Un petite enfance heureuse ? Je ne pense pas que l’on peut la qualifier ainsi. Ben, vue comment ma vie à commencer, ça ne pouvait être qu’un présage. En effet, ma mère est morte peu de temps après ma naissance. Quand ? Je ne sais pas exactement, mais tout ce que je sais c’est que c’était dû à ma venue au monde, apparemment, elle aurait eu des blessures internes. Je n’en sais pas plus, après tout, lorsque l’on me la raconter, j’avais que cinq ans, je n’étais pas en âge de comprendre. Mais une chose est sûre, c’est que c’est là que l’enfer à débuter. J’ai été trimbalé de famille d’accueil en famille d’accueil. Je ne restais pas bien longtemps avant que mes "parents" ne veuillent déjà plus de moi et m’envoi dans une autre. C’est pas de ma faute si tous les enfants avec qui je jouaient se plaignaient de froid ou tombaient subitement malade. Je crois qu’il y a eu quelques cas d’hypothermie pour les enfants qui dormaient dans la même chambre que moi, mais ce n’était pas de ma faute ! Enfin, pas complètement. Je dirais que c’était la faute de mon père qui m’a donné ce pouvoir. Ce n’est pas simple pour un enfant de rester calme lorsque l’on est hyperactif. Mais lorsque j’avais six ans, je me souviens que c’était juin, puisqu’il commençait à faire vraiment beau, et chaud, j’ai fugué pour la première et dernière fois.

Je n’aurais pas survécu longtemps sans l’immense louve que j’ai croisé peu de temps après mon départ de la maison. Pour un enfant, Lupa est absolument effrayante mais elle ne m’a pas dévoré, enfin, si ça avait été le cas, je ne serais plus là aujourd’hui. En tout cas, nous avons marchés plusieurs jours, j’ai surtout apprit à survivre que marcher en fait. Enfin, plusieurs jours, je dirais plusieurs mois vu que la neige avait pris la place de l’herbe verte, mais lorsque l’on erre en pleine nature, on perd vite la notion du temps, encore plus enfant puisque dans un environnement, dit normal, le temps est vraiment quelque chose d’abstrait. Enfin bref, revenons à nos moutons. Nous sommes finalement arrivés à la maison du loup, et là, au bout de quelques jours, elle m’a tout simplement viré de la meute, me disant que je devais atteindre le cas par mes propres moyens, que mon instinct me guiderait. Tu parles, oui, il m’a guidé, mais il m’a mis dans bien des problèmes. Il y a la fois où j’ai failli me faire manger par un cyclope, heureusement, j’ai réussi à me camoufler dans la neige. J’ai remercié la neige sur le coup mais il n’a pas fallu longtemps pour que je la maudisse. Elle n’arrêtait pas de tomber, au point que j’en avais jusqu’à la poitrine. Bon, certes, je ne crains pas le froid mais bon, ce n’est pas agréable des vêtements trempés. Après tout un tas de péripétie, avec énormément de neige, j’ai fini par arriver au camp Jupiter.

Traverser l’autoroute ? Sans problème. La neige ralentissait énormément la circulation. Par contre, les deux gardes étaient plutôt intimidants. Ils étaient persuadés que je mettais perdu. Ils ont fini par comprendre au bout de la dixième fois que j’ai essayé de rentrer dans le tunnel. Il faut dire que c’est rare d’être légionnaire si jeune. Ils m’ont fait sortir du tunnel et fait traverser le petit Tibre. J’étais déjà trempé alors, un peu de plus ou un peu de moins. La rencontre avec les prêteurs, avec le recul, elle s’était pas bien passée. J’avais du mal avec l’anglais, même si j’avais passé un peu de temps dans le Canada anglophone, alors avec l’accent américain. Il a fallu attendre l’arrivée d’une fille de Vénus pour me servir de traductrice. Tout ce que j’ai pu répondre, c’était d’où je venais et comment je m’appelais. Apparemment, ils n’en attendaient pas plus de moi puisqu’ils m’ont autorisé à consulter l’augure. C’était la fille de Vénus qui me servit de guide, j’ai également appris que l’on était en Mai lorsqu’elle m’expliqua les divers bâtiments et temple. Cela faisait plus d’un mois que j’avais disparut et j’avais maintenant sept ans. Mais ma stupeur n’a pas duré longtemps. J’ai rencontré l’assassin de Teddy, j’avais envie de lui faire la même chose que ce qu’ils faisaient à ces pauvres peluches. Je n’ai pas eu le temps de me jeter sur lui, et c’était mieux, puisqu’il avait officialisé mon entrée dans la légion. Je pensais que j’allais enfin pouvoir dormir correctement, mais non. Elle m’a trainé prendre un bain, et puis, j’ai dû être trainé au milieu de la légion. J’ai bien cru qu’ils allaient jouer au chasseur et que j’étais le gibier. Je ne comprenais pas du tout ce qu’il se passait. La fille qui m’a servi de guide s’est porté volontaire pour je-ne-sais-quoi. Un homme au casque bizarre s’est approché de moi, et je me souviens exactement de ses paroles : « Allez petit ! Tu viens avec nous. » dans un français parfait. Ce fut ma première rencontre avec Énée, centurion de la quatrième cohorte.

