Abigail n'essayait même pas de le cacher : elle avait la trouille. Une vie de sang-mêlé était une garantie de vivre une tonne de choses flippantes. Pourtant, la vision d'un Haytham ivre de colère regardant dans sa direction se propulsa rapidement dans son top trois des pires horreurs à vivre. La Romaine vit avec horreur la chaise métallique balancée sans ménagement. Abby essayait de garder son calme et utiliser sa voix, sa seule arme. Ne pas céder à son instinct qui la poussait à crier et à se recroqueviller sur sa chaise. Empêcher sa voix de trembler, même lorsque le fils de Mars fit apparaître son épée, répéter encore et encore la même phrase avec l'espoir que cela fonctionnera. Haytham avait levé son arme et hurler qu'il allait la dépecer. La fille de Vénus ferma les yeux, détourna la tête comme pour se préparer à la douleur et hurla sa phrase de plus belle, en essayant d'y mettre tout le poids de son enjôlement.

Elle eut le souffle court face à sa dernière tentative qui lui avait vidé tout l'air de ses poumons. Il n'y avait plus qu'à attendre le résultat de son coup de poker. Ne ressentant pas la douleur signalant son échec, la demi-déesse osa ouvrir lentement les yeux et leva la tête. Elle vit le bras tremblé et soudain, cela semblait la chose la plus importante au monde. Elle n'osa rien faire, rien dire, de peur de faire pencher la balance du mauvais côté. Le hurlement du demi-dieu la fait sursauter au point de manquer de peu de la faire tomber en arrière.

Abigail ne put retenir un soupir de soulagement lorsque finalement Haytham envoya l'épée sur le double qui disparut dans un nuage de fumée noire. "Juste la peur de ma vie. Et vu ma vie, cela en dit long." Répondit Abby lorsqu'Haytham s'inquiéta pour elle. En disant cela, la demi-déesse avait laisser de côté son légendaire cynisme pour le troquer contre un petit rire nerveux. Surtout lorsqu'il fut question de cinéma ou de bowling. Les mortels passaient leurs soirées ainsi tandis que les demi-dieux avaient plus de chance de se faire kidnapper par des monstres ou des divinités mineures au lieu de se voir offrir un verre entre amis. Quelle injustice.

L'ennemi ayant disparu (certainement temporairement, il ne fallait pas trop rêver), Haytham en profita pour se lancer dans quelques spéculations. "J'assimilerais mieux ce flot d'informations si tu me détachais." Commenta-t-elle en retrouvant son cynisme habituel, bien que ce dernier soit encore teinté de soulagement d'avoir échappé à une mort violente des mains d'un fils de Mars ivre de colère. Libérée, elle se frotta ses poignets meurtris. Ses jambes étaient également endolories à force d'avoir été immobilisées dans une position assise. Les nombreux objets qu'elle avait reçus n'aidaient pas non plus. On pouvait difficilement dire que la demi-déesse était pleinement en forme. "Je t'avoue que ce n'était pas la chaise qui retenait mon attention à ce moment-là." Avoua-t-elle en regardant le sol recouvert de matière poisseuse. "Et mon seul commentaire sur ce sujet serait : Beurk." Ajouta-t-elle alors que l'irlandais trempa son doigt. Elle haussa piteusement les épaules. "Désolé, tu n'as pas été kidnappé avec la demi-déesse la plus utile du Camp Jupiter." Charlie aurait certainement bricolé un gadget utile ou... N'importe quoi de plus constructif que de se masser les poignets en attendant un miracle (ce qui n'est pas conseillé lorsque votre adversaire était divin).

La Romaine pesta encore plus sur son manque d'initiative lorsque le sol se mit à trembler, ce qui signifiait très certainement que le moment de calme était fini. À peine, le temps de cligner des yeux que des étincelles provenant des ampoules provoquèrent un début d'incendie. Instinctivement, Abby recula avec un petit cri de surprise qu'elle regretta aussitôt. Trop tard pour fuir, ils étaient encerclés. La fille de Vénus se rapprocha de son compagnon de galère. Même si cette personne avait tenté de la dépecer sous un coup de colère, sa présence restait rassurante.

C'était le moment idéal pour regretter de ne pas être un enfant de Vulcain ou d'avoir la maîtrise du vent dans ces dons, tout en cherchant frénétiquement une issue du regard. Elle leva automatiquement les yeux lorsqu'Haytham cria. Abigail se précipita à la suite du fils de Mars vers les étagères pour l'aider au mieux, ne s'accordant même pas une pause pour essuyer les gouttes de sueur qui perlaient sur son front à cause de la proximité des flammes. Elle marqua une hésitation lorsqu'on lui ordonna de monter en premier. Nul besoin de le dire à voix haute, l'expression soucieuse de la demi-déesse trahissait la question muette 'et toi ?', mais il n'y avait pas le temps pour se préoccuper de ce genre de détail. Aussi, se lança-t-elle dans l'escalade de l'étagère.

D'abord hésitante, s'appuyant beaucoup sur l'aide d'Haytham, ses gestes prirent de l'assurance à mesure qu'elle grimpait. Sa respiration se calma lorsque ces doigts se refermèrent sur la grille. Enfin une lueur d'espoir dans cet enfer ! Bien qu'elle n'était pas fille d'un dieu guerrier, elle restait une demi-déesse et avait, par conséquent, assez de force pour ouvrir le grillage et se glisser la première dans le tuyau d'aération. Abby se félicita mentalement de ne pas être fan des films d'horreur, sinon ce qu'elle était en train de faire (ramper dans un tuyau d'aération sans savoir où il aboutissait) l'aurait fortement inquiéter. À la place, elle rampa aussi vite qu'elle le pouvait. Au début, elle voyait légèrement grâce aux lueurs provenant de l'enfer de flamme qu'ils venaient de quitter. Puis, petit à petit, l'obscurité régna et elle ne tarda pas à avancer à l'aveugle.

