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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mar 15 Mar - 22:57
O douces retrouvailles
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
MarHayTam
Tout semblait si facile alors que rien n'était destiné à l'être. En théorie, un fossé, s'était creusé entre ces deux âmes captives de la souffrance, un fossé qui n'avait de cesse de se creuser à mesure que les années défilaient. Chacun sur sa petite rive avait donc continué à vivre sa petite vie. Si pour l'un rancune et souffrance ne faisaient qu'une pour l'autre culpabilité et violence cohabitaient insidieusement. Ça fait mal de souffrir, presque tout autant que de se prendre un crochet en pleine poire. Et se prendre un crochet en pleine poire permet de focaliser la douleur sur autre chose qu'un amas de culpabilité. Mais qu'en est-il lorsqu'en la culpabilité faillit, que nous reste-t-il alors ? Durant plus de la moitié de sa vie, Haytham avait été habité par ses sentiments et maintenant, désarmé, il se retrouvait sans rien et arrivait même à se demander s'il serait affublé d'une quelconque utilité à l'avenir. La moitié de sa réflexion fut teintée de doute, le Captain Beau Gosse voguait en plein brouillard avec pour seule boussole, son instinct qui n'avait de cesse de lui commander « le rapprochement » avec la belle brune. Un ordre qui sonnait comme une évidence et qui lui faisait un bien fou. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait autant apprécié la présence de quelqu'un à ses côtés, tellement longtemps que plus personne n'était parvenu à l'approcher d'aussi près, à le voir ainsi, gentil, attentionné, sociable et d'une incroyable douceur.
Tamara avait changé physiquement (encore heureux après vingt-sept années de séparation) et malgré les quelques vannes à deux sous, malgré les petits colibris, Hay avait beau jouer les clowns comme lorsqu'ils n'étaient pas en âge d'appréhender certaines choses, il ne pouvait se mentir à lui-même. La femme qui lui faisait face dans ce sublime canapé immaculé, n'était plus la petite Tamara Lond, liée au demi-dieu par une amitié sans faille et rien de plus... Enfin tout est relatif, les sentiments ne se contrôlent pas. Parfois, il est plus facile de prétendre le contraire d'une chose et de s'en convaincre. Discrètement, mais surement le fils de Mars observait son interlocutrice. Ses magnifiques cheveux couleur ébènes qui malgré le lissage pour éviter les frisottis, conférait à sa crinière un quelque chose d'animal. Son visage magnifique pourvu d'un teint légèrement allé en contradiction avec bon nombre de jeunes femmes qui arborait avec fierté un teint à faire pâlir les cachets d'aspirine. Des traits harmonieux à rendre jalouses les muses de nos aïeux sculpteurs de marbre et autre grand faiseur de beauté artistique. Son regard sucré qui attisait à n'en pas douter les plus esquisses gourmandises. Ses lèvres pulpeuses coupables d'avoir fait chavirer bien des cœurs. Le fils du dieu de la Guerre se perdit quelques secondes de plus sur sa bouche qu'il avait délestée d'une moustache en chocolat quelques secondes plutôt, puis l'air de rien et avant que cela ne devienne gênant, il détourna le regard.
« -Mais je t'en prie Colonel Badass c'est un plaisir que de te remettre sur le droit chemin. Et puis je te préfère en femme, une femme qui plus est très agréable à regarder. » Boulette dans sa tête, l'aveu sonnait étrangement, ni trop faux, ni trop juste. Bien sûr qu'elle était « agréable » à regarder, bien que l'adjectif soit un euphémisme présenté de la sorte. Elle était belle, la quintessence même de la beauté, le summum du sexy, un canon, une bombe atomique, un avion de chasse... Les termes continuaient à se bousculer dans la tête de l'Irlandais qui de ce fait, restait silencieux. Gêné d'avoir de telles pensées, il détourna le sujet comme il savait si bien le faire. Les compliments et l'aveu gênant firent place à la déclaration d'amitié tant attendue. Tamara sourit, son regard pétilla sous l'effet de l'émotion, une émotion contagieuse qui gagna le bel Irlandais qui accepta le rapprochement de Tam sans broncher. Leurs regards ne se quittaient plus maintenant et aucune gêne ne s'en dégageait. Hay pouvait la fixer, la regarder, l'observer encore et encore ...
« -J'espère bien que je t'ai manqué ! J'aime me savoir inoubliable encore plus après trente ans. Quant à l'épineuse question du rajeunissement, à vue d’œil, tu t'en sors plutôt bien. Pas une ride, pas une patte d'oie, pas une mèche blanche. Par contre, tu n'as pas pris assez de soupe ». Un autre coussin s'écrasa sur le visage du demi-dieu qui n'avait même pas cherché à l'éviter celui-là. Puis le Penseur, l'espace de quelques secondes, redevint sérieux et laissa parler son cœur une fois encore. Il se fichait bien de paraître ridicule et puis le cas échéant, ça n'était pas la première fois qu'il était en présence de Tamara Lond. Le nombre était d'ailleurs tellement effarent, que les doigts de deux mains ajoutées à ceux de deux pieds, ne semblaient suffire pour offrir un décompte approximatif. Il acheva donc sa réplique, appréhendant la réaction de la belle aventurière, qui contre toute attente, souriait attendrie la tête penchée vers son interlocuteur. « - Pas un homme, un demi-dieu, fils de Mars, qui plus est j'ai donc une réputation à tenir. » dit-il avec ironie avant de reprendre plus sérieusement. « -Je n'ai plus l'habitude de dire de jolies choses tout comme je n'ai plus l'habitude de faire preuve de sociabilité à l'égard d'un autre être humain. Ne va pas croire que je suis un loup qui se terre dans sa tanière. J'ai réussi à me faire quelques potes dans le coin. Et je proclame haut et fort, que comme ils arrivent à me supporter, il me faut leur décerner la médaille du courage. L'un d'eux m'a filé un boulot dans son pub. Je t'y amènerais un de ces quatre, si tu le veux. » Puis il se tue pour laisser la parole à sa belle interlocutrice qui fit preuve de philosophie tandis que son Penseur s'abreuvait du divin chocolat.
« - C'est pour ça que tu m'appelle le Penseur ! Parce que j'étais un poète qui réfléchissait beaucoup, un petit garçon qui voulait tout comprendre, mais qui au final « ne sait rien ».Malgré tout, le Penseur n'a jamais cessé de penser. Et je ne puis m'empêcher de me dire que tu as tout à fait raison. Comme tu le dis, si "quelque chose doit changer dans la vie, alors change-le ! » Je vais garder ça en tête ma petite Penseuse. Mais avant toute chose, j'aimerais comprendre, te comprendre. Tu le penses vraiment ? Cette pensée est-elle aussi valable pour toi ? Je vois bien dans ton regard, que ça cogite sec." Il reporta sa tasse jusqu'à ses lèvres et à son tour, il se mit à arborer une moustache, ce qui fit sourire la belle Américaine « -Quoi ? » dit-il à moitié amusé sans trop savoir pourquoi. La jeune demoiselle tendit sa main vers lui et retira à l'aide de son pouce, le trait chocolaté ayant élu domicile sur la lèvre supérieure de l'Irlandais. Ce contact lent et plein de douceur, inocula quelques décharges qui se traduisaient par des frissons auprès du jeune homme qui tenta de masquer ce trouble par l'ironie. « - Je bois avec autant d'aisance et de classe que vous très chère. » Il leva le petit doigt avant de reposer sa tasse sur la table.
« -Tu fais référence à toutes les fois où je me suis jeté sur la tasse fumante, en me délestant au préalable de la moindre précaution. Oui, oui, j'avoue que je ne faisais preuve d'aucune sagesse lorsqu'il était question de chocolat chaud à la cannelle. Tu étais la voix de la raison dans ces moments de perdition alimentaire. Je me souviens de la jeune demoiselle patiente, trop patiente lorsqu'il fallait attendre le goûter à la française et plus encore le chocolat chaud de ma mère. Moi, je ne prenais pas la peine d'attendre, ni de réfléchir, car dans ces moments, il me fallait tout dans l'immédiat. Mais je me souviens aussi, qu’hormis cela, les rôles s’inversaient et c’est à toi qu’il fallait tout, tout de suite, tandis que je redevenais l’être de raison. Par chez-moi l’on dit Hic et Nunc, à savoir « ici et maintenant », c’est une vraie philosophie de vie pour certains. Il n’y a pas à dire, on se complétait à merveille toi et moi ! Personne n’arrivait à comprendre, pas même nos pauvres mères » Leur complicité était telle qu’ils avaient inventé leur propre langage, leurs propres expressions et plus largement, leur propre monde. Il en était de même avec les bêtises que Tamara se plaisait à évoquer, avec cet air malicieux dans le regard.
« -Où nous puissions nos idées ?! » dit-il en se grattant le bout du menton faisant ainsi mine de réfléchir. « - Dans le manuel des 400 coups, un ouvrage disponible pour tous les aventuriers en culotte courte. Tu sais, nos mères se posaient beaucoup de questions et si tu veux mon avis, elles aussi ont vécu de sacrées aventures avec nous. Mais je confesse que celle de l’épée Charlemagne était, si je puis dire, « royale » Je savais que l’on n’aurait pas dû regarder cette stupide émission, tellement stupide que j’en ai oublié le nom. Je me rappelle que l’on a mis presque deux heures pour trouver un bout de bois décent. Ensuite, nous avons lancé une « mission immersion » dans la cuisine pour récupérer un couteau afin de tailler nos bâtons. Au final, nous nous sommes retrouvés avec un petit couteau de poche. Rajoute une heure de plus pour tailler des morceaux tellement fins que même les escrimeurs tendaient à être plus menaçants avec leur « épée ». De ce fait, le terme « cure dent » est bien adéquate. Tu avais surnommé la tienne « Aiguille » tellement la pointe était fine. Et nous guerroyions encore et encore en quête d'un royaume invisible que nous seuls pouvions entrevoir » Il sourit lorsqu'elle fit savoir avec fierté, qu'elle gagnait toujours « - Disons que je t'aidais un peu. C'était tellement drôle de te voir persuadé d'être la plus puissante de toute. Et puis je t'avais prêté allégeance, alors je ne pouvais gagner contre ma reine. Ma seule et unique reine" dit-il dans un murmure tout en remontant la manche gauche de son peignoir pour laisser apparaître la fleur de lys. "- Un soir, j'errais dans les rues, totalement perdu. Je venais d'être rapatrié d'Irak. Le retour à la vie civile était compliqué, ma blessure me faisait souffrir m'obligeant à absorber beaucoup de médoc pour espérer amoindrir la douleur. Donc ce soir-là, après avoir bu quelques verres, j'ai commencé à marcher dans les rues, le cœur lourd et le cerveau embrouillé par l'alcool. Je ne savais pas où aller, alors j'ai avancé tout droit. Puis j'ai entendu de la musique, c'était la berceuse que te chantait ta mère. À quelques pas, il y avait cette boutique de tatouage. C'était un signe. J'ai tout de suite pensé à toi et à la fleur de Lys. À chaque fois que je regarde ce tatouage, je repense à toutes mes erreurs et au mal que j'ai pu te faire, mais je pense aussi à tous ces moments de bonheur que nous avons partagé ensemble. Maintenant quand je regarde cette petite fleur de Lys, j'ose entrevoir de l'espoir. Tam, tu es ma lumière dans les ténèbres, ma seconde chance, mon étoile. Je sais qu'avec toi à mes côtés, je peux changer, redevenir bon, altruiste, empathique. Avec toi à mes côtés, je ne suis une menace pour personne. L'on pourrait montrer à toutes ces personnes qui pointent les demi-dieux du doigt, que nous ne sommes pas des monstres, qu'il n'y a pas lieu de nous traquer, de nous faire du mal et de nous décimer. Je sais ce que tu vas dire, il subsiste des exceptions, je te l'accorde, mais ces personnes sont une minorité. Dans nos camps, l'on nous apprend à nous battre, c'est un fait, mais l'on nous enseigne aussi de véritables valeurs humanistes. Ensemble, on pourrait faire changer les mentalités Tamara. Qu'en dis-tu ? Je ne veux pas te perdre, tu comprends ?! Je ne veux pas que cette organisation pour laquelle tu œuvre, face de nous des ennemis. Alors ?! »
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Jeu 17 Mar - 22:53
Ô Douces retrouvailles
Haytham & Tamara
Ou pas…
Les sujets tristes et épineux avaient été mis de côté, tout avait été dit ou presque, et les deux amis avaient décidé de ne se consacrer, pour ce soir au moins, au plaisir de leurs retrouvailles, et ce n’était pas pour déplaire au colonel Badass qui avait l’impression que ses rêves de jeune adolescente de onze ans ayant perdu celui qui comptait plus que tout se réalisaient enfin. Avec quasiment trente ans de retard, certes, mais ne dit-on pas « mieux vaut tard que jamais » ? Cette expression n’avait jamais, ô grand jamais été la favorite de l’agent de terrain dont, nous l’avons vu, l’impatience était un trait de caractère extrêmement prononcé, surtout lorsque quelque chose lui tenait à cœur. Son « Penseur » était là, à côté d’elle, il avait retrouvé son beau sourire, celui qui faisait déjà flancher le cœur de la petite Tam, vingt-sept années auparavant. Ce sourire-là, donc, était en train de raviver quelque chose, tel le souffle du vent sur des braises encore fumantes. Tamara ne se rendait encore compte de rien, du moins, elle ne s’écoutait pas assez pour réaliser que ses sentiments à l’égard de l’irlandais ne s’étaient jamais éteints, finalement. Et dire qu’Haytham avait changé en mieux était un euphémisme. Plus elle le regardait, plus Tamara le trouvait superbe. Des hommes beaux, elle en avait vus, mais celui qui se tenait en face d’elle avait quelque chose de particulier, quelque chose en plus. Voilà qu’il la complimentait, à présent. Elle sourit.
