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 Passer par la case prison (tristan)

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MessageSujet: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyJeu 7 Jan - 15:45

Dewei ressemblait à un lion en cage. Il avait envie de taper sur le mur jusqu’à en avoir les poings en sang, de taper un coup rageur sur les barreaux de la cellule réservé aux arrestations temporaires. On l'avait collé en garde à vue ! Lui ! Il y avait de quoi être en colère. Cependant, il n’en fit rien préférant regarder fixement la personne se trouvant de l'autre côté des barreaux, parce qu’il savait que le policier qui se trouvait de l’autre côté n’attendait qu’une bonne excuse pour rendre sa journée encore plus mauvaise. Pour la même raison, il se refusait à faire les cent pas. Plutôt mourir que de donner ne serait-ce qu'une once de satisfaction au responsable de cette situation grotesque. On lui avait refusé sa cigarette et pourtant, il crevait d’envie de s’en griller une… Ou de l’allumer pour l’écraser dans l’œil du flic qui l’avait arrêté… Difficile de choisir. L’agent avait senti que cette visite à New-York allait prendre une tournure dans le genre dès qu’il avait lu l’ordre de mission. Foutu Karma.

"J’ai droit à un coup de fil." Dit-il avec une irritation à peine contenue en s'appuyant contre les barreaux, adressant ainsi son plus beau regard noir à son interlocuteur.

« Sûr que tu es devenu un crack sur les droits des prisonniers, Law. » Plaisanta le flic avec un sourire suffisant.

Rappeler son passé à Dewei était une très mauvaise idée. La remarque fit mouche instantanément. Sans doute que son interlocuteur se croyait à l'abri en se retrouvant du bon côté des barreaux. Dire qu'il n'avait qu'à tendre le bras en profitant de l'effet de surprise pour attraper le policier par sa cravate et le tirer vers lui avec assez de force pour que son crâne vide face un joli bruit (certainement creux). Vraiment. Devoir rester aussi calme (du moins, en apparence) le rongeait à petit feu.

"C’est Agent Law pour toi, Officier Brooks." Répliqua Dewei à la place en appuyant volontairement sur les deux grades.

Le principal concerné haussa les épaules, peu impressionné par cette différence de grade. « C’est çà. Prends un siège, Law, le temps que je vérifie ton bout de papier. » Puis il partit, sans doute en direction de la machine à café et en profiter pour lâcher un : devinez qui est en garde à vue, à ces collègues. Ces anciens collègues. Merde. Quelles étaient les chances de tomber dans le commissariat où il avait travaillé pendant quatre ans ? Au ton employé par son ex-collègue, Dewei était certain qu’il allait prendre tout son temps pour vérifier. C’était çà l’ennui lorsqu’on recroisait un ancien partenaire de travail, on connaissait toutes les sales habitudes du service. Lorsqu’on qualifiait un document de bout de papier, il était certain que les vérifications seront faites soit avec peu de motivation soit avec un excès de zèle. Dans les deux cas, il était là pour un bon bout de temps. L’Asiatique étouffa un soupir de frustration. Si le flic avait la motivation de faire traîner un maximum la procédure, lui avait la même détermination de trouver la moindre occasion pour le lui faire payer au centuple. Pour l’instant, il devait être juste patient. Un talent qu’il n’avait jamais vu utile de cultiver. Déjà, les missions de type filature l’ennuyait profondément. Aujourd’hui, il découvrait qu’il existait pire que ce cas de figure.

L’agent de terrain s'écarta d'un pas des barreaux et fit craquer ses jointures, un réflexe qui trahissait son impatience à en coller une aux responsables, puis mit les mains dans les poches et se détourna du couloir. C’est seulement à ce moment-là qu’il réalisa ne pas être le seul en détention provisoire. Dewei lança un coup d’œil critique à l’autre détenu… Ou peut-être devrait-il le qualifier de compagnon de cellule ? En tout cas, il avait surtout l’air d’un gamin paumé. Le genre de gosse fugueur qu’il avait vu des centaines de fois du temps où il était encore flic. Parfois, on les collait une nuit au poste pour les faire réfléchir. L’Asiatique en était presque déçu. S'il était tombé sur un loubard quelconque, il aurait pu se défouler un peu après l’avoir irrité. Dewei se ravisa. Non, ces ex-confrères se seraient certainement jetés sur l’occasion pour aggraver son cas. Finalement, ce n’était pas une si mauvaise chose que le seul occupant soit un adolescent en apparence inoffensif.

"Tu es là depuis longtemps, petit ? Que je juge de la rapidité du service." Demanda-t-il finalement sur un ton détachée. Une manière comme une autre de briser le silence.

Le silence ne le dérangeait pas, en temps normal. C'était toujours les autres qui ouvraient la conversation, jamais lui. Dewei décida de faire une entorse à ces habitudes comme une longue attente semblait se profiler à l'horizon.


Dernière édition par Dewei Law le Ven 15 Jan - 10:27, édité 1 fois
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Tristan E. Langley
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyDim 10 Jan - 22:21

Quelques heures plus tôt.
« Qu'est-ce que tu fais là ! » Tristan détala, entendant le policier se jeter à ses trousses, son chien sur les talons. Il accéléra, accéléra, redoutant à tout instant de sentir le molosse se jeter sur ses chevilles, lui attraper le molet d'un coup de dent et le précipiter au sol. Il aimait bien les chiens, mais ceux des flics étaient devenus des ennemis tout autant que les hommes, des créatures corrompues par leur devoir et prêtes à le mordre jusqu'au sang si cela permettait de le stopper dans sa route. Alors il courut encore plus vite, quittant les petites rues pour se jeter dans la masse des gens profitant d'une soirée tranquille. Il volait littéralement au-dessus des pavés, sans prêter attention aux cris du policier qui refusait de le lâcher, lui hurlant de s'arrêter, criant aux passants de déguerpir de son chemin. Tristan avait un avantage : il était mince et rapide, habitué à prendre la fuite et équipé d'excellent baskets de course. Un bon point quand on galopait comme un chevreuil pris en chasse. En revanche, il n'avait pas pris en compte l'immense plaque d'égout dissimulée sous une sournoise plaque. Lorsqu'il se sentit dérapé, il hurla un juron.

