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Sujet: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Dim 25 Sep - 13:53
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L'art de la guerre est, comme en médecine, meurtrier et conjectural
Il est des patients plus faciles que d'autres.
25/09/2010
Traquer une manticore n’est pas de tout repos. L’agent Lond avait pu le constater. Sa mission était de ramener, morte ou vive, la créature, que le Département pistait depuis un moment déjà. Il leur fallait un agent de terrain fiable et qui avait fait ses preuves. Tamara Lond était au DLCEM depuis déjà huit ans, en tant qu’agent de terrain, et elle s’était rapidement démarquée des autres agents. Ce petit bout de femme n’avait rien de bien impressionnant de prime abord, du haut de son mètre soixante-cinq, mais en entrainement, elle avait déjà su mettre au tapis nombre de ses confrères qui pourtant étaient des montagnes de muscles. Et la plupart de ses missions de terrain s’étaient soldées par un succès. Elle travaillait seule, elle avait précisé ce souhait dès son arrivée au DLCEM. On lui avait assigné un coéquipier provisoire durant son premier mois, histoire de se familiariser avec les méthodes et surtout le matériel, mais par après, elle avait pu faire comme bon lui semblait, et c’était tant mieux.
Si elle avait accepté d’entrer dans cette organisation secrète, après avoir passé quelques années dans l’armée en tant que sniper, c’était bel et bien pour protéger son pays et les autres mortels des créatures mythologiques qui le gangrénaient. Ayant eu elle-même une mauvaise expérience durant son enfance, elle souhaitait préserver les autres. En effet, on ami d’enfance avec qui elle avait grandi s’était avéré être un demi-dieu, et un monstre avait voulu attenter à sa vie, si bien que la mère du jeune homme s’était sacrifiée pour tous les sauver. La mère de Tam ayant été témoin de cela, avait pour ainsi dire perdu la tête et s’était murée dans le silence, laissant sa fille de onze ans traumatisée grandir en pension tandis que son père, homme d’affaire, avait continuait ses voyages de travail. La jeune Tamara avait donc grandi en vouant une haine féroce envers les demi-dieux et les autres monstres, les mettant tous dans le même panier, celui à balancer aux ordures.
La traque de la manticore avait duré une bonne dizaine de jours. L’agent de terrain s’était retrouvée à l’autre bout du pays, au Texas, avant de parvenir à isoler la créature pour éviter que des témoins mortels n’assistent à la scène. A cause de la Brume, eux n’auraient vu qu’un être humain se faire agresser par une jeune femme sans vraiment comprendre pourquoi. La créature, si elle avait un visage humain, était dotée d’un corps de lion se terminant par une queue de scorpion, autant dire que les risques de se faire piquer ou fatalement griffer étaient importants. Fort heureusement, le service scientifique mettait au point des armes aux munitions en alliage spéciale, permettant de blesser ou tuer, selon où on le touchait, le demi-dieu ou la créature mythologique ciblée. Tam, à cette époque pas encore trop accro au café, était assez fatiguée, le dernier jour, d’observer les faits et gestes de la vermine. Enfin, elle avait réussi à l’attirer dans ce coin de désert isolé juste avant la tombée de la nuit. Parfait, il y avait peu de chance qu’un mortel se pointe. Alors qu’elle s’apprêtait à lui tirer dessus avec un fusil doté d’un silencieux, le cri d’un oiseau quelconque fit bouger la créature et la balle, au lieu d’être fatale, ne l’avait que blessé. S’en suivit un combat acharné, où chacun luttait pour sa survie. Dans ces conditions, il semblait peu probable que l’agent Lond puisse ramener la créature vivante au Département. Après s’être reçu nombre de coup dont un coup de griffe dans le ventre, elle était parvenu à lui loger une balle en pleine tête, et appuyer sur le bouton d’appel d’urgence de son téléphone avant de perdre connaissance. Une équipe de rapatriement l’avait récupérée, repérée grâce à la puce GPS de son téléphone de service, et ramenée au quartier général new yorkais en hélicoptère.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était à l’infirmerie. Le nouveau médecin du Département était dos à elle. Elle grimaça, essayant de se redresser pour regarder l’ampleur des dégâts. Elle n’avait aucune idée de combien de temps elle avait été inconsciente. On lui avait mis un pansement provisoire pendant le voyage, pour l’empêcher de se vider de son sang, et probablement que le docteur s’apprêtait à la recoudre. Elle le vit se retourner et avancer vers elle avec un plateau métallique contenant fil de suture et aiguille dans une main, une seringue anesthésiante dans l’autre. Elle lui attrapa fermement le poignet, non sans émettre un léger tremblement dû à la perte de sang.
-Pas de piqûre doc !
C’était donc lui le nouveau docteur. Il était arrivé il y avait de cela quelques temps, peut-être un mois ou deux, mais Tam n’avait encore jamais eu l’occasion de le croiser. Il faut dire qu’en général, l’agent Lond faisait preuve de prudence et même si elle se blessait au cours des missions, elle faisait toujours en sorte d’éviter au maximum d’avoir affaire aux médecins. Mais cette fois-là, elle n’avait pas eu le choix, étant donné qu’on l’avait récupérée dans les vappes.
-Navrée de faire votre connaissance en de telles circonstances, balança-t-elle avant de lui lâcher le poignet pour qu’il puisse commencer sa besogne.
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Dernière édition par Tamara Lond le Mer 28 Sep - 13:45, édité 2 fois
Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Mar 27 Sep - 15:33
Il y a des nuits plus faciles que d'autres... #Tamara Lond
Emmet venait tout juste de revenir d’une courte pause café quand on l’appela au secours.
La nuit qui venait s’annonçait longue, puisque contraint d’être de garde, il n’allait pas avoir le droit à un quelconque repos en ce samedi soir pluvieux. A la place d’être ici, il aurait aimé se savoir bien au chaud dans un canapé ou encore adossé au tabouret d’un bar, une bière à la main. Au lieu de ça, c’est à un misérable café de machine automatique auquel il avait droit.
Le gobelet encore fumant dans sa main l’amena à se presser pour revenir à son bureau, puisque même après trois secondes de contact, la chaleur était devenue insupportable pour ses doigts. Ainsi lorsqu’il arriva, il le posa au plus vite sur une étagère à sa droite, s’installa confortablement dans son siège de cuir noir, et attendit que son café veuille bien refroidir.
Tout était silencieux.