-C’est sûr que tu m’as connue avec moins d’atouts ! L’appareil dentaire, les boutons et les lunettes, on fait mieux à l’adolescence. Mais tu t’es jamais trop moqué, c’était gentil à toi, mon Penseur.
Enfant, Tamara avait une réelle admiration pour celui qu’elle ignorait être un demi-dieu, mais qu’elle considérait comme un dieu à part entière. Sans le lui avouer, bien sûr ! Il était une sorte de modèle à suivre, comme pour toutes les petites sœurs, me direz-vous ! Mais en grandissant, son regard changea peu à peu, sans que personne, outre son journal intime, n’ait connaissance des sentiments plus profonds que la demoiselle avait commencé à nourrir. Hay plaisanta sur le fait d’aimer se savoir inoubliable.
-Comment pourrais-je un jour t’oublier ? Je pense à toi chaque matin en passant devant le miroir, déclara-t-elle en se passant le bout de l’index sur la petite cicatrice qui lui fendait la lèvre supérieure sur le côté droit. Quant à la soupe, tu sais bien que la seule que j’aime ne contient qu’une seul légume, la carotte, et même ça, ça n’a pas réussi à me rendre aimable ! ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Bien entendu, elle lui avait remis un petit coup de coussin sur le côté, s’assurant qu’il ne renverse pas du chocolat sur son canapé blanc.
-N’empêche que tu t’en sors pas mal non plus. Si je ne connaissais pas ton âge, je te penserais plus jeune que moi. Ton ascendance divine y est-elle pour quelque chose ?
Puis, la déclaration poétique du demi-dieu suscita un petit débat.
-Y a que toi qui le sais, que tu es le fils de Mars, très cher. Tu t’en sers pas pour draguer j’espère ?
Elle prit une grosse voix pour tenter de l’imiter draguant une femme.
-« Bonjour, Haytham Cassidy, fils de Mars, dieu romain de la guerre, de ce fait, je peux démonter un boxeur russe d’un simple crochet du droit. On va boire un verre? Et après je t’enverrai non pas au septième ciel, mais directement sur l’Olympe ! » , le tout ponctué d’un sourire de frimeur dont tu as le secret ? termina-t-elle avec un sourire en coin amusé.
Puis, il avoua n’avoir plus trop fait preuve de sociabilité, mais que malgré tout, il avait quelques potes. Tam sourit, essayant d’imaginer ceux avec qui son précieux « Penseur » trainait, ceux qui, en quelques sortent, prenaient soin de lui à leur manière.
-Oui, avec plaisir. Il me tarde de découvrir ton univers. J’espère que tes potes auront du dossier à me raconter sur toi. J’ai loupé beaucoup de choses, j’ai beaucoup de retard à rattraper pour compléter les « laborieuses aventures d’Haytham Cassidy ». Tu te souviens que je voulais écrire ce livre suite à notre idée de faire de la luge dans les escaliers ?
Elle but à son tour une nouvelle gorgée de chocolat qui la ramena à la quiétude de son enfance par la simple saveur de ce nectar qui ressemblait, sans malheureusement l’égaler, à la savante préparation d’Eileen.
-Tu as toujours été très intelligent, Hay. Le fait que tu aies toujours été en pleine réflexion depuis ton plus jeune âge en est la preuve. Et même si je me plaisais à te répéter sans cesse « tu ne sais rien, Hay Cassidy » pour t’énerver et pour que tu lâches tes pensées pour venir jouer avec moi, la réalité est tout autre, et je l’ai toujours su.
Alors qu’elle l’avait joué « penseur » en lui disant qu’il n’était jamais trop tard pour changer ce qui devait l’être, Haytham, encore une fois, la perça à jour, remarquant qu’elle aussi était en plein doute. Tam posa sa tasse sur un coin de la table basse avant de se radosser, se tenant la tête, avec un petit sourire triste.
-Cesse donc de sonder mon esprit, le Penseur, soupira-t-elle. Mais oui, je le pense. Je songe de plus en plus à des changements radicaux… J’hésite en fait… Je ne sais pas si… si je peux.
Elle se mordit la lèvre inférieure, préférant rester évasive sur l’épineux sujet de son travail. Il fallait dire qu’en seulement quelques heures, l’avis et les convictions de l’agent Lond avaient été mis en branle, sapés depuis les fondements. Il était sans doute trop tôt pour lui faire part de ses doutes. Elle préféra reporter son attention sur le fait que, comme elle, il était désormais pourvu d’une petite moustache de chocolat qu’elle lui retira avec délicatesse, comme il l’avait fait pour elle au préalable.
-Que veux-tu, nous avons une classe naturelle qui nous vient de la Nouvelle Orléans.
La jeune femme eut un petit rire avant de l’écouter reconnaitre lui-même que depuis tout petit, lorsqu’il était question de chocolat chaud, surtout celui préparé par sa maman, le petit Haytham, d’ordinaire si sage et réfléchi, devenait méconnaissable, un véritable petit impatient qui bravait la chaleur de la tasse fumante pour y tremper les lèvres, trop pressé d’avoir le délicieux breuvage en bouche. Tam eut un sourire nostalgique en secouant la tête.
-A te voir sucer des glaçons pendant trois jours, ça m’a passé l’envie d’être pressée avec une tasse brûlante. C’est vrai que nous étions très complémentaires. C’est assez incroyable, quand on y réfléchit. Toujours sur la même longueur d’ondes. J’ai peine à me rappeler une seule dispute entre nous, alors que je me souviens de centaines de choses très amusantes que nous avons faites. Comme tu dis, on pourrait écrire un livre en plusieurs tomes sur l’enfance d’Haytham et Tamara, les deux aventuriers en herbe.
Elle éclata de rire à l’évocation du manuel des quatre-cents coups.
-Si un tel ouvrage existe, il y a fort à parier qu’il s’inspire directement de nous, et que l’on doive réclamer des droits d’auteur !
Tam regarda Hay avec une certaine nostalgie et à la fois l’excitation d’enfin se souvenir, grâce à lui, de la fameuse mission d’immersion dans la cuisine pour récupérer le fameux couteau destiné à tailler leurs futures épées.
-Ah mais oui ! C’est vrai ! Tu devais distraire ta mère pendant qu’à mon tour je faisais diversion auprès de la cuisinière, alors que délesté de l’attention d’Eileen, tu devais t’emparer du fameux couteau. Tu avais même dessiné un plan, c’était du génie ! N’empêche que mon « aiguille » était super pointue. Bon, c’était loin d’être la lourde épée de Charlemagne, mais ça restait quand même une arme dangereuse. Je suis étonnée, avec le recul, que tu m’aies laissée jouer avec ça. Mais c’est vrai que nous avions un royaume à conquérir. J’ai oublié, était-ce celui avec les dragons, ou bien celui avec les marcheurs blancs immortels ?
Elle lui sourit avec tendresse, sachant pertinemment qu’il l’avait toujours laissée gagner lors de leurs rudes combats en face à face.
-Tu étais si adorable avec moi, je crains d’avoir un peu trop abusé de ta gentillesse. J’étais une reine tyrannique, il bien le reconnaitre.
Tamara observa alors la petite fleur de lys tatouée sur le poignet du demi-dieu, tout en écoutant l’histoire relative à ce tatouage. A cette époque, visiblement, le fils de Mars allait mal, il souffrait autant physiquement que mentalement. La petite brune lui prit doucement la main et déposa un baiser à l’emplacement du symbole de la monarchie française, avant de garder cette main précieusement entre les siennes, tout en étant attentive à toute l’histoire. Lui aussi avait pensé à elle durant toute sa vie, et lui aussi avait désormais une petite marque indélébile qui lui rappelait sa « Penseuse » nouvellement ainsi nommée. La petite brune écoutait l’irlandais, émue et touchée par ses paroles. D’après lui, elle représentait à présent sa seconde chance pour devenir meilleur. Et le fait d’entendre ses paroles lui fit réaliser qu’il en était de même pour elle, du moins, c’était ce qu’elle voulait désormais. Elle aussi avait envie de changer, du plus profond de son être. Cette personne emplie de colère et froide qu’elle était devenue, ce n’était pas la Tamara Lond qu’elle voulait être. Celle qu’elle voulait vraiment être, c’était la Tam qui riait de bon cœur avec son ami de toujours, qui n’avait pas peur de montrer ses émotions ni de s’attacher à quelqu’un, et surtout à Lui.
Alors que le fils de Mars lui proposa de faire équipe, en quelque sorte, pour prouver, sinon au monde, au moins à ceux qui doutaient, que les demi-dieux n’étaient pas une menace, l’agent de terrain sentit l’émotion la gagner, ou plutôt l’envahir. Ce fut le coup de grâce lorsqu’Haytham déclara ne pas vouloir la perdre, surtout pas à cause du Département. Tamara revit alors par bribes cette fameuse nuit qui la hantait sans arrêt depuis tout ce temps, elle revit le regard apeuré de cette petite fille qu’elle avait tuée. Elle éclata en sanglots.
-Je… je sais pas…si c’est encore possible. Je ne pourrai… jamais… jamais me racheter pour ce que j’ai fait. Oh mon dieu, comment j’ai pu accepter ça ?! Haytham, je suis perdue, je ne sais pas quoi faire…
Elle était bouleversée, incapable de retenir ses larmes qu’elle avait retenues depuis si longtemps. Les images revenaient en flash dans sa tête et la heurtaient de plein fouet en même temps que son sentiment de culpabilité qui refaisait surface.