Tristan était assis dans un coin de la cellule de garde-à-vue, la capuche de son sweat rabattue sur la tête. Il crevait de froid, à croupir ici depuis maintenant sept heures à attendre… il ne savait trop quoi. Bien sûr, ils finiraient par le relâcher, ne sachant pas vraiment pour quelles raisons le garder, et bien sûr il reprendrait son errance inutiles dans New-York, en plein hiver. Finalement, il ne savait pas s'il était si mal lôti que ça, à geler dans un coin d'une geôle lugubre, à guetter un repas qui finirait bien par arriver à un moment ou à un autre. Et puis il n'était pas seul, bien qu'il soit devenu si doué pour se faire oublier et passer inapperçu que l'autre ne l'avait toujours pas remarqué. L'autre gars était un asiatique plus âgé, probablement Américain de naissance, qui semblait… bouillir de rage. L'observer l'occupait, aussi, de dessous sa capuche, tel un Sith (Tristan aimait bien cette capuche profonde pour la simple et bonne raison qu'elle plongeait son visage dans l'ombre dés que la lumière baissait un peu trop, genre Palpatine quoi). Un agent s'approcha des barreaux et Tristan se redressa imperceptiblement, guettant l'occasion d'enfin sortir de ce trou. À ce rythme-là, il passerait la nuit ici, ce qui n'était peut-être pas si mal. Le fils de Borée suivit la discussion avec attention. Law, c'était plutôt marrant pour quelqu'un qui se retrouvait derrière les barreaux. C'était assez… ironique en fait, et Tristan goûta à la plaisanterie avec plaisir. Quand finalement le flic se cassa, l'agent Law (agent?) se détourna… et s'aperçut enfin de sa présence. Entre temps, le garçon avait rejeté la tête en arrière pour étirer son dos endolori et il croisa le regard de l'asiatique. La voix de son camarade de cellule n'était pas désagréable mais Tristan prit son temps pour répondre. « Sept heures. De quoi s'installer confortablement et se poser. » Ça pour être posé, ça faisait sept longues heures qui se refroidissait le cul sur le banc en béton, à laisser le froid le congeler petit à petit. Il faillit le tutoyer, se retint au dernier moment dans l'idée de sauver ses fesses, aussi glacées soient-elles. La garde-à-vue, Tristan connaissait. Il connaissait aussi ceux que l'on pouvait y croiser. « Vous êtes là régulièrement ? L'autre avait l'air de bien vous connaître. » Il énonçait une évidence, pour sûr, mais il lui semblait impoli de ne pas poursuivre la conversation et d'ailleurs, ça lui changerait. Entre mourir d'ennui et mourir congeler, il n'était pas bien certain de l'ordre dans lequel cela arriverait. Comment dire, les cellules avaient une nette tendance à être assez grises, ternes et plutôt bruyantes si on comptait la cellule voisine où s'engueulaient deux nanas joyeusement bourrées et particulièrement grossières. Tristan enleva sa capuche et frissonna de nouveau avant de se lever d'un bond : il ne tenait plus et maintenant qu'il était repéré, inutile de rester coincé dans un coin. Le demi-dieu s'approcha des barreaux, tentant d'apercevoir… quelque chose. Une main pleine de vernis rose jaillit de la cellule voisine, lui caressa le poignet, et un rire vulgaire s'éleva dans le couloir. Vaguement dégoûté, Tristan abandonna son poste d'observation pour se concentrer sur l'asiatique. Bizarrement, il n'avait pas une tête à se retrouver ici à partager quatre mètres carrés avec des putes ou un gosse comme lui. Il ressemblait à… Ouais non, il n'en avait aucune idée, il lui paraissait juste un peu décalé dans le décor.


Dernière édition par Tristan E. Langley le Dim 14 Fév - 18:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyVen 15 Jan - 10:26

Revoir ces anciens collègues figurait en haut d'une liste personnelle portant le titre de : je préférerais mourir que de le faire. Juste en dessous de 'remettre les pieds dans Chinatown', ce point restait indétrônable. Pourtant, il était coincé dans une cellule où, pendant quatre ans, il avait enfermé les ivrognes pour décuver, les dames faisant le trottoir et d'autres cas sociaux dans le même genre. Ironie, quand tu nous tiens ! Puisque son ancien collègue semblait bien décider à ralentir les démarches administratives au maximum, Dewei n'avait d'autre choix que d'entamer le dialogue avec le gamin paumé qui lui servait de compagnon de cellule. C'était çà où passer ces nerfs sur le premier élément du décor qui se présentait. Avec sa chance, ce défouloir servirait de prétexte à retarder un peu plus sa libération. Autant éviter.

Son interlocuteur ne répondit pas immédiatement. Dewei fronça les sourcils, signe qui trahissait son manque de patience. Devait-il s'inquiéter qu'une question aussi simple demande un temps de réflexion ? L'Asiatique poussa un soupir d'exaspération lorsque la réponse vint enfin. Sept heures ! "Certaines choses ne changent pas." Marmonna-t-il. Nul doute que le gamin avait été placé dans le même sac que lui, celui des affaires qu'on n'était pas pressé de régler. Pourquoi ? Il gardait cette question pour plus tard. Apparemment, il avait du temps devant lui. Un peu trop de temps à son goût. Dewei devait lutter pour ne pas faire les cent pas dans l'espace clos.

L'agent de terrain foudroya le demi-dieu du regard. "Ai-je l'air de quelqu'un qui finit régulièrement dans ce trou à rats ?" Demanda-t-il sur un ton sévère. Devant le terme 'trou à rats' il fit un mouvement du menton éloquent en direction de la cellule voisine. Qu'on puisse supposer qu'il entrait dans la même catégorie de rebut de la société que les grossières ivrognes qui se disputaient à côté n'arrangeaient pas son humeur. Ensuite, il se détendit très légèrement ou, plutôt, il se força à se détendre en se re concentrant sur son interlocuteur. Inutile de passer ces nerfs sur le gosse, il n'y était pour rien. "J'ai travaillé ici. C'était il y a longtemps." Finit-il par avoué de mauvaises grâces. Plus il repensait à cette histoire et plus il avait envie de fumer une cigarette. Y avait-il une chance que les rebuts de l'humanité de la cellule voisine aient de quoi fumer ? Au moment où cette pensée lui traversa l'esprit, Tristan s'était approché des barreaux. Aussitôt, une main vernie jaillit pour lui caresser le poignet suivi d'un rire. Ah. Pathétique. Nul besoin d'exprimer ce fait à voix haute, le dégoût était manifeste sur son visage. Il préféra se détourner de ce triste spectacle pour regarder en direction du couloir, au cas où le policier responsable de son enfermement se déciderait à revenir. Il en doutait.