Mais l’horloge face à lui balançait à tout va des tic tacs assourdissants, qui venaient s’ajouter à la torture d’une telle soirée, qui comme toutes les autres ne risquait pas d’être mouvementée. Aussi avait-il eu le temps de consulter ses mails, de parler à Ruby au téléphone, de faire un tour des patients du lendemain et même d’aller chercher son gobelet (alors à bonne température). Il le porta donc à ses lèvres, mais à l’instant même où le liquide marron pénétra dans sa bouche, un infirmier vint frapper à sa porte. Pris de surprise, il renversa du café chaud sur sa main, et prononça un juron en allant s’essuyer avec un mouchoir.
- Docteur, on a besoin de vous.
Détournant son regard pour le poser sur l’infirmier quelques instants, il alla jeter le mouchoir usagé.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-il. - On a reçu un appel. Un agent va arriver avec de multiples lésions au niveau de la cavité abdominale. - Profondes ? - Suffisamment pour provoquer une perte de connaissance et nécessiter des points de suture apparemment. - Comment est-ce arrivé ? - Elle s’est battue avec une manticore. - Quelle idée aussi… balança Emmet à voix basse.
Sortant de son bureau, il s’engouffra dans le couloir où travaillait silencieusement le personnel médical du DLCEM, l’infirmier à ses côtés. Réceptionnant le dossier de l’agent, il l’ouvrit sans pour autant arrêter de marcher et découvrit le visage de celle qui allait mouvementer sa soirée. L’agent Tamara Lond. Sur le papier tout était inscrit ; âge, antécédents, groupe sanguin... etc. Et il devait bien admettre que sur ce point il appréciait la précision qu’apportait le DLCEM au nombre d’utiles détails à fournir. Aussi lorsqu’elle arriva, il savait déjà tout ce qu’il y avait d’utile à savoir. Toujours inconsciente, elle fut emmenée à l’infirmerie pour qu’il puisse l’ausculter sans encombre, lui laissant le plaisir de constater les dégâts. Le précédent diagnostic était juste, les blessures étaient suffisamment profondes pour nécessiter des points de suture. Elles avaient été préalablement désinfectées et il était même prêt à engager l’action pour éviter qu’elle ne perde davantage de sang, quand elle lui saisit l’avant-bras, le prenant par surprise.
- Pas de piqûre doc ! S’était-elle exclamée probablement encore à demi-consciente.
Il avait presque sursauté, ne s’attendant pas le moins du monde à ce que cette dernière ne reprenne connaissance. En l’espace d’un instant elle s’était réveillée, lui laissant à peine le temps de se retourner. Mais ne perdant pas son sérieux habituel, il la regarda fixement s’apprêtant à lui balancer un petit speach sur la douleur. S’il avait été à sa place il n’aurait jamais demandé une telle chose. Mais il avait conscience que la résistance à la douleur d’un agent de terrain était nullement comparable à celle d’un vulgaire médecin. Aussi aurait-il aimé la persuader de renoncer, mais il avait compris à l’assurance qu’elle avait mit dans ces mots qu’il était inutile d’essayer.
- Très bien, avait-il conclu en reposant la seringue sur le plateau. Mais qu’on ne vienne pas m’accuser de torturer mes patients.
Puis elle lâcha son bras.
- Navrée de faire votre connaissance dans de telles circonstances. - Je suis moi aussi ravi de vous rencontrer, dit-il presque sarcastiquement face à la situation en lâchant un petit sourire en coin. Bien, je vais commencer.
Pour des conditions d’hygiène il mit alors son masque, qui était inadapté à sa tenue vestimentaire originale, digne de tout chirurgien pris au dépourvu. Mais il n’avait pas le choix, il fallait qu’il referme ces plaies pour que les saignements ne cessent.
- Essayez de vous détendre, dit-il par simple réflexe.
Il savait bien que peu de gens se détendaient en de telles circonstances.
- Ah je préfère prévenir, vous pouvez parler si ça vous aide à vous calmer, mais s’il vous était possible de ne pas crier ce serait pour le mieux, enchaîna-t-il sans dureté dans l’unique but de pouvoir rester concentré. Mais la poignée sur votre droite est à disposition si vous souhaitez la broyer à mains nues.
En effet, depuis sa récente arrivée ici, il s’était bien vite rendu compte que les réactions d’agents de terrains pouvaient être radicalement différentes de celles de civils.
Mieux valait prévenir que guérir.
Saisissant l’aiguille chirurgicale désinfectée au bout de laquelle était attaché le fil résorbable adapté, il se pencha en avant.
- J’y vais, dit-il juste avant de planter l’aiguille dans un coin de la plaie.
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Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Mer 28 Sep - 15:07
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L'art de la guerre est, comme en médecine, meurtrier et conjectural
Il est des patients plus faciles que d'autres.
25/09/2010
La douleur était lancinante, c’était ce qui avait fini par réveiller l’agent de terrain qui, un peu déboussolée, avait regardé autour d’elle par réflexe pour se situer rapidement, et fut soulagée de constater qu’elle était à l’infirmerie du DLCEM. Tout lui revenait peu à peu à l’esprit, par bribes. La traque, la manticore, le combat, le coup de griffe qui l’avait grièvement blessée, la balle qu’elle lui avait tirée dans la tête, de justesse avant que la créature n’ait pu lui infliger un coup de dard de scorpion fatal. Elle s’était écroulée peu après sa victime, et sentant qu’elle perdrait rapidement connaissance, s’était empressée d’appeler les renforts. Pour le coup, elle avait une chance sur deux d’y passer, si son appel n’avait pas été établi, elle serait sans doute morte dans ce désert, se vidant de son sang. Mais heureusement pour elle, son pouce pressa la touche avant qu’elle ne s’évanouisse.
A présent les yeux grands ouverts, tachant de calmer sa respiration, elle avait empoigné le bras du nouveau médecin du QG avec la force qui lui restait, et qui n’était pas moindre. Le Dr Anderson, dont elle ne connaissait pas encore le nom, accepta sa requête. Rassurée, elle relâcha son étreinte pour le laisser travailler.
-Merci Docteur « je ne torture pas mes patients ». C’est quoi votre nom ?