-Comment pourras-tu ne pas me détester alors que moi-même je me méprise ? Je n’en dors même plus, tellement ça m’obsède. Je mérite complètement ce qui m’arrive, et je mériterais même que tu m’abandonnes à nouveau une fois que ma mère sera soignée…
Madame Lond. Tam ne perdait jamais de vue le but ultime de sa vie : ramener sa maman parmi eux. Et si désormais, elle souhaitait plus que tout qu’Haytham fasse à nouveau partie de sa vie, elle savait qu’elle n’avait aucun droit d’exiger de lui qu’il accepte, après ce qu’elle avait fait aux siens. Certes, aveuglée par sa colère, son jugement était altéré et elle pensait faire ce qui était juste, mais cela n’excusait certainement pas tout, et elle en prenait enfin pleinement conscience. Et ce constat était amer, difficile à digérer. Oui, elle s’était trompée toute sa vie durant. C’était extrêmement difficile à admettre, mais c’était le cas. Les faits étaient là, et Haytham corroborait tout. Elle le sentait, il avait raison, il disait vrai, il parlait juste. Bref, comme cela avait toujours été le cas, le bel irlandais était la voix de la raison, et la petite impatiente s’était fourvoyée en ne cherchant pas plus loin que le bout de son nez. A présent, il fallait corriger le tir.
-Je ne veux pas être ton ennemie, Hay, dit-elle d’une toute petite voix entre deux sanglots. C’est la dernière chose au monde que je souhaite, désormais.
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MarHayTam
Les regrets nous suivent partout tel le boulet que l'on enchaîne à la cheville d'un prisonnier. On a beau faire des efforts pour y remédier, rien n'y fait. Ce boulet n'a de cesse de nous entraîner vers les abysses et quand on en prend la pleine mesure, c'est déjà trop tard, alors on ferme les yeux, on se dit que ça va passer et on vit avec. Dans la vie, il y a aussi des souvenirs. D'une part ceux que l'on veut faire perdurer parce qu'ils sont bons, parce qu'ils sont inhérents à de belles années, à une belle époque tout aussi fastueuse en matière de bonheur que la période. Ainsi, on se démène pour en conserver la moindre parcelle. Cela peut être assimilé à une odeur, une couleur, parfois juste, un son qui tel une madeleine de Proust, nous renvoient en terres non-hostiles parsemées d'une légère nostalgie. Mais c'est difficile de conserver un bon souvenir, car comme les paradis artificiels, la sensation d'euphorie ne dure jamais. À l'inverse, on fait tout pour oublier un mauvais souvenir, mais telle une tâche, il s’incruste et lorsqu'il est bien incruster, on sait qu'on va devoir porter ça tel un fardeau pendant un bon nombre d'années. Haytham mieux que quiconque, connaissait ce sentiment qu’il entretenait avec quelques objets qu’il conservait jalousement dans un carton chez lui. Des objets qui avaient tous leur signification au détriment d’une utilité modeste. Il suffisait à l’Irlandais de fermer les yeux pour parvenir à sentir un vent d’Irlande lui frapper les joues et la pluie froide lui martelait le visage. Une pluie qui perdurait dans la vie du demi-dieu, du moins jusqu’à présent.
********************** New-York. ~Peu après le retour d’Irak~ Deuxième séance chez la psy
« - De quoi vous souvenez vous ? » demanda sur un ton neutre la thérapeute qui n’avait de cesse de prendre des notes. Haytham, inconfortablement, assit sur la banquette rouge, regardant le cadran de sa montre avant de pousser un soupir sans fin. « -Je n’ai pas envie d’en parler et puis il reste à peine dix minutes, alors à quoi bon ? » « - Justement c’est une raison pour en parler monsieur Cassidy et puis-je vous rappeler que je suis encore dans l’obligation de rédiger un rapport qu’il me faudra remettre à vos supérieurs. » « -Je n’appartiens plus à l’armée américaine à ce que je sache. Ils m’ont collé en invalidité. » « -C’est temporaire. » « -Oui c’est sûr six mois sans activité c’est très temporaire. Écoutez, je bois, mais pas suffisamment pour que ça pose un problème. Blâmez-moi sur autre chose. Vous voulez que je dise quoi ? Que l’Irak était pénible ? Oui, ça l’était. Que je revois encore leurs visages ? Oui, je les revois presque chaque nuit en fermant les yeux. Tout ça, je vous l’ai déjà dit, vous ne faites que me faire répéter sans cesse et nous n’avançons pas. » La spécialiste posa son carnet et son crayon sur l'imposant bureau qui se trouvait près de son siège. Elle observa avec attention son patient. Il fallait creuser, car l'homme qui se trouvait allongé sur le divan était habité par d'autres fantômes que ceux résultant de sa période irakienne. « -Parlez-moi de votre enfance, de cette époque où vous vivez à la Nouvelle Orléans » « -On n'en a déjà parler doc ! » « -Pas assez en profondeur Haytham. Parlez-moi de votre vie là-bas, de cette famille qui vous a accueilli vous et votre mère. » Le demi-dieu resta silencieux durant de longues secondes. N'en pouvant plus de cette position grotesque, il se redressa pour finir assit. Il observa la thérapeute qui venait de reprendre son bloc note. L'Irlandais regarda ses mains et ses pieds, comme un enfant qui refuse d'avouer une bêtise. Puis sans trop savoir pourquoi, le jeune homme prit sur lui et commença à raconter son histoire. « -Cette famille était plutôt aisée et ils cherchaient une personne pour s’occuper de leur fille, Tamara. Ma mère s’est présentée et a eu le poste. Nous nous sommes installés là-bas. C’était une grande maison, tellement que l'on pouvait aisément s’y perdre encore plus quand on est un enfant. Ma mère et Madame Lond sont devenues de véritables amies, aussi proches que des sœurs. Quant à moi, j’ai grandi avec Tamara et nous sommes nous-même devenu des inséparables avides de bêtises et de grandes aventures. Nous avons passé presque onze années ensemble. Quand ma mère est…décédée, j’ai dû partir auprès de la famille de mon père en quelque sorte. » Le jeune homme marqua un temps d’arrêt, les images de ce monstre venu pour le tuer, n’avaient de cesse de le hanter. À l’époque, il n’était qu’un frêle jeune garçon, résolument incapable de se défendre contre une telle créature. Ainsi, il était promis à une mort certaine, mais c’était sans compter sur sa mère qui accomplit un ultime geste de courage pour que la vie de son fils soit épargnée. La jeune femme avait aussi sauvé son amie et sa fille. « -Parfois je me sens responsable, je me dis que c’est moi qui aurait du passé l’arme à gauche, qu’elle ne méritait pas de partir ainsi. » « -Peut-être que votre colère est inhérente à cet épisode de votre vie. » « -Je ne sais pas. » « -Avez-vous repris contact avec votre amie d’enfance ? » « -Non, je n’en ai pas eu le courage. J’ignore ce qu’elle est devenue et où elle se trouve, mais je pense souvent à elle malgré tout. J’y pensais encore plus au Camp. « -Au camp ? » « -Enfin, je veux dire là où je vivais. J’ai passé une décennie entière là-bas. Mon père est…un militaire et à ce titre, j’ai suivi, si l’on puis dire, le même cursus. On a la guerre dans le sang » Le son d’un réveil se fit entendre, indiquant ainsi aux deux protagonistes, la fin de la séance. La thérapeute referma son calepin et se leva, Haytham en fit de même « -Bien ! Ce fut une séance fructueuse. Vous serez d’ici quelque jour, ce qu’il en est de votre dossier » « -Je ne me fais pas trop d’espoir docteur » Il serra la main de la spécialiste et tourna les talons. En effet, il n’espérait plus rien, il savait qu’il serait révoqué en raison de son comportement. Alourdis par son impulsivité et hantait par un nombre conséquent de fantôme, Haytham s'embourbait. Il quitta le bureau avec un sentiment d'inachevé. Il ne s'offusqua pas de recevoir une réponse négative. La pluie pénétra donc sa vie durant quelques années, jusqu'à ce qu'une éclaircie change cet état de fait, une éclaircie répondant au doux nom de Tamara.
********************* L'Irlandais venait de se livrer, jamais encore, il n'avait parlé autant à quelqu'un et jamais encore, il ne s'était montré aussi « humain ». Son regard légèrement chancelant au vu de tout ce qu'il venait de dire, trouva cependant la force de s'ancrer dans celui de Tamara. Mais cette dernière chancelait d'avantage et avant que son ami ne lui demande ce qui lui causait autant de peine, la jeune femme éclata en sanglots. Aussitôt, le demi-dieu s'approcha d'elle pour l'enlacer et tentait, comme lorsqu'ils étaient enfants, d'amoindrir sa peine. « -Chut, calme-toi ! Respire. Chut » dit-il d'une voix douce en lui caressant le dos. « -Je suis là, chut. » Il se mit ensuite à la bercer délicatement se surprenant lui-même de faire preuve d'autan de douceur. « -On fait tous des erreurs et je serais bien hypocrite, de te jeter la pierre. Tam, je ne peux et je ne vais te laisser dire autant de conneries en une réplique. Jamais je ne pourrais te haïr, et même si j'essayais, je n'y arriverais pas. Je t'en ai voulu, c'est vrai, mais je sais que tu n'es pas capable de faire du mal délibérément. Et puis tout ça s'est de ma faute. J'aurai du mieux te protéger, j'aurai dû rester avec toi, parce que tu es la personne la plus importante dans ma vie, celle qui compte le plus. Tu ne mérites pas tout ça et je n'ai pas l'intention de t'abandonner encore une fois et ce même lorsqu'on aura sauvé ta mère. » Il continua donc à la bercer avec douceur tout en lui prodiguant de douces paroles murmuraient au creux de son oreille, puis il lui offrit toute son attention lorsqu'elle se redressa pour lui faire savoir qu'elle ne voulait pas être son ennemie. Il lui sourit tristement, chassa du revers de son pouce, les quelques larmes qui coulaient encore le long de sa joue. « -Tu ne seras jamais mon ennemi Tam, tout comme je ne serais jamais le tien. Bon, je serais tenté de me lever et mettre les voiles en prétextant qu'il est tard, mais je pense qu'il est plus judicieux que je reste avec toi cette nuit. Je vais nous resservir du chocolat ok ? Ensuite, on fait tout ce que tu veux sauf pleurer et s'accabler de culpabilité. »
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mer 6 Avr - 23:34
Ô Douces retrouvailles
Haytham & Tamara
Ou pas…
C’était incroyable, la situation avait réellement changé du tout au tout. Entre ce début de retrouvailles qui avait été placé sous le signe des représailles et de la rancœur du côté de Tam, désormais elle n’espérait qu’une chose, que ce soit Haytham qui lui pardonne ses exactions. Parce que clairement, si lui l’avait quittée sans se retourner vingt-sept longues années auparavant, sans jamais plus donner signe de vie, elle, par contre, avait commis l’irréparable sur les siens. Des regrets ? Ça oui, elle en avait. Ils venaient d’ailleurs de la submerger tout entière, lui faisant verser des larmes qu’elle s’était longtemps interdit de laisser couler . Mais comme réapparu d’un lointain souvenir, Hay était là, protecteur et compréhensif. D’un revers du pouce, il essuya les petites perles d’eau salée qui dévalaient les joues de son amie d’enfance, et comme il l’avait toujours fait lorsqu’ils étaient tous les deux, il tâchait de la rassurer, la serrant contre lui, lui murmurant à l’oreille, et même la berçant tranquillement. Et comme par magie, le cœur de Tam était soudain plus léger. Elle qui n’arrivait pas à se pardonner, il semblait que le demi-dieu soit d’accord de le faire pour elle. Toujours dans ses bras, la petite brune reprit son souffle, prenant une grande inspiration, sur conseil de son « Penseur », ce qui lui fit le plus grand bien. La force du regard de l’irlandais lui redonna contenance, et elle trouva la force de répondre à son sourire. Il était là, et ne comptait pas s’en aller, il ne l’abandonnerait plus, c’était tout ce qui comptait.
-Tu me le promets ? demanda-t-elle d’une toute petite voix.
