Nice try Venus!

J’avais passée ma journée à.... Et bien, à ne rien faire. Ce n’était pas le genre de chose qui m’arrivait souvent, en fait, ça ne m’arrivait jamais en général. Pourtant en me levant ce matin, j’étais comme tous les jours bien décidée à faire quelque chose ! Mais à chaque fois que je venais proposer mon aide, on avait pas besoin de moi. J’avais passée toute la matinée pratiquement à essayer de me rendre utile. Vous comprendrez certainement que j’avais finis par me décourager. Du coup, je m’étais rendue sur le Champ de Mars, totalement désert durant cet après midi. En même temps, avec le froid qu’il faisait, ce n’était pas vraiment étonnant. Heureusement, je portais ma grosse veste bien chaude et l’un de mes pulls préférés. Vous savez, ces gros pulls en laine gris clair, qui tiennent bien chaud et qui vous donne envie de vous installer devant un feu avec un bon chocolat chaud dans les mains. Je ne risquais pas d’avoir froid, c’était clair, même si je préférais nettement l’été. Après tout, j’étais une fille d’Apollon, et quand le soleil était présent, j’étais dans mon élément. J’aimais sentir la chaleur de ses rayons sur ma peau, ça me donnait l’impression d’être en sécurité. Que mon père veillait sur moi, en quelques sortes, même si je savais bien que ce n’était pas le cas.

Mais bon, on se forme tous des faux espoirs, constamment. Je pense que c’est notre côté humain qui ressort dans ces moments là. Chez moi ils ressortaient assez souvent, pour ne pas dire tous les jours, et ce n’était franchement pas très simple à gérer. Mais j’avais finis par m’y faire à force, on se fait à tout, n’est-ce pas ? Je m’étais assise sur l’herbe, posant le cahier que j’avais emporté avec moi sur les genoux. J’avais eus une soudaine envie de composer parmi mon ennui, et j’avais tout un tas de sentiments enfouis en moi que j’avais besoin de faire ressortir, même si les mots seraient seulement couchés sur papiers et que personne ne les entendrait jamais. Je ne composais pas pour les autres, ou pour devenir célèbre ou je sais pas quoi. Je composais surtout pour moi et pour sortir tout ce que j’avais sur le cœur sans pour autant me confier à quelqu’un. D’ailleurs, je n’avais jamais laissé personne lire mes textes, même pas mon petit frère ou encore Sid. C’était d’ailleurs pas plus mal comme ça, étant donné qu’une partie de mes textes parlait de ce dernier. Surtout dans la période après notre rupture, autant dire que je ne comptais pas vraiment sur le fait qu’il tombe dessus. Et si ça devait arriver, je le clouerais au mur avec mes flèches. Et je lui couperais la langue aussi, on sait jamais, s’il survit.

J’avais beau dire toutes ces choses, je savais bien que j’étais complètement incapable de lui faire le moindre mal, même si ça m’arrivait d’avoir envie de lui en coller une quelques fois, je me retenais toujours. J’avais trop peur de le regretter, et qu’il se mette à me détester après. Mais bref, ce n’est pas le sujet ! Je m’évade un peu trop ! Je m’étais donc installée sur le Champ de Mars, et j’avais ouvert mon cahier pour commencer à composer. J’avais mis un moment à me décider par où commencer, quoi dire de tout ce qui se tramait dans ma tête à ce moment. J’avais finalement opté pour parler de cette attaque qui avait eut lieu il n’y a pas si longtemps que ça, ces humains qui avaient franchis la barrière de notre camp pour nous attaquer. Je laissais mes phrases retranscrire la peur que j’avais ressentis à cet instant, les souvenirs de la guerre contre Gaïa que j’avais réussis à enfouir au fond de mon esprit et qui avaient refais surface. Je sentais d’ailleurs toujours cette boule au fond de mon ventre, cette crainte d’avoir à revivre une nouvelle guerre, de perdre de nouvelles personnes. C’était d’ailleurs certainement ce qui me faisait le plus peur. Je n’avais pas peur de me battre pour protéger notre camp, ou de risquer ma vie. Mais j’avais peur de perdre les gens qui comptaient le plus pour moi. C’était en grande partie pour ça que je ne laissais personne lire mes textes, parce que j’avais peur que quelqu’un de mal intentionné tombe dessus et s’en serve contre moi.

