L'homme avait des oreilles trop grandes. Et un sourire qui sonnait faux. Et il lui manquait des cheveux aussi. Monsieur Miller avait peut-être tout du papa parfait, du mari dont toutes les femmes rêvaient (d'un point de vue purement pratiques dans le sens où il était d'une galanterie hors concours, qu'il cuisinait comme un chef, qu'il taillait les haies, qu'il avait un boulot de rêve et qu'en plus de ça, il prenait toujours le volant) Héloïse ne l'aimait pas. Sa mère s'était mariée avec lui le printemps dernier. Ils avaient emménagé ensemble dans la ville où était née Héloïse, mais un peu plus au bord de la mer. Avec lui était arrivé Taylor, sa fille d'un premier mariage carrément raté qui avait le même âge qu'elle. Héloïse avait tout de suite aimé Taylor. Elle était gentille, drôle, elle avait tout de la sœur parfaite. Non, ce qui n'allait pas c'était le père. Ce père qui la regardait toujours d'un mauvais œil, frustré de ne pas savoir d'où elle sortait. Il lui en fit voir de toutes les couleurs, ça oui. Jusqu'à que ses pouvoirs fassent irruption. Et quand Héloïse comprit qu'elle était spéciale, sa vie changea du tout au tout.
☞ High school musical.
«
Héloïse, non. » «
Mais papa tu en as pris pour Taylor ! » «
Mais toi tu vas devenir grosse. » «
Mais je... » Il la tira hors du rayon des confiseries et la traîna aussi loin que possible Héloïse croisa les bras, boudeuse et tira la langue à son beau-père qui commençait à sélectionner ses fruits et ses légumes avec soin. «
Tient-toi bien, où je t'envoie chez ton cousin pendant les deux mois des vacances, tu ne viendras pas avec nous à New York. » Elle haussa des épaules. Tant pis, elle aimait bien Aramis. Au pire, elle rigolerait avec lui. «
Mais je voudrais des bonbons, juste une fois ! » «
Non. » «
Papa... ♪ » «
Commence pas chantonner tes airs tu m'agace. » Trop tard. Et quelques minutes plus tard monsieur Miller dansait au milieu des melons en chantant du High School Musical, film préféré de Taylor que son père avait bien du mal à supporter. Et Héloïse était là pour l'accompagner. Les gens s'étaient arrêtés de faire leurs achats, certains s'étaient regroupé au milieu du magasin pour assister au spectacle pour le moins curieux. Bientôt certains se mirent à filmer et d'autres inconnus se joignirent à la danse. La petite fille en redemandait et, au plus profond d'elle même, était en train de mourir de rire devant l'absurdité de la scène. Car s'il y avait bien une fille qui était parfaitement consciente ici, c'était bien elle. Les autres étaient en transe.
«
Tu m'as complètement RIDICULISÉ Héloïse ! Complètement ! » La petite fille serra sa mère dans ses bras et renifla. Faire semblant de pleurer calmerait peut-être le jeu. La vidéo avait fait le tour du net évidement. Taylor avait ris en la voyant. Les deux fillettes avaient passé un bon moment. Sa mère avait ris en la voyant à son tour, mais quand son mari lui avait assuré qu'il n'avait jamais voulu de tout ça, elle perdit tout envie de rire. Parce que madame Miller comprit à ce moment là que l'homme qu'elle avait croisé le temps d'un soir ne mentait pas quand il disait qu'il était le dieux des arts.
☞ Monsieur le Faune.
