Je tentais de me recoiffer, tant bien que mal, dans un miroir dont l'image se brouillait peu à peu de cette petite salle de bain fermée où un bon bain chaud avait été coulé. L'odeur des sels venaient chatouiller les narines, la lumière des bougies nous berçaient dans une ambiance chaleureuse et romantique et surtout sur moi venait se poser le regard de cet homme, magnifique, au sourire plus amoureux que jamais et qui dévorait mes formes dénudées. « Qu'est-ce que tu essayes de te faire beau ? Tu es déjà magnifique Vaska ! Puis dans une minute tu vas me rejoindre dans l'eau, avec tes belles mèches trempées te tombant sur le front. » Je me retournais légèrement, lui souriant d'un air aguicheur avant de poser mon doigt contre mes lèvres « Shush, tu vas rompre le charme, ne gâche donc pas ce beau moment. ». Oh Ethan, il était mon premier amour. Lui qui était âgé de neuf ans de plus que moi, la première fois que je fis sa connaissance j'étais tombé sous son charme, à tel point que j'avais tout fait pour attirer son attention, pour faire plier ses principes jusqu'à un jour devenir sien. Je m'étais fermé à tous les autres, je voulais que ses mains soient les premières, je voulais qu'il me possède ! Et il n'avait jamais essayé d'abuser de moi, non, il fut un véritable gentleman, pendant des années d'une relation secrète et interdite il avait été le plus parfait des hommes, le meilleur amant qu'un jeune homme comme moi pouvait espérer. Je m'approchais de la baignoire, accentuant mes mouvements de hanches afin de le rendre fou, avant de m'asseoir sur le rebord, croisant les jambes et venant caresser légèrement la surface de l'eau pour troubler cette dernière. Perdu dans son regard je souriais tendrement, me mordant même la lèvre inférieure alors que je repensais à tous ces moments merveilleux qu'il m'avait fait vivre. Je tendais alors le bras, attrapant son pantalon posé par terre pour y sortir son paquet de clope et son briquet, en plaçant une entre mes lèvres que j'allumais. « Ah bah bien ! Tu fumes à l'intérieur toi maintenant ! » Je riais avant de lui répondre « C'est un moment particulier, je veux en profiter un maximum. Je suis à un carrefour qui va définir le futur moi et tu y as un grand rôle à jouer alors je veux que ce soit parfait. » Il semblait perplexe face à mes paroles, ce qui paraissait normal, il ne pouvait pas imaginer à quel point il allait être encore plus important pour moi qu'il ne l'avait été jusqu'à maintenant. Alors qu'il allait ouvrir la bouche pour me questionner, je lui fis signe de ne rien dire, un immense sourire aux lèvres avant de caler ma cigarette entre mes lèvres et de me lever pour prendre le poste de radio que je branchais, reprenant ma place et le posant sur mes genoux. D'un coup il se sentait plus détendu, il comprenait que je lui réservais une surprise, même si il ajouta, en riant « Attention avec ça, j'aimerais éviter de finir en friture ! » Mon sourire s’étendait alors que je serrais bien le poste-radio pour le rassurer « Je sais c'est ringard, mais je t'ai fais une petite play-list. » J'appuyais sur le lecteur, le CD démarrant, alors que la première musique se fit entendre, un titre qui était passé lors de notre première nuit et qui, clairement, le rendait terriblement nostalgique. « Tu me fais toujours autant rêver, tu sais ? Tu as les attentions les plus merveilleuses au monde ! Je trouve ça fantastique. Mais qu'est-ce qui me vaut un tel honneur ? » Je lui fis signe de se redresser un petit peu pour pouvoir l'embrasser avant qu'il ne se rallonge « Je voulais te montrer à quel point tu comptes pour moi … avant que tout se termine. » Il