J’avais passée une bonne partie de l’après midi à écrire tout ça, le plus difficile était de trouver les bons mots. En voyant le soleil descendre de plus en plus vers l’ouest, je m’étais dis qu’il était temps de rentrer. J’avais déjà rien mangé à midi, alors je n’étais pas certaine que ce soit la meilleure des idées de louper le repas du soir. J’avais donc refermée mon cahier et m’étais levée. Mais à peine avais-je eus le temps de me stabiliser sur mes pieds que je sentis quelque chose me heurter. Ou plutôt quelqu’un. Je me sentis partir en arrière, mon cahier s’enfonçant dans mes côtes, ce qui m’arracha un petit cri. Je me redressais, appuyant ma main à l’endroit où le cahier s’était enfoncé pour atténuer la douleur. Puis je levais les yeux vers la personne qui venait de me foncer dedans. « Sid ? Mais qu’est ce que tu fiches ici ? » Question idiote, bien entendue, il avait, tout comme moi, parfaitement le droit de venir ici. Mais je n’avais pas particulièrement envie de le voir. En fait, ça me faisait tout drôle de me retrouver en face de lui. J’avais mon cœur qui s’était mit à battre la chamade d’un seul coup et j’avais assez de mal à formuler une pensée cohérente. Ce n’était pas pour rien que je l’évitais au maximum.

Je me relevais, passant mes mains sur mon pantalon pour retirer les petits bouts d’herbe qui s’y étaient collés. « Depuis quand ça t’intéresse ? » Je regrettais immédiatement mes paroles, fermant les yeux pour éviter son regard. Je pensais avoir passée le stade de la colère, mais visiblement ce n’était pas le cas. Je lui en voulais toujours. Et je m’en voulais de continuer à lui en vouloir. Vous comprenez rien ? Et bien moi non plus, je vous rassure. C’est l’anarchie dans ma tête. Je rouvris les yeux et le regardais. « Excuse moi… Oui ça va j’ai rien et… Visiblement toi non plus. » Je tentais un maigre sourire, espérant par là rattraper ma faute et ma grossièreté non justifiée envers lui.

Nice try Venus!

Le pardon est une chose assez complexe quand on se penche sur le sujet. En fait, même moi qui y avais réfléchis assez longuement, je ne savais pas placer les mots dessus. Et je ne savais pas si j’avais vraiment pardonné à Sidney tout ce qui avait pu se passer entre nous. Je ne lui en voulais plus comme au premier jour en tout cas, c’était certain. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me méfier, même juste un tout petit peu, ou quelques secondes. En fait, habituellement, on ne s’adressait pas la parole plus que quelques secondes, donc je n’avais pas vraiment matière à étudier le sujet. Je ne le détestais pas, ça aussi c’était un fait. Je me sentais incapable de le détester, je tenais trop à lui pour ça. Même sur le coup, j’étais en colère contre lui, certes, mais j’étais en colère contre lui parce que je l’aimais, et que je me sentais trahie, pas parce que je le détestais. Dans ma tête, c’était le vrai chantier, et quand j’essayais d’analyser la situation et mes sentiments, c’était encore pire. Je réfléchissais certainement trop, au lieu de laisser mes sentiments s’exprimer pour ce qu’ils étaient.

Et je ne lui facilitais pas vraiment les choses, avec mon caractère qui me donnait moi même envie de me foutre des claques quelques fois. En réalité, le fond du problème, ça n’était pas lui, c’était moi. Je le savais, mais de là à me le faire admettre, il y avait du boulot. Et en voyant son regard étonné suite à mon agressivité, je me rendis compte qu’elle était mal placée. Après tout, il n’avait pas fait exprès de me foncer dedans, il était trop intelligent, et il me connaissait trop pour faire un truc aussi puéril. Ma réaction était complètement à côté de la plaque, mais vraiment complètement à côté. Il y avait même un fossé remplit de monstres entre les deux. Je me sentais vraiment idiote à cet instant, tellement idiote que le rouge m’en monta aux joues. J’avais l’impression de retourner quelques années en arrière, quand j’avais 17 ans et que j’étais une pauvre petite adolescente. Sauf que ce n’était plus le cas depuis un bon moment. J’étais adulte, certes une jeune adulte, mais j’avais toutes les responsabilités qui allaient avec.

