Eden roula sur le côté de son lit. Elle avait prit l'habitude de s'éclipser discrètement, parfois pendant les heures d'activité, dans le but de faire une petite sieste. Elle aimait particulièrement passer du temps avec les pensionnaires de la colonie et en particulier avec ses frères et sœurs. La fille d'Apollon fait partit de ses gens qui donneraient tout pour leur famille, même si là dite famille n'est reliée à elle que par son père, elle avait toujours été quelqu'un de très protectrice, et ne renoncerais jamais à se battre pour sauver un ou une de ses frères et sœurs des griffes d'un monstre, ou pire, d'un romain. Car oui, elle considère les romains comme pire que les monstres. Les monstres, une fois battu, c'est bon, les romains, il y en a toujours un deuxième quelque part. Cependant avoir du temps pour souffler un peu et se retrouver seule était toujours bénéfique, et jamais elle ne dirait non à une heure où elle n'aurait qu'à s'occuper d'elle même. L'heure était d'ailleurs passée, ce qui signifiait que ces frères et soeur risquaient de débarquer dans le bungalow d'une seconde à l'autre. La Carlton se releva vivement et passa sa main dans ses cheveux. Comme d'habitude après s'être allongée, ils étaient légèrement ébouriffés, mais elle renonça cependant à les coiffer, et se contenta d'utiliser ses doigts pour les remettre en place rapidement. La fille d'Apollon s'assit sur son lit, et son regard se perdit dans le vague. Elle voyait les choses qui l'entouraient, sans vraiment les voir, étrange mais fréquent. Ses pensées dérivèrent vers sa mère. Cela faisait maintenant plusieurs années qu'elle ne l'avait plus vue, et bien qu'elle s'en réjouisse beaucoup, elle ne peut pas nier le fait qu'il lui manque cruellement une figure maternelle dans sa vie. Chaque enfant, adolescent et même adulte a besoin de pouvoir s'identifier à ses parents, de pouvoir les admirer et tenter de devenir comme eux, ce qui n'est pas le cas pour Eden. Son père est un dieu, elle déteste sa mère, alors il lui arrive régulièrement de regretter l'absence de ses parents dans sa vie, même à maintenant dix-huit ans. Le manque de ses géniteurs ne quitte jamais une personne, peut importe l'âge, la provenance ou le caractère. D'ailleurs, on manque tous toujours de quelque chose. D'un ami, d'un parent/grand parent, d'une oreille, d'un conseil ... Peut importe de quoi, on souffre tous toujours du manque d'une chose ou d'une autre, qui peut devenir plus ou moins fort au fil des années. Dans certains cas, on s'y habitue, dans d'autres, ça s'empire. Ce dernier cas est d'ailleurs celui dans lequel se trouve la jeune Carlton. Plus les années passent, plus le manque se fait sentir, et plus sa soeur jumelle lui manque. En réalité, elle n'a jamais vraiment réussi à s'en remettre, et n'a jamais vraiment réussi à chasser de son esprit l'image du corps de sa soeur lorsqu'elle l'a trouvé. C'est en partie pour cette raison qu'Eden est si protectrice avec ses demi-frères et demi-soeurs, plus jeunes ou plus vieux.
La demoiselle se leva de son lit, et entreprit de le refaire. Refaire est un bien grand mot, disons juste qu'elle étendit la couverture dessus rapidement, pour cacher le fait qu'elle ait enlevé ses draps; ne supportant pas de dormir avec plusieurs épaisseurs sur son corps, une vieille habitude qui date de son enfance. Elle balaya du regard le bungalow, s'arrêtant sur un lit défait au fond. La jeune Carlton ne savait pas vraiment à qui il appartenait, mais elle s'empressa d'aller le refaire. Il fallait absolument que tout soit impeccable dans le bungalow, histoire de donner une bonne impression aux autres, mêmes si peu de gens autres que ceux appartenant aux enfants d'Apollon passaient la porte. Elle sortit en vitesse jeter un oeil dehors, pour voir si quelqu'un arrivait et fut heureuse de constater que non, puis rentra un nouveau à l'intérieur, non sans jeter un regard aux instruments de musique se trouvant sur le pas de la porte. Une fois de nouveau à l'intérieur, elle retourna s'asseoir sur son lit, ne trouvant rien à faire et préférant attendre que quelqu'un entre assise que debout. Comme dit précédemment, Eden apprécie pleinement passer du temps seule, mais elle apprécie également passer du temps avec des gens de son entourage, parfois même plus. La demoiselle espérait secrètement que la première personne à entrer serait quelqu'un à qui elle souhaitait parler depuis le matin désormais, Dakota, celle appartenant à ses frères et soeurs dont elle était la plus proche. Il n'y avait aucune raison apparente à son envie de discuter avec elle, elle n'avait rien de spécial à raconter, rien à critiquer - enfin si, on peut toujours trouver des choses à critiquer, n'est ce pas ? -, mais elle voulait la voir et passer du temps avec elle. Eden aimait discuter de tout et de rien avec sa demi-soeur, de la pluie, du beau temps, des nouveaux arrivants à la colonie, des Tee-Shirt grattant de plus en plus, du problème de débit de l'eau des douches ... Elle pouvait passer des heures à déblatérer sur tout et n'importe quoi avec n'importe qui - d'ailleurs, pendant un moment, elle avait été surnommée "La pipelette", étant toujours en train de parler de quelque chose - , mais surtout avec Dakota. La Carlton se mit à fredonner un air qu'elle avait entendu peu de temps auparavant, sans vraiment se souvenir des paroles, mais juste en chantant la mélodie. La musique fait partie de sa vie depuis sa plus tendre enfance, comme la plupart des enfants d'Apollon, et il ne se passe jamais une journée sans qu'elle ne chante ou ne joue de la musique. Par contre, bien qu'elle soit la fille du dieu de la musique, Eden avait toujours été incapable de siffler, et l'était d'ailleurs toujours maintenant. On avait beau lui expliquer maintes et maintes fois la méthode, de plusieurs façons différentes, avec des métaphores, rien n'y faisait, elle ne réussissait pas. Elle entendit du bruit au loin, signe que quelqu'un arrivait vers le bungalow, et la demoiselle sauta sur ses deux pieds, avant de se placer juste devant la porte, pour accueillir le ou la nouveau/nouvelle venu(e) comme il se doit, impatiente d'avoir enfin de la compagnie.