Ils regagnèrent le canapé et le fils de Mars proposa d’aller réapprovisionner les tasses en chocolat chaud, ce qui était une bonne idée. Après tout, un peu de chocolat, ça remonte toujours le moral, pas vrai ? L’agent de terrain hocha la tête avec un petit sourire, laissant son bel irlandais s’acquitter de cette tâche en se rendant à la cuisine. Tamara en profita pour s’étendre sur le canapé, regardant à son tour le plafond. Elle inspira profondément, fermant les yeux quelques secondes.
D’abord, l’obscurité. Puis, des lumières. Par flashs. Des flashs qui fendaient la noirceur de cette ambiance en apparence tranquille. Puis des sons, d’abord sourds, puis plus appuyés, plus nets, s’associant à ces éclairs. Des bruits de détonations. Le cœur de Tam cognait si fort et si vite dans sa poitrine qu’elle n’aurait pas été étonnée de le voir surgir devant ses yeux. Elle ne voyait rien, dans toute cette pénombre, que ces petits éclairs de lumière accompagnés des pétarades des coups de feu qui partaient. Et soudain, elle la vit. Cette petite fille blonde apeurée qui la fixait de ses grands yeux bleus emplis de larmes. L’agent Lond entendit alors quelqu’un arriver derrière elle, quelqu’un de son unité. Elle n’avait plus le choix. Malgré les supplications de la fillette, le bruit du coup de feu retentit.
Tam se réveilla en sursaut, hurlant littéralement, les yeux grands ouverts, le souffle court. Elle avait fait l’erreur de s’assoupir. Hay était là, au-dessus d’elle. Si après ça il ne la prenait pas pour une cinglée… La jeune femme se redressa, passant une main dans ses cheveux, ce qui fit tomber la serviette qui les lui tenait auparavant.
-Pardon, je… j’ai fermé les yeux quelques secondes… Je crois… balbutia-t-elle en regardant un peu partout sauf en direction de l’irlandais.
Elle se rassit au bord du canapé, lissant machinalement les pans de son peignoir. A la vérité, elle n’en menait pas large, et il était inutile d’avoir fait de grandes études de psychologie pour le remarquer. Les battements de son cœur peinaient à retrouver un rythme normal. Elle souffla en fixant un coin de la table basse des yeux. Il fallait que cela s’arrête, absolument, à tout prix. Tamara ne pouvait plus vivre ainsi.
-Finalement, je vais prendre encore un petit café, lança-t-elle en se levant. Tu en voudras aussi ?
Elle en avait préparé une cafetière pleine en rentrant, autant en profiter. Le positivisme dont avait fait preuve Haytham un peu plus tôt était encourageant, et Tam ne voulait pas l’en délester, alors elle tenta d’afficher un petit sourire avant d’aller récupérer la cafetière. Une fois revenue avec deux nouvelles tasses, elle en remplit une qu’elle ne tarda pas à porter à ses lèvres. Quelle heure pouvait-il bien être ? L’irlandais l’avait dit, il se faisait tard. Un coup d’œil à sa montre la renseigna : 23h. Encore de longues heures avant le lever du soleil, des heures pendant lesquelles il était hors de question de fermer l’œil, au risque de revivre ces cauchemars. Elle regarda son « Penseur » avec un sourire en coin.
-Tout ce que je veux ? Vraiment ? T’as peur de rien toi…
Elle fit mine de réfléchir un instant.
-Tu veux regarder un film ? J’ai quelques DVDs pas trop mal. Ou si tu as une autre idée, n’hésite pas. J’avoue que je n’ai pas trop l’habitude de recevoir…
Ce qui était vrai. Rares étaient les personnes à avoir pénétré l’appartement de Tamara Lond. Son père, peu après son emménagement, lui avait rendu visite. Bien sûr, les déménageurs, le jour de son arrivée quelques années auparavant. Et… c’est tout ! Haytham pouvait se targuer d’être le second être cher à la petite brune à être venu chez elle. Elle qui était d’ordinaire si méfiante, le demi-dieu avait sur lui faire accorder sa confiance à nouveau. Et c’était un exploit, ce n’était pas peur dire. C’était à présent comme s’il s’étaient quittés la veille, comme si ces vingt-sept années de séparation ne s’étaient résumées qu’à vingt-quatre petites heures, comme si rien n’avait jamais changé. Et force était de constater que c’était agréable. Vraiment. L’agent de terrain redécouvrait ce que c’était que d’avoir cette personne proche qui comptait tant, qu’elle aimait tant, pour qui elle était prête à beaucoup, voire même à tout.
En buvant une seconde gorgée de café, elle plongea son regard dans celui de l’irlandais. Un simple coup d’œil à celui qui lui avait fait passer les plus belles années de sa vie, et elle était de nouveau totalement apaisée.
-Hay… Je te remercie. Merci d’être là, de rester. De bien vouloir me pardonner, aussi.
Ses remerciements étaient des plus sincères. D’ailleurs, pour les appuyer, elle avait posé sa main sur celle du demi-dieu, sans vraiment s’en rendre compte. Un contact anodin mais qui, elle s’en rendait compte petit à petit, traduisait le changement qui était en train d’opérer en elle. Jamais, ces dernières années, elle n’avait eu de geste aussi affectueux, sauf avec sa mère, bien entendu. Personne n’avait jamais eu droit à autant d’attention, autant de regards. Tout était vraiment comme lorsqu’ils avaient onze et seize ans. Sauf qu’à présent ils en avaient trente-huit et quarante-trois.
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Ven 8 Avr - 18:41
O douces retrouvailles
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
MarHayTam
Le calme après la tempête ! C’est comme ça qu’il fallait procéder avec Tamara et malgré les années écoulaient, le principe restait le même. Une chance, car sorti de ses habitudes, Haytham se retrouvait dans une position disons-le inconfortable. Il n’aimait pas la nouveauté, ou ne la tolérait que trop peu. Lui était et continuait à être un adepte du contrôle sans pour autant frôler la maniaquerie, pour cause, il suffisait d’observer son appartement pour comprendre au vu du désordre, que sa maniaquerie avait des limites. Mais ce soir, là à cet instant précis, n’était-il pas enclin à la nouveauté ? Cet instant, cette proximité nouvelle avec Tamara, tout cet entrelacs d’émotion somme toute nouvelle ne sont-ils pas sujets à la problématique pour une personne qui se défend d’exécrer la nouveauté ? Certes, il y a tout un tas de paramètres à prendre en considération et plus encore le fait que la personne qui se trouve aux côtés de l'Irlandais n’est pas une étrangère…
Tamara Lond, la fille modèle, parfaite, à la fois belle et intelligente, emplie de fêlures, tout en étant pourvue d’une force incroyable. Un être que l'on peut aisément qualifier « d'exceptionnel » pour le commun des mortels et qui l'est encore plus aux yeux d'Haytham qui ne peut s'empêcher de la regarder. Elle le sortait de son confort habituel, le menant aux confins de ce qu'il pouvait, normalement toléré. La logique aurait voulu qu'il mette une distance entre lui et elle, qu'il fasse comme avec les autres femmes, car oui, Tamara n'était plus une petite fille. Mais plus rien ne semblait logique lorsque le prénom de Tamara paraissait dans la conversation ou dans les pensées. Et ça n'est pas le décolleté du peignoir qui arrangea les affaires du demi-dieu, qui légèrement gêné, dévia son regard et fit mine de se masser la nuque tout en écoutant la jolie brune qui lui sourit en retour et lui demanda d'une toute petite voix s'il était prêt à lui promettre de ne pas l'abandonner. Remis de son trouble, le Penseur lui prit la main et posa un regard sincère et affectueux sur la charmante demoiselle avant d'ajouter : « -Je te promets, moi Haytham Cassidy, demi-dieu, fils de Mars, Capitaine Beau-gosse et bouffeur de Pez invétéré, que jamais plus je n'abandonnerais Tamara Lond, belle humaine, Colonel Badass et fabricante officielle de cure dent. Voilà ! Comme tu l'auras remarqué, je ne suis pas très doué pour les serments, mais tu l’auras compris, je te promets de ne pas partir en courant cette fois. » Il déposa une main bienveillante sur sa joue contre laquelle il déposa ses lèvres pour sceller cette promesse puis il se leva lentement pour rejoindre la cuisine et par extension, préparer deux tasses de chocolat chaud.
Arrivé dans la cuisine, il se permit une petite pause avant de remplir les deux tasses de chocolat. Il souffla longuement, tout en se prenant la tête. Comment avait-il pu en arriver là, lui qui quelques heures auparavant affrontées un champion russe dans une cage de fer. Lui qui menait sa vie sans grande exaltation, sans sentiment, ou du moins sans passion... D'avoir enclin à l'incompréhension suite à l'attitude de Tamara qui ne l'avait pas ménagé et à juste titre. La confrontation verbale et physique avait rythmé une bonne partie de la soirée, avait laissé place à l'aveu, celui d'une culpabilité trop longtemps placé sous silence. Puis enfin les retrouvailles tant attendues, celles que l'on espère mais que l'on ose envisager au vu du trop-plein de rancune. Une fois encore et sans l'avoir provoqué, madame Lond, au fond de son lit d'hôpital, avait permis aux deux amis de se retrouver "presque" comme avant.
Car oui ne soyons pas natifs, 28 années venaient de s'écouler et même si de prime abord tout rentrait dans l'ordre, Hay et Tam n'en demeuraient pas moins des étrangers qui devaient à présent s'apprivoiser à nouveau. Cette pensée ébranla le demi-dieu à tel point qu'il manqua de peu de faire tomber au sol l'une des tasses. Tamara ne pouvait subir l'affront de découvrir l'homme qu'il était devenu. Un homme pour qui la vertu semblait être une grosse blague. Un homme qui se servait, en toute impunité de ses pouvoirs pour gagner de l'argent. Une récompense bien vite dépensée dans l'achat d'un appartement, des quelques meubles qui vont avec. Le fils de Mars était aussi un grand amateur d'alcool surtout lorsqu'il est ambré et mit en bouteille sous l'appellation « pur malt ». Autant dire que l'argent gagné ne servait aucune bonne cause et que cet Haytham là n'aspirait aucuns idéaux contrairement à l'ancienne version de lui-même. Assaillit par la culpabilité, il se remémora toutes les mauvaises actions accomplies ces vingt-huit dernières années. Constat accablant d'un être qui a fait de l'échec son credo, la fuite en avant semble être la meilleure des alternatives. Tamara mérite tellement mieux qu'un demi-dieu incapable de s'armer de fierté, un être qui a tourné le dos aux siens juste à cause d'un père absent. Comment peut-on être fier ainsi ? L'irlandais croisa son regard dans la fenêtre qu'il lui faisait face. Une furieuse envie de fuite prenait vie dans ses pensées, mais quelque chose l'empêchait de mettre sur pied cette lâche sortie.
**********
« -Parlons-donc d'un sujet qui vous tiens à cœur Haytham ! » Le jeune homme, avait quitté le fauteuil de la psy pour venir se placer sur le rebord de la fenêtre et observer le monde extérieur. Blasé par toutes les séances qu'on lui imposait, il n'avait de cesse de soupirer, de se lever pour toucher tous les objets à sa portée. Il lui arrivait même de dessiner quelques fois. Aujourd'hui il n'échappait pas à la règle et avait ainsi trouvé domicile sur le rebord de la fenêtre.