fit alors les grands yeux, n'osant pas comprendre et à dire vrai je ne pense pas qu'il n'ai jamais imaginé ce qui allait réellement se passer « Que tout se termine ? Mais … comment ç... » Et sans attendre je poussais le poste radio dans la baignoire, le regardant se contracter dans tous les sens alors que les lumières se mettaient à vaciller. Contrairement à ce que l'on pourrait croire je ne souriais pas, je ne jubilais pas ni rien d'autre dans ce genre, mon visage était au contraire impassible jusqu'au moment où tout s'arrêta, les plombs sautant et la flamme des bougies devenant la seule lumière de la pièce. Ethan ne semblait pas en paix comme on le voyait dans les films, il n'avait pas les yeux fermés comme ci il dormait ou autre, non, son visage était déformé par la douleur et ses yeux grand ouverts. Était-il mort ? Je ne savais pas, sans doute mais on ne pouvait jamais être certain. Qui sait si son cœur ne pouvait pas se relancer. Lentement et avec soin, j'appuyais sur le haut de sa tête pour le faire plonger dans l'eau, au moins la bouche et le nez, pour m'assurer que si l'hydrocution n'avait pas suffit il se noierait bien comme il faut. Je l'observais alors longuement. Pourquoi avais-je fais cela ? Je ne me l'expliquais pas. C'était comme … une pulsion, un désir qui m'était venu au matin. J'avais dix-neuf ans et je venais de commettre mon premier meurtre, tuer l'homme que j'aimais sans le moindre remord simplement car j'avais une envie de changement. Au final je tirais une dernière fois sur ma clope avant de la balancer dans l'eau, récupérant mes habits et partant tranquillement, quittant cet appartement pour la dernière fois de ma vie.

Les années avaient passé depuis ce premier acte criminel dont j'avais été à l'origine, nullement inquiété par les autorités qui n'y avait vu qu'un accident et qui n'avaient même pas pris la peine de creuser plus loin que la surface. À présent j'avais dépassé les vingt-deux ans, j'avais acquis mon autonomie et vivait dans un petit appartement miteux de New York. Je n'étais pas encore un serial killer, mais cela allait justement bientôt venir. Pour le moment je m'étais plutôt tenu à carreau, reprenant simplement le cours de ma vie sans le moindre accroc. C'est à dire métro, boulot, dodo, cette routine infernal qui chaque jour rongeait les esprits au point de rendre l'humanité folle à lier. Après tout, depuis que je vivais dans cette immense cité mes hallucinations n'avaient fait qu'augmenter. Déjà, depuis que j'étais enfant, je voyais des monstres, je voyais ces visages déformés dans la foule, je voyais ces créatures étranges. Pourtant, comparé à beaucoup des enfants, je n'en avais jamais parlé. Après tout comment savoir qu'une chose, que nous voyons tous les jours, n'est pas normale ? Comment un daltonien sait-il qu'il ne distingue pas les couleurs si jamais personne ne lui fait la remarque ? Or comme je n'avais jamais été le garçon le plus bavard qui soit au monde, qui n'avait rien de proche avec ses parents, je m'étais rendu compte de la chose que très récemment. Ce ne fut qu'au travers de remarques et de détails relevés ici et là que j'avais compris que j'étais bien plus loin de la norme que je ne le pensais jusqu'à maintenant et à dire vrai … je m'en contre-fichais toujours. Pourquoi combattre la folie et pourquoi essayer de la comprendre ? De toute manière je n'avais aucune envie de devenir comme tout le monde, je préférais largement ignorer le problème et à dire vrai j'avais même la curiosité de voir à quoi cela pourrait mener sans un traitement adéquat. Mais ce que j'allais apprendre était … on ne peut plus intéressant !