Alors qu'Eden s'apprêtait à sortir à nouveau pour voir qui était la personne qui approchait du bungalow, la porte en bois s'ouvrit et la personne qu'elle voulait actuellement voir entra. Un sourire s'afficha sur le visage de la Carlton lorsqu'elle vint lui faire un bisou sur la joue et qu'elle s'installa sur une chaise en face d'elle, d'une façon très masculine. La fille d'Apollon appréciait beaucoup chez sa demi-soeur sa façon d'agir, parfois très libérée, et ça la faisait d'ailleurs bien rire de temps à autres. En voyant qu'elle se mettait à manger un croissant qui traînait, Eden éclata de rire, la reconnaissant bien dans ce geste là. Avant que Dakota n'arrive, elle n'avait même pas remarqué la présence du dit croissant dans la pièce, mais maintenant, elle avait l'impression de l'avoir toujours vu là. Ça lui faisait souvent cet effet là; elle ne voyait pas quelque chose ou n'y faisait pas attention jusqu'à ce que les gestes ou les paroles de quelqu'un lui fassent remarquer la chose en question, et qu'elle ait l'impression de l'avoir toujours vu. Une des choses bizarre qui lui arrivait.

" - Je suis contente de te voir, tous les autres sont où ? J'ai raté un truc ?? "

La Carlton sourit largement, allant jusqu'à dévoiler ses dents. Ah ça, elle aussi elle se le demandait où étaient les autres, et ça l'étonnait beaucoup de ne pas en avoir vu un débarquer. D'ailleurs, ils pouvaient débarquer d'une minute à l'autre, c'était comme ça dans le bungalow des Apollon, un vrai moulin. On y entre et on y sort quand ça nous chante, mais il y a toujours quelqu'un à l'intérieur. Elle retira ses chaussures qu'elles avaient remises peu de temps auparavant vivement et ramena ses pieds sous elle sur son lit. Sa main se posa machinalement sur son pied gauche, enfin sur sa cheville plus exactement, et ses doigts tracèrent mécaniquement la forme de la clé de sol s'y trouvant. La musique, comme pour beaucoup des enfants d'Apollon, était toute sa vie. Impossible pour elle d'imaginer une journée sans chant et sans musique, ou alors ce serait une journée particulièrement longue et désagréable. Même dans les moments les plus difficiles, elle pense toujours à chanter, c'est un automatisme bien ancré qui ne risque pas de la quitter de si tôt.

" - Je suis contente de te voir aussi ! À vrai dire, je sais absolument pas où sont les autres, je me suis éclipsée discrètement pour dormir un peu, et ça m'étonne que personne ne soit encore arrivé, ils devraient pas tarder. T'as rien raté, ne t'inquiète pas, c'est plutôt moi qui a du rater un truc je pense, comme j'étais à l'intérieur quand tout le monde était dehors !"

Après ses petites absences qui restaient souvent invisibles tant elle faisait attention pour ne pas qu'elles soient remarquées, Eden avait toujours peur d'avoir loupé un événement important, ou tout simplement quelque chose de marrant. Elle aimait savoir beaucoup de choses, presque tout en fait, non, elle aimait tout savoir, et lorsqu'elle ne vivait pas quelque chose, elle avait l'impression de ne pas être au courant de la situation. La Carlton passa sa main droite dans ses cheveux violets, et elle eut soudain soif. Elle se leva, prit une bouteille d'eau à moitié remplie se trouvant sur une armoire ainsi qu'un verre propre et se servit un verre, qu'elle but à la vitesse de l'éclair. Lorsqu'elle vivait encore avec sa famille, la fille d'Apollon était surnommée "L'éclair", parce qu'elle buvait toujours ses verres plus rapidement que quiconque, que ce soit de l'eau ou autre chose, et cette habitude fait parti du nombre important de choses lui était restées depuis. La chef du bungalow laissa son regard déambuler dans la pièce et elle fit la grimace.