« -La dernière fois qu'on s'est vu, c'était notre dernière séance. »
« -Oui effectivement ! »
« -Le soleil est à son zénith, il fait beau, il fait chaud, je devrais être dehors à savourer cette douce accalmie, MAIS puisque qu'il est évident que la suite de ma phrase dépendra de cette foutue conjonction de coordination à la con, je suis ici, dans votre bureau à vous entendre me poser des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. »
« -Vous fuyez, comme toujours ! »
« -Quoi ? N'importe quoi, vous travaillez du chapeau. » dit-il avec virulence en quittant le rebord de sa fenêtre pour venir se mettre devant le bureau de la spécialiste. « -Vous avez fuis votre Irlande natale avec votre mère ... »
« -...je n'ai pas eu le choix. »
« -Puis vous avez fuis la Nouvelle-Orléans... »
« -Arrêtez ça tout de suite. » « -Il est évident que toute votre colère se cristallise autour de cette période. Ce qui vous ait arrivé en Irak s'apparente à des dégâts collatéraux. Le vrai problème se situe à cette époque. Haytham si j'ai demandé une autre séance, c'est parce que je pense que vous en avez besoin. »
« -Besoin de quoi ? De vous dire que ma vie est pathétique ? Que j'ai fait les mauvais choix et que je n'ai de cesse de le regretter. J'aimais Tamara, c'était bien plus que de l'amitié. Nul doute que si j'avais fait preuve d'un peu plus de courage, les choses seraient différentes aujourd'hui, mais c'est ainsi. Le passé appartient au passé et jamais plus je ne veux évoquer cette histoire. »
« -Il ne faut pas être fataliste Mr Cassidy. Et quand vous la retrouverez, n'oubliez pas vos paroles et ne fuyez pas cette fois. Aussi puissant soient-ils, les dieux sont miséricordieux. »
« -Qu'avez-vous dis ? »
« -Notre séance est terminée Mr Cassidy. »
********* La sonnerie du micro-ondes sortit Haytham de ses pensées. Une fois encore, le demi-dieu vit son reflet dans la vitre. « -J'aimais Tamara, c'était bien plus que de l'amitié. Nul doute que si j'avais fait preuve d'un peu plus de courage, les choses seraient différentes aujourd'hui... » Ses paroles résonnaient encore dans sa tête. Il venait de comprendre, après une longue mise en abîme introspective, pourquoi il ne pouvait à nouveau tourner les talons et s'en aller. Sans plus attendre et parce que le fils de Mars n'est pas du genre à trop cogiter sur un sujet aussi épineux, le jeune homme récupéra les tasses dans les micro-ondes et retourna au salon. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant Tamara allongée sur le canapé, les paupières closes. Haytham posa, avec précaution, les deux petites tasses fumantes sur la table basse. Il s'assit auprès de son amie, prit le temps de bien la regarder. Une fois encore il ne pouvait que louer cette indomptable beauté et une fois encore ses yeux retombèrent sur un décolleté naissant. Décidément ! « Reprends-toi. Ça n'est pas comme si tu découvrais une poitrine pour la première fois merde ! » se dit-il intérieurement. Ne supportant plus cette gênante proximité, l'Irlandais se redressa une fois encore et s'approcha de la fenêtre pour y observer le paysage extérieur. Une méditation qui fut de courte durée, car Tamara venait de se réveiller en sursaut en pensant un hurlement qui fit presque sursauter le demi-dieu. Aussitôt, il se précipita sur elle oubliant bien vite son trouble naissant.
« - Hey beauté, qu'est-ce qui s'est passé » dit-il en lui prenant délicatement le visage tandis qu'elle fuyait son regard. La jeune femme reprit contenance et se rassit sur le canapé, prenant soin au passage de remettre son peignoir en place. Les sens du demi-dieu étaient en alerte et il sentait à présent le cœur de son amie battre si vite qu'il s'en inquiéta aussitôt. « - Je doute que le café aide à exorciser tes démons. Tu peux me croire, j'ai essayé. » Tamara tenta un léger sourire avant de s'en aller récupérer deux tasses propres pour y verser du café. Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour revenir et pour boire une gorgée de ce doux nectar. Hay laissa le sien de côté et continua à « lorgner » à observer Tamara qui essayait tant bien que mal de ne rien laisser paraître. « - Tam, je sais ce que tu essayes de faire. Et ne prends pas cet air étonné, ça ne marche pas avec moi. On devrait être sincère l'un envers l'autre non ? Tiens par exemple, je crois que tu devrais fermer ton peignoir parce que je lorgne ton décolleté depuis tout à l'heure. Et toi que peux-tu me dire pour que nous soyons quitte ? »
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Dim 10 Avr - 1:55
Ô Douces retrouvailles
Haytham & Tamara
Ou pas…
Un serment avait été formulé. Comme tout serment qui se respecte, il était inviolable. D’autant que les termes étaient très clairs. Comme à son ancienne habitude qu’il ne reprenait que trop bien, Haytham parvenait à faire sourire Tamara. N’empêche que cette promesse scellée avec un baiser sur la joue avait rassuré la jeune femme. Son « Penseur » ne la quitterait plus, plus jamais elle ne resterait sans nouvelles de lui, plus jamais il ne partirait en courant sans se retourner, l’abandonnant à son sort, sans qu’elle ne sache ce qui adviendrait d’elle.
Ceci fait, le demi-dieu exécuta ce qu’il avait dit qu’il ferait, à savoir réapprovisionner les tasses de chocolat chaud à la cannelle, et pendant ce temps, l’agent de terrain s’était assoupie . Grossière erreur, surtout après tout ce chamboulement d’émotions qui avaient déferlé au cours de cette journée au caractère bien peu ordinaire. Résultat, un nouveau cauchemar terrifiant retraçant les événements de cette nuit sombre et pleine de terreurs, qui la hanterait encore longtemps, comme les fois précédentes.
Haytham avait pris son visage avec délicatesse, essayant de comprendre ce qui avait bien pu se passer pour que son amie d’enfance soit soudain dans un tel état, et Tam, ayant toujours ses vieux réflexes à peine réveillée, le repoussa en se redressant pour s’asseoir au bord du canapé. Son cœur battait la chamade et elle inspirait aussi lentement et profondément que possible pour tenter d’en ralentir le rythme. Elle avait ensuite pris la décision d’aller s’abreuver de café. Le demi-dieu sembla ne pas approuver la méthode, mais la demoiselle n’en avait que faire, c’était ainsi qu’elle gérait depuis plusieurs mois, et elle n’avait pour le moment trouvé aucune autre solution. Lorsque le manque de sommeil serait assez fort, elle plongerait dans une sorte de mini coma qui au moins lui éviterait de rêver.
-C’est gentil de t’en soucier. Je préfère me mettre au café qu’au whisky, ne m’en veux pas…
Elle ne tarda pas à revenir avec les « munitions », à savoir deux tasses et la cafetière encore fumante. Après la première gorgée, les autres suivirent sans attendre, tandis que le fils de Mars prouva, une fois encore, qu’il lisait en elle comme dans un livre.
-Ce que j’essaie de faire ? demanda-t-elle avec un petit rire forcé.
Mais rien à faire, il voyait clair dans son jeu, ce moment, ce bref instant de sommeil qui lui avait rappelé qu’elle avait commis une atrocité sans nom, comme pour lui renvoyer en pleine figure qu’elle n’avait aucun droit de se réjouir d’avoir retrouvé son ami alors qu’elle lui avait pris des membres des «siens » comme il l’avait si bien dit précédemment. Et une enfant dans le lot, qui plus est. Elle poussa un petit soupir.
-Tes pouvoirs n’incluent pas de lire dans les pensées, pas vrai ?
L’irlandais avait raison. Lorsqu’ils étaient enfants, ils ne se cachaient rien, ils étaient toujours sincères l’un envers l’autre. Enfin… Tam avait réussi à lui cacher ses sentiments, du moins l’évolution de ceux-ci. Elle s’était d’ailleurs promis, à l’époque, de les lui avouer le jour de ses douze ans, à savoir à la fin des vacances d’été, peu avant la rentrée des classes, le 5 septembre. Seulement, trois semaines avant cet heureux jour, un 15 aout, le tragique événement du sacrifice d’Eileen Cassidy scella le sort des deux jeunes gens.
«13/08/1989 Cher journal, Dans trois semaines, ce sera mon anniversaire. J’ai décidé de dire la vérité à Haytham. Continuer à vivre avec lui en lui cachant mes sentiments est une véritable torture, j’ai l’impression de lui mentir sans cesse. Il ne me connait que trop bien, comment peut-il ne rien voir ? Il est si intelligent, peut-être a-t-il déjà deviné... Ou peut-être qu’il ne sait rien. Mais dans tous les cas, j’ai besoin de libérer mon cœur, écrire ici ne me suffit plus. Il faut qu’il le sache. Je rêve que ses sentiments soient réciproques, mais je me fais surement des films. Au moins, ce sera dit. Mais si par bonheur il m’aime aussi, je crois que j’aurai alors le plus bel anniversaire du monde, car mon plus beau cadeau serait de l’entendre me dire « je t’aime aussi » […] »
Tam se contenta d’hocher la tête. Oui, être sincère était une bonne chose. Puis il lui annonça qu’elle devrait fermer son peignoir parce qu’il lorgnait sur son décolleté. La petite brune pencha la tête en avant pour voir l’étendue des « dégâts », ayant eu peur, une seconde durant, que le vêtement ne se soit totalement ouvert sans qu’elle ne s’en rende compte. Non pas que c’eut été dramatique, mais elle détestait que les choses échappent à son contrôle. Voyant que les pans de peignoir s’étaient un peu écartés, ne montrant cependant rien de compromettant, elle releva la tête vers lui avec un sourire en coin, à la fois étonnée et amusée, pendant qu’elle le réajustait.
-Tu m’as fait peur, idiot, dit-elle en secouant la tête. Ça va, c’est pas si grave. J’imagine que tu en as vu d’autres…
Il voulait à présent qu’elle lui dise quelque chose pour être quittes. Tam le regarda, cherchant que répondre à ça.
-Euh… je ne sais pas trop. Je dois dire sur quoi j’ai lorgné depuis que je t’ai vu cet après-midi ?
Elle délesta sa tasse de café de nouvelles petites gorgées, ce qui la vida complètement. Elle se pencha pour la reposer sur la table basse avant de se tourner vers lui.
-Qu’est-ce que je peux bien te dire… Quand on était gamins, je tenais un journal intime, et dedans je crois que je ne parlais que de toi. Quand j’ai eu dix ans, je me suis aperçue que j’étais complètement dingue de toi, et j’ai jamais eu la force de te le dire. Je t’admirais tellement… Cet été-là, je m’étais fait la promesse de te l’avouer le jour de mes 12 ans, parce que c’était un secret plus lourd à porter, et au moins j’aurais été fixée… Finalement ce monstre m’a épargné le râteau du siècle, finit-elle avec un petit rire nerveux.
Puis, soudain, elle réalisa qu’elle était en train de lui raconter ce que jamais personne n’avait su, à part ce foutu journal qui traînait encore au fond d’un carton, et dont les pages, après cet horrible 15 aout, ne contenait plus rien de joyeux, contrairement à leurs prédécesseures qui relataient les folles d’aventures d’Hay et Tam, les aventuriers en herbe, futures auteurs des « 400 coups coups, manuel facile pour les aventuriers en culottes courtes ».
-Mais qu’est-ce que je raconte ? Pourquoi je te dis ça ? demanda-t-elle en se cachant le visage derrière ses mains, comme pour dissimuler un malaise. N’importe quoi, je suis désolée.
Elle afficha un sourire un peu gêné.
-Vraiment, je ne sais pas ce que tu me fais pour que je parle autant. Je ne parle jamais de moi d’habitude, et encore moins du passé.
Elle évita soigneusement son regard en cherchant à remplir sa tasse à présent vide. Voilà, une occupation parfaite pour dissiper un malaise… Et dans la précipitation, elle en renversa quelques gouttes à côté.
-Merde…
Tam reposa donc la cafetière, tout aussi précipitamment en soufflant, avant de chercher un paquet de mouchoirs dans un tiroir de la table basse pour essuyer sa bêtise. Au moins, ça lui permettait de ne pas croiser le regard du demi-dieu. Mais malheureusement, les quelques gouttes de café furent rapidement épongées, et il faudrait trouver rapidement autre chose, mais pour une raison qui lui était inconnue, elle était irrémédiablement attirée par son regard. Alors, sans plus tarder, ses pupilles se plongèrent dans les siennes. -Enfin voilà. C’est dit. On est bête quand on est ado. Y a prescription, non ?