Je rendis son sourire à Sid, certes un petit sourire, mais c’était déjà mieux que rien, non ? Un silence assez étrange s’ensuivit. Et ce silence, il était vraiment bizarre sachant que par le passé, on pouvait se mettre à discuter pendant des heures, jusque tard dans la nuit sans jamais s’arrêter. Quelques souvenirs de ces conversations échangées remontèrent dans mon esprit, me donnant presque les larmes aux yeux. On avait perdu tout ça, et c’était vraiment dommage. J’adorais ces moments, et je savais que je pouvais me confier à lui pour n’importe quoi, il m’écoutait toujours. Maintenant je n’avais plus personne à qui me confier. Comme quoi, on pouvait vraiment être dépendant d’une personne sans même s’en rendre compte. C’était presque flippant.

Je fronçais les sourcils en le voyant glisser sa main dans sa poche. Je me demandais ce qu’il faisait, en me disant qu’il allait peut être sortir un couteau pour m’égorger et me faire comprendre que je pouvais vraiment être conne quand je m’y mettais. Enfin, ça sortait vraiment de mon imagination cette image, parce que je ne le croyais pas vraiment capable d’égorger quelqu’un pour si peu, et même pour plus. Sid était peut être un demi dieu, mais c’était aussi quelqu’un de bien. Quand il me tendit les boucles d’oreilles, je ne pus m’empêcher d’ouvrir les yeux en grand. Je ne m’attendais vraiment pas à ça c’était certain. Je m’approchais de lui, tendant la main pour prendre les boucles d’oreilles. Bien sûr, j’étais bien obligée de le toucher pour les prendre et je serais vraiment une grosse menteuse si je disais que ça ne m’avait rien fait. En fait, en y réfléchissant, je crois bien que c’était la première fois que je le touchais depuis que nous n’étions plus ensembles. « Elles sont magnifiques » Je lui souris, en faisant tourner les bijoux entre mes doigts pour les détailler un peu plus. Ce n’était pas vraiment mon style, peut être un peu trop girly pour moi, mais elles étaient vraiment jolies. « Merci. » Je crois bien que c’est le premier mot gentil que je lui sors depuis le début de notre conversation. Le pauvre, il n’avait pas vraiment de cadeaux avec moi.

Je me demandais où il avait bien pu les avoir, et qu’est-ce qu’il faisait avec une père de boucles d’oreilles surtout. A ma connaissance, ses oreilles n’étaient pas percées, et il l’avait dit lui-même, j’en ferais certainement un meilleur usage que lui. Mais c’était oublier qui était son père. Bien sûr. « Dis moi, tu les aurais pas volés par hasard ? » J’haussais les sourcils, un petit sourire toujours présent sur le coin de mes lèvres. Ce n’était pas la première fois qu’il me faisait le coup. Déjà quand nous étions ensembles, il me faisait des cadeaux qu’il était parti volés plus tôt dans la journée. J’avais d’ailleurs tout gardé, je ne voyais pas de raison vraiment valable pour me débarrasser de ces objets. Ou je ne le voulais peut être pas non plus.

Nice try Venus!

Je me sentais plus à l’aise qu’au début de notre conversation. Et nettement plus détendue que tous les moments, même minimes que nous avions passés ensembles ces dernières années. J’avais presque l’impression que tout était redevenu comme avant et qu’il ne s’était jamais rien passé. Mais les souvenirs étaient tout de même là, même si j’arrivais à les enfouir dans un coin de mon esprit l’espace d’un instant. En tout cas j’essayais. Parce que même si notre amour était peut être fini, je ne voulais pas perdre son amitié aussi. Après tout, c’est toujours mieux que de ne rien à voir du tout. J’avais tout de même peur qu’il découvre que mes sentiments pour lui n’avaient pas changé, et qu’il s’éloigne par précaution. Il me connaissait mieux que personne, il savait lire en moi, mais je ne voulais pas qu’il le sache, par peur de le perdre. Je ne pouvais pas connaître sa réaction à l’avance, même si je le connaissais aussi bien qu’il me connaissait, nous n’avions jamais été confronté à ce genre de situation.