" - Il faut vraiment que je leur demande de ranger un peu, sinon ça va finir en bazar monstre !"

Une fois de plus, Eden éclata d'un rire franc. Elle était incapable d'en vouloir à ses frères et soeurs, peut importe le bazar se trouvant dans le bungalow, mais elle voulait qu'une bonne image des Apollons persiste dans la colonie, et si pour cela elle devait les faire ranger, alors elle le ferait. Etant une fille qui n'a pas froid aux yeux, là où certaines personnes se sentiraient mal de demander des choses aux autres, elle ne s'en préoccupe pas et ne se gêne pas pour leur rappeler de temps à autres leurs taches. De plus, c'était de ses responsabilités, donc jamais elle n'hésitait. Elle replaça correctement le bracelet qu'elle avait reçu de son père sur son poignet, puisqu'il remontait un peu trop haut sur son bras, avant de croiser ses bras sur sa poitrine et de sourire une nouvelle fois à Dakota.

" -Comme je vois toi et moi on ne se ressemble pas pour rien, vu que toi non plus tu ne sais pas ce qu'il se passe ici "
"-Et oui, il faut se lever tôt pour réussir à suivre !"

La demoiselle sourit largement allant même jusqu'à dévoiler ses dents, comme lorsqu'elle est en compagnie de quelqu'un comptant pour elle. Elle observa son amie, enfin plutôt sa demi-soeur, se laver les mains et elle soupira. Il n'y avait pas grand chose à faire à la colonie, comme toujours d'ailleurs, et à force, ça commençait à devenir pesant. Lorsque Kayleigh exposa son problème avec le rangement dans le bungalow, son amie lui proposa une de ses idées.

"-Tu as raison, tout le monde devrait y mettre du sien, et moi aussi évidemment, mais tu devrais organisé un tableau des charges, enfin , je vais peut être trop loin en te proposant des idées ??"
"- Je vois pas du tout en quoi tu irais trop loin, et c'est une très bonne idée, je pense que dorénavant il y aura ce genre de choses ici !" dit elle en lâchant un petit rire.

Lors de son enfance, la fille d'Apollon était une as du rangement et de l'organisation, et elle comptait bien que tout le monde s'y mette et devienne comme elle. En parlant de rangement et d'organisation, la demoiselle nota mentalement qu'il fallait vraiment qu'elle fasse un tri dans son armoire de vêtements, qui allait finir par ne plus fermer avec le nombre incalculable de robes, tops, jupes, jeans, chaussures se trouvant là dedans, et en comptant les choses qu'elle ramenait en plus des ses petites escapades shoppings avec son amie Olympe. Jeter, ou du moins donner, quelques affaires était devenu une obligation tant elle commençait à se remplir de font en comble. Lorsqu'Eden se fut rassise en face de Dakota, cette dernière se mit à rire rapidement, lui exposant son ennui.

"-Eden, on dirait deux mamys là, il faut qu'on fasse quelque chose, mais qu'est ce qui est prévu aujourd'hui ??? Car je ne retiens jamais ce que vous avons a faire de nos journées, si rien... j'ai peut être une idée..."

La Carlton éclata d'un rire franc. Il était vrai que leur journée n'était pas très mouvementée jusque là et qu'elles n'avaient pas l'air de deux jeunes filles de leur âge assise sans bouger, mais elle ne pouvait trouver quelque chose à faire pour remédier à ça. De plus, elle non plus ne savait pas ce qu'il y avait normalement de prévu dans la journée, enfin si, mais pas à cette heure si puisqu'elle ne savait même pas quelle heure il était. Si elle ne se trompait pas, c'était actuellement l'heure du quartier libre, ce qui ne les aiderait pas à trouver quelque chose à faire.

"- Huum, je sais pas trop quelle heure il est, mais je crois que c'est le quartier libre là... J'avoue, faut qu'on se bouge là.. C'est quoi ton idée d'ailleurs ?"

Depuis son arrivée à la colonie cinq ans auparavant, Kayleigh avait appris à se méfier des "idées" qui pouvaient tourner - et le faisaient souvent d'ailleurs - en plans foireux, et donc rapporter des problèmes, mais elles n'avaient rien à faire là, et tout serait bon à prendre pour repousser l'ennui qui n'allait certainement pas tarder à frapper. Comme chaque demi-dieu, la Carlton est hyperactive, et même rester plusieurs minutes sans bouger est devenu éprouvant, alors peut importe quelle serait l'idée de Dakota, elle serait obligatoirement partante, pour bouger un peu et s'occuper.