Jusqu'au moment où elle buta contre une nouvelle grille, provoquant un petit choc métallique. Abby étouffa au mieux une exclamation de surprise. Il ne fallait pas oublier que leur ennemi était toujours quelque part, peut-être en train de les chercher. Le silence s'imposait. Après avoir dégagé la grille, la fille de Vénus osa jeter un coup d'oeil. Rien. Le noir total. Si Haytham ne se trouvait pas juste derrière elle, sans doute aurait-elle esquissé un mouvement de recul. À la place, elle se laissa timidement tomber dans l'obscurité. Ils n'avaient pas le choix, l'autre solution était de retourner en direction du barbecue grandeur nature qu'était devenu la salle où ils avaient été tenus prisonniers.

La chute fut trop courte pour qu'elle ne redoute de s'être lancé dans un puits sans fond. Abigail s'écarta aussitôt pour laisser à Haytham de la place. "C'est bon." Signala-t-elle juste assez fort pour être entendue. Ensuite, bien décidé à se montrer enfin utile, elle tâta le sol à le mur le plus proche à la recherche d'une lampe ou d'un interrupteur. Même en n'ayant pas peur du noir, cette obscurité totale la mettait mal à l'aise.

C'est dans ces moments qu'on regrette tous un tas de choses, allant des plus futiles ou plus importantes. Tout un tas de visages vous reviennent en mémoire comme pour vous rappeler les détails d'un film qui ne s'arrête jamais. Pour les plus malheureux, à savoir ceux qui on à priori moins de chance de s'en sortir, Dame fatalité leur offre en bonus le récapitulatif de leur vie, histoire de bien enfoncer le clou. Haytham n'avait pas vu sa vie défiler devant ses yeux au moment le plus fatidique de l'histoire. Pouvait-il donc se targuer d'être chanceux au point d'échapper à la mort ? Rien n'était moins sûr, toujours est-il qu'il ne put s'empêcher de faire la liste de ses regrets, comme si quelque part, il savait que tôt ou tard, il ne pourrait y remédier. Était-il donc septique au point de se voir déjà mort ? Oui. Allait-il le laisser paraître, entraînant la pauvre Abby dans sa déchéance ? Non, car notre beau salaud n'en reste pas moins un héros malgré les quelques problèmes d'alcool et se battra (au mieux) pour sauver les siens.C'est donc tout naturellement qu'il laissa sa place à la jeune fille de Vénus pour qu'elle accède en première à la grille d'aération et quitte ainsi au plus vite l'infernal incendie qui rongeait toute la pièce. Observant une dernière fois le brasier, le fils de Mars, après une prise d'élan, parvient à pénétrer à son tour le couloir métallique. Le cœur battant à s'en rompre, il chassa du revers de sa main gauche, la sueur de son front avant de pousser un long soupire tout en continuant à suivre de prêt sa jeune protégée. « - C'est bien ma veine ça ! D'abord, on se tape l'invasion de ces enfoirés, puis l'Hydre et maintenant voilà qu'on se retrouve ici avec je ne sais quel dieu mineur, si c'est bien un dieu mineur. » Haytham en colère est une espèce de moulin à paroles. Enfin cette « colère » est petite comparé à ce dont il est capable. La pauvre Abby pouvait en témoigner. Incontrôlable était un euphémisme pour décrire l'état dans lequel se trouvait l'Irlandais sous le jonc de la colère. Une colère devenue un véritable talon d'Achille à mesure du temps passé.

La main encore tremblante sous l'effet de l'adrénaline, le jeune homme prit quelques secondes pour faire retomber la pression. Derrière lui, le feu continuait de dévorer la pièce dans laquelle ils se trouvaient encore, quelques secondes auparavant. Cette fois, il en était sûr, l'être responsable de leur enlèvement ne voulait pas simplement s'amuser avec eux, il avait prévu bien des choses pour ses invités et nul doute que les futures réjouissances fassent de lui un hôte parfait. Sans trop savoir pourquoi, Hay qui continuait à avancer non sans difficulté dans cet étroit tuyau, repensa à son cher voisin, qui lors des séances de remises à niveau « culturel » l'avait convié à une soirée films placés sous le signe de l'horrifique, du dégueulasse, du trash. Une effusion d'hémoglobine à faire pâlir les vampires et autres créatures avides de sang. Ce soir-là, l'informaticien avait opté pour ce qu'il appelait un classique du genre « Saw ». Un souvenir que le demi-dieu aurait préféré bannir de sa mémoire, mais qui en cet instant semblait prendre sens. « -Putain je savais que je n'aurais pas dû regarder ce film ! » dit-il tout haut. « -Avec le bol qu'on a, on est tombé sur un dieu mineur à tendance psychopathes qui veut jouer avec nous comme dans Saw. » Passé cette réflexion au combien salutaire pour leur survie, les deux romains continuèrent leur périple à travers ce tunnel sans fin. À mesure qu'ils avançaient et qu'ils s'éloignaient de l'incendie, la luminosité tendait à s'amoindrir pour totalement s'effacer au profit des ténèbres. La mâchoire serrée, le fils de Mars se demandait bien ce qui les attendait à présent et si par chance, ils parviendraient à quitter les tuyaux d'aération. « Ok Hay, ferme les yeux,prends une grande inspiration. Papa Mars a aiguisé tes sens, ce n'est pas pour rien… » Après une grande inspiration, le fils du dieu de la guerre se concentra et laissa parler ses sens. Sous ses doigts, il parvenait à sentir quelques cavités, signe qu'il y avait eu du passage avant eux. Son sens du toucher lui permit aussi de sentir sur son visage un courant d'air, de toute évidence imperceptible pour le commun des mortels. « -Je sens quelque chose » dit-il à mi-voix. Abby n'avait quant à elle pas attendu les allégations de son camarade pour trouver une grille qu'elle ouvrit sans plus attendre afin (espérons-le) de s'extraire du tuyau d'aération. Haytham s'apprêtait à la suivre quand soudain une voix se fit entendre (dans sa tête)

