'elle courait. Trop habituée à se dépenser, son endurance avait fini par s'adapter à son rythme de vie très mouvementé. C'était également un bon moyen pour elle de contenir son hyperactivité; rester immobile ce n'était pas fait pour elle. Ce n'était pas fait pour eux. Qu'ils le veuillent ou non, ils avaient tous le combat et la survie qui vivait à travers eux; ils avaient tous ce feu qui leur donnait la rage, la haine, l'envie de continuer à avancer malgré tout. Ce feu était juste plus présent chez certains que chez d'autres, June ne le savait que trop bien. Ils devaient rester en forme, ne pas faiblir; ils devaient toujours rester sur leur garde et être en pleine possession de leurs mouvements. Le danger, ils n'y étaient que trop habitués. Leur vie était constamment mise en danger à partir du moment où ils quittaient l'enceinte de la colonie; et maintenant elle était même en danger à l'intérieur. Le seul endroit où ils pouvaient vivre en paix était maintenant compromis: c'était injuste à ses yeux. Pourquoi fallait-il que le seul endroit où elle se sentait chez elle tourne ainsi? La jeune femme commençait à croire qu'elle avait les Moires contre elle.

Alors qu'elle achevait son dernier tour, June remarqua une silhouette bien trop connue au bout du terrain; Riley. Elles se connaissaient toutes les deux depuis des années, et c'était sans aucune surprise que la fille d'Arès considérait la fille de Thanatos comme une de ses meilleurs amies, au même titre que Zachary quelques années plus tôt. Repenser à son défunt meilleur ami assombrit un peu le regard de la brune, mais elle secoua la tête pour chasser ses pensées noires. Au loin, elle entendit la voix de son amie; « Bah alors ? T’es rouillée le matin, c’est ta vitesse maximale ? » Un sourire (ce qui était rare) s'étira sur les lèvres de June. Sur le même ton, elle rétorqua à la blonde en mettant ses mains autour de sa bouche pour que ses paroles soient bien entendues de sa vieille amie; « Dis plutôt que t'essayes de me déconcentrer pour me rattraper! » Et, sans un mot de plus, elle rejoignit Riley (qui avait opté pour prendre le sens inverse d'elle pour la rejoindre plus rapidement).

Quand elles furent l'une face à l'autre, à quelques pas seulement, la fille d'Arès adressa un signe de la tête cordial à son amie, l'ombre d'un sourire étiré sur les lèvres. D'un geste machinal, elle resserra sa queue de cheval, qui tira un peu ses traits en arrière, durcissant de ce fait son regard qui était déjà intimidant de base. Enfin, si elle était actuellement intimidante, ce n'était certainement pas Riley que ça allait gêner; elles se connaissaient toutes les deux dpeuis bien trop longtemps pour se laisser chacune berner par l'apparence de l'autre. Elles étaient un duo infernal que les autres redoutaient, mais chacune savait qu'elle pouvait toujours compter sur l'autre. C'était ainsi qu'elles avaient fonctionné plus jeunes, et ainsi qu'elles continueraient de fonctionner.

June embrassa les alentours de son regard bleu glacé, avant de reporter son attention sur son amie pour lui lancer tout simplement; « J'préfère quand y a personne. C'est plus.. calme. » Elle haussa ensuite les épaules et fit rouler ses épaules, et craquer sa nuque. Son souffle était tellement calme qu'on aurait eu du mal à deviner qu'elle venait de faire plusieurs tours de terrains là tout de suite; seules les quelques gouttes de sueur perlant à son front la trahissaient. Après un court silence, elle demanda à la fille de Thanatos; « Tu comptais t'entraîner? » Enfin, la question était plutôt; A quoi comptais-tu t'entraîner? car si Riley était venue ici, ce n'était certainement pas pour compter les brins d'herbe, ou regard les autres se dépenser.