Rien que l’idée d’y penser me rendait malade. Mais nous n’en étions pas encore là, nous n’étions pas encore redevenus aussi proches que nous l’étions avant. Pour l’instant on était dans la phase rapprochement prudent. J’y crois pas, je donne des noms de phases aux étapes de notre relation maintenant. C’était vraiment affreux dans ma tête. Je commençais à penser comme une fille de Vénus, ça devenait grave. D’ailleurs, c’était bien la faute de Vénus tout ce malaise qui s’était installé entre nous ! Ou peut être celle de Cupidon ? Ou peut être pas au final, c’était tout simplement notre faute à tous les deux. Plus sérieusement, je savais très bien que notre relation s’était arrêtée à cause de moi, de ma jalousie et de ma possessivité. Je ne supportais pas qu’une autre fille l’approche, parce que je n’avais pas confiance en moi, et que je savais très bien qu’il y en avait qui étaient beaucoup plus canon que moi, je ne pouvais pas le nier. Surtout qu’à l’époque où nous étions sortis ensembles, j’étais beaucoup plus jeune, et Sid avait beau me dire que j’étais magnifique, dans ma tête, ce n’était pas comme ça. On est con quand on est ado et le problème, c’est qu’il y a des choses qui restent, et pas forcément que des bonnes.

En tout cas, Sid me sortit rapidement de ma réflexion qui était à la limite du morbide en répondant à ma question. Et, oui, je ne pus m’empêcher de lâcher un rire. Il n’avait pas perdu son sens de l’humour, ça c’était clair. « Question idiote, c’est vrai, c’est pas comme si on évitait de se parler depuis des années. » Je fermais tout de suite ma bouche. Oui, je venais de faire une grosse bourde, c’était clair. Faute à ma franchise, c’était sortit tout seul. Je me mordis la lèvre, en me grattant la tempe, signe de nervosité chez moi. Je me sentais vraiment idiote, là. « Oublies ce que j’ai dis c’est… Carrément hors sujet, et pas drôle du tout en plus…. » J’avais l’impression de m’enfoncer encore plus en disant ça, alors je préférais me taire plutôt que de sortir encore une autre bêtise.

Je regardais les boucles d’oreilles dans ma main et décidais de les enfiler. Autant que je les utilises au moins une fois et qu’il me voit les porter, surtout que ça ne risquait pas de se reproduire de sitôt. Avec l’entraînement, et tout ce que nous avions à faire, j’évitais de porter des bijoux, de peur de les perdre ou de me faire arracher l’oreille par inadvertance. En plus, il me semblait que c’était déjà arrivé à une fille de Vénus justement, qui s’était accrochée dans le filet d’escalade. Merci, mais je n’avais pas spécialement envie de me retrouver avec une oreille en moins ! « J’écoute jamais ce que raconte ces filles, la plupart du temps elles me font une thèse sur les bienfaits de la crème de jour, comme si demain j’allais commencée à avoir des rides. » Je levais les yeux au ciel à la fin de ma phrase, en pensant que les enfants de Vénus pouvaient être vraiment idiots quelques fois. Après tout, on s’était fait attaqué il y a peu, et tout ce qu’ils trouvaient à me dire, c’était que j’avais besoin d’une crème de jour. Comme si c’était le truc le plus essentiel de la terre, mourir avec une belle peau. Personnellement je m’en fichais assez surtout que ce n’était pas exclus d’être complètement défigurée à notre mort avec la chance qu’on avait !

Nice try Venus!

On a tous eut un moment dans notre vie où on avait qu’une seule envie: devenir l’animal le plus petite de la planète et se fourrer dans un trou de souris encore plus petit que la plus petite des souris. C’était ce que je ressentais à cet instant. Et même si je ne faisais pas la taille de la plus petite souris, je me serais quand même jeter dedans, rien que pour essayer et éviter de croiser son regard. Les garçons me font bien rire. Ils ont tous peur de passer pour des idiots quand ils se mettent à draguer une fille. Mais à votre avis je passe pour quoi là ? S’il existait une élection de Miss Crétine, je pense que j’aurais obtenue la palme d’or à l’instant même ! Avec en plus le titre blonde naturelle. Mais bref, on va pas s’attarder sur ma stupidité naissante pendant des lustres. Et je vais quand même essayée de rattraper le coup, après tout si je me suis excusée c’est bien pour ça non ?