Il était tard et j'avais été obligé de me rendre au mini market le plus proche pour une connerie, quelques courses nocturnes pour remplir un frigo bien vide et surtout ma panse qui ne pouvait décemment pas sauter encore un autre repas.  Je me déplaçais dans ces rayons terriblement vide de toute autre forme de vie si ce n'est le pauvre petit caissier qui m'attendait tranquillement sous une lumière artificielle bien trop blanche et forte au point d'en donner une impression de film d'horreur, surtout avec ce petit ronronnement permanent des néons et ce grésillement revenant régulièrement. Alors que je me dirigeais vers la caisse avec mes courses, je croisais l'unique autre client, sans doute arrivé après moi, sur le chemin. Je levais les yeux au ciel face à son apparence des plus atypique, une carrure imposante dans un manteau noir en lambeau, de longs cheveux ondulés et gras lui tombant sur le visage mais ne cachant pas un œil unique et géant ainsi que des crocs digne d'un sanglier, en clair une nouvelle hallucination qui venait occuper ma soirée avant de me cloîtrer chez moi pour entendre toute la nuit les échos de la voix de ce pauvre étudiant qui vivait l'appartement d'à coté se faire passer dessus par toute la ville afin de payer son année ; bon il faut dire que j'avais aussi bien abusé de sa situation mais ça … Cependant, pris d'un élan de sarcasme face à cette récurrence de ma folie, je me permis une remarque que je pensais être le seul à pouvoir comprendre « Quel bel œil dis donc ! » et je continuais mon chemin tranquillement alors que l'immense silhouette se tournait lentement sans un mot, me dévisageant. Je n'y faisais pour ma part déjà plus attention, payant simplement ce que je devais avant de m'enfoncer dans l'obscurité de la nuit, ne pouvant compter que sur un lampadaire sur deux dans ce quartier bien pauvre. Mais alors que je progressais je commençais à sentir cette présence, à entendre ces pas qui résonnaient en rythme avec les miens. Il s'agissait de cet étrange individu d'il y a quelques minutes. Agacé je me retournais l'air de rien avant de lancer un « Tu sais je me montrais simplement sarcastique, pas une invitation pour me troncher. Alors crois moi me suivre est tout sauf une bonne idée … » mais la silhouette, s'étant arrêté pour m'écouter, reprit sa progression comme ci de rien était. Non, à dire vrai elle accélérait à chaque mètre nous séparant passé, comme une démon implacable venu me dévorer, bien que je ne me rendais pas compte en faisant cette réflexion qu'il s'agissait là de la vérité. Je glissais lentement la main derrière mon dos, soulevant mon haut pour attraper l'arme coincé dans ma ceinture que j'extirpais lentement avant de faire sauter la sécurité. « Bien … » Alors qu'il se faisait de plus en plus proche, un sourire dément commençant à se dessiner sur ses lèvres, je dégainais finalement totalement mon arme, me mettant en position de tir et ne perdant pas de temps avec un dernier avertissement, me contentant de viser et de tirer, créant un vacarme pas possible avec mon revolver mais le touchant pile au dessus de son œil unique, un sourire en coin apparaissant sur mes lèvres face à ce tir magistrale. Cependant la joie fut de bien courte durée, car alors que je pensais le voir s'écrouler lourdement sur le sol, ce fut à peine si il tressaillit, à dire vrai cela ne lui avait même fait aucun effet. L'avais-je donc manqué ? Je ne me posait pas plus de question et réitérais mon tir une première fois, puis une seconde, puis une troisième mais cette fois en visant bien la poitrine pour m'assurer de le toucher et pourtant rien. Cette fois je comprenais que quelque chose n'allait vraiment pas et sans plus attendre je lâchais mon sac de courses pour me mettre à courir, la bête sur mes talons.