«
Petite ? Hé, petite ? » Héloïse leva les yeux vers l'homme qui venait de l'accoster. Il avait un petit bouc et une moustache qui lui faisait penser à celle des pizzaiolos. Taylor qui faisait ses devoirs avec elle dans le jardin eut l'air étonné elle aussi. «
C'est une propriété privée monsieur ! » «
Oh, ce sont des foutaises tout ça ! Je viens pour toi. » «
Ne bouge pas Hel', je vais chercher maman. » «
Petite ? » «
Quoi ? » répondit-elle sèchement. «
George. Faune pour vous servir et vous mener à votre destinée ! » Il s'inclina en ôtant son chapeau et ce fut là qu'elle les vit, ses petites cornes. Elle laissa tomber ses affaires et sauta de sa chaise. «
Chérie, que se passe t-il ? » Sa mère venait de débarquer en tablier de cuisine, suivit de Taylor l'air complètement paniquée. «
Madame ! Vous tombez à pic ! » Le faune parle deux heures avec madame Miller. Quant à Héloïse, elle s'était enfermée dans sa chambre avec Taylor. Elle ne voyait pas les cornes. Bon sang Taylor ne voyait rien. Comment une telle chose était possible ? Elle l'avait prise dans ses bras, lui assurant que tout irait bien. Et son père était rentré à son tour. Il avait aussi parlé avec l'homme. Et à la nuit tombée le verdict tomba. «
Tu dois comprendre Héloïse, tu n'es plus en sécurité ici... » «
J'ai toujours été gentille maman... » «
Un peu trop, ce monde là... notre monde n'est pas fait pour toi, tu le comprends ça ? Tu dois... Tu dois vivre avec des gens comme toi. » «
Alors tu me mets dehors ? » «
Je le fais pour toi chérie. Ton père veillera sur toi. » «
Mon père ? Je n'ai jamais eu de père. » Sa mère la prit dans ses bras. Sa petite fille de quatorze ans ne lâcha pas une larme. Parce qu'au fond, elle s'était toujours préparée à ce moment-là. Alors oui, elle s'était imaginé le faire dans quelques années, pas aussi tôt. Mais sa mère ne lui avait pas laissé le choix. Il fallait dire que le faune avait eu des arguments convaincants.
☞ En route pour la Nouvelle-Rome.
«
George ? Pourquoi ne prend t-on pas un bus déjà ? » «
Les bus ne vont pas à l'endroit où nous allons. » «
Alors une voiture ? Un scooter, j'en sais rien, un truc qui m'évitera d'avoir les jambes en bouilli. » «
Voyons fille de Phébus ! Un peu de courage ! » «
Phébus... qu'est ce que vous en savez-vous ? » «
Oh, j'en ai déjà vu des mômes de ce gamin. » «
Gamin ? » «
Sous certaines de ses formes oui, tu n'imagines pas comme il peut paraître jeune quand il se met en tête de séduire des minettes et de... » «
Stop stop ça va... » Héloïse s'arrêta pour souffler deux minutes. Avec son sac à dos, elle avait pris le strict minimum, elle avait l'allure d'une randonneuse. «
Et votre Nouvelle-Rome, c'est où...? » «
Pas tout de suite, j'en ai un autre à récupérer d'abord ! » Héloïse leva les yeux au ciel. Faune = bus scolaire pour demi-dieux, elle avait pigé. Traînant des pieds, elle trottinant pour revenir à sa hauteur. C'était marrant de le voir de plus près, elle faisait la même taille que lui. «
Parlez moi plus de tout ça George... » «
Ok gamine, mais tu marches plus vite alors ! » «
Deal. » Elle attrapa sa main et avec un grand sourire l'écouta commencer à conter ses histoires de dieux et d'enfants abandonnés.
«
Nous y voilà ! C'est un camp de... » «
Gitans. Je connais. Vous me l'auriez dit, je vous aurais dis quel bus prendre ! Il y en a un qui passe tout prêt d'ici ! Et vous... vous me faite marcher pendant une journée entière ! Vous voulez me faire faire le tour de l'Oregon ou quoi ? » «
Non, muscler les baguettes qui te servent de jambes. Tu en auras besoin. Les gamins que je ramène sont souvent les meilleurs. » «
Mon cul... » «
Surveille ton langage ! Et puis d'abord, si tu veux tout savoir, je suis malade en bus. Et en voiture. Et en bateau. Et en... » «
ça va, ça va j'ai pigé. » Ils furent accueillis par une famille adorable. Mais George ne perdit pas une minute avant de rentrer dans le vif du sujet. Sa cible (enfin, sa cible...) était le jeune homme vivant dans une caravane plutôt à l'écart, avec son père installé ici depuis une dizaine d'années. Un type que les gens traitaient de fou, parce qu'il disait qu'un jour, une femme aux allures mystérieuses était venue le voir et que, quelque temps plus tard, son fils était apparu sur les pas de sa caravane. «
Mon père n'est pas fou vous savez... » «
Je te crois mon garçon. » Héloïse était debout derrière le faune qui tentait de convaincre le jeune homme. «
Et la nana avec la casquette des Beavers, c'est qui ? » «
Héloïse ! Elle est comme toi, et nous sommes ne route pour l'endroit dont je te parle. » «
Vrai ? » Héloïse hocha de la tête.