Je remarquais son sourire à l’instant où j’enfilais les boucles d’oreilles, et même s’il ne m’avait rien dit, rien que son regard et ce petit sourire me faisaient plaisir. Je le connaissais, et je connaissais ce regard, il n’avait pas besoin de parler pour que je comprenne ce qui lui passait par la tête. A l’époque ça m’aurait peut être servit pour m’éviter de péter des crises de jalousie, mais bon… Mieux vaut tard que jamais ! Mais j’étais assez perturbée de ne pas voir le résultat. En fait, peut être que j’interprétais mal son regard et qu’il souriait pour retenir un fou rire parce que j’avais l’air d’un pingouin avec ces boucles. Ou que j’étais complètement décoiffée et que je pouvais me convertir en Claudette au choix. Mais je préférais restée positive, pas la peine que je plombe encore une fois l’ambiance en sortant une connerie quand même !

En tout cas, à sa première phrase, je m’étais déjà mise à rire. Et à sa deuxième, je lui donnais un léger coup de poing dans l’épaule en murmurant un petit « Idiot ! » au milieu de mon fou rire. Il avait ce don du mec non sérieux qui pouvait emporter n’importe qui dans sa bêtise. C’était en partie pour ça que je l’appréciais autant. Rien qu’avec quelques mots bien placés, et même si vous êtes un dépressif notoire, il arrivera à vous faire rire. C’était comme un don divin. Peut être qu’il tenait ça de son père d’ailleurs, qui sait ? Et je trouvais mignon qu’il s’inquiète pour moi, même s’il n’y avait pas vraiment matière à quoi, surtout devant des enfants de Vénus, j’avais connue pire qu’eux. « T’inquiète pas je sais les gérer, un magazine de mode ou un rancard avec le nouveau beau gosse de la cohorte et je suis tranquille ! » Je ne rigolais qu’à moitié, vraiment, ça m’était déjà arrivé d’arranger des rendez-vous avec quelques choses en échange. Nous descendions des dieux romains après tout, le marchandage, on avait ça dans le sang !

Je le regardais s’asseoir en me mordant la lèvre. Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir des pensées d’ados, du genre « Il est toujours aussi beau gosse ! », dans ma tête c’était devenu automatique depuis la première fois que je l’avais vus. Et quand vous adoptez un automatisme pendant plusieurs années, c’est assez compliqué de s’en défaire, je peux vous l’assurer ! Pourtant j’avais essayée, de toutes mes forces. Rien à faire. Une vraie fillette, oui, vous pouvez rire ! Je m’installais alors à côté de lui, posant mon journal sur mes genoux comme je l’avais fais en début d’après midi, sans l’ouvrir cette fois. « Oh tu sais, la routine. Tir à l’arc, piano et… Quelques paris avec les enfants de Bacchus aussi, faut bien que je me fasse de l’argent! » Je savais très bien que lui n’avais pas besoin de parier pour s’en faire. Sauf que pour ma part, j’étais une bien piètre voleuse, et pourtant il avait essayée de m’apprendre ! Peine perdue, je me faisais choppée à chaque fois, j’étais vraiment pas faite pour ça. « Et toi ? » Il devait certainement avoir une vie beaucoup plus trépidante que la mienne, après tout il était quelqu’un de très sociable, et tout le monde l’aimait. Enfin, une grande partie des gens l’aimait.

Nice try Venus!

Je n’avais pas été très communicative quant à mes activités depuis notre rupture. En fait, elles n’avaient pas tellement changées que ça, dans la réalité. Je faisais toujours les mêmes choses, tous les jours, et cela depuis des années. C’est là que je me rendis compte que je vivais dans une routine, et c’était presque affreux. Mais c’était aussi la sécurité pour moi. En faisant ça, je voyais tous les jours les mêmes personnes, sans risquer d’en rencontrer de nouvelles et de souffrir à nouveau. Mais ça ne me permettait pas non plus d’avancer en ce qui concernait mes relations passées. La preuve. En fait, je n’étais pas vraiment certaine de vouloir passer à autre chose, même si c’était peine perdue. Oui, les filles peuvent être très étranges, je vous l’accorde. Je ne me comprenais pas moi-même, quelques fois. Surtout dans cet instant où votre raison vous dit que c’est mal, et que vous feriez mieux de ne pas y penser et que votre cœur vous dit le contraire et vous pousse à aller dans cette voie là. Je n’étonnerais personne en disant que j’écoutais plus souvent mon cœur que ma raison. Je ne le montrais pas souvent, mais j’étais quelqu’un de très sentimental dans le fond.