Tamara se doutait bien qu’il devait connaître le sien, a priori il avait eu son dossier entre les mains. Elle détestait d’ailleurs cette idée qu’on la connaisse sans qu’elle-même ne connaisse la personne. Savoir que des informations sur elle étaient stockées dans un dossier, ça l’agaçait. L’agent de terrain inspira puis souffla lorsque le chirurgien lui demanda de se détendre. C’était facile à dire, ce n’était pas lui qui avait le bide ouvert en deux, avec un pansement qui constituait le seul barrage empêchant ses organes d’aller saluer le sol. Bon, heureusement, il était là pour remédier à ce problème. Jamais encore Tam n’avait eu une blessure aussi grave. En général, c’était surtout les côtes qui morflaient, ou parfois une fracture du poignet ou du bras, mais d’habitude elle se débrouillait toujours pour ne pas avoir à être une patiente. Les médecins, tout comme les psy, elle en avait une sainte horreur. Un traumatisme d’enfance. Alors qu’elle essayait de se concentrer pour essayer de contrôler la douleur, Emmet sortit une phrase qui la surprit tellement qu’elle le regarda comme s’il venait de Mars. Ne pas crier ? Sérieusement ? Elle eut un petit rire sarcastique dont les soubresauts accentuèrent sa douleur et la firent grimacer.
-Sérieux ? Vous en avez entendu beaucoup crier ? Je veux dire, les informaticiens qui se brûlent à cause de la surchauffe de leurs bécanes, je veux bien vous croire, mais des agents de terrain ?
Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres alors qu’elle imaginait les plus balèzes, ceux qui en général étaient les plus vantards, crier et chouiner comme des fillettes. Elle attrapa la poignée du brancard comme le lui avait conseillé le médecin tandis qu’il commençait à la recoudre. Bon, clairement ce n’était pas une partie de plaisir, mais de là à crier, quand même… Sa main se resserrait, un peu tremblante à cause de la perte de sang et d’énergie, sur cette pauvre poignée qu’on pouvait entendre craquer tandis que Tam grimaçait un peu.
-Oh je vous en prie, dites-moi que Chase Allen fait partie de ces pleurnichards, ça me ferait du bien.
Ce petit con, elle l’avait formé, certes pas de son plein gré, mais au moins s’était-elle appliquée puisque cela faisait partie de la mission, et il l’avait doublée, s’attribuant tous les mérites pour sa première mission solo. Une mission qui en fait était celle de l’agent Lond. Il l’avait tout simplement court-circuitée. Qui faisait ça ? Ils étaient dans le même camp ! Depuis, bizarrement, il s’arrangeait pour ne la croiser qu’en présence d’autres agents. Il devait certainement se douter qu’elle n’hésiterait pas à le coincer dans un coin et lui régler son compte si par mégarde il se trouvait seul. Depuis, la compétition faisait rage entre ces deux-là. Probablement une cicatrice de plus au compteur, c’était ce qu’elle se disait. Du moins, c’était si ce chirurgien-là était encore moins doué que celui qui l’avait précédé, et qui recousait comme un boucher. D’ailleurs, où était-il passé celui-là ?
-Vous savez ce qui est arrivé à votre prédécesseur ?
A présent, tout son corps était bien réveillé et le passage de l’aiguille dans la plaie ainsi que du fil se faisait bien sentir. Tam serra les dents, elle ne savait pas vraiment où il en était ni combien de points il restait à faire, mais clairement, il fallait que ça s’arrête. Elle pencha la tête en avait pour voir un peu l’étendue des dégâts. Elle souffla en voyant qu’il restait encore une bonne moitié de la plaie à suturer. Son corps se mit à trembler sans qu’elle ne puisse rien contrôler. Bordel qu’est-ce qui se passe ?! se demanda-t-elle en serrant les dents et regardant le plafond.
Elle espérait ne pas trop gêner le travail d’Anderson, étant donné qu’elle ne pouvait pas maitriser ce qui se passait. C’était difficile pour une maniaque du contrôle comme Tamara Lond de ne pas pouvoir arrêter ces foutus tremblements. Elle sentit que la poignée allait bientôt céder, alors elle décida de la lâcher pour se tenir aux rebords du brancard, tâchant de respirer calmement et profondément.
-Doc, qu’est-ce qui m’arrive ? lâcha-t-elle entre ses dents.
Ce genre de choses ne lui était encore jamais arrivé, et sans vouloir passer pour une chochotte, ça l’inquiétait un peu. Sur le terrain, elle se serait contentée de serrer les dents et continuer, mais là, elle avait « la chance » d’être en présence d’un médecin qui avait surement une explication logique et donc une solution. C’était son job après tout. Elle, son boulot consistait à protéger les miches des autres contre les créatures mythologiques, lui, le sien était de soigner les agents de terrain comme elle qui avaient pris cher.
Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Mer 28 Sep - 22:25
Il y a des nuits plus faciles que d'autres... #Tamara Lond
L’aiguille traversait l’épiderme du ventre de la patiente à mesure qu’Emmet la faisait aller et venir de manière aussi délicate que possible. Concentré sur son travail, il manipulait la chose d’une telle précision qu’il aurait put rivaliser avec un tailleur sans pour autant perdre en intégrité. On pouvait s’étonner d’ailleurs de savoir par la suite que l’art de la couture restait à ses yeux un domaine qu’il ne savait exercer. De toutes manières, sa chère et tendre Kimberly se chargeait de ce genre de besogne inutile. Il fallait bien qu'elle serve a quelque chose de temps en temps...
Ne quittant pas son sérieux professionnel un seul instant, il maintint son regard noisette sur son travail encore inachevé, si concentré qu’un pli s’était formé au niveau de sa glabelle. Pourtant attentif à la conversation, il ne levait pas les yeux sur sa patiente, dont le corps semblait de moins en moins apprécier de s’être fait charcuter.
-Merci Docteur « je ne torture pas mes patients ». C’est quoi votre nom ? - Anderson, dit-il calmement en priant pour qu’un tel surnom ne subsiste pas (un peu trop Frankenstein* à son goût…).
Ses mains ne tremblaient pas. Bien au contraire elles étaient fermes et reflétaient sans égard l’assurance de leur possesseur. Car force lui était d’admettre qu’il n’en était pas à son coup d’essai, bien que l’ambiance de guerre civile présente au DLCEM ne lui était certainement pas familière.
-Sérieux ? Vous en avez entendu beaucoup crier ? Je veux dire, les informaticiens qui se brûlent à cause de la surchauffe de leurs bécanes, je veux bien vous croire, mais des agents de terrain ? - Vous seriez surprise, dit-il sans lever le regard.
Derrière son masque de papier, il affichait un sourire moqueur digne d’un sarcasme de grande ampleur. Mais fort heureusement pour lui, ni elle ni l'infirmière blonde à sa droite ne pouvait le remarquer. Tout du moins l’espérait-il.