Seulement vous imaginez bien la suite ? Qu'importe ma vitesse, le fou me rattrapa sans mal, me plaquant au sol sans la moindre délicatesse au point de répandre mon sang sur le bitume par ma lèvre et mon nez. C'est alors qu'en me relevant doucement, me tenant par le crâne et me reniflant fortement, il dit la chose la plus insensée que j'avais pu entendre jusqu'à maintenant « Tu n'es définitivement pas un demi-dieux pourtant tu peux voir mon vrai visage … quelle est donc cette étrange magie ? Qu'importe, te dévorer m'éclaircira sans doute les idées. » Je ne comprenais strictement rien à ses paroles, rien à ce dont il voulait parler. Ce qui me paraissait clair par contre, c'est que soit je venais de gagner un niveau de folie supplémentaire, soit je n'avais jamais été aussi fou que je ne le pensais. Dans tous les cas ce fut un débat qui me semblait bien futile face à ma mort imminente, le cyclope rapprochant ses crocs de ma nuque. Pourtant, alors que je fermais les yeux, me demandant si je verrais Ethan une dernière fois avant d'être damné pour l'éternité, des bruits de pas rapide se firent entendre suivit d'un hurlement et d'une nouvelle chute. N'étant plus tenu, je me redressais rapidement, me retournant et rampant en arrière pour voir ce qui se passait. Un autre jeune homme venait de débouler de nul part, armé d'une immense épée brillant d'un éclat bronze surnaturel dans cette obscurité, et se battait à présent avec le géant dans une danse endiablée de coups maîtrisés à la perfection par chacun des deux partis. Pour ma part je restais spectateurs quelques instant … avant, aussi rapidement que possible, repérer mon revolver que j'allais récupérer discrètement, restant au plus loin de ces deux êtres. Puis alors sonna le glas de l'un d'entre eux, le cyclope qui se fit transpercer de part en part avant de disparaître dans un nuage de souffre ou du moins de ce qui y ressemblait. Je reprenais alors mon rôle de victime, cachant mon arme dans mon dos, prêt à tirer alors que le jeune homme approchais, arme toujours à la main mais plus du tout en position d'attaque. Il me regarda de toute sa hauteur, avant de me faire un grand sourire et de me tendre la main, m'aidant à me relever. Il était plus jeune que moi, cela se voyait dans son regard, mais sa carrure était bien plus imposante. Il se présenta sous le nom de Aidan, tandis que pour ma part je mentais, donnant comme nom le premier qui me venait, celui de mon voisin : Matthew.

Je le ramenais chez moi, lui cherchant un refuge pour ne pas avoir à rentrer durant la nuit, moi poussé par une curiosité tout à fait dévorante sur qui pouvait bien être cet étrange individu. Mais pour le moment la seule chose qui le faisait s'extasier c'était ma capacité, ma capacité à « voir » à travers ce qu'il appelait « la brume ». Il me redemanda à plusieurs reprise si je n'étais pas un demi-dieu, mais mon incompréhension face à ses questions permis de le convaincre que je n'étais pas comme lui. Mais naïf petit enfant, il décida de me raconter tout sur sa nature, sur sa parenté avec les divinités grecques et dans ce cas précis Héphaïstos. Je comprenais très vite que ce garçon pouvait m'apporter les réponses à toutes les questions qui me brûlaient les lèvres alors, plutôt que de jouer sur la noirceur et la froideur qui était devenu mon quotidien depuis des années, je revêtais un masque, celui de la candeur mais aussi de l'amitié, nouant des liens très fort avec ce sauveur d'un soir. Car oui, heureux d'avoir trouvé un autre humain ayant la même capacité que celle qu'il disait être « leur Oracle », il était devenu intenable, il voulait me faire découvrir tout ce monde dans lequel il vivait, pouvant enfin partager cela avec quelqu'un d'autre qu'un de ses semblables mais aussi dans le but de me rassurer, l'ayant ainsi retenu pour qu'il ne retourne pas à la colonie en lui faisant croire que ce que je venais de voir la nuit d'avant m'avait terrifié sur ce que le monde me réservait à présent. Bon bien sûr je l'avais laissé repartir, mais chaque fois il revenait, avec plein d'histoires à raconter et de choses à m'apprendre. Il avait tellement hâte de m'amener à la colonie des sang-mêlé, convaincu de pouvoir convaincre Chiron, celui la même des légendes, de laisser passer un autre humain avec le don de vision à travers la brume. Mais surtout, à ma demande, il se mit à m’entraîner. Je voulais savoir ce qu'un demi dieu devait apprendre pour survivre en terme d'informations pratiques, mais je voulais aussi apprendre à manier une arme blanche comme eux même le faisaient.  Pourquoi ? Car j'avoue que j'avais déjà monté un plan … un plan sur le long terme depuis qu'il m'avait dit ces simples choses : « Beaucoup d'entre nous tombent au combat … et malheureusement personne ne s'en rend vraiment compte à part nous même, c'est donc de notre devoir de faire perdurer leur souvenir. » Cela pouvait paraître tout à fait anodin, mais l'entendre dire cela m'avait fait sourire comme un damné intérieurement, car si j'étais resté sage depuis des années après Ethan, je n'en avais pas perdu mes pulsions meurtrières, seulement je devais faire face à un des plus gros obstacles : Les autorités ! Ne désirant aucunement perdre ma liberté aussi tôt dans ma vie. Mais ce qu'il m'offrait c'était un monde de merveille où je pourrais libérer le démon qui dormait en moi depuis bien trop longtemps, un endroit où je ne risquerais pas la prison à tourner dans une cellule aménager à tourner comme Hannibal Lecter face à des cibles incapables de se défendre, non, ici j'avais droit à l'adrénaline à un niveau inimaginable et n'ayant pour seul risque que celui de la mort qui me donnait un plaisir grisant.