« -Elle n'est pas celle qu'elle prétends être ! Elle te ment. Abby n'est pas avec toi ! » Haytham se retourna par réflexe, espérant mettre un visage sur cette voix. Mais rien, il restait murer dans les ténèbres, continuant à entendre cette voix lui livrait quelques paroles. À son tour, quoique sur ses gardes à présent, le demi-dieu retrouva la terre ferme après s'être enquis des paroles de la jeune femme qui le précédait. « -Génial encore dans le noir. Ils font des économies sur l'électricité ou quoi ? » A son tour, le jeune homme tata le sol, les voix continuaient à se faire entendre. « -Putain, mais fermez là ! » lança-t-il à haute voix. « -Tu les entends Abby ? » À peine eut-il formulé son interrogation que la lumière réapparut permettant ainsi aux protagonistes de prendre connaissance des lieux. « -C'est quoi cette blague ? » lança Hay en découvrant face à lui un long couloir avec plusieurs portes sur les côtés. « -Aimez-vous jouer demi-dieux ! » lança une voix, la même que celle qui semblait encline à harceler notre Irlandais. « -Oui on adore ça s'est connu. Bon, on va devoir trouver la bonne porte, je suppose. » lança-t 'il sur les dents.Sans attendre le Marsien passa devant la jeune Abby, la main sur sa bague, car légèrement suspicieux. Un trousseau sans clés leur tomba aux pieds, Hay s'en saisit aussitôt. Un petit mot se trouvait à l'arrière. « Prenez les bonnes décisions. Le temps vous ait compté. De cinq clés, vous devrez vous acquitter, lorsque vide sera le sablier. » Le demi-dieu replia le mot et regarda la jeune femme qui se tenait à ses côtés. « -Je ne sais pas à qui nous avons affaire, mais cette personne se joue de nous et prends son pied de toute évidence. » Un tremblement sortit les deux acolytes de leur réflexion. Un immense sablier venait d'apparaître, laissant couler les premiers grains de sable. Le temps commençait déjà à manquer « -Allons-y ne perdons pas de temps ! » Le fils de Mars rangea le trousseau dans sa poche et partit à l'assaut de la première porte.

Alea jacta est:

Lors de ces premières années au Camp Jupiter, l'astuce d'Abby pour évacuer la tension était d'essayer de tout voir sous un angle positif. Un exercice très facile lorsqu'on était une boule d'optimisme sur patte. Ici, tandis qu'elle était en train de ramper dans un tuyau étroit, il était difficile de voir l'aspect positif de la situation. Même la présence d'un ami ne tenait pas quand on avait été la cible de la colère d'un fils de Mars. Alors, son esprit se focalisait sur des détails inutiles. Du genre, elle pensait aux couches de fonds de teint et de crème qu'elle allait devoir mettre en sentant encore sa peau palpiter à cause des flammes qu'ils avaient quittées. Elle pensait aussi à la manucure qu'elle allait devoir faire tandis que ses ongles raclaient les parois pour avancer. Des petits détails stupides qui lui évitaient de crier comme une hystérique. Les mauvaises langues s'étonneraient certainement de ce manque de sang-froid de la part d'une Romaine. Pour sa défense, la fille de Vénus répliquerait qu'être kidnappé par un dieu mineur (pour son ego, elle préférait se dire que la théorie d'Haytham était juste) était une grande première dans sa vie de demi-déesse.

Elle se félicitait de ne pas être fan de films d'horreur. Abby en avait vu un dans sa vie, elle ne se souvenait plus du titre. Sa motivation à l'époque était d'avoir une bonne excuse pour se blottir contre Zack, hélas, le film s'était avérer plus ridicule qu'horrible lorsqu'on vivait une vie aussi dangereuse que la leur. De toute évidence, son compagnon de misère n'avait pas cette chance.

"Saw ? Désolé, ce n'est pas mon genre de film, j'aime trop dormir paisiblement la nuit pour me lancer là-dedans et, dans ce cas précis, l'affiche m'a suffit à renoncer à l'idée de regarder." Commenta-t-elle en ne s'arrêtant pas d'avancer pour autant. Il était rassurant de parler alors que la luminosité provenant de l'Enfer de flamme dont ils s'éloignaient diminuait. "Je comprendrais jamais comment ce genre de truc peut être populaire." Marmonna-t-elle. Surtout si ces films ressemblaient à la galère dans laquelle ils étaient coincés.

La hantise d'Abigail était de voir le sol disparaître sous elle ou que quelque chose déboule en profitant qu'ils soient coincés dans un tuyau étroit pour les conduites à une mort aussi certaine que peu glorieuse. Comme quoi, pas besoin d'avoir vu des films d'horreur pour faire travailler son imagination. Avec ce genre de pensées en tête, la fille de Vénus poussa un soupir de soulagement lorsque ses doigts se refermèrent sur une grille. Presser d'ouvrir le grillage pour se jeter vers l'inconnu mais surtout sortir de ce tuyau peu confortable, Abby ignorait tout des paroles trompeuses dont était victime le fils de Mars.