«
Au fait, je m'appelle Jefferson. Je suis ravi de faire la route avec toi. » «
Moi de même ! » «
En route vous deux... » «
J'ai une voiture si vous voulez... » «
Oh non je... » «
On prend ! » s'écria Héloïse. Et avant que la faune puisse répliquer quoi que se soit, Héloïse s'était installée devant et Jefferson du haut de ses quatorze ans fit vrombir le moteur. «
C'est pas lé-légrement i-illégal ç-ça ? » «
Meuh non George, aller mon gars, roule ! » «
V-vous ne perdez rien pour attendre ga-gamins... » Héloïse éclata de rire et Jefferson commença à rouler. Pendant le trajet elle eut tout le temps de faire connaissance avec lui. Et le faune de vomir au moins quatre fois. Et ce furent avec la musique à fond dans les oreilles, le tableau de bords pleins de paquets de chips et de bonbons qu'ils arrivèrent à destination.
☞ Lupa et le camp Jupiter.
«
Aller, Hello, tu peux le faire ! » Elle regarda Jefferson avec un air complètement perdu. Comment faisait-il pour être aussi doué ? «
Laisse tomber, je sais juste tirer des flèches, je suis minable. » «
Mais non, aller, relève-toi ! » Jefferson était trop gentil avec elle, on le lui avait souvent dit. C'était avec lui qu'elle s'entraînait le plus souvent. «
Tu sais, je me demande toujours qui est ton parent divin Jefferson... » « Je me pose la même. Toi au moins tu as l'air fixé. » Phébus. Elle y croyait toujours. Et puis bon, après de nombreuses réflexions, elle trouvait ça même plutôt logique. Quand les portes du Camp Jupiter s'ouvrirent à eux, elle n'en crut pas ses yeux. Elle sue aussitôt que l'endroit serait parfait pour elle. Ainsi le jour de ses quinze ans tout pile, Héloïse entra dans la troisième cohorte et Jefferson entra dans la première ce qui ne l'étonna pas tant que ça. Elle se fit revendiquer le soir même. Quand à Jefferson, il du attendre quelques jours avant que sa mère se manifeste. Et quelle ne fut pas sa surprise quand il se révéla être le fils de Maia, déesse du printemps et de la fertilité. Elle qui avait toujours songé à une divinité guerrière, c'était bien raté. Mais peu importe, désormais les deux amis commençaient une nouvelle vie.
«
Tu aurais pu au moins ménager mon pote Héloïse... » Elle leva les yeux au ciel. «
Tu prends vraiment les garçons pour des... J'avoue, je n'ai pas les mots. » «
Dramatise pas J'. » «
Tu ferais mieux de t'entraîner un peu plus souvent au lieu d'aller draguer tous les mecs du camp. » «
Me prendrais tu pour une salope ? » «
En tout cas tu mâches pas tes mots... Non, je suis ton ami, je veux juste pas que les gens rient de toi après. » «
T'es gentil. On va s'entraîner, tu veux ? J'ai appris un nouveau truc avec un fils de Venus, tu vas voir ! » Jefferson leva les yeux au ciel et la suivit jusqu'aux terrains d’entraînement. Il était son meilleur ami. Jefferson était toujours fourré avec elle, ou, quand elle passait quelques heures avec les enfants de Venus qu'elle affectionnait beaucoup, avec ses potes. Il fallait dire qu'il était du genre populaire, et aimé des gens. Il avait le cœur sur la main, un visage charmant et il était dans la première cohorte. Ça aidait pas mal à se faire des amis et à attirer tous les regards. Et elle était plus que ravie d'être toujours la première au courant de ses moindres malheurs.
☞ Premier monstre et premiers ennuis.
«
T'es complètement folle ! Complètement dingue ! » «
Ouais ouais je sais, cours patate ! » Elle avait eut la plus mauvaise idée de l'année. Entraîner le trouillard qui lui servait de copain dans de telles... Aventure. Évidement elle ne pouvait pas se douter qu'un monstre allait leur tomber dessus aussi rapidement. Et puis ce garçon était d’une lenteur alarmante. Bon sang. Il allait les faire tuer. Si le monstre ne les rattrapait pas ils avaient bien de la chance. «
Grimpe dans un arbre ! » «
Mais je Héloïse je... » «
Grimpe ! » hurla t-elle. Elle, ne perdit pas une seconde avant de s'accrocher aux branches et de filer vers la cime aussi rapidement que possible. L'autre en revanche... «
Connor ! » Elle leva les yeux au ciel et fit machine arrière l'aidant à grimper. Il était totalement tétanisé. Elle aussi, mais avait appris à... passer outre. Ils allaient affronter ça tranquillement, ils avaient de l'avance, la bête ne les verrait pas et... «
Aaaaaaargh ! » Trop tard. Héloïse sauta à terre et attrapa une flèche. Derrière elle Connor s’efforçait de grimper le plus vite possible. Abandonner une romaine au combat, quelle lâcheté ! Elle dut s'y reprendre à plusieurs reprises, cribler la bête de flèche avant que cette dernière ne s'écroule lamentablement. «
Pour qui tu m'as pris, hein ? Je suis pas comme ton pote monsieur parfait moi ! » Les deux se prirent le savon du siècle pas le conseil. Et elle fut puni. Lui aussi d'ailleurs. Très vite Connor mit fin à leur relation et Héloïse ne fut presque soulagée. Et ce fut Jefferson qui fit la moitié de ses corvées. Une fois de plus, il était là pour assurer ses arrières.
