Il y a 23 ans de cela, un homme nommé Ryan Judreed, qui travaillait dans le domaine du paranormal, rencontra une jeune femme dans un cimetière. Oui, tout commença dans un cimetière. Les deux individus tombèrent alors dans une folle histoire d'amour. Une erreur qui valut bien des malheur à la petite famille. D'ailleurs, le malheur avait toujours collé à la peau d'Hithyaël. Car c'est de l'union de ces deux êtres que naquirent Hithyaël et Evalyna. Des jumeaux.
A leur naissance, la génitrice disparue, rappelée par son devoir de déesse que son amant n'aurait jamais pu comprendre, n'étant que simple mortel. L'homme tomba dans une terrible dépression, l'âme déchirée par le départ de sa bien-aimée. La soeur de Ryan, Kaitleen, décida donc d'aider son frère en détresse en s'occupant des nouveaux-nés. Seulement, les bébés grandissent. Et c'est ainsi que la jeune femme éleva les enfants, seule, tandis que son satané de frangin partait dans le monde, à la poursuite d'aventures incroyables et insolites. Un monde qu'il chérissait plus que ses propres enfants pour qui il avait nourri une sorte de dégoût continuel, comme si ses propres créations n'étaient que les fruits d'une expérience ratée.
Les jeunes jumeaux, alors âgés de dix ans (hyperactifs et dyslexiques) avaient été expulsés de trois établissements différents et le peu de temps que venait passer le paternel dans sa demeure était dédié à son travail soit-disant « essentiel pour le bien de cette foutue famille ! ». C'est alors un de ces fameux soirs que la vie des jumeaux allait être bouleversée.

Evalyna, ayant obtenue un rendu merveilleux sur un de ses dessins, domaine dans lequel elle était douée, décida de désobéir à sa tante pour aller montrer son chef-d'oeuvre à son cher papa qu'elle ne voyait que trop peu depuis sa naissance. Toute joyeuse, elle s'était dirigée dans son bureau et avait tendu l'oeuvre d'art à Ryan. Ce dernier, concentré depuis plus de dix heures, n'apprécia pas le geste et gifla sa fille sous le regard interloqué de Kaitleen et Hithyaël qui étaient montés pour dissuader la jeune fille de commettre ce geste. S'ensuivit alors une suite d'événements tous plus violents les uns que les autres. Une dispute éclata entre Kaitleen et Ryan tandis que Hithyaël tentait de réconforter sa soeur qui pleurait à chaudes larmes. Les cris devinrent de plus en plus fort finissant en hurlements et coups de poing sur les murs, des objets volèrent dans la pièce. À cet instant, avant que le père ne lève la main sur sa propre soeur, Hithyaël était furieux, bouleversé. Et il avait peur. Très peur. Sous les yeux impuissants des jumeaux, un corps tomba en arrière sur le sol dur et froid de la pièce. Il l'avait tué. Ryan avait tué Kaitleen...

Janvier 2009
« J'ai refait le même rêve aujourd'hui encore. Ce souvenir pénible me suit depuis maintenant trois jours et cela commence vraiment à me mettre sur les nerfs :
Je bouillonnais de rage. Mon cerveau me disait de l'attaquer, de le tuer à son tour pour ce qu'il avait fait. Je voulais le trucider de mes propres mains ce salopard que nous appelions « Papa ». Pourtant, mon corps restait figé dans une expression de soumission, totalement effrayé parce que je venais de voir. Evalyna resta à mes côtés, serrant mon bras si fort que ses ongles s'enfonçaient profondément dans ma chair. Je sentais sa peur. Je sentais son désarroi, sa détresse. Mais je ne pouvais rien faire. C'était la première fois que je me montrais incapable de la protéger. Et ce n'était pas la dernière...
Quand il s'est avancé vers nous dans la faible lueur de la lampe au coin du bureau, je voyais qu'il était fou. Son regard était impitoyable. Et pourtant, des larmes affluaient sur ses joues. Il s'est pris la tête dans les mains, a murmuré des paroles inaudibles et comme saisi par un frisson, il cessa de pleurer. Maintenant, il nous regardait dans les yeux, haineux. Je serrai la main d'Evalyna. J'étais tétanisé par l'effroi. Je fermai les yeux, m'attendant à subir mille souffrances. Mais il n'en fut rien. Quand j'ai ouvert les yeux, c'était mon père qui s'étala de tout son long sur le sol à côté du corps de Kaitleen. Il était mort... Et c'était moi qui l'avais tué. Je le sais, car une ombre se mouvait pour retourner dans l'obscurité de la pièce en glissant sur le corps de Ryan. Et c'était moi qui l'avais invoqué dans ma détresse... »