Jusqu'au moment où Haytham hurla de se taire. Abby sursauta devant cette nouvelle démonstration de la colère Marsienne. Elle s'était accroupie pour fouiller fébrilement le sol à la recherche d'une lampe-torche ou un objet dans le même style. Rien. Le contraire aurait été étonné étant donné son niveau de poisse. La demi-déesse eut rapidement l'occasion de penser à autre chose puisqu'Haytham lui demanda si elle avait entendu. "Entendre quoi ?" Demanda-t-elle, perplexe après avoir tendu l'oreille et froncer les sourcils.

Elle n'eut pas le temps de creuser la question puisque la lumière revint. Abby se releva prestement en serrant les poings. Elle avait encore les yeux plissés à cause du retour brutal de la lumière. Le commentaire d'Haytham la força à ouvrir d'avantage les yeux, provoquant l'apparition de petits points colorés qui brouillaient légèrement sa vision. Vu la réaction de l'autre Romain, elle s'attendait à tout, en piochant dans la catégorie étrange.

"On se croirait dans un épisode de Scooby-Doo. Il y a toujours un passage de course-poursuite dans ce genre d'endroit." Commenta-t-elle, encore sous le choc d'être tombé dans ce couloir rempli de portes. La demi-déesse haussa les épaules. "Chacun ses références." Souffla-t-elle. Elle préférait penser à un vieux dessin animé comprenant un chien qui parle plutôt qu'à des films dans le genre Saw. Cette comparaison pouvait sembler anodine, mais cela l'aidait à décrisper un peu ses nerfs. C'était le cas avant qu'une voix se fit entendre. Instinctivement, Abigail se rapprocha du fils de Mars tandis que la voix leur demandait s'ils aimaient jouer.

La demi-déesse aurait aimé avoir le temps de répliquer une phrase cinglante dont elle avait le secret. Elle l'aurait fait si un trousseau sans clés n'étaient pas tombé à leurs pieds. Abby se pencha pour le ramasser, seulement, le fils de Mars fut plus rapide. La Romaine se mit sur la pointe des pieds pour lire également le mot. "J'aimerais tellement découvrir que ce cirque est une caméra cachée." Soupira-t-elle. "On peut rajouter 'plaisir des jeux sadiques' à la liste des charmants atouts de notre kidnappeur." Le genre de jeu où il est plus agréable d'être celui qui regarde que celui qui subit. Chouette programme en perspective.

Un immense sablier apparut à cet instant et ne tarda pas à commencer à s'écouler. Abby pesta intérieurement. En tout cas, elle espérait avoir réussi à garder un maximum de ces jurons pour elle. Déjà, la Romaine sentait ses muscles endoloris se tendre et se crisper, dans l'attente des efforts à venir et parée à bondir dès que l'ordre partira du cerveau. "Moi qui allais proposer de prendre le thé !" Ironisa-t-elle en courant à la suite d'Haytham. Oui, c'était certainement ce que l'ancienne Abigail aurait proposé, discuté tous ensemble autour d'un thé et de petits gâteaux en s'imaginant que tout aller s'arranger de cette façon. Pendant ce temps, dans la réalité, ils ne savaient même pas qui leur en voulait au point de les coincer dans une épreuve contre la montre ni pourquoi.

Abigail imaginait devoir entrer dans une chambre des horreurs et fut surprise de découvrir à la place une serre botanique paisible. C'était louche. Pas besoin de le dire à voix haute, sa démarche prudente et son regard suspicieux étaient suffisamment parlant. Elle regard les statues. Automatiquement, elle pensait à un monstre en particulier et espérait se tromper. Cependant, les statues n'avaient pas les expressions horrifiées qu'affichaient les victimes de Méduse. Cette conclusion la soulagea un peu. Quoi que de nouveau, elle garda ce commentaire pour elle afin de ne pas provoquer la malchance. Comment ne pas penser au pire dans des moments pareils ?

La fille de Vénus fit la clef dans la main d'une statue représentant un roi. "Là !" Dit-elle avec soulagement. Sans réfléchir, elle voulut se précipiter en direction de la statue, désirant en finir en plus vite et comprit son erreur lorsqu'une dalle composant le sol sembla s'affaissait sous la pression de son pied. Elle crut entendre un bruit et espérait avoir rêvé. Abigail recula vivement, mais avait-elle été assez rapide ?

« Le monde est peuplé d'effrayantes créatures. Tellement effrayantes que leur existence semble impossible hormis entre les pages d'un roman fantastique. Ces êtres veulent notre mort et dame Fatalité étant avide de drame, ils ne sont certainement pas les seuls à nous vouloir six pieds sous terre. Surtout faites attention, méfiez-vous tout particulièrement des divinités mineures, grecques ou romaines peu importe, méfiez-vous en ! Certaines veulent obtenir vengeance, car comme vous le savez nos parents divins ne peuvent s'exempter d'être sans reproche. Ils ont fait des choix, ont mal agi pour la plupart et c'est auprès de nous que les êtres floués assouvissent leur vengeance. »