Le jour tant attendu arriva d'ailleurs, Aidan ayant accepté, après m'avoir entraîné durant un an de manière intensive, de m'emmener avec lui sur la piste d'un monstre qui avait fait de nombreuses victimes ces derniers temps. Pour l'occasion il m'avait forgé une arme, une arme à feu vu que je brillais plus dans ce domaine, afin de pouvoir le soutenir à distance. La créature, une espèce d'humanoïde reptilien avec deux queues à la place de jambes, fut trouvé dans un égout à l'odeur des plus nauséabondes ! Décrire le combat serait inutile, car seul importait vraiment le résultat. En effet, une fois la créature vaincue, Aidan sauta littéralement de joie, nous félicitant pour notre victoire commune tandis que moi même je sautillais de joie, dernière prestation avant d'achever mon œuvre. Il se précipita alors à travers ce boyaux sous-terrain pour me prendre dans ses bras, me serrant fortement. Cependant son visage afficha une expression à laquelle il ne s'attendait sûrement pas, les yeux écarquillés, la bouche entre-ouverte, alors que je le serrais un peu plus contre moi, plantant la lame de mon couteau un peu plus profondément dans son corps. Je tapotais alors affectueusement son dos avant de dire d'une voix rassurante « Chut, ne bouge pas. Tu es en état de choc. Je ne veux pas que tu ressentes la moindre souffrance. Dans un moment tu vas commencer à te sentir léger puis somnolent. Ne résiste pas, c'est si agréable, comme se laisser glisser dans un bon bain chaud. Je regrette que cela en arrive là Aidan, mais tout jeu doit avoir une fin. » Malheureusement pour lui son utilité était arrivé à expiration. Si je n'étais pas un grand guerrier il m'avait appris les rudiments. En ce qui concernait le monde mythologies, les monstres, les dieux et leurs enfants aussi bien grecs et romains je savais tout ce qu'il savait. Mais surtout il m'avait appris comment fondre et forger le bronze céleste, le réutiliser à ma façon et surtout ses propriétés particulières, comme le fait qu'une arme en bronze céleste ou en or impériale n'était pas perçu de la même manière par un mortel, me permettant de me déplacer armé. Enfin il m'avait donné tout ce dont j'avais besoin pour approcher un demi-dieu et lui faire croire que j'en étais moi même un, il fallait simplement que je fasse attention, que je me donne des pouvoirs invisibles pour ne pas me faire repérer et éviter ceux ayant le pouvoir de voir la supercherie. Je reculais alors légèrement, lui embrassant la joue avant de le pousser nonchalamment vers l'arrière, le regardant tomber lourdement dans cette eau souillé où son cadavre allait pourrir sans jamais être retrouvé sans doute, du moins pas avant de ne plus être qu'une pale image de ce qu'il eut été. Je replongeais cependant une dernière fois mes mains dans la crasse, récupérant chacun de ses effets, que ce soit les armes ou autres objets moins anodins, je ne laissais rien derrière que le cadavre d'un ami que j'avais bafoué et pillé.