Est-ce que la curiosité du « Penseur » serait étanchée après cette révélation ? Il avait toujours été curieux, cela n’avait surement pas changé. C’était un trait de caractère puissant chez lui, qui le poussait d’ailleurs à avoir des connaissances dans beaucoup de domaines. C’était surement la raison pour laquelle il était si intelligent, chose qu’elle avait toujours admirée chez lui, même si elle-même n’était pas en reste.
-On est d’accord, tu ne lis pas dans les pensées, hein ? redemanda-t-elle pour dédramatiser la situation.
Non, vraiment, il ne fallait pas qu’il ait ce genre de capacité. Tamara avait l’impression d’être en chantier, psychiquement parlant. Le bulldozer avait été passé sur ce qu’elle avait bâti, et à présent, il fallait tout reconstruire. Elle était perdue, ces anciennes certitudes n’existaient plus, ses anciens doutes avaient évolués. Rien n’était simple dans sa tête, et mieux valait ne pas en être témoin. Pas tout de suite.
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mar 12 Avr - 1:06
O douces retrouvailles
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
MarHayTam
« -Tes pouvoirs n'incluent pas de lire dans les pensées, pas vrai ? » avait-elle dit en poussant un petit soupir. Haytham n'était pourvu de cette capacité, il est vrai, mais avec Tamara l'on était en droit de penser le contraire tant il semblait lire en elle avec aisance et ce même après vingt-huit années passées loin l'un de l'autre. Ici et maintenant les vieux mécanismes réapparaissaient, rendant la lecture interne encore plus simple. Il suffisait d'à peine un regard, d'un tressaillement et d'un rythme cardiaque frôlant l'indécence humaine, pour que l'Irlandais comprenne que ces quelques minutes de sommeil furent ponctuées de quelques atroces visions. Lui-même subissait fréquemment ces apparitions et tentait lui aussi de les amoindrir et ce même lorsqu'il était seul et il l'était souvent depuis son retour d'Irak quelques années auparavant. « -Non Tam, mes pouvoir m'exemptent de la lecture de pensées, sois en rassurée. Toutefois... » Il se tue l'espace d'une seconde, arbora un grand sourire pour la rassurer tout en lui caressant la joue. « -... avec toi, je n'ai pas besoin de ce pouvoir. Je te connais trop bien. » Cette caresse affectueuse dura quelques secondes avant de cesser. Quelque chose avait changé, un quelque chose qu'Haytham était incapable d'interpréter. Ils n'étaient plus des enfants à présent et tout semblait si étrange, même les gestes les plus anodins. Pour ne pas laisser paraître son malaise, l'homme porta sa tasse de café jusqu'à ses lèvres et but une gorgée avant de reposer la tasse encore fumante. «-On partageait tout quand on était enfant, nous n'avions aucun secret, nous passions le plus clair de notre temps ensemble. Après ça, il est facile de se connaître par cœur et de lire en l'autre comme dans un livre ouvert. Je suis sûr que toi aussi, tu y arrivais et qu'en faisant un petit effort, tu y arrives encore. » Oui, il partageait tout et semblait n'avoir aucun secret l'un pour l'autre... Mais les apparences ne sont-elles pas trompeuses ?
****** CAMP JUPITER 1994 La journée fut rude... Rude, vous avez dit ? C'est en réalité ce qui s'approche le plus d'un euphémisme. Les formateurs n'étaient pas allés de mains mortes avec les « jeunes pousses » comme ils les nommaient et Haytham le premier, en avait subi les conséquences. Et sans surprise aux vues de ses antécédents familiaux, il ne put échapper à ce doux leitmotiv « -Aller fils de Mars montre-nous ce que tu as dans le ventre ! ». A présent âgé de 21 ans, le petit gaillard avait bien changé, du moins physiquement. La psyché, quant à elle, était moins encline aux changements. Il est vrai que le jeune Haytham n'en demeurait pas moins un jeune homme habille d'esprit, plus enclin à utiliser ses méninges que ses muscles. Et c'est d'ailleurs cet aspect de sa personnalité qui lui valait bon nombre de surnoms, mais jamais aussi affectueux que celui de Tamara. D'ailleurs en cette nuit de 1996, assit face au feu, crayon en main et le cahier ouvert sur ses genoux, c'est à elle et elle seule qu'il pensait. Le ciel était radieux ce soir-là, pas un seul nuage ne venait mettre en berne les milliers de petits points lumineux qui offraient au ciel un lointain infini.
« Tam, je regarde le ciel comme tous les soirs, du moins quand le temps est radieux. » Il souffla, écrire ce prénom raviva la mélancolie qui l'avait assailli lors de son arrivée. Il souffla encore une fois et reprit le crayon. « En étant à des centaines de kilomètres de toi, je me rends compte d'une chose... Trop souvent ce qu'on désire le plus au monde est ce que l'on ne peut avoir. Je comprends que parfois, voir souvent, le désir vous brise le cœur, qu'il peut même vous anéantir. Lui, ce pernicieux, cet enfoiré de désir, fait de nos vies un enfer. C'est tellement dur de vouloir quelque chose que l'on ne peut avoir. Mais ceux qui souffrent le plus, sont ceux qui ne savent pas ce qu'ils veulent... Et moi, je souffre depuis cinq ans […] Prit sur le vif, le Penseur ne put se résoudre à continuer de mettre par écrit ce que son cœur semblait lui dicter. Il ferma aussitôt ce qui ressemblait à un journal intime et s'éloigna pour monter la première garde de nuit.
« As-tu déjà dit ... Je t'aime ? T'ai-je dit que je n'arrivais à vivre sans toi ? Que tu avais changé ma vie et qu'il m'était donc impossible de la concevoir sans toi ? As-tu imaginé « un nous », des projets, un futur ? De temps à autre, je regarde autour de moi, parce que c'est comme ça, tu n'es plus là, mais peut-être que dans un avenir proche, ça changera […]
« Je l'aime... Quelle infamie et jamais je n'ai eu le courage de le lui dire... Maintenant, c'est trop tard... Cinq ans d'absence, c'est trop... ABRUTIS […]
*********************** Ils se regardèrent, laissant à nouveau paraître leur complicité d'autan. Légèrement gêné, l'Irlandais cessa donc de reluquer le décolleté de Tamara qui prit connaissance de l'étendue des dégâts. Par chance, rien ne pointait ou sortait de l'adorable petit décolleté néanmoins sexy. « -Mon but n'était pas de t'effrayer et puis comme tu l'as dit j'en ai vu d'autre hein ! » Oui, il en avait vu d'autres, mais voir sexy et Tamara dans la même phrase, troublait notre bel Irlandais qui se rappela à ce moment très précis, ce qu'il avait écrit dans son journal et la réplique de Tam n'arrangea rien à la situation. « - Oui, j'aimerai bien savoir sur quoi tu as lorgné depuis cet après-midi ? » Jouait-il avec le feu ? Oui ! Aimait-il ça ? Certainement, bien qu'un léger malaise semblât s'instaurer. Tamara n'était pas une femme comme les autres, non Tamara était LA femme par excellence. Parfaite, belle, intelligente, la liste pouvait s'étirer aisément. Mais Hay ne pouvait se résoudre à lui dire tout ça, sinon quoi il commencerait à flirter et il ne pouvait agir ainsi avec elle. Alors, il se contenta de sourire, un sourire charmeur qui en avait fait foudre des cœurs.
Ce sourire cessa d'émettre au moment où la jeune femme évoqua le journal de bord qu'elle tenait plus jeune. Haytham délesté de son aplomb légendaire, n'en menait pas large face aux confessions de Tamara. Pour se donner un peu plus de contenance, il attrapa pour l'énième fois sa tasse de café et fit mine d'en boire une gorgée, tandis que Tam ponctuait son intervention d'un rire nerveux. « -Tam, je...j'ai... » Il ne trouvait pas ses mots et gêné il se craqua nerveusement la nuque. « -En fait c'est hyper gênant parce que... je...je crois que je craquais pour toi à cette époque » Il s'arrêta aussitôt. Venait-il de le dire ? Avait-il enfin mis des mots sur des années de trouble ? Encore plus gêné, il prit l'initiative de remplir à nouveau sa tasse quasiment vide. Forcé de constater qu'il n'était pas le seul à se chercher une occupation pour dissiper le malaise, il lâcha l'affaire. Mais c'était sans compter sur Tamtam et sa maladresse légendaire. La pauvre venait de renverser quelques gouttes du précieux nectar sur la table. Aussitôt, Tam bondit sur le tiroir et en sortit un paquet de mouchoirs. En moins de temps qu'il faut pour le dire, elle essuya sa bêtise sous le regard de son ami, qui continuait à la regarder, priant un dieu quelconque pour que leur regard se croise à nouveau. « -Peut-être qu'il y avait un fond d'intelligence dans nos paroles. Pourquoi me dis-tu ça maintenant ? » Quelque chose était en train de se passer, un quelque chose qui se rapprochait dangereusement du flirt. "- Si je lisais dans les pensées, on serait autant gêné l'un que l'autre. Moi aussi, j'ai tenu un journal. J'ai commencé à écrire cinq ans après ... tu vois... J'avais besoin de mettre des mots sur mes maux et plus encore, j'avais besoin de faire semblant de te parler. Ça a duré un an. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, c'est venu comme ça. » Il lui prit la main, il en avait besoin, jamais encore, il ne s'était montré autant à nue et jamais encore, il n'avait éprouvé de tels sentiments contradictoires. « -Tam, je suis vraiment désolé et je n'aurai surement pas assez d'une vie pour te le dire. Pardon, vraiment ! »
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mar 12 Avr - 17:54
Ô Douces retrouvailles
Haytham & Tamara
Captain Beau Gosse & Colonel Badass
Bon, déjà Tam était rassurée sur un point, Haytham ne lisait pas dans les pensées. Encore heureux, c’eut été vraiment embarrassant sinon. Et puis qui aimerait ne plus avoir son propre jardin secret dans sa tête sans qu’une autre personne puisse y pénétrer impunément sans y être invité ? Non, ce serait vraiment trop désagréable. La pensée est bien la seule chose qui nous appartient totalement et que personne ne peut nous voler, on y est à l’abri, on en fait ce qu’on veut. Alors si quelqu’un a le pouvoir de s’y immiscer, cela voudrait dire que plus aucune liberté ne subsiste. Ce serait vraiment insupportable. Si ce point-là rassurait la petite brune, ce qu’ajouta son bel irlandais avait quelque chose de légèrement agaçant, parce que c’était vrai : il ne la connaissait que trop bien, aussi, être télépathe ou mentaliste ne lui était d’aucune utilité. Il avait posé sa main sur sa joue, et ce contact lui avait semblé si agréable, elle avait fermé les yeux pour mieux le savourer. Mais bien vite, trop vite, ce contact fut rompu au profit d’une tasse de café bien chaude. Le demi-dieu avait raison, en ayant passé le plus clair de leur temps tous les deux, les deux enfants se connaissaient par cœur, et n’avaient plus besoin de parler pour se comprendre. Hay avait sans difficulté retrouvé ce réflexe et semblait encourager Tam à faire de même. Elle ne savait quoi en penser. Avait-elle le droit d'ainsi le percer à jour après autant d'années?
-C’est ce que tu veux ? Que nous n’ayons plus aucun secret l’un pour l’autre ?
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Se remémorer à quel point elle l’avait aimé, à quel point, à l’époque, elle avait à la fois peur qu’il le découvre mais également cette impatience qu’elle avait eu d’être débarrassée du fardeau de ce secret qu’elle avait gardé près de deux années, était quelque chose d’étrange. Ce qui l’était plus encore, était que l’irlandais avoua avoir lorgné sur son décolleté. Tamara avait réajusté son peignoir, bien que rien de bien provoquant n’en échappait auparavant. Il fallait à présent qu’elle avoue à son tour sur quoi elle avait laissé trainer des yeux un peu trop aventureux.