« Mais si ce sont des divinités mineures, théoriquement, nous n'avons rien à craindre. On leur botte le cul et voilà. » Le jeune Haytham fraîchement débarqué, insouciant de prime abord et avide de colère, avait une fois de plus pris la parole sans y être convié. Son précepteur agacé de voir à nouveau l'un des fils de Mars, le couper dans son argumentation, ne manqua pas de faire connaître sa désapprobation et son agacement à coup de regard assassin. « L'orgueil est un péché qui a conduit bien des demi-dieux à la mort jeune homme. Et nul doute que ton dessein sera aussi funeste si tu continues à penser de la sorte. » La langue du précepteur avait claqué autant que sa verve, les regards des autres jeunes félins se posèrent dès lors sur le vilain petit canard. Satisfait de sa démonstration de « mouchage » en bonne et due forme, le dresseur-pédagogue espérait pourvoir reprendre sa leçon, mais c'était sans compter sur Haytham Cassidy. Du sang de Mars coulait dans ses jeunes veines et de ce fait, il lui était impossible de se taire après une telle attaque. Alors, à la vue de tous, notre protagoniste se leva et quitta le cours prenant soin au passage de claquer la porte pour faire état de son mécontentement. Sans l'ombre d'une hésitation, tenant à faire bonne figure, le précepteur reprit sa leçon tandis qu'Haytham s'éloignait. De retour dans le présent, l'adulte qu'il était devenu, regrettait amèrement cette altercation. Il avait été trop orgueilleux et en payait le prix aujourd'hui. Bien sûr que les monstres mythologiques sont dangereux et cherchent pour la plupart, la mort des demi-dieux qu'ils traquent depuis des siècles, mais à l'époque, cette affirmation ne résonnait pas une comme évidence aux oreilles du jeune Cassidy.

Le couloir de portes, le trousseau à agrémenter de quatre clés avant que le sablier ne se vide. Cinq petites clés, une épreuve somme toute simple de prime abord. « Rien n'est jamais simple il y a toujours un prix à payer » Le fils de Mars se garda tout naturellement de partager cette pensée, ne voulant pas plomber un moral de son équipière d'un jour. À son tour, Abby prit connaissance du petit mot adressé par le charmant kidnappeur « -La liste risque d'être longue. Notre cher kidnappeur veut de toute évidence se rincer l'œil. IL N'A SUREMENT RIEN D'AUTRE A FOUTRE » accentua-t-il afin de bien se faire entendre. Le sablier bien en vue commençait à se tourner, une cloche retentit ensuite faisant comprendre « aux joueurs » que la partie venait de commencer. « - Je n'aurais pas été contre un bon verre de whisky, mais je doute qu'il nous propose un rafraîchissement. Dommage ! Pas même un petit gâteau ! Certains ne connaissent pas l'hospitalité de toute évidence. » Il n'eut pas le temps d'ironiser davantage, car en effet, la première porte venait de s'ouvrir. Sans attendre les deux romains entrèrent et quelle ne fut pas leur surprise en découvrant une serre botanique, bien trop paisible aux yeux d'Haytham qui se demandait ce qui les attendait à présent.

Il remarqua les quelques statues en pierre dispersaient çà et là dans la pièce. « -Pitié, je me suis déjà coltiné les trois gorgones une fois, vous n'allez pas me faire à nouveau ce plaisir. De vraies plaies, ces vipères en plus ! » Abby observait les lieux. Pensait-elle aussi à Méduse comme le pensait son aîné ? En regardant de plus près, le Marsien se rendit compte qu'aucune des statues n'affichait les expressions inhérentes à la pré-statufication de cette chère Méduse. « -Ca ne sens pas bon ! Ce dieu mineur à la con veut nous voir perdre et va-nous les briser menues pour arriver à ses fins. C'est eux qu'il faudrait exterminer. » Le fils de Mars serra la mâchoire, mais tâcha de se contenir pour éviter de se mettre en mauvaise posture. La voix d'Abby sortit l'Irlandais de ses pensées. En effet, sa jeune partenaire venait de trouver la fameuse clé. « -Abby attends ! » En vain, sans réfléchir la jeune femme se précipita vers la statue à l'effigie du roi. Avant d'atteindre son but, la fille de Vénus mit un terme à sa course folle. « -Quoi ? » lança son camarade qui vit la dalle sur laquelle se trouvait la fille de Vénus, s'affaissait légèrement. « -Ne bouge plus ! » Hay, anxieux s'approcha à son tour. Le Roi de pierre commença alors à se déplacer à l'horizontale, éloignant ainsi la clé. « -Ah ouais ok donc tu mixes le jeu de la carotte avec une partie d'échec génial, sauf que je n'y ai jamais joué. Et toi ? » Mais avant qu'il n'ait le temps de développer, il fut à son tour stoppé dans son élan par une lame qui fendit l'air et manqua de le toucher. Les statues de pierre sortirent de leur léthargie, commencèrent à se mouvoir et se placèrent une à une devant le Roi pour le protéger des intrus.

« -C'est quoi cette blague ?! » Devant eux se tenait à présent trois imposantes statues prêtes à en découdre. Un son de cloche retentit à nouveau, le sablier fit alors son apparition. La moitié du sable s'écoula alors, tandis que les soldats de pierre se précipitaient sur les deux demi-dieux. « -Abby ?! » s'écria le fils de Mars bloqué au sol par deux des trois colosses. La jeune femme fut, quant à elle, projetée contre un mur faisant s'écouler quelques pots de terre contenant diverses plantes. Le Marsien continuait à se débattre contre les deux statues, mais de toute évidence sa force ne lui était d'aucune aide. « -Arrrrrg mais lâchez-moi putain de merde ! » L'adrénaline pulsait dans les veines d'Haytham Cassidy qui continuait à lutter contre lui-même tout en luttant contre les deux colosses. Abby aussi était certainement en mauvaise posture. Le regard lourd, notre demi-dieu têtu continuait à se tortiller dans tous les sens afin de pouvoir déséquilibré au moins l'un de ses assaillants. « Les dès sont jetés ! » les mots résonnèrent dans la tête d'Haytham qui acculait, frappa le sol de sa main. Un léger tremblement ébranla la dalle sur laquelle se trouvait le colosse. Le Marsien en profita pour se défaire de son étreinte. Sans grâce, il roula au sol pour se délivrer totalement de l'emprise des deux monstres de pierre qui se déséquilibrèrent mutuellement et chutèrent lourdement sur le sol. Une aubaine pour leur victime qui récupéra l'une des épées au sol et se rua sur l'autre soldat de pierre qui menaçait de s'en prendre à Abby. « -Il faut qu'on récupère la clé Abby ! » Il frappa le soldat qui se retourna vers lui. « -Je vais m'en occuper de celui-là. Cours jusqu'au roi et récupère la clé. Surtout ne t'arrête pas et fonce. Je couvrirai tes arrières. On n'a plus le temps de réfléchir. »