Evalyna et Hithyaël s'étaient enfuis. Durant trois jours, les jeunes gens parcouraient la Californie pour passer en Arizona, où ils firent halte pour bénéficier du repos que leur offrait les bois. Cependant, leur sommeil fut bientôt troublé par un homme-chèvre. Rêvaient-ils où bien ce dernier avait-il bien des cornes et des sabots ?! C'est ainsi qu'un des satyres de la colonie vint à leur rencontre afin de les escorter en lieu sûr. Cette histoire de mythologie et de dieux était à peine plausible, pourtant, les jumeaux l'acceptèrent comme si cela était une évidence. Sur le chemin, les trois jeunes personnages croisèrent de nombreux obstacles (une chimère, des harpies ainsi qu'un gentil chien des enfers) mais finirent par arriver saints et saufs sur la vallée après pratiquement un mois d'aventures intenses. Quand Hithyaël parvint enfin à destination, il tomba dans les pommes, épuisé.
La vie au camp était des plus reposantes pour les deux jeunes qui s'épanouirent tranquillement au sein de leur nouveau foyer. Ils se firent des amis, des ennemis. Puis, le jour où ils se firent revendiquer, l'on changea d'avis sur eux. Enfants d'Hécate ? Déesse de la magie, des carrefours, des ombres et des morts ? Hmmm... louche tout ça.

Septembre 2005
« Aujourd'hui, tout le monde nous regarde de travers Evalyna et moi. Comme si nous étions des bêtes de foire particulièrement dangereuses. Je ne comprends pas pour quelle raison ils nous voient comme ceci. Peut-être que notre mère a fait quelque chose de mal, mais après tout, les dieux ne sont-ils pas tous pareils ? Imbus d'eux-mêmes, fautifs ? De toute façon cela ne sert à rien de rejeter la faute sur nous ! On y est pour rien ! Et puis, ils ne s'imaginent pas ce qu'on a vécu. Néanmoins, peut-être qu'ils ont raison. Peut-être suis-je vraiment un monstre... Après tout, j'ai tué mon père... Mais je me souviendrais toujours de cet instant, quelques heures plus tôt quand nous avons été revendiqués :
Il faisait nuit noire. Le ciel était caché par d'épais nuages. Nul lumière n'émanait du ciel, seul le feu de camp habituel des week-ends brillait de mille flammes. Lentement, les nuages se déplassèrent et laissèrent la nouvelle lune seule en plein ciel. Alors que tout le monde mangeait des marshmalows et chantait, tous se turent en nous regardant Evalyna et moi. Plusieurs même sursautèrent d'étonnement ou de scandale. En quelques secondes, une sorte de voile pourpre me couvrait la vue jusqu'à ce que je me rende compte qu'en réalité, une aura émanait de mon corps. Au-dessus de ma tête, deux torches entrecroisées en un X brûlait d'un feu violet. Hécate... »


2011. La seconde Titanomachie. C'est à partir de cette période que les jumeaux se séparèrent. Hithyaël parti du côté de Cronos, séduit par les jolis mots de Luke Castellan. Le jeune homme avait trop souffert durant ces dernières années à la colonie. Trop de pertes. Trop de promesses. Un coeur brisé par la souffrance et la rancune, il avait nourri cette soif de vengeance. Les dieux en avaient trop fait. S'en était assez de leur règne, de leur règles. Leur époque était révolue et s'en serait fini. Plus de souffrance, plus de pertes. Il en avait assez qu'on le regarde comme un garçon maudit par le futur.

« RAAAAAAAAAAAGHHHHHHHHHHHH !!!! »[/blur] J'hurlais à la mort, je criais de souffrance, de haine, de colère... Des centaines d'ombres surgirent à mes pieds, ma peau devint aussi noire que l'ébène. Puis, je fonçai sur lui. Sur cette satané pourriture qui avait osé tuer ma soeur... Sur le monstre qui avait anéanti la dernière personne que j'aimais. Ce fut durant cette guerre, durant cette bataille qu'Evalyna était morte en essayant de me protéger... Je me souviens que j'avais pleuré tout en combattant. Ma soeur m'avait redonné du courage, m'avait éclairé l'esprit. Je m'étais allié au mauvais camp. Alors, je me suis retourné contre mes propres alliés. J'en ai massacré autant que je pouvais, l'adrénaline provoqué par la peine, le regret, la peur, la colère et la fureur. Tandis que je me battai à l'aide des ombres qui obéissaient à mes commandements, une épée se matérialisa dans ma main. Une poignée en cuir noir, la lame de 60 cm, aussi coupante qu'une scie. Des inscriptions grecques présentes sur la lame disaient « Nekros aggélos ». « messager des morts ». Un cadeau de ma mère...
Le bain de sang était terminé. Nous avions réussi à battre Cronos. Des jours plus tard, nous sommes rentrés à la colonie. Les autres pensionnaires me regardaient avec des yeux durs et froids. Je les avais trahis...
Maintenant, il ne me restait plus qu'une chose à faire. Partir. Pour que ce malheur qui tombe sur les gens que j'aime cesse une bonne fois pour toute. Partir pour la sécurité de la colonie, partir, car je ne serai sans doute plus à ma place en ce lieu...