- Oh je vous en prie, dites-moi que Chase Allen fait partie de ces pleurnichards, ça me ferait du bien. - Je le ferais volontier si ça pouvait vous rassurer, mais je n’ai pas encore eu le plaisir de croiser ce dernier, dit-il en levant un sourcil à la fois amusé et intrigué. Mais s’il se pointe par ici, je penserais à vous.
Il allait de soit que la jeune femme allongée face à lui semblait être loin de porter ce Chase Allen dans son cœur. Et cette merveilleuse aiguille dans la botte de foin qu’était cette conversation, vint attiser sa curiosité quand à l’identité de l’agent en question. Qu’avait-il pu bien faire pour qu’un tel dédain lui soit porté en ce moment si inapproprié ? Car au fond de lui (et il en était conscient), Emmet était une véritable commère qui se délectait de savoir ce qui pouvait bien arriver aux autres de si terrible. Mais à l’inverse de certains, déballer secrètement la vie de ceux dont-il croisait le chemin ne lui était guère profitable quand on savait le nombre de choses qu’il avait à cacher. Aussi s’abstenait-il de servir de relais pour les rumeurs. Et fort heureusement pour lui, une chose terrible l’empêchait de de tout déballer ; le secret professionnel.
- Vous savez ce qui est arrivé à votre prédécesseur ? - Non, admit-il franchement. Mais de manière générale j’évite de poser trop de questions.
Parce qu’il avait bien trop peur de ce qu’il aurait pu découvrir. qui sait ce que cette terrible et terrifiante agence avait pu faire à la personne qui jadis occupait son poste…
Soudain un tremblement survint, lui faisant perdre le sourire qu’il avait acquit jusque là. N’imaginez pas que ses mains avait tremblées. Non c’était elle. Le corps de sa patiente se mettait à faire des siennes. Et lorsqu’elle lâcha la poignée chancelante du brancard, il s’étonna qu’elle ait pu la tenir jusque là. De toute évidence cette Tamara Lond était pleine de ressources. Mais à ce rythme plus pour longtemps. Ne se perturbant pas le moins du monde, il fit avec et s’empressa de poursuivre son travail avec soin. Il ne pouvait malheureusement pas aller plus vite au risque de bâcler la suture. Mais les spasmes continuèrent et il sentit le stress monter chez sa petiente.
- Doc, qu’est-ce qui m’arrive ? - Détendez-vous, dit-il en la regardant pour la première fois depuis un quart d’heure, toujours aussi calme. J’ai presque terminé.
Il fit un signe à l’infirmière, qui acquiesça avant de disparaître.
- Ne vous inquiétez pas c'est normal, vous avez perdu beaucoup de sang, dit-il en tentant d’être à la fois honnête et concis. L’apport en oxygène de vos muscles et de votre cerveau n’est plus suffisant. Sans compter que votre corps est en état de choc.
“Ce qui malheureusement ne fait qu’agraver les choses” avait-il envie de dire. Mais il savait que toute vérité n’était pas bonne à dire, surtout puisqu’en réalité les choses étaient un petit peu plus complexe. Il savait que cette soudaine hémorragie avait entraîné une abondante perte de sang non négligeable pour le corps humain, qui allait de paire avec un manque de globules rouges permettant d'irriguer les organes en dioxygène, marquant un état de trouble et des tremblements. Et l’état de stress auquel faisait face l’agent de terrain ne faisait qu’augmenter la pression artérielle tout en diffusant de l’adrénaline dans le corps. Et là était le problème, elle ne devait plus tenir qu’à l’adrénaline.
Terminant sa suture, il coupa le fil et se releva, désormais bien au dessus de sa patiente.
- Ecoutez Agent Lond, vous avez besoin de repos, dit-il calmement. On va vous faire une transfusion sanguine, vous donner des antibiotiques et vous conduire dans une chambre pour que vous puissiez vous reposer.
Dans toute cette histoire, ce qui lemarqua le plus, était que cette phrase était tout aussi bien adapté au DLCEM qu’à la vie hospitalière civile.
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Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Jeu 29 Sep - 22:31
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25/09/2010
Dire que l’agent Lond était une dure à cuire était un euphémisme. Mais même les plus durs à cuire avaient leurs limites, et la douleur faisait irrémédiablement partie de ces limites. Si Tam avait résisté un moment, là, ça devenait insoutenable. Elle tenait bon, tentant de plaisanter en demandant si dans le lot des chouineurs qu’avait connu le Dr Anderson, comptait l’agent Allen . Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Tamara grimaça, non pas de déception, mais parce que l’aiguille une nouvelle fois plantée dans sa chair ne faisait qu’accentuer la douleur ressentie. Elle souffla bruyamment, essayant de se concentrer sur autre chose que cette foutue douleur qui semblait se diffuser dans tout son corps. Elle sourit lorsqu’Emmet déclara que si Chase se pointait, il penserait à elle. En y réfléchissant bien, un type comme ça ne risquait pas de se retrouver de sitôt à l’infirmerie, il attendrait qu’un de ses collègues fasse le travail et quand il serait mal en point, il lui piquerait la mission.
Elle essaya alors de parler d’autre chose, comme par exemple en cherchant à savoir ce qui était advenu de l’ancien médecin. Elle ne l’avait vu qu’une fois, lors de son arrivée au DLCEM, pour remplir son dossier concernant les allergies et autres conneries administratives. Depuis, l’agent de terrain s’était débrouillée pour ne pas avoir besoin de mettre les pieds en ces lieux. Le corps médical, elle en avait une sainte horreur. Sans doute depuis que sa mère avait dû se faire interner et que ces connards de psychiatres avaient dit qu’elle était sénile et qu’on ne pourrait rien pour elle. Tam, du faut de ses presque douze ans, savait que c’était faux, elle savait que sa mère allait bien mais que c’était le choc d’avoir vu sa meilleure amie (et nourrice de sa fille) se faire tuer par un monstre mythologique qui l’avait rendue ainsi. Mais lorsque la petite Tamara avait parlé d’attaque de monstre, on l’avait envoyée voir un psy elle aussi. Elle comprit rapidement que personne ne la croirait jamais et qu’il valait mieux dire qu’elle ne se rappelait de rien. Ce fut à cette période aussi que son petit cœur fut brisé tout comme sa sociabilité. Haytham, avec qui elle avait grandi puisqu’il était le fils de sa nourrice, étant devenu son meilleur ami et qu’elle aimait en secret, avait pris la fuite suite à la mort de sa mère, et jamais elle ne le revit. Depuis, elle voua une haine sans nom aux créatures mythologiques, qu’elle pouvait voir, et envers ce garçon qui, semblait-il, s’était joué d’elle durant toutes ces années.