Finalement, ils n'avaient pas été kidnappés par un mortel psychopathe comme on pouvait en trouver dans les films. La réalité lui faisait presque regretter cette supposition. À la place, ils étaient conviés à un jeu contre la montre pour le bon plaisir de leur kidnappeur. "Pas de doute, c'est bien un dieu." Marmonna Abby en regardant avec attention le sablier. "Les monstres ne se montrent pas aussi sadiques avec leur future nourriture." Bon d'accord, peut-être que certains monstres le sont, mais elle avait une furieuse envie de casser du sucre sur les divinités, alors ce n'était pas le moment de nuancer ces propos. Il était si rare qu'elle puisse exprimer si clairement sa piètre opinion sur les dieux. Ce fut un maigre soulagement qui prit fin lorsque le sablier commença à tourner et qu'une cloche retentit. La fille de Vénus se retint de pousser un soupir déprimé. Le son de cloche l'avait envahi d'une certaine fatalité, elle doutait pouvoir s'en tirer en un seul morceau dans cette histoire. Cependant, elle garda cette crainte pour elle. Inutile de plomber d'avantage l'ambiance. Haytham ironisa sur le fait de ne pas avoir de rafraîchissement ou de petit gâteau. "Hé bien, un accro aux jeux vidéos te dirait que de toute façon, le gâteau serait un mensonge ou quelque chose dans le genre." Plaisanta la Romaine en faisant un geste vague de la main. A force de trainer sur des forums de discussions, on apprenait certaines répliques, ce qui expliquait qu'elle en avait entendu parler sans être une gameuse chevronnée elle-même (ni même une gameuse tout court). "Mais comme ce n'est pas mon cas, ne me demande pas ce que cette phrase signifie."

Alors que la première porte s'ouvrait, le coeur d'Abby se gonfla d'une nouvelle motivation. Si elle doutait toujours autant de ces chances de survie à ce jeu sadique, elle décida qu'elle ferait son maximum pour aider Haytham à s'en sortir. La demi-déesse entra dans la pièce, prête à affronter le pire, et se retrouva légèrement décontenancé d'entrer dans une serre botanique des plus paisibles.

Elle ne put s'empêcher de voir les statues en pierre comme une fausse note dans ce calme anormal. Heureusement, les figures figées n'avaient pas les mines effrayées et surprises qu'avaient les victimes de gorgone. Abigail eut un soupir de soulagement devant ce constat. Un souci de moins. Comme la promesse que les choses allaient s'arranger, elle vit la fameuse clef. Son visage éclaira et elle s'avança, oubliant pendant un instant toute prudence. Ce n'est qu'en sentant la dalle s'affaisser sous ses pas qu'elle réalisa son erreur. Abby porta la main en sa bouche dans un 'o' de surprise tandis qu'Haytham lui intimait de ne pas bouger. "Ne t'approche pas Haytham. C'est ma faute, j'ai été imprudente. Si c'est un piège, inutile de tomber à deux dedans." Répliqua la fille de Vénus.

Contre toute attente, le sol ne se déroba pas sous elle et sa maladresse n'entraîna pas l'activation d'un piège mortel. À la place, la statue du roi se déplaça d'une case en emportant la clef avec lui. "Qu'est-ce que c'est encore que tout ça." Laissa-t-elle échapper d'étonnement. Le fils de Mars lui demanda si elle s'y connaissait en échec. Abby haussa les épaules. "Juste quelques trucs que tout le monde doit connaître. Le roi ne se déplace que d'une case. Le fou en diagonale. Le cavalier de manière bizarre et... Attention !" S'exclama-t-elle en pointant une direction du doigt.

Les autres statues semblaient bien décidées à protéger le roi. Abigail n'eut pas le temps de partager l'étonnement de son compagnon de misère puisqu'un son de cloche retentit à nouveau. Trop concentré pendant un instant sur le sablier qui s'était écoulé de moitié, elle en oublia les statues... Du moins, jusqu'à ce que les statues en question se rappelèrent à son bon souvenir en la projetant contre le mur. La Romaine se mordit les lèvres pour étouffer un cri. Son dos déjà bien courbaturé la faisait de nouveau souffrir et elle s'entailla les mains sur les poteries cassées lorsqu'elle s'appuya pour se relever. Pourtant, la demi-déesse n'eut pas le luxe de se plaindre sur son sort, puisqu'Haytham n'était pas dans une meilleure position.