☞ La traque.
L'attaque du camp avait jeté un froid sur toute la communauté. Les mortels étaient arrivés et avaient fais un massacre. Des gens qu'elle connaissait étaient tombés au combat, de bons guerriers. Jefferson s'était battu comme un chef avec Héloïse à ses côtés. On avait tenté de rassurer la communauté, mais en vain, beaucoup avaient compris que désormais plus rien ne serait pareil. Alors un soir, elle avait pris la fuite. Elle avait besoin de revoir des êtres qui lui étaient chers. Sa mère, sa demi-sœur. Taylor ne se trouvait pas chez elle, sa mère lui annonça qu'elle était partie en Angleterre pour terminer ses études. Héloïse passa une soirée chez sa mère. Sans rien dire. Mais elle raconta tout le reste de sa vie au camp. Pendant le temps d'une soirée, il lui sembla tout oublier. Et puis, vint le moment du retour.
Ce fut là qu'elle baissa sa vigilance. La curiosité est un mauvais défaut disait-on. Dans le bus, elle était assise à côté d'une femme blonde. Grande, élégante que beaucoup auraient pu trouver magnifique si elle n'avait pas cet air morne sur le visage. Ce qui l'interpella, ce fut l'appel qu'elle reçut pendant leur trajet. Elle parlait à voix basse, mais Héloïse fut sûre d'entendre le mot colonie. Et son esprit totalement omnibulé par les affaires des deux camps des demi-dieux ne pu s'empêcher de faire la liaison. La femme descendit pendant la pause et oublia son sac. De bon cœur Héloïse l'attrapa et sortit du bus afin de le lui rendre. Bon sang, mais où était-elle partie ? Une sonnerie retentit et ne perdant pas une minute elle farfouilla dans la sac.
Bureau s'affichait en grosse lettre sur l'écran. Ce fut plus fort qu'elle, la tête penchée, elle décrocha et copiant la voix de la femme blonde entendue dans le bus, répondit. «
Monet ? Où êtes vous, nous avons besoin de vous rapidement, ne perdez pas votre temps avec les Romains. » «
Je... » Elle releva la tête et ce fut là qu'elle la vit. Elle était debout devant elle. L'air morne s'en était allé pour laisser place à une sorte de... fureur ? Héloïse lâcha le téléphone. «
Et merde... » Son instinct lui souffla de courir aussi vite que possible. Et comme à son habitude elle lui obéit.
La femme avait une arme. Une arme de chasse ?! Qu'elle trimballait avec elle, comme ça c'était... Effrayant. En tout cas, elle savait viser. Et très bien même. Elle avait réussi à trouver le pan de sa veste alors qu'elle courait toujours derrière elle. Un peu plus, et sa hanche était réduite en bouillis. Héloïse avait beau hurler à l'aide, rien ne venait. Cette nana complètement folle allait lui tirer dessus jusque mort s'en suive. «
C'est ça, hurle ! Vas-y ! » Le diable continuait de lui coller à la peau. Quand enfin, elle tomba sur une route goudronnée. Bon sang, il devait bien y avoir du passage par ici, non ? PAN. Héloïse s'écroula au sol. Sa jambe. Elle l'avait eut. Elle s’écrasa la tête la première. Tandis qu'elle tentait de se relever en se traînant comme le pouvait, elle entendait la respiration de plus en plus rapide de la femme. Elle avait cessé de tirer. Le bruit de ses talons (bon sang comment faisait-elle pour faire tout ça en talons ? Était-elle normale comme nana ? ) semblait se rapprocher. La femme lui flanqua un coup de pied dans les côtes la faisant se tourner. L'arme pointée sur le front Héloïse n'osait plus faire un seul geste. Plus aucun mot, plus aucune mélodie ne pourrait la sauver, sa bouche refusait de s'ouvrir. «
On aurait dit que j'ai gagné ? » Un jeu. C'était juste un jeu pour elle. Elle la voyait parfaitement parmi ses hommes qui avaient massacré les siens. «
J'hésite à te ramener, mais... » Mais ? Elle chargea son arme, quand tout un coup, les phares d'une voiture l'éblouir. Elle ferma les yeux et quelques secondes plus tard, un vieil homme et sa femme se jetèrent sur elle. «
Mademoiselle ? Tout va bien ? » «
Oh mon dieu chéri elle est blessée ! » Et Héloïse tourna de l’œil.