-Eh bien… Je dois bien avouer que tu as une musculature impressionnante. Tu n’es plus ce gamin gringalet de mes souvenirs. Je le reconnais, quand tu étais torse nu, j’ai un peu profité de la vue.
Elle se mordit la lèvre en lui lançant un regard faussement désolé. Un petit jeu étrange était en train de s’instaurer entre eux, sans que Tam ne s’en rende compte. Le sourire charmeur que lui lançait Haytham ne la laissait pas indifférente, aussi elle détourna le regard un instant. Que se passait-il ??
« 18/08/1989 […] Est-il possible d’avoir vécu l’apocalypse et d’être encore en vie ? Sérieusement, comment ce qui est arrivé a-t-il pu être réel ? En l’espace de cinq minutes, j’ai tout perdu. Eileen est décédée, maman ne parle plus, papa me prend pour une cinglée… Et Haytham… Hay est parti. Je n’arrive pas à croire qu’il ne soit plus là. Je ne sais pas où il est, je donnerai tout pour avoir de ses nouvelles, savoir qu’il va bien. Papa m’oblige à voir une psy, il parait qu’on y est obligé quand on a vécu des événements traumatisants. Mais je vois bien qu’elle me regarde bizarrement quand j’évoque ce … monstre. Il parait qu’elle va faire interner maman. Je déteste cette femme, elle veut m’enlever la seule personne qui me croit. Haytham, où es-tu quand j'ai besoin de toi ? […]
5/09/1989 C’est l’anniversaire le plus pourri qui puisse exister. La rentrée des classes a eu lieu hier, papa m’a envoyée en pension parce qu’il n’a pas le temps de rester à la maison et il ne veut pas que j’y sois seule. Maman est en hôpital psychiatrique, j’ai le droit de l’appeler une fois par semaine, et bien sûr il n’y a que moi qui parle. Je suis toujours sans nouvelles d’Haytham. Je me retrouve coincée dans ce foutu pensionnat de merde avec des gamines prétentieuses qui ne pensent qu’à comparer leurs robes. Alors qu’on porte des uniformes, bande de cloches ! Haytham, pourquoi tu m’as fait ça ? Si tu étais resté, on serait tous les deux ! Tu étais vraiment la dernière personne que je pensais qui me ferait souffrir. Je te déteste, sale petite enfoiré. Je vais m’inscrire aux cours de karaté, et si tu te pointes, je te défoncerai ta petite gueule d’irlandais. […] »
Heureusement, ou non, Tam évoqua ce journal intime qu’elle tenait lorsqu’ils étaient enfants, et dans lequel elle ne parlait quasiment que de son « Penseur ». Pendant deux ans, elle en avait été amoureuse, avant que la colère et la haine ne remplisse son cœur, camouflant tout le reste. Voilà, elle venait de lui avouer ce qu’elle n’avait jamais eu le courage de lui dire près de vingt-huit ans auparavant. Et il sembla que le fils en Mars en fut ébranlé. Délesté de son assurance, le demi-dieu paraissait beaucoup moins fier, tout à coup. Plus de sourire charmeur, plus de regard enjôleur. L’agent de terrain fut même surprise de l’entendre bredouiller. Alors qu’elle terminait d’essuyer le peu de café qu’elle avait renversé, elle l’entendit déclarer que lui aussi en pinçait pour elle à l’époque. Elle releva subitement la tête, les yeux écarquillés, bouche bée.
-Non ! Tu n’es pas sérieux ?! Tu… t’as pas le droit de me dire ça seulement maintenant !
Elle lui asséna une claque sur le bras, pas assez fort pour lui faire mal mais suffisamment pour manifester son mécontentement.
-Pourquoi n’as-tu rien dit alors ? Je rêve… dit-elle en secouant la tête avec un sourire ironique et agacé. Pourquoi je te le dis maintenant ? Eh bien parce que tu m’as demandé de te dire un truc, et que je ne savais pas quoi dire, et puis tu me perturbes, voilà !
Elle souffla longuement et bruyamment en regardant droit devant elle.
-Excuse-moi, je ne sais pas pourquoi je m’emporte.
Elle aurait bien voulu mettre ça sur le compte de la fatigue. Cette dernière jouait peut-être un rôle là-dedans, mais à la vérité, ce qui énervait la jeune femme, c’était cette impression de temps perdu. Tout aurait pu être différent s’ils s’étaient avoué leurs sentiments à l’époque. Haytham continua de se livrer, déclarant que lui aussi avait tenu un journal, bien plus tard. Parce qu’il éprouvait le besoin de lui parler. Pfff… pourquoi n’avait-il pas appelé alors ? Le téléphone existait déjà à cette époque !
-Le mien s’est arrêté l’année d’après… Une de mes camarades de dortoir, en pension, est tombée dessus et s’est amusée à le lire à voix haute. Je l’ai attrapée par les cheveux et je lui ai cassé la gueule. Je crois qu’y a encore une goutte de son sang sur une des pages… Papa a payé sa rhinoplastie. Mais ça n’a pas suffi à me faire virer, hélas. Il faut dire qu’après ce foutu 15 août, les passages qui parlaient de toi étaient beaucoup moins flatteurs…
Soudain, l’irlandais lui attrapa la main, ce qui fit s’emballer quelques secondes le cœur de Tam. Son « Penseur » s’excusait, platement, sincèrement. C’était comme si tout ce qu’elle avait voulu se réalisait enfin, vingt-sept an et demi après. Car en fait, elle lui aurait pardonné s’il était revenu bien plus tôt en s’excusant de l’avoir abandonnée. Elle le regarda dans les yeux avant d’afficher un petit sourire.
-Je te pardonne, Hay. Evidemment que je te pardonne. Comment pourrais-je ne pas le faire ? Je te demande juste de tenir ta promesse.
Son autre main recouvrit celle qui tenait la sienne, sans que ses yeux ne quittent les siens. Son petit cœur semblait tout serré, tout à coup. Etait-il possible qu’à présent que la colère s’était estompée, ses anciens sentiments refassent surface ? La vie était quelque chose de complexe, tout de même. Elle ne parvenait plus à détacher son regard du sien, elle était comme hypnotisée. Elle avait de nouveau confiance en lui comme en personne d'autre, et c'était beaucoup dire puisque Tamara Lond n'avait confiance qu'en elle. Elle le savait sincère dans ses propos, cela se voyait dans ses yeux. Il regrettait vraiment qu'elle ait souffert par sa faute. Comment pouvoir continuer à l'accabler pour ça? N'allant pas jusqu'à dire que tout était oublié, elle était réellement prête à lui pardonner, chose qu'elle pensait inconcevable quelques heures auparavant, en le retrouvant lors de ce combat illégal.
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Dernière édition par Tamara Lond le Mar 12 Avr - 23:54, édité 1 fois
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mar 12 Avr - 23:36
O douces retrouvailles
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« -Un homme d’honneur tient parole. C’est ce qu’on nous a appris là-bas, au Camp Jupiter. Je ne sais pas si j’ai un jour pu prétendre à être un homme d’honneur, toutefois, je peux essayer de te promettre de n’avoir aucun secret pour toi ! » A son tour, il se laissa gagner par le sourire, comment lutter face à Tamara ? Le combat était déjà perdu d’avance, car l’Irlandais n’était pas immunisé contre ce sourire, mais le voulait-il vraiment ? Un sourire, un simple sourire, doux et franc, une formalité pour le commun des mortels, mais pas pour un demi-dieu, qui plus est celui qui peut oser revendiquer un lien avec le dieu de la Guerre. « Quand on est assujetti à un tel titre, on se doit de mettre toutes les chances de notre côté pour survivre, mais aussi pour que jamais la faiblesse ne trahisse notre demie-divinité. Le sourire doux et franc et comme l’amour, c’est une faiblesse. Alors pour s’en prémunir, on opte pour le masque que l’on porte chaque jour. Puis quand cela devient une habitude, on oublie ce sourire, ces sentiments. On oublie d’être soi-même, on fait comme tout le monde, du moins comme ceux qui souffrent, on se protège. » Hay s’en rendait compte à présent, jamais il n’avait été lui-même excepté avec Tam. Et plus les minutes s’égrainaient plus il régressait, dans le bon sens, bien qu’il soit difficile d’imaginer que la régression soit quelque chose de positive et pourtant…
Il attendait donc avec impatience de savoir ce que la jeune femme s’était permise de lorgner avec tant d’attention lors de leur retrouvaille, qui s’apparentait plus à une confrontation au vu du traitement infligé par la « douce » Tamara Lond alors secondée par un Marvin, qui n’en menait pas large. La réponse ne surprit pas vraiment l’Irlandais, qui n’en était pas pour autant flatter et plus encore de l’entendre de la bouche de Tamara. « -Alors je peux crier « victoire » et me dire que toutes ces séances d’entraînements n’auront pas été vaines. Si j’étais vaniteux, je te rétorquerais que j’aime entendre les belles-filles me dire qu’elles apprécient *désigne son torse* ça. Je suis quand même obligé de l’admettre, l’entendre de ta bouche est très très plaisant. Je me permettrais de rajouter que j’ai furtivement posé les yeux sur… ton derrière qui est ma foi… très très agréable à regarder » Lui aussi se mordit la lèvre inférieure en étouffant un léger rire. Une fois encore, il se livrait à un jeu bien étrange avec la jeune demoiselle, le genre de jeu qui vous mène sur des routes sinueuses, hostile... Mais à présent que les bases sont posées, nous sommes en droit de nous poser la question suivante : était-il vraiment en train de flirter ? Tam fut la première à détourner le regard pour échapper au sourire charmeur, un sourire que l’Irlandais perdit aussitôt lorsqu’à son tour, il se livra sur ses sentiments, espérant lui aussi que la prescription jouerait en sa faveur.
« -Je…oui… tu me faisais craquer avec ton sourire, avec des façons d’êtres, avec ta joie de vivre… » Aussitôt, il mit un terme à ce qui lui semblait être des divagations. Était-il en train de vraiment lui dire ce que pendant tant d’années, il avait cherché à cacher ? Le pauvre ne parvenait à trouver ses mots, gêné il regardait ailleurs forcer de constater que la personne qui lui faisait face, le désarmer totalement. Suite aux paroles quelque peu maladroites du jeune homme, Tam qui essuyait au préalable les quelques gouttes de cafés sur la table basse, regarda son ami comme s’il venait de lui faire part de la plus grosse révélation de ces trois dernières décennies et avant qu’il ne puisse contre-attaquer, la jeune demoiselle lui asséna un petit coup sur le bras pour lui faire part de son mécontentement. « -Aie » faussement touché par le coup. Il reprenait ses vieux mécanismes et lui laissait espérer la victoire, alors que dans le fond, il n’avait rien senti. « -Oui bon bah c’était maladroit je l’avoue et peut-être que j’aurai dû le dire avant, mais je te signale que toi aussi tu aurais pu me le dire avant. Et puis tu m’embrouilles là avec ton sourire magnifique, tes yeux qui le sont tout autant, et ce, je ne sais quoi qui fait qu’avec toi, je me sens complètement nue… enfin désarmé, je veux dire. » Il la regarda un court instant, puis fit mine de regarder l’imposante baie vitrée. Dans une synchronisation parfaite, ils se mirent à souffler bruyamment, une fois encore, ils étaient connectés, comme au bout vieux temps. « - Excuse acceptée ! Dans la moindre mesure où je pense comprendre ton emportement. Je crois que tous ces « on dit » rectification ces « on ne dit pas » nous ont fait perdre du temps, beaucoup de temps. J’aurai dû, il est vrai t’appeler plutôt que de t’écrire via ce journal. Le téléphone existait à l’époque donc je n’ai aucune excuse, c’est vrai ! » Il se tue, ayant l’impression d’avoir trop parlé et il est vrai qu’il avait dépassé et de loin, son quota de mot lui qui d’ordinaire n’était pas le genre de type avec lequel l'on pouvait prétendre avoir une véritable conversation. Et puis puisqu’il exécré plus que tout monopoliser l’attention, il préféra se taire pour laisser la parole à la charmante demoiselle en face de lui, admiratif malgré les quelques passages relatant des faits de bagarres.