"Toi, par contre, tu n'es pas un habitué ou alors tu es un inconscient. Sinon tu devrais savoir qu'il n'est pas bon de s'approcher trop prêt des barreaux." Dit-il finalement en brisant de nouveau le silence. Une des premières leçons qu'il avait lui-même appris en prison. Une leçon qui s'appliquait même à ceux menant vers le couloir ou les prisonniers étaient à la merci des gardiens en manque de défoulement. Quoi que ce dernier point ne dût que le concerner, en tant qu'ancien flic, il avait été la cible des gardiens en même temps que des autres prisonniers.
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyDim 14 Fév - 18:41

Ce type ne l'intimidait pas le moins du monde mais il lui laissait une impression bizarre. Comme s'il n'aurait pas dû se trouver là, à partager quatre mètres carrés avec un gosse des rues. Tristan finissait régulièrement coincé entre ces quatre murs, à trouver des solutions toujours plus rocambolesques pour s'en sortir, mais jamais il n'avait croisé un gars aussi peu en phase avec l'ambiance. Pourtant, des surprises, le demi-dieu en avait eu. Il avait une fois partagé huit longues heures en compagnie d'un avocat véreux bavard comme une pie, et trois heures avec une mère de famille soupçonnée d'avoir vendu son enfant (sérieusement). Depuis qu'il s'était construit le personnage d'Ethan, gamin désœuvré pour qui l'essentiel du temps passait en faisant des bêtises, les gardes-à-vues et les immanquables questionnements à la fin avaient pris un sens plus pratique. Ethan était connu de ce commissariat, et on finissait chaque fois par le relâcher avec un regard sévère et une réprimande. Et des lignes en plus dans un casier imaginaire, mais peu importe : Ethan n'existait qu'aux yeux des autres après tout. « Trou à rats, trou à rats, j'vous prie d'être poli, j'y suis aussi. » La réponse suivante le laissa littéralement sur le cul… avant de le faire rire. « Pardon ? Vous étiez flic et vous campez ici maintenant ? » Ce n'était pas vraiment drôle mais l'enfermement avait tendance à rendre les gens un peu bizarres, un peu près à tout pour vaincre l'ennui. Il gloussa et son rire résonna étrangement dans la cellule. « Je me disais bien que vous faisiez complètement déplacé ici. » Il gloussa de plus belle et se rapprocha des barreaux, guettant la mains aux ongles vernis. Cette fois, s'il la chopait… « Parlez pour vous. Ça va, je les connais ces barreaux, nous sommes même de vieux amis. » Vieux peut-être pas. Fusionnels en revanche, ils l'étaient devenus en un laps de temps impressionnants. Il n'avait pas fallu grand-chose pour que sa vie parte en vrille et il ne fallait pas beaucoup non plus pour la maintenir dans cet état. Chaque rencontre, chaque minute, étaient susceptibles de l'amener ici une fois de plus. Un peu comme la case prison dans le Monopoly en fait. Il était facile d'y aller, beaucoup plus dur d'en repartir. Et il n'avait pas de carte bonus « Sortez de prison » pour le coup, ni de pioche miraculeuse.

La main couverte de vernie jaillit de nouveau de la cellule voisine, s'étirant vers lui dans un mouvement grotesque. Agacé, Tristan l'attrapa par le poignet, l'asséna de toute ses forces sur le mur qui les séparait. Un cri de douleur rapidement suivi d'un concert d'insultes s'éleva dans le brouhaha déjà notable de l'endroit. Entre la prostituée qui gueulait des insanités à son encontre, sa collègue qui se joignait à elle avec grand plaisir et les marmonnements d'un type complètement saoul, l'ensemble devenait difficile à supporter… pourtant Tristan sourit, jugeant qu'il avait de quoi faire taire son compagnon de cellules. « Si je pouvais venir ici un peu moins souvent, ça me ferait des vacances… C'est trop bruyant. » La pute gueulait mais elle le laissa tranquille et il put s'appuyer à tout loisir contre les barreaux pour regarder le couloir. Franchement, il ne rêvait plus que de voir arriver un flic, quel qu'il soit, subir l'éternel interrogatoire qui ne menait à rien et… se barrer. « Vous avez travaillé ici… Mais pourquoi vous êtes là maintenant ? » Qu'un ex-flic se retrouve derrière les barreaux, ça avait quelque chose de cocasse mais d'aussi inattendu. « Vous étiez ripou ? » Tristan n'arrivait pas à savoir s'il classait l'asiatique dans le groupe des gens qui paraissaient droits dans leurs bottes ou dans celui de ceux clairement sournois. À vue de nez, le demi-dieu lui aurait fait confiance… Mais il aurait aussi fait confiance à Vasiliy et celui-ci étudiait du sang-mêlé dans son appartement, donc… Disons qu'il avait revu à la baisse sa capacité à accorder sa confiance à ceux qui semblaient la mériter. On ne pouvait pas compter sur grand monde, ça Tristan le savait, et il valait mieux ne pas tenter l'expérience au risque d'être déçu. Une porte s'ouvrit et il sentit un instant l'espoir battre en lui… Mais le flic ouvrit la cellule voisine, tirant l'alcoolique qui marmonnait du banc sur lequel il était avachi. « Qu'est-ce que tu regardes, toi ! » Tristan sauta en arrière à l'instant où le policier donnait un coup agacé sur les barreaux. Le sang-mêlé prit un plaisir mesquin – et idiot – à imiter ses voisines les dames de la rue pour déverser une flopée d'insultes bien senties. C'était con, ça lui ressemblait à peine, mais ça faisait un bien fou. Et puis ça pouvait entrer dans son avatar d'Ethan aussi. Avait-on déjà vu un mioche vandale et voleur toucher par l'éclair sain de la politesse et du silence ?
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyDim 21 Fév - 21:16

Oser le faire poireauter en détention provisoire. C'était une petite vengeance mesquine, témoignant que ces anciens confrères avaient : premièrement, la rancune tenace et, deuxième, se souvenait parfaitement où taper pour faire mal. L'agent Law ne pouvait rien fait, le piège était bien trop parfait. La moindre protestation apporterait à la fois satisfaction au créateur de cette farce puérile et ne ferait que retarder sa libération. Il était facile d'imaginer ces anciens collègues profiter de la moindre opportunité pour rallonger le séjour de l'ancien flic dans ce trou à rat. Ce constat n'améliorait pas son humeur.