Le médecin avoua qu’il évitait de poser trop de questions, ce qui sembla bien étrange à l’agent Lond. Etant docteur, on devait forcément être un peu curieux… Quoi que, au DLCEM, on pouvait trouver de drôles de specimen, la jolie brune s’en était aperçu d’elle-même depuis huit ans qu’elle y était. -Je vois… c’est… prudent… dit-elle dans un souffle sacadé.
Plus ça allait, plus ça devenait intolérable et la pauvre poignée peinait à rester accrochée au brancard.
-Dr Anderson, je vous en prie, ne prenez pas la peine de vous appliquer autant, refermez et point barre ! susurra-t-elle entre ses dents. Je m’en fiche de ressembler au monstre de Frankeinstein, ajouta-t-elle dans un gémissement.
Elle avait l’impression désagréable et douloureuse qu’il faisait une broderie appliquée, rallongeant ainsi le temps du supplice enduré. Alors qu’il restait à Emmet encore la moitié du travail, le corps tout entier de Tam se mit à faire des soubresauts incontrôlables malgré ses efforts. Elle lâcha la poignée pour attraper le brancard sous elle de chaque côté, mais elle sentait clairement que ses forces l’abandonnaient. Elle demanda ce qui se passait, et très calmement le médecin le lui expliqua. Ce qui l’inquiéta, ce ne fut pas tant l’explication mais le fait qu’il fasse un signe silencieux à l’infirmière qui alors disparut. Tamara, observatrice, le remarqua. -Qu’est-ce qui se passe ? Où est-ce qu’elle va ? Qu’est-ce que vous allez faire ?
Tam pouvait sentir sa tête lui tourner, et tandis qu’elle regardait le plafond une nouvelle fois, attendant que le chirurgien termine son office, elle avait peur de perdre connaissance à nouveau, aussi se concentra-t-elle un maximum. Hors de question de s’évanouir, ne savait-on jamais ce qui pouvait se passer. Et puis ça ferait trop plaisir à ses concurrents de savoir qu’elle était tombée dans les vappes deux fois. Tout finissait par se savoir.
-Une transfusion ? Ce ne sera pas nécessaire. Je veux… juste… rentrer chez moi.
Elle commençait à avoir des papillons devant les yeux et entendre des bourdonnements, signe que la perte de connaissance était proche. De ses mains, un peu maladroitement, elle chercha à l’attraper.
-Doc ! Je vous vois plus ! lança-t-elle un peu plus fort comme si ça lui permettrait de retrouver l’ouïe et la vue. Dr Anderson !
Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Dim 2 Oct - 22:55
Il y a des nuits plus faciles que d'autres... #Tamara Lond -Dr Anderson, je vous en prie, ne prenez pas la peine de vous appliquer autant, refermez et point barre ! susurra-t-elle entre ses dents. Je m’en fiche de ressembler au monstre de Frankenstein.
A l’entente de ce nom il frissonna. Celui-ci lui rappelait de vieux et terrifiants cauchemars qui avaient hantés son enfance depuis le soir où il avait regardé le film de James Whale avec son frère. John, aussi bon puisse-t-il être, avait toujours su abuser des faiblesses de son petit frère par pur plaisir. Autant avouer que ce soir-là, il n’avait pas fait office de personne réconfortante.
Mais malgré cela, Emmet ne répondit pas. En effet, il ne voyait pas l’intérêt de répondre à une affirmation qui de toute évidence était là pour permettre à l’agent Lond de passer le temps et de prendre son mal en patiente. Surtout si cette phrase contenait le mot « Frankenstein ». Aussi continua-t-il de travailler en silence.
Et lorsque les tremblements commencèrent, il continua ainsi. C’était, et il le savait, le seul moyen d’arrêter le carnage provoqué par cette manticore. Beaucoup auraient jugés qu’en comprenant que la douleur était en partie la cause de la situation d’urgence qui allait suivre, il aurait dû se sentir coupable de ne pas avoir insisté pour pratiquer une anesthésie. Mais les regrets n’étaient pas le genre de sentiment qui hantaient le père de famille. Elle avait choisi, maintenant elle se devait d’assumer. Il le pensait sans complexe tout en restant vigilant quant à l’état de celle-ci. Car n’ayant pas perdu le nord pour autant, il avait envoyé l’infirmière préparer la transfusion sanguine, qui devenait de plus en plus nécessaire.
- Qu’est-ce qui se passe ? Où est-ce qu’elle va ? Qu’est-ce que vous allez faire ? - Calmez-vous. Elle va préparer la transfusion sanguine, dit-il chaleureusement dans l’espoir de réconforter l’agent Lond dont le cœur s’emballait pour un rien. -Une transfusion ? Ce ne sera pas nécessaire. Je veux… juste… rentrer chez moi.
Autant lui arrivait-il de trouver le courage des agents de terrain admirable, voir enviable, autant il pensait que ceci pouvait rapidement aborder la limite du pathétique. Mais pourquoi voulaient-ils tous rentrer ? Ici on soigne les gens, on ne les charcute pas ! De plus, la vie en milieu hospitalier n’a pas vraiment beaucoup d’inconvénients ; on est sur place pour être soigné, anesthésié, loin de sa famille, nourri et logé… enfin, si l’on occultait le fait évident qu’être ici sur un lit d’hôpital signifiait de s’être blessé.
Et jusqu’à nouvel ordre être blessé est synonyme d’avoir mal.
En effet, si elle ne voulait plus souffrir, c’était ici qu’il fallait être et non chez elle à faire… on ne sait quoi. Si quelqu’un l’attendait au dehors, cette personne allait devoir patienter.
- Il est hors de question que…
« vous rentriez chez vous dans votre état. » allait-il conclure. Mais soudain il vit que ses pupilles de cette dernière s’étaient dilatées et que ses tremblements étaient fortement accentués d’une transpiration bien particulière. Il avait compris ; elle était sur le point de perdre connaissance.
- Infirmier ! cria-t-il en direction du couloir en priant pour que ces nigots viennent rapidement s’occuper d’elle.
Puis elle chercha à l’attraper, paniquée.
- Doc ! Je vous vois plus ! - Agent Lond, restez avec moi, dit-il en lui tendant son avant-bras pour qu’elle puisse le saisir et ainsi se repérer face à son interlocuteur.