« -Donc toi, tu as cassé la gueule à l’une de tes camarades ? Vraiment ? Et tu lui cassé le nez en plus. Colonel Badass porte bien son nom, on dirait. Et le fils de Mars que je suis, trouve ça assez sexy si on omet les passages peu flatteurs sur moi. Mais je l’ai mérité en un sens. » Passé cet aveu, il lui prit à nouveau la main, car étrangement malgré leur proximité, le contact lui manquait. Il sentit au moment très précis où ses doigts s’entrelacèrent aux siens, un frisson étreindre tout le corps de Tamara, puis son cœur qui s’emballa soudainement. Les sens du demi-dieu ne pouvaient l’induire en erreur, il se passait quelque chose et il était incapable de définir clairement ce quelque chose, ou du moins par pudeur il ne parvenait à se l’avouer. « - Continue à me sourire de la sorte et je te promets ce que tu veux… Enfin non… Pardon, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. D’ailleurs là ça paraît tendancieux hein ? » La jeune femme posa sa main sur la sienne et cette fois, c’est Haytham qui sentit un frisson lui parcourir le corps, tandis que son cœur commencé à vraiment s’emballer. Il ne parvenait à quitter son regard, tant il était subjugué par sa beauté, plus aucun mot ne sortaient de sa bouche, enfin si quelques-uns avaient l’audace de quitter la commissure de ses lèvres, mais pas sûr qu’il en soit fier, son cerveau étant en « veuille » le cœur de l’adolescent qu’il n’était plus, avait pris le relais. « -Je me sens un peu ridicule là ! J’ai l’impression d’avoir à nouveau 17 ans et c’est… gênant. D’autant plus que maintenant, tu n’as plus douze ans et que c’est… très voir trop troublant d’avoir ce genre de conversation… »
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Sujet: Re: Ô douces retrouvailles. (marvin&tamara, terminé) Mer 13 Avr - 17:24
Ô Douces retrouvailles
Haytham & Tamara
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Comment résister à ce sourire ? Ce sourire qui lui avait tant manqué, celui auquel elle avait tant rêvé dans les premiers temps d’absence. Aujourd’hui, comme un vieux rêve qui devient réalité, Haytham était là, il lui souriait, il lui promettait même de n’avoir aucun secret pour elle. Tamara était aux anges, elle n’avait jamais autant souri ces dernières vingt-sept années qu’en cette soirée, et la raison de ce changement n’était autre que le demi-dieu assis juste à côté d’elle.
Le fils de Mars s’amusa d’entendre son amie le complimenter sur son beau torse musclé, ce qui la fit sourire de plus belle. Vaniteux ou non, il est clair que nombre de femmes avaient dû tout autant le complimenter, il était vraiment bien fait, et en effet, il pouvait affirmer que les séances d’entrainement, et il avait dû y en avoir un paquet, avait porté leurs fruits.
-Tu devrais le savoir, je dis toujours ce que je pense. P…pardon ? Tu as reluqué mes fesses ?
Un petit rire amusé joint à une tape sur son bras se fit entendre. Tam secoua la tête d’un air amusé.
-Décidément, les hommes, vous êtes tous les mêmes. Et je te vois venir, ne me reproche pas d’avoir regardé, tu étais torse nu ! Quant à moi, j’ai toujours été habillée… A part là, moyennement... Mais… -elle rit- j’en reviens pas !
Là où elle n’en croyait pas non plus ses oreilles, c’était que le fils de Mars venait de lui avouer qu’il craquait pour elle alors qu’âgée de presque douze ans, elle se rongeait les ongles à l’idée d’avouer son amour secret pour son meilleur ami et quasi-frère. Quel imbécile, pourquoi n’avait-il rien dit ? Et elle, pourquoi avait-elle attendu ? Foutu dead-line pourrie, c’était vraiment une idée de merde ! Elle qui avait l’habitude de dire ce qu’elle pensait au moment où ça lui passait par la tête, surtout à l’époque où elle n’avait que peu de filtres, pourquoi avait-il fallu qu’elle se mette des barrières, ayant peur de faire changer les choses entre eux ? Bouche bée, Tam n’en menait pas large.
-Bien sûr que tu aurais dû le dire avant ! J’aurais dû aussi mais… non c’est toi qui aurais dû, voilà, je l’ai décidé, de façon certes très arbitraire, mais c’est comme ça. Tu étais et sera toujours le plus vieux, cet honneur te revenait donc, acheva-t-elle avec une petite mine faussement boudeuse.
Voilà qu’il la complimentait sur son sourire et sur ses yeux… Ce qui suffit à la gêner, voire la faire légèrement rougir. Jamais encore ce n’était arrivé. Elle recevait fréquemment des compliments de ses conquêtes d’un soir (ou deux), jamais ces mots ne la touchaient. Mais venant de son « Penseur », c’était différent. C’était vraiment très étrange pour elle se sentir ainsi mal à l’aise juste parce qu’il lui disait qu’il trouvait son sourire magnifique.
-Arrête… arrête avec tes compliments. C’est… Ça me perturbe... En fait, c’est toi qui me perturbes.
Il se sentait désarmé ? Elle aussi ! Et elle n’en avait pas l’habitude, c’était une sensation très énervante pour une personne comme l’agent Lond qui avait l’habitude de toujours tout maîtriser, et surtout sa propre personne. Là, clairement, son cœur s’emballait, ses joues s’empourpraient, tout échappait à son contrôle. Le fait qu’en même temps ils se soient mis à soupirer bruyamment tout en fixant la baie vitrée qui leur faisait face afin d’éviter le regard de l’autre, montrait qu’encore une fois ils étaient sur la même longueur d’onde. Comment, après tout ce temps passé loin l’un de l’autre, une telle chose était encore possible ? Leurs anciens réflexes revenaient peu à peu, comme s’ils n’étaient jamais partis. Tam le regarda à nouveau, amusée par ce qui venait de se produire. Après s’être reçu une nouvelle claque sur l’épaule, Haytham daigna pardonner à son amie son emportement, avouant de lui-même qu’il la comprenait. Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres. Il reconnaissait ses torts, elle n’en demandait pas d’avantage. Elle sentait beaucoup mieux à présent. A présent qu’elle avait parlé du journal et de la petite vipère qui s’en était emparé pour en faire lecture aux autres pensionnaires du dortoir, Tamara était bien obligée d’aller jusqu’au bout.
-Oui, j’en suis pas très fière aujourd’hui, mais sur le coup je n’ai pas su me maîtriser, ça m’a rendue folle de rage qu’elle se soit permise non seulement de le lire, mais aussi de citer des passages entiers à toutes ces petites pimbêches… Des passages qui parlaient de toi, et du monstre. Autant dire que je suis passée pour une cinglée le restant de l’année, et que j’ai vite compris que je ne me ferai jamais d’amies. Je l’ai chopée par les cheveux, et une prise de judo plus tard elle était par terre… Ses copines ont voulu l’aider en me retenant, ça leur a valu un coup de coude dans l’œil à chacune, et quand cette morue s’est relevée je lui ai mis un coup de poing dans le nez… Mon premier nez cassé, j’en verserais presque une petite larme d’émotion, ajouta-t-elle, amusée.
Puis la main du demi-dieu s’empara de la sienne, et alors qu’elle sentait leurs doigts s’entrelacer de la manière la plus naturelle du monde, son regard ne pouvait plus fuir le sien. Son cœur s’emballait à nouveau. Que lui arrivait-il ? C’était insupportable de ne rien contrôler, et ne rien comprendre, comme si son propre corps ne lui appartenait plus. Et les paroles qu’il prononçait ne l’aidaient guère à se reprendre. Un petit sourire gêné se dessina alors. Qu’avait-il voulu dire ? Elle laissa échapper un petit rire un peu étouffé.
-Oui… c’est… tu voulais dire quoi ?
Elle en avait même du mal à parler, c’était complètement dingue pour elle de se retrouver avec un tel blocage face à une personne dont elle avait été si proche. Leur complicité renaissait de ses cendres, mais d’une manière complètement différente, et c’était réellement quelque chose de nouveau pour l’agent de terrain. Ils étaient tout près, le genou droit de Tam touchait d’ailleurs celui d’Hay, et leurs mains avaient toujours leurs doigts entrelacés dans ceux de l’autre. Les yeux dans les yeux, la jeune femme était hypnotisée par ce regard qui la subjuguait littéralement. Il l’avait dit, il n’avait plus dix-sept ans, et elle n’avait plus douze ans, néanmoins Tamara avait l’impression de vivre ce premier rancard qu’elle n’avait jamais eu, d’avoir déclaré sa flamme à son « Penseur » alors qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de le faire. C’était comme d’avoir remonté le temps et recréé un passé qu’il aurait pu, ou dû avoir. Ils étaient si proches à présent, et la petite brune, de plus en plus troublée, n’avait qu’une envie, celle d’outrepasser les limites. Et sans qu’elle ne maîtrise quoi que ce soit, en un élan, ses lèvres se retrouvèrent contre celles du fils de Mars. Lorsqu’elle réalisa ce qui se passait, il était trop tard. Elle recula son visage, reprenant une distance respectable, l’air confus, fuyant à nouveau son regard, le souffle court.
-Pardon ! Je suis désolée… je sais pas ce qui m’a pris… Hay, ne m’en veux pas, d’accord ?
Son cœur battait encore plus vite et plus fort à présent. Pourquoi avait-elle fait ça ? Mille et une questions traversaient son esprit, et heureusement, elle s’en rappelait, Haytham ne lisait pas dans les pensées.
-C’est… tu… tu me troubles. C’est commet de reprendre là où nous nous sommes quittés, comme si rien ne s’était passé. Tu es là, et moi aussi, et… C’était pas prémédité hein, je te le jure. Je fais jamais ça !
Tout s’embrouillait, toutes ses pensées, ses mots, absolument tout se mélangeait dans sa tête dans une sorte de tourbillon chaotique. Tam parlait aussi vite que ce que les mots lui passaient par la tête. « T’aurais jamais dû faire ça ! » , voilà ce que lui répétait sa conscience. « Oui, mais ça fait plus de vingt-sept ans que je voulais le faire ! », lui répondait-elle intérieurement.
Plus elle parlait, plus elle avait l’impression de s’enfoncer dans le sol. Non, il fallait qu’elle se taise. Après l’avoir regardé une dernière fois, elle ferma la bouche d’un air résigné. Se taire, c’était le mieux à faire pour éviter de dire des bêtises, des choses insensées qui ne feraient qu’aggraver son cas. Qu’allait-il penser d’elle maintenant ? Dire que l’opinion des autres à son sujet avait toujours été le cadet de ses soucis, à présent Tamara s’inquiétait de savoir ce que pouvait bien penser Haytham.
« Pitié, ne m’en veux pas, ne me déteste pas… », telles étaient les suppliques intérieures qu’elle lui adressait mentalement, sachant pertinemment que ça ne changerait rien à ce qu’il pouvait éprouver, vu qu’il ne les entendrait jamais. Fallait-il qu’elle s’excuse encore ? Jamais elle ne l’avait autant fait ! Que lui avait-il fait pour qu’elle change autant en sa présence ? Pourquoi avait-elle l’impression d’être une tout autre personne avec lui ? Une personne qui ne portait plus de masque, qui était elle-même, tout simplement.