Abigail voulut se ruer au secours de son sauveur. "Laissez-le tranquille, tas de gravats !" Cria-t-elle. Bien évidement son enjôlement n'eut aucun effet sur les êtres de pierres et elle ne put rejoindre Haytham puisque la statue qui l'avait poussé contre le mur s'interposa. La Romaine prit tous les pots à sa portée pour les jeter sur son adversaire. Cela ralentissait la progression de la statue, sans plus. Que pouvait-elle faire de plus ? Sans arme et sans pouvoir offensif ? Elle devait être la demi-déesse la plus inefficace de la Légion ! Abby pesta autant contre elle-même que contre son adversaire, continuant de le canarder avec tout ce qui se trouvait à porter de sa main. Se retrouvant dos au mur contre lequel, on l'avait jeté, elle ne pouvait reculer d'avantage... Et elle se retrouva bien vite à cours de munitions.

Dans un timing parfait, Haytham avait réussi à se libérer de ces adversaires et fonçait à son secours. Abby tressaillit lorsque le fils de Mars lui rappela l'objectif de ce jeu dangereux : la clef. Son regard se braqua vers l'objet toujours en possession du Roi de pierre. "O...Ok." Dit-elle avec hésitation. Elle ne voulait pas laisser Haytham assumée seuls les dangers, mais, d'un autre côté, elle ne voyait pas quoi faire d'autre. En plus, il n'avait pas vraiment le temps de négocier sur qui ferait quoi. Le sable s'écoulait toujours dans le sablier. Elle fonça sans protester vers la clef, feintant d'ignorer la douleur de son dos en compote ou les picotements dans ses mains. Chaque pas en direction de la statue détentrice de la clef faisait bouger le Roi. *Si seulement j'étais aussi rapide qu'un fils de Mercure ou au moins le pied aussi léger.* Se plaignit-elle mentalement. Histoire de se donner du courage, elle serra les poings et enchaîna les dalles avec acharnement. Au final, elle réussit à coincer le roi et s'empara de la clef avant que le sablier n'ait fini de se vider. "Je l'ai !" Cria-t-elle, triomphante.

La mâchoire serrée, le demi-dieu continua à maudire de l'intérieur l'entité responsable de leur calvaire. Le coup du cube n'avait de toute évidence pas suffit, il en fallait plus à ces foutus spectateurs de seconde zone. Par réflexe et parce qu'il avait, aux côtés de Marvin, vu beaucoup de films de ce genre, le fils de Mars balaya l'horizon du regard afin d'y déceler quelques possibles bons axes pour des caméras. Après tout, peut-être que tel un « Hunger Game » grandeur nature, la scène était filmée. Autre alternative, pas des plus réjouissantes, peut-être avions-nous affaire à un amateur de Saw et là, il était évident que l'on pouvait craindre le pire. Bien que les derniers volumes de la trilogie ne soient pas affriolants, la base même de l'œuvre repose sur un principe disons-le, peu ragoutant. Mais à bien y réfléchir, la thèse d'une fin à la Saw était peu probable et il suffisait de voir le degré de sadisme, résolument plus faiblard que celui de Jigsaw pour s'en rendre compte. Oui tout ça ne semblait être que du pipi de chat comparé piège au couteau, à la hache flamboyante ou le mythique carrousel de la Mort. L'on se rassure comme on peut, n'est-ce pas ?! Toujours est-il que la situation pas encore critique allait le devenir sous peu, mais ça, les deux rejetons divins l'ignoraient à coups sûrs. « - Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il s'agisse d'un dieu. Quant aux monstres, la théorie diverge. Tout dépend pour qui ils traitent, voir même s'ils travaillent pour une enfoiré de divinité mineure. Enfin bref, on n'a pas le temps pour un débat je crois. J'espère vraiment qu'on ne fera pas office de nourriture. Je n'ai pas pour vocation à être un met raffiné de toute façon. » A priori, personne ne se destine à cela, sauf peut-être le dernier des tordus. Que voulez-vous ? En de telles circonstances, il nous arrive parfois de ne dire que de la merde ! Oui l'humeur est certainement le dernier rempart non pas contre l'oubli, mais contre la peur et plus particulièrement celle de l'inconnu. Et l'on peut dire que jusqu'à maintenant, les deux rejetons divins n'ont pas été épargné d'où l'abus maladroit d'humour ce à quoi la fille de Vénus, qui elle aussi désireuse de ne pas plomber l'ambiance, répondit en citant le genre de réplique qui ferait frétiller le coeur en émoi d'un geek.


«-C'est exactement ce que mon voisin dirait et pour le coup, c'est un accro confirmé ! » Passé la réplique, le Marsien étouffa un petit rire, la situation, aussi tendue que la ficelle d'un string, ne prêtait pourtant pas à sourire, à l'inverse du visage de ce cher Marvin qui se rappelait aux bons souvenirs du demi-dieu. « On va peut-être crever et moi je pense à Marvin ! Promis, si par le plus grand des hasards, je survis, je…. Je ne sais pas ce que je ferais, mais ça sera un truc positif à son encontre. Peut-être que je ralentirai la cadence des entraînements. Peut-être que je lui accorderais plus d'attention lors des séances de geekage… » Cependant, n'étant pas encore à l'article de la Mort, Haytham devait se reprendre, mais plus encore, il devait se sortir cette idée du crâne. Aucune créature mythologique n'était encore apparue pour leur faire la peau. Survivre était donc une hypothèse fiable et puis ça n'était pas la première fois, qu'une divinité mineure s'amusait à faire tourner en bourrique des demi-dieux. « Restons positifs » demeura donc le leitmotiv du Marsien, du moins pour un temps. Les battements presque frénétiques de son cœur, laissaient toutefois entrevoir une toute autre réalité. « Dans quelle merde je me suis encore fourré ! » telle fut à présent son nouveau leitmotiv.