Au lieu de ruminer une potentielle vengeance, Dewei préféra rompre le silence afin d'entamer une conversation avec son compagnon de cellule. Ah, rien que de penser ces trois mots... Compagnon de cellule... L'agaçait au plus au point. En quatre ans de service suivit de cinq derrière les barreaux, l'Asiatique avait une idée assez claire de la faune qu'on pouvait trouver dans un endroit pareil. En plus de ramener des souvenirs peu agréable à la surface, il ne supportait pas l'idée qu'on puisse le mettre dans le même sac que ce ramassis de rebut de la société. Comme s'il était de la même espèce que ce gamin paumé, ces prostitués de la cellule voisine et autres ivrognes qui ne devaient pas se trouver loin. Connaissant l'existence du monde mythologique, il ne serait pas étonné d'apprendre qu'une divinité quelconque était à l'origine d'une telle farce et riait en ce moment-même à ces dépens.

Le gosse eut le droit à un regard noir lorsqu'il trouva drôle le fait qu'un ancien flic se retrouve de ce côté-ci des barreaux. En plus, il se permit de glousser ! Ce gamin ne devait avoir aucun instinct de survie ! "Oui, j'étais flic. Et mon nom de famille est Law, quitte à te moquer, fait le jusqu'au bout." Dit-il sur un ton cassant qui déconseillait fortement de le faire, mais comportant également une pointe de lassitude, comme quelqu'un ayant eu mille fois droit à cette blague. Oh oui, tout le monde croyait toujours avoir trouvé la blague du siècle en faisant une boutade sur ce fait, ignorant qu'une centaine de personnes avait eu cet éclair de génie avant lui.

Tout en finissant de glousser, celui a qui il avait attribué l'étiquette mentale de 'gamin paumé' se rapprocha des barreaux. Dewei s'adossa contre le mur opposé et croisa les bras en haussant un sourcil, comme s'il se préparait à voir un spectacle très intéressant. De vieux ami ? Génial, il était avec un gamin paumé ET récidiviste. Décidément, c'était jour de chance ! Cette remarque mentale était ironique, bien sûr !

L'agent de terrain compta mentalement jusqu'à dix, mais n'eut pas besoin d'aller aussi loin puisque, trois secondes plus tard, la main couverte de vernie jaillit de nouveau de la cellule voisine. Sauf que cette fois-ci, le gosse ne se laissa pas impressionné et fit passer un mauvais moment à la propriétaire de la main baladeuse. Dewei fut surpris, tout en prenant grand soin de le cacher. Peut-être devrait-il enlever le 'paumé' dans l'étiquette mentale qu'il avait dressée sur son compagnon de cellule ? En tout cas, le silence devint rapidement un luxe dans cet espace réduit puisque, bien sûr, la prostituée protesta, ce qui eut un effet boule de neige sur les autres personnes en garde-à-vue. Merde. L'agent Law leva les yeux au ciel d'agacement tandis que le gamin semblait très fier de ce résultat. Il ne dit rien. Vu le brouhaha, il serait impossible d'être entendu, de toute façon.

"Jalousie, petite vengeance mesquine..." Répondit-il laconiquement lorsque le silence retomba. Dewei fit un haussement d'épaule. "Officiellement, erreur de procédure ou une bêtise administrative dans le genre. Çà, c'est si leurs imaginations aussi fertiles que sélectives ne trouvent pas autre chose à me mettre sur le dos." Il avait volontairement ignoré la question son hypothétique appartenance à la case ripou. Pour la sécurité de son interlocuteur, il valait mieux qu'il ne réagisse pas à cela.

Dewei allait répliquer quelque chose pour continuer ses explications, mais il s'interrompit en entendant la porte s'ouvrir. Il dut se faire violence pour ne pas émettre un commentaire en regardant le policier ouvrir la cellule voisine. Un brouhaha d'insulte envahit de nouveau la pièce lorsque le flic donna un coup agacé sur les barreaux.

"On sera les derniers à sortir de ce trou. Il adore faire mariner les gens qu'il a pris en grippe." Commenta Dewei avec un certain agacement devant cette conclusion. Il l'avait compris dès qu'il avait vu le sourire suffisant que lui avait lancé le flic en allant chercher l'ivrogne. "Pour ma part, il sait que cette histoire sera réglée dès que le coup de fil sera passé alors il va vraiment prendre son temps. Et toi ? C'est quoi ton histoire, gamin ?"
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyLun 21 Mar - 9:25

Le personnage d'Ethan, Tristan l'avait lentement mis en place. C'était juste un style à l'origine, un jeu où il jouait un rôle aussi cliché qu'éloigné de sa véritable personnalité. Il avait laissé de côté Tristan, le timide Tristan un peu faible qui finissait toujours par frapper quand ça faisait mal, au bon moment, et il avait endossé le caractère d'un gamin des rues, tout droit issu des films, la grossièreté et les survêtements en moins. Puis Ethan était arrivé. Ethan, sans nom de famille, visiblement de New-York. Un micro-délinquant dont on ignorait tout, mais un habitué tout de même. Le genre de gamin qui se retrouvait là régulièrement pour vol ou autre (agression d'un particulier sur le trottoir par exemple) (il s'agissait, pour sa défense, d'une harpie particulièrement revêche), celui dont on connaissait le visage, on savait qu'on avait déjà vu ces traits-là quelque part, sans réussir à mettre le doigt dessus… À force, on s'habituait à jouer un rôle : il devenait une seconde nature, facile à enfiler au bon moment. Il se fondait même avec vous-même, ce qui contribuait à le rendre plus crédible… Même aux yeux de Tristan.

