Jade E. Holmes & Bloodwyn C. O Néil

Comment une journée peut-elle virer au non normal en moins de quelques secondes ? Il y a qu’à me demander ! Franchement, serais-je devenue malchanceuse : dans le sens où tout m’arrive à moi, ou serais-ce le contraire ? Serais-ce une chance de voir tout ça ? De se rendre compte de ce que les autres ne voient pas ? Aucune idée et très sérieusement, moins j’y pense, mieux je me porte ! Disons que toute cette réflexion me donnerait presque un mal de crâne atroce à force de trop réfléchir là-dessus. Toujours est-il que tout devient compliqué lorsqu’on mêle choses normales et choses étranges. Quand il s’agissait d’aide en informatique, n’importe qui étant dans ma promotion ou à la fac d’informatique – non non je n’exagère pas du tout ! – répondait à la personne en détresse de venir me voir. Oui moi, comme si j’étais la seule dans l’Univers ! Toujours est-il que je ne pensais pas que cela pourrait prendre des proportions pareilles : dans le sens bizarre du terme… En effet, ce matin en arrivant en cours, une des nombreuses têtes d’étudiants présents dans la fac passa à côté de moi avant de s’arrêter, revenir sur ses pas et de me dire qu’il fallait que je rencontre quelqu’un à la lisière : quelqu’un qui avait besoin de mon aide. Glissant un bout de papier sur lequel était écrit les mêmes mots, sans aucune autre parole, il s’en était allée. L’appelant pourtant plusieurs fois avec des petits « Hey ! » ou encore « Attends, mais attends-moi ! », il ne se retourna jamais. Bizarre, cette blague-là, on ne me l’avait jamais faite. Cela me donnait quelques frissons. L’idée de le suivre ne me traversa pas l’esprit, j’étais comme tétanisée sur place. Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ma vieille ? On t’a demandé ça des tonnes de fois ! Lorsqu’on demande ton aide, c’est obligatoirement pour ça ! Pas pour autre chose ! Ressaisie- toi et vite ! Depuis quand as-tu peur de quelque chose d’aussi futile que ça ? Secouant la tête, le fait que la personne en question ne m’ait rien sur un horaire me paraissait bizarre, ainsi que la lisière de la forêt. Qui peut bien passer ces journées là-bas ? Enfin tout ça m’intriguait, ça avait même attisé ma curiosité cachée. Tapant avec mon index, comme si je tapais nerveusement sur mon clavier, je ne mis pas une éternité à prendre ma décision. Posant une main ferme sur la lanière de mon sac à bandoulière, je tournais les talons et me dirigeais dans la direction opposée à la fac. Prétextant à une amie, un soudain malaise je la laissais en plan, mon petit bout de papier fermement serré dans mon autre main…

Il fallait que je me rassure : quelqu’un devait avoir besoin de mon aide uniquement pour mettre un antivirus sur son ordinateur ou alors pour l’aider à retrouver son mot de passe oublié. Non Jade, tu ne vas certainement pas craquer les codes d’un machin truc bidule chose que tu ne connais absolument pas ! Détends-toi, inspire, expire. Marchant en direction de la lisière, mes gènes de détective, donnée par mon père se mirent en route instinctivement et observant le petit morceau de papier, j’essayai de tirer quelque chose de ce dernier. Ecrit à la va-vite, certainement une personne pressée et au vu des courbures des lettres, ça devrait être plutôt une femme. Donc une femme pressée. Eh bien, on était très avancé. Ne voyant personne, l’idée que la lisière de la forêt s’étendait sur plusieurs mètres me traversa enfin l’esprit. Cette personne pouvait bien être là où là-bas tout au bout ! Soupirant je regardais une énième fois ce morceau de papier, comme s’il allait pouvoir me donner une réponse silencieuse et écrit au stylo invisible. Seulement rien ne vient, hormis une tête qui dépassa de la forêt. Une rousse qui cherchait apparemment quelque chose. Tant pis, même si ce n’était pas elle que je cherchais, j’allais quand même tenter ma chance. Mais alors que je m’approchais, elle m’aperçue et disparue aussi vite qu’elle était apparue. « Hey, attends-moi ! » Soupirant légèrement, je sautais par-dessus les premiers buissons et me lançais à sa poursuite. Ou disons que j’essayai de suivre une chevelure rousse dans tout ça. Evitant les branches qui étaient au niveau de ma tête et celles au niveau de mes pieds, je m’étonnais de ne m’en être prise encore une. La chance de la débutante, c’était la première fois que je faisais une course-poursuite à travers les bois…

Finalement je me stoppais nette : elle avait l’air de connaître mieux que moi cet endroit. Il ne me restait plus qu’à trouver la sortie de ce machin, chose peut-être plus difficile que ça en avait l’air. Je lançais une petite plaisanterie dans le vide, ne pensant pas que quelqu’un me répondrait : « Est-ce que quelqu’un a un plan pour sortir d’ici ? Quelqu’un me le doit bien pour m’avoir fait venir ici ! »

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