Par la même il avait retiré ses gants, et en profita pour prendre sa tension. Se concentrant, il réalisa avec stupeur que les pulsations de son coeur étaient bien trop rapides. A ce rythme, elle allait totalement s’évanouir, ce qu’il préférait éviter en cas de complications avec la plaie tout juste recousue.
- Infirmier ! dit-il une seconde fois juste avant que celui-ci ne rentre dans la pièce.
A son visage joufflu contracté, on pouvait aisément saisir qu’il se sentait surpris par la situation. Emmet se surprit à jurer pour lui-même, se disant qu’il était temps d’aller parler au directeur de ce merd*** pour que les choses se fassent de manière plus efficace. Il s’étonnait même de ne pas avoir directement été redirigé en salle opératoire. Après tout, était-il si rare d’accueillir d’urgence un agent particulièrement amoché ?
- Elle a besoin d’assistance respiratoire, et pour la deuxième fois de perfusion d’urgence, dit-il à son intention dans l’espoir qu’il se dépêche d’apporter le nécessaire. - Mais il y a… - D’URGENCE j’ai dis. Qu’est-ce que vous foutez encore là ?! dit-il sévèrement tandis que celui-ci s’en allait se faire aider par une collègue. Navré que vous deviez assister à ça... - Dr Anderson ! avait-elle crié un peu plus fort.
Ne perdant pas un seul instant, Emmet se pencha au-dessus de la patiente en posant une main sur son épaule pour être certain que même avec un champ de vision affecté, elle puisse quand même voir une forme incertaine de visage humain. Détendu et chaleureux à son égard, il tenta de transmettre une telle émotion seulement au travers de mots :
- Je suis là Agent Lond. On va vous mettre un masque, et ce dans l’unique but de vous aider à oxygéner votre sang.
“Et aussi d’apporter l’oxygène nécessaire à une bonne remise en forme du cerveau”.
- Et que vous le vouliez ou non, on va vous la faire cette transfusion sanguine.
Dès que les infirmiers arrivèrent avec les perfusions, il s’empressa de prendre l’aiguille désinfectée et de saisir le bras de la jeune femme sans trop de rudesse, pour pouvoir lui insérer l’aiguille dans le bras.
- Je vais vous piquer, dit-il en la faisant pénétrer dans la veine.
Le sac rouge rempli de plasma était attaché au brancard par le biais d’une perche qui y était reliée. Et bientôt on lui avait mit le masque translucide, rattaché à un appareil électronique.
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Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Mar 4 Oct - 20:54
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L'art de la guerre est, comme en médecine, meurtrier et conjectural
Il est des patients plus faciles que d'autres.
25/09/2010 Tamara Lond ne paniquait pas souvent, elle était toujours d’un calme olympien même dans les pires situations, ce qui ne l’empêchait pas de réagir avec vivacité pour résoudre les problèmes qui se posaient. Mais quand le problème était son propre état de santé, c’était déjà plus compliqué à gérer pour elle qui ne supportait pas de ne pas avoir le contrôle. Et perdre le contrôle de son corps qui émettait des tremblements impossibles à arrêter par sa seule volonté, et commencer à perdre la vue et l’ouïe probablement en vue d’un proche évanouissement, ça n’avait rien de rassurant. L’agent de terrain avait vu l’infirmière s’éclipser, et le médecin lui expliqua où elle allait, à sa demande. Elle délirait surement, mais Tam ne se rendait plus vraiment compte de la gravité de la situation, tout ce qu’elle voulait, c’était s’éloigner au plus vite de la partie médicale du QG. D’ailleurs, elle commençait à ne plus ressentir aucune douleur, elle se sentait même un peu engourdie. Ca la tuait de l’admettre, elle qui aimait son indépendance, mais là, elle dépendait totalement du Dr Anderson. Et le fait de ne plus le voir, d’ailleurs de ne plus rien voir du tout, l’inquiétait vraiment. Il lui demanda de rester avec lui.
-J’essaie ! répondit-elle faiblement.
Elle parvint maladroitement à attraper son bras, mais ses mains qui avaient pâli comme le reste de son teint, avaient du mal à présent à se saisir de quoi que ce soit. La petite brune entendit, comme de très loin, Emmet appeler un infirmier et lui donner des instructions. Elle avait l’impression qu’il se trouvait à des dizaines de mètres, pourtant elle tenait son bras… C’était étrange. Soudain elle se demanda si les griffes de la manticore ne contenaient pas du poison, à l’instar du dard de sa queue de scorpion. Si tel était le cas et que le chirurgien ne s’en apercevait pas, c’en serait fini pour elle. Elle sentit qu’il était à présent au-dessus d’elle, elle avait beaucoup de mal à garder les yeux ouverts, mais il le fallait, elle en était consciente. Le docteur lui expliqua ce qui allait se passer, tandis que les forces de l’agent Lond la quittaient progressivement. Bon, clairement elle n’avait pas le choix, ce serait masque à oxygène, perfusion et transfusion sanguine. Génial, la totale. Elle voulut lui faire part de sa réflexion, histoire qu’il fasse des analyses pour savoir si elle n’était pas empoisonnée, mais le sons avaient un mal fou à sortir de sa bouche à présent. Alors qu’elle avait l’impression de hurler « Attendez ! », seul un son incompréhensible parvint à à franchir le seuil de ses lèvres. Elle entendit vaguement le Dr Anderson la prévenir qu’il allait la piquer avec sa foutue aiguille, comme si ce genre de chose pouvait l’effrayer. Avec tout ce qu’elle s’était pris au cours de sa carrière, ce n’était pas une malheureuse aiguille qui allait la faire flipper ou lui faire mal.
Etrangement, ou non, grâce au masque à oxygène et la transfusion sanguine, Tamara commençait à reprendre des couleurs, elle se sentait un peu moins engourdie après quelques minutes, ce qui était une bonne chose. En même temps, ça pouvait difficilement être pire. Elle avait toujours cette désagréable sensation de bouche asséchée, ce qui la gênait un peu pour parler. Ses paupières se faisaient moins lourdes, et à présent les yeux grand ouverts, elle cherchait du regard le médecin. Combien de temps s’était-il écoulé cette fois ? Ils ne l’avaient pas encore emmenée ailleurs, donc pas si longtemps que ça. Tam essaya de déglutir pour s’hydrater un peu la gorge, en vain.
-Doc… sans vouloir vous apprendre votre job, est-ce que vous avez procédé à une analyse pour savoir si je n’ai pas été empoisonnée par la griffure ? … Cette saloperie pouvait très bien avoir du venin aussi dans ses griffes.