Devant les paroles du flic emprisonné, Law, Tristan hocha vaguement la tête. La police, ell était bien loin de l'image qu'il s'en faisait avant… avant tout ça. À l'opposé des « poulets », il imaginait des gens fiers et droits, accomplissant leur devoir avec honneur. Il savait qu'il y avait dans ses rangs des gens moins honorables, avec peu de scrupules mais… Des exceptions. Techniquement, c'était le cas : de pures exceptions comme un commissariat en connaissait seulement de temps en temps. Les autres étaient juste des hommes, rien de plus. Aussi méprisables que n'importe qui. Les erreurs, les excuses, les « Pardonnez-nous, nous avons agi par prudence… Vous comprenez, [insérer ici une excuse, un rapport à l'actualité ou autre]. » En tout cas c'était son cas. Quand il n'était pas pris en flagrant délit de vol – ses baskets n'étaient pas issues d'un échange respectable entre un vendeur et lui – on l'arrêtait parce que… Sa tête. Il ne ressemblait plus beaucoup au Tristan qui s'était enfui à pied avec Loïs mais tout de même : un visage restait un visage, il ne changeait pas du jour au lendemain. On pouvait se couper les cheveux, porter des lunettes sans correction ou faire ce que l'on voulait… Il arrivait un moment où ça ne fonctionnait plus.

« Franchement, ça me va de rester là. Il fait encore plus froid dehors. » Tristan regretta instantanément ses paroles. Il ne cherchait pas la pitié ou quoi. Cela dit c'était vrai : s'il se gelait les miches dans cette cellules, c'était encore pire dehors et en plus le danger rôdait. Le danger rôdait toujours pour un demi-dieu, en permanence. Qu'il soit à l'animalerie où il travaillait, sous un pont à attendre, chez Isaure ou autre, ça revenait au même : les monstres finissaient invariablement par rappliquer. Et c'était rarement pour prendre le thé. Le fils de Borée tritura le petit bracelet élastique quil portait au poignet, heureux comme chaque fois de sentir son arme près de lui. Un arc, un arc aux flèches toujours aidées par le vent. Un cadeau de son père. Et l'arme d'un fourbe, d'un sournois, qui pouvait tirer de loin sans se montrer, en restant bien sagement à l'abri. Avec ça, Tristan pouvait les irer comme des lapins, sans qu'ils ne voient la mort venir. Au fil du temps, il avait développé un style de combat rapproché à coup de flèches, parce que les monstres ne ressemblaient pas toujours à ce qu'ils étaient. La Brume faisait parfois effet sur les sangs-mêlés et un cyclope pouvait prendre l'apparence de la plus belle des filles par un petit coup de pouce de cette force mystérieuse qui dissimulait le monde mythologique aux mortels. C'était ça son histoire : cette foutue Brume qui avait foutu en l'air sa vie. « Comment résumer sans passer pour un dingue ni y passer trois jours... » L'insolence, Tristan et Ethan l'avaient en commun. Pas dans leurs paroles mais plutôt dans le ton, en fond, piquante. Agaçante. « Concours de circonstance ? » Il ne pouvait pas pser de mots plus justes : un parfait concours de circonstances. Sa vie n'étaient pas exceptionnelle avant mais il était libre. Libre d'aller où il voulait sans avoir à se cacher. Il pouvait être Tristan Langley en toute quiétude, où qu'il aille. Il pouvait rentrer rendre visite à sa mère sans risquer de voir débarquer toute une escouade de… flics. Et puis concours de circonstances, foutue Brume, foutues stryges et grands-mères, il était devenu une cible à abattre. Un danger chassé aussi bien par la police mortelle que par la Colonie des Sangs-mêlés. « Mais bon, maintenant c'est foutu hein. C'est pas comme si je pouvais prouver quoi que ce soit hein. Ou qu'on allait me croire. » Il fit une légère pause, regarda le flic s'éloigner avec l'ivrogne dans le couloir. « Le pire, c'était que je n'ai vraiment rien fait à la base. » Il était juste entré dans un restaurant et croisé une amie. Là, l'enfer s'était déchaîné, tout avait dérapé et les avait conduit à l'impensable. Ils avaient tué par accident et lui volontairement, pour leur peau. Ils étaient des assassins, Loïs et lui, des assassins qui l'étaient devenus par nécessité. Pour fuir les circonstances et éviter le pire.

La porte de la cellule s'ouvrit et un flic – un autre – poussa un type à l'intérieur. « Un peu de compagnie pour vous ! » Le gars ressemblait à un SDF complètement largué, à l'ouest. Il ne devait pas être bien vieux – à peine plus que Tristan en fait – mais il sentait l'alcool à plein nez, dégageant une odeur passablement… nauséabonde. « 'Alut 'ous ! » Et complètement imbibé. Le type s'avança dans la piaule, se laissa tomber sur le banc au fond avec un soupir exagéré. Ses poings se serraient spasmodiquement et Tristan ne promit de pas l'emmerder, même par ennui. Mais voilà qui rendait leur petit séjour ici plus inconfortable encore. « J'ai descendu quelqu'un. » À sa voix, on aurait pu penser que Tristan parlait de la météo. Mais c'était bien à l'ex-flic qu'il s'adressait. C'était sorti comme ça, sans qu'il s'y attende. Quelque chose en lui avait envie d'en parler. Loïs et lui n'abordaient jamais le sujet : c'était juste là, entre eux, mais ils se sentaient trop responsables d'un mauvais scénario. Law en revanche… Il n'avait rien à voir là-dedans et Tristan ne le reverrait sans doute jamais. En attendant, ça le hantait.
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyVen 8 Avr - 21:39

Certaines personnes trouvent rassurant de savoir à l'avance comment les choses allaient se passer, que grâce à l'expérience, on puisse deviner la suite des événements. Parce qu'il avait travaillé ici dans ce qui ressemblait une autre vie, Dewei savait ce qui l'attendait. Il avait expérimenté le fait de s'être trouvé des deux côtés des barreaux. Loin d'en être rassuré, cette connaissance l'agaçait à mesure que les minutes s'écoulaient et que sa première impression se confirmait. Il ignorait ce que pouvait avoir fait le gosse, mais, de toute évidence, lui non plus ne se trouvait pas dans les petits papiers des flics de ce service. À cause de cela, ils étaient partis pour rester un maximum de temps. Dewei était prêt à parier sur ce fait.