La serre botanique, certes agréable, fut donc le théâtre de la première épreuve. La clé bien en évidence aurait cependant due mettre la puce à l'oreille de notre guerrier presque avertit. En effet rien n'est le fruit du hasard en de telles circonstances et puis donner la solution aussi rapidement semblait dénué de sens pour un esprit pervers visiblement enclin à voir ses nouveaux jouets bien galérer pour s'en sortir. Le piège se referma donc sur nos deux galériens qui durent à présent affronté les cavaliers en pierre de ce pseudo échiquier. Le Roi prenait quant à lui la tengante avec la clé tant convoitée, mais à présent hors d'atteinte. Le temps lui aussi continuait à leur échapper réduisant considérablement leur chance de réussite. Ce qui aurait pu être une blague n'en était plus une à présent. Haytham toujours aux prises avec ses deux adversaires en pierre, tâchait de se maîtriser tant bien que mal. Capable du pire sous le jonc de la colère, tel un Hulk en furie, il ne pouvait se résoudre à rendre les coups et en lutte contre lui-même, il consentait à se prendre quelques coups de tatanes dans la tronche. Dans un dernier élan de patience, il osa frapper le sol de toute sa force et ô miracle, il parvient à déséquilibrer les deux colosses sans avoir besoin de se transformer en machine de guerre féroce. Débarrassé, notre apprenti chevalier en armure put voler à la rescousse de son amie, elle-même aux prises avec la grosse bébête. Le sablier continuait à se vider, ne laissait que très peu de temps pour de la parlotte. Il leur fallait cette p***** de clé voilà tout. Haytham se proposa donc de jouer les nounous avec le soldat de pierre, le temps qu'Abby attrapa l'objet de toutes les convoitises.


« -Grrrrrrr » hurla le cavalier de pierre qui tenta cette fois de se la jouer la Montagne contre Oberyn dans Games of Thrones. Hay, qui n'avait pas envie de se faire exploser la caboche, ne put se résoudre à se contrôler et laissa la colère l'envahir peu à peu. Au fond de lui, un écho, le souvenir lointain d'un être tout aussi lointain, émettant un quelque chose d'aussi inaudible que le grésillement d'une fréquence mal réglée se fit entendre. La force d'Haytham se décuplait progressivement, mettant peu à peu le golem à mal. Malgré cette victoire apparente, Hay ne jubilait pas et pour cause, il ne contrôlait plus rien autour de lui. Son cœur battait à s'en rompre, les veines de ses tempes pulsaient avec vigueur, offrant à leur hôte une monstrueuse migraine. Le monstre de guerre refaisait surface, arborant le même regard que son double à nouveau présent. L'être à l'origine de leur venue qui se pourvoyait des traits d'Haytham jubilait d'avance en clamant haut et fort qu'Abby serait la prochaine sur la liste. « Concentre-toi ! » Le grésillement commençait à devenir de plus en plus précis, laissant entendre une voix totalement inconnue aux oreilles de fils de Mars, mais qui semblait paradoxalement de plus en plus familière à mesure qu'elle devenait audible « -Canalise ta force Haytham ! Pense à quelque chose d'excessivement positif et concentre-toi dessus ! » La voix réitéra ses paroles une fois encore, encourageant ainsi le demi-dieu à se reprendre et à dompter cette incroyable force qui lui permettait à présent de rivaliser avec l'imposant cavalier en pierre « -Tu peux y arriver ! Canalise ta force » Le demi dieu se laissa guider et ferma les yeux. La première image qui lui vint fut sa mère, assise tout sourire sur sa nappe vichy. Il se concentra sur elle. Le cavalier en avait profité pour recommencer à frapper le demi-dieu qui parvint à arrêter l'imposant poing avant qu'il ne vienne s'écraser contre son visage.


« -Je l'ai ! » La voix d'Abby se fit entendre et au moment-même où la fille de Vénus s'empara de la clé, le sol se mit à vibrer davantage, tellement que l'adversaire d'Haytham en fut déséquilibré et embrassa avec violence la terre. Hay revint à lui et tacha de se redresser sans attendre. Plusieurs fissures se dessinèrent alors autour de la créature, puis autour du fils de Mars « -Ca ne sens pas bon ça » La terre se déchira sous ses pieds l'obligeant à se mouvoir rapidement « -MERDE ! » Il fallait courir et courir très vite pour ne pas sombrer dans le néant sans fin. Le demi-dieu sprinta donc jusqu'à Abby « -Cours, cours cours et ne te retourne pas » Le sol continuait à se désagréger emportant tout sur son passage. « - LA-BAS ! » hurla Hay en pointant du doigt la porte la plus proche. Pas le temps de réfléchir, il fallait la rejoindre au plus vite. Les deux aventuriers malheureux franchirent donc quelques obstacles, entre autres quelques tables renversées. Trois mètres les séparaient de la porte, trois petits mètres dénivelés, sans le moindre obstacle. Hay passa en premier mais dû s'arrêter aussitôt, car le sol commençait à se dérober à ses pieds. Au moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la séparation fut prononcée et les trois mètres qu'il restait à parcourir semblait bien éloigné à précédent. Cependant avec un peu d'élan, il était encore possible de passer l'obstacle. « -Ok, je vais sauter, c'est jouable ! Ensuite c'est à ton tour, je te rattraperai promis ! » Le sol continuait à trembler et emportait tout dans son sillage, réduisant considérablement le temps de réflexion. En parfaite tête brûlée, Hay prit son élan et sauta pour venir s'écraser de l'autre côté. L'impact contre le sol fut si puissant, qu'il eut bien du mal à se relever et à rester polie « -Putain de merde ! » La main sur le flanc il se remit en place, prêt à attraper Abby au vol « -Aller Abby c'est à toi ! Vas-y, je te rattrape ! Aller ! »