Avec les créatures mythologiques, il fallait s’attendre à tout, et l’agent de terrain n’avait pas tellement envie d’être le cobaye, celle grâce à qui on se serait aperçu que la griffure de manticore était aussi mortelle que la piqure du dard de scorpion. Et puis c’était dans la nature de la jolie brune d’être méfiante. Sans doute fallait-il l’être aussi pour devenir médecin. Plus que de la méfiance, Tam n’avait aucune confiance, en qui que ce soit. L’humain l’avait trop déçue depuis son enfance, mais pour autant, personne ne méritait d’être floué par les vermines mythologiques, comme elle l’avait été, c’était pour cela qu’elle s’était engagée au DLCEM après quelques années dans l’armée. Bref, avoir à remettre sa vie entre les mains d’une autre personne qu’elle-même était assez difficile à admettre, et pourtant, c’était bien le cas en ce jour de fin septembre. Son orgueil en avait pris un coup, c’était certain.
Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Lun 10 Oct - 22:08
Il y a des nuits plus faciles que d'autres... #Tamara Lond
Emmet n’était pas prêt d’oublier les semaines qui avaient suivit son recrutement au DLCEM. Car le jour où il avait accepté de rejoindre l’organisation, il s’était par la même engagé à adapter ses connaissances et son savoir-faire à la spécificité de l’emploi. Ayant alors eu l’obligation de travailler avec intensité les créatures, les demi-dieux, les armes et tous les effets inimaginables du monde mythologie sur l’être humain qui le côtoie, il était devenu incollable sur le sujet en quelques semaines seulement. Bien sûr, la base de donnée de l’organisation avait été mise à sa disposition, lui permettant de passer des jours entier coffré là-bas, à potasser le sujet. Comme à son habitude il avait mentit à sa femme, justifiant ce soudain manque d’implication dans la vie familiale par le miraculeux : « Je vais augmenter de grade, et cela va demander quelques ajustements de connaissances ». Bien sûr il se plaisait à penser qu’il ne s’agissait là que d’un demi-mensonge, puisque la seule information fausse était qu’il changeait d’emploi et non de grade. Mais au fond cela ne faisait pas grande différence puisque Kim, comme à son habitude, l’avait cru aveuglément. Et comble de l’absurdité, il s’en était même tiré avec un compliment et un baiser. -Doc… sans vouloir vous apprendre votre job, est-ce que vous avez procédé à une analyse pour savoir si je n’ai pas été empoisonnée par la griffure ? … Cette saloperie pouvait très bien avoir du venin aussi dans ses griffes.
La manticore était donc l’une des nombreuses créatures dont il avait étudié les risques et les dangers de long en large. Sa tête d’homme, son corps de lion et sa queue de scorpion... il en avait étudié la structure dans les moindres détails, lui permettant d’accumuler nombre d’information inutile pour le commun des mortels. Aussi l’idée que ses connaissances approfondies de la créature puissent ainsi être mises en doute manqua presque de blesser son égo. S’affairant à ne pas laisser paraître cette émotion plus que non convenable, il craignit cependant qu’une lueur dans son regard la laisse transparaître.
- Ne vous inquiétez pas, les manticores n’ont de venin que dans leur queue, dit-il presque sèchement. Les effets produits n'ont été créés que par l'hémorragie.
Et dans l’espoir de pouvoir vite passer à autre chose, il plongea son regard dans celui de la patiente, qui, heureusement, semblait avoir récupérer un semblant de forme et d’esprit. Son teint était davantage similaire à une peau normale, et les sueurs ainsi que les tremblements paraissaient s’estomper. Satisfait de son travail, il sourit. "Je suis trop fort" pensa-t-il. Emmet se savait bon dans son domaine, et rien que de le savoir, il jubilait de satisfaction égoïste.
- Actuellement c’est exactement comme si vous veniez de livrer combat avec un lion. Et ce n'est pas rien, la flatta-t-il. Vous avez eu de la chance de ne pas vous être faite piquer, s’enquit-il d’ajouter avec un sourire dans l’espoir de voiler la légère animosité de la phrase précédente.
Puis il regarda l’heure à sa montre, et prit le pouls de la jeune femme. Son état s’était stabilisé, elle pouvait désormais être transportée dans la chambre qui lui était réservée.
- Bon, dit-il calmement. Les infirmiers ici présents vont vous transporter jusque dans votre chambre. S’il vous plaît n’essayez pas de vous relever, j’aimerais ne pas devoir recoudre cette affreuse plaie une seconde fois.
Il se leva, passa les mains dans les poches sa blouse et reprit chaleureusement.
- Je repasserai vous voir une fois que vous serez installée pour vérifier votre état.
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Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Jeu 13 Oct - 23:51
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L'art de la guerre est, comme en médecine, meurtrier et conjectural
Il est des patients plus faciles que d'autres.
25/09/2010
Si l’agent de terrain était sur ses gardes concernant l’éventuelle présence de venin dans les griffes de la manticore, le chirurgien la rassura sur ce point. Il semblait sûr de lui, et Tamara n’était pas vraiment en état de parlementer. Elle reprenait petit à petit des forces, mais bien trop lentement à son gout. Elle releva à peine le ton sec sur lequel avait répondu le Dr Anderson. A vrai dire, elle s’était d’avantage concentrée sur les mots et leur signification que sur l’intonation de sa voix qui, si elle avait été dans son état normal, n’aurait pas manqué de l’agacer.
Elle le regarda dans les yeux, il semblait satisfait de l’état de sa patiente, et elle-même se sentait beaucoup mieux. C’était difficile à admettre, mais le doc avait raison, une bonne perfusion et une transfusion sanguine lui avaient été salutaires. Il lui expliqua que c’était comme si elle avait combattu un lion, ce qu’elle savait déjà puisque voyant à travers la Brume sans lunettes spéciales, elle avait eu tout le loisir d’admirer la bête. Quand il lui déclara qu’elle avait eu de la chance, elle ne put s’empêcher de sourire en pensant à ce que ses prétentieux de collègues auraient répondu : surement un truc du genre « c’est pas de la chance, man, c’est du skill ! ». Tam se contenta d’une réponse plus terre à terre.
-L’entrainement quotidien porte ses fruits on dirait, répondit-elle en lui rendant son sourire.
Elle le laissa prendre son pouls, rappuyant sa tête contre le brancard et regardant le plafond. Combien de temps allait-elle être immobilisée ? C’était cette question qui la taraudait à présent qu’elle était tirée d’affaire. Le chirurgien donna ses recommandations. Ne pas se relever pour ne pas arracher les points. Oui, bon, ça semblait évident. -Naturellement, je ne voudrais pas pourrir votre travail, doc. Dites, j’en ai pour combien de temps ?