C'était véritablement frustrant. Dire qu'un seul coup de fil pouvait le tirer de là et qu'à la place, il moisissait ici avec des cas sociaux ! L'autre solution, c'était d'attendre que ces anciens collègues daignent vérifier ces tirs en passant eux-mêmes ce fameux appel téléphonique. Autant dire qu'ils vont reporter ce moment le plus tard possible. Pendant ce temps, l'Asiatique ne pouvait rien faire d'autres que d'entamer le dialogue avec son compagnon de misère. La seule solution pour calmer sa frustration sans aggraver la situation. Car, il n'y avait aucun doute : s'il se jetait sur la première provocation pour se défouler, ces anciens confrères en profiteraient pour le garder plus longtemps derrière les barreaux. Foutu Karma. Attendez un peu qu'on le sorte d'ici et il se vengera au centuple.

Il n'avait pas répondu à la première remarque, comme quoi il faisait moins froid ici. Lui, çà ne lui allait pas du tout de rester là, comme si on pouvait le mettre dans le même sac que les autres occupants des cellules. Son orgueil en prenait un coup. Si on lui demandait quel serait son endroit idéal, là, maintenant, tout de suite, il répondrait certainement qu'il voudrait se trouver dans le bureau du flic qui l'avait conduit ici pour lui faire avaler ce foutu téléphone. Au lieu d'extérioriser cette pensée, Dewei préféra hausser les épaules avec un air contrarié et se concentrer sur les raisons de la présence du gamin dans cette cellule.

Face aux premières explications de son interlocuteur, l'Asiatique ne put s'empêcher d'afficher un sourire ironique. "Ah ! Çà sonne familier à mes oreilles." Commenta-t-il. Sans passer pour un dingue ni y passer trois jours. Voilà qui pourrait tout aussi bien résumer sa propre histoire. Sans parler de la suite. Ces arguments, il les avait entendus un bon paquet de fois lorsqu'il portait encore fièrement l'uniforme de policier. Il n'y avait jamais cru. À l'époque, il croyait que les mauvaises choses n'arrivaient qu'aux mauvaises personnes. Maintenant, quand il entendait l'excuse du gars se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, il ne pouvait s'empêcher de se rappeler qu'il avait lui-même soulevé cet argument durant son procès. Bon dieu, qu'est-ce qu'il aimerait avoir une cigarette ! Déjà que l'attente était agaçante, mais si de vieux souvenirs remontaient à la surface de manière vicieuse... "Va pour le concours de circonstances." Opta-t-il avec un hochement de tête.

Il aurait dû se douter que de les faire poiroter éternellement pendant qu'ils allaient relâcher un à un ceux des cellules voisines ne seraient pas suffisants, que ces ex-collègues avaient d'autres tours dans leurs sacs. Mais çà, Dewei ne le réalisa que lorsque la porte de la cellule s'ouvrit pour laisser entrer un troisième 'locataire'. L'ancien flic jura en chinois, parfois l'anglais ne suffisait pas pour retranscrire son degré d'agacement. La tête entre outrer et dépit de l'Asiatique arracha un sourire satisfait au flic. Un autre nom à ajouter sur sa liste de vengeance lorsqu'on le fera enfin sortir d'ici. "Je croyais que tu valais mieux que çà, Barty !" Maugréa-t-il. La réplique ne tarda pas du dénommé Barty : « T'es mal placé pour me faire la leçon, Law.  »

Face à cette remarque, Dewei se contenta de soupirer rageusement en regardant l'alcoolique avec dégoût et veillant à garder une distance (comme si la mauvaise odeur était contagieuse) tandis que ce dernier tituba jusqu'au banc au fond. Le dégoût se nuança d'une pointe d'incrédulité. Une part de lui espérait désespérément qu'il était victime d'une sorte de blague cosmique qui allait prendre bientôt fin. Forcément. Une situation ne pouvait s'empirer ainsi, encore et encore, sans avoir une fin. Heureusement, Ethan déclara alors qu'il avait descendu quelqu'un, offrant une occasion à l'agent de terrain pour se concentrer sur autre chose. "Et il le méritait ?" Demanda spontanément Dewei, sur le même ton désinvolte que son interlocuteur.

Avant d'entrer au DLCEM, sans doute aurait-il réagi autrement, peut-être aurait-il été choqué par une déclaration dite sur un ton aussi anecdotique. Seulement, aujourd'hui, le quotidien de Dewei était de tuer, que se soit des demi-dieux ou des monstres. Il fallait se rendre à l'évidence, jamais plus il ne redeviendra le type honorable qu'il avait été lorsqu'il portait encore l'uniforme de policier. Le monde mythologique l'avait détruit, lui et sa vie parfaite. L'Asiatique soupesa mentalement la déclaration du gamin. Cela semblait un peu faible pour s'attirer la haine d'officier. Alors il ajouta, toujours sur le même ton à la limite du désinvolte : "C'était un flic ?" Çà pouvait être un début d'explication.
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyVen 15 Avr - 22:04

Si les deux premiers étaient des dommages collatéraux, présents au mauvais endroit au mauvais moment, pour celui-ci, ce serait différent. Réprimant un brusque mal au cœur, Tristan agit. Parce que le papy, aussi décidé soit-il, était incapable de tirer sur deux gosses. La première balle n'était jamais qu'une réaction de défense. Ils le savaient tous. Les larmes étranges qu'il tentait vainement de garder pour lui débordèrent enfin, une par une, lentement. Parce qu'au fond il n'avait jamais que dix-sept ans et que cette violence, il n'aurait pas dû la connaître. Et tout ça pour quoi ? Parce que sa mère avait batifolé avec la mauvaise personne ? Pitoyable. Nous ne sommes par responsable de notre naissance mais parfois, elle comptait pour beaucoup dans la direction que prenait notre avenir. Et Tristan pleurait, sa main ne trembla pas. Pas à un seul moment, il n'hésita. A l'instant même où son plan était apparu, il n'avait plus cherché à se dérober.