C’est le centurion qui s’est occupé de moi dans les mois qui suivirent, c’était également un fils de Vénus, et il a avait été nommé comme son illustre frère. Il m’apprit l’anglais, également le latin, et le maniement des armes. Bizarrement, personne ne souffrait d’hypothermie dans le dortoir, il faut dire que ces étranges rêves des loups s’étaient arrêtés quelques mois plus tôt.  Je me sentais chez moi ici, certes, l’entrainement était strict mais tout le monde à la quatrième cohorte prenait soin de moi. Je me sentais beaucoup plus calme, il faut dire que l’entrainement me fatiguait énormément, j’avais du mal à tenir debout lors des activités du soir. J’ai été surpris de voir arriver au camp, un enfant encore plus jeune que moi, et ça faisait un peu moins d’un an que j’étais là. Il devait avoir trois-quatre ans, tout au plus. Intérieurement, je compatissais, j’avais envie de me porter garant, mais j’étais toujours en période de probatio, et je ne pouvais demander à un autre légionnaire de la cohorte, il m’avait déjà sur le dos. Finalement, il a intégré la cinquième cohorte. Je voyais les première et deuxième cohortes rirent sous cape mais je pensais que dans quelques années, ils se mordront les doigts de ne pas l’avoir. Après, tout, il grandira en tant que légionnaire, un parfait soldat. Mais bon, avant d’en arriver là, il allait souffrir.

J’ai évolué légionnaire après un an au camp. J’ai eu le signe divin de mon père, Aquilon, ce qui expliquait tout un tas de choses, comme ma résistance au froid et le fait que je peux mettre quelqu’un en hypothermie par exemple. J’ai reçu ma lance à ce moment-là, porter par le vent. J’étais maintenant un vrai soldat de la légion, certes, le centurion se préoccupait toujours un peu plus de moi que des autres, mais je ne me plaignais pas de ce traitement de faveur, qui se retrouvait une malédiction à l’entrainement, il était devenu pire, il exigeait que je fasse plus que les autres alors que j’étais de loin le plus jeune du groupe. Cela à durer trois ans, jusqu’à son départ. Il est retourné dans le monde des mortels pour poursuivre sa vie. Je n’étais plus qu’un légionnaire comme les autres, mais maintenant, j’avais onze, j’étais plus apte, mieux entrainé. Je pouvais suivre l’entrainement avec beaucoup moins de difficultés et là, sans mon protecteur, j’ai appris ce que c’était de s’intégrer réellement. J’ai vite compris que beaucoup avaient été jaloux de moi ou qu’il me parlait parce que j’avais les bonnes faveurs du centurion. Au fils des ans, j’ai réussi à forger ma vraie place, au point de considérer la cohorte entière comme ma famille. Au point d’être élu centurion-en-chef sans m’être présenté lors de mes dix-sept ans, ce n’était pas vraiment une responsabilité qui m’indisposait, je voulais faire évoluer la cohorte à un meilleur statut.   

Mon premier vrai défi en tant que centurion a été lors de la guerre des Titans. Participer à des quêtes et diriger deux personnes, c’est autre chose que de diriger une cohorte sur un champ de bataille. Pas le droit à l’erreur au niveau de commandement. Ils avaient confiance en moi, comme j’avais confiance en eux, mais hors de question de les envoyer à la boucherie. Malheureusement, pas mal ont péri, je ne crois pas que j’ai versé autant de larmes que ce jour-là. La veillée mortuaire à juste été affreuse, horrible. Et à peine remis de la bataille, il fallait attaquer le QG. Je m’étais opposé véhément mais rien à faire, la majorité était pour lancer l’assaut. Certes nous avons vaincus, bon, le prix a été beaucoup plus raisonnable qu’au camp mais tout de même. Je ne sais pas si je suis fait pour être centurion, et encore moins légionnaire. Ce qui m’a maintenu, c’est ma famille. J'ai réussi à tenir bon malgré la guerre contre les grecs qui semblaient imminente. Mais malheureusement, je ne peux pas dire que c'est le cas à présent.

Mon infirmité lors de l'attaque du supermarché a été un poids de plus à porter, en plus des pertes subient. Il y a eu trop de blessés et de morts pour ceux qui étaient osus mon commandement, enfin surtout une blessée qui m'importe. J'ai faillit à la promesse que je m'étais faite lors de la veillée funèbre d'un de mes camarades, ma conscience ne peut le supporter... Je suis sûr qu'il me maudit actuellement en enfer, j'avais promis sur le Styx après tout. Je ne sais pas si c'est la gravité des blessures ou la faiblesse mentale qui ne m'a pas permit de retrouver toutes mes facultés mais qu'importe la raison, le résultat est là. J'ai dû démissionner et quitté la légion sans pouvoir faire amende honorable. Mon service était bel et bien fini, et me voilà de retour dans un monde hostile sans aucune arme.

Sans ma déesse de sœur, je pense que j'aurais été étripé par un monstre quelconque. Certes, je suis l'enfant d'un dieu mineur mais, si je suis suffisament près, ces bêtes assoiffées de sang me détectent, comme n'importe quel demi-dieu. Heureusement, j'ai pu atteindre New York sans problème grâce à l'avion, et là, j'ai pu me réfugier chez la seule personne chez qui j'ai gardé un contact depuis son départ, ma chère Day. Ça ne m'enchantait guère de devoir me faire protéger mais je n'ai plus le choix, je dois apprendre à vivre avec. Bon, elle n'était pas très contente du fait que je m'impose de la sorte, mais elle m'a laissé un toit, ce qui est plus que suffisant. Elle ne m'a pas posé de questions quand aux diverses cicatrices qui parcourt mon corps désormais, heureusement, pas au visage, ce que je lui en remercie. Depuis, je suis les cours d'histoire du collège le plus proche, afin d'étudier un domaine que j'adore. J'espère juste que mon quotidien soit aussi tranquille qu'il l'a été ces derniers temps.