Elle n’avait pas envie de le répéter, mais clairement, rester en convalescence au Département n’était pas une perspective qui l’enchantait. Il disait qu’il passerait la voir d’ici peu pour vérifier son état. Quoi, ça voulait dire qu’elle pouvait replonger ? Elle lui lança un regard interrogateur, mais les infirmiers l’emmenèrent. Tamara ferma les yeux quelques secondes en soufflant silencieusement, espérant ne croiser aucun collègue qu’elle connaissait dans les couloirs. Quoi que, cela voudrait dire qu’eux aussi étaient blessés, donc ils ne la ramèneraient pas pour fanfaronner au moins. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, à savoir quand le charriot arrêta de rouler, ils furent arrivés dans la chambre, le brancard accolé au lit. Les deux infirmiers commençaient à s’approcher pour la transposer d’un lit à l’autre, et elle les arrêta d’un geste.
-Ne me touchez pas, je me débrouille !
Elle s’empressa, réveillant quelque peu la douleur qui n’était pas vraiment partie, de poser sa main lit le lit afin de s’y transférer. Une fois installée, après quelques secondes qui lui parurent bien trop longue, elle souffla, posa sa tête sur l’oreiller. Une chambre similaire à celle d’un hôpital, génial, elle qui détestait ça. Enfin, Tam en avait conscience, il lui faudrait prendre son mal en patience. Elle n’osa pas trop se pencher en avant pour regarder l’état des sutures, et préféra rester tranquille après ce dernier effort qui n’avait pas été anodin. Elle laissa les deux brancardiers quitter la chambre en leur adressant un signe de tête en guise de remerciement, et tourna le regard vers la fenêtre. Combien de temps s’était écoulé ? La nuit semblait mourir peu à peu. Elle poussa un soupir et ferma les yeux, tâchant d’oublier la douleur. Elle aurait bien aimé un petit verre d’un truc bien fort…
Sujet: Re: DLCEM, 2010 -"L'art de la guerre est, comme la médecine, meurtrier et conjectural" (Emmet, terminé) Mar 25 Oct - 17:52
Il y a des nuits plus faciles que d'autres... #Tamara Lond
- Dites, j’en ai pour combien de temps ?
La question délicate qui venait de lui être posé lui décrocha un regard pensif vers le néon aveuglant du plafond. Le temps de convalescence était là une chose bien incertaine à définir puisque chaque personne, aussi humaine puisse-t-elle être, cicatrisait différemment face à ce genre de blessure. Seulement, à supposer que tout aille bien et qu’aucune complication ne vienne pointer le bout de son nez, il y restait tout de même plusieurs facteurs à prendre en compte.
- Avant de partir d’ici ? dit-il en portant de nouveau son regard noisette sur elle.
Bien entendu il s’agissait d’une question rhétorique puisque immédiatement après l’avoir énoncée, il y répondit en enfouissant ses mains dans les poches de sa blouse sérieusement.
- D’ici à quatre jours ça devrait être bon. Mais en ce qui concerne la reprise du travail…
Il hésita réfléchissant davantage pour ne pas dire de bêtise, de peur de vexer un agent trop amoureux de son travail.
- Je dirais que ça dépendra de votre état. Mais je m’oppose à ce que vous partiez en mission avant minimum au moins un mois et demi. Dans l’idéal ce serait plutôt deux mois…
Puis elle fut emmenée, et son brancard disparu au détour du couloir de la clinique du DLCEM. Regardant de nouveau sa montre, il quitta alors la pièce dans laquelle il se trouvait, et reprit le chemin vers son bureau dans le plus grand des calme, ne croisant sur son chemin qu’une aide soignante à l’allure fatiguée. Il fallait dire qu’il était tard, et que déjà l’envie de partir en achevait certains. Mais il restait encore une bonne moitié de nuit à faire, et celle-ci allait passer encore plus lentement que la tortue face au lièvre.
Pénétrant dans son bureau, il s’installa sur sa chaise et se chargea pendant une bonne dizaine de minute de remplir le dossier médical de l’agent Lond. Puis, une fois qu’il eut achevé cette tâche des plus barbante, il s’apprêtait à retourner voir sa patiente quand on vint le trouver.
- Docteur ?
Il s’agissait une fois de plus de l'infirmier joufflu, dont les cheveux auburns venaient enlaidir ses traits grossiers. Emmet réprima une grimace, et recula de quelques pas pour ne pas se tenir trop proche de ce dernier.
- Oui ?
Le regard fuyant de l’infimier, exprimait clairement la crainte que ce dernier avait d’Emmet, suite à l’incident de la perfusion quelques minutes plus tôt. Le jeune docteur aurait dû s’excuser, et tenter du mieux qu’il pouvait de rattraper cet écart. Mais il n’en fit rien. Savoir qu’il était en quelque sorte craint l’enivrait d’un sentiment de puissance qu’il n’aurait renié pour rien au monde.
- L’agent Lond s’est installée. - S’est installée ? - Oui, confirma ce dernier. - Vous voulez dire qu’elle s’est elle-même mise sur son lit ? Dit-il en levant un sourcil indécis. - Euh…
Il hesita quelques instants puis repris.
- Oui elle a insisté.
Cela ne pouvait signifier qu’une chose : Elle se sentait suffisamment bien pour se porter elle-même, ce qui impliquait que la perfusion avait fait son effet. Emmet regarda alors l’infirmier et lui demanda sans préambule :
- Comment vous appelez-vous ? - Gary Garrison.
Le médecin laissa échapper un sourire.
- Sans blague, marmona-t-il pour lui-même. Très bien, dans ce cas je vais retourner la voir pour m’assurer que tout est ok et ensuite je repasserai donner les instruction quant à son traitement.
Gary n’eu pas le temps de répondre que déjà Emmet avait filé. Dans un silence des plus incroyable il s’en était allé vers la chambre de sa patiente, pressé d’en finir avec cette histoire de manticore.
Il s’apprêtait à frapper à la porte pour signaler son arrivée avant de s’apercevoir qu’elle était grande ouverte. Aussi pénétra-t-il dans la chambre mortellement blanche.
- Alors, comment vous sentez-vous ? demanda-t-il à l’agent Lond avec un petit sourire chaleureux. J’ai cru comprendre que vous aviez insisté pour vous installer vous-même...