☞ Oublier et commencer une nouvelle vie.
«
Héloïse, ça va ? » Jefferson, qui était penché sur elle, la prit dans ses bras et l'enlaça. Sa jambe lui faisait mal, mais elle irait bien. Elle le savait. Elle le sentait en fait, les enfants de Phébus et d'Esculape faisaient de bons médecins. «
Tu te souviens de la femme qui t'a agressé ? » «
C'est... trop flou. J'arrive pas à me souvenir non... » Son esprit faisait un blocage. Elle avait beau essayer de se souvenir, elle n'y arrivait pas. Tout ce qu'elle voyait, c'était un visage flou encadré de longues boucles blondes. Elle secoua la tête. Elle n'était d'aucune aide. Il lui passa une main sur le front et elle ferma les yeux. Comment était-elle arrivée là ? Il lui raconta qu'un couple de mortel l'avait retrouvé sur une route déserte. Et qu'ils avaient en suivant contacté sa mère. Et Jefferson était venu la chercher. «
Oh tu... » «
Tu l'aurais fait pour moi, je ne pouvais pas te laisser aller à l’hôpital, elle aurait pu te retrouver. Je te jure, si je croise cette malade, je vais la démonter. » Elle esquissa un sourire et rigola un peu. Ce qu'il pouvait se montrer buté par moment ! «
Elle est folle à lier, sérieusement, n'y compte pas... » «
Oh que si ! J'en fais mon affaire ! On ne s'en prend pas ma copine comme ça. » «
Ta co... » Elle n'eut pas le temps d'aligner trois mots de plus, déjà il s'était penché pour l’embrasser. Elle ne l'empêcha pas, laissant le fils d'Esculape sans voix. Ce dernier se trouva soudain très occupé par ses bandages mal rangés et leur tourna le dos.
Jefferson n'avait pas perdu de temps pour le raconter à tout le monde. Mais elle s'en fichait. Elle s'était toujours affichée avec lui. Cela ne changerait pas trop de ses habitudes. Et puis maintenant, elle n'avait plus à s'inquiéter des filles avec qui il sortirait. Évidement cela étonna beaucoup de gens (sauf George, qui jura qu'il était au courant depuis le début, que cela ne l'étonnait pas du tout, qu'il voulait être témoin patatati patata), qu'il tienne aussi longtemps à ses côtés. Il fallait dire qu'une relation qui dépassait déjà un mois, c'était exclusif quand on parlait d'Héloïse Miller. Alors quand il lui demanda sa main, en ce mois d'Avril, personne n'y crut vraiment. Il avait tous les bons arguments. Ils avaient fait leur devoir pendant dix ans, ils pouvaient vivre ensemble à la Nouvelle-Rome, fonder une famille, vivre heureux parmi les gens comme eux. C'était tout ce qu'il désirait. Et elle aussi. Alors elle accepta. Comment refuser ? Ils se connaissaient depuis tant d'années, elle savait qu'il était la bonne personne. Et puis il eut cette virée à New York avec ses plus proches amies. Ce garçon rencontré dans un bar, sans doute complètement bourré lui aussi. Et quand elle revint à la Nouvelle Rome quel ne fut pas sa surprise quand un fils de Cérès lui demanda si elle vivait bien le début de sa grossesse. Elle le fit jurer de ne rien dire. «
Ça va ma chérie ? » «
Oui, bien sûr ! » Elle serra Jefferson dans ses bras. Combien de temps avant qu'il s'en rende compte ? Après tout, sa mère était la déesse de la fécondité. Il devait... Sentir ses choses-là. Oh puis, peut-être que l'enfant était de lui ? Mais quelque chose lui faisait penser que non. La poisse. «
Dans quoi tu t'es engagé encore ma pauvre fille ? » Et voilà, elle entendait encore la voix de cet homme aux oreilles trop grandes qui lui avait gâché son enfance.