« Vaska ! Tu viens manger avec nous ce soir ? » Je me tournais vers la porte d'entrée qui s'ouvrait lentement, avant d'afficher un immense sourire. Elizabeth, ma voisine et la plus charmante des créatures. Oh non pas une créature comme un des ces montres mythologiques ! Mais bien une charmante jeune femme, approchant de la fin de sa vingtaine pour entamer une nouvelle décennie, assise dans un fauteuil roulant qui ne semblait pas avoir le moindre effet sur sa bonne humeur permanente. « Oui oui, j'arrive ! Je range un truc et j'arrive avec le gâteau. » elle me fit alors un signe avant de retourner dans son appartement juste en face, fermant la porte en passant. Il y avait des années de cela à présent que je ne vivais plus dans cet appartement miteux des bas quartiers. Avec le temps j'avais réussit à améliorer ma situation pour vivre dans un endroit déjà plus décent, avec un meilleur voisinage mais aussi plus d'espace, notamment un, celui face auquel je me trouvais avant que ne débarque ma voisin, où se trouvait aligner un terrible arsenal, des armes en bronze céleste et or impérial, des munitions, des armes à feu en mélange de métaux mais aussi tout un tas d'objets que je savais magique mais que, malheureusement, j'étais incapable de faire fonctionner. Je plaçais dans une caisse mes dernières acquisitions que je rangeais dans un coin de la pièce, avant de sortir de cette dernière d'une manière bien étrange, passant par une porte qui n'en était pas vraiment une, un placard avec un faux fond que j'avais placé là pour supprimer une pièce sur le papier, replaçant la paroi en bois et fermant la dite armoire. Je quittais alors mon appartement pour rejoindre celui d'en face, chose devenue presque un rituel, possédant même les clés de ce dernier.

Pour le coup nous fêtions l'anniversaire de ben, il s'agissait du petit frère d'Elizabeth dont elle était devenu la tutrice après la mort de leurs parents. À présent il avait seize ans et c'était la raison du dit gâteau que j'avais préparé une bonne partie de l'après midi. Pas d'autres marmots, juste nous trois, il réservait la fête avec ses copains à un autre jour, pour le moment c'était une célébration en famille et … je devais avouer que cette idée me plaisait, d'avoir, via ces deux personnes, un semblant de famille. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire ce n'était pas un sentiment feinté. Oh bien sûr je leur cachait la vérité à mon sujet ! Tout ce que j'avais fait, tout ce dont j'étais l'auteur et qui aurait été à même de leur glacer le sang, mais c'était pour leur propre bien … le mien aussi, car à ce jour ils étaient les derniers êtres encore capable de faire ressortir ce qui avait été bon en moi un jour, à me faire garder cette stabilité qui en ce moment vacillait plus que jamais. En clair ils étaient plus ou moins devenu tout mon monde, depuis le jour où j'avais emménagé ici, un sanctuaire où je pouvais voir ce à quoi ma vie aurait pu ressembler si j'avais suivit un autre chemin et à quoi elle pourrait possiblement ressembler si je décidais de le suivre. Mais cela ne dura pas … car malheureusement, dans ma quête de sang mais aussi de perversion de l'esprit d'autrui, je m'étais fais certains ennemies, un demi dieu notamment que j'avais trompé et poussé à des actes horribles qu'il ne me pardonna jamais et le poussa à appliquer son ultime vengeance. Un jour, alors que je rentrais, je voyais leur porte ouverte et l'appartement vidé à la hâte … il n'y avait plus là la moindre trace d'Elizabeth ou de Ben, juste un mot, non pas laissé par eux mais par cet autre démon que j'avais tenté de façonner sans succès, me narguant de son implacable victoire en m'atteignant là où cela me touchait le plus comme je l'avais fait avant lui sur sa personne. J'aurais pu retourner le monde, tout faire pour les retrouver, mais je savais que cela n'aurait servit à rien. À la place quelque chose se ferma définitivement en moi alors que ce regard froid et sans émotion reprenait place sur mon visage. J'eus alors, une fois rentré chez moi dans ce long silence, un léger rire nerveux. Mon unique et dernier repère venait de m'être retiré et c'était sans doute ce qu'il y avait de plus dangereux au monde. Moi même je ne savais même plus vers quoi me tourner et j'étais incapable de prédire la façon dont j'allais réagir face à cela. Tout ce que je savais c'est que ce demi-dieu avait voulu se venger d'un monstre … mais tout ce qu'il avait été capable de faire ce fut lui retirer sa laisse.