Depuis, il attendait. Il attendait que le temps passe, que les souvenirs fassent de même. Il ne cherchait pas à oublier parce que c'était impossible. D'ailleurs, depuis le temps, ça ne lui faisait plus si mal que ça. Déjà à l'époque, ça l'avait laissé… sonné. Sonné, mais pas blessé. Il avait perdu une petite part de lui-même à cette occasion. À tous ceux qui disaient que tuer, ce n'était rien, que c'était facile… La pire ineptie du monde. C'était sacrément facile de descendre quelqu'un dans les jeux vidéos ou à la télévision. C'était facile de faire semblant puis de jouer les gros durs. Lui aussi il savait faire. Il suffisait de regarder Ethan, ce petit con insolent mais paisible. Ethan avait bien de la chance, il n'avait rien d'autres à se reprocher que quelques petits larcins. Ethan, s'il existait vraiment, pourrait dire aussi que ce n'était pas grave, que lui, Tristan, n'avait qu'à oublier. Après tout, ce n'était pas de sa faute hein ? Il n'avait pas fait exprès ! C'était la faute à pas de chance ! La faute aux conséquences ! Mais putain, si seulement c'était aussi simple… Lampion et Trancy étaient vraiment des accidents. Si Loïs et lui avaient pu s'en sortir, les deux flics auraient dû pouvoir. Là, c'était vraiment de la faute à pas de chance, le genre d'accident con qui peut arriver juste comme ça. Andrea en revanche… C'était lui qui avait fait un choix. Tristan ne le regrettait pas d'ailleurs, il savait qu'il avait eu la seule réaction sensée quand le monde entier autour de lui disparaissait dans un tourbillon de folie. Mais c'était quand même un choix et à chaque décision, des regrets. Pas d'avoir tiré, mais d'avoir dû le faire.

Sa voix cassée le fit sursauter. Sans un regard pour qui que ce soit, même pas elle, il attrapa la main de Loïs et l'entraîna derrière lui, profitant avec soulagement de la douleur. Ce n'était pas une bénédiction ou une punition, juste un échappatoire. Il esquivait ce qu'il aurait à affronter un jour. S'il regrettait son geste ? Non, pas du tout. C'était peut-être ça le pire : il ne supportait pas son action mais il ne l'aurait changé pour rien au monde. Et finalement, il n'était pas sûr que le nouveau Tristan lui plaisait tant que ça. Parce que... Qui était le nouveau Tristan Emmanuel  Langley ?

Il n'avait toujours pas trouvé la réponse à sa question. Qui était-il ? Personne, sans doute. Il n'était Tristan qu'auprès de Loïs. Pour les autres, il était Ethan, et Ethan n'était strictement personne, à peine une invention. Il ne regrettait rien de cette journée parce que c'était simplement arrivé. Comme ça. Ça les avait choisi, Loïs et lui, et puis ça les avait balayé. « C'était vraiment un concours de circonstance. » Même ses propres gestes n'étaient qu'une vaine réponse à tout ce qui leur était tombé dessus. Depuis, il aurait pu se passer de certains gestes ? Peut-être. Non, en fait. Il dénonçait des demi-dieux en sachant très bien ce qui leur arrivait ensuite… Mais c'était une forme de légitime défense. C'était eux ou lui. Dans sa quête désespérée de la vie, Tristan les avait choisi eux. Eux mourraient pour que lui vive. Il avait toujours fonctionné ainsi et ça au moins fait toujours partie de son quotidien. Il nota en passant que l'ex-flic connaissait visiblement l'intégralité des types qui bossaient ici. « Je ne sais pas. C'était pas de sa faute s'il nous avait croisé. Il pouvait pas savoir. » À moitié dans le rôle d'Ethan, à moitié dans le sien. Parfois, il se demandait jusqu'à quel point il jouait la comédie et surtout… quand. Mais effectivement, Andrea ne pouvait pas savoir que Tristan et Loïs, deux gamins de moins de vingt ans, avaient touché le fond. Il ne pouvait pas savoir qu'il aurait le cran de tirer non pas une mais deux fois. La première était un accident, c'est vrai, mais pas la seconde. Mais Andrea méritait-il de mourir ? De ce que Tristan avait vu, c'était un être cupide, prêt à vendre deux mioches pour de l'argent. Cela dit, tout les désignait comme coupable et le vieux était peut-être parti du principe qu'eux méritaient de croupir en taule. Et si en plus ça lui rapportait du blé… De toute façon, Tristan n'avait pas la réponse à la question de l'agent. Tristan s'appuya contre les barreaux et désigna l'ex-flic d'un geste du menton. « Bon, et vous, vous avez fait quoi ? » C'était marrant parce que Tristan, il avait beau se planquer, se faire discret, il conservait cet insupportable regard fier. Et Ethan partageait le même. Quelque part, Law l'intimidait un peu – il présentait une certaine classe – mais le fils de Borée voulait en savoir plus. La curiosité le démangeait depuis qu'ils avaient entamé la discussion. Croisé un ex-flic derrière les barreaux, ça n'arrivait pas tous les jours et ça lui changeait des vaines discussions avec des alcoolos ou des prostituées analphabètes. D'accord, certaines ne manquaient pas d'esprit et il avait appris des trucs sympas avec celles-là… mais elles restaient rares.
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyVen 22 Avr - 13:55

Au début de son incarcération temporaire, Dewei avait crut que toute cette farce de mauvais goût se résumait à une vieille histoire entre lui et ce crétin d'officier Brooks. Ils ne s'étaient jamais appréciés, même avant que l'Asiatique ne finisse en prison pour meurtre. À l'époque où il travaillait pour la police new-yorkaise, Dewei était le genre de flic accro au boulot et Brooks le genre à faire le service minimum pour toucher sa solde à la fin du mois. Ils n'avaient tout simplement pas la même notion des mots 'protéger et servir' pour lesquelles ils avaient signé. Il y avait le respect mutuel dû au badge doré qu'ils portaient tous les deux, mais çà s'arrêtait là. Son arrestation avait certainement été une aubaine pour Brooks. Trop tentant pour ne pas y céder. Bien que furieux et décider à renvoyer l'ascenseur dès qu'il en aura aussi l'occasion, l'agent de terrain estimait pouvoir s'en sortir. Une affaire de jalousie et de petite vengeance vicelarde, çà, il pouvait gérer.

Hélas, cette conviction tomba en miette en voyant Barty ramener un autre compagnon de cellule. Barty ? Sérieusement, lui aussi ? Il n'avait jamais eu aucun grief contre lui. Il y a un peu plus d'une dizaine d'année, c'était le petit jeune qui voulait donner le meilleur de lui-même. Devant cette découverte, Dewei commençait à se demander si tous ces anciens collègues ne s'étaient pas ligués contre lui. Voilà un détail beaucoup plus ennuyeux qu'une rancune isolée. Seul, Brooks ne pouvait pas retarder éternellement le coup de téléphone qui aboutirait inévitablement à sa sortie d'ici, mais si tout le service s'y mettait... L'Asiatique étouffa un juron proféré dans sa langue maternelle tout en tentant de chasser cette pensée en se concentrant sur la réponse énigmatique de son interlocuteur.