Peut être trop, d’ailleurs, mais je n’y avais jamais vraiment réfléchie, en fait. Ma mère était une incorrigible romantique depuis toujours, et elle m’avait retransmis ceci. Sid l’avait rapidement compris à l’époque où nous étions ensembles et il avait juste été adorable avec moi, vraiment. Un vrai prince charmant comme tout le monde en rêve. C’est en me remémorant ce genre de souvenirs que je me rendais vraiment compte que j’avais perdue plus qu’un petit amour d’adolescente. J’avais perdue le seul véritable amour que j’avais connu dans ma vie. Oui certes, j’étais encore jeune, mais pour un demi-dieu pas tant que ça. Et avec tout ce qu’il se passait en ce moment, avec l’attaque du Camp dernièrement, je pouvais très certainement mourir demain sans en avoir profiter pleinement. Mais je n’étais malheureusement pas assez courageuse, ou trop stupide pour lui en parler. Du moins, pas maintenant. Je ne voulais pas gâcher cet instant de partage que nous avions, comme des gens normaux qui étaient amis depuis longtemps.

Je souris en voyant un air étonné s’afficher sur le visage de Sid, air qui disparu assez rapidement d’ailleurs. Il avait toujours eut ce petit côté décaler qui ne comprenait pas tout tout de suite et j’avais toujours trouvée ça foncièrement adorable. C’était son côté petit enfant. Enfin, l’un de ses côtés petit enfant, parce qu’il y en avait beaucoup ! « Tu n’as jamais pu te contenter uniquement des entraînements de la Légion, alors je vois pas pourquoi ça changerait ! » A cause de ça, il avait d’ailleurs du mal à respecter le règlement, et il m’avait plusieurs fois entraîné dans ses bêtises, nous faisant punir tous les deux. Il me disait que pour lui, c’était une manière de passer encore plus de temps ensembles, et étant punis en même temps. Ce qui n’était pas faux en soit, d’ailleurs ! Cela nous avait permis de bien rigoler en passant des moments agréables, même pendant la punition.

Je savais que Sid ne pouvait pas passer cinq secondes sans rien faire. Même quand il allait se coucher, il s’endormait tout de suite, pour au moins faire quelque chose, et j’exagérais à peine, vraiment. J’avais dormis plusieurs fois avec lui, et à peine avait-il posé sa tête sur l’oreiller qu’il était déjà dans les bras de Morphée ! Mais… Perdre aux jeux vidéos? Lui? « Quoi? » Je posais une main sur son front, faisant mine de prendre sa température. « Tout est normal pourtant… Comment tu as pu perdre, toi ? » J’avais pris un air vraiment offusqué, comme si c’était véritablement impossible qu’il se fasse battre de cette manière. Mais je perdis assez rapidement mon sérieux et explosais de rire, posant mon front sur son épaule avant de me redresser. « Désolée, c’était plus fort que moi ! J’arrive pas à t’imaginer perdre à un jeu, peu importe ce que c’est! » Je riais encore, incapable de m’arrêter. Le pauvre, il perdait, et je me moquais de lui, c’était vraiment mesquin.

Je réussis tout de même à me calmer, souriant toujours. Les paris. Il fallait que je me concentre sur les paris. « Oh, ça dépend. On peut parier sur qui gagnera les Jeux de guerres, quel est le parent divin du petit nouveau, ce genre de trucs. Et je suis très douée à ça, nettement plus que pour le vol ! » Je le regardais, me mordant la lèvre et penchant ma tête sur le côté. Est-ce qu’il s’en souvenait ? Oh, je pense bien que oui, il avait tellement rit le jour là que ça ne pouvait que être resté gravé dans son esprit.