Un concours de circonstances. Çà faisait mal de l'admettre, mais il pouvait y croire à cette explication. Sa propre histoire pouvait se résumer ainsi, après tout. Il ne pouvait donc plus penser que c'était l'excuse classique de ceux qui avait fait quelque chose de mal, mais prenait peur ensuite d'en payer les conséquences ou, alors, il ferait preuve d'une horrible mauvaise foi en s'obstinant à cette version des faits. Seulement, tuer quelqu'un à cause d'un concours de circonstances, Dewei avait beau retourner cette histoire dans tous les sens, l'explication lui semblait bien pauvre pour subir la rogne des flics. C'est pour cela qu'il émit l'hypothèse que la victime avait été un policier. Partageait-il cette mince cellule avec un tueur de poulet ? L'Asiatique croisa les bras face à la réponse hésitante. Très vite, ce fut à son tour de déballer son histoire.

"Concours de circonstances." Répéta-t-il avec ironie en affrontant le regard fier d'Ethan. Puis un sourire sarcastique s'étira sur ces lèvres. Mouais. Au fond, cette conversation n'était là que pour tromper l'ennui en attendant que ces anciens confrères n'aient épuisé la liste des possibilités pour le maintenir ici. Si chacun se bornait à des réponses résumées à l'extrême, ils tomberont rapidement à court de sujet de conversation. C'est sûr que ce n'était pas l'ivrogne qui monopolisait le seul moyen de s'asseoir dans la pièce qui allait commencer à philosopher pour combler le silence. "Filature qui a mal tourné. Un... Type s'en est mêlé et à tuer la cible. Tout m'accusait et comme tu as pu voir à quel point mes anciens collègues sont sympathique, ils n'ont pas chercher plus loin."

Il avait hésité avant de finalement déclarer 'un type' (utiliser ce terme équivalait à qualifier de lion un oiseau), ce qui les avait attaqués était tout sauf un type, mais, çà, il ne pouvait le dire ouvertement, même si cela se voyait clairement sur son visage que cette histoire n'était pas aussi simple que cela. Qu'un gamin zonard le traite de fou ne faisait pas partie de ces priorités du jour, non merci. Il haussa les épaules et eut un sourire sans joie. "Ah. Je me demande lequel de nous deux va sortir en premier de ce trou. Si même Barty s'y est mis, on a surement tout le service à dos. On lance les paris ?"

Puisqu'il fallait tuer l'ennui...
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MessageSujet: Re: Passer par la case prison (tristan)   Passer par la case prison (tristan) EmptyLun 6 Juin - 18:37

Ce policier l'intriguait. Il se la jouait à moitié pseudo-bad boy là-bas dans l'ombre mais il avait pourtant travaillé du bon côté de la barrière un jour. Il avait probablement enquêter sur des affaires et arrêtés des « méchants » au nom de la loi. Il avait été au service de la justice. Et aujourd'hui il se retrouvait en garde-à-vue avec apparemment une belle brochette d'ennemis parmi ceux qui exerçaient encore leur fonction. Les flics n'étaient pas tous bon, le fils de Borée l'avait appris à ses dépends, et les anciens collègues de Law n'appartenaient pas à la catégorie de ceux qu'il appréciait. Il en avait croisé trois types (pour ne pas offrir une vision un peu trop cintrée de la police new-yorkaise) : ceux qui se montraient relativement sympathiques avec lui et qui lui parlaient comme à n'importe qui, ceux qui n'en avaient tout simplement rien à foutre, qui se contentaient de balancer les quelques phrases d'usage avant de l'embarquer, de le pousser ici et de l'y abandonner quelques heures, et ceux qui profitaient de la situation pour décharger leur haine du monde sur ses épaules. Les premiers étaient rares mais ils existaient pour de bon, les derniers n'étaient malheureusement pas si difficiles à trouver et y prenaient un malin plaisir. Ceux du milieu… Tristan ne leur accordait pas vraiment suffisamment d'attention pour les inclure dans ses statistiques. Ici… Le poste de police semblait composé uniquement d'hommes du troisième type et ça n'allait pas arranger leurs affaires.

La réponse du flic l'irrita autant qu'elle blessa son ego. Tristan laissa à Law le temps de terminer sa petite tirade avant de se rapprocher, les yeux brillants. « Vous vous foutez de moi, non ? » Il savait qu'il n'était important qu'à ses propres yeux et que sa petite personne ne revêtait pas le moindre espèce d'intérêt pour les autres mais parfois, c'était bon de laisser passer les mots, de ne pas chercher à prendre sur soi et à la retenir en soi. « Vous vous croyez meilleur que moi peut-être ? » Pourquoi cherchait-il à le provoquer ? Tristan lui-même n'aurait pas pu répondre à cette question pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas la moindre idée. S'en prendre à ce type, même verbalement à travers un ton agressif et des accusations inutiles, n'allait pas changer son monde et il était à peu près sûr de perdre. « Parce que je suis jeune ? À cause d'autre chose ? Parce que je suis là ? » Il lui aurait bien craché dessus pour se décharger d'un peu de cette colère qui l'habitait mais il revint vers les grilles pour observer les rares mouvements du couloir. Dans le coin de la cellule, l'ivrogne s'était mis à chanter quelques chansons paillardes dans un mauvais anglais. « Vous avez été envoyés en taule pour un truc aussi con ? Et personne n'a cherché à enquêter ? » Tristan fourra les mains dans les poches de son sweat et appuya son front sur les barres glacées de la cellule. « Bah vous voyez, monsieur Law, pas besoin de me prendre de haut ni de vous foutre de ma gueule, on est au même niveau vous et moi. » Oh oui, juste là, avec un ivrogne comme fond sonore et quelques putes pour assurer l'ambiance dans la cellule voisine. Un endroit de rêve pour un gamin et un ex-policier. « Le monde est plein de monstres mais le pire reste nos semblables. C'est triste, non ? » Il faisait des allusions que l'autre ne pouvait pas comprendre mais tant pis, lui savait.
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